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Critiques de Pascale Hugues (34)
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École de filles

Pascale Hugues n'a pas son pareil pour mêler histoire personnelle et histoire nationale. Alors que dans Marthe et Mathilde elle a raconté ses deux grands-mères, l'une française l'autre allemande, des amies de toujours qui ont vécu trois guerres dans une Alsace ballottée entre deux pays, que dans La Robe de Hannah elle part sur les traces d'anciens habitants, tous juifs exilés en 1940, de la rue qu'elle habite à Berlin, dans École de filles, avec le parcours de camarades de classe primaire, elle revient sur la vie et la place des femmes nées comme elles à la fin des années cinquante. Une excellente idée qui nous replonge dans les trente glorieuses. Et si elle n'est pas toujours facile pour les filles d'immigrés que l'auteure côtoie à l'école, une époque néanmoins favorable aux femmes avec les prémices de la société de consommation et ses appareils ménagers libérateurs, tout comme plus tard le travail, la pilule et le droit à l'avortement qui leur octroient une indépendance financière, une liberté sexuelle et une maîtrise de leur corps jusqu'alors inimaginables. Une génération de l'après guerre qui a pu profiter d'innovations et de liberté avant que le spectre du sida et le choc pétrolier n'assombrissent l'horizon de ses enfants.
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École de filles

Pendant les 1960-70's, chez les familles de classe moyenne suffisamment à l'aise pour vivre avec un seul salaire (ou prêtes à quelques sacrifices), papa conduit la voiture, va au travail, se met les pieds sous la table aux repas, lit le journal dans son fauteuil en fumant, regarde les infos - et prière de se taire... Tandis que maman cuisine, fait le ménage, lave le linge (parfois à la main) et la vaisselle, coud, tricote, reprise, rafistole pour que les vêtements soient réutilisés. Elle se doit d'être fidèle, soumise... et coquette, mais pas trop.

Même quand leur épouse travaille à l'extérieur, les hommes (pères et fils) sont rois. Femmes et filles de la maison sont là pour les servir. Dans les familles nombreuses, il arrive qu'elles n'aient pas le temps de s'asseoir pendant le repas. Ça serait même incongru. • RIP, ma chère Tante Thérèse née dans les 1920's •



L'auteur, née en 1959 en Alsace, a contacté quelques unes de ses camarades d'école primaire, présentes sur sa photo de classe de CE2 (4e de couv). Elles s'étaient pour la plupart perdu de vue, elles se retrouvent cinquante ans plus tard, à l'aube de la soixantaine - et donc de la retraite, pour certaines.



Pascale Hugues raconte leur enfance, parfois éloignée de l'image que pouvaient en avoir leurs copines, et leurs parcours de femmes. Originaires d'Alsace ou filles d'immigrés italiens, espagnols, portugais, presque toutes vivaient dans des foyers modestes, voire pauvres.



Le récit rappelle ceux d'Annie Ernaux, notamment 'Les Années', mais il est beaucoup moins égocentré puisque différents points de vue se confrontent via les témoignages de chaque femme.

Même si je suis un peu plus jeune que l'auteur, j'ai retrouvé ma jeunesse et les diktats ultra-sexistes et corsetés de l'époque. L'auteur les rappelle de façon imagée et évocatrice à travers des exemples qui semblent si désuets, et ne sont pourtant guère éloignés (publicités, principes éducatifs et religieux à l'école et à la maison...).

J'ai aimé (re)découvrir également les conditions de vie des 'migrants' d'alors, un peu mieux tolérés que ceux d'aujourd'hui, parce que leur religion était la même que 'la nôtre', et que la France avait besoin de bras pour ses '30 Glorieuses' et reconstruire les villes détruites. L'auteur met en évidence les difficultés des Alsaciens après trois guerres qui les ont ballottés entre deux pays, deux cultures, deux langues.



Ce témoignage de la condition féminine des années 60-70's et de celle des classes dites 'populaires' est passionnant et très riche. On y prend conscience du chemin parcouru en cinquante ans, et de la fragilité de nos acquis. Attention les filles !

