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Critiques de Pascal Bresson (330)
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Bugaled Breizh : 37 secondes

PEUT-ON AVOIR CONFIANCE EN L'ARMÉE ET EN L'ÉTAT ?

Vaste et douloureuse question. Eh oui, en soi, l'État n'est pas censé avoir des intérêts différents de ceux du peuple et l'armée, qui comme son nom l'indique, en est le bras armé, l'organe constricteur, n'est pas censée non plus être un objet ni un sujet de crainte pour les habitants. N'est-ce pas ?



Imaginons, simple supposition, qu'un groupe de détraqués se réclamant de l'Islam s'en prenne à un bateau français et occasionne la mort de ses cinq passagers. Vous imaginez sans peine la sainte trinité médias-état-armée se ruer sur l'occasion pour justifier de façon logico-mathématique l'envoi de belles petites bombes pacifiques sur un pays du Proche-Orient. Évidemment, ce n'est qu'une supposition.



Imaginons à présent que lors d'une manoeuvre bidon aux frais du contribuable sans lui avoir demandé son avis (au contribuable j'entends), un brave petit sous-marin de l'armée se prenne les pieds dans le tapis, disons même les hélices dans le chalut, et précipite au fond cinq malheureux pêcheurs dans l'exercice de leur fonction.



Vous pensez alors que les mêmes causes produisant les mêmes effets — CINQ FRANÇAIS TUÉS DANS LEUR BATEAU — la sainte trinité médias-état-armée fera amende honorable, reconnaîtra ses torts, fera ses excuses et indemnisera dignement les familles. Normalement, en toute logique, quelques têtes devraient tomber dans la chaîne de commandement, un ministre devrait démissionner et du chef de l'exécutif on pourrait s'attendre à un beau petit discours larmoyant pour montrer combien l'état se repent.



On pourrait s'attendre également à ce que la justice, quatrième élément de la sainte trinité fermant ainsi la quadrature du cercle, fasse son travail et en arrive aux conclusions qu'un enfant de dix ans pourrait tirer au vu des faits. Bon, je reconnais que les performances dudit sous-marin en matière de détection s'en trouveraient peut-être un petit peu égratignées, mais juste un petit peu.



Eh bien, mes chers concitoyens, au risque de vous surprendre, non. La réaction de la sainte trinité quadrangulaire a été quelque peu différente lors du naufrage du Bugaled Breizh le 15 janvier 2004. À l'heure où j'écris, l'affaire court encore et qui sait si on la rattrapera un jour avec l'avance qu'elle a eu le temps de prendre…



D'abord, on dit que les marins ont dû accrocher leur chalut dans un vilain caillou et comme ils ne sont pas très doués, ils sont tous allés au fond en un temps record de 37 secondes. Manque de bol, après vérification, il n'y a aucun caillou qui dépasse à cet endroit-là. (C'est peut-être même la raison pour laquelle les marins pourtant pas très doués ont déroulé leur chalut ici, allez savoir avec de tels incompétents.)



Ensuite, quand cette première hypothèse est écartée, que dit-on ? le ministère souffle dans l'oreille des journalistes qu'il s'agit à tous les coups d'un méchant cargo étranger qui a percuté le bateau et fait un méchant délit de fuite et qui est parti se dorer au soleil de l'Égypte pendant que nos malheureux matelots buvaient la tasse chez nous.



Mais après vérification, pas de bol, même le méchant bateau étranger était intact de chez intact au niveau de la coque. Au fait, rappelez-moi comment ça s'appelle déjà quand on lance une fausse information comme ça ? de l'intox, non ? Ouuuuuh ! pas bien le ministère, attention, je note, au bout de deux fois je retire un point sur la copie.



Bon alors, qu'est-ce qu'on dit maintenant ? On se refait un p'tit coup d'erreur humaine, comme pour l'Airbus du Mont Saint-Odile, ça vous dit ? Bon juste quelque jours, le temps de jouer la montre et que les intellos du ministère de la défense qui nous défend très bien trouvent autre chose pour faire taire un peu les familles des disparus et histoire de leur faire croire que la justice est juste. En attendant, chut ! pas un mot ! secret défense !



Bref, cinq hommes ont été tués par accident lors d'une manoeuvre sous-marine de l'OTAN et tout le monde en haut lieu cherche à étouffer l'affaire. Les médias, pourtant forts en gueule d'ordinaire, restent étonnamment muets à présent. Certaines mauvaises langues prétendent qu'il existe certains liens entre les groupes de presse et les équipementiers de l'armée ou les politiques.



Mais ça m'étonne beaucoup et personnellement je n'y crois pas du tout car je vois mal un Dassault, par exemple, être à la fois à la tête du Figaro et sénateur de l'Essone tout en vivant grassement des contrats d'armement de l'état. J'imagine que ce serait totalement impossible et seule une pensée défaillante et complotiste paraît capable d'affirmer de telles hérésies.



Donc 5 marins pas doués ont été emportés dans le maelström créé par l'action simultanée d'un champ magnétique extraterrestre et d'un squelette de dinosaure hyper-réactif, le tout couplé avec une filière de blanchiment d'argent sale ayant soutenu les exactions futures de Daesh. C'est la version officielle du ministère et je préfère m'y tenir, n'ayant pas d'avis autorisé sur la question.



Si vous avez l'impression que l'explication pourrait être autre (ce que je vous déconseille), alors lisez cette BD qui explique parfaitement les enjeux et les faits. Sur les seules qualités graphiques et textuelles, j'aurais tendance à estimer l'ouvrage seulement à trois étoiles car si je trouve les paysages et les dessins de bateaux extrêmement bien réalisés, les personnages et leurs attitudes me satisfont moins.



