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Critiques de Norman Manea (27)
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Les tiroirs de l'exil

Très déçue par la forme de ce livre appartenant à la collection Judaïsme dirigée par Antoine Spire. Cela se veut une traduction du roumain, mais on apprend (dès la quatrième de couverture d'ailleurs) que : « en vue de son édition en langue française, la totalité de l'ouvrage a été revue par l'auteur, condensée, adaptée, et enrichie d'un long appendice inédit [de 2014], consacré aux rapports entre antisémitisme et communisme » et intitulé « Camarade Ana, le paradoxe Pauker : antisémitisme et communisme ». Il s'agit donc, à la base, de l'ouvrage paru en 2008, en Roumanie, „Sertarele exilului”.



Force est de constater que les réponses de l'auteur aux questions de Leon Volovici, qui porte un dialogue à distance avec l'auteur entre 1980 et 2008, se répètent souvent. Des sujets graves, un témoignage qui ne manque pas d'intérêt historique et littéraire, mais une impression quand même de manque d'unité dans la structure qui a gâché ma lecture, dont je retiens surtout « l'Accord final » de 2008 (p. 209 à 222).

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La cinquième impossibilité

«Ce volume rassemble quelques-unes de mes notes anciennes ou récentes, provenant de ma terre natale de mon nouveau domicile transatlantique, sur l’aventure de la lecture et de l’écriture». (p. 12, fin du premier texte intitulé “La maison de l’escargot”, Bard College, New York, 3 février 2012). Je retiens de ce premier texte, le passage suivant : «La dictature m’a finalement forcé à reconnaître que je ne vis pas seulement dans une langue, comme je le croyais naïvement, mais dans un pays, et lorsque j’ai été sur le point de suffoquer j’ai quitté, sans la quitter la malheureuse histoire de ce lieu. Le seul bien que je possédais, la langue dans laquelle je vivais, aimais et rêvais, je l’ai emporté avec moi, comme un escargot emporte avec lui sa maison dans ses pérégrinations. Elle constitue aujourd’hui encore le refuge intime des incertitudes, le code de l’intériorité et de la créativité qui cherche sa voix» (p.11).



La deuxième partie du livre s’intitule « D’un rivage à l’autre » et comprend 11 textes :



Dans «Un ami à Berlin» (Berlin, 1987) l’auteur évoque son départ de Roumanie pour Berlin, début de son exil, marqué par l’importance de la correspondance écrite. L’ami étant son nouveau facteur à qui il propose d’offrir les timbres des lettres qu’il peut enfin recevoir librement des quatre coins du monde.



«À Ernesto Sabato» (New York, 2004) est une lettre ouverte d’hommage vibrant : «Loin du tumulte de tant de confrères couverts de lauriers, Sabato le solitaire demeure le mandataire de haute spiritualité créatrice de la vérité «spécifique et douloureusement humaine», connue sous le nom d’âme, la zone «abrupte et sombre» d’où s’est élevé le granit délié et acéré de son œuvre de romancier» (p. 42).



Dans «La langue exilée» (New York, décembre 2002) Norman Manea revient sur la langue roumaine et son importance dans sa vie d’écrivain exilé, ainsi que sur cette image de la maison de l’escargot : «J’avais tout de même emporté avec moi la langue, ma maison, comme un escargot. Elle continuerait de m’être premier et ultime refuge, domicile enfantin et immuable, lieu de survie»(p. 53). «Ma première apparition publique eut lieu à New York, à l’automne 1989, alors que l’explosion de l’Est préoccupait tout le monde, lors d’un débat du Pen Club américain consacré à la littérature roumaine est intitulé «Le mot en tant qu’arme». Bravant la combativité conjoncturelle de la thématique, je parlai du «mot en tant que miracle». J’évoquai, bien sûr, cet après-midi de juillet 1945 où j’avais découvert les magnifiques contes populaires de l’écrivain roumain Ion Creanga»(p. 55). «À New York, j’ai continué d’habiter la langue roumaine, comme Paul Celan habitait la langue allemande à Paris» (p. 64).



Dans «Des parallèles qui se rencontrent»(Washington, 1989) l’auteur établit plusieurs comparaisons. « Dans «l’Écrivain fantôme», qui ouvre la trilogie Zuckerman («Zuckerman enchaîné»), Philip Roth imagine l’alternative d’une Anne Frank survivant à l’Holocauste, parvenue en Amérique, passionnée de littérature et connaissant une crise d’identité, au moment où elle découvre, par hasard, que l’auteur du “Journal” est devenue, entre-temps, une célébrité (personne ne savait, de fait, qu’elle avait survécu)»(p 75). Prenant ce point de départ, Norman Manea analyse l’œuvre de Selma Meerbaum-Eisinger qu’il appelle la Anne Frank de l’Est, ainsi que les poèmes sur Anne Frank de la poétesse roumaine Mariana Marin.



Comme son titre l’indique, le texte «Au delà de la montagne (Ascension préliminaire dans la postérité Celan-Fondane)» (Bard College, 2009) invoque, dans un certain hermétisme, deux poètes Paul Celan et Benjamin Fondane qui dialoguent dans la postérité à travers «Le Dialogue dans la montagne» notamment : «Celan et Fondane sont, chacun, le destinataire de l’autre»(p. 112).