On y voit aussi les dégâts occasionnés par la surconsommation frénétique, après 1/2 siècle de course à la croissance...
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La robe de Hannah

Elle était en crêpe de Chine noire et a valsé avec Hannah, dans les salons transatlantiques de la bonne société. Elle avait été cousue par une petite berlinoise laissée derrière ceux qui purent se sauver...



En découvrant que, dans sa tranquille rue berlinoise, plus d'une centaine de juifs avait été déportée par le régime nazi (dont treize partis de son immeuble), la fibre journalistique de Pascale Hugues l'entraine dans une enquête sociale et historique, à travers les souvenirs des descendants des occupants, depuis la construction au tournant des années 1900.

Des familles bourgeoises de la Belle Epoque, aux bombardements de la seconde guerre, jusqu'à la reconstruction dans l'Allemagne divisée par le Mur, les parcours individuels sont le reflet de l'Histoire du pays et de ses populations. Il est fort émouvant de decouvrir les témoins retrouvés, de connaitre leur heureuse ou funeste destinée.



La rue, jamais nommée (comme représentative de la ville elle même) est le fil rouge de toutes les époques traversées; elle porte les stigmates des hommes et des femmes qui ont fait construire des immeubles pour y poser un avenir familial et perdu ce futur possible sous le détestable régime hitlérien.



Le temps efface, remodèle, et la rue reprend vie dans une population qui elle-même évolue, à l'image de l'âme artistique berlinoise, vivante et novatrice.



Pascale Hugues, après l'attachante enquête familiale concernant sa double origine française et allemande, fait ici un devoir de mémoire justifié, un travail d'enquête approfondie dans un récit aisé, fourmillant de détails. Si certaines périodes sont plus dramatiques que d'autres, toutes sont chargées de l'émotion du souvenir retrouvé, et l'ensemble a une grande cohérence historique.





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Marthe et Mathilde

Marthe est française et Mathilde est allemande, elles sont nées en 1902 à Colmar. Leur petite-fille raconte l’histoire compliquée de sa famille alsacienne, indissociable de l’Histoire de cette région.



En 1871, l’Alsace devient allemande, annexée au Reich par le traité de Francfort. Dix ans avant qu’elle ne redevienne française, les parents de Mathilde s’installent à Colmar, dans l’immeuble des parents de Marthe. Commence alors une grande amitié entre les deux petites filles qui durera toute leur vie.



Le 18 novembre 1918, « Colmar tout entier fredonne le mâle hymne national », la Marseillaise. Mais les Alsaciens sont des Français qui parlent allemand ; ils aiment la France mais leur culture est germanique. En 1919, avec l’expulsion des premiers allemands, la famille de Mathilde craint d’être renvoyée de l’autre côté du Rhin.



Quand en 1940, l’Alsace connait un nouveau retournement de situation, c’est Marthe, veuve d’un officier français, qui doit se réfugier à Tours avec ses deux fils. Il faut attendre la fin de la guerre pour que les deux amies soient réunies, « Kolmar redevient Colmar et les rues changent de nouveau de nom ». Quelques années plus tard, le fils de Marthe épouse la fille de Mathilde.



Avec Marthe et Mathilde, Pascale Hugues dresse un portrait authentique de sa famille et de l’Alsace. C’est une galerie de personnages marqués par les guerres et les conséquences qu’elles ont eues sur leur vie. Les Alsaciens, qu’ils soient français ou allemands, ne faisaient par partie de « la France de l’intérieur ». Ils étaient avant tout Alsaciens avant d’être Français ou Allemands.



Pascale Hugues raconte aussi l’histoire de femmes libres, qui veulent être maîtresses de leur destin, comme Mathilde qui reste rebelle jusqu’à sa mort, en refusant d’être inhumée dans le caveau familial, ou comme Georgette, sa sœur, qui participe à la révolution communiste de 1918 à Berlin, ou encore comme ses filles qui prônent l’émancipation du corps, ou sont séduites par la bible du féminisme allemand : Ich bin ich (je suis ce que je suis).