De même pour le texte que je ne trouve pas exceptionnel mais qui en revanche fait réfléchir sur ce bel appareil médias-état-armée-justice et qui donc a suscité mon intérêt.



Mais, comme toujours, chers Enfants de Bretagne *, ceci n'est que mon avis, un tout petit avis perdu dans les flots, susceptible lui aussi de couler en 37 secondes, c'est-à-dire, pas grand-chose.



(* Bugaled Breizh en Breton)
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Elle s'appelait Sarah (BD)

Paris, juillet 1942. Des coups violents contre la porte, en pleine nuit. La Gestapo qui s'annonce et ordonne d'ouvrir. Sarah, apeurée, va réveiller sa maman, certaine que la police vient chercher son papa. Malheureusement, celle-ci aura beau fouiller l'appartement de fond en comble, elle ne le trouvera pas. Tout comme Michel, le petit frère de Sarah, que cette dernière aura caché au fond d'un placard, lui promettant de revenir le chercher dès que possible. Ne voulant pas abandonner sa famille, le papa sort de sa cachette et rejoint sa femme et sa fille. Entassés dans des bus, des centaines de Juifs comme la famille Starzynski rejoignent le Vélodrome d'Hiver...

Paris, mai 2002. Julia Jarmond, journaliste pour l'hebdomadaire américain "Seine Scènes", visite aujourd'hui l'ancien appartement de Mamé, la grand-mère de son mari, Bertrand. C'est ici que toute la petite famille, après quelques travaux, devrait emménager. Appelée par son chef, Julia s'éclipse et retourne au bureau. Son rédacteur en chef lui propose de rédiger un article pour le 60ième anniversaire du Vel d'Hiv', le Vélodrome d'Hiver où furent parquées, pendant des jours, des milliers de familles juives, dans des conditions atroces, avant de les envoyer à Auschwitz. Une enquête pour le moins marquante et bouleversante attend Julia...





Après le film, réalisé par Gilles Paquet-Brenner en 2010, le roman éponyme de Tatiana de Rosnay est adapté aujourd'hui en roman graphique, par Pascal Bresson et Horne. L'on suit, alternativement, la jeune Sarah, promise, avec ses parents, à la déportation vers Auschwitz, et Julia qui, suite à un article qu'elle doit écrire et ses interrogations face à l'appartement de Mamé, va s'attacher au destin peu commun de la jeune fille. Une enquête, reflétant celle de Tatiana de Rosnay lors de l'écriture de son roman, qui interpelle quant à l'amnésie des Français face au comportement de sa police lors de la rafle du Vel d'Hiv. L'intrigue monte crescendo au fil des pages, l'émotion est palpable et l'intensité de ce récit ô combien présente. Pascal Bresson s'empare à merveille du scénario originel et Horne magnifie, de par son graphisme tout en nuance de gris, excepté la blondeur des cheveux et le bleu azur des yeux, cette histoire sombre et tragique. Un récit remarquable et d'une grande justesse...
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Simone Veil et ses soeurs : Les Inséparables

Je connaissais assez bien le passé politique de Simone Veil, ayant été marquée par l'hostilité et le traitement que lui avait réservés l'Assemblée Nationale au moment de la loi sur l'avortement. J'avais aussi suivi son rôle dans la construction européenne. Je savais qu'elle avait été déportée. J'ignorais tout des détails. Et je ne connaissais pas ses sœurs. Et ce sont ces aspects là que cette BD développe principalement, même si elle revient aussi brièvement sur la vie politique de Simone. Elle a été inspirée du livre de Dominique Missika.



Le récit est mené sous forme de souvenirs échangés entre Simone et sa soeur Denise lors d'un de leurs dimanches traditionnels de retrouvailles entre soeurs. On est en Décembre 2008. Elles sont seules, se promènent, se réchauffent près de la cheminée et se remémorent doucement leur passé. La troisième soeur est absente. On comprendra plus tard pourquoi.

Les planches de BD alternent donc entre ce présent et les époques anciennes, de l'annonce de la guerre aux combats d'après celle-ci.



J'ai appris énormément de choses dans cette BD, très informative. Peut-être trop. Beaucoup de texte sur certaines planches, des bulles très importantes par moments qui nuisent un peu à mon avis à la fluidité de la lecture. Et ce texte sonne un peu trop écrit, pour correspondre à ce que l'on imagine d'une conversation informelle entre soeurs.

Par contre, j'ai beaucoup aimé les dessins, assez classiques et les couleurs, qui s'accordent avec la tonalité des évènements, plus vives lors des moments heureux, un peu passées lors des souvenirs les plus horribles. Les visages différents des soeurs au cours du temps reflètent bien leurs conditions de vie, leurs ages et permettent cependant de les reconnaitre au fil des évènements.



Une BD qui comme son titre l'indique est un témoignage sur la fratrie (ou plutôt la sororie) et s'attarde longuement sur leurs sentiments et leurs difficultés à se réhabituer à une vie normale après la guerre, à témoigner.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions La boîte à bulles pour ce partage #SimoneVeiletsessoeurs #NetGalleyFrance
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Florence Arthaud, femme libre

.

Un très bel hommage .

Florence revit pour nous sous la plume de Pascal Bresson .

Dans cette biographie romancée , le journaliste Vincent Rech rencontre la navigatrice pour réaliser son portrait avant la quatrième Route du Rhum en 1990 .

L'interview permet , par la voix de l'héroïne , de retracer des moments marquants et très médiatisés . Ainsi , au gré des bulles se dessine un résumé assez fidèle de la vie de " la petite fiancée de l'atlantique " . Sa carrière et sa vie de famille sont largement évoquées ainsi que ses fiefs et autres passions .

Une belle part est faite à la Bretagne bien sûr ...



