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Florica Courriol (Traducteur)Marie-France Courriol (Traducteur)
EAN : 9782889600595
158 pages
La Baconniere (28/10/2021)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Cet entretien de 1999, enregistré à Boston, traverse le XXe siècle. Des origines familiales juives de Russie des parents de Saul Bellow, forcés de fuir le régime tsariste et d’émigrer au Canada, à sa vie américaine à Chicago. Il s’y dessine les tensions fécondes de son enfance entre la nostalgie et la tradition juive des parents, l’éveil à l’altérité et la volonté inébranlable de son grand frère de devenir américain. La guerre des langues et l’importance de la posse... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avant de s'en aller, Before I go en anglais, est un ouvrage fort intéressant, retranscription d'un entretien réalisé sur deux jours en décembre 1999, entre deux écrivains, Saul Bellow et Norman Manea.
Saul Bellow, âgé de 84 ans au moment de l'entretien, est un écrivain américain, fils d'émigrés juifs russes arrivés au Canada en 1915. Il a écrit de nombreux romans et a reçu le prix Nobel de littérature en 1976.
Norman Manea est un écrivain roumain qui a émigré aux Etats-Unis en 1986.

De nombreux éléments rapprochent les deux hommes. Tous deux juifs ashkénazes, aux origines européennes, l'un de Saint Pétersbourg et l'autre de Roumanie, ils ont fait le choix de se consacrer à l'écriture, et ont enseigné dans la même université dans l'état de New-York. Ils se sont rencontrés à plusieurs reprises, dans des colloques ou des réceptions, et ont progressivement noué une solide amitié.
Dans un texte d'introduction, Réflexions sur Saul Bellow, Norman Manea pose le contexte et l'histoire de cette interview.
Norman Manea conduit l'entretien. Il va souvent droit au but et ses questions ne trouvent pas toujours de réponse. Il est sûrement plein d'admiration et veut tout savoir, de la biographie de son aîné, de sa famille, de ses motivations, de ses sujets de prédilection, de ses méthodes d'écriture.
La discussion tourne autour du thème central de la place de l'écrivain juif issu de l'émigration aux Etats-Unis, de la diaspora, de la Shoah, du sionisme. Norman Manea veut entraîner son ami sur le terrain des idées, mais ce dernier se revendique comme artiste et non comme intellectuel.
Les références littéraires sont nombreuses, Saul Bellow évoquant les auteurs dont l'influence a été majeure, Céline, Proust lu en français, Rousseau, Tolstoï, Shakespeare...
Le ton est souvent ironique, teinté d'autodérision, et des anecdotes amusantes ponctuent l'échange, notamment celles relatives à I.B.Singer.
Ce petit livre assez émouvant, donne envie d'approfondir l'oeuvre de Saul Bellow et de découvrir les écrits de Norman Manea.
Je remercie Babelio et les éditions La Baconnière.
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CONVERSATION ENTRE DEUX ECRIVAINS JUIFS


Norman Manea (né en 1936 en Bucovine)

Saul Bellow (né en 1915 au Canada, prix Nobel 1976)

Le livre Avant de s'en aller correspond à une interview filmée à Boston eu  en 1999. Les deux écrivains se sont déjà rencontrés à Bucarest ;  Norman Manea a fait un cours à l'Université de Bard sur l'oeuvre de Bellow ils ont de nombreux points communs, enseignent la littérature dans des universités américaines et ont des amis en commun. Norman Manea pose les questions auxquelles Saul Bellow répond, ou non. 

Ils vont aborder l'enfance polyglotte de Saul Bellow au Québec :  russe, yiddish, anglais, français et hébreu et la culture juive partagée par les deux compères, les romans russes, Sholem Aleikhem mêlé à Tolstoï traduit en yiddish...De cette expérience linguistique, Saul Bellow a commis des traductions "mais transposer Shakespeare en yiddish n'est pas très facile". Norman Manea fait un parallèle facile avec sa famille roumaine. Les rapports avec la pratique religieuse, la kashrout, se détendent, un de ses frères se rebelle. Juste à la fin de l'adolescence Bellow fréquente un cercle trotskiste : il dépense son héritage pour se rendre à Mexico voir Trotski et arrive le jour de son assassinat! 

Ils évoquent de nombreux écrivains européens :  Céline "une terrible  énigme", Sartre qu'il n'aime pas, Malraux et même Balzac

"cette fois-ci, car lorsqu'il s'agit d'idées on ne peut pas faire appel à Balzac – c'est un bluffeur. Il est agréable à
lire et il est débordant de vie, mais quand il touche aux idées il a tendance à tomber dans un romantisme ridicule. "

Conrad, Koestler ainsi que Kafka :

NM : As-tu jamais considéré La Métamorphose de Kafka comme un récit sur l'Holocauste ? SB : Oui, j'y ai
pensé en ces termes. Et je ne peux plus lire ce texte. NM : Lorsque Gregor devient un « ça » et que sa soeur dit :
« Débarrassez-vous de ça ! », on comprend ce que les gens sont devenus dans les camps. Ce ne sont plus des
êtres humains.

