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Critiques de Olivier Ledroit (188)
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Fées et amazones

Un très bel artbook érotique (soft) sur une thématique steampunk / féerique



Commençons par l'aspect technique : la couverture, le papier et l'impression sont irréprochables ou quasiment (quand il y a une très vague pixellisation - ou ce qui y ressemble - sur une poignée d'images, on a plutôt le sentiment que ça correspond à un défaut sur le dessin / fichier original et pas à une mauvaise qualité du scan ou de l'impression. Et de toute façon, sur l'ensemble des illustrations du livre, c'est tellement anecdotique que finalement ça n'impacte pas la qualité de ce dernier).



Au niveau de la forme, les techniques utilisées et la palette de couleurs sont beaucoup plus variées que sur l'artbook érotique précédent d'Olivier Ledroit (Belles de Nuit). Il y a quelques esquisses, mais la majorité des dessins sont des versions finalisées. Il y a aussi bien des dessins "classiques" que des dessins avec du texte manuscrit en sur-impression, des pseudo-collages (de cartes postales, d'articles, d'affiches ou autres) mêlés au dessin de la femme représentée, du sepia (ou quelque chose qui donne cette impression), voire même un mélange de ces techniques. On aimera ou pas (personnellement j'ai trouvé ça plutôt bien réalisé), mais la majorité des dessins du livre sont tout de même de facture classique, si ça peut rassurer certains.



La palette de couleurs est beaucoup, beaucoup plus variée que sur Belles de Nuit (où elle se résumait en gros à blanc, noir, rouge). Ces trois couleurs sont présentes, évidemment (surtout le rouge, traditionnellement associé à l'érotisme), mais on retrouve une variété chromatique quasi-totale tout au long du livre.



Toujours pour comparer avec Belles de Nuit, l'érotisme est dans Fées et amazones beaucoup, mais alors beaucoup plus soft, moins "direct" pourrait-on dire. Je ne mettrais tout de même pas cet artbook entre les mains d'un enfant, mais on est plus sur du décolleté et de l'expression suggestive que sur les poses clairement sexuelles de Belles de Nuit.



Sur le fond, pour terminer : Olivier Ledroit s'est associé avec un autre nom célèbre de la Fantasy Française (versant littéraire cette fois), Thomas Day. Celui-ci a rédigé un fil rouge qui relie les chapitres du livre entre eux. Il s'agit d'une histoire de Steampunk féerique dans la droite lignée du Paris des Merveilles de Pierre Pevel : la découverte d'une nouvelle source d'énergie, l'Aether, au début du XIXème siècle, a affaibli les barrières entre les mondes, et fées et autres créatures surnaturelles se sont mêlées aux humains. Attention toutefois, le texte est très court, un tiers de page sur chaque début de chapitre (chaque chapitre décrivant un pays et une époque entre 1800 et 1900 en gros), ne vous attendez pas non plus à un équilibre 50/50 textes et dessins. Malgré tout, en si peu de mots, l'univers décrit est puissant et évocateur, on aimerait bien le voir développé en romans ou en BD, tiens.



La thématique générale est donc féérique-steampunk, d'où par exemple des ailes mécaniques, le style de l'habillement ou des armes. Chaque chapitre (correspondant à un pays) a sa propre touche unique (notamment au niveau de la palette de couleurs utilisée) et est intéressant. On regrettera juste la faible longueur (surtout par rapport aux autres chapitres) de celui consacré au Japon.



EN CONCLUSION :



Un très bel artbook érotique soft (bien plus soft que Belles de Nuit), à la réalisation technique impeccable (très bon rapport qualité/prix/nombre de pages), intéressant au niveau de la variété de couleurs et de techniques, et nous montrant encore une fois que monsieur Ledroit est très, très doué pour dessiner la femme. En bonus, la description, très courte mais évocatrice, d'un univers fascinant par Thomas Day.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Requiem Chevalier Vampire est une œuvre bien à part. Soit on aime, soit on n'aime pas, mais le juste milieu n'existe pas. Mais encore faut-il être capable de voir plus loin dans cette BD, que la simple histoire d'un nazi en enfer. De même faut-il accepter de plonger dans ce graphisme hors-norme et un peu effrayant au premier abord et d'en accepter ses codes, pour savourer tout ce qui se cache derrière. Malgré cela, même le plus ouvert des esprits pourra ne pas être attiré par cet univers sombre et malsain…



Toutefois, personne ne niera le talent d'Olivier Ledroit (dessinateur), qui ne cesse de s'affiner tome après tome. C'est tout simplement un monstre du détail et de la surenchère, qui arrive (presque) à en faire perdre les pédales à son talentueux scénariste qu'est Pat Mills.