En revanche , mieux vaut s'intéresser un peu aux grandes courses car sans trop entrer dans les détails , la vie à bord occupe une bonne place ainsi que quelques précisions sur le sponsoring .

Mais , quelle émotion de retrouver d'autres grands noms de la voile .

Les disparus en mer : Alain Colas , Loïc Caradec , Eric Tabarly , Laurent Bourgnon ... pour le souvenir , eux aussi revivent l'espace d'une page.

Et on retrouve d'autres amis comme , Philippe Poupon , Loïc Peyron et " bien sûr Olivier de Kersauson ... j'en oublie certainement .



On voit aussi l'évolution des bateaux et les galères de Florence qui a dû partir du simple monocoque et attendre qu'enfin on lui confie le sublime trimaran " Pierre 1er ", à elle , Arthaud , la seule femme de la course .

J'avoue avoir eu la larme à l'œil en revoyant ce petit bijou , même stylisé . Quelle course , mais quelle course !

Elle occupe d'ailleurs une bonne partie du récit : la fameuse Route du Rhum de 1990 : sa grande victoire !



Donc , ce très bel album , illustré par Sophie Ruffieux m'a vraiment transportée dans le souvenir de cette grande dame de l'aventure à la fois rebelle , humble , sensible et si forte .

Pourtant , je connais bien sa biographie pour avoir lu tous ses ouvrages et suivi bon nombre des courses mais ce fut malgré tout un plaisir renouvelé .

Petite parenthèse : je voudrais profiter de l'instant pour dire tout le bien que je pense de sa plume tout empreinte de délicatesse et de poésie .



Ici , j'ai apprécié le graphisme en particulier les portraits de Florence qui m'ont semblé très réalistes et expressifs . Et , de temps à autre le récit est émaillé de quelques notes d'humour bien savoureuses .

Mais , tant d' affectif affleure dans cet album qu'il est souvent difficile de contenir son émotion .

Un très bon moment de lecture .

Grand merci aux Editions Marabulles et à l'équipe M.C. Privilégiée de Babelio pour ce beau cadeau .





















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Simone Veil et ses soeurs : Les Inséparables

On connaît bien la vie de Simone Veil, son arrestation et sa déportation, mais ici c'est l'histoire de la fratrie qui est relatée, notamment les événements dramatiques de la seconde guerre.

Simone est la cadette d'une fratrie de quatre enfants, deux soeurs aînées et un frère.

Denise, la plus grande, s'engage très vite dans la Résistance, et elle sera célébrée en tant que telle après la guerre.

Simone est la plus jeune mais aussi la plus rebelle et elle est très proche de sa soeur Madeleine (Milou) avec laquelle elle sera déportée.

Et on se souvient de leur père et leur frère, séparés d'elles dès leur arrestation et morts en déportation, et de leur mère, morte auprès d'elles à Auschwitz.



L'album est construit avec des aller-et-retour entre le présent (2008), alors que Simone et Denise se retrouvent chaque dimanche et évoquent leurs souvenirs, et le passé avec les épisodes marquants de leur vie notamment pendant la guerre et dans les camps.

Les flash-back et les « zooms » qu'ils proposent veulent parfois trop en dire, détaillant et redonnant le contexte de chaque événement, et ce côté pédagogique nuit à la fluidité du récit.

Mais le dessin est agréable, classique, avec des couleurs vives ou pastels, selon la gravité du moment.

La description des divergences entre les deux sœurs (l'une résistante célébrée, et l'autre « seulement déportée » et qui a eu du mal à trouver sa place comme « porte-parole des déportés ») est bien vue et offre un angle d'analyse original.

L'album est inspiré du livre du même nom de Dominique Missika.

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Plus fort que la haine

1933, Kentwood, petite localité au fin fond de la Louisiane. Le Ku Klux Klan fait la loi et n'hésite pas à lyncher ou pendre les Noirs. Doug, jeune Noir de 20 ans, travaille dans la scierie de Sanders, patron raciste peu scrupuleux qui traite ses ouvriers comme des esclaves. Le jeune homme, véritable force de la nature, abat plus de travail que les autres sans pour autant être mieux payé. Son père, qui travaille avec lui, veut faire entendre sa voix et réclame au patron une augmentation pour le double de travail de son fiston. Sanders, furieux de ce manque de respect, finit par l'insulter, lui et son fils, et par le frapper. Doug intervient pour aider son père. Malheureusement, les deux hommes sont aussitôt virés. Sans salaire, l'argent va vite manquer. Le jeune Doug va devoir trouver un exutoire à cette haine qui l'habite et à ce sentiment d'injustice...



En 1933, le Ku Klux Klan fait régner sa loi. Les Noirs, s'ils ne veulent pas finir pendus au bout de leur corde, ont tout juste intérêt à la fermer. Une moindre protestation de leur part et les hommes cagoulés n'hésitent pas à les lyncher, les frapper ou encore à brûler leur maison. Ce jeune Doug, fougueux et révolté, va devoir apprendre à canaliser sa haine et sa révolte. Le ton est donné dès les premières pages avec cet homme noir pendu. Pascal Bresson nous met dans la peau de ce jeune homme et réussit, en une cinquantaine de pages, à nous raconter sa vie. L'on ressent parfaitement cette violence et cette haine. C'est peut-être un peu court, dommage. Le dessin de René Follet, à l'instar de Doug, frappe juste et fort. Son trait percutant et son noir et blanc nous plongent dans une ambiance pesante.



Tout est Plus fort que la haine...
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Florence Arthaud, femme libre

Cette bande dessinée est un très bel hommage à une femme navigatrice exceptionnelle qui a su hisser au niveau des plus grands lesquels ont reconnu et salué ses performances.



