AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pat Conroy (431)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Charleston sud

Quelle déception!

J'avais beaucoup apprécié Le Prince Des Marées, aussi est ce avec enthousiasme que j'ai abordé la lecture de Charleston Sud. Hélas, dès le début, l'histoire a "patiné".

La première partie dans laquelle sont présentés les personnages est longue, ennuyeuse, et je me suis vraiment forcée pour ne pas abandonner ce livre.

La suite est plus enlevée et j'espérais beaucoup de cette histoire d'amis qui, devenus adultes, recherchent l'un des leurs disparu dans le San Francisco des années sida.

Mais au final, ce récit parait bien peu crédible, de plus, les personnages sont caricaturaux, les dialogues artificiels et agaçants.

Même les descriptions de de Charleston ne rendent pas justice à la grande beauté de cette ville.

Bref, un roman que je ne recommande pas.
Commenter  J’apprécie          80
Charleston sud

Commenter  J’apprécie          10
Charleston sud

J'ai lu beaucoup de bonnes critiques concernant "Le prince des marées", mais le hasard a voulu que je découvre Pat Conroy avec "Charleston Sud".

Mon avis de lecture est mitigé.

"Charleston Sud" raconte l'histoire d'une ville, au sein de laquelle naît une grande histoire d'amitié entre des personnages aux profils distincts.

D'un côté, je ne peux que saluer le talent de l'auteur à donner vie à ses personnages, qu'il semble aimer. Charleston se pose en décor de fond, mais occupe dans le roman une place à part entière, une place que Conroy lui dévoue avec une indéniable générosité. Il parvient plutôt bien à transmettre au lecteur sa fascination pour cette ville du Sud. À ce titre, J'ai trouvé les premières pages du roman assez envoûtantes : riches de noms de rues, de détails sur la vie des habitants, d'évocations du passé de la ville, de considérations concernant les couches sociales.



Je suis en revanche plus perplexe sur le choix de l'auteur d'avoir développé d'amples passages délayés au cours desquels les personnages ne font que bavarder, se lancer des blagues et entretenir leur relation d'amitié autour d'un barbecue. Conroy pousse très en avant son soucis de donner corps à ses personnages, hélas pourtant, je ne me sentais parfois pas captivé. Cette particularité du récit lui confère une dimension très bavarde, un peu répétitive, parfois lassante. D'autant que la trame de fond se ponctue d'événements que j'ai trouvé dissonants avec la dimension fraternelle et détaillée des relations humaines : suicide, viols, meurtres, racisme, alcoolisme, n'est-ce pas un peu trop ?

Le roman revêt à certains moments de l'histoire des allures de thriller, sans que cela n'apporte grand chose à la trame principale.



Je suis allé au bout du livre, car je lui reconnais des qualités, mais je n'ai pas réussi à comprendre la démarche de l'auteur, qui me donne le sentiment d'avoir pêché par ambition et de ne pas avoir su faire de choix.



"Charleston Sud" est selon moi, comme une soupe dans laquelle aucun goût ne se détache, faute d'y avoir mélangé trop de légume. Agréable, mais un peu insipide, malgré tout.
Commenter  J’apprécie          40
La mort de Santini

La mort du grand Santini

Rarement un livre reçu dans le cadre d’une Masse critique m’aura autant conquise. J’avais depuis très longtemps dans ma PAL Prince des marées, c’est pourquoi le nom de l’auteur ne m’était pas inconnu et que j’ai répondu sans hésiter à l’opération de Babelio et des éditions Le Nouveau Pont.

Pat Conroy revient sur son histoire familiale, en axant son récit sur son père, un marines, narcissique et violent qui fait vivre à sa femme et ses sept enfants des déménagements réguliers et des coups de sang qui le sont tout autant.

Ce climat d’insécurité marque définitivement toute la fratrie, générant chez les uns des dépressions profondes, chez les autres de la maladie mentale. Le récit pourrait être sombre car il décrit des violences physiques et psychiques répétées et destructrices. Pourtant, l’humour de l’auteur, la cocasserie de certaines scènes, le cabotinage permanent du père, son ingénuité dans le déni de la maltraitance passée, font que l’autobiographie se dévore et n’est jamais pesante.

Conroy, comme Duroy dans Le chagrin, raconte comment son premier roman, qui s’appuie aussi sur l’histoire des colères paternelles et révèle au grand jour les brutalités de son géniteur, génère chez le ce dernier et toute la famille un réel chaos. Alors qu’il est l’objet de rejet de la plupart des membres, la réaction de Don, son père, clôt définitivement les conflits. S’amorcent alors de nouvelles relations entre le père et le fils comme si l’ouvrage avait servi d’exutoire et permis la rencontre.

La traduction est plutôt de qualité, les dialogues drôles, le propos est très intéressant car ce père violent est aussi capable, alors qu’il vieillit, d’être un grand-père adoré et un beau-père apprécié. Don Conroy est un sacré bonhomme, ce qui ne l’absout pas des dégâts irréversibles que ses excès ont produits chez ses enfants, qui s’avère un véritable personnage de roman. Son fils, toujours à distance de son sujet en le contextualisant notamment – on a un peu le sentiment que ces militaires qui ont traversé de nombreux conflits, souvent considérés comme des héros, trouvent légitimes d’exercer sur leur famille leur toute-puissance – parvient à émouvoir son lecteur, à le faire pénétrer dans son intimité, joignant même des photos au cœur du livre, sans jamais en rabattre sur la pudeur.

