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Citations de Norman Spinrad (163)


La famille de Giorgio se composait de pêcheurs chinois du Viêt-nam qui avaient émigré à New York pour travailler dans les marécages du South Bronx et possédaient toujours une kyrielle de crevettiers. Il était né George. Monique n’avait jamais bien compris pourquoi il avait viré italien. De gustibus non, ou quelle que fût la manière dont on formulait la chose à Milan.
Giorgio produisit deux doubles expressos parfumés à l’anisette, assez forts pour réveiller un mort et propulser un miroir-sat en orbite.
« Que diriez-vous de représenter le Consortium à Paris ? demanda-t-il.
– La capitale française, ou la ville fantôme dans le désert du Texas ? répliqua Monique, soucieuse de bien regarder les dents du cheval qu’on lui proposait.
– Soyons sérieux. L’affaire des Jardins d’Allah est conclue. Le conseil d’administration s’est montré impressionné et reconnaissant. C’est votre récompense.
– J’aurais préféré avoir mes actions. »
Giorgio agita la main en une assez bonne imitation d’insouciance romaine. « Vous les aurez aussi, cara mia, dit-il. Ce n’est pas de mon ressort, mais on m’a dit qu’il va vous en échoir cent cinquante. Que savez-vous de la CONASC ?
– S’agit-il d’une perche pour un jeu de mots cochon ? »
Giorgio lui adressa son sourire des grandes occasions. « Ça l’a été autrefois, en un certain sens. La Conférence Annuelle sur la Stabilisation du Climat, organisée par les Nations unies. CONASC pour ses amis, à supposer qu’elle en ait. Vous en avez sûrement entendu parler.
– Il y a un rapport avec la Condition Vénus… ? »
Giorgio acquiesça.
Bon.
La CONASC constituait la réponse typique des Nations unies à la panique de la Condition Vénus, qui remontait à quelques années.
D’après les souvenirs de Monique, le docteur Allison Larabee avait produit un modèle climatique destiné à démontrer que si l’on n’arrêtait pas le réchauffement, celui-ci pourrait, à partir d’un certain point, devenir exponentiel, transformant la Terre en un clone de Vénus, avec une température de six cents degrés, en un laps de temps inférieur à l’espérance de vie des enfants déjà nés. Mais bien sûr, ces derniers ne survivraient pas pour voir ça.
On produisait à la pelle de tels modèles climatiques d’un Bleu lugubre, et aucun d’eux, quelle que fût sa couleur, ne s’était jamais révélé fiable. Comme Larabee n’avait pas eu recours aux services de Panem et Circenses, les glapissements Bleus qui en avaient résulté étaient restés pour la plupart confinés aux journaux professionnels et aux sites scientifiques.
Si P&C avait obtenu le contrat, le consortium aurait sûrement fait éclater l’histoire en première page des sites d’information généralistes et de la presse en mettant le paquet sur l’affirmation de Larabee selon laquelle son modèle démontrait qu’à force de faire joujou avec le climat au niveau mondial, les souverainetés, semi-souverainetés et cartels à la noix allaient déclencher la Condition Vénus d’un moment à l’autre.
En tout cas, la brusque fragmentation de la calotte polaire arctique, un ou deux ans auparavant, avait finalement amené l’histoire en première page des journaux, dont les gros titres proclamaient que la Fin était proche, suscitant une panique du feu de Dieu.
Alors, les Nations unies avaient décidé qu’il fallait faire quelque chose.
Ou, du moins, en donner l’impression.
Donc, comme de juste, elles avaient mis sur pied ces conférences annuelles.
Et, ayant échoué à coordonner les efforts d’ingénierie climatique dans le monde entier et les objectifs Bleu Bon teint à l’échelle de la planète, elles avaient bel et bien réussi à repousser la Condition Vénus dans les dernières pages et les arrière-fichiers des cartels d’information, et à transformer ces conférences en monuments d’ennui faciles à ignorer.
