Citations de Otto Weininger (86)
L’idéal du génie serait un être dont toutes les perceptions seraient autant d’ « aperceptions ».
L’homme a les mêmes contenus psychiques que la femme en forme articulée ; là où elle pense plus ou moins en hénotismes, il pense, lui, immédiatement en représentations claires et distinctes, auxquelles se rattachent des sentiments exprimés et permettant toujours l’abstraction par rapport aux choses. Chez F, le « penser » et le « sentir » sont un, non-séparés, tandis qu’ils sont distincts chez H. Ainsi F vit un grand nombre d’événements psychiques sous une forme hénotique qui chez H ont passé par un processus de clarification. C’est pourquoi la femme est sentimentale et ne saurait qu’être émue, non bouleversée.
Depuis quelques temps, les témoignages de femmes qui ne sont en fait femmes que pour moitié ou pour trois quarts au sujet de leur vie psychique se multiplient, cette vie psychique est en elles davantage celle de l’homme que de la femme. Il ne nous reste ainsi qu’une solution : observer ce qu’il y a de féminin chez l’homme même.
L’étude qui doit être entreprise ici ne saurait ainsi l’être que dans la mesure où l’on estime possible d’énoncer sur la femme des choses justes sans être femme soi-même.
Le besoin d’émancipation d’une femme, et l’aptitude chez elle à une telle émancipation ne reposent que sur ce qu’elle a de masculin.
Le fait de poser une telle correspondance entre le physique et le psychique [ainsi que le fait la physiognomonie] renvoie à une fonction apriorique et synthétique de la pensée.
La mémoire rend les événements de la vie intemporels, elle est, ne serait-ce que dans son concept, victoire sur le temps. L'être humain ne peut se rappeler son passé parce que sa mémoire le libère de l'emprise du temps, et alors que partout ailleurs, dans la nautre, les événements en sont FONCTION, les élève dans l'esprit AU-DESSUS de lui".
Chaque cellule de l’organisme est (disons pour l’instant) caractérisée sexuellement, ou encore a une note sexuelle bien précise, en se hâtant d’ajouter que cette caractérisation […], en vertu du principe qu’il n’y a que des formes sexuelles intermédiaires, pourra être plus ou moins accentuée.
Par nos concepts, nous nous défendons contre le monde.
Notre temps, qui n’est pas seulement le plus juif, mais le plus féminin de tous les temps ; ce temps pour lequel l’art n’est plus qu’un moyen d’exprimer les humeurs, qui a vu l’origine du besoin artistique dans les jeux d’animaux ; ce temps de l’anarchisme le plus crédule, ce temps auquel ni l’idée de l’État ni celle du droit ne disent plus rien, ce temps de la conception historique la plus plate qu’on ait jamais imaginée, le matérialisme historique, ce temps du capitalisme et du marxisme, ce temps pour lequel l’Histoire, la vie, la science ont été réduites à l’économie et à la technique ; ce temps qui a cru pouvoir expliquer le génie comme une sorte de folie, mais qui ne possède plus un seul grand artiste ni un seul grand philosophe, ce temps si peu original alors qu’il recherche tant l’originalité ; ce temps qui a remplacé l’idéal de la virginité par le culte de la demi-vierge : ce temps a également la gloire douteuse d’être le premier à avoir non seulement affirmé le coït comme une valeur et l’avoir adoré, mais encore à en avoir fait un devoir : non dans l’idée de se perdre, comme le Romain ou le Grec dans les bacchanales, mais dans celle de trouver et de donner enfin un contenu à son propre vide.
Mais ce nouveau judaïsme appelle un nouveau christianisme ; l’humanité attend le nouveau fondateur de religion, et le combat va vers une décision comparable à celle qui a eu lieu en l’an un de notre ère. (p. 268)
Il est immoral de demander, de prier.
Le saint sourit sans savoir pourquoi. Il sourit sans liberté. Le saint est le plus malheureux des hommes, bien qu'il ne cherche que le bonheur.
Il ne s’agit pas de vouloir faire de la femme une sainte, il ne s’agit que de savoir si elle va être capable de se faire une idée de sa propre existence et de prendre conscience de sa responsabilité. Si elle veut même la liberté. S’il y a la moindre chance de la voir un jour se pénétrer d’un idéal, suivre son étoile, en un mot rendre vivant en elle l’impératif catégorique.
Car c’est ainsi seulement qu’on pourrait parler d’émancipation des femmes.
Le Christ était juif, mais il ne le fut que pour surmonter en lui-même entièrement la judaïté. Car qui a vaincu le plus grand doute est aussi le plus croyant, qui s’est élevé au-dessus de la négation la plus désolée de toutes les valeurs, l’homme capable de les affirmer le plus positivement. La judaïté a été le péché originel du Christ ; la victoire qu’il a remportée contre elle, ce qui le rend plus grand que le Bouddha, Confucius et les autres grands maîtres spirituels.
Aucun problème n’existait véritablement pour Spinoza, en quoi il apparaît comme authentiquement juif. […] Le système de Spinoza, dans son monisme et son optimisme absolus et dans son harmonie parfaite dont Goethe a fait son remède, est le contraire d’une philosophie d’homme fort : c’est une philosophie de fermeture, une philosophie d’homme malheureux cherchant le bonheur et ne le trouvant pas, par manque total d’humour.
Spinoza fait preuve dans toute son œuvre du plus pur esprit juif et fait voir en même temps clairement quelles en sont les limites : je pense ici à son incompréhension de l’idée de l’Etat et à son adhésion à cette idée hobbesienne selon laquelle l’état primitif de l’humanité aurait été un état de « guerre de tous contre tous » qu’à son incompréhension encore plus grande du libre-arbitre […].
Que le besoin de l’accouplement soit chez le Juif organique, cela est bien montré déjà par l’incompréhension que rencontre chez lui tout ce qui est ascèse ; mais ce besoin est encore encouragé par les rabbins, qui spéculent sur la perpétuation de la race, et par le style même de la tradition orale, qui exige la procréation pour fonctionner […].
L’idée de citoyenneté est pour le Juif absolument transcendante ; c’est pourquoi il n’y a jamais eu au sens véritable du mot d’Etat juif et ne saurait y en avoir.
La femme n’est rien d’autre que l’objet que s’est créé le désir de l’homme, l’image hallucinée dont il essaye éternellement de se saisir dans sa folie, elle est une objectivation de la sexualité masculine, le sexe incarné, le péché fait chair.
La croyance au diable est immorale, étant une facilité par laquelle on évacue l’idée de la faute.
Il y a parallèlement au monde de la causalité, un monde de la finalité, qui est le domaine de l’homme.