Les livres protègent de la bêtise. Des faux espoirs. Des mauvais hommes. Ils vous revêtent d'amour, de force, de savoir. C'est la vie depuis l'intérieur. (p.21)
Il s'appelle Jean. Il est en train de reconstruire une vieille péniche hollandaise. Il dit qu'il veut y planter des livres. "Des bâteaux en papier pour l'âme", dit-il. Il m'a expliqué que c'était censé devenir une pharmacie, une pharmacie littéraire destinée à guérir tous les sentiments pour lesquels il n'existe pas d'autre remède. Par exemple le mal du pays. Il dit qu'il y en a différentes sortes. Le besoin de sécurité, la nostalgie de la famille, la peur des adieux ou le désir d'aimer. (p.121)
Nous sommes immortels dans les rêves de ceux qui nous aiment, et nos morts continuent de vivre dans nos rêves bien après leur disparition. Le monde des songes est la passerelle qui relie les différents mondes, le temps et l'espace. (p.171)
Ensuite, il se sentit vide, exsangue, mais envahi d'une étrange chaleur, comme si ses larmes avaient remis en marche un moteur intérieur. (p. 248)
Le tango est la drogue de la vérité. Il démasque tes problèmes, tes complexes mais aussi tes forces, celles que tu caches aux autres pour ne pas les blesser. Il montre ce qu'un couple peut représenter l'un pour l'autre, la manière dont chacun écoute l'autre. Si quelqu'un n'aime écouter que soi-même, il détestera le tango.
Quand il dansait, Jean n'avait pas d'autre choix que de sentir au lieu de se réfugier dans des idées abstraites. (p. 191)
- Mon cher fiston, quand tu es une femme et que tu te maries, tu entres de manière irrévocable dans un système d'observation et de suivi. Tu veilles sur tout- Ce que fait ton homme, comment il se porte. Plus tard, quand les enfants arrivent, tu fais pareil avec eux. Tu es à la fois surveillante, servante et diplomate. Et ne crois pas que cela se termine avec un simple divorce ! Oh, non-l'amour s'en va, mais l'inquiétude reste. (p.79)
-Est-ce que vous avez des livres sur la mort ?
-Oh, j'en ai beaucoup, oui, dit Perdu. Sur le fait de vieillir, sur le fait d'être atteint d'une maladie incurable, sur la mort lente et la mort rapide, sur la mort dans la solitude, quelque part, dans une chambre d'hôpital.
- Je me suis souvent demandé pourquoi il n'existait pas davantage de livres sur la vie. Après tout, tout le monde peut mourir. Mais vivre ?
-Vous avez bien raison, madame. Il y aurait beaucoup à dire sur la vie. La vie avec les livres, la vie avec des enfants, la vie pour les débutants.
-Ecrivez-en un, vous.
Comme si j'étais en mesure de donner des conseils à qui que ce soit dans ce domaine.
-Je préférerais écrire une encyclopédie sur les sentiments universels, concéda-t-il. (p. 32)
- L'erreur de la plupart des gens, surtout des femmes, c'est de croire que le corps doit être parfait pour être digne d'amour. Alors qu'en fait on ne lui demande rien d'autre que de savoir aimer.. Et de se laisser aimer.
- Capitano Perdito, je crois dur comme du fer qu'il faut manger l'âme d'un pays, pour le comprendre. Pour sentir son peuple. L'âme d'un pays, c'est ce qui pousse dans sa terre. (p. 216)
Perdu voulait qu'Anna se sente comme dans un nid. Qu'elle prenne conscience de cet infini que l'on trouvait dans les livres. Il y en aurait toujours assez. Les livres ne cesseraient jamais de donner de l'amour à un lecteur ou à une lectrice. Ils étaient un pôle sécurisant dans tout ce qu'il y avait d'imprévisible. Dans la vie. Dans l'amour. Dans la mort. (p.51)