La Dernière saison de Selim

Quand on commence à avoir lu beaucoup de littératures de l'imaginaire, on finit souvent par reconnaître assez vite certains codes de la fantasy. Les énièmes variations sur les motifs connus auront beau être imaginatives, elles laisseront toujours le goût décevant d'un exercice de style qui représente presque un but en soi. Et bien ici pas du tout !

Pascale Quiviger nous immerge dans un univers dense et si cohérent qu'on jurerait qu'elle y a voyagé. Un monde de mille et une nuits qui n'a pourtant rien à voir, traversé de parfums et de saveurs, gorgé de références déconcertantes, gouverné par des normes, des lois et des coutumes dont le sens se révèle au fil des pages. le système politique tricéphale de Selim défie toutes les catégories de la politique comparée : il y a l'infinie en charge du spirituel, le sultan qui incarne la politique du ventre et le vizir qui gouverne en s'appuyant un savoir encyclopédique et des principes rationnels. Chacun poursuivant son propre agenda au détriment des autres, vous imaginez bien que le pays est truffé d'espions…

Ce qui est magistral, c'est la manière dont cet univers nourrit l'intrigue, lui donnant de la profondeur, semant ici et là des éléments sur lesquels elle rebondira allégrement des chapitres plus tard. Et cette intrigue, donc ? Elle commence avec un orphelin démuni auquel beaucoup semblent s'intéresser. de péripéties en rebondissements, on récolte les indices qui nous mettent sur la voie de ce qui est en train de se jouer, on recoupe les éléments pour arriver à des conclusions sidérantes, on suit l'enquête d'espions de haut vol qui s'infiltrent dans les lieux les plus impénétrables.

Chemin faisant, on ne sait plus à qui se fier mais on finit par s'attacher aux personnages, loin d'être parfaits, mais tellement humains.

Tout cela porté par une plume vive et malicieuse et nourri de subtiles réflexions sur les fondements du pouvoir, la prédation des ressources naturelles, les dilemmes éthiques, l'amour et l'émancipation féminine.

Un grand merci à la sélection du Prix Vendredi et à livresdavril d'avoir attiré mon attention sur ce roman qui m'a fait oublier tout le reste.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..

Amusante coïncidence qui veut que j'enchaîne deux romans (pourtant très différents) sur lesquels figure une porte orientale.
Après "Tant que fleuriront les citronniers", voici donc "La dernière saison de Selim".

Dans une oasis imaginaire, Pascale Quiviger plante une société où les femmes sont investies d'un grand pouvoir religieux. Et pour cause : le panthérisme, leur religion monothéiste, a pour objet une déesse. Ce "matriarcat" (en réalité simple contre pouvoir face au sultan) ne rend pas la société plus égalitaire, loin s'en faut : il est dirigé par une Infinie qui parle en prenant exemple sur Maître Yoda, la sagesse en moins.

J'ai adoré l'ambiance "Mille et une nuit", les coutumes et croyances millénaires créées par Pascale Quiviger et, bien sûr retrouver Esmée et Mercenaire.
Très sympa aussi d'en apprendre plus sur l'histoire de ce personnage mystérieux !
Je suis plus partagée sur la gestion des quatre personnages : bien qu'ils n'arrivent qu'à la page 115, Mercenaire et Esmée éclipsent un long moment Malek et Sofia.

Il faut dire que l'on s'attache vite et durablement à ces jeunes malmenés par la vie et à l'histoire singulière. Ils m'ont manqué, j'aurais aimé qu'ils aient une place plus importante dans les (nombreux) rebondissements de l'intrigue. L'auteure a pourtant prouvé dans sa saga du "Royaume de Pierre d'Angle" qu'elle n'avait aucune difficulté à jongler avec une multitude de personnages. C'est d'ailleurs l'un de ses grands talents : créer des figures romanesques et nuancées dont on a plaisir à suivre le cheminement.

Merci aux éditions du Rouergue de m'avoir permis de découvrir ce roman en lice pour le Prix Vendredi 2023 !