« Combien y a-t-il eu de ces trucs ? Quatre ?
– Cinq, dit Giorgio. C’est le sixième. »
Il y avait là quelque chose qui ne collait pas. Les Nations unies étaient depuis longtemps devenues un forum éculé et édenté, une pétaudière pour les jérémiades et les suppliques de la pléthore de souverainetés appauvries qui les dominaient numériquement.
Et…
« Paris ? Mais ces trucs n’ont-ils pas toujours eu lieu dans des coins fauchés des Terres des Damnés ?
– Brasilia, Damas, Nairobi, Tijuana, Colombo…
– Alors, pourquoi Paris ? »
Le haussement d’épaules de Giorgio était plus français qu’italien, mais peut-être fallait-il être parisien pour s’en rendre compte. « Pourquoi pas ? Je parie que les responsables se sont finalement décidés pour une ville nantie de restaurants de classe internationale.
– Et ils ont engagé Panem et Circenses ? Pour quoi faire ?
– Ce que nous faisons si bien, cara : donner du cachet à leur événement, un soupçon de classe. »
Monique regarda Giorgio avec plus d’attention. « Ils n’ont jamais loué nos services, non… ? »
Giorgio acquiesça avec un sourire. « C’est pourquoi la CONASC a toujours eu une image lamentable et un certain manque de crédibilité… »
Tout ça commençait à sentir aussi mauvais que les crevettiers de l’entreprise familiale de Giorgio. « Sans parler du financement nécessaire pour monter un tel événement dans une ville comme Paris, dit Monique. Ou pour s’offrir nos services.
– Pour lesquels, enchaîna Giorgio, rayonnant, ils ont donc payé d’avance.
– Pourquoi mon petit doigt me souffle-t-il que vous me cachez quelque chose, Giorgio ? »
Un instant, Giorgio Kang laissa tomber toute la comédie. Un instant, il devint réellement sincère. « Parce que… je ne sais pas. Le but financier de tout ça m’échappe autant qu’à vous. »
Puis le masque réapparut – cette fois, celui du parrain doucereux jouant les médiateurs. « Bien entendu, vous êtes libre de refuser », dit-il du coin des lèvres, en secouant la cendre d’un cigare fantôme. Puis il sourit avec une lourde fatuité. « Si vous ne voulez pas vous occuper pour nous des services VIP à Paris, France, je peux vous proposer un autre poste… »
Monique ne daigna pas lui tendre la perche.
« Paris, Texas », conclut Giorgio.
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Monique avait été envoyée à New York pour développer une conscience sociale Bleu Bon teint. Il s’agissait d’un compromis négocié pour amener une trêve dans la Grande Guerre familiale du Chaud et du Froid.
Maman, fille de réfugiés cajuns qui tenaient dans le Marais un restaurant appelé Bayous et Magnolias, avait grandi dans le Paris doux et prospère de l’été de serre.
Papa était le fils d’un architecte français qui s’était enrichi en construisant des demeures pour les gros bonnets de la Sibérie en pleine expansion et d’une consultante en relations publiques américaine qu’il avait rencontrée là-bas, où elle faisait pareillement sa pelote en retravaillant leur image rustaude. Une fois leur fortune faite dans le Far-East, ils s’étaient installés à Paris pour en profiter.
Mais à Paris, une Américaine experte en relations publiques et au français limité pouvait difficilement exiger le salaire auquel elle était accoutumée dans la Sibérie dorée. Et un architecte spécialisé dans des demeures néo-Las Vegas pour la nouvelle ploutocratie sibérienne n’était pas non plus très demandé dans la Ville Lumière halogène.
C’est pourquoi, à l’époque où son père avait épousé sa mère, les grands-parents maternels de Monique avaient été obligés de vendre leur appartement à Paris et de se retirer dans une ferme du Var, où ils étaient en mesure de vivre grâce à leur capital. De cette position financière réduite, ils n’avaient pas les moyens de regarder de haut la fille de modestes restaurateurs au prétexte qu’elle ne jouissait pas de la même aisance économique que leur fils.