A découvrir sans hésiter !

Commenter  J’apprécie          112
La mort de Santini

Pat Conroy fait partie des auteurs qui savent me transporter dans un autre monde et dans un autre genre de vie. J’ai lu tous ses romans et sa mort m’a touchée. Le monde dans lequel il me transporte, c’est la Louisiane ou l’Alabama. Il sait me faire aimer les états du Sud, pourtant souvent peu sympathiques. Il faut dire qu’il vient d’une famille pour le moins non-conventionnelle : sa mère qui se veut être une « parfaite dame du Sud », n’est absolument pas raciste, car si elle est en vie, c’est grâce à une pauvre famille de fermiers noirs qui l’a nourrie alors qu’elle et ses frères et sœurs mouraient de faim pendant la grande dépression. Le racisme, l’auteur le rencontrera autant à Chicago dans la famille irlandaise qu’à Atlanta mais sous des formes différentes. L’autre genre de vie, c’est sa souffrance et sans doute la source de son talent d’écrivain : une famille « dysfonctionnelle », un père violent et des enfants témoins d’une guerre perfide entre parents dont ils sont toujours les premières victimes.

Ce livre est donc paru (en France ?) après la mort de son auteur et explique à ses lecteurs pourquoi malgré cette enfance absolument abominable il s’est réconcilié avec ses deux parents. Il montre son père « le grand Santini » sous un jour différent grâce au recul que l’âge leur a donné à tous les deux. Cet homme aimait donc ses enfants autant qu’il les frappait. Il était incapable du moindre mot de gentillesse car il avait peur de les ramollir. Plus que quiconque le « grand Santini » savait que la vie est une lutte terrible, lui qui du haut de son avion a tué des milliers de combattants qui menaçaient les troupes de son pays. Un grand héros pour l’Amérique qui a eu comme descendance des enfants qui sont tous pacifistes.



Pat Conroy a fait lui même une université militaire, et il en ressort écœuré par les comportements de certains supérieurs mais aussi avec une certaine fierté de ce qu’il est un … « Américain » . Il décrit bien ces deux aspects de sa personnalité, lui qui pendant deux ans est allé enseigner dans une école où il n’y avait que des enfants noirs très pauvres. Il dit plusieurs fois que l’Amérique déteste ses pauvres et encore plus quand ils sont noirs. Mais il aime son pays et ne renie pas ses origines.



On retrouve dans cette biographie l’écriture directe et souvent pleine d’humour et dérision de cet écrivain. Il en fallait pour vivre chez les Conroy et s’en sortir. On reconnaît aussi toutes les souffrances qu’il a si bien mises en scène dans ses romans. On peut aussi faire la part ue romanesque et de la vérité, enfin de la vérité telle qu’il a bien voulu nous la raconter. Ce livre je pense sera indispensable pour toutes celles et tous ceux qui ont lu et apprécie Pat Conroy




Lien : http://luocine.fr/?p=8616
Commenter  J’apprécie          50
La mort de Santini

En premier lieu, je tiens à remercier sincèrement les Éditions le Nouveau Pont pour m'avoir adressé gracieusement ce livre que, sans cette aubaine, je n'aurais pas hésité à acheter.

Je salue au passage l'excellente traduction de Marie Bisseriex. Il faut aimer les auteurs et la littérature pour s'acquitter de cette tâche avec brio et, force est de constater, que tous les traducteurs ne sont pas animés de ces louables motivations. Il convient donc de le souligner quand, comme présentement, la traduction est réalisée avec talent et respect de l'esprit de l'oeuvre et de son auteur.



Alors, sans doute est-ce parce que l'histoire de cette relation avec son père a pour moi une résonance particulière, mais j'ai trouvé que Pat Conroy avait très habilement mené son autobiographie. Il a, en effet, réussi à me faire passer par toute la palette des sentiments.

Avec lui, et graduellement, j'ai éprouvé : la détestation, la rage, l'acceptation, l'indulgence, l'empathie, la considération et, aussi inattendu que cela puisse être, une certaine tendresse pour cet homme invivable qui se serait pourtant contrefoutu de mon opinion, ou de celle de quiconque, à son encontre.



Aîné d'une fratrie de sept, Pat Conroy a très vite compris que le seul moyen de sortir plus ou moins indemne de cette relation destructrice était de se blinder, de prendre de la distance. À la violence, les vexations, les humiliations paternelles, il a opposé l'ironie, la dérision, la désinvolture, l'humour. Il s'est forgé une carapace sur laquelle Don n'a plus trouvé la moindre faille pour le dégommer.

Dans ce jeu de massacre qu'il avait lui-même instauré, le Grand Santini qui ne respectait que la force a, j'en suis persuadée, fini par nourrir de la fierté pour ce fils qu'il n'était pas parvenu à démolir et dans lequel il se retrouvait.



J'aurais aimé lire ce livre il y a vingt ans. Cela m'aurait permis de connaître la seule stratégie efficace dans ce genre de situation tordue. Je n'aurais pas attendu l'impossible, ne me serais pas bercée d'illusions, n'aurais pas offert le flanc par une attitude de fillette vulnérable... J'aurais eu conscience des véritables règles du jeu et pu poursuivre la partie jusqu'à son terme au lieu de déclarer forfait en fuyant cinq ans avant la fin.

