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Citations de Nikos Kazantzakis (527)


- (...) mais surtout, autre chose (la voix de Zorba se remplit de colère et d’effroi) : pourquoi est-ce qu’on meurt ?
- Je ne sais pas, Zorba ! répondis-je, et j’eus honte de ma réponse, comme si on m’avait demandé la chose la plus simple, la plus nécessaire, sans que je pusse l’expliquer.
- Tu ne sais pas ! fit Zorba en écarquillant les yeux.
Il avait écarquillé les yeux de la même manière, un autre soir, où il m’avait demandé si je dansais et où je lui avais dit que je ne savais pas.
Il se tut un moment, puis, tout à coup, il éclata.
- Alors, à quoi ils servent, ces fichus bouquins que tu lis ? Pourquoi tu les lis ? S’ils ne disent pas ça, alors qu’est-ce qu’ils disent ?
- Ils disent, Zorba, l’incertitude de l’homme qui n’a pas de réponse à apporter aux questions que tu poses.
- Je m’en fiche de leur incertitude ! fit Zorba excédé en frappant les galets du pied.
(...)
- Moi, je veux que tu me dises d’où on vient et où on va. Depuis tout ce temps que tu t’étioles sur des bouquins, tu as bien dû empiler deux ou trois tonnes de papier ! Qu’est-ce que tu en as tiré ?
Il y avait une telle angoisse dans la voix de Zorba que j’en eus le souffle coupé. J’aurais tant voulu lui apporter une réponse !
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- Pourquoi n’écris-tu pas toi-même, Zorba, pour expliquer tous les mystères du monde ?
- Pourquoi ? Sans doute parce que les mystères, moi, je les vis et, du coup, je n’ai pas le temps de les écrire. Des fois c’est le monde, des fois la femme, des fois le vin, des fois le santouri. Je n’ai pas le temps de prendre la plume, ce moulin à paroles ! C’est pour ça que le monde est tombé entre les mains des scribouillards. Tous ceux qui vivent les mystères, ils n’ont pas le temps d’écrire, et tous ceux qui ont le temps, ils ne vivent pas les mystères. Tu piges ?
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Il y avait dans un coin de la pièce une vieille icône de la Vierge aux grands yeux pleins de larmes, serrant sa joue contre celle de son fils.
Zorba hocha la tête.
- Tu sais pourquoi elle pleure, patron ?
-Non
- Parce qu’elle voit. Moi, je serais peintre d’icônes, je peindrais la Vierge sans yeux, sans oreilles, sans nez. Parce que j’ai pitié d’elle.
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_ Tu ne crois donc pas en l’homme ?
_ Ne te fâche pas, patron, mais je ne crois en rien. Si je croyais en l’homme, je croirais en Dieu, et au diable. Et c’est là, patron, que commencent les ennuis, les embrouilles. Et ça me pose problème.
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Cet ouvrier sans instruction, me disais-je, qui par son impatience, son impétuosité, casse les plumes lorsqu’il écrit, est habité, comme les premiers hommes à peine éloignés du singe, ou comme les grands philosophes, par les questions fondamentales. Et il les vit comme d’immédiates, d’urgentes nécessités.
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Moi, c’est pareil, patron, j’ai un diable en moi et je l’appelle Zorba. Le Zorba de dedans ne veut pas vieillir, non, il ne veut pas, non, il n’a pas vieilli, c’est un phénomène, il a des cheveux noirs comme un corbeau, trente-deux dents et un œillet à l’oreille. Mais le Zorba de dehors est mal en point, le pauvre, il a des cheveux blancs, il s’est ridé, plissé, a perdu des dents, et son oreille s’est remplie de poils de vieillesse, des poils blancs et drus comme ceux d’un âne.
Que faire, patron ? Jusqu’à quand les deux Zorba vont-ils se battre ? Lequel des deux finira par avoir le dessus ? Si je crève bientôt, passe encore, j’espère m’en tirer ; mais si je vis encore longtemps, je suis fichu.