Toutefois, le Bleu et le Vert de la chose était une pomme de discorde.
La famille de sa mère portait son Bleu en brassard, sans parler du décor et du menu du restaurant. La nostalgie de la Louisiane perdue était son fonds de commerce, et l’on ne pouvait manger, et l’on ne pouvait manger des huîtres bienville et du gumbo de langouste issus de sa cuisine sans une garniture ruisselante de mousse espagnole et d’esprit de revanche climatique Bleu Bon teint.
D’un autre côté, il était de l’intérêt de classe de la famille de son père, à tel point enrichie par le réchauffement de la Sibérie et l’ère d’expansion consécutive qu’elle avait pu en vivre pendant plusieurs décennies de crise de milieu de carrière, de considérer ce meilleur des mondes d’un nouveau genre à travers des lunettes teintées de Vert.
La situation s’était envenimée lorsque Papa – sous la maléfique influence Bleue de Maman et de sa famille, ou du moins était-ce ainsi que sa famille à lui voyait la chose – avait choisi la carrière d’ingénieur climatech, contrarier ses parents et impressionner sa petite amie en se déclarant un ennemi de leur classe étant une attitude peu susceptible de passer de mode chez les jeunes.
Ainsi, quand il arrivait que les deux couples de grands-parents se parlent, c’était en vociférant, le plus souvent en utilisant la destinée de leur petite-fille adorée comme balle de tennis dialectique.
Étant donné sa jeunesse, ce fut avec son accord enthousiaste que les parents de Monique décidèrent le moment venu de l’arracher à ce champ de bataille idéologique pour l’envoyer à l’université en Amérique. Ce qui n’était pas dénué d’une certaine roublardise politique.
Ses grands-parents maternels acceptèrent sur la base de leur nostalgie Bleue et conseillèrent Tulane, reconstruit sur des marécages judicieusement chauds et humides dans la banlieue de Saint Louis.
Ses grands-parents paternels furent du même avis pour des raisons pratiques – des études supérieures anglophones étaient indispensables, les puissants Sibériens eux-mêmes devant s’entretenir en anglais avec le reste du monde -, mais ils évoquèrent plutôt Berkeley, Stanford, ou l’une de ces universités Néo-New Age dotées par les principaux consortiums installés sous les doux cieux du nord-ouest du Pacifique.
Mais ce fut Columbia, à New York, une ville dont la nuance politique était assez ambiguë pour procurer la même insatisfaction aux deux couples de grands-parents. Une ville beaucoup plus dure que Paris et son climat enchanteur, où – du moins ses parents l’espéraient-ils – Monique pourrait parfaire sa vision des malheurs endurés par des gens pour qui le réchauffement ne signifiait pas seulement des palmiers et de longs après-midi dorés dans le Jardin des Plantes, sans se retrouver pour autant condamnée à un exil infâme et à un enseignement de troisième ordre dans quelque métropole parfaitement sinistre des Terres des Damnés.
Monique eut un petit frisson intérieur en commençant à descendre l’escalier qui menait à la station de vélos-taxis sur West End Avenue. Réaction irrationnelle, elle le savait, mais elle savait aussi qu’il serait contre nature de s’habituer un jour à ça.
Seawall Avenue se trouvait à quelque cinq mètres au-dessus de l’Hudson, et quand on regardait vers l’ouest de ce point de vue, la surface du fleuve semblait plus ou moins au niveau de l’œil. Mais West End Avenue ne se trouvait pas seulement à l’est de Seawall Avenue ; elle était également plus bas.
Dix mètres plus bas.