Dans «Bérenger à Bard»(Bard College, 1999), Norman Manea parle, à partir de sa pièce Rhinocéros d’Eugène Ionesco qu’il avait rencontré.



Dans «Je demande à mes amis de vieillir»(Bard College, 2009) il est question d’Emil Cioran et d’Édouard Roditi, «un fabuleux pèlerin des lettres»(p. 154). En effet, l’auteur effectue un voyage à Paris, au printemps 1990, au Salon du livre, à l’occasion de la publication par Albin Michel de son premier recueil en français, «Le Thé de Proust». Je retiens sur Cioran ces lignes : «Il fut un brillant rebelle et un misanthrope provocateur qui tenta, encore et encore, de nous éveiller au néant de l’existence humaine» (p. 160).



Dans «La fiction souterraine»(New York, 2004), dont le titre est une référence à la formule «la littérature est souterraine, non terrestre»(p. 176) de Cynthia Ozick l’auteur revient sur les traces de Saul Bellow qu’il a également connu personnellement. Il écrit fort à propos (p. 175) : «L’action de «L’Hiver du doyen» se passe en partie en Roumanie ; dans “Ravelstein”, un personnage secondaire, Radu Grielescu, ressemble quelque peu à Mircea Eliade et le roman fait allusion à Cioran, sans compter d’autres références roumaines».



« Claudio von Trieste » (New York, 2003, 2011) traite de Claudio Magris, tandis qu’« Il faut déclarer l’amitié » (New York, 2003, 2012) est consacré à Antonio Tabucchi.



Le dernier texte de la deuxième partie, «Capitale dada»(New York, 2005) est une flânerie culturelle entre la Roumanie et New York.



De la troisième partie ou « La cinquième impossibilité » (New York, 2010) il y aurait beaucoup à dire. Je vais cependant me contenter de citer Linda Lê qui écrit dans «Chercheurs d’ombres» : «Norman Manea, rappelant le mot de Kafka selon lequel écrire des lettres, «c’est se mettre nu devant les fantômes ; ils attendent ce moment avidement», est peut-être l’écrivain exilé qui s’est le plus interrogé sur les impasses auxquelles se heurtent tous les chercheurs d’ombres enivrés par l’espoir du Grand Retour et affolés devant la perspective de renouer avec le connu, eux qui ont toujours vécu entre plusieurs impossibilités kafkaïennes : impossibilité de ne pas écrire, impossibilité d’écrire dans un idiome d’emprunt, impossibilité d’écrire dans une autre langue, à quoi il faudrait ajouter l’impossibilité d’écrire, tout simplement et cette «cinquième impossibilité», qu’évoque Norman Manea : l’exil intérieur, incarné de façon absolue par Kafka qui nous conseillait, dans notre combat contre le monde de seconder le monde, Kafka qui se plaçait délibérément en marge et revenait sans cesse sur son impuissance à faire partie du jeu» (p. 105).
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Le retour du Hooligan

J'ai fait la connaissance de Norman Manea avec l'entretien réalisé auprès de Saul Bellow, l'écrivain américain nobélisé. Ce petit livre m'a donné envie de le découvrir.

Roumain, originaire de Bucovine, il est déporté avec ses parents en 1941, à l'âge de cinq ans, dans un camp de concentration en Transnistrie, puis de retour dans son pays, après la guerre, il devient ingénieur, écrivain, et s'enfuit à Berlin et aux Etats-Unis en 1986.

Le livre est sous-titré Une vie, et c'est cette vie que Norman Manea choisit de nous raconter, à l'occasion d'un voyage de retour dans sa patrie, après dix ans d'exil, une vie dans une famille juive de Bucovine tout d'abord, ce territoire au destin incertain, autrefois austro-hongrois, et bientôt partagé entre la Roumanie et l'Ukraine, une vie marquée par une première dictature qui lui a fait connaître la déportation, puis par celle qui a régné pendant l'ère communiste.

L'auteur, indécis, hésite à retourner dans son pays. Philip Roth l'encourage, Saul Bellow est plus circonspect. C'est le fantôme de sa mère, apparu à New-York, qui l'amènera à prendre la décision. Ce n'est pas le seul fantôme que nous croiserons lors de ce magnifique travail de mémoire, ceux de son enfance, amis et parents, de ses amours, et ceux des grands écrivains qui l'ont accompagné et guidé, Proust, Kafka et Joyce.

Le récit qui nous est offert ici n'est pas linéaire ; c'est plutôt une immersion, en profondeur, dans les couches sédimentées des souvenirs d'un homme profondément meurtri qui s'interroge sur son identité, sur les masques qu'il a dû porter, sur les repères qu'il doit trouver dans les strates des évènements traumatiques.

Sur quelles bases se construire quand on est juif, paria, apatride, exilé, hooligan, opposant ? Des éléments de réponse affleurent durant le récit, la littérature, les mots et surtout la langue roumaine avec laquelle il écrit l'ensemble de ses ouvrages.

