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Critiques de Paolo Giordano (369)
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Contagions

CONTAGIONS - Paolo Giordano - lu en avril 2020 (confinement Covid-19)

Éditions du Seuil - Traduit de l'italien par Nathalie Bauer. Titre original Nel contagio.

Paolo Giordano (né le 19 décembre 1982 à Turin) est un écrivain italien contemporain. En 2008, le prestigieux prix Strega lui est attribué pour son premier roman, La Solitude des nombres premiers, dont il est le plus jeune lauréat.



"Je n'ai pas peur de tomber malade.

De quoi alors ?

De tout ce que la contagion risque de changer.

De découvrir que l'échafaudage de la civilisation que je connais est un château de cartes.

J'ai peur de la table rase, mais aussi de son contraire : que la peur passe en vain, sans laisser de trace derrière elle"



Voilà une citation en tout début du livre qui résume bien ce que je ressens depuis quelques semaines.



Le Coronavirus n'est pas la première ni la dernière pandémie, ni la plus terrible mais c'est le premier virus à se manifester aussi vite à une échelle globale. Son prédécesseur, le SARS- CoV a été vaincu très vite écrit l'auteur.



"En ce 29 février, un samedi de cette année bissextile où j'écris, les contagions confirmées dans le monde ont dépassé la barre des 85.000"



En ce 17 avril 2020 où j'écris ma chronique, les contagions confirmées dans le monde sont passées à 2.165.000 pour 145.000 décès.

En Belgique, 30.000 cas confirmés-5.000 décès à ce jour, classée 3ème après l'Espagne et l'Italie en Europe.



Paolo Giordano a décidé de mettre à profit son confinement pour écrire Contagions, pour remplir ce "vide" comme il dit.



Il nous explique qu'avant d'être des urgences médicales, les épidémies sont des urgences mathématiques. "La contagion est une infection de notre réseau de relation".



La Chine, c'est loin disions-nous, mais voilà, ce virus a traversé toutes les frontières, a touché le monde, et le monde compte ses malades et ses morts et même si l'on s'en défend parfois, il a semé la peur.



Dans ce livre,, l'auteur part du début de la contagion et des réactions en chaîne qui s'en sont suivies, de la peur qu'elle engendre, du fait qu'on a pensé que ce n'était pas très grave, simplement une grippe un peu plus forte qu'une autre. Il nous parle de patience, de rébellion, du dilemme de la quarantaine, du fatalisme, des structures hospitalières "celles d'Afrique plus déficientes que les nôtres" et de bien d'autres sujets intéressants.



Enfin, l'auteur conclut par ces mots : "compter les jours. Appliquer notre coeur à la sagesse. Ne pas permettre que toute cette souffrance passe en vain"



Pour moi, un livre à lire de toute évidence.

Une partie des droits d'auteur sera versée à la Recherche Scientifique.



Prenez bien soin de vous et de tous ceux que vous aimez.







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Dévorer le ciel

°°° Rentrée littéraire 2019 #21 °°°



Les premières pages sont absolument formidables. Trois garçons qui plongent nus, la nuit, dans une piscine qui ne leur appartient pas. le regard d'une jeune fille qui les découvre d'en haut, les étudie en cachette, fascinée, suit leur évasion. La naissance du désir par une transgression innocente qui annonce la suite, qui s'étalera sur vingt ans. Vingt ans à passer de l'adolescence à l'âge adulte, des rêves fous aux désillusions banales mais douloureuses, de la soif d'expériences et de liberté aux fracas d'une vie étroite, de la passion amoureuse à la solitude qui n'oublie rien.



L'écriture de Paolo Giordano a l'élégance et la fougue nécessaires pour donner envie de suivre ses personnages. Si Teresa est bien falotte bien que sa crise existentielle soit tangible ( la petite fille riche qui trouve la force de quitter le confort familial pour vivre son amour et trouver un sens à sa vie en symbiose avec la nature ) , le trio masculin est vraiment intéressant, dépositaire d'un secret qui fera bouger les lignes de force entre : Nicola, taciturne,et opaque ; Bern le fascinant rebelle qui vivra une grande histoire avec Teresa ; et surtout Tommaso, le sensible, celui qui révèle au lecteur et à Teresa à contretemps des événements du passé éclairants. Eux sont toujours sur le fil de irrationalité, on ne sait jamais où ils vont aller ni comment ils vont agir.



La construction est complexe, embrassant deux décennies, des ellipses puis des aller-retours dans le temps pour le combler. Cela fonctionne parfaitement durant les trois-quarts du roman, jusqu'à ce que le rêve communautaire autour d'une exploitation de permaculture ne se brise. A partir de là, les péripéties, parfois invraisemblables, s'enchaînent, faisant tomber le roman dans le mélo à trop haute dose lacrymogène. Je l'ai d'autant plus regretté que les émotions étaient déjà très présentes, j'aimais cette ambiance nostalgique pour dire le sentiment de perdre quelque chose que l'on a vraiment jamais eu. Ce trop plein de pathos a eu l'effet inverse sur moi : il m'a agacée et empêchée de ressentir pleinement une empathie forte pour Teresa et Bern. Trop racoleur au final.



Je fais cependant mienne cette magnifique injonction : « Nous avons pour tâche de donner l'assaut au ciel. Nous devons dévorer le ciel. »



Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°6 )
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Tasmania

J’ai trouvé que Tasmania, le dernier roman de Paolo Giordano, était très inégal. En voulant passer de l’intime au général, à l’universel, l’auteur que j’avais bien apprécié dans Dévorer le ciel, a réussi à m’ennuyer profondément puis à me captiver avec talent.