Mais mon père n'était pas le Grand Santini, pilote de chasse dans les Marines et, surtout, surtout... je ne suis pas Pat Conroy.
Commenter  J’apprécie          4921
La mort de Santini

Pat Conroy est un écrivain sudiste (à l'instar de Faulkner et d'autres) mais que je ne connaissais pas. Cette masse critique privilège m'a permis de combler cette lacune.



L'auteur revient sur sa vie, de son enfance maltraitée à l'age mûr, en passant par les étapes décisives : instituteur dans une école noire (je vous rappelle que nous sommes chez les sudistes), ses débuts d'écrivains, la sortie de son livre sur la maltraitance de son père et le film adapté, le divorce des parents,...



Dans ce livre, on comprend la psychologie de ces enfants maltraités : malgré la haine pour son père, on sent l'amour pour lui qu'il a recherché tout au long de sa vie. il est toujours présent, peut-être pour entendre une explication, un repenti, ... mais qui n'arrive généralement jamais.



Ce livre va au-delà de cette seule relation puisqu'il y évoque sa mère, qui n'était pas parfaite non plus, ses grands-parents, sa famille plus large, ... On comprend qu'il a eu besoin de connaitre chaque histoire des membres de sa famille pour expliquer leurs comportements et réactions.



Je salue son humanisme et altruisme pour désirer comprendre ses parents, leur genèse et en trouver une explication, un pardon, d'autant plus lorsqu'on a connu toutes ses humiliations, maltraitances et subi celles de ses frères et sœurs et mère.



Merci à Babélio et aux éditions Le nouveau pont!





Commenter  J’apprécie          80
La mort de Santini

Merci à Babelio et aux éditions Le nouveau pont pour m'avoir fait parvenir ce livre.

Je connaissais Pat Conroy à travers ses romans Beach Music et Charleston Sud, j'avais vu Le prince des Marées... Je ne connaissais pas l'auteur, ce livre m'a permis de découvrir l'homme derrière ces histoires.

Ce livre est entre l'autobiographie et le journal de création d'un romancier. Il nous livre l'histoire de sa famille et le lien avec son écriture. Contrairement à ce que je croyais, ce n'est pas un écrivain pur jus du Sud des États Unis mais le fils d'un irlandais de Chicago et d'une fille du Piedmont qui joua toute sa vie à être une fille du Sud. La famille Conroy est haute en couleurs que ce soit du côté de son père ou de sa mère. Si en plus on y ajoute l'alchimie de ses parents, il semble que les sept enfants du couple n'avaient aucune chance d'en sortir indemne. Pour compliquer les relations familiales, il faut ajouter que ce père était un pilote de chasse Marines centré sur lui et violent avec sa famille au complet, femme et enfants compris. Pat Conroy étant l'aîné, il a souvent pris le parti de défendre sa mère puis ses frères et sœurs.

La haine qu'il développa pour son père se ressent dès les premières pages. Le récit accumule les liens entre ses romans et son histoire. Il fait part de ses hésitations artistiques et des conséquences de ses romans sur la vie de sa grande famille. Les relations ne sont pas plus faciles avec ses frères et sœurs. Carol Ann et Tom ont hérité des faiblesses familiales et se révèlent tout aussi perturbant que leur père.

Ce qui est étrange, c'est l'amour de ce fils pour un père dur et maltraitant qui se développe au fur et à mesure des chapitres. Comment un enfant peut toujours aimer ses parents ? Pat Conroy en donne une illustration à travers son chemin de vie. Il ne donne pas les clés pour pardonner ou accepter l'inacceptable mais son histoire.

L'éloge à son père est émouvant et juste, il clôture le récit en beauté.

Un excellent moment lecture pour les amoureux de Pat Conroy ou pour ceux qui s'interrogent sur les relations familiales.
Lien : http://pendantmapause.canalb..
Commenter  J’apprécie          40
La mort de Santini

Pat Conroy, qui est mort l’an passé à l’âge de 70 ans, nous laisse une biographie passionnante, riche en évènements et en réflexions.

Il nous raconte son enfance cabossée dans une famille où la violence est coutumière. Son père Don Conroy, pilote de chasse dans l’armée de l’air, fait régner la terreur à la maison, bat sa femme et ses enfants régulièrement. Pat est l’aîné de sept enfants, dont cinq tenteront de se suicider, l’un d’eux finissant par y parvenir. Il évoque les humiliations de ce père haï et la lâcheté de sa mère qu’il vénère malgré tout et tente d’aider alors qu’elle ne fut jamais capable de l’aimer vraiment ni de protéger ses enfants.

Lorsque l’auteur commence à publier des romans, filmés par Hollywood, il se rapproche de son père et le laisse assister et participer aux séances de dédicaces, lui paye un avocat pour son divorce, le fréquente régulièrement, le veille jusqu’à sa mort et semble lui pardonner sa méchanceté, sans pour autant en oublier les nombreux épisodes. Le lecteur est ébahi par un tel revirement, alors même que ce père ne reconnaîtra jamais ses torts et continuera à se comporter de manière inadmissible envers ses enfants, subtilisant par exemple le courrier personnel de l’auteur.

On est happé dès les premières pages par ce récit merveilleusement écrit. L’auteur réussit à être drôle et touchant à la fois. Il nous raconte avec beaucoup de subtilité l’ambivalence des sentiments qu’il nourrit envers son père, haï et pardonné à la fois, dont il cherche à se détacher sans y parvenir en raison de son irrésistible envie d’être aimé de lui. Poignant et passionnant, ce livre se lit d’une traite avec beaucoup de plaisir, malgré une certaine incompréhension pour l’indulgence de l’auteur et son attachement à son père. La couverture du livre est magnifique et en illustre parfaitement le contenu.