C’est un livre qu’il faut lire si on a envie de mieux comprendre les Alsaciens, c’est aussi l’histoire d’une amitié exemplaire entre deux femmes que tout séparait.

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La robe de Hannah

Partant de la chronique d'une rue berlinoise, de sa construction à aujourd'hui, la journaliste française, Pascale Hugues, retrace un siècle d'Histoire allemande.



Construite en 1904, largement détruite en 1945, rapidement reconstruite après la guerre, cette rue située dans l'ancien Berlin-Ouest a vu sa population évoluer au fil du temps. Bourgeoise à sa création, elle va souffrir de la crise économique des années vingt et connaitre l'éradication des familles juives avec l'avènement du nazisme. Devenue une rue assez terne, habitée par la petite bourgeoisie berlinoise après la construction du mur, aujourd'hui des travaux visent à lui redonner son lustre d'antan.



Pour mener à bien son projet de reconstitution de l'histoire de sa rue, l'auteur va chercher à retrouver ceux qui y ont habité. Elle va faire paraitre une annonce à laquelle des familles juives, parties aux quatre coins du monde pour échapper aux nazis, vont répondre. Bouteille à la mer qui va la conduire en Israël et aux Etats-Unis auprès de ceux qui n'ont pas oublié qu'ils sont nés Allemands, même s'ils ont souvent préféré enfouir cette époque heureuse puis douloureuse de leur histoire.



Témoins émouvants, drôles, tragiques, optimistes, ces anciens berlinois aujourd'hui très âgés ont eu la force de repartir de rien, de construire une vie, privés de leurs proches. Nulle trace de haine ni de rancune dans leurs paroles, ils racontent leurs épreuves comme une fatalité. Pascale Hugues a su les faire parler dans ce roman très vivant, bien écrit, qui nous plonge dans l'histoire contemporaine des juifs allemands mais aussi de l'Allemagne à travers la ville emblématique de Berlin.

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Marthe et Mathilde

Pascale Hugues avait deux grands-mères.

Rien de plus normal, me direz vous...



Mais tout le monde n'a pas eu deux grands-mères alsaciennes, l'une française, l'autre allemande, dont l'amitié indéfectible résista à deux guerres mondiales et au traitement géopolitique de l'Alsace du XXème siècle.



Nées et décédées à quelques mois d'intervalle, leur histoire commune de 90 années justifiait bien la curiosité de leur petite fille pour nous offrir ce livre de souvenirs, de mémoire et de tendresse. Un livre de réminiscences spontanées et authentiques, qui brosse deux portraits de femmes très différentes mais unies dans leur quête de paix et de bonheur, ensemble et entourées de leurs familles.



Incitée par mon amie Babelio, Palamede, dont la critique est parfaite, j'ai pris grand plaisir à la lecture de ce témoignage attachant, qui donne, par la description du quotidien, une vision "de l'intérieur" d'un fait historique connu de tous, mais souvent aseptisé de ses destinées individuelles.



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Marthe et Mathilde

Marthe, alsacienne et Mathilde, allemande, vivent leur enfance à Colmar, dans la même maison. Elles ne se quitteront pas jusqu’à leur mort, quelques quatre-vingt-dix ans plus tard.

Le fils de l’une épouse la fille de l’autre et ils ont une fille, Pascale Hugues, qui nous raconte l’histoire de l’Alsace à travers la vie de ses grands-mères.

C’est fort bien documenté et reconstitué. Un peu pêle-mêle parfois d’où un effort de concentration nécessaire.

Je me suis complètement investie dans ce livre, ayant eu des grands-parents alsaciens. Mon grand-père ne parlait qu’Alsacien, ma grand-mère assez bien le français. « Mémère Mulhouse », comme on l’appelait était la douceur même, et je l’entends encore me raconte leurs changements de nationalité imposés et tout ce que cela impliquait. En particulier, un jour où le Kaiser visitait leur école, comment ils avaient détourné les paroles d’un chant qui lui était dédié, et avec beaucoup d’entrain, lui avaient chanté leur hostilité sans qu’il ne se rende compte de rien..