Ce qui signifiait qu’au milieu de l’escalier, la surface du fleuve était au-dessus de sa tête. Le studio dortoir qu’on lui avait attribué quand elle était étudiante se trouvait au premier étage. Cela n’avait pas semblé important jusqu’à la première fois où elle s’était tenue en haut de Seawall Avenue pour embrasser le fleuve du regard, avant de tourner celui-ci vers l’est, d’où elle venait, et de se pénétrer de l’effroyable vérité.
L’endroit où elle vivait se trouvait sous le niveau de la mer. Elle dormait chaque nuit avec un océan menaçant au-dessus de la tête. Même maintenant qu’elle s’était hissée au onzième étage, il lui arrivait encore de faire des cauchemars à ce sujet.
Les mystiques de la Tierce Force appelaient cela le satori. Si ses parents l’avaient envoyée à New York pour développer une conscience sociale Bleu Bon teint, c’était à ce moment-là qu’ils avaient réussi. Lorsque Monique avait eu la vue d’ensemble.
À force de vivre au-dessous du niveau de la mer, de rêver la nuit d’un raz-de-marée déferlant sur elle, de se frayer non sans peine un chemin dans les rues régulièrement inondées, appauvrie par les taxes de survie vertigineuses, épaule contre épaule, joue contre bajoue, nez contre aisselle avec les réfugiés qui avaient réussi à arriver jusqu’ici et leurs descendants, elle éprouvait en effet de la compassion pour les masses balayées des îles englouties et des littoraux perdus. Et dans l’été de serre, lorsque la température et l’humidité enfonçaient jusqu’aux histoires les plus invraisemblables de ses grands-parents sur la Nouvelle-Orléans perdue, que d’immenses nuées de moustiques envahissaient les nuits, elle ne faisait plus qu’un avec les survivants hantant les lambeaux de jungle de la Mer Amazone.
Voilà pour le Bleu.
En ce qui concernait le Vert, il aurait fallu qu’une fille élevée dans le Paris tropical soit une sainte avec une couronne d’épines et une chemise de crin pour échanger un tel environnement, que les dieux de la chance avaient fait verdir, contre les soubresauts des Terres des Damnés agonisantes.
Un animal incolore avec des bandes Vertes et Bleues.
Lors de la remise des diplômes, il apparut que cela faisait d’elle une recrue de valeur pour Panem et Circenses, et de la culture du consortium une offre qu’elle ne pouvait refuser.
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Au bout d’un long moment, bien trop long au goût de Monique, après des heures de cette visite impressionnante du vide brûlant et sans vie, alors qu’elle n’en pouvait plus de mijoter dans sa propre sueur et qu’Appelbaum était aussi pantelant qu’un lamantin du Mississippi, Al Fawzi exprima la position qu’il avait fait ressentir depuis longtemps, du moins en ce qui la concernait.
« Donc, vous voyez, Sheik Appelbaum, dit-il comme si le marchandage de bazar durait déjà depuis un certain temps, l’idée de recréer des oasis dans ce qu’est devenu le Sahara manque, en somme, d’une certaine crédibilité, tant du point de vue pratique que de celui de la rentabilité.
– Peut-être, si le réseau de tunnels n’était déjà construit, répondit Appelbaum. Mais comme il l’est, il y va seulement de quelques usines de désalinisation nucléaires préfabriquées construites à toute vitesse par le plus bas adjudicataire, de stations de pompage que nous pouvons acquérir pour une misère sur n’importe quel gisement de pétrole asséché, et de quelques explosifs nucléaires disponibles sur le marché légal. »
Al Fawzi le regarda comme un vieux Bédouin aurait considéré un chameau cagneux et scrofuleux. « Avec cette logique, nous n’aurions qu’à dégeler un peu de permafrost polaire et à pomper l’eau dans quelques cratères pour faire de la Lune un Jardin d’Éden.
– Ici, l’atmosphère extérieure est parfaitement respirable.