Merci à Babelio et aux Editions Le Nouveau Pont pour ce beau moment de lecture.

Commenter  J’apprécie          50
La mort de Santini

Ami-e-s de l'autobiographie, bonsoir !

En voilà une pure et dure, dans la grande tradition de Rousseau, avec pacte autobiographique "je vais tenter de dire la vérité", doutes sur la fidélité de la mémoire, confessions etc...

Pat Conroy, dont j'avais déjà lu le magnifique "Prince des marées", avoue dès le prologue que toute son œuvre, tous ses personnages, sont inspirés de sa famille. Mais là, il va tenter de coller au maximum au réel, et faire renaître une dernière fois ses spectres fondateurs, ses hantises, ses bourreaux : ses parents. Ou plus précisément, Don Conroy, héros de guerre, aviateur de génie, époux et père d'une violence folle. Mais, étrangement ce n'est pas l'enfance qui est revécue ici, elle est évacuée dès le prologue : coups et blessures, blessures et coups, rage, sadisme, à la lumière d'une scène unique et exemplaire, l'anniversaire des dix ans de sa sœur cadette, qui attendait ce jour avec une telle joie qu'elle vit son père et sa mère se battre au couteau, avec Pat entre eux, devant son gâteau d'anniversaire...

Ce qui est évoqué, c'est l'âge adulte, et c'est l'originalité de cette autobiographie. Pat Conroy fait revivre les failles engendrées par cette enfance décimée dans chacun de ses sept frères et sœurs. Et c'est un carnage, je vous laisse juger des sorts, notamment, de Tom et de Carol Ann, la petite aux dix ans brisés...

Plus il mûrit et vieillit, plus Pat Conroy cherche l'humanité chez son père. Il veut désespérément la trouver, mais laisse la lectrice dubitative. Etait-ce son seul moyen de survivre ? Veut-il nous persuader nous pour se persuader lui ? Aurait-il pu vivre en haïssant son père ? Etait-ce le seul moyen de lui échapper, de ne pas lui ressembler, de se structurer malgré tout ? Pas de réponses, bien sûr, mais pas de neutralité non plus. On n'est pas chez Annie Ernaux, les sentiments coulent à flot, haine, colère, tristesse, amour, foi...C'est même un peu trop pour être honnête, on aimerait le voir parvenir à l'indifférence.

C'est néanmoins un beau texte, plein d'atmosphère et de personnages très complexes. De plus, l'objet livre est magnifique !

Je remercie Babelio et les éditions Le Nouveau Pont pour cette lecture !

Commenter  J’apprécie          334
La mort de Santini

Le Grand Santini, ce descendant d'Irlandais héros du Marin Corps, qui a terrorisé sa femme et ses sept enfants à force de violences et d'humiliation, Pat Conroy l'a déjà présenté sous forme de fiction, pour ceux que ont lu Le grand Santini en tout cas. Et voilà qu'après sa mort l'auteur revient sur ce père rejetant et fascinant, sur ses origines, et sur tout ce que ce comportement maltraitant, cet amour mal exprimé, cet égocentrisme destructeur ont engendré : les enfants aux diverses pathologies psychiatriques (et parmi eux deux écrivains, mais c’est bien cher payé), le divorce qui l'a enfin calmé, la relation fusionnelle du clan, et l'amour curieusement indéfectible que tous continuent à lui porter jusque sur son lit de mort.



C'est un sacré clan, cette famille Conroy, composée d'êtres déchirés, passionnés, emportés. Un clan où haine et amour font plus que se tenir par la main, mais s’enchevêtrent l'une l'autre. Cette fusion explosive m'a été d'autant plus difficile à appréhender , que l'auteur reste (avec brio) totalement dans le factuel, dans un récit parfois un peu brouillon. Il n'explique rien (ne craignez p les longues explications psychologiques), ne donne pas les clés en évitant curieusement de raconter les bons moments. Sans doute n'ai-je ni l'esprit militaire, ni la foi qui ont servi de ciment à ces êtres à la dérive, et cela explique que j'ai été plus intéressée que passionnée par ce récit. Cela restera pour moi un témoignage saisissant sur ce que l'âme humaine a de pire et de meilleur, comment cela s'entremêle en chacun de nous, êtres complexes et souffrants.



Je remercie pour cette expérience Babelio et ce nouvel éditeur bordelais, Le Nouveau Pont , qui nous offre ce livre, agréable à l’œil et au toucher sous sa présentation élégante.
Commenter  J’apprécie          80
La mort de Santini

J'ai fini " la mort de Santini " et j'avoue que c'est un soulagement.

Le plus dur reste à faire. Comment écrire une critique sur un tel livre quand le thème abordé est la violence conjugale et familiale. C'est avec mes yeux de lecteur que j'ai suivi la famille Conroy.

Dans "la mort de Santini" Pat Conroy à travers son autobiographie nous invite dans "son voyage au bout de la nuit". Pat est l'ainé d'une fratrie de sept enfants. Donald Conroy alias " le grand Santini" le père, est colonel dans l'armée de l'air, à chaque retour de mission il a la fâcheuse tendance à taper sur tout ce qui bouge, femme et enfants, il a horreur d'être contrarié.

Quand à Peg Conroy la mère, une femme plutôt coquette mais pas très maternelle, elle pense plus à sa garde-robe qu'à ses enfants. Elle même abandonnée à l'âge de 4ans par sa mère Stanny lors de la grande dépression.

