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Citations de Nicolas Lebel (624)


Latour en avait vu, des veuves accablées et des veufs éplorés, se mollifier comme des méduses à la vue de l'être aimé sur la table d'inox, se raidir au contraire et fuir la salle en couinant. Elle en avait vu des crises de nerf, des cheveux arrachés, des rognures d'ongle, des geysers de larmes et des torrents de bave. (…) Elle en avait entendu des hurlements de bête blessée, des promesses tardives et des souvenirs en sursis, quand tout prenait sens trop tard ou n'en avait plus. La mort, ça secoue les humeurs, ça bouscule les molécules. On est peu de chose.
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[après les attentats de Bruxelles en mars 2016]
- Ils sont pas les musulmans qui font les bombes. Ils sont les assassins, reprit-il.
- Je sais, Jebril.
- Ils pensent que c'est le Dieu qui dit de faire la bombe, mais c'est l'imam fou !
Jebril s'agitait, clairement révolté par les récentes attaques.
- Je sais...
- Mais pourquoi elle dit pas, elle ?
Il désigna la journaliste de la main.
- Parce qu'elle a des ordres, certainement, pour orienter son débat ou pour apaiser les foules. Ou parce que, comme tout le monde, elle est perdue, abattue par les événements ; elle voudrait être en sécurité, mais pressent que ce ne sera plus jamais possible. Parce qu'elle se dit qu'elle a peur mais refuse de l'admettre pour qu'ils gagnent jamais. Parce qu'elle y pense dès que son mari ou ses enfants sortent dans la rue, dès qu'elle entend un pétard ou un cri, parce qu'il faut vivre avec ça désormais, et que c'est inhumain...
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Après avoir consulté les fichiers officiels et n'avoir trouvé aucune trace de la jeune femme, Dossantos s'était naturellement tourné vers le plus gros fichier de données individuelles et personnelles dont disposait la police : Facebook. Le lieutenant sourit. Parce que si le quidam était prêt à hurler à la violation de sa vie privée à la première occasion, il livrait lui-même cette vie privée en pâture au public, affichant à longueur de pages les photos de ses enfants, de ses animaux, de son intérieur, détaillant ses activités, ses achats, ses déplacements, ses voyages, dessinant son réseau d'amis, ses connaissances professionnelles, jusqu'à ses émotions et sentiments concernant son emploi, ses collègues, sa famille. Une source inestimable pour l'enquêteur qui, en quelques clics, pouvait construire un portrait-robot assez détaillé et plutôt fiable de l'individu ciblé. (…) On avait beau mettre les gens en garde, se répétait Dossantos, l'égo était le plus fort. Alors ils disaient tout. Facebook et Twitter étaient devenus des confessionnaux planétaires où le virtuel s'accommodait d'une vérité embellie pour le prix d'un like, un pouce pour seul salut et l'indifférence comme pénitence.
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Parlons-en de l'air du temps, putain ! Il a une sale odeur. Ça fait trente ans qu'on progresse vers la pestilence avec une indignation courtoise. On peut traiter une ministre de la Justice de "singe" et lui jeter des bananes parce qu'elle est noire, on peut appeler "ayatollah" une ministre de l'Éducation nationale parce qu'elle est d'origine marocaine. Il y a trente ans, on pouvait rire de l'autre, on pouvait même rire avec lui. Je me souviens des Smaïn, des Coluche, des Boujenah, des Desproges, des Fellag et d'autres qui endossaient le rôle de l'autre, de l'étranger, avec plus ou moins de talent, et se marraient d'eux, de nous, du choc de la rencontre. Finalement, de l'homme dans tous ses états. Aujourd'hui, les fachos de tout poil ont distillé le pire de ces différences pour faire de cette moquerie fraternelle une haine politique. On parlait hier de Branly et du musée des Colonies. Aujourd'hui, en France, on laisse revenir les conceptions colonialistes des années 30, dignes de Hergé : on jette des bananes au Noir ; l'Arabe est jihadiste ou délinquant. Je repense à Sarkozy qui voulait renvoyer les délinquants dans leur pays, comme s'il y avait un pays dont les habitants sont les Délinquants ! On a morcelé l'espèce humaine en groupuscules rivaux pour mieux nous monter les uns contre les autres : les Noirs, les Jaunes, les Arabes, les Juifs, les homos, les fonctionnaires, les riches, les communistes, les rentiers, les retraités, les banquiers, les francs-maçons, les politiques, les chômeurs, les Roms, les intégristes, les profiteurs... À la fin de la journée, on a tellement d'ennemis qu'on ne sait plus qui on doit haïr en priorité ! Heureusement qu'il y a le "20 heures" pour nous donner des repères !