Bref, un livre qui m’ offert un émouvant retour dans le passé.

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Marthe et Mathilde

Je suis néerlandaise, mais l'Alsace est ma région d'adoption depuis bientôt 28 ans. J'ai épousé un Alsacien de pure souche, passionné de l'histoire alsatique, autant dire que je connais un peu l'histoire particulière de cette belle région.



Pascale Hugues nous raconte au travers de l'amitié, qui lie ses deux grands-mères depuis plus 90 ans, l'histoire mouvementée de l'Alsace. Marthe, l'alsacienne et Mathilde l'allemande, sont nées toutes les deux en 1902. Elles se rencontrent à l'âge de 6 ans et ne se quittent plus jusqu'à leur mort, à l'aube de leurs 100 ans.



Marthe et Mathilde, ce n'est pas seulement l'histoire d'une amitié qui a duré toute une vie, mais c'est aussi l'histoire d'une population déchirée entre la France et l'Allemagne. L'Alsace annexée à l'Allemagne depuis 1870, redevient française en 1918, après la fin de la guerre. Entre les deux guerres, l'Alsace est française. Elle redevient allemande pendant la deuxième guerre mondiale et enfin elle est française depuis 1945. Ce qui veut dire que pendant leur vie, nombreux alsaciens ont ainsi changé 4 ou 5 fois de nationalité !!



La période après-guerre était difficile et confuse : après presque de 50 ans de germanisation, les Alsaciens ne connaissent presque plus la langue française, mais veulent être considérés comme français. Les « Altdeutschen », les allemands qui s'étaient installés en Alsace après l'annexion, se voient expulsés et doivent retourner en Allemagne. En suit une période confuse où la discrimination, le chômage et les répressions règnent. Les Alsaciens veulent oublier cette période allemande, mais Marthe, la française reste fidèle à son amie Mathilde, l'allemande.



En épousant un français Mathilde devient française, et une période plus « calme » s'annonce. Dans la période 1939-1945, l'Alsace redevient allemande et cette fois-ci c'est Marthe, devenue veuve entretemps, qui se voit obligée de quitter son Alsace si chère à son coeur. Pendant les 5 ans de guerre les deux amies ne se voient pas, mais après la libération Marthe retourne à Colmar et les deux amies sont de nouveau réunies pour le restant de leur vie. le fils ainé de Marthe épouse la fille cadette de Mathilde et de cette union naissent Pascale Hugues et son frère.





J'ai trouvé ce récit très touchant parce qu'il explique bien l'histoire de l'Alsace et entre autres les crises d'identité qu'ont pu traverser les personnes comme Mathilde, qui se sentait alsacienne, mais qui était considérée comme allemande par son entourage et pour qui son coeur balance entre la France et ses racines allemandes. C'est ce qui explique aussi l'histoire de cette population alsacienne au caractère bien trempé et fière de leur région.

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La robe de Hannah

Voilà à quoi peut mener la curiosité d'une journaliste... Sous-titré "Berlin 1904-2014", le livre aurait pu s'intituler "Biographie d'une rue de Berlin" mais l'auteur a sans doute choisi "La robe de Hannah" comme symbole des multiples histoires individuelles qu'elle a rassemblé après un travail méticuleux de reconstitution. Cette robe qui, plus de soixante-dix ans après le départ ou plutôt la fuite de sa propriétaire retrouve la rue qui l'a vue naître, un peu grâce à cette initiative.



