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Critiques de Nuno Judice (10)
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Un chant dans l'épaisseur du temps

Je connaissais très peu le poète portugais Nuno Júdice , né en 1949. Et son univers a été pour moi une très belle découverte.



Il a été longtemps critique littéraire, et a dirigé une revue poétique à Lisbonne. L'édition Gallimard réunit ici deux recueils , " Un chant dans l'épaisseur du temps" publié en 1992 ( magnifique titre...) et " Méditation sur les ruines" de 1994.



Dans l'introduction, on retrouve le double aspect du théoricien et de l'auteur car il s'interroge sur la conception du poème. Il analyse de façon fort intéressante le langage poétique. Pour lui, le poème permet de " retrouver la langue natale".



Cela se ressent à travers les textes, à la fois novateurs et nostalgiques. Le poète expérimente, écrit des textes fort variés, d'ailleurs les titres reviennent, " Poème " ou " Image"," Quotidien", comme s'il voulait creuser un peu plus dans les mots, il utilise d'ailleurs l' expression" travail d'archéologue", par analogie.



Mais la saudade est présente aussi, une mélancolie plane, les souvenirs imprègnent sa poésie. Dans l'émouvant texte" Enfance", il écrit:



" Je me rappelle que (...)

le ciel de septembre apportait l'automne quand le

plomb des nuages descendait tant que nous pouvions presque

le toucher; "



C'est une oeuvre riche, profonde, qui demande à être lue progressivement, attentivement.







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Lettres à la jeunesse

Dix poètes parlent de l'espoir dans ce recueil qui a aussi l'avantage de donner les versions bilingues des poèmes... Cet ouvrage a été réalisé en partenariat avec Le Printemps des poètes 2003. Il offre aussi une belle lettre écrite par chacun des participants au recueil du Libanais Abbas Beydoun jusqu'à l'Américain C.K. Williams en passant par le Portugais Nuno Judice ou encore l'Allemand Reiner Kunze...

Un ouvrage intéressant bien que je ne sois pas sensible avec la même acuité à toutes les écritures.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Le nom de l'amour

 

 

Le Nom de l’amour est une Anthologie

1975-2015, de Nuno Júdice, composée

par sa femme Manuela Júdice, et traduite

du portugais par Max de Carvalho.



L'érotisme, l'érotisme et encore l'érotisme.

L'amour, l'amour et toujours l'amour.



Ce recueil est en outre émaillé de réflexions

sur la poésie, le poème, l'art poétique.



Nuno Júdice s'interroge également sur ce Dieu

qui " n'a pas besoin de temps pour exister " à la

différence de nous autres les humains.





Ainsi :



" SOUDAIN IL SURGIT, ET IL A TON VISAGE

Le paradis terrestre est une fleur verte.

Les arbres se fendent par le milieu.

Ce qui est successif se perd.

Si le temps change les êtres et les choses,

je remarque la différence et je me consume.

Le soleil est une faute de grammaire, les lueurs de l'aube

une feuille blanche à la transparence des lampes.

Alors les bruit retentissent. Ils résonnent

dans les fenêtres,

à l'intérieur des boîtes depuis longtemps fermées,

du fond des tasses de café à demi pleines.

C'est tout et, plus

que tout, c'est toi,

entourée d'arbres et de matin,

dans l'éclat des yeux,

dans ce seul éclat d'un clair regard.

p.8





" AMOUR

Un poème, dis-tu, où

l'amour se déclare,

résumant tout en mots.



Mais ce qui fut vécu,

les mots, qu'en

gardent-ils ?



Une poussière de syllabes,

une pauvre cadence

grammaticale, sans rime ni raison…

p.15





" STROPHE

Ta chevelure me ramène à

une notion de réalité. Je la touche,

comme si tu naissais d'elle ‒ vénus

végétale d'une souterraine mythologie ‒

ou comme si à l'intérieur de tes phrases

une fenêtre s'ouvrait. Et j'épie

l'autre côté, où le paysage

s'éclaire des formes de ton corps

- vallées et collines qu'arrosent

les rivières invisibles de l'amour.

p.22





" ART POÉTIQUE AVEC UNE CITATION DE HÖDERLIN



J'ai cueilli ce poème. Je l'ai mis dans l'eau,

comme la rose, pour qu'il soit emporté sur un long fleuve

de strophes. Son corps, nu comme celui de cette femme

obscurément aimée en rêve, a bu à la sève

des lacs, aux veines souterraines d'ancestrales

humidité, pour s'ouvrir comme le ventre de

la fleur elle-même. Emportant dans son sillage mes yeux,

au creux d'une barque aussi profonde que sa

mort.

p.25





" L'AMOUR

Dieu – il gît peut-être ici, dans cette

part de moi-même et de toi, tout en ce qui

subsiste de toi ? Il est sur tes

lèvres, dans ta voix, tes yeux,

peut-être marche-t-il parme ces

fils abstraits de tes cheveux que j'effeuille,

entre les doigts du souvenir, lorsque je les

évoque.