Avec une famille pareil comment des enfants peuvent-ils se construire ?

Pat Conroy servira de tampon entre ses parents et ses frères et sœurs.

Son rôle de négociateur n'arrêtera les drames familiaux. Il aura même parfois un rôle ambigu face à Carol Ann sa sœur et Tom son petit frère.

Maintenant une question se pose; Peut on pardonner ?

Le pardon est un don, un cadeau que l'on fait à son bourreau. Encore faut-il pouvoir faire ce don . Pat Conroy a fait ce travail, il a pardonné "au grand Santini" .

Pour finir je vous conseille de découvrir l'écriture de cet écrivain avec ses romans phares " le prince des marées" ou encore " beach music" et si le cœur vous en dit " la mort de Santini".

Je voulais remercier babelio et sa célèbre masse critique ainsi que la maison d'édition " le nouveau pont".
Commenter  J’apprécie          614
La mort de Santini

La boucle est bouclée.



En refermant La mort de Santini, c'est un cycle qui se termine. J'ai lu tout ce qui a été traduit en français de Pat Conroy...

Et ça me peine de savoir que mon anglais n'est pas assez bon pour que je savoure pleinement ses phrases si bien tournées, ses mots source d'émotion, ses romans très largement inspirés de sa propre vie.



Car c'est un fait, Pat Conroy a toujours écrit sur sa famille, il l'avoue d'ailleurs dans le prologue de ce livre, quand il écrit le mot "père", il voit son père Don Conroy, et quand il écrit le mot "mère", c'est bien Peg Conroy qui prend vie sous sa plume.



Cela a pu parfois m'agacer, surtout quand j'ai lu Beach Music juste après Le Prince des Marées.

Mais, néanmoins, jamais Pat Conroy ne m'émeut plus que lorsqu'il parle de lui, ce n'est pas un hasard si, dans son oeuvre, Saison Noire est mon titre préféré après Le Prince des Marées.



Et La Mort de Santini, une autobiographie sous l'angle de la relation complexe qu'il a entretenue toute sa vie avec sa famille, et en particulier avec son père, m'a serré le cœur.

Don Conroy, Le Grand Santini, père maltraitant, mari maltraitant, qui a poussé tous ses enfants à la folie, à la dépression, au suicide ; c'est lui qui est au cœur de l'oeuvre de son fils, c'est lui qui est au cœur de sa vie, ce père à qui il n'a jamais pu pardonner totalement.



J'ose espérer que l'écriture et la publication de ce livre ont été une catharsis pour son auteur, là où le roman Le Gand Santini pouvait plus s'apparenter à un règlement de comptes.

En tout cas, ça a été une lecture très forte pour moi, et j'imagine qu'elle le sera pour toute personne connaissant et admirant la vie et l'oeuvre de Pat Conroy.



Semper Fi, ô Grand Santini.

Semper Fi, Pat Conroy.
Commenter  J’apprécie          50
La mort de Santini

J'avais beaucoup aimé « Le Grand Santini », roman qui s'inspirait de l'histoire de Pat Conroy alias Ben Meecham, de son père Don Conroy alias Bull Meecham surnommé Le Grand Santini, de sa mère et de toute la fratrie.

Décédé l'an dernier, l'auteur du « Prince des marées » nous a laissé une autobiographie publiée en 2013 aux USA et qui vient d'être éditée en France par la toute jeune maison bordelaise « Le nouveau pont ».

« La mort de Santini », c'est avant tout le récit d'une haine qui se transforme en amour, soulignant toute l'ambiguïté de cette mutation. Battu et avili, l'aîné des Conroy voue une inimitié féroce à son géniteur. Peu à peu, l'âge adulte venant, les deux hommes se rapprochent. Qu'est-ce qui explique cette réconciliation ? Le déni de Don, de certains de ses enfants et, parfois même de la mère, des violences subies, la vieillesse, la maladie et, surtout, le formidable humour d'un père, « animal terrestre » et de son fils qui permet de dépasser les différends.

Il n'empêche que Pat sera toute sa vie poursuivi par la dépression et incapable, comme il l'avoue lui-même, d'être un bon mari et un bon père.

Il est décidément impossible d'oublier les blessures de l'enfance surtout quand on est l'aîné d'une telle famille !

Parallèlement à la relation filiale se met en place une galerie de personnages : Peg, la mère, une femme mégalo qui s'invente une vie. Grande lectrice, elle transmet son virus des belles lettres à ses deux aînés. Victime d'une leucémie, elle sera soutenue jusqu'au bout par Pat et Don alors qu'elle a divorcé de ce dernier. Il y a aussi Stanny, la fantasque grand-mère, et Carol Ann, sœur de Pat, la poétesse jalouse de son frère qui sombre dans la démence. Comme le benjamin de la famille.

« La mort de Santini », c'est aussi le portrait du Sud des États-Unis, des Irlandais installés à Chicago. Et quand on parle d'Irlande, la religion n'est jamais très loin.

Merci à Babelio et à la maison d'édition (bravo pour la couverture qui évoque un livre pour la jeunesse) pour cette belle lecture entre émotion et rire.

La sortie en librairie est prévue pour le 12 septembre.



EXTRAITS

Ma famille est ma ration d'enfer, ma flamme éternelle, mon destin et mon temps sur la croix.

J'avais voulu être ce que je ne pouvais pas devenir – un bon père et un bon mari.