Le thème du réchauffement climatique et des débats contradictoires qu’il suscite aurait suffi mais voilà que Paolo Giordano se met à parler des deux bombes atomiques larguées sur le Japon par les États-Unis, en 1945. Paradoxalement, c’est ce thème le plus intéressant.



Or, lorsque j’ai lu ces lignes, je venais de voir l’excellent film de Christopher Nolan : Oppenheimer. Cela ne pouvait pas mieux tomber car, dans Tasmania, le narrateur se rend sur place, à Hiroshima et à Nagasaki, pour rencontrer les derniers témoins ou survivants de ces deux dramatiques largages de bombes jamais utilisées sur des humains.



D’ailleurs, Robert Oppenheimer lui-même, n’approuvait pas ces assassinats de masse et demandait que son pays n’aille pas plus loin ; l’Allemagne nazie était vaincue mais il fallait prendre de vitesse l’URSS dans la course au titre de super puissance mondiale…



Ainsi, le narrateur, physicien devenu journaliste pour le Corriere della sera, débute son récit avec la COP21, à Paris, en novembre 2015. Il commence à présenter ses amis qui vont tourner en rond autour de lui tout au long de ce roman.



Avec Lorenza, sa compagne plus âgée, déjà mère d’Eugenio, voilà Giulio, jeune physicien, qui se sépare de Cobalt alors qu’ils ont un gosse : Adriano. Débarque ensuite Karol, un prêtre amoureux puis ce fameux Novelli, spécialiste des nuages. C’est avec ce dernier que l’épisode le plus révélateur de la place des femmes dans le monde scientifique se déroule et révèle bien des injustices. Je peux ajouter encore Curzia, journaliste efficace.



Justifiant le titre énigmatique du roman, l’auteur fait dire à Novelli qu’il aimerait se réfugier en Tasmanie… en cas d’apocalypse mais tout cela n’aide pas notre narrateur qui ne parvient pas à écrire son livre sur la bombe atomique et ses conséquences.



C’est donc à Hiroshima puis surtout à Nagasaki que Paolo Giordano écrit les pages qui m’ont le plus appris et surtout le plus ému, dans ce livre. Il faut encore et toujours raconter au plus près de l’humain ce qui s’est passé lorsque ces deux bombes atomiques ont été larguées sur des civils sans défense. Les conséquences, terribles, inimaginables, font l’objet de la troisième partie, de loin la plus forte : les radiations.



Je remercie Babelio et les éditions Le bruit du monde pour cette lecture d’un livre très bien écrit et bien traduit par Nathalie Bauer.


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Tasmania

« Si vous me demandez une définition exacte de l'époque où nous vivons, la voici : une époque prétraumatique. » Paolo Giordano mobilise sa sensibilité de physicien de formation et son talent d'écrivain prodige de la littérature italienne pour dessiner quelques destins fragiles, serpentant tant bien que mal sur la toile de fond de notre actualité cataclysmique.





Comment vit-on à la croisée des anxiétés nées des bouleversements contemporains, quand la Doomsday Clock, l'Horloge de l'Apocalypse inventée en 1947 pour dénoncer les risques qui menacent la planète, n'a jamais estimé la fin du monde plus imminente qu'aujourd'hui, son compte à rebours virtuel ne nous laissant symboliquement plus que quatre-vingt-dix secondes avant les coups d'un minuit fatidique ? Choisissant pour point de départ l'arrivée à Paris, juste après les attentats de 2015, d'un autre Paolo, journaliste et écrivain italien lui aussi physicien à la base, venu couvrir une conférence de l'ONU sur l'urgence climatique en même temps qu'il rédige un livre sur la bombe atomique, de son invention jusqu'aux commémorations d'Hiroshima et de Nagasaki, en passant par les terribles récits de survivants et de leurs descendants, le récit se déroule aux premières loges des périls qui guettent le monde, entre menace nucléaire, dérèglement climatique, terrorisme et pandémies.





Pourtant, dans ce contexte qui a tout pour terrifier, la vie poursuit son chemin, dévidant opiniâtrement les destins individuels. Le Japon a reconstruit ses deux villes martyrs, les survivants et leurs descendants subsistent malgré leurs récits épouvantables et leurs séquelles. Lui-même ramené à des préoccupations plus personnelles par son couple qui se déchire sur son impossibilité à concevoir un enfant, Paolo observe son entourage faire face à ses anonymes et minuscules batailles pour se tailler une existence. Relations de couple et parentalité, rivalités professionnelles et déséquilibre entre les sexes, conventions religieuses et sociétales : les drames intimes sont légion, souvent dévastateurs, même si parfois, à y bien regarder, quelque peu incongrus. Comment peut-on encore s'offusquer qu'un prêtre se marie, qu'un homme épouse une femme plus âgée ou qu'une femme prétende faire carrière, lorsque l'on s'angoisse pour le sort du monde ? Quoi qu'il en soit, de cette superposition entre l'intime et le planétaire, entre le particulier et le général, émerge progressivement un constat : la vie résiste à tout et, quelles que soient les souffrances endurées, finit toujours par renaître sous une forme ou une autre, tout n'étant qu'évolution et adaptation perpétuelles.





De l'anxiété des temps présents à l'apaisement que chacun devra trouver dans sa Tasmanie personnelle, là où il trouvera à se préserver, Paolo Giordano nous offre un grand roman contemporain, vaste fresque sociétale teintée d'autofiction et de reportage scientifique, soulignant l'étendue de nos ambiguïtés et de nos contradictions.


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Tasmania

Pour son cinquième roman, Tasmania, l’écrivain italien Paolo Giordano également docteur en physique théorique, s’attache à suivre un homme en crise.

En novembre 2015, cet homme écrivain et journaliste mais aussi narrateur de Tasmania est venu à Paris, couvrir la conférence des Nations Unies consacrée à l’urgence climatique, quelques jours seulement après les attentats.

