Citations de Olivier Bourdeaut (958)
A l'école, rien ne s'était passé comme prévu, alors vraiment rien du tout, surtout pour moi. Lorsque je racontais ce qui se passait à la maison, la maîtresse ne me croyait pas et les autres élèves non plus, alors je mentais à l'envers. Il valait mieux faire comme ça pour l'intérêt général, et surtout pour le mien. A l'école, ma mère avait toujours le même prénom, Mademoiselle Superfétatoire n'existait plus, l'Ordure n'était pas sénateur, Mister Bojangles n'était qu'un bête disque qui tournait comme tous les disques, et comme tout le monde je mangeais à l'heure de tout le monde, c'était mieux ainsi. Je mentais à l'endroit chez moi et à l'envers à l'école, c'était compliqué pour moi, mais plus simple pour les autres.
Il sifflotait toujours mal, il chantonnait tout aussi mal mais, comme tout ce qui est fait de bon coeur, c'était supportable.
Il m'emmenait souvent au cinéma, comme ça, dans le noir, il pouvait pleurer sans que je le voie. Je voyais bien ses yeux rouges à la fin du film, mais je faisais comme si de rien n'était. Mais avec le déménagement, il craqua deux fois en se mettant à pleurer en plein jour. C'est vraiment différent de pleurer en plein jour, c'est un autre niveau de tristesse.
Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l'horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l'avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m'en imprégner, mais je craignais qu'une telle folie douce ne soit pas éternelle.
Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer très fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit pas éternelle. Pour elle, le réel n’existait pas. p 55
Jean écoutait la radio pour connaître l'heure exacte de disparition du soleil puis les informations. C'était le seul moment qu'il concédait à l'actualité depuis qu'il s'était débarrassé de son téléviseur en le jetant, et d'internet en revendant son ordinateur. Sept petites minutes, un peu plus que le temps d'une cigarette. L'actualité dégueulait son fatras de fausses bonnes nouvelles et de vraies mauvaises nouvelles. La croissance était nulle, mais meilleure qu'au trimestre précédent. La hausse du chômage était contenue, selon le ministre il commençait à diminuer tout en continuant à augmenter.
Maman était installée au deuxième étage de la clinique, celui des déménagés du ciboulot. Pour la plupart le déménagement était en cours, leur esprit partait petit à petit, alors ils attendaient calmement la fin du nettoyage, en mangeant des médicaments.
Le problème avec le nouvel état de Maman, c’est qu’il n’avait pas d’agenda, pas d’heure fixe, il ne prenait pas rendez-vous, il débarquait comme ça, comme un goujat.
Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit pas éternelle. Pour elle le réel n’existait pas. J’avais rencontré une D’on Quichotte en jupe et en bottes, qui chaque matin, les yeux à peine ouverts et encore gonflés, sautait sur son canasson, frénétiquement lui tapait les flancs, pour partir à l’assaut de ses lointains moulins quotidiens. Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un borderline perpétuel. Sa trajectoire était claire, elle avait mille directions, des millions d’horizons, mon rôle consistait à faire suivre l’intendance en cadence, à lui donner les moyens de vivre ses démences et ne se préoccuper de rien.
Mais enfin, dans que monde vivons-nous ? On ne vend pas les fleurs, les fleurs c'est joli et c'est gratuit, il suffit de se pencher pour les ramasse? Les fleurs c'est la vie, et à ce que je sache on ne vend pas la vie !
Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel.
Il fallait vraiment être très amoureux pour accepter d'enfermer sa femme dans cette pièce infâme pour qu'elle se calme.
Elle a commencé par se demander à voix haute ce que j'aurais fait en 39.
Alors, je lui ai répondu en regardant mes chaussures que la question ne se posait pas, que je chaussais du 33 et que si j'avais fait du 39, j'aurais été probablement dans la classe du dessus ou même dans l'école des grands.
Je ne peux pas passer mes journées à vous attendre, je ne peux pas vivre sans vous! Votre place est avec nous deux...Pas une seconde, surtout pas une journée! D'ailleurs je me demande bien comment font les autres pour vivre sans vous, chuchota-t-elle, la voix brisée en sanglot, passant d'une colère lourde, à une tristesse sourde en quelques syllabes seulement.
les cyclistes professionnels. Les premiers, parce qu'un homme qui refuse de manger une entrecôte a certainement dû être cannibale dans une autre vie. Et les seconds, parce qu'un homme chapeauté d'un suppositoire qui moule grossièrement ses bourses dans un collant fluorescent pour gravir une côte à bicyclette n'a certainement plus toute sa tête. P 47
D’elle, mon père disait qu’elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde
Mes parents trouvaient tellement peu romantique de s'attabler dans un restaurant entourés d'amours forcés, en service commandé. Alors chaque année, ils fêtaient la Sainte-Georgette (15 Février) en profitant d'un restaurant désert et d'un service à leur seule disposition. De toute manière, Papa considérait qu'une fête romantique ne pouvait porter qu'un prénom féminin.
- Veuillez nous réserver la meilleur table, au nom de Georgette et Georges s'ils vous plaît. Rassurez-moi, il ne vous reste plus de vos affreux gâteaux en forme de cœur? Non? Dieu merci! disait-il en réservant la table d'un grand restaurant.
Pour eux, la Sainte-Georgette n'était surtout pas la fête des amourettes.
La raison aurais du m'inciter à fuir, à la fuir. D'ailleurs, je n'aurais jamais dû la rencontrer.
- Mon petit, dans la vie, il y a deux catégories de personnes qu'il faut éviter à tout prix. Les végétariens et les cyclistes professionnels. Les premiers, parce qu'un homme qui refuse de manger une entrecôte a certainement dû être cannibale dans une autre vie. Et les seconds, parce qu'un homme chapeauté d'un suppositoire qui moule grossièrement ses bourses dans un collant fluorescent pour gravir une côte à bicyclette n'a certainement plus toute sa tête. Alors, si un jour tu croises un cycliste végétarien, un conseil mon bonhomme, pousse le très fort pour gagner du temps et cours très vite et très longtemps.
J'avais rencontré une Don Quichotte en jupe et en bottes, qui, chaque matin, les yeux à peine ouverts et encore gonflés, sautait sur son canasson, frénétiquement lui tapait les flancs, pour partir au galop à l'assaut de ses lointains moulins quotidiens. Elle avait réussi à donner un sens à ma vie en la transformant en un bordel perpétuel.