"Je lui décris une scène de bataille avec des centaines de combattant, et lui m'en dessine des milliers !…"



Et au-delà de proposer une simple histoire au lecteur, Pat Mills, cet homme à l'esprit torturé, nous présente un univers hors-norme (le monde de Résurrection), avec ses us et ses coutumes, ses conflits et ses alliances, et tous ces petits rien qui additionnés, donnent à ce monde une richesse sans pareille. C'est le miroir de la Terre en Enfer, un endroit où tout s'y voit à l'envers, où les terres sont les mers, où la mal est le bien et où l'amour est une maladie.



Vous l'aurez donc compris, j'ai été conquis. C'est une bande dessinée audacieuse, qui sait d'avance qu'en prenant cette direction, elle se coupe du grand public, mais cela ne fait que redoubler notre plaisir, sachant que nous serons les seuls à connaître une BD d'une telle envergure.



Un monument de la bande dessinée à lire et à relire, pour le plaisir des yeux et de son univers.
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Olivier Ledroit

Enfin un art book consacré à l'ensemble de la production d'Olivier Ledroit que les rôlistes et autres amateurs de Fantasy connaissent bien. Ainsi, on passe avec bonheur des Chroniques de la lune loire (ah souvenirs !), aux reproductions d'aquarelles féériques et autres esquisses en passant par les figurines pour finir en Requiem, sur des splendeurs gothiques (ou horreurs ne manqueront pas de dire certains) où se mêlent érotisme et violence. Coup de coeur pour les couvertures de Sha !
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

New York, années 20. Un tueur en série stupéfie la police et apeure la population. Les meurtres sont extrêmement violents. Le tueur découpe la cage thoracique et extrait le coeur. Il semble utiliser un couteau très particulier pour ce faire.



Dans la pénombre des ruelles et arrières-cours newyorkaises, un indien venu du Mexique rôde. C'est Xoco. Il est mandaté pour récupérer ce couteau d'obsidienne qui est utilisé pour les meurtres. Itzlapalotl, c'est son nom. C'est aussi le nom d'un démon de leur peuple.



Mona Griffit est la fille d'un antiquaire assassiné 10 ans auparavant. Elle met la police sur la piste du couteau d'obsidienne. Mais cette arme semble imposer sa volonté à son porteur...



BD d'aventure fantastique, glauque, sombre, inspirée par les univers de Machen ou de Lovecraft, Xoco se déroule quasiment tout le temps la nuit. Il faut aimer le noir sur noir. Certaines cases sont parfois dures à déchiffrer. Par ailleurs, à l'instar de son travail pour les Chroniques de la Lune Noire, Ledroit bouscule les codes de la mise en page. On a alors des cases pleine page truffées d'inserts et de vignettes, avec des dialogues dont on ne sait trop dans quel ordre il faut les lire. C'est beau, on peut apprécier le travail d'artiste, mais à la longue c'est un peu lourd.



On sera sensible à l'atmosphère qui se dégage des planches. Et on remerciera Mosdi pour clarifier l'intrigue en fin de tome.
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Le troisième oeil, tome 2 : Le veilleur du cr..

Deuxième volume de la saga Le troisième oeil, par Olivier Ledroit et toujours un coup de cœur! Les dessins sont juste splendides, le talent de l'auteur/illustrateur est indéniable.