Cette situation de crise fait écho à celle que traverse le couple qu’il forme avec sa compagne Lorenza.

Bref, la crise climatique et celle qu’il vit en privé, les attentats islamistes, pas sûre que les vacances à la Guadeloupe concoctées par Lorenza, une semaine de tropiques, ne soient en mesure d’y remédier...

De manière désinvolte et un peu fataliste, il s’entoure de personnages assez inclassables qui, chacun à leur manière apportent du sens à son univers, que ce soit cet ami, jeune physicien aventurier Giulio, ce climatologue spécialiste des nuages, Novelli, cette reporter plutôt originale Curzia ou encore ce prêtre Karol qui a rencontré la femme de sa vie…

C’est d’ailleurs après une discussion avec Giulio qu’il décide de reprendre son ancien projet d’écrire un livre sur la bombe atomique, livre qu’il aura du mal à mener à terme.

Paolo Giordano raconte la vie de cet homme, sa solitude, son ennui, sa lassitude, ses chagrins, ses peurs. Il parle du présent, certes mais aussi et surtout de l’avenir.

J’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ce personnage. Il ne m’a intéressée que lorsqu’il parlait de ces fameuses bombes dont bon nombre des physiciens du projet Manhattan pensaient qu’elles ne seraient pas vraiment utilisées, et certainement pas sur des cibles civiles.

Les témoignages des rescapés d’Hiroshima et de Nagasaki sont précis et bouleversants.

Il est question également de l’importance des nuages dans l’histoire de la bombe. Comment le 9 août 1945, suite à un nuage étrange qui ne semblait pas vouloir se dissiper, l’équipage du B-29 décida de renoncer à Kokura et se dirigea vers Nagasaki : naga (long) saki (promontoire), la ville suivante sur la liste des cibles…

Quant à l’effet des radiations, les habitants, personnel médical compris, personne ne savait…

Postérieurement, pour le moins troublés par le massacre de centaines de milliers de personnes et par l’effacement de deux villes, un certain nombre de physiciens du projet Manhattan formèrent une association à but non lucratif dénommée Bulletin of the Atomic Scientists. Ils inventèrent alors la Doomsday Clock, l’horloge de l’apocalypse, sur laquelle minuit correspond symboliquement à la fin du monde. Comment ne pas être épouvanté quand on sait qu’en raison de l'incapacité des dirigeants mondiaux à faire face aux menaces imminentes d'une guerre nucléaire et du changement climatique, le 23 janvier 2023, l’horloge affichait minuit moins 90 secondes, ce qui est l'heure la plus proche de minuit depuis sa création !

Le narrateur qu’il faut sans doute apparenter à l’auteur lui-même se pose d’ailleurs fort judicieusement quelques questions, à savoir comment il se serait conduit à la place de ces physiciens, s’il aurait continué, s’il aurait laissé tomber, s’il aurait été capable de voir l’avenir et s’il se serait montré ensuite à la hauteur de cette vision.

Dans son roman Tasmania, Paolo Giordano mêle intime et universel, nous rappelant que chacun peut trouver un espace où écrire son avenir. Novelli, pour sauver sa peau, en cas d’apocalypse, aurait choisi quant à lui la Tasmanie !

Merci aux éditions Le bruit du monde et à Babelio pour cette lecture enrichissante.


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Dévorer le ciel

J’ai plongé sans hésitation dans ce roman fleuve qui, au début, m’a fait penser à L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante. S’il y a l’Italie, les confidences d’une adolescente, ses amitiés, ses amours, la ressemblance s’arrête vite.



Bien traduit par Nathalie Bauer, Paolo Giordano dont le premier livre, La Solitude des nombres premiers, a connu un immense succès, réussit là un second roman riche en événements et en surprises.

Teresa, la narratrice, a quatorze ans lors de ce premier été à Speziale, au sud de Bari, dans les Pouilles. Elle vient chez sa grand-mère paternelle passer un mois avec son père.

Teresa est très attirée par trois garçons de son âge (Nicola, Tommaso et Bern) venus se baigner, sans autorisation, en pleine nuit, dans la piscine familiale. Des trois, Bern la captive par son regard. Suivent d’autres étés qui permettent à Teresa et Bern de faire plus ample connaissance…

Quatre années passent et une très mauvaise nouvelle vient assombrir sa vie. Elle décide alors de tout faire pour retrouver son grand amour.

À partir de là, j’étais pris dans la spirale d’une histoire souvent tendue de jeunes gens désirant s’affranchir des contraintes de la société et prêts à se battre pour défendre leurs idées. J’ai retrouvé chez eux un souci constant de l’écologie, une conscience très claire des enjeux qui menacent notre planète et un souci d’appliquer cela dans la ferme qu’ils exploitent ensemble, sans Nicola, devenu policier...

Avant d’arriver à cette concrétisation, il m’a fallu supporter la partie consacrée à l’éducation des enfants, inculquée par Cesare, le père de Nicola qui incarne une sorte de gourou imprégné de religion, il applique des méthodes de tyrannie mentale douteuses dont les conséquences sur les trois garçons se ressentiront jusqu’à la fin du livre.

Ces passages de la Bible, ces textes religieux cités un peu trop souvent par Cesare ne me semblent pas indispensables car on comprend vite que cet homme se sert de tout cela pour dominer ceux qui lui sont confiés.

Trois parties et un épilogue structurent ce roman dont j’ai eu envie de tourner les pages avec plaisir mais aussi beaucoup de crainte pour Teresa qui n’a pas hésité à tout sacrifier pour vivre pleinement avec celui qu’elle aime.