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- Hugo, récupère une pelle ! (…) T'as vu Le bon, la Brute et le Truand ? Le moment avec Clint Eastwood et la pelle ?
Hugo soupira.
- Non, commissaire. Mais ça veut dire que je creuse, c'est ça ?
- T'es balaise, Hugo. T'es sûr que t'as pas vu le film ?
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Il y a deux jours, j'étais invité à un dîner chez un client. Le repas de l'angoisse : j'avais deux grosses bourgeoises de chaque côté qui parlaient d'une voix haut perchée et me sortaient des banalités au kilomètre. Pour te donner une idée, j'étais entre Bachelot et Boutin, tu vois ? Non, tu ne vois pas, il y a des choses que le cerveau se refuse à imaginer par instinct de conservation.
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- Il habite avec sa femme, Jeanne Crémieux, dans le cinquième arrondissement, 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève.
- Là, tu peux dire « habitait » parce ce que, en ce moment, il habite dans le douzième arrondissement, 2, place Mazas, à l’institut médico-légal.
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Je crois en Dieu seulement quand j'ai perdu mes clés. Souvent ça m'aide à les retrouver. Pour le reste, je préfère prendre les choses en main plutôt que de les confier à un type qui existe sûrement pas... ou qui se fout de nous. Ça m'évite pas mal de déceptions, notamment celle de passer des heures à me larmoyer. La religion, c'est ce qu'il nous reste quand le toubib sort de la pièce, la tête basse, en répétant qu'il est désolé. Si certains peuvent trouver du réconfort dans la vénération d'un dieu, je leur laisse ma place à la cathédrale, à la synagogue, au prieuré, à la mosquée, au fanum et au wat, au temple et à la ziggourat, à l'église et au gurdwara, au pathi et au vihara, à la pagode, au sanctuaire, au mandir et au baptistère, à l'égyptien sérapéum et à l'antique mithraeum. Qu'ils aillent y prier leurs invisibles dieux de semer leurs bontés du plus haut de leurs cieux !
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La vie était un flot irrépressible, indifférente aux douleurs intimes, aux deuils étrangers, aux plus profonds chagrins. Elle était eau, elle était clarté et emportait dans les ombres nos peines et nos défunts.
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La mort, ça secoue les humeurs, ça bouscule les molécules.
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On se remet de tout, surtout parce qu'on n'a pas le choix...
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Là où il y a du sang, il y a de l'encre. Et souvent du blé à se faire...
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On va finir par croire que vous portez malheur… Si tous les flics de France tombaient sur autant de cadavres que vous, le pays serait désert en moins de deux ans ! Remarquez, je me plains, mais à ce rythme-là, je pourrais tout aussi bien ouvrir ma boîte, ma start-up ! Ma startopsie ! Startopsie, le numéro un de l’autopsie ! Vue à la télé ! Offre de lancement : deux autopsies achetées, une autopsie offerte ! Parce que vos proches ont droit à une autopsie de qualité !
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Elle se disait que, pour les femmes, rien n'avait finalement changé. À se demander même si les choses changeraient un jour : il y avait eu les Weinstein, les "MeToo", les "Balance ton porc". Le monde occidental avait découvert avec effroi, dans un bêlement planétaire, que les femmes du XXIe siècle continuaient de subir harcèlements, insultes, agressions sexuelles et violences à tous les niveaux de la société, parce qu'elles étaient femelles, parce que, depuis le jardin d'Éden, Ève la pécheresse et ses descendantes avaient servi de sac de frappe et d'exutoire fanatique à la moitié couillue de l'humanité, aux Adam revanchards et aux dieux masculins de toutes les civilisations. On avait dès lors posé sur elles tous les anathèmes et tous les tabous, de l'interdiction de paraître en public à celle de jouir de leur corps, de celle d'aller à l'école à celle de parler en leur nom. Ainsi en allait-il toujours de la domination de l'homme sur la femme, sur sa femme comme sur les femmes, au foyer comme au travail ou dans la rue, dans l'espace privé comme dans l'espace public. Il avait fallu qu'une voix célèbre, puis une autre s'élèvent à Hollywood pour que le monde s'offusque benoîtement de sa volontaire cécité. Se frotter aux femmes dans le métro, les insulter dans la rue, les harceler, les frapper, les violer, les opprimer ici ou ailleurs, c'était mal ; il ne fallait pas le faire. Puis le temps avait passé. Quelques championnes du féminisme, à l'acmé de leur ferveur, avaient clamé qu'on pouvait "jouir d'un viol" et "qu'un homme sur deux ou trois était un agresseur". L'outrance du propos et le scandale médiatisé avaient porté un coup fatal au débat attendu, éteint le vent libérateur, étouffé ce "printemps des femmes". Et Vincent Demagny avait pu de nouveau tabasser sa femme.