Un livre dense, touffu, protéiforme, dans lequel il faut accepter de se couler, de suivre les errements et les questionnements d'un homme attachant, en proie au doute, désorienté dans les méandres de la géographie et de l'histoire individuelle et collective.









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La tanière

Augustin Gora est un réfugié politique de la Roumanie communiste qui vit à présent à New York. Intellectuel reconnu, il passe son temps à rédiger les nécrologies de ses contemporains, bien entendu que tout vivant est un mort en sursis. En s'exilant, il a laissé derrière lui ses amis, les conversations d'intellectuels chuchotées au clair de lune, et la belle Ludmilla, sa femme, son amour, qui a refusé de partir avec lui, mais qui viendra pourtant à New York en compagnie de Peter Gaspar, son cousin et amant. Peter Gaspar lui aussi est un intellectuel, il donne des cours à l'université. Il appelle souvent Gora, entretient avec lui des conversations surréalistes grâce auxquelles il se parle à lui-même : "Il interrogeait, tout en s'interrogeant. Il n'attendait pas de réponse, mais l'interrogé faisait partie de l'interrogation. Culpabilisation indirecte". Parfois même, Gora lui répond. Un jour, Gaspar reçoit une carte postale, en lien avec Dima, grande figure mondialement connue, adulé par la Roumanie. Sans doute une menace. Gora, bien avant Gaspar, craint pour sa vie. Car Gaspar et Gora connaissent le passé controversé mais caché de cet homme, Dima, et ses sympathies avec l'extrême droite. Est-ce ce secret que l'on veut faire taire en même temps que Gaspar ?



Il n'est pas évident de faire un synoptique de cette Tanière de Norman Manea.

La tanière, cet endroit à partir duquel Gora écrit ses notices nécrologiques sur les futurs morts, est une œuvre étrange et labyrinthique. Certaines scènes se répètent plusieurs fois, pour s'inclure dans des contextes différents (notamment la première scène dans laquelle Gaspar monte dans un taxi… j'ai même cru à une erreur d'impression), on ne sait de qui sont les pensées qu'on lit, ni qui parle dans les dialogues, ni à quelle époque ça se passe, encore moins dans quels lieux… Certaines phrases sont belles et poétiques. D'autres passages sont une association de mots, séparés par des points. L'auteur joue avec le son et le sens des mots (avec talent, il faut le reconnaitre). Bref, je suis restée un certain temps assez sceptique devant cette lecture qui me paraissait nombriliste, élitiste et égocentrique.

Mais au bout d'un moment, d'un certain nombre de pages, de passages, de paysages, de personnages, je me suis laissé prendre au jeu. Norman Manea trempe une plume, de celles qui écorchent le papier sur lequel elles écrivent, dans l'acide, pour nous dépeindre deux hommes qui se veulent si différents (sans compter Pallade et Dima) même s'ils aiment la même femme, pour dépeindre deux sociétés si opposées. Si la Roumanie n'est pas un ersatz du paradis, la vie n'est pas forcément plus verte de l'autre côté de l'Atlantique, au pays des capitalistes et des cartes d'assuré social. Des réflexions sur l'amour, l'exil, la société, le socialisme et le capitalisme, surgissent des conversations, des pensées, des conversations. Où qu'ils aillent, ces deux hommes portent leur passé avec eux, que ce soit Gora, qui s'enferme dans sa tanière au pays de la liberté, ou Gaspar, "sorti du ventre ensemencé d'Auschwitz", gros et gras comme un éléphant, qui souhaite être irresponsable.

Même si beaucoup de choses m'ont échappées, probablement par manque de connaissance de l'histoire et des grandes figures de la Roumanie, j'ai beaucoup aimé l'immersion proposée par ce livre qui fait penser au mouvement surréaliste, aux représentations de Dali en particulier (d'ailleurs l'auteur évoque à plusieurs reprises les cauchemars de Gaspar qui se prend pour l'un des éléphants du tableau éponyme de Dali). Mais j'ai fini par me perdre au lendemain du 11 septembre, dans la dernière partie du livre. A ce moment-là, Gora sort de ses lamentations sur la vieillesse, la maladie et l'exil, et l'attentat marque son retour à la vie. Enfin, si j'ai bien compris, et ça, ce n'est pas sur !!

Je garderai en tout cas de cette lecture exigeante un bon souvenir, un livre dans lequel on s'immerge avec plaisir, sans pour autant être jamais sur du moment et de l'endroit où l'on pourra reprendre sa respiration !

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Le thé de Proust et autres nouvelles

L'auteur, roumain, a été déporté à l'âge de cinq ans dans un camp d'internement stalinien, son pays étant sous la férule du Grand Frère soviétique.

Dans Le Thé de Proust et autres nouvelles, Norman Manea retrace cet terrible expérience. Certains récits se tiennent dans le camp et y retracent le quotidien des prisonniers, en famille, livrés au froid, à la faim, à la maladie et à la mort. D'autres se déroulent après la libération. Ils montrent les difficultés de la réadaptation.