Dans cette deuxième BD on retrouve un Mickael (le héros) plus confiant dans son rôle de veilleur du crépuscule devenant ainsi la cible de ces creatures de l'ombre qui viennent se nourrir de l'aura des personnes en proie à des démons intérieurs. J'adore les thèmes abordés, le côté psychédélique et cette allusion au fait que les populations sont manipulés par des entités supérieures (très à propos ces derniers temps)



A mettre dans les mains d'esprits éveillés ou qui souhaitent l'être.
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Le troisième oeil, tome 1 : La ville lumière

αποκάλυψη



Première acte du Troisième Œil, La Ville Lumière est un déchaînement visuel et graphique qui nous raconte l’initiation d’un jeune synesthésie appelé à devenir un « Veilleur du Crépuscule »…



Olivier Ledroit, le dessinateur originel des Chroniques de la Lune Noire ou de Xoco compose un univers sombrement lumineux, foisonnant et somptueux qui déchire le voile de la réalité pour nous révéler un monde inquiétant peuplé de créatures terrifiantes qui, dans l’ombre, se repaissent de l’humanité…



Les amateurs de récits où se mêlent horreur gothique et ésotérisme seront sans doute envoûtés par ce monde qui n’est pas sans évoquer celui de Nephilim, le jeu de rôle de l’occulte contemporain qui a profondément marqué une génération de joueurs…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Wika, tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron

Les illustrations sont géniales !!!!

Pleines de détails !!

L'histoire est super malgré quelque images ou les femmes sont un peu... dénudé...!

Il y a quelque petite choses qu'on ne comprend pas, exprès ou pas ?????
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Wika, tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron

Une très bonne découverte. L'univers est riche en couleur et l'histoire est original. Sans parler des dessins qui sont juste sublime. Hâte de lire la suite.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 5 : Dragon..

Même constat que pour le tome précédent.



Je vous passe le couple sur mon ébahissement face aux graphismes pour entrer dans le vif du sujet : l'histoire. Et le constat est le même, si j'apprécie l'intrigue concernant Requiem et Rebecca, je patauge en revanche pour tout le reste. J'ai capté les faits concernant le flash-back du début... Mais pour le reste... et bien je ne vois pas où nous allons, je peine à reconnaître les personnages, qui à mes yeux se ressemblent beaucoup, et je suis dans le flou.



J'ai donc fait le choix de poursuivre cette saga, pour ce que je comprends, et quand au reste, et bien qu'importe !



Bonne lecture à tous.
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Les Chroniques de la Lune noire, tome 1 : L..

Un Monde d'heroic fantasy classique voir banal, voir revu. Un dessin un peu criard et brouillon.

Peut être un scénario pour jeu de rôle ?
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 6 : Hellfi..

Ce tome fait suite à Requiem, Chevalier Vampire, tome 5 : Dragon Blitz qu'il faut avoir lu avant. Il est initialement paru en 2005, publié par les éditions Nickel (il a bénéficié d'une réédition en 2017 par Glénat). Le scénario est de Pat Mills. Olivier Ledroit a réalisé les dessins et la mise en couleurs. Le tome se termine avec 4 pages d'étude graphique sur des personnages féminins, et un bestiaire passant en revue les schizoïdes et les Hells Angels.



En 1242, sur le lac Peipus, se tient la bataille des glaces. Elle oppose l'armée des chevaliers teutons menée par Heinrich Barbarossa, et une armée russe, menée par Nevski. Les chevaliers teutons s'élancent à l'assaut de l'infanterie russe, au nom de la croix, du saint père le pape, et de Jésus. L'assaut est dévastateur, et Barbarossa utilise ensuite son marteau de guerre pour en finir rapidement. L'effet produit n'est pas l'effet escompté et les russes reprennent le dessus. Au temps présent, sur Résurrection, Heinrich Augsburg (Requiem, un vampire) est en train de s'accoupler avec Rebcca (une lémure), dans ses appartements privés, dans son cercueil de repos. Mais dans le même temps, l'esprit de Thurim essaye de supplanter celui d'Augsburg. Il l'incite à céder à sa soif de sang et à mordre Rébecca.



