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Citations de Ornela Vorpsi (41)


Qu'il est bon d'avoir l'âme enveloppée dans une blouse jaune
Pour la défendre des regards !
Qu'il est bon,
Quand on est jeté aux dents de l'échafaud,
De crier :
"Buvez du cacao Van Houten !"

Vladimir Maïakovski, Le Nuage en pantalon.

(page 13).
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Les seins brûlaient-ils avec le corps? Je veux dire: est-ce que le silicone brûle à la même température que le corps?
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les hommes ne vont pas se noyer dans le lac … ces messieurs ne tombent pas enceints – ainsi sont-ils préservés du pire
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[...] ... Parfois [grand-père] se tient à côté de moi pendant que je travaille, et je sais que, d'un instant à l'autre, il se mettra à me parler de l'Italie fasciste :

- "Qu'est-ce qu'on était bien, du temps de l'Italie, la pauvreté d'aujourd'hui, c'était impensable ! De nos jours, je ne peux même pas exercer mon métier ...

- Pourquoi tu dis ça, grand-père ? Bien sûr que tu peux l'exercer, il suffit de le vouloir, et puis, des avocats, on en a toujours besoin. Va à la mairie, demande ta place et tu verras qu'on te la redonneras.

- Mais je ne suis pas un juge, bordel de merde, je suis un avocat de la défense, et ce métier, grâce au parti communiste, il n'existe plus. Le Parti assure qu'il ne te condamne jamais inutilement, aussi n'a-t-on pas besoin d'être défendu. Un juge suffit. La défense, c'est le Parti lui-même qui s'en charge, en te jugeant par l'intermédiaire du juge qu'il appointe. Bref, le juge que tu as devant toi est aussi attentionné que s'il était là pour te tirer d'affaire." ... [...]
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Il semblerait que le premier signe de vie sur terre, le plus primitif, le plus simple, ait été l’amibe : rien qu’une cellule. Puis les choses se compliquèrent : l’amibe commence à se multiplier et à varier en fonction du climat, du milieu, jusqu’au jour où toutes sortes d’espèces apparaissent sur terre. Puis, c’est le tour du chimpanzé, qui ouvre les portes à l’être humain. Ce dernier rêve bientôt de conditions idéales pour lui-même, l’état suprême d’être-au-monde, d’y-être-dans-le-monde : le communisme.

Bref, l’homme est une espèce héroïque, ne croyez-vous pas ? Il suffit de suivre le long parcours de l’amibe au rêve communiste qui frappe à notre porte pour comprendre sa grandeur.
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[...] ... A la maison, les mêmes propos reviennent :

- "Ne t'en fais pas" (c'est ma mère qui parle), "je t'enverrai chez le médecin pour voir si tu es vierge ou pas."

Elle m'observe, menaçante, en murmurant entre ses dents, et moi, qui ai treize ans et qui ignore encore ce que les hommes ont dans leur pantalon (mystère qui, semble-t-il, est en rapport étroit avec tout ce qui a trait à la putinerie), je me sens une pute exemplaire. Le regard de ma mère me déshonore.



Je me glisse dans mon lit, effrayée, et je pense : "Si elle m'envoie vraiment chez le médecin, si on découvre que je ne suis pas vierge de nature, comme un enfant venu au monde avec une main en moins, sourd, aveugle ou, pire encore, sans amour pour la Mère-Parti, je ferai quoi ? Que ferai-je dans ce cas ?"