Il existe : voilà ce que je sais lorsque

je me souviens de toi.





Ici, un dieu ne vit pas tout seul,

lorsque l'amour nous réunit. Il descend des confins

de l'éternité, quitte son plus lointain

infini, pour s'asseoir au pied du lit comme

un chien et écouter la musique de la nuit.

p.41-42

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Un chant dans l'épaisseur du temps

L'auteur est né durant la dictature de Salazar qui prend fin en 1974 à la révolution des Œillets.

"Un chant dans l'épaisseur du temps" date de 1992.

J'ai pris plaisir à lire ce recueil qui est tout en rondeur. C'est une fenêtre ouverte sur les saisons, la nature, les villes et leurs mystères. L'auteur est fixé sur l'autre côté des choses, à la frontière de plusieurs mondes.

Le sacré et l'absolue sont une musique avec ses secrets et ses rites silencieux.

La nuit exerce son art vers des destinations secrètes.

Le temps s'étire entre intérieur et extérieur.

La poésie de l'auteur a un rythme, un mouvement, une sorte de respiration. Et la lumière aussi. Les couleurs sont chaudes. Plusieurs thèmes se dégagent : la nature, la femme et la mort.
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Un chant dans l'épaisseur du temps

Saudade.

Gallimard assemble puis édite dans sa collection de poche Poésie en 1996 deux œuvres du poète lusitanien Nuno Júdice publiés séparément au Portugal en 1992 et 1994. L’écriture limpide imprégnée de nostalgie rend la lecture prenante, parfois poignante ainsi du poème intitulé « Photographie » ouvrant le recueil : « C’était bien ses paroles. Un mouvement qui parcourait la surface des rizières, qui ridait l’échine des dunes, qui repoussait les mouettes vers l’estuaire. Cependant, les vieux le comprenait ; et quelques innocents, dont l’esprit se confondait à la transparence de l’eau, répétaient ce qu’il disait en un murmure de ruisseau ». Le sentiment de la nostalgie se loge dans le regret des temps révolus et des lieux inatteignables lié souvent à un désir insatisfait. Le Portugal, ouvert aux dépressions atlantiques, à la monotonie des terrains vagues de l’océan, semble être un épicentre d’où luit la lumière sombre de la langueur. Toutefois, l’œuvre de Nuno Júdice n’est pas réductible à la saudade même si elle en est imprégnée. Le poète accorde son attention aux menus faits du quotidien et leur insuffle une vigueur que les métaphores légères aiguisent encore. Bien que référencée avec l’évocation de Pessoa, Camoens, William Blake ou James Joyce, Nuno Júdice produit une œuvre originale, moderne qui ne renie pas le passé littéraire et historique mais l’assimile. Parfois le surréalisme est convoqué brièvement, tout comme la poésie japonaise. Les frontières entre les genres littéraires, entre le rêve et la réalité deviennent poreuses. Le poète fait feu de tout et derrière une apparente simplicité, atteint les profondeurs de l’âme.
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L'ange de la tempête

Ce récit de Nuno Judice est construit autour d'un point aveugle, un fait divers familial qui serait survenu un jour d'été au milieu du XIXe siècle à son arrière-grand-oncle, retrouvé assassiné dans la montagne. Découvert plusieurs semaines après sa disparition, dans un état de décomposition avancé, réduit à un simple squelette, ce cadavre est le catalyseur d'une étrange enquête, constituée exclusivement d'hypothèses s'enchaînant et se répondant, s'annulant et s'étoffant les unes les autres, et toutes inscrites au coeur d'une vaste réflexion culturelle. D'abord envisagé comme un assassinat politique - puisque la parution du Manifeste communiste de Marx et Engels, qui date de cette époque, lui donne une résonance particulière- le crime se double rapidement d'une intrigue amoureuse entre ce propriétaire vieillissant et quelque peu misanthrope et une toute jeune fille qui lui aurait été destinée. C'est à ce moment que le texte se voit accaparé par les figures féminines, jaillissant de la peinture (Le Titien, Wiertz, Tiepolo), de la littérature (Teixeira Gomes), de la musique (Schubert), de l'Histoire et qui, dans une ronde infinie, vont graviter autour de l'esprit du narrateur, le rappelant lui-même dans son passé et ressuscitant la figure de sa répétitrice de français. Mais cet étourdissement sentimental, qui tient parfois de l'envoûtement presque spectral, est lentement envahi par la mort, esthétisée puis concrétisée à travers le crâne supposé de l'aïeul. Une blessure suspecte repérée sur l'ossement entraîne alors le narrateur vers l'angoisse, sous-jacente au récit et là aussi sublimée artistiquement par la référence à Kierkegaard. L'éclair sourd du suicide zèbre le ciel et plonge la nature dans un silence effrayant. Le sentiment tragique de l'existence envahit la prose du narrateur et ne peut mener qu'au silence final, celui d'un cahier jeté à la mer et qui semble libérer définitivement, tel Prospero à la fin de La Tempête, le lecteur du charme où ces pages l'avaient plongé.