Les ébats de Requiem et Rébecca sont interrompus par l'irruption d'un détachement de 4 policiers, mené par l'inspecteur Kurse. Juste avant qu'il pénétre dans le bâtiment qui abrite les appartements de Requiem, la foudre s'abat sur lui, mais il en ressort indemne. Une fois dans les appartements, Kurse devient la proie des quolibets du dictionnaire du diable (un animal familier). Il ordonne que Rébecca soit emmenée au couvent des sœurs du sang, où elle sera préparée pour devenir une fiancée de Dracula. La scène de son départ, dans une calèche noire, est observée par Otto von Todt, perché sur une corniche du bâtiment. Kurse fait monter Requiem dans une autre calèche et l'emmène au Palais d'Injustice, au cœur de la ville de Nécropolis. Alors qu'ils traversent la ville, Requiem voit les cieux s'obscurcirent, symptôme d'une attaque imminente des locustes, la première plaie. Une fois dans le Palais d'Injustice, Kurse laisse Requiem entravé tout seul, devant un autel macabre avec une croix renversée faite de crânes. Il est alors pris en charge par Black Sabbath, chef de la police secrète de Nécropolis et président de la banque du sang.



Arrivé à ce stade de la série, il est possible que le lecteur revienne plus pour le dessinateur que pour l'histoire proprement dite. Il se souvient qu'elle se déroule sur une étrange planète où des âmes post-mortem doivent expier leur mauvais karma, tout en continuant à se faire du mal sous la forme de créatures surnaturelles érigées en caste, avec une rébellion qui couve, un trafic de drogues, une race de seigneurs (les saigneurs que sont les vampires), des races opprimées, et des batailles dantesques. Le lecteur a conscience que le scénariste établit progressivement la structure d'un récit de grande ampleur, mais il n'en perçoit encore que des morceaux épars. Au contraire, les dessins constituent une récompense immédiate, un spectacle démesuré sans cesse renouvelé. Ce ressenti se reproduit à l'identique avec ce sixième tome. Le lecteur note effectivement qu'il ne s'ouvre pas avec une séquence en fin de seconde guerre mettant en scène Augsburg & Rébecca, mais à une autre époque. Olivier Ledroit est impérial comme à son habitude. Dès la première case, le lecteur dispose d'un point de vue lui permettant d'apprécier la profondeur de champ, ainsi que l'effectif des armées en place. Chaque cavalier et fantassin tient sa lance à la verticale, donnant l'impression d'une véritable forêt, très dense.



En fonction de la nature des séquences l'artiste utilise des cadrages rapprochés ou éloignés. Il a recours à ces derniers pour donner la vision de l'ampleur de l'engagement militaire entre ces 2 armées. Le lecteur peut littéralement dénombrer les soldats par dizaines, et pour chacun regarder le harnachement de leur cheval, les détails de son uniforme, la manière dont il tient son arme. Il est aux premières loges pour voir l'impact entre le front des 2 armées. Quelques pages plus loin, Requiem est à bord d'une barque qui l'emmène dans l'antre de Black Sabbath. Là aussi, Ledroit utilise une case de la largeur des 2 pages en vis-à-vis pour montrer les piliers de soutènement des arches qui forment la voûte, l'étendue de l'eau, noire dans les ténèbres, aux couleurs enflammées à la lueur des torches, les constructions souterraines vers lesquelles le passeur dirige sa barque. Le lecteur a le souffle coupé en découvrant le gigantisme de la cour intérieure du couvent des sœurs de sang et les canaux de sang qui la traversent, ou encore la nuée de dragons caparaçonnés de rouge qui attend la flotte de Dracula à la frontière de la Dystopie. Non seulement, l'artiste ne sacrifie rien au niveau de détails, mais en plus il fait profiter le lecteur d'un point de vue avantageux, lui permettant d'admirer le spectacle et d'avoir une vue d'ensemble du paysage, en pouvant se rendre compte de son étendue et de ses reliefs.