Malgré tout l'intérêt des thèmes abordés, je n'ai pu accrocher au style de l'auteur. La structure en nouvelles parfois divergentes rend difficile une vision d'ensemble. J'ai trouvé le ton froid - ce qui peut s'expliquer compte tenu des circonstances - mais également repoussant, dans le sens où l'auteur semble exclure le lecteur du récit. Du moins est- ce l'impression que les quelques nouvelles que j'ai lues m'ont laissée.



J'aurai au moins essayé.
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Le retour du Hooligan

Norman Manea est né en Bucovine (Roumanie) en 1936. Le premier voyage qu'il a fait, c'est à 5 ans. Dans un wagon à bestiaux, avec parents et grands parents. Les plus âgés ne reviendront pas. Le maréchal Antonescu avait décidé la déportation de tous les juifs dans des camps en Ukraine. Il est revenu 4 ans plus tard. "J'étais un vieillard qui allait avoir 9 ans".



Et à 50 ans, trop tard peut être, il est reparti: " A cinq ans la première fois à cause d'un Dictateur. A cinquante ans, à cause d'un autre Dictateur et d'une idéologie opposée. Quelle blague!".

Oui, enfin, c'est d'un humour désespéré qu'il s'agit là, et c'est au cours d'un bref séjour effectué à contre coeur sur le sol natal qu'il résumera ainsi: " Reste la honte de ne pas être parti à temps, la honte d'être parti quand même, la honte d'être ramené au point de départ."



Avant l'exil, avant l'abandon de sa mère qui le suppliait d'au moins revenir pour son enterrement, le refuge pour lui était l'écriture : " Grâce au dialogue engagé avec des amis virtuels, la littérature allait me sauver de la mutilation imposée par l'Autorité".

Sauver des nouvelles persécutions, de la délation systématique, des tribunaux populaires qui de nouveau transforment son père en "pou" et lui en "fils de pou" à cause d'une anonyme et fausse dénonciation ( pour un crime impardonnable, il aurait offert gratuitement une bicyclette à quelqu'un.......)et l'envoient croupir dans un autre camp.



"La fatalité de la terreur pouvait s'abattre sur n'importe qui, n'importe quand, n'importe où et pour n'importe quelle raison."



Car, pour Manea, l'exil signifiait plus que quitter la terre, c'était quitter la langue. Il se demandait si l'exil, pour un écrivain, n'était pas l'équivalent du suicide. Mais peu à peu ,la réalité l'impose: "Et la mort qui me guettait ici, à domicile? Le rétrécissement accéléré de l'existence, la prolifération des dangers rendaient sans objet les inquiétudes quant à la possibilité de renaitre , au seuil de la vieillesse, dans une autre langue et un autre pays."



Alors, avec toujours sur lui ces phrases de Joyce dans Dedalus : " Je ne veux pas servir ce à quoi je ne crois plus , que cela s'appelle mon foyer, ma patrie ou mon Eglise. Je veux essayer de m'exprimer ,sous quelque forme d'existence ou d'art, aussi librement et complètement que possible, en usant pour ma défense des seules armes que je m'autorise: le silence, l'exil, la ruse."Manea va organiser son départ; D'abord vers l'Allemagne, puis les Etats Unis .



Etats Unis où il vit désormais, Etats Unis, pays des exilés de tous lieux, et de Mark Twain , dont les phrases suivantes pourront accompagner celles de Joyce: "Je crois ne pas avoir de préjugés. Je peux affronter n'importe quelle société. Tout ce qui m'importe est de savoir qu'un homme est un être humain -cela me suffit. Il ne peut pas être pire".......



En écoutant James Gray dans le bonus du DVD The Immigrant parler de très belle façon de ses grands-parents , immigrés en 1923 et restés en permanence dans la nostalgie de leur pays,de leur langue car ils n'avaient jamais appris l'anglais et restaient figés , incapables de communiquer, de s'adapter à un environnement si différent ( ce qu'il ne comprenait pas, enfant, car ils y étaient persécutés), j'ai repensé à ce beau portrait et analyse très poussée de ce qu'est un immigré non volontaire ,et de ses souffrances .

Lisant en ce moment la deuxième partie de l'autobiographie de J. M. Coetzee, j'y retrouve la même chose (même s'il n'a pas , lui, le problème de la langue, et qu'il est parti d'Afrique du Sud non pour des raisons..vitales, mais parce qu'il avait honte de son pays, qu'il n'a pas non plus le même passé très lourd à porter), la très grande difficulté pour un écrivain de s'abstraire de ses références culturelles.



Grand écrivain roumain que ce Norman Manea.
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Avant de s'en aller

Avant de s'en aller, Before I go en anglais, est un ouvrage fort intéressant, retranscription d'un entretien réalisé sur deux jours en décembre 1999, entre deux écrivains, Saul Bellow et Norman Manea.

Saul Bellow, âgé de 84 ans au moment de l'entretien, est un écrivain américain, fils d'émigrés juifs russes arrivés au Canada en 1915. Il a écrit de nombreux romans et a reçu le prix Nobel de littérature en 1976.

Norman Manea est un écrivain roumain qui a émigré aux Etats-Unis en 1986.