Leur engagement en faveur d’une agriculture la plus naturelle possible que j’approuve totalement, ne se limite pas à la ferme. Avec d’autres, ils militent et se battent pour sauver les oliviers de la région d’un abattage systématique à cause d’une bactérie ravageuse. J’ai retrouvé là les mêmes questions que posent ces mises à mort généralisées d’animaux ou de végétaux avec, dans le cas du livre, une nouvelle variété transgénique prête à être livrée par des gens qui gagneront beaucoup d’argent, au passage.

Amitié, amour, jalousie, haine, vengeance, religion, communauté, retour au naturel, désir d’enfant, responsabilité parentale, Dévorer le ciel, roman découvert dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de Lecteurs.com et grâce aux éditions du Seuil que je remercie, foisonne d’idées et de situations qui m’ont fait penser et réfléchir à beaucoup de débats qui agitent actuellement notre société.


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La Solitude des Nombres Premiers

Mattia, élève surdoué passionné de mathématiques, a un jour abandonné sa soeur jumelle,attardée mentale, dans un parc pour se rendre seul à un goûter d'anniversaire. Depuis ce jour, elle est introuvable et, lui, rongé par la culpabilité, s'auto-mutile pour se punir de cet acte aux conséquences dramatiques.

Alice, inhibée par un père autoritaire, a vécu un grave accident de ski. Elle en a gardé une claudication qui la rend différente. Depuis, elle a cessé de se nourrir en protestation contre ce corps qui l'a trahie.

Ces deux-là, mal dans leur peau, solitaires, étaient faits pour se rencontrer et c'est au lycée que leur relation va commencer. Amis car tellement semblables, amoureux, sans doute, mais incapables de vivre de tels sentiments, ils vont se chercher, se rapprocher, se fuir, se retrouver mais toujours leur nature profondément solitaire les tient éloignés l'un de l'autre...





C'est l'histoire d'Alice et Mattia. Une histoire étrange, sans doute une histoire d'amour, mais un amour flagrant aux yeux de tous sauf aux leurs. Les traumatismes de l'enfance, les difficultés de l'adolescence et les questionnements de l'âge adulte se combinent pour les laisser impuissants face à la vie. Ensemble, ils vont grandir pourtant , trouver d'autres refuges, Mattia dans une vie rangée à l'étranger, Alice, en s'engageant dans une histoire de couple mais leur lien reste aussi puissant qu'inutile.

Une espèce de "ni avec toi, ni sans toi" en mode adolescence perturbée, desservie par une écriture un brin trop froide et deux personnages jusqu'auboutistes qui semblent se prélasser dans leurs problèmes sans jamais faire l'effort de s'en sortir. Exaspérants, irrécupérables, il est très difficile de s'y attacher et de s'émouvoir de leurs erreurs sans cesse renouvelées. On voudrait les secouer, leur dire de faire le deuil de leur enfance pour enfin VIVRE mais l'auteur choisit un autre chemin.

Intéressant mais pas indispensable.
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La Solitude des Nombres Premiers

Ébaucher une critique sur "La Solitude des Nombres Premiers" me semble être une tâche assez ardue. Il me faut bien l'admettre, ce livre provoque chez moi des sentiments ambivalents.

Bon je me lance....

Ma première impression lors de la lecture des premières pages fut excellente ! J'ai été très vite happée par ce récit et rapidement je me suis prise d'affection pour ces deux inadaptés de la vie. Leur passé fait de moments douloureux, de solitudes subies, et de non-dits font d'eux des êtres particuliers et solitaires, on attend beaucoup de leur rencontre mais ils finissent par se perdre...pour se retrouver...Cela n'en finit pas...des rendez vous manqués à chaque fois. C'est agaçant ! Leurs rencontres loupées, leur immobilisme, leur constante (lassante aussi ) introspection et leur égocentrisme m'ont vraiment exaspéré ! J' aurais aimé qu’ils cessent de se regarder le nombril, qu'ils sortent de leur bulle et aillent de l'avant....mais non. Ils resteront comme ça solitaire et à part.

Que dire de plus ?

Ce livre ne m'a pas laissé indifférente mais n'a pas provoqué, non plus le séisme auquel je m'attendais ....dommage...
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Tasmania

Paolo-San est journaliste et vient de couvrir un sommet sur le climat. Paris vit une atmosphère quasi militarisée en novembre 2015 peu après les attentats. Il y a de belles figures auprès de lui, un jeune physicien, une femme, reporter chevronnée, un spécialiste des nuages du nom de Novelli et un homme de foi. Tous ces gens sont des acteurs de notre monde contemporain et pour autant, ils sont aussi, comme nous, spectateurs, emportés dans la marche du siècle qui ne laisse pas de les réunir ou de les secouer tour à tour comme emportés par un vent fou. Lorenza et Paolo traversent ensemble les turbulences d’une vie de couple bien qu’ils soient posés tous les deux, les pieds bien sur terre. Lorenza renonce à la difficulté de faire un enfant puisque rien ne marche de ces traitements de substitution et Paolo se voit exclu de la prise de décision. Néanmoins, c’est un couple qui marche bien en ce sens que sa construction affective reste inébranlable ; chacun vaquant à ses occupations tout en revenant au port, amarrés l’un à l’autre par un lien solide. On peut soupeser également les liens d’amitié ou de désillusion des uns envers les autres sans qu’il soit énoncé quelques exagérations et en cela le texte, qui est sain et réaliste, m’a entièrement séduite. De même qu’il n’est pas fait état comme souvent d’une quelconque culpabilité envers quiconque ne véhicule pas un esprit rigoureusement écologiste. Au contraire, la manière dont Paolo ressent les diverses inquiétudes quant à notre devenir témoigne du fait qu’il n’est qu’un personnage vulnérable, puisqu’il est confronté comme tout un chacun aux aléas de la vie et de la sienne propre. J’ai beaucoup aimé le personnage attachant de Novelli quand il dénonce le manque d’objectivité lorsque sa collègue a bénéficié d’une récompense alors que sa notation était bien inférieure à la sienne. J’ai aimé qu’il reste sur sa position envers et contre tous allant jusqu’à dire que nous nous accommodons d’un semblant de vérité pourvu qu’elle nous arrange et allant jusqu’à nier le réel. Une façon comme une autre finalement de contrer l’échéance possible de notre propre disparition en ne retenant que ce qu’il est de bon ton de voir et de penser. Novelli ne lui tiendra pas rigueur du reste, de ne l’avoir pas soutenu lorsqu’il s’est vu ostracisé du monde de la bien-pensance, mais nous sentons bien là que s’il en avait été autrement Paolo en aurait durement souffert.