Tout part de la curiosité de Pascale Hugues, journaliste installée à Berlin depuis plus de vingt ans, le jour où elle se demande ce que sont devenus les anciens habitants de la rue dans laquelle elle vient d'emménager. Une artère des plus classiques, à l'écart des quartiers les plus renommés ou les plus animés. Une petite rue calme dans laquelle, en y regardant bien, on peut apercevoir les stigmates d'un passé chargé et mouvementé. Les traces d'un éclat d'obus ou encore ces dés de laitons apposés entre les pavés devant les immeubles où des juifs furent déportés. La rue est née en 1904, habillée d'immeubles cossus destinés à la bourgeoisie berlinoise. Elle a donc traversé deux guerres, subi les bombardements alliés, la reconstruction, est passée à l'Ouest avec la construction du mur. D'après les archives, cent six juifs habitant cette rue ont été déportés. La journaliste prend l'initiative de passer une annonce dans un journal publié deux fois par an par le Sénat de Berlin à destination des derniers juifs berlinois dispersés à travers le monde. "Qui a habité ma rue ?" demande t-elle, sans grand espoir, avec l'impression de rechercher une aiguille dans une botte de foin.

A son grand étonnement, les réponses affluent depuis les États Unis ou Israël. Des octogénaires pour la plupart, voire plus. Tous heureusement surpris par son initiative et surtout désireux de raconter, vite, avant qu'il ne soit trop tard. Surpris de trouver une oreille attentive, habitués au sympathique manque d'intérêt de leurs petits enfants pour ces vieux souvenirs du temps passé. Un par un, Pascale Hugues recueille leurs récits, leurs souvenirs et reconstitue ainsi des vies et des destins. L'étau qui se resserre, la fuite, le déracinement, les réparations, la douleur de la mémoire. A travers la parole des anciens habitants de cette rue, c'est à la fois leur vie quotidienne à différentes époques et toute l'histoire d'un siècle en Allemagne et en Europe qui défilent... Chaque histoire, chaque anecdote rappellent inlassablement que derrière les grands faits historiques appris à l'école, il y a des vies, des individus, des familles et des destins brisés.



Pascale Hugues s'est livrée à un travail dantesque pour reconstituer, époque après époque, l'architecture, la sociologie, les habitudes des habitants de sa rue... Jusqu'aux années plus récentes et aux anecdotes plus légères comme le séjour de David Bowie dans l'un des immeubles. Le livre fourmille de détails passionnants et parvient souvent à susciter l'émotion même si le style sobre, très journalistique permet de maintenir une certaine distance, sûrement nécessaire à l'auteur pour mener à bien sa mission.



Mission accomplie. La plume de Pascale Hugues redonne vie à ceux que l'Histoire côtoie sans jamais les mentionner autrement que dans des statistiques ou des généralités. Une autre façon de parler de mémoire. Pleine de tact et d'empathie.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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École de filles

Dans certaines communes de France, on peut encore voir à l'entrée d'écoles les mentions 'écoles des filles' ou 'école des garçons'. Ces appellations nous rappellent que la mixité sexuelle en milieu scolaire s'est généralisée lentement. Lycées mixtes et collèges mixtes ont respectivement été légalisés en 1959 et 1963, et la généralisation de la mixité dans tous les degrés d'enseignement date de 1975.



A travers ce récit, l'auteur nous raconte la vie d'écolières dans les années 1960 : elle-même et ses camarades de classe, qu'elle a retrouvées cinquante ans plus tard, à soixante ans.

La mixité sociale était relative quand elles étaient enfants, et les écarts sociaux désignaient rapidement les filles des familles les plus défavorisées. Les parcours et les luttes de femmes qui permettent aux jeunes d'aujourd'hui de disposer d'autant de liberté sont admirables, encore plus lorsqu'elles ont débuté avec peu, hormis une grande ténacité.



La lecture d'un tel ouvrage ouvre les yeux des jeunes de notre époque sur ce que furent l'enfance et l'adolescence de leurs aînées, les conditions de vie, et les particularités de l'Alsace (tour à tour allemande et française pendant plusieurs décennies) si peu de temps après les deux guerres.



Née vingt ans avant l'auteur de ce récit, et ayant des enfants de leur génération, je me suis bien retrouvée dans ces portraits et ce contexte.

J'ai apprécié en outre de découvrir une facette peu reluisante du couple présidentiel De Gaulle, si intolérant en matière d'égalité des sexes, de divorce, etc.