De nombreux éléments rapprochent les deux hommes. Tous deux juifs ashkénazes, aux origines européennes, l'un de Saint Pétersbourg et l'autre de Roumanie, ils ont fait le choix de se consacrer à l'écriture, et ont enseigné dans la même université dans l'état de New-York. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises, dans des colloques ou des réceptions, et ont progressivement noué une solide amitié.

Dans un texte d'introduction, Réflexions sur Saul Bellow, Norman Manea pose le contexte et l'histoire de cette interview.

Norman Manea conduit l'entretien. Il va souvent droit au but et ses questions ne trouvent pas toujours de réponse. Il est sûrement plein d'admiration et veut tout savoir, de la biographie de son aîné, de sa famille, de ses motivations, de ses sujets de prédilection, de ses méthodes d'écriture.

La discussion tourne autour du thème central de la place de l'écrivain juif issu de l'émigration aux Etats-Unis, de la diaspora, de la Shoah, du sionisme. Norman Manea veut entraîner son ami sur le terrain des idées, mais ce dernier se revendique comme artiste et non comme intellectuel.

Les références littéraires sont nombreuses, Saul Bellow évoquant les auteurs dont l'influence a été majeure, Céline, Proust lu en français, Rousseau, Tolstoï, Shakespeare...

Le ton est souvent ironique, teinté d'autodérision, et des anecdotes amusantes ponctuent l'échange, notamment celles relatives à I.B.Singer.

Ce petit livre assez émouvant, donne envie d'approfondir l'oeuvre de Saul Bellow et de découvrir les écrits de Norman Manea.

Je remercie Babelio et les éditions La Baconnière.
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Avant de s'en aller

CONVERSATION ENTRE DEUX ECRIVAINS JUIFS





Norman Manea (né en 1936 en Bucovine)



Saul Bellow (né en 1915 au Canada, prix Nobel 1976)



Le livre Avant de s'en aller correspond à une interview filmée à Boston eu  en 1999. Les deux écrivains se sont déjà rencontrés à Bucarest ;  Norman Manea a fait un cours à l'Université de Bard sur l'œuvre de Bellow ils ont de nombreux points communs, enseignent la littérature dans des universités américaines et ont des amis en commun. Norman Manea pose les questions auxquelles Saul Bellow répond, ou non. 



Ils vont aborder l'enfance polyglotte de Saul Bellow au Québec :  russe, yiddish, anglais, français et hébreu et la culture juive partagée par les deux compères, les romans russes, Sholem Aleikhem mêlé à Tolstoï traduit en yiddish...De cette expérience linguistique, Saul Bellow a commis des traductions "mais transposer Shakespeare en yiddish n'est pas très facile". Norman Manea fait un parallèle facile avec sa famille roumaine. Les rapports avec la pratique religieuse, la kashrout, se détendent, un de ses frères se rebelle. Juste à la fin de l'adolescence Bellow fréquente un cercle trotskiste : il dépense son héritage pour se rendre à Mexico voir Trotski et arrive le jour de son assassinat! 



Ils évoquent de nombreux écrivains européens :  Céline "une terrible  énigme", Sartre qu'il n'aime pas, Malraux et même Balzac



"cette fois-ci, car lorsqu’il s’agit d’idées on ne peut pas faire appel à Balzac – c’est un bluffeur. Il est agréable à

lire et il est débordant de vie, mais quand il touche aux idées il a tendance à tomber dans un romantisme ridicule. "



Conrad, Koestler ainsi que Kafka :



NM : As-tu jamais considéré La Métamorphose de Kafka comme un récit sur l’Holocauste ? SB : Oui, j’y ai

pensé en ces termes. Et je ne peux plus lire ce texte. NM : Lorsque Gregor devient un « ça » et que sa sœur dit :

« Débarrassez-vous de ça ! », on comprend ce que les gens sont devenus dans les camps. Ce ne sont plus des

êtres humains.



Saul Bellow cite Babel comme un écrivain qui l'a marqué.



"Comme Isaac Babel, d’Odessa. Il m’a fortement marqué. Il t’a marqué toi aussi, je sais. Il me semble que c’était notre genre d’homme. Il avait des choses d’une très grande importance à dire, qui d’une façon ou d’une autre n’ont jamais été dites. Je crois que j’attendais les écrits de sa maturité, mais évidemment il n’a pas vécu assez longtemps pour ça."





Ils ont fréquenté des auteurs américains, leurs contemporains, très proches comme Philip Roth ou Bashevis dont il a traduit le premier livre. Bellow n'est pas tendre avec Bashevis



SB : j'ai traduit du yiddish Gimpel le naïf[...] C'est un des mérites de Partisan Review d'avoir publié Bashevis en anglais pour la première fois. L’as-tu connu, personnellement ? NM : Non. SB : Eh bien, c’était un type assez étrange. Un esprit réellement étrange. Il avait une instruction judéo-polonaise basée sur Spinoza et d’autres philosophes des Lumières, il était très fier de son bagage intellectuel. Il est très facile pour les Européens d’origine juive comme Bashevis de s’en prendre aux États-Unis, de trouver des défauts au pays, en parlant de sa vulgarité, etc. Mais en réalité, ce pays a été sa grande chance..



[...] Il y a tout un tas d’anecdotes marrantes sur Bashevis. Les collectionner est un de mes passe-temps...."



