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Citations de Olivier Truc (495)


Mardi 11 janvier
Lever du soleil : 11 h 14; coucher du soleil : 11 h 41.
27 minutes d'ensoleillement.
8 h 30. Kautokeino.
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À treize ans, le jeune garçon portait les cheveux mi-longs, épais et ondulés, qui se séparaient en deux au milieu du front pour couvrir ses tempes et ses oreilles. Ils étaient plus foncés que ses yeux souvent graves qui avaient l’éclat de la châtaigne tout juste tombée au pied de l’arbre. Son nez droit et fin répondait parfaitement à l’alignement régulier de sa bouche aux lèvres charnues. La fillette tira jusqu’à obtenir la grimace qu’Izko lui concéda. Elle rit. Alors, elle consentit à regarder le bateau.
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Johan Henrik s'agitait sous sa pelisse. Les éleveurs avaient horreur qu'on s'intéresse de trop près au nombre de rennes qu'ils avaient. C'était comme demander combien on avait sur son compte en banque.
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Cet homme était un renard. Mais Aslak était un loup. Il les avait trop côtoyés pour en être éloigné. Il avait trop pisté les bêtes, étudié leur comportement, pour les voir comme des étrangers. Et un loup pouvait mordre, et ne pas lâcher prise. Il attendait juste le bon moment. Longtemps s'il le fallait. Le loup était bien plus patient que le renard. Le renard se décourageait s'il n'était pas satisfait rapidement. Pas le loup.
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C'était ça le progrès? Devenir esclave de déclarations à remplir, rendre des comptes à des gens qui ignoraient tout de leur vie? Les petits bergers comme Mattis, qui avaient voulu vivre leur vie tranquillement, sans faire de bruit, on ne leur avait pas laissé le choix.
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Depuis longtemps Aslak savait que les étrangers s’intéressaient aux pierres de son pays […] Ils parlaient de pierres, de minerais, de mines. Ils parlaient de richesses. Ils parlaient de progrès. Ils s’attendaient en général à soulever l’enthousiasme des éleveurs sami. Et ils s’étonnaient souvent de ne rencontrer que des visages fermés.

Les étrangers ne comprenaient pas. Là où ils voyaient des mines et ce qu’ils appelaient le progrès, les éleveurs voyaient autre chose. Ils voyaient des routes qui couperaient leurs pâturages, de camions qui effraieraient leurs rennes, des accidents lorsque les animaux devaient traverser les routes.
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Klemet était recueilli, les yeux plissés. Le soleil avait de la difficulté à décoller. Il demeurait à proximité de l’horizon. Klemet paraissait maintenant observer son ombre dans la neige comme s’il découvrait une magnifique œuvre d’art. Puis les enfants se remirent à jouer, des adultes à se taper les mains ou à sauter sur place. Le soleil avait tenu parole. Tout le monde était rassuré. L’attente, quarante journées sans ombre, n’avait pas été vaine.
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Derrière l'ennemi le plus inattendu, le plus repoussant, il pouvait y avoir l'homme qui partageait la dernière richesse dont il disposait, sa chaleur.
P 98
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Les hommes ne chantent pas. Ils pêchent, ils boivent, ils meurent.
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De nombreux éleveurs avaient été privés d'une partie de leurs pâturages. Et peu à peu avaient tout perdu. Le grand-père de Klemet avait de cette façon été poussé hors du milieu des éleveurs. Terrible destin dans cette région où la fierté se mesurait au nombre de rennes.
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Depuis la colonisation du Sapmi par la couronne suédoise au XVII e siècle, les minutes de procès constituent l'une des principales sources de écrites sur la région, racontait-il à Nina de son ton fougueux. Mais on consignait la présence des samis quand ils posaient problème, pas le reste du temps. Autrement dit, un bon Sami est un Sami qui n'existe pas.
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— […] Dans la ferme de mes parents, nous ne parlions que sami à la maison. Lorsque j’ai commencé l’école, à sept ans, je me suis retrouvé dans un pensionnat où il n’y avait pratiquement que des enfants lapons. Nous avions interdiction de parler sami. L’instituteur était suédois et ne parlait que le suédois. Exprès. Il fallait faire de nous des petits suédois. […] À mon époque, il fallait nous assimiler. Totalement, à coups de trique. Nous étions battus si nous parlions le sami, même pendant les récréations. Tu vois cette cicatrice, là, dit-il en montrant sa tempe. J’avais sept ans, Nina et je ne pouvais plus parler ma langue, je ne pouvais plus parler du tout. Alors, si tu parles de révolte, Nina, je…
Stupéfaite, Nina vit le regard de son collègue s’embuer. Jamais elle ne l’avait vu comme ça. Il ne termina pas sa phrase et sortit, tenant la tenture pour Nina. Lorsque la tenture fut retombée, le temps des confidences était passé.