Je remercie Babelio et les éditions 'Les Arènes'.
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École de filles

La lecture de ce livre est passionnante, il se lit aussi bien d’une traite que par petits bouts, car les destinées des personnes évoquées dans ce livre donnent matière à réfléchir, surtout quand on a vécu les années 60 comme toutes les protagonistes de cette histoire. Pascale Hugues illustre à merveille et de manière très vivante la vie de ses anciennes camarades de classe au temps où elle partageait leur vie comme petite élève bien mieux lotie que la plupart d’entre elles. Sans trop vouloir y croire, l’auteure a organisé des retrouvailles à l’époque d’aujourd’hui. Elle découvre le destin de chacune de ces écolières devenues femmes, grands-mères quelquefois, parfois sans surprise tant elle les connaissait bien, souvent avec admiration et toujours avec bienveillance. Les différents milieux sociaux, les familles nombreuses, la grande pauvreté, le milieu intellectuel, la vie des mères de ces fillettes à l’époque témoignent de notre histoire, nous les baby boomers. Avec la conquête des droits des femmes balbutiante, le bouleversement des événements de mai 1968, la vie en Alsace peu de temps après la seconde guerre mondiale, Pascale Hugues nous replonge dans nos souvenirs.

Quelques redites à déplorer sans qu'elles ne gâchent le plaisir de la lecture.
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Marthe et Mathilde

Avec cette saga familiale on peut suivre l'histoire de l'Alsace-Lorraine si particulière et dont il reste encore des traces de nos jours.
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Marthe et Mathilde

Destins croisés et en miroir de deux amies, aux caractères que bien des traits opposent, mais dont les concordances de vie sont si nombreuses que l’on pourrait les croire artificielles. Il s’agit pourtant de la véritable histoire de ses deux grands-mères que nous raconte ici l’auteur.

Nées puis décédées la même année, l’une française, l’autre allemande, leurs prénoms commencent par même lettre. Ce qui parait être qu’une anecdote illustre pourtant le lien entre les deux femmes. Voisines depuis l’enfance dans leur immeuble de Colmar, leurs desseins ne cessent de se tracer tantôt en symétrie dans leur vie privée (mariage, maternité, unions entre leurs enfants..) tantôt en opposition au gré des changements d’appartenance de l’Alsace au fil des guerres. Ces déchirures entre la France et l’Allemagne touchent en premier lieu Mathilde puis Marthe, mais en aucun cas, elles ne pourront affecter leur amitié.

Ce récit constitue un beau et vibrant hommage intime qui fait résonner l’amitié exceptionnelle (et pourtant pas si unique que cela, heureusement) dans un environnement historique et politique tragique. Cette relation forte et complexe est sans contexte une inspiration pour leurs petits-enfants communs mais aussi pour leurs deux nations.

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École de filles

Alors bien évidemment, on pense à Annie Ernaux en lisant L'école des filles même si la narratrice n'est ni de la même génération ni du même milieu social. On y retrouve pourtant la description d'une époque qui n'est pas si lointaine où les filles ne devaient pas faire de vagues, étaient dévolues aux tâches domestiques, ignorantes à l'arrivée des premières règles, etc.

Pascale Hugues fait de ce récit autobiographique un texte polyphonique: à sa voix se mêlent celles de ses camarades de classe (retrouvées grâce à la photo de classe de CE2). Elles se souviennent de leur enfance, de leur école, de leur maîtresse, de leurs attentes mais aussi de ce qu'on attendait d'elles en 1968.

Moi qui ne suis pas non plus de la même génération que l'auteure, je reconnais l'école de mon enfance dans cette France concordataire où l'école publique était catholique ou protestante (jusqu'au milieu des années 80), où on buvait un chocolat chaud à l'heure de la récréation du matin et où on s'échangeait le fameux carnet de poésies (que j'ai moi-même conservé).

C'est une plongée en enfance et en nostalgie.

Ce livre permet également de constater la distance parcourue en cinquante ans pour la liberté, l'émancipation et l'indépendance des femmes.

A mettre entre toutes les mains... celles qui ont connu l'école d'avant et celles qui sont à l'école aujourd'hui, pour qu'elles sachent comment c'était avant.