Olivier Ledroit réalise des vues tout aussi mirifiques pour les plans rapprochés. Comme à son habitude, il se montre obsessionnel dans le niveau de détails, offrant au lecteur des images d'une opulente richesse. Cela commence dès la première page (dès la couverture en fait), avec les plumes ornant le casque des chevaliers teutons : il n'en manque pas une et elles ont toute une forme légèrement différente. Lors du fracas du choc des 2 armées, le lecteur se retrouve au milieu d'un fouillis de lances enchevêtrées, avec le temps d'observer chaque fer de lance, chaque harnachement de cheval. Pour accéder au lieu secret de la réunion des conspirateurs présidée par Aiwass, Requiem passe par une porte qui dispose d'un fronton avec une inscription, qui est flanquée de 2 statues de chaque côté, avec en outre des motifs ornementaux sculptés : chaque élément est représenté avec soin dans le détail. Dans une séquence ultérieure, le lecteur assiste à l'affairement de la nuée de locustes sur les pauvres individus restés dans les rues. Le lecteur se retrouve à nouveau au milieu de l'attaque, pouvant regarder les immondes bestioles droit dans leurs yeux, avoir l'impression de pouvoir toucher leur chair boursoufflée, voir leurs ailes diaphanes, compter leurs dents acérées, observer les chairs déchiquetées par ces dentitions. Olivier Ledroit est un artiste qui donne à voir sans compter, qui offre au lecteur un spectacle total, un monde où il peut se projeter, toucher chaque élément, avoir la sensation que s'il le souhaite, il pourrait s'y déplacer et découvrir ce qui se trouve au-delà de la bordure de la case ou de la page.



Le lecteur retrouve également avec plaisir les différents personnages, le beau et intouchable Heinrich Augsburg, le marmoréen Black Sabbath, l'impérial Dracula, et il découvre de nouveaux personnages. L'apparence de l'inspecteur Kurse le rend immédiatement antipathique, du fait de son hygiène douteuse, tout en provoquant une forme de pitié involontaire du fait du manque de chance qui lui a donné une telle apparence. Lors de la réunion des comploteurs, le lecteur se retrouve nez à nez avec un personnage ayant l'apparence d'un mandrill que l'artiste arrive à rendre terrifiant dans son animalité, sans céder à la facilité de lui donner des caractéristiques anthropomorphes. De la même manière, il n'est pas près d'oublier les caractéristiques physiques de l'ambassadeur de dystopie. L'exubérance de l'apparence de ces personnages est cohérente, à la fois avec l'apparence des autres personnages, avec les créatures surnaturelles, mais aussi avec la démesure des environnements, et la nature même de Résurrection, une dimension des esprits à caractère métaphorique.



Le lecteur peut parfois avoir l'impression de friser l'indigestion graphique du fait de la densité d'informations au centimètre carré, Olivier Ledroit étant le pourfendeur sans relâche du moindre centimètre inutilisé sur une page. Si la nature a horreur du vide, lui l'occupe. Mais le lecteur peut aussi faire le choix de se restreindre à une lecture plus rapide, sans consacrer de temps aux détails (ce serait dommage, une hérésie même) pour progresser plus rapidement dans l'intrigue. Même dans ce mode de lecture, il tombe régulièrement en arrêt dans son avancée, devant des images saisissantes de beauté, d'étrangeté, de cruauté. Il ne peut pas faire autrement que de rester bouche bée devant cette image des chevaliers teutons descendant dans l'eau glacée, entraînés vers le fond par le poids de leur armure. Il esquisse un mouvement de recul lors de l'accouplement entre Rébecca et Requiem, quand ce dernier n'arrive pas à refréner sa soif de sang. Il s'inquiète en voyant le ciel couleur sang s'assombrir au-dessus Nécropolis, à l'idée de l'orage qui s'annonce, et il vérifie même l'état du plafond au-dessus de lui en songeant à l'arrivée de la nuée de locustes. Il sent l'air autour de lui crépiter d'énergie quand Requiem s'empare du marteau de Thurim. Il réprime une moue de dégoût en voyant des soldats zombies de la première et de la seconde guerre mondiale s'avancer vers lui. Il ressent une douleur cervicale quand il contemple l'architecture gothique du couvent des sœurs de sang, comme s'il devait lever la tête pour distinguer le sommet des tours. Ces pages offrent un spectacle total, des plus petits détails, aux paysages les plus grandioses, en passant par des moments d'une rare intensité.