Paolo-San, c’est ainsi que le nomme et le reconnaît Terumi Tanaka lors de la cérémonie de Nagasaki, la seule cérémonie qui par le fait de la présence de cet enfant rescapé donne un sens au livre qu’il va écrire sur l’explosion de la bombe atomique. Il ressort de toutes ces menaces passées ou à venir que c’est notre humanisme qui nous sauve, comme l’amitié et puisque nous sommes mortels j’aime à penser comme le suggère le narrateur à la fin du livre que ceux du passé nous accompagnent comme le spectre irradié d’une planète étoilée. Je remercie babelio pour cette belle découverte et le bruit du monde ainsi que l’auteur que je vais retrouver sans coup férir dans les nombres premiers par exemple.

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Dévorer le ciel

Voilà un gros coup de coeur ! Je suis complètement tombée sous le charme de l'histoire de Bern, Teresa, Tommaso et Nicola.

Une histoire d'amour, d'idéaux, d'espoir, de croyances.

Les personnages , tous charismatiques sont décrits avec beaucoup de réalisme et précisions. Je n'ai eu aucune à me les imaginer et à les aimer ( surtout Bern et Teresa). La fragilité de tous est touchante.

Ils me manquent maintenant que j'ai tourné la dernière . C'est le genre de livre que l'on a envie de faire durer et même plus, on a envie que ce ne soit pas un roman pour pouvoir, sans fin, connaître l'évolution de chaque personnage

C'est un livre teinté de mélancolie et l'on sent une certaine nostalgie, est-ce celle de l'auteur Paolo Giordano ? En tout cas moi, je le suis ce soir, et je vais guetter avec acuité la sortie de son prochain roman.
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Tasmania

Le narrateur de ce roman, un auteur à succès, se trouve proche de la quarantaine dans une phase un peu difficile de sa vie. Son mariage avec Lorenza, qui a quelques années de plus que lui, traverse une crise ; les rapports avec l'adolescent Eugenio, fils d'un premier mariage de son épouse sont plutôt délicats et il cherche un bon thème pour un nouvel ouvrage.



Le récit couvre les réalités du monde dans la période de 2015 à 2020, telle la peur après les attentats du 13 novembre en France et le déclenchement de la pandémie, le mouvement "me too", le réchauffement de la terre et les menaces climatiques.



C'est justement ce dernier phénomène qui le conduit à Paris pour la grande conférence sur les changements climatiques du 30 novembre au 12 décembre 2015 et c'est à cette occasion qu'il fait la connaissance avec le scientifique italien, Jacopo Novelli, un personnage haut en couleur, avec qui il se lie d'amitié.



Certains désastres climatiques conduisent notre homme à se pencher sur les effets et suites atroces des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945.

Il en est tellement bouleversé, qu'il décide faire des effets radioactifs le sujet de son prochain livre. Dans le cadre de ses recherches, il se met en rapport avec un des rares survivants de cette horreur historique du bombardement de la ville de Nagasaki.



Il me faut signaler aux personnes sensibles que certains passages relatifs aux conséquences humaines de cette tragédie sont fort durs à lire.



Paolo Giordano, entre un séjour à la Guadeloupe et ses cours à Trieste, aborde une large variété de sujets, comme le syndrome de Cassandre, la jongle de Calais, la relation hommes-femmes dans le monde scientifique, l'alloparentalité... tout comme il fait défiler des personnages aussi divers que Marie Curie, Elon Musk et Nick Cave.



Le titre du livre se réfère à l'endroit où Jacopo Novelli essaierait de se retirer en cas d'apocalypse : l'île de Tasmanie, à 10 heures de ferry de Melbourne en Australie, loin des températures excessives et disposant de bonnes réserves d'eau douce.



Ce livre, qui paraîtra le 17 août en version française, constitue une approche très personnelle et intéressante des maux de notre temps et fait ainsi penser à son chef-d'oeuvre "La solitude des Nombres Premiers" de 2008, sans en avoir toutefois le même haut niveau exceptionnel.

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Tasmania

Paris en 2015, quelques jours après l'attentat du Bataclan, le narrateur de ce livre, un italien, un journaliste ou un écrivain, l'auteur de ce livre peut-être, est venu couvrir une réunion de plus des Nations-Unies, une énième "21ème" Cop .

Il est venu par conviction, peut-être, ou pour diluer son mal-être dans un plus grand malaise encore ...

Mais à trop embrasser de sujets, à trop s'embarrasser de petites anecdotes et des petits morceaux de vie de son personnage, Paolo Giordano finit par empêtrer son récit dans de petites longueurs et de longs ennuis.

Trente-quatre ans, une certaine inclinaison vers le glauque et le macabre, et un sujet qui vient s'imposer à lui : la bombe atomique et le projet Trinity ...