Ma fille a écrit un livre de grande poésie et mon fils aîné a écrit quelques romans pourris. Je mourrai en sachant que je resterai une figure littéraire pour l'éternité.
Lien : http://papivore.net/litterat..
Commenter  J’apprécie          60
La mort de Santini

Que Pat Conroy écrive de la fiction ou des autobiographies, on retrouve presque toujours comme élément central la figure du père haï : de Bull Meecham du Prince des Marées au juge McCall de Beach Music, il est là, l'obsession de toute la vie de son fils.

Donald Conroy n'avait rien du papa-gâteau, encourageant, défendant, protégeant son fiston en particulier et ses six autres enfants en général. A l'exact opposé, il était l'image de la maltraitance tant psychologique que physique, faisant régulièrement déguster sa recette toute personnelle de salade de phalanges aussi bien à ses enfants qu'à sa femme qui tous autant qu'ils étaient finissaient par ne plus souhaiter qu'une chose : qu'une guerre se déclare n'importe où dans le monde afin que leur Marine de père et de mari y soit appelé en mission. Pat Conroy en arrivera même, lui, à souhaiter qu'il se fasse descendre afin de les libérer tous de cette monstruosité de qui il n'avait jamais demandé à être le fils mal aimé.



Et pourtant, pourtant...



Après des dépressions à répétitions, l'écriture de livres prenant la forme de catharsis pour se soustraire une bonne fois à l'éducation désastreuse que son père lui a offert à coups de poings et d'humiliation, après s'être mis sa presque famille entière à dos en accusant son géniteur de ce que d'aucuns qualifieront de lubies et de "prêt-à-tout-pour-se-faire-remarquer", on assiste, au travers de La Mort de Santini, à un inconcevable rapprochement entre le père et le fils et Pat Conroy qui, pour de mystérieuses raisons, n'a jamais coupé les ponts avec ce diable de père, va découvrir – à travers les terribles épreuves de la mort de la mère puis du frère mentalement plus abîmé que les autres – un homme drôle et sensible. Quelle surprise, après tous ces écrits sur ce Marine froid et sans coeur d'assister à ces scènes où Don Conroy, à la vue de tous, craque, pleure, gémit, sanglote... On connaissait l'homme dur du Grand Santini et de Saison Noire mais pour la première fois, on découvre un individu loin d'être dénué de toute empathie, frôlant presque la sympathie même parfois.



La Mort de Santini est un livre important pour ceux qui s'intéressent à l'oeuvre et à la vie de cet écrivain talentueux. De sa belle plume Sudiste, Pat Conroy éclaire d'un jour nouveau ses ouvrages précédents, fait la paix avec sa Némésis et avec sa vie sans chichis ni faux-semblants car cette fois Don Conroy s’appellera Don Conroy et pour son ultime opus sur cette relation destructrice, Pat Conroy fait le choix de l'autobiographie pure, plus rien de fictionnel, uniquement des faits, des ressentis, des larmes, des peines, des douleurs, et parfois, malgré tout, du bonheur et de l'amour, peu, mais comme toutes choses rares, ça n'en devient que plus sacré.



J'ai eu beau le lire le plus lentement possible vu qu'on ne sait pas quand ni même si on reverra un nouveau Pat Conroy un jour (oui, j'avais déjà dit ça sur Saison Noire, c'est dire à quel point la sortie de La Mort de Santini a été une agréable surprise, d'ailleurs un tout grand merci aux Éditions du Nouveau Pont, et à Babelio pour ce beau cadeau). Oui donc, une lecture au ralenti mais malheureusement à moins de lire en rewind, on fini toujours par arriver au bout.

Reste plus qu'à espérer qu'une maison d'édition se décide un jour à sortir "The Lords of Discipline" et "The Water is wide". Preuve avec La Mort de Santini que ce n'est pas impossible, à surveiller donc...
Commenter  J’apprécie          253
La mort de Santini

Déçu par cet ultime livre de Pat Conroy. Il manque quelques repères généalogiques en annexe pour arriver à se retrouver dans les familles des parents, des amis sans oublier les trois mariages de l’auteur. Ce livre autobiographique est brouillon et c’est dommage. Il ne peut pas, de toute manière , être compris si l’on n’a pas lu les autres livres de Pat Conroy . J’ai été très impressionné par la relation violente de la mère, Peg, avec sa fille Carol Ann. On est proche de la haine. On reste surpris par le déni des frères et sœurs et on se dit que Pat Conroy nous a donné au fil de ses romans « sa vérité » sur l’histoire de cette famille de « timbrés ». On aurait presque aimé un roman choral où chacun des membres de la famille se serait exprimé pour raconter sa version. Il n’en reste pas moins que dans l’œuvre de cet auteur « le Prince des marées » reste une pure merveille de lecture.
Commenter  J’apprécie          00
La mort de Santini

Après le succès remporté par son roman porté à l'écran, Le Grand Santini, dans lequel il dénonce le caractère violent du père avec sa femme et ses enfants, son père décédé, il écrit La Mort de Santini, un livre réconciliation en forme de mémoires. Dans ce livre, il évoque sa vie familiale, sa jeunesse, ses études, son métier d'instituteur dont il fut renvoyé au vu de ses méthodes controversées, Pat n'ayant pas le caractère raciste des gens du Sud. Suite à sa carrière d'enseignant interrompue, il se consacre à l'écriture. Lors des séances de dédicaces du roman Le Grand Santini, livre tout d'abord décrié par son père et toute sa famille, Pat et son père, le Colonel à la retraite, Don Conroy, se sont rapprochés. La présentation de ses romans le conduira à Chicago où vit la famille de son père et en Irlande leur pays d'origine. La maladie et la mort de Peg, la maman, et ensuite celle de Don, le père, rassemblent la fratrie et tous les membres de la famille.