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- Et les deux types qui déjeunaient là, ils font quoi exactement ?
- Christian est à la retraite. Il était dans les assurances, je crois. L'autre, son cousin, il est chômeur et prend des vacances.
Yvonne Chen acquiesça. Retraité des assurances, le moyen infaillible pour expliquer qu'on ne fait rien et éviter les questions sur ce qu'on a fait avant. La meilleure couverture après « écrivain retiré du monde pour pondre son premier roman » et « comptable en télétravail ».
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- Je ne connaissais pas cette application, mais c'est complètement dans l'air du temps, les blagues racistes. Je ne suis pas surpris qu'une telle application existe...
Mehrlicht fut piqué au vif.
- Ah ! Mais je vous arrête tout de suite : je suis pas raciste. D'abord parce que je suis pas décérébré au point de croire qu'il y aurait plusieurs races humaines et que certaines vaudraient mieux que d'autres. Mais surtout parce que je hais avec la même ferveur tous les humains, sans la moindre discrimination, qu'ils soient rouges ou bleus, bannock ou batak, yupik ou yugur, mandchous ou mandingues, zhuang ou zoulous, berbères ou bretons... Ils partagent à quatre-vingt-dix-neuf pour cent ce patrimoine génétique qui les pousse à se vautrer devant un écran plat pour regarder des pubs d'écrans plats, tout en suppliant chacun un dieu différent pour qu'Il envoie un tsunami de merde sur leur voisin qui a l'outrecuidance d'avoir les mêmes rêves qu'eux. J'exècre tous les Terriens avec un vrai souci d'équité, surtout pour pas en détester un moins que les autres, parce qu'il y en a pas un qui n'aspire pas à étendre sa nuisance, à propager son égo bubonique, quitte à tout raser en chemin. Le patrimoine commun de l'humanité, c'est la haine de l'autre pour sa peau, ses cheveux, son dieu, son pétrole, son fric, son terrain, son terroir, son chien, sa musique débile et ses chiards qui braillent. "L'Enfer, c'est les autres", disait l'autre, sauf qu'on est toujours l'autre de quelqu'un, et qu'à ce compte-là, si "je est un autre", le premier gus à qui on devrait faire sauter le caisson, bah, c'est soi-même !
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- Inspecteur Ménard ?
- Oui, capitaine.
- Tu sais ce que c'est, cet endroit ?
- C'est... Je veux dire... C'est les toilettes.
- Exactement, inspecteur Ménard ! Les toilettes, les chiottes, les gogues, les tartisses, les chichemanes, les cagouinsses... Les water-closets... Les W-C, quoi !... Inspecteur Ménard ?
- Oui, capitaine ?
- Je suis en train de pisser, inspecteur Ménard.
- Oui, capitaine.
- Et à mon âge avancé, c'est ce qui se rapproche le plus d'une sexualité, tu comprends ?
- Ou... oui, bien sûr, je comprends.
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On ne change jamais de vie. Le passé s'accroche à nous comme une seconde peau, poisseuse et puante. Et il n'y a pas de mue possible pour nous, pauvres humains...
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Désormais, il préfère rester seul. « L’enfer, c’est les autres. » Et quand les autres c’est pas l’enfer, c’est déjà beaucoup trop d’emmerdes.
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Il s'est engueulé avec tout le monde ici. Je l'ai rencontré deux ou trois fois. C'était un sérieux connard. L'alcool qu'il s'envoyait dès le réveil ne le rendait pas plus aimable. Le Breton bourré comme on se l'imagine. Un jour, il s'est même battu avec ses clients, des vacanciers allemands qui ne parlaient pas assez français à son goût. On ne lui jettera pas la pierre ; des Allemands, on aurait fait pareil...
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