Je n'ai aimé, ni le film "Oppenheimer" de Christopher Nolan, ni ce livre de Paolo Giordano où j'ai eu une désagréable et indéfinissable impression de presque déjà lu, sans savoir pourtant d'où elle me venait.

Je me suis ennuyé dans ce roman, y ai ressenti soudain qu'un récit se trouve bancroche d'accoler de grandes problématiques sociétales avec une certaine déclinaison de l'intimité.

Je n'ai éprouvé aucune empathie, ni aucun intérêt pour ce personnage qui m'a semblé n'avoir comme justification littéraire de n'exister que pour et par son auteur.

Et c'est dommage, car le livre est très bien écrit, agréable et fluide à la lecture.

Peut-être vais-je piocher dans les livres précédents de Paolo Giordano pour me faire une idée meilleure et peut-être moins focalisée ...



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Tasmania

LE TROP EST L ENNEMI DU BIEN.



Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Le bruit du monde de m'avoir fait découvrir ce roman.



Tasmania est un roman où l'auteur a essayer d'entremêler trop de thèmes.

Le premier et le plus important du livre n'est pas, comme la 4ème de couverture le fait penser le réchauffement climatique, mais bien les relations humaines quand elles explosent.

L'auteur voit son couple se deliter et imploser, un ami prêtre est tombé amoureux... mais ça ne durera pas, un autre ami subit un divorce houleux où la garde de l'enfant se passe mal, une amitié s'effondre presque car l'un des protagoniste a fait une conférence houleuse,...

Là dedans viennent se greffer le réchauffement climatique, les dangers de l'atome et la bombe atomique, le féminisme, la parité homme-femme, le célibat des prêtres.



Moi, clairement je me suis ennuyée profondément sauf sur la petite trentaine de pages éparpillées dans le roman où l'auteur parle de la bombe atomique. Là, ca devient très intéressant... pour le reste, c'est limite du Beigbeder, mais avec beaucoup moins d'humour.
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Dévorer le ciel

Dans la solitude des nombres premiers, on avait apprécié il y a déjà plus de 10 ans tout le talent de Paolo Giordano, alors à peine 25 ans, pour éviter les stéréoptyes et les situations convenues, tout en parvenant à decrire des scénes d'amour fou qui marquent les esprit longtemps après l'avoir lu



Son nouveau roman dix ans plus tard " Dévorer le ciel" lui permet de récidiver tant il trousse à nouveau un incroyable roman d'amour,, un roman d'absolu qui suit une narration fluide rythmée dans . le décor de la campagne italienne, ses paysages reculés l'exposé de l'amitié sans bornes, l'éveil de sens, le poids de la religion



Un livre d'apprentissage par excellence pour une saga familiale et amicale ambitieuse et dense.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tasmania

Nous sommes peut-être à l'aube de l'extinction humaine.



C'est du moins l'un des thèmes que développe le narrateur (on sait qu'il signe P.G. comme Paolo Giordano) et qu'il est scientifique, catégorie physique. Il s'intéresse bizarrement beaucoup à la question de la bombe d'Hiroshima et vit entre Paris et l'Italie.



Quand « Tasmania » début, le narrateur est à Paris. Il y vit avec Lorenza, plus âgée que lui, et dotée d'un fils Eugenio. Entre ce fils et le narrateur, se noue une relation étrange, qui pourrait ressembler à de la paternité.

De paternité il est question. Et de l'amitié aussi il va être question. Car le narrateur a plusieurs amis masculins. Ils sont tous scientifiques, comme lui, dans des branches différentes.



Le premier s'appelle Giulio. Ils se sont connus sur les bancs de la fac, et se sont suivis depuis. Giulio a eu un enfant avec Cobalt, sa femme, appelé Adriano, mais presque depuis sa naissance Cobalt se bat pour avoir la garde exclusive de son fils. Giulio fait appel au narrateur pour qu'il l'aide dans son ce combat pour conserver le droit de voir son fils, par avocats interposés.



L'autre s'appelle Novelli. Il est renommé pour sa connaissance du changement climatique et sa connaissance des nuages – un thème qui va intéresser notre narrateur pendant un temps. Celui-ci se lie d'amitié avec lui, mais cette amitié va être mise à mal lorsque Novelli n'obtiendra pas le poste qu'il convoite à Gênes, et attribuera sa défaite au profit d'une consoeur italienne au fait qu'il y ait de la discrimination positive envers les femmes, ce qu'il conteste scientifiquement.



Il a un autre ami qui s'appelle Karol. Celui-ci est prêtre, mais vient de tomber amoureux d'une très jeune femme. Il demande conseil à notre narrateur, sur les questions de couple et d'amour conjugal. Ce dernier se prête au jeu, même si la relation de Karol à la jeune femme semble bien mal partie.



Le narrateur est un homme d'aujourd'hui, vivant cette époque étrange que nous connaissons tous et qui consiste à vivre avec l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes à cause du dérèglement climatique.



Il vit de publications qu'il fait dans un journal italien, le « Corriere Della sera » et a le projet d'écrire un livre sur la catastrophe d'Hiroshima. Entre Paris et l'Italie il enquête sur ce drame, sans toutefois sembler s'y investir comme il le devrait.

Et la relation insolite qu'il a avec Lorenza flotte également.



« Les faits ne mentent pas » fait-il dire à Novelli, reprenant à son compte ce mantra.



Il flotte dans tout ce roman une ambiance étrange, identique à celle qu'on peut vivre en ce moment, où que l'on retrouve dans un film comme « Don't Look up » sur l'histoire d'un déni cosmique. Une atmosphère morose, désillusionnée et contemporaine. Et une forme de nihilisme désabusé.



Alors, la Tasmanie ? Ce pourrait un lieu pour vivre la catastrophe à venir de la manière la moins difficile possible. Parce que c'est une île et qu'il y a de l'eau.