[…]

C’était le prix à payer pour ses origines. Lui, il ne voulait pas, ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Il devait faire ses preuves à chaque pas. Il avait peur, en fait, qu’on se moque de lui s’il y allait de suppositions trop folles. […] Voilà ce qu’il craignait. Tout à l’heure, il s’était surpris lui-même à lancer cette hypothèse des deux suspects. Il ne l’avouerait jamais à quiconque, mais il s’était senti fier quand personne ne s’était moqué de lui. […] Il vida son verre de cognac. Il n’était pas loin de la retraite, et il s’apitoyait sur son sort comme une vieille femme.
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«Tu vois Aslak, ces montagnes, elles se respectent les unes des autres. Aucune n'essaye de monter plus haut que l'autre pour lui faire de l'ombre ou pour la cacher ou pour lui dire qu'elle est la plus belle. On peut toutes les voir d'ici. Si tu vas sur la montagne là-bas, ce sera pareil, tu verras toutes les autres montagnes autour.» Jamais son grand-père n'avait autant parlé. Sa voix était calme comme toujours. Un peu triste peut-être. «les hommes devraient faire comme les montagnes.» avait dit le vieil homme. Aslak ne disait rien. Il regardait son grand père, et il regarda le paysage qui s'étendait autour de lui. Jamais les montagnes alanguies de Laponie n'avaient été aussi belles. Les vagues infinies de bruyère avec leurs tons de feu, de sang et de terre, étincelaient et crépitaient de vie sous les rayons du soleil.
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Quels liens, quelles preuves, comment relies-tu untel à untel, techniquement ? Elle l’entendait encore lui répéter : oublie le motif, concentre-toi sur les éléments concrets de preuve dont tu disposes et remonte le fil…pas de suppositions. Suivre le fil.
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Ces montagnes, elles se respectent les unes les autres. Aucune n’essaye de monter plus haut que l’autre pour lui faire de l’ombre ou pour la cacher, ou pour lui dire qu’elle est plus belle. Les hommes devraient faire comme les montagnes.
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Klemet gardait un peu le vin en bouche pour le réchauffer. L'alcool, même à très petites doses, parvenait à lui transmettre un vague sentiment de bien-être dans cet entrepôt glacial.
- Pas évident à première vue, dit Klemet après avoir observé les carottes.
- La plupart des roches cachent leurs attraits. Un peu comme les femmes d'un certain âge, dit elle en souriant. Si vous imaginiez la masse incroyable de minerai et de travail, de transformation et d'énergie qu'il faut pour extraire un kilo d'or ...
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Elle ne savait pas vivre, mais elle savait survivre.
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Il apprivoisait la terre. En la nommant, il en prenait le contrôle. N’est-ce pas ça, après tout, l’art du cartographe ? Enfermer la nature insondable et grandiose dans un cadre connu, mesurable, contrôlable. Amener la nature aux pieds du souverain. La dompter. Était-ce cela aussi la foi ? Donner un visage rassurant a des abstractions où l’homme ne peut se perdre. Le cartographe de l’âme. Un prêtre n’est peut-être que cela. Où tout cela.
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Tu sais comment c'est, la tête d'un homme, parfois, c'est buté et dur comme un noeud de bouleau.
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Il comprenait son impatience. C'est simplement qu'il n'osait pas être trop explicite. Il ne voulait pas jouer la victime, surjouer l'appartenance à une minorité opprimée et se draper dans l'indignation. Il le voulait d'autant moins qu'il avait la ferme conviction que Nina ne le voyait pas comme une victime, l'ayant toujours traité à égalité. Et cela comptait beaucoup pour lui.
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