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Je rouvris le livre, le relus. Pourquoi ces poèmes m’avaient-ils passionné pendant tant d’années ? De la poésie pure ! La vie devenue un jeu diaphane, vaporeux, qu’aucune goutte de sang ne vient alourdir. L’élément humain – l’amour, la chair, le cri – est fruste, grossier, impur. Eh bien soit ! Qu’il se mue en idée abstraite et que, dans le creuset de l’esprit, d’alchimie en alchimie, il devienne immatériel et se dissipe !
Tout cela qui m’avait tant séduit, me parut ce matin-là n’être plus qu’artifices de charlatan !
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Zorba poussa un soupir.
- Si l’enfer existe, j’irai en enfer, ça en sera la cause. Je n’irai pas parce que j’ai volé, tué, commis l’adultère, non, non ! Tout ça ne compte pas : Dieu le pardonne. Mais j’irai en enfer parce que cette nuit-là une femme m’attendait dans son lit et parce que je ne suis pas allé la retrouver...
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- Alors, tu ne crois en rien, ? fis-je, hors de moi.
- Non, je ne crois en rien. Combien de fois faut-il te le répéter ? Je ne crois en rien, en personne, sauf en Zorba. Pas parce que Zorba est meilleur que les autres, pas du tout, mais alors pas du tout ! C’est une brute, lui aussi. Mais je crois en Zorba parce que c’est le seul que j‘ai en mon pouvoir, le seul que je connais. Tous les autres, ce sont des fantômes. C’est avec ses yeux que je vois, avec ses oreilles que j’entends, avec ses tripes que je digère. Tous les autres, je te dis, ce sont des fantômes. Dès que moi, je serai mort, tout sera mort. Le monde de Zorba sombrera tout entier !
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Agir comme si la mort n’existait pas et agir en l’ayant à l’esprit à tout moment, cela revient peut-être au même. Mais au moment où Zorba m’a posé la question, je ne le savais pas.
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Et cette Madame Hortense m’apparaissait comme la reine de l’île, une sorte d’otarie luisante et moustachue échouée depuis des millénaires sur cette plage, décatie, mais parfumée et guillerette.
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- Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il t’avait fait ?
- A moi ? Rien ! Rien du tout, je te dis !
(...)
- Alors ?
- Tu en poses de ces questions ! Ca m’a pris comme ça, mon vieux ! Autant demander l’orthographe au derrière de la meunière. Et le derrière de la meunière, c’est l’esprit de l’homme.
(p 28)

Un autre visage, quelques années plus tard, me fit la même impression de bois éprouvé, ravagé : celui de Panaït Istrati.
(p 29)

Dans l’esprit de Zorba, le monde contemporain était déjà de la préhistoire, tant il se tenait loin de tout ça (...) Son âme avançait bien plus vite que le monde.
(p 37)
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La bruine s’était arrêtée, les pierres et les arbres luisaient, il y avait dans l’air une odeur de terre humide. Un coucou chanta, moqueur et joyeux. Le soleil, en grand seigneur, avait adouci son ardeur et caressait la terre d’une main tiède et compatissante. Tout n’était que douceur et tendresse. Les gouttes de pluie tremblotaient encore sur les feuilles. Dans l’air moite d’après l’ondée, le monde riait et pleurait.
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Le centurion donna des ordres, on apporta de quoi manger et de quoi boire, on dressa des tables. [...]
Il se pencha vers Jésus :
- Je dois une grande reconnaissance au Dieu que tu adores, dit-il. Donne-le-moi, je l'enverrai à Rome avec les autres dieux.
- Il ira bien tout seul, répondit Jésus, et il sortit dans la cour pour respirer.