Crise environnementale, crise du couple, crise de l'amitié, crise de la paternité, rien n'est épargné. Avec une très bonne traduction de Nathalie Bauer, que j'ai retrouvé ici avec plaisir. Et avec mes remerciements à Masse Critique pour ce récit publié aux éditions du « Bruit du monde » : un très bon éditeur.



Mais je ne sais vraiment que penser de ce livre déroutant. A la fois fascinée par cet univers pré-apocalyptique qu'il décrit. Et agacée par sa passivité en tant que scientifique comme si aucune aventure (relationnelle, amoureuse, ou professionnelle) ne méritait déjà plus d'être tentée.



Peut-être faut-il dès à présent chercher sa Tasmanie.

Mais pour moi ce sera la littérature.



TasmaniaPaolo Giordanotous les livres sur Babelio.com



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La Solitude des Nombres Premiers

J'ai découvert cette histoire et cet auteur avec bonheur.

Deux personnages tendres et meurtris s'attirent et se repoussent de l'adolescence à l'entrée dans l'âge adulte. Ils traînent tous deux des souffrances qui les anéantissent au point qu'ils ont du mal à se sentir vivants.

Le jeune homme se mutile, la jeune femme est anorexique.

Ils arrivent bon gré mal gré à rentrer dans leurs vies d'adultes l'un avec une passion dévorante pour les maths, l'autre en devenant photographe, et en se mariant.

Leur amour reste impossible, parce qu"au bord du gouffre", et ces deux "vilains petits canards" ont la terrible sensation de passer à côté de leur vie sans pour autant avoir la force ou le pouvoir d'en choisir véritablement le cours...

Le texte est dense, fort, poignant et mené avec un propos que j'ai trouvé très original.

Ici, point de psychologie pour nous raconter les bleus et les désastres de l'âme, mais une écriture sèche qui décrit les évènements presque cliniquement...

Mais non... Pas cliniquement : MATHÉMATIQUEMENT!

Et si la vie et son étrangeté pouvait s'expliquer et trouver un sens acceptable grâce aux mathématiques... J'ai l'impression que l'auteur nous le suggère...

Les deux personnages de son histoire sont des nombres premiers, de ceux qui possèdent un jumeau. Ils se reconnaissent et se sentent faits l'un pour l'autre de manière évidente pour eux et pour les autres...

Mais ces nombres premiers jumeaux sont toujours séparés par un nombre pair...

C'est une loi qui s'applique...

L'auteur nous propose une théorie mathématique pour nous faire rêver ou réfléchir à l'amour et à son impossible, réécrivant ainsi sous la forme d'une formule et de sa démonstration le mythe de l'androgyne : être double, sphérique, plein, mais coupé en deux (par le destin, ou dieu, ou des dieux), et condamné ainsi à rechercher perpétuellement la réunion de ses deux parties.

Il nous prouve mathématiquement que ce n'est pas possible;)

C'est brillant, prenant et beau .
Lien : http://sylvie-lectures.blogs..
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Contagions

Nombre d'écrivains confinés vont profiter de ce temps pour écrire... un nouveau roman ou sur le sujet qui nous préoccupe tous en ce moment.

Voici le premier que je découvre. Paolo Giordano, nous propose, dès les premiers jours de son confinement, quelques réflexions sur le Covid-19. Un journal, qui chaque jour, avec l'évolution de la contamination et l'actualité, fait naître de nouvelles pensées.



Très vite lues, ces Soixante-cinq pages offrent un regard d'humain cohabitant sur notre planète et nous indiquent un des chemins vers un peu plus de sagesse, pour que ce que nous vivons ne soit pas totalement vide de sens.





"Pour le virus, l'humanité entière se partage en trois groupes : Les Susceptibles, c'est-à-dire tous ceux qu'il pourrait contaminer ; Les Infectés, c'est-à-dire ceux qu'il a déjà contaminés ; et les Rejetés, ceux qu'il ne peut plus contaminer.

Susceptibles, Infectés, Rejetés : SIR." p 11 et 12



"Nous ne sommes pas tous Susceptibles de la même façon, mais les Ultra-susceptibles ne le sont pas seulement du fait de leur âge ou de leur état de santé précédent. Des millions et des millions d'Ultra-susceptibles le sont du fait de leurs conditions sociales et économiques. Leur destin, même s'ils sont très éloignés de nous géographiquement nous concerne de très près. p 33

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Contagions

«Aucun homme n’est une île»



Il ne tient qu’à nous de réaliser le vœu de Paolo Giordano et de passer de la contagion à la réflexion vers ce monde qui reste désormais à construire. Car cet essai salutaire démontre combien les effets de la pandémie s’inscrivent dans la durée.



«Quand vous lirez ces pages, la situation aura changé. Les chiffres seront différents, l’épidémie se sera étendue, elle aura atteint tous les coins civilisés du monde, ou aura été domptée – peu importe. Les réflexions que la contagion suscite maintenant seront encore valables. Car nous n’avons pas affaire à un accident fortuit ou à un fléau. Ce qui arrive n’a rien de nouveau: cela s’est déjà produit et cela se reproduira.» Quand Paolo Giordano s’est décidé à écrire, un samedi 29 février, près de 85000 personnes étaient malades du COVID-19 (dont 80000 en Chine) et le nombre de morts approchait les 3000. L’Italie avait décidé des mesures de confinement et peu après, le monde allait s’arrêter. C’est ce qui rend cet essai aussi saisissant, c’est à la fois le décalage avec le «monde d’avant» et le vertige avec le monde qui vient. Passé l’urgence et le temps de la sidération quand, comme lui, nous avons «échoué dans un espace vide inattendu», il a bien fallu réfléchir aux moyens de s’en sortir, à imaginer quel sens ce nouveau monde pourrait avoir.