L'Ange de la tempête (O Anjo da Tempestade, 2005) de Nuno JUDICE, traduit du portugais par Cécile Lombard, éd. La Différence, coll. Littérature étrangère, 2006
Lien : http://blog.paludes.fr/post/..
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O complexo de Sagitário

Je n'ai pas pu terminer ce livre. L'auteur ne fait que raconter toujours la même histoire en ajoutant que quelques détails à chaque fois. Ce fut une véritable horreur à lire. Je me suis forcée, car je n'aime pas laisser des livres sans les avoir fini, mais là c'était vraiment plus fort que moi.

Je n'ai pas pu continuer.



Il y a une première fois à tout.
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Voyage dans un siècle de littérature portugaise

À quelques reprises ai-je eu le plaisir de parler d’auteurs portugais, ou plutôt de poètes portugais. Au fur et à mesure que je les découvrais, que je me laissais emporter par leur univers et leurs mots. Tout en ne sachant rien de cette littérature dont ils sont issus. Ou des bribes qui sont de si petites bribes qu’il est même inutile de les mentionner.



Aussi est-ce avec un grand bonheur que je me suis plongée dans Voyage dans un siècle de littérature portugaise de Nuno Júdice. Ce siècle prolifique, aux teintes variées, aux auteurs tellement différents les uns des autres, romanciers, nouvelliers et poètes de la période 1870/1970. Un bien joli voyage, une croisière qui invite à reprendre la mer, question de visiter les œuvres mentionnées dans une exceptionnelle biographie comportant tous les titres traduits en français des auteurs cités. Oui, un bien joli voyage que je vous invite à faire si vous avez une certaine curiosité pour la littérature du pays de Sophia de Mello Breyner et de Fernando Pessoa. Le titre est publié à L’Escampette.
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Jeu de reflets

Il est des livres qu’on caresse du bout des doigts. Parce qu’ils sont beaux. Parce que le papier est d’une finesse telle qu’il demande la douceur. Parce qu’ils sont illustrés avec goût.



Jeu de reflets (Jogo de reflexos) de Nuno Júdice est un de ces livres. Un livre qu’on goûte. Dont on tourne les pages avec délicatesse. Un livre qui n’est nulle autre chose qu’un bijou.



Cette édition bilingue, magnifiquement illustrée par des peintures de Manuel Amado réunies sous le titre La grande crue et qui ont inspiré à l’auteur ce recueil, est publiée chez Chandeigne.
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Traces d'ombre

Autant la poésie de Nuno Júdice, empreinte de lyrisme, peut toucher, autant Traces d’ombres, ce roman fantastique qui met en scène un personnage qu’on appelle le Maître et quelques autres qui gravitent autour de lui dans le but d’élucider l’énigme qu’il représente, ne touche pas. Peut-être parce que l’auteur a voulu trop faire, d’une part raconter une histoire et d’autre part l’entrecouper de morceaux de la grande histoire du Portugal des années 30 à nos jours. Peut-être aussi parce que le personnage central n’a rien d’attachant ou parce qu’il y a dans les longues phrases - parfois vides - une volonté de faire du style, mais pas de faire sens.



Le ton, de plus, a parfois quelque chose de professoral qui agace. Quant à la postface de l’auteur où il se sent obligé d’expliquer la genèse de son roman - on n’en demandait pas -, après qu’il nous ait annoncé que peut-être que tout ça n’était qu’un songe, elle conserve ce ton qui agace et tellement différent de Jeu de reflets que j’avais tant aimé.
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