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Le sang de Pierre s'échauffa : - Allez-vous-en tous ! cria-t-il. N'est-ce pas à moi qu'il a dit avant-hier : "Pierre, tu es pierre et c'est sur toi que je construirai la nouvelle Jérusalem" ? - Il n'a pas dit la nouvelle Jerusalem ! Je les ai notées ici, ses paroles, dit Mathieu en frappant sur son cahier, contre sa poitrine. - Qu'est-ce qu'il m'a dit alors, gratte-papier ? Moi c'est ça que j'ai entendu ! dit Pierre, en colère. - Il a dit : "Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise." Mon Eglise, pas Jérusalem; il y a une grande différence ! - Et qu'est-ce qu'il m'a promis encore ? cria Pierre; pourquoi t'es tu arrêté ? Ca ne t'arrange pas d'aller plus loin ? Pour les clefs... dis-le donc ! Mathieu, sans empressement, pris son cahier, l'ouvrit et lu : "Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux... " Après ! Après ! cria Pierre, triomphalement. Mathieu avala sa salive, se pencha à nouveau sur le cahier : "Ce que tu lieras sur terre sera lié dans le ciel et ce que tu délieras sur terre sera délié dans le ciel..." Voilà, c'est tout ! - Et tu trouves que ce n'est rien ? C'est moi, vous l'avez tous entendu, qui tiens les clefs; c'est moi qui ouvre et qui ferme le Paradis. Si je veux je vous fais entrer, si je ne veux pas, je ne vous fais pas entrer !
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Devant la grande porte de la tour Jésus s'arrêta :
- Centurion, dit-il, tu me dois une faveur, tu t'en souviens ? Le moment est venu pour moi de te la demander.
- Toute la joie de ma vie, c'est à toi que je la dois, Jésus de Nazareth, répondit Rufus. Parle; tout ce qui est en mon pouvoir, je le ferai.
- Si on me capture, si on m'emprisonne, si on me tue, ne fais rien pour me sauver. Tu me le promets ?
Ils franchissaient à présent la porte de la tour; les sentinelles levèrent les mains et saluèrent le centurion.
- Tu appelles ça une faveur ? demanda Rufus, interdit. Je ne comprends pas les Juifs.
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Pilate bailla de nouveau.
- J'ai compris, dit-il d'un air ennuyé, je comprends ton jeu, Jésus de Nazareth, roi des Juifs ! Tu insultes Rome, tu veux me mettre en colère, te faire crucifier, pour devenir toi aussi un héros. Tu as adroitement préparé le tout. J'apprends que tu as déjà commencé à ressusciter les morts, tu ouvres la voie. Ainsi tes Disciples proclameront plus tard que tu n'es pas mort, que tu es ressuscité et monté au ciel... Mais tu arrives trop tard, mon gros malin. Ton truc est éventé, trouves-en un autre. Je ne vais pas te tuer, je ne vais pas faire de toi un héros, tu ne vas pas devenir Dieu comme les autres, ôte-toi cette idée de la tête.
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Compagnons, il y a encore ceci que je voulais vous dire ce soir : Lorsque vous vous trouverez devant la tombe d'un être aimé, ne fondez pas en larmes. Gardez toujours à l'esprit cette grande consolation : la mort est la porte de l'éternité. Il n'existe pas d'autre porte. L'être aimé n'est pas mort. Il est devenu immortel.
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- [...] Pour que les paroles que tu as prononcées ne soient pas perdues, il faut que nous les fixions dans de nouvelles Ecritures Saintes, que nous fassions des lois, que nous construisions nos propres synagogues, que nous choisissions nos grands prêtres, nos Scribes et nos Pharisiens.
Jésus fut épouvanté :
- Tu crucifies l'esprit, Jacques, cria-t-il. Non, non, je ne veux pas !
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Paul éclata à son tour :
- Ferme cette bouche éhontée ! lui cria-t-il en se précipitant sur lui. Tais-toi, si les hommes t'entendaient ils en auraient bras et jambes coupées. Dans la pourriture, l'injustice et la pauvreté de ce monde, Jésus le Crucifié, Jésus le Ressuscité était l'unique et précieuse consolation de l'homme honnête et opprimé. Mensonge ou vérité, que m'importe ? Il suffit que le monde soit sauvé !
- Il vaut mieux que le monde se perde par la vérité plutôt que d'être sauvé par le mensonge. Au coeur d'une pareille rédemption se trouve le grand Ver, Satan.
- Qu'est-ce que la vérité ? Qu'est-ce que le mensonge ? La vérité est ce qui donne des ailes à l'homme, ce qui crée de grandes actions et de grandes âmes et ce qui nous fait nous élever de toute notre hauteur au-dessus de la terre. Le mensonge, c'est ce qui rogne les ailes de l'homme.
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