Ayant complètement abdiqué tout esprit critique sous l'emprise du charme des dessins d'Olivier Ledroit, le lecteur peut même en oublier de suivre l'intrigue. Bien sûr, de temps à autre, il a vaguement conscience que la démesure des situations représentées participe à une histoire et qu'il a bien fallu un scénariste pour concevoir une trame qui comprenne ces moments, qui les lie, et une solide capacité à penser sa narration de manière visuelle, pour que l'artiste puisse laisser son talent s'exprimer. Le lecteur repense à cette vision onirique et macabre des chevaliers teutons entraînés au fond de l'eau par le poids de leur armure. Il se dit, après coup, que l'apparence d'Aiwass sous la forme d'un mandrill fait sens dans le cadre du récit, ou encore que l'approche de la flotte de Dracula de la frontière de la Dystopie, avec les dragons harnachés attendant était bien amenée. Il sourit également en repensant aux différents gags incorporés dans la narration parfois gras, parfois beaucoup plus fins. Le fait que l'inspecteur Kurse (au physique déjà ingrat) attire sur les catastrophes relève d'un humour assez massif, dénué de finesse. Il en va de même pour les caractéristiques de l'arme appelée Papacanon. Lorsque Requiem entend toquer à la porte de sa cellule, il s'interroge sur ce dont il s'agit : une armure enchantée ? Le relevé du compteur de sang ? Un représentant en cercueils ? Le scénariste tourne en dérision ce (faux) moment de suspense se moquant lui-même du deus ex machina qu'il va employer, et qui n'en est finalement pas un. Pat Mills utilise d'autres formes d'humour plus sophistiquées. Lors de l'arrivée de Kurse chez Requiem, le familier de ce dernier reconnaît son ancien maître et commence à dérouler une biographie de manière peu flatteuse. C'est un détournement habile de Le dictionnaire du diable (1881-1906) d'Ambrose Bierce.



En fonction des séquences, l'humour peut être noir, ou grinçant en relevant en même temps de la satire sociale ou politique. Olivier Ledroit n'a pas gâté, non plus, l'ambassadeur de Dystopie, avec son apparence. Par contre, le scénariste lui a ciselé des dialogues frappé du coin de la double pensée, avec un cynisme assumé aussi réjouissant qu'écœurant. Dracula s'est rendu en Dystopie pour faire commerce, et acheter leur stock d'opium noir, une drogue. L'ambassadeur commence par dénoncer les méfaits de la drogue, et rappeler la position de son gouvernement contre l'usage de tout produit psychotrope. Il enchaîne la phrase d'après pour expliquer, que puisque de toute façon ce commerce existe, autant que ce soit la Dystopie qui en tire les bénéfices. Le lecteur peut prendre cette contradiction au pied de la lettre et penser à quelques pays producteurs de drogue, appliquant le même système de double pensée. Il peut aussi substituer la vente d'armes à celles de drogue, et élargir d'autant le nombre de gouvernements hypocrites qui mettent en œuvre une telle politique. L'ambassadeur aggrave encore son cas, en proposant de lui-même de fournir des esclaves en plus.



Le lecteur se rend compte que Pat Mills met en œuvre sa conscience politique à d'autres reprises en évoquant également la culture de classe dominante (celle des vampires), en opposant le libéralisme philosophique au libéralisme économique, ou en montrant une armée de soldats sous forme de zombies (une métaphore de l'obéissance sans condition). Ces développements nourrissent l'intrigue et s'y insèrent naturellement. Le lecteur voit l'histoire globale progresser doucement du fait du nombre de personnages et d'enjeux. Dans les premiers tomes, les auteurs ont fait découvrir au lecteur les différentes races existant sur Résurrection, lui ont présenté les différentes factions, les différents personnages, le complot, les règles de ce monde. Le scénariste a mis en place un enjeu simple (renverser Dracula pour mettre un autre pouvoir en place) permettant au lecteur de s'y retrouver, ainsi qu'une histoire d'amour conflictuel (Rebecca & Requiem), et un passé historique (Thurim). Il réussit à continuer à développer et à nouer ces différents fils narratifs, sans donner l'impression d'en oublier, ni de s'éparpiller. Le lecteur peut éventuellement regretter que tel ou tel personnage n'ait pas le droit de cité dans ce tome (vivement le retour de Sabre Erectica), mais il n'éprouve pas l'impression d'une fuite en avant faute de plan d'ensemble.



Ce sixième tome continue d'enchanter le lecteur avec des visuels d'une beauté à couper le souffle, d'une consistance inouïe, d'une richesse dispendieuse. Il emmène le lecteur dans un monde gothique d'une grande noirceur, dans une rébellion au profit d'un autre groupe de pouvoir, tout en restant aux dépens des plus faibles. Il fait progresser une intrigue facile à suivre, enrichie par de nombreux thèmes.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 3 : Dracula

Des nouveautés, des révélations, des surprises.