Pour le docteur en physique théorique qu’est Paolo Giordano, les mathématiques, la recherche scientifique, mais aussi en sciences humaines sont essentielles pour analyser et tenter de comprendre, aussi bien maintenant, dans ce qu’il appelle la phase des sacrifices autant que demain, durant la «phase la plus difficile, celle de la patience.»

Car c’est sans doute l’un des points essentiels de cette réflexion éclairante. Au moment où les premières mesures de déconfinement sont prises, il serait illusoire de croire que les choses vont redevenir normales. Tant qu’il n’y aura pas de vaccin, il faudra de la patience. Cependant, il ne tient qu’à nous de ne pas désespérer, même si les temps restent terriblement difficiles. De faire un meilleur usage de ce laps de temps, «nous en servir pour méditer ce que la normalité nous empêche de méditer: comment nous en sommes arrivés là, comment nous aimerions reprendre le cours de notre vie. Compter les jours. Appliquer notre cœur à la sagesse. Ne pas permettre que toute cette souffrance passe en vain.»

Aussi paradoxalement que cela puisse sembler avec les mesures barrière en vigueur, il nous faut comprendre que nous sommes membres d’une collectivité, «voir que nous sommes inextricablement reliés les uns aux autres et tenir compte de la présence d’autrui dans nos choix individuels.»

C’est aussi pour cela que je vous invite à acheter cet essai éclairant chez votre libraire – pour le lire si vous n’avez pas pu le faire jusque-là (rappelons que les éditions du Seuil ont choisi de mettre Contagions gratuitement à disposition sur leur site durant la période de confinement) – mais aussi pour conserver ce document qui, à n’en pas douter, sera un marqueur de votre histoire personnelle comme de celle du monde.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Tasmania

A l’occasion du “Grand Prix des Lectrices du magazine Elle” en 2020, j’avais eu l’occasion de découvrir la plume de l’écrivain italien, Paolo Giordano avec son très beau roman, « Dévorer le ciel ». Je n’ai donc pas hésité lorsqu’il m’a été proposé de lire son dernier, « Tasmania ».



Prenant d’abord pour thème le réchauffement climatique, son narrateur, physicien journaliste, doit se rendre au sommet du climat à Paris, en 2015, quelques jours après les attentats de novembre. L’auteur poursuit ensuite avec la bombe atomique et les débats inhérents à sa création.



Depuis la sortie cette été du film de Christopher Nolan sur l’un de ses créateurs, « Oppenheimer », ce sujet a été remis d’actualité avec la sortie de la biographie d’Oppenheimer ainsi que d’autres ouvrages à ce sujet.



J’ai aimé la façon dont l’auteur avait eu de traiter de ces différentes thématiques qui, au final, s’imbriquent assez bien. Alors que cette pléthore de thèmes différents peut dérouter plus d’un lecteur, j’ai totalement accroché à la construction du récit.



Le narrateur du livre, cet homme en crise, dont le profil est similaire à l’auteur lui-même, est très attachant, tout comme les personnages secondaires, si réalistes. Chacun de ceux-ci apportent bien quelque chose à l’histoire. Écrit d’une plume dont je reste conquise, le style fluide m’a accrochée très rapidement.



J’en ai beaucoup appris grâce à la partie consacrée au projet Manhattan qui se concrétisa par le largage des deux bombes atomiques sur les villes japonaises d’Hiroshima et de Nagasaki. Le texte est ponctué de témoignages de survivants qui sont touchants et émouvants.



Bien souvent, plus contemplatif qu’actif dans ce qui va mal, le narrateur se pose les questions quasi universelles de savoir ce que nous sommes, où nous allons et que va devoir ce monde.



Au final, j’ai beaucoup aimé ce livre très humain où l’auteur dévoile intimement ses tourments personnels, relationnels et professionnels. Définitivement, Paolo Giordano est l’un des auteurs à retenir en matière de littérature transalpine !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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La Solitude des Nombres Premiers

Voici un excellent roman noir qui m’a crevé le cœur. Il nous parle du mal-être de l'adolescent comme il peut s'exprimer cruellement de nos jours hélas, par des actes de mutilation, de violence, des rites de passage ayant lieu à l’école afin de payer son appartenance à un groupe. Ce roman aborde aussi la question de l’amitié, de l’orientation sentimentale et professionnelle qu'envisage un adolescent afin de pouvoir préparer sa vie adulte et son avenir.





Deux adolescents solitaires essayent de trouver une porte de sortie à leurs angoisses, Alice et Mattia. Ils se ressemblent et sont un refuge l’un pour l’autre.





« Les années du lycée avaient constitué une blessure ouverte que Mattia et Alice avaient jugée trop profonde pour qu’elle cicatrise. Ils les avaient traversées en apnée ; lui, refusant le monde ; elle, se sentant refusée par le monde, et ils s’étaient aperçus que cela ne faisait pars beaucoup de différence. Ils s’étaient construit une amitié bancale et asymétrique , composée de longues absences et de grands silences, un espace vide et propre où ils avaient tout loisir de reprendre haleine quand les murs du lycée se rétrécissaient au point de les étouffer. »





Leur passé n’est certes pas le même, mais l’un et l’autre sont solitaires et solidaires, et leur amitié, proche du sentiment amoureux, les soutient.





Un sentiment d’urgence domine le récit. Les sentiments restitués dans un style clair, direct, parlent au cœur du lecteur. Le suspense psychologique est présent. Paolo Giordano nous embarque dans un style simple, prenant, et une construction bien imaginée, et nous espérons que la vie soit un peu gentille avec ces deux jeunes gens. La fin que nous réserve ici l'auteur n’est pas comme les autres.
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