Le sommeil me surprend au milieu de ce monologue intérieur, tandis que, muette, je la supplie d'accepter cette vérité tragique, tombée sur nos têtes : "Je te jure, ma', je te le jure, je n'ai rien fait ! Je suis née comme ça ! Crois-moi ... je te le jure ..." ... [...]
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A présent, elle et Bukuria sont sans doute au travail dans les champs, piochant la terre, récoltant le maïs, se rééduquant. Il leur est interdit de s’éloigner du camp d’internement, une semi-prison où elles trimeront sans être payées, surveillées à chaque pas, et dormiront dans une baraque de torchis, haïes par les gens du village parce qu’elles sont des putes et que, en outre, elles viennent de la capitale ; l’Albanie entière travaille pour la capitale, qui est le rêve des paysans et leur servitude - toutes leurs récoltes y convergent.
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Toute chose adoptait une ombre plus sombre, plus inquiétante, la lumière se faisait plus vive, les contrastes s’intensifiaient au point de me gêner
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Le pays où l’on ne meurt jamais est fait de poussière et de boue, le soleil y brûle au point que, parfois, les feuilles de vigne rouillent et la raison se met à fondre. De là vient peut-être, tel un effet secondaire (et, il faut le craindre, irrémédiable), la mégalomanie, délire qui, dans cette flore, pousse de manière incontrôlable, comme une herbe folle. De là, aussi, l’absence de peur - à moins qu’elle ne soit due à la forme de poterie mal façonnée qui est celle du crâne des autochtones, tordu et aplati, royale demeure de l’insouciance, sinon de l’inconscience.
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Mais le suicide ne fait pas partie des grandes aspirations du peuple albanais ; celui-ci, dans son éternel combat pour une vie décente, néglige le refuge que la mort peut offrir.
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J'ai découvert à seize ans dans les vers de Maïakovski un fait historique, une anecdote qui m'a marquée pour toujours. La société Van Houten, déjà réputée à l'époque pour l'excellence de son cacao (nous sommes en 1910), eut une idée macabre et géniale : acheter le dernier vœu d'un condamné à mort pour promouvoir sa sombre poudre. En guise de dernière volonté, l'homme face à la foule devait crier le slogan "Buvez du cacao Van Houten !"
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Est-il vraiment nécessaire d’aller réconforter l’ami qui va mal, qui vit enfermé chez lui depuis cinq mois, qui ne mange plus et ne boit plus, qui souhaite et ne souhaite pas mourir pour la seule raison que la littérature des pays tourmentés n’attire plus autant l’attention qu’elle le devrait ?
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Dans la rue, leurs regards te pénètrent jusqu’à a moelle des os, si profondément que ton être devient transparent. Une fois en toi, la fouille est méticuleuse
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Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer les exploits de nos génies par-delà les frontières. Les génies albanais ! Je songeais aux inventions à venir, autres que ce premier tracteur dont j’entendais célébrer les mérites chaque jour à la radio et au journal télévisé. Mais tant de vantardise commençait à me lasser.
Mes parents aussi avaient droit à une progéniture géniale, ils ne pouvaient faire exception sans se couvrir de honte. À moi de toucher le sommet. Pianiste surdouée, fille d’une intelligence et d’une honnêteté hors pair, et quand je serai grande – point d’une importance cruciale –, femme immaculée et ainsi de suite.
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L’odeur des Balkans réveille le passé qui tourmente. De nostalgie, d’amour, de rancoeur, de désolation, d’impuissance, d’éloignement, de proximité
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une balle qui transperce, brise la fleur de ton front
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L'être humain a toujours envie de s'approprier ce qui est interdit.
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Une image du vieux Japon surgit, fulgurante, celle d’un pauvre pêcheur tombé à la mer et trimballé par des vagues insolentes. L’océan se riait de l’homme et avait décidé de s’en moquer jusqu’au bout. L’histoire, que j’avais lue quelque temps plus tôt, se serait achevée là, pitoyablement, par sa mort, si ce n’est que tous les hommes, à l’image de mes parents, possèdent une âme de force à changer le cours du monde. En ce jour lointain, le destin de l’homme que l’océan avait pris pour chiffon faillit en être changé.
Sur la rive, un maçon repéra son semblable qui luttait sans espoir contre le monstre de la nature. Il vit ses forces s’affaiblir. L’océan allait avoir raison de sa frêle personne. Indifférent au danger, l’ouvrier courut vers les eaux troubles pour sauver le chiffon épuisé. Et voilà qu’au terme d’une longue bataille les deux hommes sortent vivants des eaux fâchées. Pendant un moment, ils reposent l’un à côté de l’autre, leurs poumons ont du mal à se remplir d’air. Certes, vivre est un dur métier.
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Eh bien, j'ai pris conscience de la vie d'une manière trop aiguë, et je suis tombé malade. J'ai égaré l'évidence, l'évidence de la vie.
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Aucune main fragile ne frappait à ma porte. Personne n’avait jamais pleuré, immobile, égaré, sur les centimètres de terre qui précédaient ma maison, les gens passaient autour de moi, me traversaient, ne me voyaient pas, je suis transparente
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