Les couleurs pastels des dessins de Pascal Bresson traduisent finement la grande aventure maritime de cette héroïne, aussi bien par mer calme que sous la pluie ou dans la tempête. J'ai bien aimé le rendu des différentes séquences avec quelques planches pleine pages que j'aurais souhaitées plus nombreuses.



L'histoire de Florence est également bien conduite. On ne se perd pas dans les allers-retours au fil de sa vie et de ses exploits. On a de l'humour correctement dosé et de belles citations d'autres grands de la mer. Les auteurs ont illustré au mieux la simplicité de Florence, sa volonté et son courage, tant en mer que sur terre au fil des difficultés de sa vie.



Un petit bémol sur la quatrième de couverture qui évoque le déchaînement de... l'Océan au large du Cap Corse. Pourtant cette nuit de la fin octobre 2011 représente aussi un temps fort de la vie de Florence dont le sang-froid a contribué à son salut. Sur ce sujet, il est intéressant de lire son livre : Cette nuit, la mer est noire. Elle y déroule ses angoisses dans ce moment terrible, mais aussi celles de sa vie ainsi que la joie de ses victoires.



Une femme libre, ainsi que le dit le titre, c'est bien Florence Arthaud, elle qui a su conquérir cette liberté et la conserver jusqu'au bout de sa vie abrégée par une fatalité que, pour une fois, elle ne pouvait contrôler.
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Simone Veil : L'Immortelle

'Immortelle', Simone Veil, selon le terme qui définit les personnes reposant au Panthéon : « 78 grands hommes dont 5 femmes » (sic).



Immortelle, Simone Veil, pour ceux qui se souviennent d'elle, de son combat pour les droits des femmes en général et en faveur de l'avortement en particulier, lorsqu'elle était ministre de la santé dans les années 1970.

Eternelle aussi pour ceux qui, comme moi, un peu jeunes alors pour comprendre, entendaient le profond respect et l'admiration qu'elle inspirait aux adultes, de droite, de gauche, du centre, athées ou croyants...



Centré sur les débats à l'Assemblée nationale autour de 'sa' loi sur l'IVG en 1974, cet album évoque également la jeunesse de Simone Veil, née Jacob à Nice en 1927, déportée avec sa famille vers les camps nazis en 1944. Elle a vécu l'horreur à Auschwitz, au côté de sa mère, d'une de ses soeurs, et de son amie Marceline Rozenberg (connue plus tard sous le nom de Loridan-Ivens). Son père, sa mère, son frère ne sont pas revenus.



L'être humain est capable du pire, Simone Veil en a fait la douloureuse expérience à plusieurs reprises. Ses détracteurs ont brandi son passé pour la déstabiliser, la détruire, lorsqu'elle a défendu l'avortement. Elle a dû affronter un déferlement de haine : lettres d'insultes, foule grondante devant le Parlement, croix gammées taguées devant son domicile. Nombreux ont osé un parallèle avec le génocide juif.

Cet exemple parmi d'autres, lors des débats à l'Assemblée : « On est allé - quelle audace incroyable ! - jusqu'à déclarer tout bonnement qu'un embryon humain était un agresseur, eh bien ! Ces agresseurs, vous accepterez, madame, comme cela se passe ailleurs, de les voir jetés au four crématoire ou remplir des poubelles. » (Jean-Marie Daillet, député Centre démocrate).



Un documentaire à partager avec toutes les générations, pour passer le relais de la mémoire et rappeler que rien n'est jamais acquis en matière de droits.

Mais aussi un témoignage sur le contexte socio-politique des années 70 sous Giscard, pas si différent de celui d'aujourd'hui (stratégie, mesquinerie, sexisme...). Où l'on voit aussi qu'on peut être à la fois de droite et de gauche. Ou plutôt que ce clivage n'a pas de sens, le coeur et la raison devraient l'emporter lorsqu'on prétend représenter le peuple.



Pour résumer l'esprit de cet album qui rend un bel hommage à cette grande femme, ces mots de Simone Veil : « L'horreur a fait de moi une femme sensible et pudique, à la fois dure et réservée, véhémente et sereine. »

Et cette séquence, toujours aussi émouvante : https://www.youtube.com/watch?v=LgDrHX9LmF8
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Simone Veil : L'Immortelle

26 novembre 1974, Paris. Simone Veil, ministre de la Santé, est à la veille de présenter son projet de loi de dépénalisation de l’avortement à l’Assemblée. Les débats sont violents. René Feit, député du Jura fermement opposé au projet, ira même jusqu’à comparer le projet de loi au racisme nazi. Il n’en faut pas plus à Simone Veil pour replonger dans son passé de déportée juive, du moins c’est le chemin proposé par le scénario.



Classique, informatif, sobre, avec un choix de couleurs uniques liées au temps de l’histoire évoqué, "Simone Veil, l’immortelle" est une biographie historiquement et humainement nécessaire.



Attention à la sensibilité des plus jeunes, il y a évidemment des dessins particulièrement durs...

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Florence Arthaud, femme libre

Chacun est fait comme il est,

Chacun prend feu comme il peut,

Chacun va son chemin jusqu’à l’endroit du destin…



Les paroles de cette Chanson de Pierre Bachelet, « Flo » s’avèrent avec le temps d’une puissance folle quand on connait le sort de cette femme d’exception, époustouflante de détermination, de cran et d’énergie.



Flo, c’est bien le nom que tu voulais et « petite fiancée de l’Atlantique » celui qu’on te donnait…

Tu as été une reine de la navigation et plusieurs fois tu as su démâter la suprématie du mâle de mer. En fait, c’est toi qui souvent les as menés en bateau…sur tes flots.



Cette biographie graphique décrit son ascension de navigatrice, ses victoires et ses déboires, résume sa jeunesse, sa vie sentimentale, ses forces et ses faiblesses.

Pourquoi n’ai-je pas vibré ?

