Citations de Pascale Quiviger (117)
J'ai compris que tous ces gens sont puissants, expliqua Ema, mais que moi, je suis libre.
Selim avait honoré deux formes de pouvoir - politique et religieux. Elle avait complètement occulté celui qui les précédait et les rendait possibles : la nature. La nature devant laquelle, tôt ou tard, nous devrons tous nous incliner.
- Il y a quelque chose que tu ne te pardonnes pas. Tu ne te pardonnes pas parce que tu n'as pas été pardonné.
Sans le pardon, tu n'avances plus.
Arash voulut parer le coup.
- Je suis déjà suffisamment avancé.
- Arash, sans le pardon, tu es un marais d'eau sta-gnante. Tu es mort. Parce que la vie est une rivière et que les rivières doivent courir.
- Ton Sultan qui a trop est aussi un esclave, répliqua Yara. Il mérite ta compassion.
- Je sais reconnaître un esclave quand j'en vois un, Yara. Je parle des travailleurs du sel, des diamants et du cuir.
- Ceux-là sont esclaves de corps. Ton Sultan est esclave du désir et de la peur. Désir de pouvoir. Peur de le perdre. Il ne remarque même pas ses chaînes.
Vizir, je te plains. Moi, je n'ai rien, donc je suis libre.
- Quand même, le soleil et moi, nous ne sommes pas vraiment sépares, continua-t-il. Les séparations, les frontières, ce sont aussi des inventions. Je vais te donner on exemple. Plus loin, là-bas, quelque part dans le sable, un autre empire commence. On a planté un poteau de métal pour marquer la frontière. Il est là-bas. Debout.
Tout seul. Il invente la frontière. Un peu partout dans ta pensée, il y a des poteaux comme celui-là. Des frontières entre les pouvoirs, entre les races, entre les générations, entre les genres, entre les mondes, entre les temps. Entre les morts et les vivants. Entre aujourd'hui et demain.
C'est la peur qui met des poteaux partout.
Sourcier se tut, le temps de construire un trône à sa bouilloire en rassemblant les tisons dans une volée d'étincelles. Esmée en reçut une sur la cuisse, qui troua sa djellaba. Elle imaginait des étincelles percer aussi l'esprit d'Arash, trop confortablement installé sur le piédestal de l'intelligence.
- La peur et l'ambition, termina Sourcier. On se croit spécial, on se croit différent. Mais l'air du ciel dans tes poumons, c'est le même air, le même ciel que pour la salamandre, termina Sourcier. Arash, tu comprends ?
Mais oui. Tout ce qui existe est mystérieux. L'existence est mystérieuse. En ville, vous êtes distraits. Vous construisez des maisons, vous fabriquez des objets qui reflètent vos idées, des idées qui vous reflètent vous-mêmes. La technique finit par cacher le mystère.
Sofia soupira bruyamment. Au fond, elle avait du respect pour la foi de la Théière, mais beaucoup de mépris pour l'institution panthériste. Le contenu, oui; le contenant, non.
Le roi, c'est celui qui se conquiert lui-même. Celui qui vainc sa peur. Sa peur et sa colère.
Trouverait-on la réponse à temps? L’avenir ne vient pas avec un mode d’emploi.
Forcé de devenir Vizir, il était devenu Vizir et maintenant, vu l'idiotie du Quatorzième, il devait absolument le rester. Devoir civique. Question de morale.
Examine le mal. Apprends à le connaître. Cherche sa racine. Comprends ce qu'il veut, d'où il vient. D'un désir frustré ? D'une blessure inguérissable ? D'un adieu mal formé ? Souvent la racine n'est pas mauvaise en soi. Elle n'est pas le mal, non, non. Elle 'a' mal, plutôt.
La fin du monde (qui n'est jamais une bonne nouvelle) est particulièrement dommageable aux puissants, en particulier ceux qui ont perdu tout contact avec la réalité. Ce détachement est très commun : les puissants oublient les responsabilités qui viennent avec le pouvoir et qui le justifient parce qu'ils sont entièrement occupés par la tâche de se maintenir au sommet.
Les ossements s'émaillaient à l'air libre. Six cents moutons, une fosse commune, sécheresse et harmattan ; des cages thoraciques, des mâchoires et des crânes, des centaines de pattes, des milliers de vertèbres ; une nécropole incendiée par le soleil couchant. Arash s'y avança avec l'impression troublante de marcher sur le squelette de la terre elle-même. Appauvrie, exploitée jusqu’à l'os, allait-elle s'éroder jusqu'à son noyau incandescent ?
Les séparations, les frontières, ce sont aussi des inventions. Je vais te donner un exemple. Plus loin, là-bas, quelque part dans le sable, un autre empire commence. On a planté un poteau de métal pour marquer la frontière. Il est là-bas. Debout. Tout seul. Il invente la frontière. Un peu partout dans ta pensée, il y a des poteaux comme celui-là. Des frontières entres les pouvoirs, entre les races, entre le générations, entre les genres, entre les mondes, entre les temps. Entre les morts et les vivants. Entre aujourd'hui et demain. C'est la peur qui met des poteaux partout.
Malek, dans la vie, trois choses seulement n'ont pas de frontière. Lesquelles ? La mort, d'abord. La musique, ensuite. Et puis l'amitié. Par amitié, tu sais, on peut soulever des montagnes.
Selim avait honoré deux formes de pouvoir - politique et religieux. Elle avait complètement occulté celui qui les précédait et les rendait possibles : la nature. La nature devant laquelle, tôt ou tard, nous devrons tous nous incliner.
- Vizir, je te plains. Moi je n'ai rien, donc je suis libre. [...]
- Il faut un minimum de confort matériel pour être vraiment libre, Sourcier.
- C'est vrai. J'ai mangé, j'ai bu, je vais dormir au chaud près de ma famille. J'ai déjà tout ce qu'il me faut.
Toutes nos actions entraînent des conséquences.
L'origine, il faut s'en souvenir. Parce qu'autrefois, Vizir, l'humain pouvait penser un monde qui continue après lui. Il pouvait endurer faim et soif pour les enfants encore à naître. Il craignait leurs guerres à venir, il voulait à tout prix leur laisser un monde habitable.