Ce tome modifie sa palette de couleurs pour voir apparaître un personnage clef dans l’histoire.



L'intrigue demeure sanglante, mais de nombreux flash-back, permettent de mieux appréhender le passé de Requiem. Des révélations ouvrent la voie aux prochains tomes, et le mystère qui entoure la relation entre Requiem et Rebecca demeure complet.



En bref, un tome qui permet à la saga de prendre un tournant et qui ouvre son histoire à de nouvelles intrigues.



Bonne lecture à tous.

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Wika, tome 2 : Wika et les fées noires

Pré-commandé, récupéré, dévoré.



Voici donc la suite des aventures de Wika.

Ce volume s'ouvre sur un passage de la relation entre Obéron et son père le roi Wotan. Passage ô combien important puisque nous allons découvrir dans quel contexte Obéron est monté sur le trône.

Ensuite, nous retrouvons Wika là où nous l'avons laissé, ou presque. Et chose très agréable, nous avons droit à une petite remise en contexte. Cela devient assez rare pour le signaler.



Les trois fées noires vont donc prendre Wika sous leurs ailes (hoho), et lui enseigner tout ce qu'elles savent. Mais cela a un prix bien sûr.



De l'autre côté, le meute des enfants loups d'Obéron pleure la mort de Gorm. On suit plus particulièrement le personnage de Rage, et son demi-frère Hamelin. On en apprend plus sur ces deux personnages, qui semblent vraiment intéressants. Rage en particulier dévoile une autre facette de sa personnalité, qui le rend plus complexe que ce que l'on aurait pu imaginer dans le premier volume. Belle idée.



Je ne vais pas faire de spoilers sur l'ensemble de l'histoire, mais il y a de l'action, des rebondissements, des révélations, bref, tout un tas de bonnes choses pour faire une bonne histoire.



Les illustrations d'Olivier Ledroit sont toujours aussi belles, développées, et la palette de couleurs est magnifiques.



Seul petit bémol, le sens de lecture de certaines planches n'est pas évident, et sur une page en particulier, j'ai même renoncé à trouver le bon. Trop de formes, plusieurs sens de lecture possibles, on s'y perd ! Mais heureusement, cela ne concerne que quelques pages.



Et dire qu'il va falloir attendre deux ans pour lire la suite.... Bouhou...

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Requiem, Chevalier Vampire, tome 4 : Le bal..

Pendant la bataille contre les Lémures, Heinrich manque d'être tué par Torquemada mais Rebecca l'empêche in extremis. Hélas, Dracula envoie des soldats spéciaux, les Bersekers, qui déciment une grande partie des Lémures, permettant aux vampires de gagner. Afin de fêter leurs victoires, les vampires capturent les chefs, y compris Rebecca. Heinrich veut cette fois-ci la sauver, ne voulant pas recommencer l'erreur fatale dans sa vie terrestre (il a laissé Rebecca être emmené par la Gestapo sans agir). Il décide donc de procéder à un plan lors du Bal des Vampires... Pendant ce temps-là, on s’aperçoit qu'un autre complot se trame : les Archeologistes, réincarnations des scientifiques, sont eux aussi décidés d'avoir la peau de Dracula...

Encore une fois, les dessinateurs font un bon travail autour de la série gothico-burlesque qu'est Requiem Chevalier Vampire.

Déjà, ici, on découvre les circonstances de la mort de Rebecca, qui est fort tragique et serrant le cœur. Ensuite, on assiste également aux retrouvailles d'un couple... hélas perturbé. Cette fois-ci, Requiem a retrouvé la motivation qui lui manquer et qui va guider toute la série : renouer avec son amour et recoller les morceaux.

Ensuite, comme toujours, l'univers s'enrichit : après les goules, on fait connaissance des sinistres Archeologistes et surtout de leur chef, Archi-Hiérophante, un... squelette qui a besoin de peau écorché pour vivre (beurk). Ces anciens scientifiques sont tout aussi sordides que les autres, méthodiques mais conscient du contexte explosif autour d'eux.

