Célèbre pour ses sculptures imposantes et colorées, Niki de Saint Phalle a tenté de se libérer par l'art d'une enfance meurtrie. L'autrice Gwenaëlle Aubry et l'éditrice Christine Villeneuve sont les invitées du Book Club pour évoquer sa vie.
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J’aime le rond.
J’aime le rond, les courbes, l’ondulation,
le monde est rond, le monde est un sein.
Je n’aime pas l’angle droit, il me fait peur.
L’angle droit veut me tuer, l’angle droit
est un assassin.
L’angle droit est un couteau,
l’angle droit c’est l’enfer.
Je n’aime pas la symétrie.
J’aime l’imperfection.
Mes cercles ne sont jamais tout à fait ronds.
C’est un choix, la perfection est froide.
L’imperfection donne la vie, j’aime la vie.
J’aime l’imaginaire comme un moine
peut aimer Dieu.
L’imaginaire c’est mon refuge, mon palais
L’imaginaire est une promenade à
l’intérieur du carré et du rond.
Je suis une aveugle, mes sculptures sont mes yeux
L’imaginaire est l’arc-en-ciel,
le bonheur est l’imaginaire, l’imaginaire existe.
Mon père, secrètement, devait étouffer dans sa vie mais il manquait du courage d’une vraie révolte. La petite fille que j’étais sera la seule victime de sa lamentable rébellion.
Vous n'étiez pas la grande sainte nitouche que vous prétendiez être.
Je me souviens de plusieurs de vos amants, à l'époque de mon adolescence.
Il y en avait un en particulier, un journaliste de guerre français, beau mec, que je détestais.
Pour vous, Maman, tout devait être caché. Le secret et l'hypocrisie faisaient partie des règles du jeu.
Moi je ferais le contraire, Je montrerais tout, mon cœur, mes émotions, le vert, le rouge, le jaune, toutes les couleurs.
Le communisme et la capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d'une nouvelle société matriarcale. Vous croyez que les gens continueraient à mourir de faim si les femmes s'en mêlaient ? Ces femmes qui mettent au monde ont fonction de donner vie - Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elles pourraient faire un monde dans lequel je serais heureuse de vivre...

Niki, la compagne du sculpteur (Tinguely), me montra son atelier, avec une foison d'ébauches de ses « Nanas », des femmes plantureuses et colorées en grillage, papier mâché et polyester. Nippée dans une blouse blanche bâchée, avec des petites bottes rouges trouées, elle m'avoua, rieuse :
-Je suis un peu folle. Je suis comme mes œuvres, éphémère ! Ma peinture calme le chaos qui agite mon âme. C'est une façon de domestiquer les dragons qui m'assaillent dans mon travail.
Elle voyait que j'étais un peu perdu, comme une sorte de Huron au Palais-Royal. Elle me parla avec un brin de tendresse mais en vérité :
— Cher monsieur le ministre, vous n'avez guère de chance de vous en tirer...
— De m'en tirer ?
— Oui, car vous n'êtes ni juif, ni homosexuel, ni du milieu.
— De quel milieu ?
— Le milieu des artistes. Ce sont eux les véritables secrétaires d'État du ministre. Ce sont eux qui adoubent. Vous êtes un... provincial... aristo...
— On met quand même à mon actif le Puy du Fou, une œuvre reconnue dans le milieu des spectacles vivants...
Non, c'est la province. Ce qui vous manque, c'est une accointance parisienne de galeriste, une parenté avec un moderne, un Duchamp ou un Dubuffet...
— Je n'en connais pas. À part mon ancien voisin, Gaston Chaissac, qui a dessiné mon faire-part de baptême'.
— Quoi ? Chaissac ? Vraiment ? Mais c'est extraordinaire ! Un vrai fou. Comme nous. Pourquoi ne le criez-vous pas ? Ça changerait tout.
(Philippe de Villiers_Le moment est venu de dire ce que j'ai vu)
C’est l’interdit – et la tentation du pouvoir absolu sur un autre être – qui exerçait une fascination vertigineuse sur lui.
Selon eux [les psychiatres], aucun homme ne pouvait être blâmé de ne pas avoir pu résister à la séduction perverse d'une petite fille. C'était à elle à ne pas provoquer son père, celui-ci était victime d'un tragique moment de faiblesse.
C'est exactement comme si examinant le comportement des Racistes du Ku Klux Klan, on en déduisait que les Noirs avaient certainement exagéré pour mener les braves blancs au racisme !
A la maison, nous les enfants avions le droit d’être « vus, mais jamais entendus ». « Children should be seen and not heard »
J'ai écrit ce livre d'abord pour moi-même, pour tenter de me délivrer enfin de ce drame qui a joué un rôle si déterminant dans ma vie. Je suis une rescapée de la mort, j'avais besoin de laisser la petite fille en moi parler enfin. Mon texte est le cri désespéré de la petite fille. "
J’imaginais la peinture se mettant à saigner. Blessée de la manière dont les gens peuvent être blessés. Pour moi la peinture devenait une personne avec des sentiments et des sensations.