Saul Bellow cite Babel comme un écrivain qui l'a marqué.

"Comme Isaac Babel, d'Odessa. Il m'a fortement marqué. Il t'a marqué toi aussi, je sais. Il me semble que c'était notre genre d'homme. Il avait des choses d'une très grande importance à dire, qui d'une façon ou d'une autre n'ont jamais été dites. Je crois que j'attendais les écrits de sa maturité, mais évidemment il n'a pas vécu assez longtemps pour ça."


Ils ont fréquenté des auteurs américains, leurs contemporains, très proches comme Philip Roth ou Bashevis dont il a traduit le premier livre. Bellow n'est pas tendre avec Bashevis

SB : j'ai traduit du yiddish Gimpel le naïf[...] C'est un des mérites de Partisan Review d'avoir publié Bashevis en anglais pour la première fois. L'as-tu connu, personnellement ? NM : Non. SB : Eh bien, c'était un type assez étrange. Un esprit réellement étrange. Il avait une instruction judéo-polonaise basée sur Spinoza et d'autres philosophes des Lumières, il était très fier de son bagage intellectuel. Il est très facile pour les Européens d'origine juive comme Bashevis de s'en prendre aux États-Unis, de trouver des défauts au pays, en parlant de sa vulgarité, etc. Mais en réalité, ce pays a été sa grande chance..

[...] Il y a tout un tas d'anecdotes marrantes sur Bashevis. Les collectionner est un de mes passe-temps...."

Parfois, la conversation prend un tour familier, de commérages et de critiques acerbes en particulier envers Mircea Eliade

En tout cas, j'ai trouvé les échanges très amusants et spirituels malheureusement je n'ai pas lu les livres de Saul Bellow et n'ai pas pu apprécier toutes les analyses qu'ils en font. Il faudra que je répare cette lacune!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Quand deux écrivains se rencontrent de quoi parlent-ils ? de littérature, d'auteurs, de personnalités politiques qui ont eu l'occasion de connaître … Saul Bellow et Norman Manea sont tous deux écrivains, tous deux émigrés, mais Saul Bellow est né au Canada de parents juifs russes alors que Manea a émigré en 1986 et se considère comme un écrivain roumain et a toujours écrit dans sa langue maternelle. Alors que Saul Bellow se revendique comme écrivain américain.
La première moitié de ce petit ouvrage ne correspond pas vraiment selon moi, à la retranscription d'une conversation qui s'est tenue en décembre 1989 à Boston ; mais plutôt à une interview de Saul Below par Norman Manea qui s'intéresse beaucoup à l'enfance et à la famille de Bellow. Il fait des correspondances entre les membres de cette famille et des personnages emblématiques des romans de Saul Bellow. Il interroge également sur le rapport de Bellow à sa religion et comment sa famille s'est comportée à son arrivée en Amérique avec la pratique de la religion juive. Nous apprenons ainsi, qu'à la faveur d'une assez longue hospitalisation à Montréal quand SB était âgé de 8 ans, il reçoit la visite de dames de la paroisse qui lui font découvrir Jésus pour lequel il se prend de passion. Mais l'enfant n'en parle pas avec sa famille de peur de la blesser alors qu'il n'a droit qu'à une visite par semaine et jamais plus d'un parent à la fois. Il ne peut échanger avec personne sur les questions qu'il se pose, ni sur le fait que les infirmières se réfèrent beaucoup à sa judéité.
La deuxième partie a plus la forme d'échanges entre deux grands écrivains qui ont noué une amitié. Nous découvrons le voyage au Mexique de Saul Bellow ou il passera plusieurs mois, qu'il a entrepris pour rencontrer Trosky. Manea est curieux des lectures du Nobel de littérature de 1976, des écrivains qu'il a lus et les hommes politiques qu'il a rencontrés dans sa vie et ce qu'il a pensé d'eux. Une conversation passionnante à bâton rompu entre deux grands écrivains.