Parfois, la conversation prend un tour familier, de commérages et de critiques acerbes en particulier envers Mircea Eliade. 



En tout cas, j'ai trouvé les échanges très amusants et spirituels malheureusement je n'ai pas lu les livres de Saul Bellow et n'ai pas pu apprécier toutes les analyses qu'ils en font. Il faudra que je répare cette lacune!
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Le retour du Hooligan

A cinq ans, Norman Manea est déporté. Il reviendra 4 ans plus tard, marqué à vie, dans sa patrie devenue communiste. "L’horreur n’avait pas remplacé l’ancienne. Elle s’y était ajoutée : elles allaient main dans la main." Quelques décennies après, en 1986, il décide d’émigrer pour échappe à l’étiquette de "hooligan" qui lui colle la peau, c’est-à-dire le marginal, le non-aligné, l’exclu. Car il ne se laisse pas faire face à la violence idéologique qu’est le communisme, et ne se prive pas de le dire. Vingt ans plus tard, il a l’opportunité de rentrer au pays, dans une Roumanie débarrassée du communisme mais non pas de ses stigmates. C’est ce voyage de retour, truffé de flash-backs, qui est raconté ici.



En plus d’une certaine hostilité, il doit faire face à ses propres sentiments : il se rend compte qu’en vingt ans il était devenu un étranger dans son propre pays, mal à l’aise avec la langue roumaine, qui est pour lui le fondement de son identité. "C’est la langue qui est votre blessure."



Une identité qu’on lui refuse d’ailleurs puisqu’on le classe dans la catégorie des "écrivains juifs de langue roumaine" et non pas "écrivain roumain".



"Je ne savais pas si je voulais éviter de rencontrer là-bas le moi d’autrefois, ou si je redoutais d’être identifié à ma nouvelle image, auréolée des lauriers de l’exil et des malédictions de la Patrie."



Après avoir vécu une non-existence aux États-Unis, l’île de la liberté par rapport à la Roumanie, dans l’anonymat et la transparence, il revient donc sous la lumière des projecteurs, auréolé de son prestige d’écrivain mondialement connu quoique soupçonné d’amitié avec la puissance américaine, vestige de la guerre froide.



"Le crétinisme rayonnait partout, on pouvait difficilement y échapper."



Roman autobiographique atypique, Le retour du hooligan est un véritable pêle-mêle dans lequel il est difficile parfois de se retrouver : l’auteur évoque l’Histoire à chaque ligne et il n’est pas toujours facile de comprendre à quoi ou à qui il fait allusion. Mais malgré ces difficultés, je n’ai pas pu faire autrement d’aller jusqu’au bout de cette lecture qui nous envoûte malgré nous, tant on est plongé au cœur d’un maelström d’émotions que l’auteur sait parfaitement rendre : "La honte secrète, farcie de furoncles purulents. La honte de n’être pas parti à temps, la honte d’être parti quand même, la honte d’être ramené au point de départ". Tout se mélange et suinte le mal-être, la peur, la désorientation d’un homme qui a perdu ses racines. La littérature fut donc – et est toujours – le seul refuge possible contre ces sentiments, rempart qui peut paraître dérisoire face à la violence de l’exil, mais qui l’a sauvé.
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Avant de s'en aller

Quand deux écrivains se rencontrent de quoi parlent-ils ? De littérature, d’auteurs, de personnalités politiques qui ont eu l’occasion de connaître … Saul Bellow et Norman Manea sont tous deux écrivains, tous deux émigrés, mais Saul Bellow est né au Canada de parents juifs russes alors que Manea a émigré en 1986 et se considère comme un écrivain roumain et a toujours écrit dans sa langue maternelle. Alors que Saul Bellow se revendique comme écrivain américain.

La première moitié de ce petit ouvrage ne correspond pas vraiment selon moi, à la retranscription d’une conversation qui s’est tenue en décembre 1989 à Boston ; mais plutôt à une interview de Saul Below par Norman Manea qui s’intéresse beaucoup à l’enfance et à la famille de Bellow. Il fait des correspondances entre les membres de cette famille et des personnages emblématiques des romans de Saul Bellow. Il interroge également sur le rapport de Bellow à sa religion et comment sa famille s’est comportée à son arrivée en Amérique avec la pratique de la religion juive. Nous apprenons ainsi, qu’à la faveur d’une assez longue hospitalisation à Montréal quand SB était âgé de 8 ans, il reçoit la visite de dames de la paroisse qui lui font découvrir Jésus pour lequel il se prend de passion. Mais l’enfant n’en parle pas avec sa famille de peur de la blesser alors qu’il n’a droit qu’à une visite par semaine et jamais plus d’un parent à la fois. Il ne peut échanger avec personne sur les questions qu’il se pose, ni sur le fait que les infirmières se réfèrent beaucoup à sa judéité.

La deuxième partie a plus la forme d’échanges entre deux grands écrivains qui ont noué une amitié. Nous découvrons le voyage au Mexique de Saul Bellow ou il passera plusieurs mois, qu’il a entrepris pour rencontrer Trosky. Manea est curieux des lectures du Nobel de littérature de 1976, des écrivains qu’il a lus et les hommes politiques qu’il a rencontrés dans sa vie et ce qu’il a pensé d’eux. Une conversation passionnante à bâton rompu entre deux grands écrivains.