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Marthe et Mathilde

Cette page d'histoire racontée par la petite fille de deux grand-mères de Colmar, l'une française l'autre allemande montre bien, une fois encore à quel point la guerre révèle ce que l'homme a de plus stupide en lui! J'ai trouvé le livre un peu long tout de même...
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La robe de Hannah

Native de Strasbourg l'auteure emménage à Berlin. Elle décide de mené l'enquête sur les anciens habitants de sa rue de sa construction jusqu'au moment de son emménagement. Elle part à la rencontre de ces habitants et de leur histoire personnelle elle reconstitue ainsi l'histoire de Berlin et redonne vie vie à ces habitants.
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La robe de Hannah

Pascale Hugues a choisi de nous raconter l’histoire de sa rue à Berlin, depuis sa construction en 1904 jusqu’à aujourd’hui, sujet très casse-gueule et qui avait toutes les chances d’être ennuyeux au possible ; c’est en tout cas que j’ai pensé en lisant la quatrième de couverture.

Puis, dès les premières pages, on est frappé par la qualité de l’écriture, la précision du vocabulaire et le style impeccable de l’auteur, qui parvient dès le premier chapitre à nous passionner pour son sujet. C’est qu’à travers la destinée de quelques voisins d’une rue secondaire de Berlin - qui n’est d’ailleurs pas nommée tout au long du livre - elle nous conte en réalité, avec brio, l’histoire de l’Allemagne sur plus d’un siècle.

Ce qui est remarquable, c’est qu’elle réussit à rendre intéressants les résultats de ses recherches historiques extrêmement complètes et précises. Même les listes de noms des entrepreneurs ou de divers voisins, les lettres de plaintes des locataires, de multiples détails a priori rébarbatifs, deviennent des éléments de toute la nostalgie qui émane de ce livre, merveilleusement écrit.

L’auteur a eu le mérite de retrouver et de rencontrer plusieurs des anciens habitants de cette rue, des Juifs allemands qui ont fuit le nazisme aux Etats Unis ou en Israël, des Allemands qui sont restés à Berlin, et, pour plusieurs d’entre eux, leurs descendants. Toutes ces vies se sont croisées à un moment de l’histoire, dans la même rue, mais le temps passe et la rue poursuit sa destinée avec d’autres habitants. Les quelques photos des anciens voisins retrouvés par l’auteur, témoins d’un passé révolu, sont vraiment touchantes.

On sent que Pascale Hugues s’est passionnée pour son sujet et qu’elle a développé une tendresse particulière pour ses anciens voisins et son pays d’adoption. Son enthousiasme est contagieux. On rêverait de pouvoir lui commander un tel livre sur la rue de son enfance.

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Marthe et Mathilde

A travers la biographie de ces deux grand-mères et amies, l'une Alsacienne et l'autre Allemande, nous sommes plongé dans la douloureuse histoire de l'Alsace, abandonnée par deux fois par la France puis reprise, déchirée entre deux nations et deux cultures.



C'est un récit qui m'a beaucoup touché étant Alsacienne. J'y ai découvert de multiples détails de la vie quotidienne des Alsaciens depuis la défaite de Sedan jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Si la France et l'Allemagne étaient deux pays ennemis jurés, chacune de ces nations s'est comportée exactement de la même façon, chacune à leur tour. Entre francisation et germanisation forcées, purifications ethniques, expulsions, familles déchirées, humiliations, enrôlement forcé des Malgré-nous sous peine de déportation dans les camps, incompréhension des "Français de l'intérieur", l'Alsace a souffert et souffre parfois encore de devoir justifier son attachement à la France.