Encore une fois, niveau horreur, on nous ménage pas : les écorchements ainsi que la vision des plats des Archeologistes sont juste effroyable ! Sans compter qu'encore une fois, le sadisme et la perversité des vampires est toujours "valorisé"... Sérieux, Néron me fait flipper ! Même Claudia où Otto paraissent inoffensif à côté de lui !

Evidemment, les dessins sont beaux : j'ai un coup de cœur pour le bal des vampires, le fameux bal de victoire. Une ambiance raffiné et dorée, de faste et de vertige... Et les costumes ! Les costumes sont magnifiques, très détaillés, riches de couleurs... Ce bal m'a enchanté et fait rêver... Même quand il s'agit des vampires. J'ai un faible pour celui de Claudia et même pour Néron...

Encore une belle réussite ! J'ai hâte de voir si la série continuera dans cette voie !
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Une véritable référence pour les amateurs de Dark Fantasy, au même titre que les Contes de la Lune Noire.
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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Fées et amazones

Un plaisir visuel constant. Chaque page nous plonge dans le travail de recherche minutieux d'Olivier Ledroit pour Wika avec délice, donnant la sensation, pendant un temps, de voyager à travers son imaginaire foisonnant, son art si précis.
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Requiem, Chevalier Vampire, tome 1 : Résurrec..

Requiem est une BD que m’a présenté un ami. Cet avis ne se base que sur les 9 premiers tomes, les autres n’étant pas encore sorti.

Requiem nous conte les aventures du vampires Heinrich, ancien nazis qui, aprés sa mort, se retrouve à Resurrection dans la peau d’un Vampire, un monde où tout est inversé et qui est peuplé de Goule, Vampire et autres zombies. Chaque « clan » correspondant aux actions effectués par la personne quand elle était encore vivante. Le livre propose donc un background de base déjà remplit qui s’étoffe de plus en plus au fur et à mesure des épisodes.



A son arrivée, Heinrich suivra les enseignements pour devenir un chevalier vampire,a lors connu sous le nom de Requiem, et cherchera à retrouver celle qu’il a aimé, une juive nommé Rebecca. Cette quête ne se fera pas sans soucis et il devra affronter de nombreux dangers. Sanglant et politiquement incorrect, les 9 tomes ne font pas dans la demi-mesure et c’est avec un plaisir presque coupable qu’on passe avec plaisir de l’un à l’autre. Le dessin est agréable et le rythme bien tenu du début à la fin (provisoire donc).
Lien : http://www.jeuxvideo-live.co..
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Les Chroniques de la Lune noire, tome 1 : L..

Pour ma part, j'ai eu du mal à me plonger dans cet univers. Je me suis un peu perdue dans les personnages. Je ne comprenais pas l'ensemble de leur action, ce qui les motivait... Mais, je ne me laisse pas décourager et vais lire le second tome. Il semblerait que l'histoire devienne plus intéressante au fil des tomes. A voir.

Au niveau des dessins, c'est assez soigné et ça me convient assez. Etant donné que j'ai lu cette bande dessinée sur tablette et que malgré le noir et blanc, j'ai trouvé ça sympa, je pense qu'en version couleur, ça doit rendre pas mal.
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Wika, tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron

Thomas Day et Olivier Ledroit nous offre une plongée vertigineuse dans un monde de fantasy coloré, luxuriant, et même un peu kitch avec cet excès de couleurs et de détails. Outre quelques allusions à la littérature, ou au monde celtique, les auteurs lorgnent également du côté du steampunk. Le dessin est magnifique donc, mais le scénario est aussi riche, étoffé, prenant, avec une mise en page inventive.

Une belle BD donc, envoutante, captivante, qui nous fait passer par différentes émotions.

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Wika, tome 1 : Wika et la fureur d'Obéron

Je reproche souvent aux BDs d’avoir soit un visuel sympa, soit une histoire qui vaut le détour mais, rarement les deux à la fois. Thomas Day & Ledroit me font me dire que je ne suis surement pas tombée sur les bonnes BD avant car Wika, n’est pas en reste niveau scénario. Il est difficile de juger d’une intrigue en seulement un tome mais, je dois avouer que pour le moment je suis intéressée.




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