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Avant de s'en aller

L'univers de Saul Bellow, entre gravité et humour, profondeur et sens de l'anecdote : une conversation qui retrace un itinéraire, une appartenance et surtout les limites de ce que le romancier ne veut pas mettre en scène mais raconter. Norman Manea interroge avec finesse, par le partage d'obsessions, les pudeurs d'un romancier, les fictions inventées pour se cache
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Le retour du Hooligan

"Hooligan ? Qu’est-ce qu’un hooligan ? Un déraciné, un non-aligné, un marginal ? Un exilé ? 



Un déraciné, un exilé, un dissident : est-ce cela, être un hooligan juif ? Et l’anti-parti, l’extraterritorial, l’apatride

cosmopolite qui te parle, quelle sorte de hooligan est-il ?"



Norman Manea, écrivain roumain, exilé aux Etats Unis depuis 1988, accompagne un ami musicien à Bucarest en 1997 où il n'est jamais retourné. Ce livre s'articule en plusieurs parties, tout d'abord avant le départ, les hésitations de celui qui a fui le régime communiste. Il a écrit un essai critiquant le soutien de  Mircea Eliade  au mouvement nationaliste La Garde de Fer antisémite, a été accusé de blasphème et de trahison par les patriotes locaux  et par la presse de la nouvelle démocratie. Critique aussi de l'écrivain  juif Sebastian qui  ne s'est pas désolidarisé de Mircea Eliade . Les  Hooligans sont justement le titre d'un livre Eliade. Sebastian a aussi  utilisé  le mot "Hooligan"  dans un ses titres Comment je suis devenu un hooligan? Ce livre s'annonce donc comme très littéraire en ce qui concerne la littérature et l'histoire roumaine. Heureusement, j'ai déjà entendu cette histoire dans plusieurs livres (Eugenia de Lionel Duroy et Athénée Palace de Rosie).









Après ces préambules, Manea raconte son histoire et celle de sa famille à Suceava, en Bucovine, histoire d'une famille juive dans les années 30, "années hooliganiques" qui sera déportée en Transnistrie en 1941, et reviendra en 1945 à 9 ans. En même temps que le communisme s'installe en Roumanie, le jeune garçon est enrôlé comme pionnier tandis que son père, comptable dans une sucrerie, se voit offrir la carte du parti et promu directeur du "commerce socialiste". L'utopie  séduisante, tout d'abord, se révèle mortifère. Piégé, son père est condamné aux travaux forcés dans le camp de Periprava. Norman Manea, ingénieur hydraulicien, mène sa carrière d'écrivain et son travail d'ingénieur. La seule solution pour survivre : l'exil. Nombreux sont ceux qui ont émigré, en Israël ou ailleurs. Manea ira aux Etats Unis, accueilli par une université en 1988. 



" Captivité et liberté ne cesseraient jamais, au cours des quarante années suivantes, leurs improbables négociations, leurs compromis et complicités de tous les instants, leurs escapades vers des refuges, des compensations secrètes. L’Initiation se poursuivait, et le prisonnier attaché au pilier de granit socialiste persistait à rêver, comme tous les prisonniers, de délivrance et d’évasion. Mais entre-temps, il s’était lui-même enchaîné, Ulysse immature, à sa table à écrire."



Après avoir fait part de ses doutes, de ses craintes, de ses hésitations, il raconte par le menu son retour, une dizaine de jours du 21 avril au 2 mai 1997. L'écrivain  célèbre est invité à des festivités officielles, au Séder de Pâques de la Communauté juive. Il retrouve ses amis, ses anciens collègues. il voyage à travers le pays. Plus éprouvant, il se rend sur la tombe de sa mère qu'il n'avait pas revue. Et c'est l'occasion de présenter toute une galerie de personnages, intellectuels ou politiques. Occasion aussi de faire le point sur la situation du pays après la chute des Ceausescu. C'est intéressant mais il y a des longueurs pour le lecteur qui ne connaît pas la Roumanie et les arcanes de sa bureaucratie. J'ai préféré la première partie, plus personnelle, plus intime.  



Ce qui me retenait en Roumanie n’était pas la religion ni le nationalisme, mais la langue, et les chimères qu’elle me

faisait entrevoir. Et aussi, naturellement, pour le meilleur et le pire, ma vie entière, dont elles étaient l’essence.



C'est aussi une réflexion sur l'identité. L'écrivain est attaché à la langue roumaine. Religion ou nationalisme ne le concernent pas, écrire en Roumain, entendre parler Roumain constituent le principal de la personnalité de l'auteur.



C'est bien sûr une critique mais critique avec humour!