– Alors, peut-être aimeriez-vous qu’on vous laisse dehors pendant quelques heures pour la respirer à titre d’expérience… ? Avec toute l’eau dont votre métabolisme pourrait avoir besoin ? »
Appelbaum plissa les yeux. S’il n’avait déjà été trempé de sueur, il se serait mis à transpirer. Sans trop savoir pourquoi, Monique découvrit qu’elle prenait plaisir à la scène.
« M. Appelbaum, poursuivit Al Fawzi, je vous rappelle que ma position nécessite certaines connaissances en matière d’ingénierie climatech. Peut-être pourriez-vous pomper l’eau jusqu’ici à une vitesse capable de rivaliser avec l’évaporation, mais cela n’abaisserait pas la température ambiante d’un seul degré, ni n’élèverait l’humidité d’un iota. Il vous faudrait construire des milliers de vos oasis artificielles avant d’engendrer une couverture nuageuse assez significative pour rendre le secteur ne serait-ce que vaguement habitable ou arable. Pendant que vous y êtes, pourquoi ne pas construire un barrage en travers du détroit de Gibraltar et du Bosphore, et pomper assez d’eau méditerranéenne dans le Sahara pour reconquérir les anciens rivages et transformer le désert en une version africaine de la savane sibérienne ?
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La lignée paternelle d’Eric Esterhazy était composée de magouilleurs des Balkans, dont les modestes origines de voleurs de chevaux remontaient au temps de l’empereur François-Joseph dans cette région floue où Hongrie, Roumanie, Pologne et Ukraine s’interfaçaient malaisément derrière des frontières flexibles qui pouvaient à tout moment changer des Roumains en Hongrois et des Polonais en Ukrainiens – et ne s’en privaient pas.
Cela n’inspirait pas des loyautés ethniques ataviques, surtout depuis que la souche familiale contenait sa proportion de juifs et de gitans, ce qui avait constitué pour les Esterhazy une bonne préparation à la survie dans le monde post-national.
Lors de l’effondrement du communisme, le grand-père d’Eric s’était faufilé de Roumanie en France, où il avait survécu grâce aux habituelles arnaques de bas étage, jusqu’à ce que le réchauffement climatique transforme une propriété dans les Carpates jusqu’alors sans valeur – que son père avait été contraint d’accepter en remboursement d’une dette impossible à liquider autrement – en une plantation de marijuana montagnarde de première qualité.
Le père d’Eric avait donc grandi dans les endroits à la mode d’Europe et de Sibérie, rejeton doré d’un ancien réfugié devenu riche qui avait opportunément épousé une réfugiée américaine, originaire de Floride, et aussi discrète que possible sur ses précédents moyens d’existence tandis qu’elle évoluait dans la haute société et les bas-fonds des terrains de jeux du monde Vert.
Eric appréciait lui aussi ce glorieux mode de vie – du moins jusqu’à l’année de ses dix-neuf ans, où un consortium de céréaliers ukrainiens avait financé l’acquisition d’une série de générateurs de couverture nuageuse pour essayer de rétablir la viabilité de leurs terres arables.
L’entreprise avait modérément réussi du point de vue des céréaliers ukrainiens, mais les habituels effets secondaires imprévus – dans ce cas précis, une diminution de la température et le retour des chutes de neige dans certaines parties des Carpates – avaient été désastreuses pour la fortune de la famille Esterhazy.
La méthode de Papa pour affronter cette économie altérée avait consisté à boire assez d’alcool et à s’envoyer assez de drogues – à crédit, sur la fin – pour s’assurer qu’il ne serait pas là pour faire face à l’échéance finale.
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Nous sommes les Mauvais Garçons, mais nous ne jetterions pas la planète dans les chiottes en tirant la chasse dessus juste pour nous en mettre vite fait plein les poches, fiston ! C’est la différence entre ces salauds de capitalistes prédateurs et nous autres, enfants bâtards de boucaniers romantiques et d’honnêtes gangsters !