Simplement, je suis resté cantonné en spectateur ankylosé, trop dirigé par les images figées de ses prouesses et de ses infortunes m’interdisant les rêves et me masquant les angoisses.



Je considère qu’il est extrêmement difficile de s’évader d’une bande dessinée, même de qualité quand il s’agit d’une histoire vraie ou d’une biographie. Je me sens prisonnier du dessin que l’on m’impose surtout quand il s’agit d’un personnage charismatique comme Florence Arthaud. Je suis déboussolé de ces mimiques naïves ou de ces sourires niais qui ne correspondent aucunement aux images que je garde de cette femme à la fois solide et sensible.



La bande dessinée représente un support de choix pour les personnages imaginaires créés de toutes pièces par de géniaux dessinateurs et mis en bulles par d’inventifs scénaristes.

Je m’y suis maintes fois régalé. Mais pas là !



« Toi qui ressembles à la marée sous tes paupières ultra-marines », je préfère t’imaginer éternelle et te conserver intacte dans ma bulle.







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Florence Arthaud, femme libre

Qui n’a jamais été fasciné par les aventures de Florence Arthaud, la navigatrice la plus téméraire de son époque, celle qui tenait la dragée haute aux hommes plutôt misogynes dans ce milieu de la navigation ? Elle n’a pas usurpé son surnom de « la petite fiancée de l’Atlantique »

L’histoire débute le 29 octobre 2011 par cet épisode qui aurait pu être tragique : à bord de son voilier au large du Cap Corse, Florence Arthaud tombe à la mer. Elle sera secourue alors qu’elle est en hypothermie.

Vincent Rech, journaliste, a suivi les exploits de la jeune navigatrice dès ses débuts, et ils deviendront amis.

Tout commence en 1978 lorsqu’elle prend le départ pour la route du Rhum, une course en solitaire réputée difficile. Parmi les marins au départ, des navigateurs aguerris comme Alain Colas, Olivier de Kersauson et Philippe Poupon. Florence Arthaud va se battre jusqu’au bout malgré les avaries et l’épuisement, elle finira à la onzième place.



En 1990, Florence Arthaud, femme libre prend le départ pour sa quatrième route du Rhum. La presse n’est pas tendre pour la navigatrice. Pourtant, c’est elle qui va remporter la course en quatorze jours, un bel exploit et un pied de nez à tous ceux qui n’y croyaient pas !

Vincent le journaliste et ami poursuit son récit en évoquant la naissance de sa fille Marie. Puis vient le temps de l’engagement humanitaire. Le 9 mars 2015, alors qu’elle participe au tournage d’une émission d’aventure en Argentine, Florence Arthaud trouve la mort dans un accident d’hélicoptère.

Reste le souvenir d’une femme libre, une obstinée qui a su dominer les mers et braver le danger.



Le récit que nous livre l’auteur Pascal Bresson, est vivant, on retrouve le franc-parler de la navigatrice, et sa passion pour la mer. Il a choisi de ne parler que des moments forts dans la vie de la navigatrice, passant très vite sur les périodes de doute et de difficultés.

Le dessin de Sophie Ruffieux, très réaliste, colle au plus près de la réalité et son pinceau a su donner vie à la grande navigatrice. Les scènes de mer qui nous mettent en situation sont particulièrement réussies.

Un bel album qui permet de découvrir le destin de la « petite fiancée de l’Atlantique » et je remercie Babelio et les éditions Marabulles pour cette découverte.









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Simone Veil et ses soeurs : Les Inséparables

Club N°55 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Une grande réussite, tant du point de vue narratif que du point de vue de l'illustration.



Les planches qui évoquent la jeunesse de la famille Jacob et le rendez-vous des 2 sœurs, Simone et Denise, le dimanche sont colorées, alors que celles qui racontent l'occupation, les camps et tout ce qui a trait à la guerre sont dans les tons gris et marron.



Le dessin est à la fois sobre et réaliste, et le récit parallèle entre les flashbacks et les échanges entre Simone et Denise rendent la lecture de cette bande-dessinée passionnante et fluide... même si je lis certaines critiques qui trouvent le procédé "artificiel" et "lourd".



Il se trouve que Simone et Denise règlent un peu leurs comptes aussi durant cette rencontre, elles ont besoin de se parler, d'évoquer leurs souvenirs, les choses qu'elles n'ont pas vécues ensemble, et oui il y a de quoi dire, difficile de ne pas avoir beaucoup de texte pour tout raconter.



L'accent est notamment mis sur cette terrible différence entre les déportés politiques et ceux qui l'ont été juste parce qu'ils étaient juifs, tziganes, homosexuels, différence de traitement entre les camps d'internement et les camps d'extermination, mais aussi et c'est terrible, différence de "considération" auprès des gens.



Simone Veil a ressenti de façon dramatique que les déportés "s'étaient contentés" de subir , alors que les résistants avaient lutté contre l'occupant.



On voit aussi ce que pouvaient penser certains quand les survivants des camps revenaient, et pour ceux qui avaient vécu l'horreur, qui avaient du mal à en parler, qui avaient perdu leur famille, ils devaient en plus se heurter à l'incompréhension, au doute, à l'ignorance, au fait que les gens voulaient tourner la page, et cela devait être horriblement difficile à vivre, tout en essayant de retrouver une vie "normale", si tant est que cela soit possible.



L'évocation des souvenirs de la famille Jacob est pleine d'émotion, on voit une famille unie et tellement loin d'imaginer ce qu'ils s’apprêtent à vivre...



Bien évidemment la vie de Simone, de Madeleine et de leur maman dans les camps, la façon dont Simone protège sa sœur et sa mère, est poignante, tout comme l'engagement de Denise dans la résistance, si jeune et parfois perdue.