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L'enveloppe noire

Le bouquin le plus ennuyeux lu en 2010. Je n'ai absolument pas accroché. Je n'ai pas su le finir. J'aimerais lire la critique d'un fan, par curiosité?
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La tanière

Transcrire la nuit agitée dont il vient juste de s'évader



Des dialogues, des introspections, quelques personnages. Le nouveau monde sous le poids des passés qui s’enchevêtrent et forment des filets où certains se raccrochent et d'autres cherchent à s'évader. « L’errant ne cessait de s'éloigner, mais il n'y a pas d'éloignement suffisamment lointain, les fléaux vous trouvent n'importe où. Sorti du ventre ensemencé à Auschwitz, Peter avait plongé dans l'enclos socialiste, puis dans la folie du monde libre. Et maintenant, maintenant, où achève-t-il le cycle ? ».

La civilisation et ses terribles déclinaisons d'Auschwitz, du stalinisme et plus récemment du Word Trade Center. Le poids du temps, des souvenirs, de l'amour aussi. Une gigantesque peinture, réalité et imaginaire entremêlés, ombres et lumières, et encore et toujours l'exil.

Gora, Peter, Lu et sous le poids des mots, la littérature, les livres du monde, d'un monde qui s’étend très largement au delà du chemin qui mène de la Roumanie à New-York, un monde si vaste et si petit.

Un ouvrage exigeant, peuplé de fantômes de soi, un labyrinthe, des flux de paroles, un cadre désenchanté de vies, de nos vies peut-être...

« Aucun de nous ne soupçonnait, alors, que nous nous reverrions en exil, à quelques décennies et méridiens de distance »
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Le retour du Hooligan

Il s'agit d'un récit autobiographique. L'auteur y parle de son expérience de déporté dans un camps pour juifs en Ukraine par le régime fascisant d'Antonescu avec sa famille, il connaît par la suite les affres du communisme roumain. Puis à 50 ans choisi l'exil. A l'occasion d'un bref voyage en Roumanie après la démocratisation il revit en quelques sortes les étapes de son parcours.



J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre, qui recourt massivement à la répétition, à une écriture bien particulière. Les événements sont ressassés, reviennent plusieurs fois, parfois quasiment du copié-collé. On comprend qu'il s'agit d'éléments traumatiques, que l'auteur n'arrive pas à liquider dans son passé, mais il faut accepter de rentrer dans ce rythme. J'y suis arrivé par moments, par moments j'ai trouvé cela un peu fastidieux. Globalement le récit est touchant, et le livre intéressant à plus d'un titre. Il y des observations très fines sur certaines personnes, façons de vivre, qui font vraiment mouche, surtout que l'humour est présent. Mais j'ai été par moments un petit peu agacée par la personnalité de l'auteur, qui forcement est importante dans un récit autobiographique. Il manifeste un petit peu de complaisance vis à vis de lui-même, même si ce sont les autres qui parlent, évoquer le Nobel qu'il pourrait recevoir, ou se qualifier de plus grand écrivain roumain vivant a un petit côté prétentieux. Je serais intéressée par la lecture d'autres livres, peut être de fiction pour voir ce que cela donne.
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Le retour du Hooligan

Très beau livre sur la souffrance de l'exil ,l'exil du pays natal et la nostalgie de la langue maternelle .
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Avant de s'en aller

Un petit livre, une grande réflexion entre deux écrivains d'origine européenne, juifs ashkenazs.

Ils ne sont pas de la même génération, Manea semble admiratif devant l’œuvre de son aîné, qui répond .. ou pas à ses questions sur son rapport à la littérature ou à sa judéité !

Leurs parcours sont différents bien sur, ils se sont rencontrés à plusieurs reprises, ont déjà abordé certains des sujets traités ici et Manéa rappelle les réponses de Bellow qui les a oubliées... ou fait semblant.

Les interrogations parfois se répètent telles les questions sur la place de l'artiste ou de l'intellectuel dans la société américaine ou la revendication de la judéité dans l'éducation de Bellow et je dois dire que cela m'a un peu gênée de même que la traduction double qui a ôté de la spontanéité et de la fraicheur à la discussion à bâtons rompus.

Mais j'ai éprouvé un vrai plaisir dans la lecture de quelques épisodes de la vie personnelle de Saul Bellow, de son arrivée au Canada et de ses jeunes années, spécialement tout ce qui concerne les différents métiers de son père et l'aide que les fils apportaient de bon gré ou contraints et forcés.

Son hospitalisation vers ses huit ans est aussi significative de ce que l'enfance en ce temps là signifiait.. Personne ne se préoccupait de ce que vivait un petit garçon, on le sauvait ou pas, il s'en sortait ou pas !

Je remercie Babelio et les éditions La Baconnière de m'avoir permis ce retour en arrière ! car j’ai lu, il y a fort longtemps Augie March et ce court essai donne envie de se replonger dans la totalité de l’œuvre de Bellow pour y trouver ce que sans doute je n'avais pas perçu à l'époque.
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La cinquième impossibilité

Un beau recueil de proses critiques, dans la tradition de l'essai, où la vie de l'essayiste, sa pensée, ses rencontres, et sa réflexion se mêlent en un tout indissociable.
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L'enveloppe noire

Un récit confus où l’auteur nous saoule de digressions et se laisse griser par le vocabulaire.
Lien : http://clubdelecture.tubize-..
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Le retour du Hooligan

Magnifique kaléidoscope roumain; un très bel ouvrage, légèrement romanesque
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