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Malgré tout, j'étais la note mineure dans l'accord de nos vibrations mutuelles.
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Ne jamais attribuer quoi que ce soit à une conspiration qui découle de la connerie
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De longs siècles d’existence m’ont enseigné à observer la discipline de l’abstinence, à me retenir jusqu’à ce que, affamé, je perde la raison ; cela ayant pour heureuse conséquence que trois ou quatre repas par mois me suffisent, et que j’ai donc conservé toute ma prestance. Car voyez-vous, le sang est très calorique, et tout vampire soignant son apparence se doit naturellement de surveiller son poids.
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Il est bien certain que pour l’observateur extérieur, j’aurais paru plongé dans un état mi-contemplatif, mi-végétatif ; mais pour l’amant que j’étais, il s’agissait au contraire d’une félicité dépassant l’entendement, d’une quiétude que jamais je n’aurais imaginé connaître un jour. Mais aussi les pires instants… Car les deux furent mêlés. En effet, pour la première fois de ma vie je connus la maladie. Car il fallait que ce soit une maladie. Sinon comment expliquer que tous les jours, au coucher du soleil, je m’éveille en sueur, la gorge et la bouche sèche, en proie à une migraine épouvantable et à une sensation de manque sans nom, incommensurable, comme si je ne m’étais point nourri depuis des semaines, comme si la Faim tenait mes entrailles dans ses griffes d’acier.
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Car, je l’appris aussi, la torture bien connue du drogué ne vient pas de son accoutumance à la drogue, loin de là, mais de l’abstinence qui peut lui être imposée. « Comme si on se tapait sur la tête avec un marteau : ça fait du bien quand ça s’arrête ! » avait dit Marie.
.../...
Autrefois, y avait une ligne de métro aérien par là ; on voyait d’en haut des quantités de galetas et autres bouges à poivrots dans les coins sombres, et avec ça au moins deux cent mille vieux clodos ivrognes en train de dégueuler ou de pisser dans la rue. Ces mecs buvaient du Destop, les gars, j’sais pas si vous vous rendez compte, mais faut vraiment avoir la cervelle cramée ; ils arrêtaient les voitures aux feux rouges pour leur nettoyer le pare-brise à coups de vieux tire-jus crados et ils étaient capables de dégobiller sur la bagnole si le conducteur crachait pas la monnaie ; enfin, des dégénérés moyens, quoi. Trop déglingués pour être dangereux, et plutôt sympas dans le genre, si vous voyez ce que je veux dire. Puis les promoteurs genre Donald Trump ont convaincu la mairie de fermer la ligne, histoire d’faire un peu l’ménage et d’se donner bonne conscience par la même occasion : vous savez, comme les cafards qui se débinent partout sous les meubles quand on allume la lumière ? Eh ben, pas de bol : quand ils ont fermé les hôtels pourris, la seule conséquence, c’est qu’il y a eu des tas de clodos morts de froid l’hiver suivant. Mais bon… des clodos, quand y en a plus, y en a encore, hein ?
.../...
Certes, Los Angeles ne manquait pas de personnages superficiels et mielleux qui, vaguement originaires d’Europe, se paraient de titres de noblesse nébuleux, s’habillaient comme des émissaires de Sa Majesté Rustique Ier et menaient la grande vie sans qu’on puisse savoir d’où ils tiraient leurs revenus. C’était une tradition hollywoodienne, ils servaient d’hommes de paille à la tête de restaurants de luxe, recrutaient pour des producteurs de films porno véreux ou vendaient de l’immobilier ou des Mercedes d’occasion, quand ils ne jouaient pas les gigolos au bras d’antiques ex-starlettes enrichies par leur dernier divorce.
.../...