Pascal Bresson avait écrit "Simone Veil : l'immortelle", qui était consacré aux combats de cette grande dame.



Et "Simone Veil et ses sœurs" complètent parfaitement ce premier récit.



Gigi

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C'est toujours avec beaucoup d'émotions que je lis les ouvrages sur Simone Veil ... Une femme inspirante ...



Même si on connait son histoire grâce aux nombreux ouvrages, cette BD se concentre sur le parcours, le point de vue et le ressenti des 2 soeurs qui ont vécus l'horreur pendant la guerre, mais de façon différente, Denise résistante, et Simone déportée.



Ouvrage utile, riche en informations, les dessins sont classiques et sobres, avec une belle coloration.



Sophie

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Ayant déjà la première BD de Pascal Bresson sur Simone Veil et venant de voir le film "Simone, le voyage du siècle", j'étais un peu dubitative avant de commencer cette adaptation du texte de Dominique Missika.



Mais c'est plutôt réussi.



L'alternance des échanges entre Denise et Simone et les souvenirs, symbolisée par des formes de cases différentes, rend cet album dynamique.



L'angle choisi est différent de l'oeuvre précédente de Bresson.



Ce nouvel album apporte des informations différentes et trouve tout-à-fait sa place dans une bibliographie de Simone Veil.



Virginie

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Je pensais en connaitre déjà pas mal mais avec Pascal Bresson on en apprend toujours : intéressant le comparatif de traitement des 2 soeurs après la guerre.



Nicolas

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Elle s'appelait Sarah (BD)

Mettez ça sur le compte de la flemme ou bien encore d'un pseudo concours de circonstances passé haut la main mais j'ai préféré me pencher sur le pendant à bulles plutôt que sur le livre original.

Difficile, donc, d'émettre une comparaison forcément biaisée par une évidente mauvaise foi mais j'ai, malgré tout, largement préféré la bd, allez savoir pourquoi.



1942.

Sarah et presque toute sa famille viennent d'être embarqués par la police, direction le Vél' d'Hiv'.

C'est le début de l'enfer.



2002.

Julia et toute sa famille prennent possession d'un vieil appart' de famille. Celui habité par mamé depuis 1942.

C'est le début de l'enquête.



Les toutes premières pages donnent le la.

Sombre, cafardeux, morbide, le tout, traversé par quelques touches de lumière dorée.



Le scénario est habile.

Un récit jouant sur deux temporalités pour évoquer ce que fut l'horreur du nazisme, sans toutefois oublier la généreuse part contributive de certains de nos compatriotes en matière de dénonciation sommaire et autre condamnation collaborative, et ses répercussions cauchemardesques bien des années plus tard.



Julia en investigatrice opiniâtre et c'est tout un pan mortifère qui renaît de ses cendres pour ne pas oublier.

Ne pas oublier que cela a existé.

Ne pas oublier que cela pourrait recommencer. Les partis populistes ont aujourd'hui dangereusement le vent en poupe.

Ne pas oublier, qu'à quelques heures de chez nous, des massacres de masse n'en finissent pas de faire les choux gras des journaux de 20h bien plus préoccupés par leur courbe d'audience voyeuriste que par la tragédie proprement dite larmoyeusement évoquée. Et l'on se lamente deux minutes collectivement avant de passer à la météo du lendemain et sa grisaille humide qui ne manquera de nous faire ruminer.



La vie de Sarah n'aura finalement été qu'un long tunnel d'atrocités morbides.

Ça aurait plutôt tendance à remettre les choses en perspective.

Ceci dit, c'est quand même du beau temps pour la saison...



Grand moment...
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Elle s'appelait Sarah (BD)

"Elle s'appelait Sarah" est un roman graphique adapté du livre éponyme de Tatiana de Rosnay. La lecture de ce dernier m'avait beaucoup émue. J'ai alors eu envie de voir ce que Pascal Bresson et Horne en ont fait.

J'aime beaucoup le graphisme stylisé. Le fait de ne pas mettre de visage sur les policiers les déshumanise encore plus, ce qui renforce l'atrocité de leurs actes. Par ailleurs, ne mettre en couleur que Sarah et les personnes bienveillantes est une idée intéressante.

Cet album retrace bien l'histoire de cette petite Sarah et à travers elle, dénonce les atrocités commises par les nazis certes, mais aussi par les policiers français. Il y a toutefois moins d'émotion que dans le livre, les faits sont bien sûr terribles et bien retransmis dans l'album mais les dessins et le texte ne sont pas ici aussi forts que les mots et la plume de Tatiana de Rosnay. Cet album s'adresse toutefois peut-être un plus grand nombre et c'est bien qu'il soit lu par un large public.



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Simone Veil : L'Immortelle

A la bibliothèque, j'ai emprunté la bande dessinée Simone Veil : L'Immortelle de Pascal Bresson.

Simone Veil, née Jacob, rescapée de la Shoah, a fait de la lutte pour les droits des femmes son combat.

Une lutte contre le sexisme, la misogynie et pour la dignité qu’elle porta au sein de l’Assemblée nationale alors qu’elle était ministre de la Santé. Une bataille qu’elle ne cessa jamais de mener.

Disparue le 30 juin 2017, elle entre au Panthéon le 1er juillet 2018.

L'Immortelle est une bande dessinée en hommage à Simone Veil, personnalité très appréciée par de nombreux français.. et pas que.

C'est à elle que l'on doit la loi Veil légalisant l'avortement. Et justement, l'auteur revient sur cette période. Il est très intéressant de découvrir toute les difficultés rencontrées par cette femme pour réussir à faire passer sa loi.

Je suis née en 1974, je ne me souviens évidemment pas de cette période même si j'en ai entendu parler.