L'incroyable amitié de Marthe et Mathilde a transcendé ces histoires de frontières, précurseur de la paix franco-allemande maintenant bien établie.
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Marthe et Mathilde

Ce livre est la biographie des deux grand-mères de l’auteure qui sont toutes les deux nées en 1902 et meurent en 2001. Elles ont été amies toute leur vie depuis l’âge de six ans jusqu’à leur mort. elles ont réalisé leur vœu le plus cher : le fils de Martha épousera la fille de Mathilde et elles seront donc non seulement liées par des liens amicaux mais aussi familiaux.Ce récit se passe en Alsace à Colmar (Kolmar) et quand on voit les dates on comprend tout de suite que nous allons connaître cette région sous la domination allemande jusqu’en 1918 puis française et de nouveau allemande en 1940 sous le joug nazi jusqu’en 1945.



Tout l’intérêt de cette biographie vient de l’amitié de ces deux femmes que beaucoup de choses opposent. Marthe est originaire d’une famille alsacienne classique et pour Mathilde c’est plus compliqué : son père Karl Georg Goerke est allemand et est venu s’installer en Alsace, son épouse est Belge leur première fille Mathilde est née en Allemagne.



Jusqu’en 1914, les deux petites filles grandissent dans des familles à qui tout réussit, elles cultivent une amitié sans faille, elles habitent dans le même immeuble et fréquentent les mêmes écoles. La guerre 14⁄18 vient compliquer les choses car les Allemands se méfient de l’absence de patriotisme des Alsaciens. Nous suivrons la guerre de Joseph le futur mari de Mathilde, il est enrôlé dans l’armée allemande et est envoyé d’abord loin du front de l’ouest, il n’a le droit à aucune permission tellement les autorités craignent les désertions des alsaciens.



Et puis arrive 1918 et le retour de l’armée française triomphante et commence alors dans ce moment de liesse pour une grande partie de la population le drame qui marquera à tout jamais Mathilde. Son père souhaite devenir français et vit alors jusqu’en 1927 année où il le deviendra, une période de peur : il craint à tout moment d’être chassé du pays qu’il s’est choisi . C’est la petite histoire mais cela a dû concerner un grand nombre d’alsaciens d’origine germanique. Du coup Mathilde aura tendance à s’inventer une famille extraordinaire en maltraitant parfois la vérité historique. La période nazie est une horreur pour toutes les deux Marthe est veuve d’un officier français et Mathilde est mariée avec Joseph Klebaur fabriquant de porcelaine. Elles seront séparées pendant quatre longues années mais se retrouveront après la guerre.



La façon dont leur petite fille fouille à la fois leur passé et leur caractère est très intéressant , avec comme toile de fond la grand histoire qui a tant bouleversé les vies des familles alsaciennes. On comprend peu à peu à quel point Mathilde a été déstabilisée par le fait qu’elle a dû cacher ses racines germaniques et la peur que son père lui a transmis de pouvoir être expulsé. Marthe a un caractère plus heureux et c’est elle qui construit ce lien amical qui les soutiendra toutes les deux malgré les périodes lunatiques de Mathilde . Tous les personnages qui gravitent autour d’elles sont aussi très intéressants : la tante Alice confite en religion et qui a peur de tout, le père de Matilde qui a transmis à sa fille la peur d’être expulsé, Georgette la soeur tant aimée de Mathilde institutrice dans un quartier populaire de Berlin qui prendra partie pour les spartakistes en 1920 et tant d’autres personnages qui croisent leur vie. Une lecture que je vous recommande : cela fait du bien de retrouver la vie de gens ordinaires traversant les tragédies de la grande histoire sans pour autant avoir connu une vie dramatique.


Lien : https://luocine.fr/?p=15548
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La robe de Hannah

J'adore être bouleversée par un livre dont je n'attendais absolument rien. C'est exactement ce qu'il s'est passé avec celui-ci ! La journaliste Pascale Hugues, correspondante à Berlin, chronique sa rue dans laquelle elle vit depuis des années. En partant de cette simple envie de raconter l'histoire de cet espace urbain, l'autrice déroule l'histoire de Berlin de 1904 à nos jours. Comme un puzzle, elle reconstitue les personnes, leurs vécus, les moments historiques avec les bombardements, la déportation des juifs, la reconstruction, puis, enfin, le renouveau. Le chapitre La robe d'Hannah, qui a donné son titre au livre, est d'une immense beauté. Coup de coeur !!
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