Ayant passé le plus clair de sa vie adulte à observer des régimes ultra-stricts entrecoupés de crises de goinfrerie suivies de cuisants remords, elle nourrissait une haine secrète pour la taille de sylphide et la gorge délicate de son amie, qui semblait capable d’enfourner tout et n’importe quoi sans jamais prendre un gramme ; puis, un jour, Allie lui avait révélé le « Secret du Régime-Hollywood. » Elles étaient alors devenues de grandes complices de W.-C., allant à l’occasion jusqu’à faire des concours de vomi dont les critères étaient la précision dans le tir et la distance parcourue par le jet. Si les hommes savaient ce qui se passait vraiment quand les filles partaient bras dessus bras dessous se repoudrer le nez !
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Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, ce sont les concessions qu’on fait pour l’avoir.
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Je ne sais quelle réponse aurait pu espérer mon système endocrinien ,mais ce ne fut certainement pas celle que je reçu .
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Vous croyez peut-être qu’on ne peut pas vous acheter ? Vous en êtes bien sûrs ? Si le prix est la vie éternelle ? Vous êtes toujours sûrs ?
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[...] le réchauffement avait créé plus de perdants que de gagnants - ou du moins, les perdants avaient perdu plus que les gagnants n'avaient gagné.
Page 14
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« si les capitalistes avaient à choisir entre leur intérêt économique personnel à court terme et la survie d'un bien commun plus vaste, un bien dont eux-mêmes feraient partie, Ils prendraient l'oseille et se tireraient. Même s'il n'y avait aucun endroit où se tirer. On disait autrefois qu'ils te vendraient la corde pour les pendre si ça pouvait leur rapporter.»
page 186
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Autrefois, tout le monde aimait l’Amérique. L’Amérique a sauvé l‘Europe de gens très méchants. L’Amérique a pardonné à ses ennemis et a reconstruit les pays dévastés avec son propre argent. Et puis les Américains ont fait la plus merveilleuse des choses, Bob : nous sommes les premiers à être allés sur la Lune. On nous aimait, on nous admirait, nous étions la lumière du monde.
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On appelle ça le pari de Pascal. Autant croire ! Si tu tombes juste, on te fait cadeau d'une harpe et d'une paire d'ailes. Si tu te plantes, tu ne perds rien puisque, de toute façon, tout ce qui nous attend dans un vide privé de Dieu, c'est le néant.
("Deus Ex")
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Que savez-vous du réel ? Pas une fois dans toute votre vie vous n'avez affronté la réalité de l'univers ! Vous vous blottissez derrière votre interface d'hydrogène, vos banques et vos masturbations mentales ! Le vide réduirait votre âme, la racornirait puis l'éteindrait comme on mouche une chandelle.
("Les avaleurs de vide")
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Subtil, Satan ne l'était pas.
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on dirait presque que tu as un cerveau , Bart.
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Dés que le nectar d'une fleur est pompé , les abeilles volent à la fleur d'à coté .
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Le pouvoir est une affaire de mâle, pensa-t-elle. Toutes les filles qui veulent y toucher, qui comprennent réellement ce que c’est, finissent par devenir des espèces de gouines. Le pouvoir est lié à la bite ; une femme bloquée à propos de pouvoir est bloquée parce qu’elle n’en a pas. Elle ne comprend le pouvoir que par l’intermédiaire de quelqu’un qui en a. Le pouvoir a sa propre temporalité masculine : un homme sait attendre, machiner, prévoir des années à l’avance, faire des réserves de pouvoir qu’il utilisera pour la bonne cause – s’il est fondamentalement bon, comme Jack, à l’intérieur – de la même façon qu’un amant intelligent sait faire jouir une femme frigide en se retenant s’il le faut, jusqu’au moment où elle est prête à reluire. Amour masculin, action retardée, émotion calculée, juste la quantité et le moment voulus, pas comme pour la femme, qui a besoin de tout ressentir totalement et au moment même – le bien, le mal, l’amour, la haine, la pine en elle. De même qu’un homme aime baiser, une femme aime se sentir baisée.
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