J'ai apprécié de revenir sur tout ça : les vacheries des politiques concurrents, les manifestions parfois violentes, les propos plus que limites. C'est très instructif et il faut avouer que ça fait un peu froid dans le dos. Elle a réussi à faire passer cette loi, pourvu qu'aucun gouvernement ne revienne en arrière !

Parfois, Simone Veil retourne dans ses souvenirs, nous permettant de découvrir son adolescence, son arrestation, sa vie dans les camps..

Ayant lu Une vie, son autobiographie, je connaissais déjà ces passages mais les lire sous forme de BD m'a captivé. C'est très vivant et j'ai été happée par ma lecture.

Les textes sont pertinents et les illustrations très bien réalisés. On reconnaît Simone Veil par rapport à sa corpulence mais aussi par rapport à ses traits. C'est criant de vérité. Quand aux passages se déroulant dans les camps, les illustrations sont vraiment poignantes, notamment quand ces femmes sont toutes rasées et se ressemblent toutes. Cela fait mal au cœur et froid dans le dos.

J'ai été très touché par cette BD qui est magnifique. J'ai beaucoup apprécié les dernières planches.

Je ne peux que vous inviter à lire vous aussi L'Immortelle, qui mérite un énorme cinq étoiles :)
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Plus fort que la haine

« Plus fort que la haine », il faut qu’il le soit fort Doug Wiston pour ne pas répondre au racisme latent qui règnent dans cette Louisiane ségrégationniste ou l’immonde Ku Klux Klan fait régner la terreur. Ne pas répondre aux provocations, serrer les dents et les poings. Justement ces poings, permettront ‘ils à Wiston le respect et la reconnaissance malgré la couleur de sa peau ?

Comme son personnage, on passe de la colère à l‘abattement, de l’envie de vengeance à la résignation. Bresson montre la lutte quotidienne dans ces années 30, pour espérer survivre un jour de plus., la ségrégation et les intolérables exactions du Ku Klux Klan, le seul droit est celui de se taire et de faire profil bas. Et même cela, ne vous mets pas à l’abri de la folie meurtrière du KKK.

La route sera longue pour Wiston et les siens, d’ailleurs, elle l’ai encore de nos jours même si elle l’est de manière plus insidieuse. D'ailleurs, il faudra attendre 2008 pour avoir un Président noir et 2014 pour voir Loretta Lynch, première femme noire au ministère américain de la Justice. Un très bel album entièrement dessiné en noir et blanc. Dommage que Pascal Bresson nous offre son final de façon si abrupte et rapide. 3.5/5
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Simone Veil et ses soeurs : Les Inséparables

Le dimanche, Simone Veil et sa sœur Denise ont l’habitude de se retrouver en Normandie, à Cambremer. En attendant l’arrivée de Denise, le chat fait tomber une photographie prise par le père, représentant la famille Jacob, à la Ciotat, sur la plage : Madeleine, Denise, Jean et Simone avec leur mère. La maladresse du beau matou fait remonter les souvenirs : les temps heureux sous le soleil, dans l’insouciance, qui vont bientôt s’assombrir car les nazis vont mettre à mal ce bel équilibre…



Le récit va alterner, au fil de la remontée des souvenirs, les jours heureux, la famille soudée, la montée du nazisme et la guerre, les camps de concentration, le retour, et le parcours de Simone.



On voit la confiance aveugle d’André qui ne voit en Pétain que le chef de guerre de 14-18 et obéit lorsqu’on lui demande d’aller se déclarer comme Juif en mairie, même s’il voit qu’il est mis sur la touche dans son travail.



Néanmoins, tous seront déportés, les parents, Simone, Madeleine et Jean raflés en tant que Juifs, alors que Denise le sera à titre de résistante ayant risqué sa vie, après avoir résisté à la torture. Seule Simone et Denise reviendront, mais comment témoigner de l’horreur des camps alors que la France d’après-guerre veut oublier.



J’ai beaucoup aimé la présentation, avec ces allers et retours passé-présent qui rendent le récit moins oppressant, la manière de raconter l’Histoire respectant le déroulement des faits, tout en narrant l’histoire de la famille Jacob.



Le choix des couleurs m’a plu ; la couleur pour les moments heureux, le camaïeu de gris pour décrire les camps. Le caractère rebelle de Simone tout au long de sa vie, ses combats de femme.



Je connaissais beaucoup de choses sur sa vie, car je voue une admiration sans borne pour cette femme, et je me souviens très bien de la manière dont elle a défendu son texte de loi à l’assemblée nationale, sous les huées de certains députés qui n’ont pas hésité à la traiter de nazi (elle est sortie en pleurs).



Par contre, j’ignorais qu’au retour des camps on avait fait une distinction entre les « bons déportés » issus de la Résistance et les autres, victimes de la Shoah qu’on traitait avec un certain mépris, car ils ne s’étaient pas rebellés lors de leur arrestation !!! et toute sa vie, Simone ressentira cette différence car Denise est une héroïne reconnue par rapport à elle.



Les dessins m’ont plu, les textes aussi et cette BD m’a donné envie de lire le roman de Dominique Missika que j’avais laissé de côté (vu l’état d’engorgement de ma PAL, je dois faire des choix) et j’ai aimé revoir la belle rousse débordant d’énergie : Marceline Loridan-Ivens ou encore la rencontre entre Antoine Veil et Simone…



Je pense que je vais me laisser tenter par "Simone Veil : l'immortelle" version papier car la lecture d'une BD sur tablette ou ordinateur c'est frustrant, en ce qui me concerne...



Un grand merci à NetGalley et aux éditions La boîte à bulles qui m’ont permis de découvrir cette BD ainsi que leurs auteurs que je ne connaissais pas encore.



#SimoneVeiletsessoeurs #NetGalleyFrance !


Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Simone Veil : L'Immortelle

Après avoir relu Une jeunesse au temps de la Shoah et vu à deux reprises Simone, le voyage du siècle, j'avais envie de découvrir ce roman graphique réalisé par Pascal Bresson et Hervé Duphot. Simone Veil : L'Immortelle est un ouvrage de qualité même s'il n'offre pas une vision exhaustive de la vie et des combats menés par celle qui fut longtemps l'une des personnalités préférées des Français. Il est composé de plusieurs parties qui ne forment pas des blocs chronologiques mais qui viennent s'entremêler régulièrement et que l'on peut identifier rapidement par le choix des planches monochromes : en bleu, l'engagement politique et le combat pour la légalisation de l'IVG ; en jaune, l'enfance heureuse à Nice, les études et l'arrestation par la Gestapo ; en gris, la déportation et l'enfer des camps pour la grande majorité des planches, mais aussi le retour à Auschwitz avec Paris Match ; enfin, en bordeaux, l'entrée de Simone Veil à l'Académie française. C'est belle introduction pour quiconque s'intéresse à la vie de Simone Veil et je n'hésiterai pas à conseiller ce roman graphique autour de moi, parce qu'il est incontestable que le format peut séduire. L'alternance des périodes n'est pas dérangeante, au contraire. On remarque d'ailleurs que c'est également le choix fait pour le biopic sorti en octobre. le dessin est relativement simple et privilégie le fond. On pourrait cependant lui reprocher une certaine froideur. En tout cas, personnellement, il m'a manqué un peu d'émotion, peut-être parce que j'avais déjà connaissance de tout ce qui est mentionné dans cet ouvrage et parce que je venais de relire les mots de Simone Veil vers lesquels il faut espérer qu'un roman graphique tel que celui-ci pourra conduire.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Simone Veil : L'Immortelle

Une magnifique BD pour une grande dame qui m’a happée ne me la laissant pas la poser jusqu’à la dernière page. L’essentiel des moments forts de sa vie. Les planches où sont reproduits le discours de certains politiques contre l’avortement est révoltant. La façon dont ses années passées à Auschwitz sont décrites, restera, je pense, inoubliable. C’est pleine d’émotions que je quitte à regret ce roman graphique en disant adieu à cette femme de caractère qui a tant fait en matière de modernisation pour nous. Les dessins et couleurs sont agréables et permettent de bien se repérer dans les époques. Pour tout public.
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Simone Veil et ses soeurs : Les Inséparables

Voici mon retour de lecture sur la bande dessinée Simone Veil et ses sœurs : Les Inséparables.

À l’occasion d’un de leurs traditionnels dimanches entre sœurs, Simone Veil et Denise Vernay rouvrent l’album aux souvenirs et se replongent dans la tragique histoire de leur famille.

En 1939, la France entre en guerre, mettant brusquement terme à une enfance insouciante faite de scoutisme et de virées en bord de mer.

Déchirée puis dispersée, la famille Jacob subit les tourments de l’occupation allemande et de sa politique antisémite.

Denise est internée de son coté, en temps que résistante. Madeleine (surnommée Milou), Jean, Denise et leurs parents sont internés de leur coté, en temps que juif.

La famille Jacob, qui se croyait pourtant indivisible, se retrouve projetée dans différentes visions de l’enfer.

Et lorsque vient la Libération, et que la nation se reconstruit autour du récit d’une France résistante, Denise fait de l’ombre à ses sœurs déportées raciales, témoins et victimes malheureuses d’atrocités que l’on préfère déjà oublier.

Simone Veil et ses sœurs : Les Inséparables est une excellente bande dessinée, très émouvante.

Ayant lu plusieurs ouvrages sur Simone Veil, sur sa famille, ses sœurs, je ne peux pas dire que j'ai réellement appris quelque chose sur cette famille.

Mais cela ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture.

Il est intéressant de suivre cette discussion entre Simone et Denise, d'avoir leurs points de vue.

Pendant la guerre, elles n'ont pas vécues les mêmes choses du fait que Simone, Madeleine, Jean et leurs parents ont été déportés en temps que juifs alors que Denise, qui a toujours caché son ascendance juive à ce moment là, a été déportée en temps que résistante.

L'incarcération dans ces camps a été difficile autant pour Denise, Madeleine ou Simone.

Toutefois, au final, celles qui ont le plus souffert ce sont Denise et Milou (Madeleine).

Car, au retour, Denise a été reçue comme une héroïne, comme une résistante qui a fait preuve de bravoure.

Alors que les deux sœurs Jacob, qui ont "seulement" été rescapées des camps, sans acte de résistance, n'ont pas été reçues pareil.

Au contraire des résistants, les rescapés des camps ont longtemps été mis de coté, il ne fallait pas en parler. Les gens étaient mal à l'aise face à leur maigreur, le choc de ce qu'ils avaient vu..

J'ai trouvé extrêmement intelligent que les auteurs expliquent bien cette différence, et comment cela peut fissurer un peu une fratrie pourtant très unie au départ.

Si vous souhaitez lire une bande dessinée sur la Simone Veil femme politique, cet ouvrage n'est pas celui qui vous comblera.

Ici, c'est l'histoire des sœurs Jacob qui est mise en avant. Milou, dont le destin fût tragique, Denise, et Simone.

Evidemment, le destin politique de Simone est un peu évoqué mais ce n'est pas le plus important ici.

Et c'est justement ce qui m'a plu ici, on s'attarde sur l'humain, sur le ressenti suite à une telle horreur.

Je trouve que c'est un bel hommage :)

J'ai apprécié les dessins, très réussies et la colorisation, qui est parfaite.

Simone Veil et ses sœurs : Les Inséparables est une très bonne bande dessinée que je vous invite à découvrir et note cinq étoiles.
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