En épilogue, le magnifique éloge funèbre de Pat Conroy pour son père, le Grand Santini, Colonel US Marine Corps.

L'écriture est fluide, une autobiographie qui se lit comme un roman.

La couverture est très belle, une aquarelle sur carton dessin, les pages en papier blanc de bonne qualité en font un bel objet livre.

Un grand merci aux Éditions Le Nouveau Pont pour cet envoi et à Babelio pour l'organisation de cette Masse critique.



Charleston Sud étant dans ma PAL, c'est avec plaisir que je retrouverai la plume de Pat Conroy.

Commenter  J’apprécie          594
La mort de Santini

J'ai connu Pat Conroy avec l'excellent "Prince des marées". Je n'ai d'ailleurs rien lu d'autre de cet auteur.

Babélio m'a proposé de me faire découvrir "la mort de Santini", et j'ai sauté sur l'occasion.

Belle couverture, joli dessin, cela se présente sous les meilleurs auspices.

Il s'agit là d'une autobiographie de l'auteur, décédé l'an dernier.

Celui-ci est né dans le sud des Etats-Unis, là où la ségrégation raciale n' a pas encore pris fin, dans une famille où il sera l'aîné des sept enfants de Don et Peg Conroy.

Don, le père est un aviateur de guerre qui de mutation en mutation, traîne sa famille de ville en ville. En dehors de son travail de militaire, où il est unanimement reconnu, il rentre chez lui pour harceler et battre sa femme et ses enfants. C'est un homme bourru, irascible qui maltraite les siens sans relâche.

En fait, on s'aperçoit en lisant cette autobiographie, qui ressemble davantage à un vrai roman, que Pat Conroy s'est très largement inspiré de sa propre vie pour écrire ses romans. Même si je ne connais (pour l'instant) que "le prince des marées", il n'est pas difficile de deviner que "le grand Santini" est pratiquement une copie conforme de sa propre vie et par conséquent de ce livre-ci.

J'ai toutefois apprécié la lecture, même si il me tardait de voir la fin arriver, un peu longue à mon goût.

Bizarre aussi, ce retournement de situation entre un père détesté, tyrannique, et par la suite, l'amour porté par l'auteur dans les dernieres années de la vie de son père. Mais là, ce n'est pas de la fiction.

Bonne lecture, et je lirai certainement "le grand Santini", mais il va falloir laisser passer un certain temps, car j'aurai trop peur de relire une copie de "la mort de Santini".
Commenter  J’apprécie          40
La mort de Santini

Merci à Babelio pour cette Masse Critique privilégiée, à Marie Bisseriex (traductrice) et aux Editions du Nouveau Pont. Félicitations à Claire Mollaret, illustratrice pour cette très belle couverture à l'aquarelle d'un avion de chasse qui semble vous frôler.



Pat Conroy confirme son style précis, imagé et parfois sarcastique. Il est l'un de ces bons auteurs sudistes, comme William Faulkner et Tennessee Williams, qui excellent dans les drames et adorent le Sud américain.



Mes compliments s'arrêtent ici.

J'ai détesté ce livre et si je n'avais pas eu un engagement vis-à-vis de Babelio, je l'aurais abandonné. Je me suis donc appliquée à lire 360 pages en rageant.



Voilà un auteur qui puise dans les ravages de sa famille, causés par un père égocentrique et violent, pour écrire des livres. Rien d'anormal ou d'illicite sauf quelques égratignures pour les uns et les autres. Après tant de succès, autant de dépressions récurrentes et quatre adaptations cinématographiques, Conroy trouve qu'il n'en a pas fait assez et le voilà qui s'attelle à son autobiographie.



Et tout revient : le père, Irlandais de Chicago, pilote de chasse et héros de trois guerres, apprécié à l'extérieur et haï chez lui, mari et père qui bat sa femme et ses sept enfants pour un oui ou pour un non, qui les humilie et les insulte à tour de bras. Normal que tous soient un peu déstabilisés par cette vie chaotique, en raison des affectations du père, d'une part, et de la peur qu'il suscite dès qu'il atterrit, d'autre part.



Pat Conroy est l'aîné, il est en première ligne pour les gifles, les coups de poing et les tirs de ballon dans la figure. « Mon père était fait de la pire étoffe, mais comme je suis son fils, je suis fait de la même » (p. 102).

Le « Me, Myself and I » est omniprésent. Vous me direz que c'est une autobiographie, OK, c'est aussi de l'auto-flagellation, de l'autosatisfaction et très souvent c'est même Superman et Steve Austin réunis.



Sa mère, qu'il adule et qui fait connaître la littérature à ses enfants, finit par demander le divorce. Et là, changement de ton. le Grand Santini, surnom qu'il s'est donné lorsqu'il était pilote, du nom d'un type qui sort vainqueur de toutes les situations, commence à chialer. Dès qu'il est retraité du Marine Corps, il vient habiter près de chez Pat, marié, trois filles, ancien instituteur qui s'est mis à écrire. Et chaque jour, ce père s'invite à prendre le café avec son fils comme si de rien n'était. Lorsque paraît le Grand Santini, qui sera adapté au cinéma, le père redouble d'insultes mais accompagne son fils aux séances de dédicaces de son livre. Il arrive que le père ait de plus longues files que le fils. Pathétique.