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Un petit livre, une grande réflexion entre deux écrivains d'origine européenne, juifs ashkenazs.
Ils ne sont pas de la même génération, Manea semble admiratif devant l'oeuvre de son aîné, qui répond .. ou pas à ses questions sur son rapport à la littérature ou à sa judéité !
Leurs parcours sont différents bien sur, ils se sont rencontrés à plusieurs reprises, ont déjà abordé certains des sujets traités ici et Manéa rappelle les réponses de Bellow qui les a oubliées... ou fait semblant.
Les interrogations parfois se répètent telles les questions sur la place de l'artiste ou de l'intellectuel dans la société américaine ou la revendication de la judéité dans l'éducation de Bellow et je dois dire que cela m'a un peu gênée de même que la traduction double qui a ôté de la spontanéité et de la fraicheur à la discussion à bâtons rompus.
Mais j'ai éprouvé un vrai plaisir dans la lecture de quelques épisodes de la vie personnelle de Saul Bellow, de son arrivée au Canada et de ses jeunes années, spécialement tout ce qui concerne les différents métiers de son père et l'aide que les fils apportaient de bon gré ou contraints et forcés.
Son hospitalisation vers ses huit ans est aussi significative de ce que l'enfance en ce temps là signifiait.. Personne ne se préoccupait de ce que vivait un petit garçon, on le sauvait ou pas, il s'en sortait ou pas !
Je remercie Babelio et les éditions La Baconnière de m'avoir permis ce retour en arrière ! car j'ai lu, il y a fort longtemps Augie March et ce court essai donne envie de se replonger dans la totalité de l'oeuvre de Bellow pour y trouver ce que sans doute je n'avais pas perçu à l'époque.
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L'univers de Saul Bellow, entre gravité et humour, profondeur et sens de l'anecdote : une conversation qui retrace un itinéraire, une appartenance et surtout les limites de ce que le romancier ne veut pas mettre en scène mais raconter. Norman Manea interroge avec finesse, par le partage d'obsessions, les pudeurs d'un romancier, les fictions inventées pour se cache
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (1)
LeMonde
10 janvier 2022
Les deux écrivains ont de nombreux points communs. Ils les partagent de manière complice dans « Avant de s’en aller », précieux petit livre tiré de leur dernier échange, à Boston, en 1999.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ce genre de lecture fait réagir Cynthia Ozick qui remarque, à juste titre : "Dans un roman, ce n'est pas la vie de l'auteur qui doit nous intéresser. Car même s'il est autobiographique, un roman n'est pas une autobiographie. Si le romancier avoue que tel ou tel personnage de son oeuvre a été inspiré par la vie réelle, le lecteur a l'obligation - une obligation imposée par le charme propre à la littérature même - de se boucher les oreilles, y compris dans ce cas... La littérature est souterraine, elle n'est pas terrestre. Ou bien c'est comme pour la Tao : on explique ce qu'est cette chose et c'est justement ce qu'elle n'est pas... L'original disparaît ; le simulacre, ce miracle puissant, est ce qui perdure".
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Norman Manea : Je propose qu'on commence par le début.
Saul Bellow : D'accord. Si tu arrives à le trouver.
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Videos de Saul Bellow (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Saul Bellow
Dans "Les Nétanyahou", l'écrivain américain Joshua Cohen revient sur un épisode anecdotique de l'enfance de "Bibi" Netanyahou : le recrutement du père dans une université américaine. Une anecdote métaphorique questionnant le sionisme et l'identité juive-américaine avec humour.
Dans ce nouvel ouvrage inspiré de faits réels, l'héritier de la tradition littéraire juive-américaine de Saul Bellow et Philip Roth recouvre la réalité d'un voile de fiction. le critique littéraire Harold Bloom — dont les souvenirs inspirent le roman — devient Ruben Blum, un historien américaniste spécialiste de la taxation. Avec son épouse Edith et leur fille Judith, les Blum forment une famille américaine moyenne d'origine juive mais ayant délaissé le traditionalisme religieux pour l'académisme et la modernité. Exit les fêtes religieuses passées au temple, place à la télévision en couleurs et au réfrigérateur. Une famille presque parfaitement assimilée.
Or le livre s'ouvre sur le rappel désagréable qu'ils ne le sont pas tout à fait. Ruben Blum devra accueillir un aspirant-professeur venu d'Israël, un certain Ben-Zion Netanyahou, au seul prétexte qu'il est le seul Juif de son université. le plongeon dans les recherches de Ben-Zion Netanyahou est un moyen pour Joshua Cohen d'évoquer l'histoire du sionisme et ses courants variés. Notamment le "sionisme révisionniste" de Ben-Zion qui, plus tard, inspira la politique d'un certain Benyamin Netanyahou, aux commandes d'Israël pendant douze ans.
Puis, dans la deuxième moitié du livre, la rencontre entre les Blum et les "Yahou" donne à voir un choc des cultures entre les Juifs d'Israël et les Juifs de la diaspora américaine — une occasion de plus pour sonder l'identité particulière des juifs-américains.
A mi-chemin entre le roman de campus et le roman historique, Joshua Cohen creuse sa page d'une encre humoristique corrosive et terriblement actuelle. Et ce alors que "Bibi" Netanyahou ne quittait le poste de premier ministre qu'en juin 2021, après un règne ayant porté le sionisme révisionniste à son apogée.
Olivia Gesbert invite à sa table l'auteur Joshua Cohen pour présenter son dernier livre.
#JoshuaCohen #Netanyahou #Littérature _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture, ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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