La dernière saison de Sélim est mon premier livre de Pascale Quiviger. Je l'ai trouvé à la bibliothèque, un peu par hasard, attirée par cette très belle couverture.
J'ai été vraiment intéressée par ce roman qui se rangerait plus dans la fantaisie pour adolescent. On est plongé dans un univers imaginé mais qui ne nous est pas inconnu, il évoque le désert, les oasis perdus au milieu de nulle part, un monde de mille-et-une-nuit. L'écriture d'ailleurs nous plonge sensoriellement dans ce monde, on ressent la chaleur, les odeurs, le sable. J'ai vraiment accroché avec l'histoire, dont le sens profond fait écho avec le monde dans lequel nous vivons, l'oubli et le non-respect de la nature qui pourtant
, nous permet de vivre. J'ai aimé la société imaginée, entre un pouvoir politique (peu reluisant) et un pouvoir religieux (tout aussi déconnecté). J'ai beaucoup aimé certains personnages, tels que Sophia et Malek, ou même encore le mercenaire. Cependant, je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas adhéré à la dynamique du Mercenaire et d'Esmée, personnage que j'ai trouvé le moins intéressant.
Néanmoins, si je trouve le royaume de pierre d'angle à la biblio, je foncerais!!!
une belle lecture, qui résonne!

"Lorsque le soleil ne se lèvera plus, ce que vous consommez vous consumera."

C'est par ces mots inquiétants que commence La dernière saison de Selim, un très bon roman ado qui nous plonge dans un univers aride, à deux doigts de s'effondrer.

Malek est un jeune orphelin qui survit tant bien que mal dans une oasis cernéepar le désert. Ses parents ont mystérieusement disparu , faisant de lui un paria. Sa vie bascule lorsqu'il rencontre Sofia, une jeune malvoyante bossue, avec laquelle il va lier une étrange amitié.

***

Une mystérieuse prophétie qui annonce l'apocalypse, des intrigues politiques entre un tyran égoïste, une déesse incarnée par l'Infinie et un vizir cultivé, deux jeunes maltraités par la vie et deux héros en mission, le tout dans une explosion de couleurs et d'odeurs. On a l'impression d'y être.

Il y a un côté envoûtant à cette histoire, qui nous propose un univers dense et riche. C'est un livre qui monte en puissance peu à peu, qui gagne en profondeur au fur et à mesure que les différents points abordés et les différents personnages se rejoignent. Des personnages fascinants, qui ne sont pas exempts de tout défaut, loin de là. Des destins qui s'entremêlent, dans un pays dans lequel les noms ont leur importance.

Les dialogues sont particulièrement savoureux, donnant parfois une belle portée philosophique à ce titre. Paraboles et messages écologiques transparaissent notamment dans les paroles du Sourcier, sorte de sage vivant parmi les nomades. On percoit en effet les conséquences de la cupidité et de l'égoïsme des êtres humains sur la planète, leur destruction de la nature. Mais aussi, en toile de fond, la solidarité et l'entraide plus forts que tout. Un beau message d'espoir.

Moi qui suis plutôt grand nord et froid polaire, j'ai apprécié cette plongée en plein désert, et je vais de ce pas m'empresser de découvrir le royaume de Pierre d'Angle !

Après mon énormissime coup de coeur pour la saga du "Royaume de Pierre d'Angle", j'étais fébrile de découvrir le nouveau roman de Pascale Quivigier, roman se déroulant dans le même univers.

Le moins qu'on puisse dire est que l'auteure a su développer avec brio son univers en y ajoutant un royaume saisissant de réalisme. L'immersion est totale. J'ai l'impression d'avoir déambulé dans les rues de Sélim, observé les étals des commerçants, senti la chaleur s'abattant sur la ville. L'écriture de Pascale Quivigier est toujours aussi flamboyante et ciselée.

Là où le bât blesse à mes yeux, c'est que l'intrigue est, il faut le dire, extrêment longue à démarrer. À tel point que le roman m'est tombé des mains à plusieurs reprises, j'avais réellement du mal à avancer dans ma lecture. Peut-être cela est-il dû au fait que Mercenaire et sa moitié n'apparaissent finalement que tardivement dans le roman. J'avoue que j'avais vraiment hâte de les retrouver. Quand au bout de 250 pages, ils n'étaient toujours pas là, je me suis vraiment posée des questions ! Bref, tout cela fait que cette lecture a été un peu difficile pour moi, j'ai eu du mal à rentrer dedans, contrairement au "Royaume de Pierre d'angle" que j'ai dévoré fiévreusement.