Alors qu'il ne s'est jamais préoccupé de ses enfants, le grand Santini, une fois retraité, décide de rassembler le maximum de documents à leur sujet, jusqu'à constituer deux cents dossiers bourrés de photos, de bulletins scolaires, de correspondance, de coupures de journaux. Lorsque Pat Conroy décidera d'écrire la présente autobiographie, longtemps après la mort de son père, il consultera ces archives et constatera que son père passait derrière le facteur pour subtiliser son courrier. C'est ainsi qu'il trouve une lettre de Barbra Streisand suite à son adaptation du Prince des Marées, une lettre du président Jimmy Carter, une autre du metteur en scène Martin Scorcese, plusieurs de maisons d'édition ou d'amis qu'il a ensuite perdus de vue. A part quelques noms d'oiseaux à titre posthume, que pouvait-il faire ?



Il paraît que ce livre est celui de la réconciliation. C'est là où je n'adhère pas du tout. C'est évidemment un beau sentiment que le pardon – encore que ce mot ne soit jamais écrit - mais sur 360 pages, j'ai acquis la conviction qu'il s'agissait davantage de l'acceptation par le fils du déni total du père.



Lorsqu'il lui dit qu'il aurait dû être plus sévère, comprenez, plus cogneur ; lorsqu'il pleure comme un veau à n'importe quelle occasion et surtout lors du suicide de son plus jeune fils, la coupe de l'hypocrisie est pleine pour moi. Si Pat Conroy estime que père et fils ont finalement trouvé l'amour, ça le regarde, mais qu'il n'écrive pas trois pages plus loin qu'il garde une rancoeur inguérissable de ses souvenirs d'enfance. Et tout est de la même eau, une chose et son contraire. Amour et haine ont mille visages.



Le déni jusqu'au bout. Alléluia.





Commenter  J’apprécie          6914
La mort de Santini

J'ai fini hier soir ce si beau livre. Très émue après l'avoir refermé, par l'éloge funèbre de Pat Conroy, pour son père martyrisant, égoïste à l'extrême, enfin, un père comme personne ne souhaiterait en avoir et que tout fils – ou fille – sensé fuirait comme la peste et laisserait à ses turpitudes, dès son indépendance gagnée. Mais pas Pat Conroy !



le récit qu'il fait de son enfance, sacrifiée, de ses relations familiales et de tous les excès de violence de son si célèbre père – Colonel des marines, aviateur multi-décoré, héros de trois guerres qui ont secouées l'Amérique – est captivant.



"Je ne pouvais pas supporter l'idée d'avoir écrit un roman de cinq cents pages seulement parce que j'avais besoin d'aimer mon père. Il ne m'était jamais venu à l'esprit que j'étais né avec un besoin d'aimer mon père. Que mon père puisse un jour faire en sorte de m'aimer me paraissait le fantasme le plus fou."



Et pourtant… Je suis restée bien souvent interloquée, incrédule, devant sa capacité à « pardonner », a toujours aimé ce père qui a mené à la dépression – voire à la folie – la majorité de ses enfants.

Je ne sais si c'est par faiblesse ou par grandeur d'âme qu'il ne rejette pas son géniteur. Sans doute, faut-il l'avoir vécu pour savoir quelle serait notre réaction : fuite et rejet, à l'image de Carol Anne, la soeur poète de Pat, qui « crache » tout ce qu'elle peut, au point d'en devenir folle, sur cette famille toxique et ses bourreaux – père et mère confondus, sans oublier Pat, fidèle défenseur d'une mère qu'elle exècre – , suicide comme Tom le dernier de la fratrie ou pardon et réconciliation comme le reste des sept enfants ?



Je n'ai pu m'empêcher de me poser cette question, mais cela n'enlève rien – au contraire – à l'intérêt et à la découverte de ce livre et de cet auteur. C'est un récit personnel – l'histoire aurait été tout autre racontée par Carol Ann, notamment quant à la figure maternelle, que Pat met sur un piédestal, là où on devine que la réalité était bien souvent tout autre… Mais ce n'est pas seulement cela : l'auteur nous donne une vision forte et juste « du sud », de la ségrégation et des combats menés pour en sortir, de ce racisme et de cette violence latente qui explique pour beaucoup les traits de caractère de ses parents, même si cela n'excuse rien.



"Nous nous étions retrouvées au sein d'une famille dans laquelle personne ne nous avait montré comment aimer. Pour nous, l'amour était un cercle et un labyrinthe dont tous les passages et les culs-de-sacs étaient gardés par des monstres, créés par nous mêmes."



J'ai aimé aussi, suivre au fil du récit, l'écriture et la sortie des livres de Pat Conroy, découvert avec ce livre, l'impact sur sa famille, sa ville et cet incroyable revirement que fut le tournage du film « le Grand Santini » !



Est-ce là un des nombreux pouvoirs de la création artistique, de l'art ?



En tout cas, ce fut un beau moment passé en compagnie de cette famille plus que déjantée et une belle découverte littéraire que je poursuivrai avec « le prince des marées » qui va venir grossir ma PAL.



Un grand merci à Babelio et aux éditions du Nouveau Pont pour l'envoi de ce livre.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
Commenter  J’apprécie          4712




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pat Conroy Voir plus

Quiz Voir plus

Le prince des marées de Pat Conroy

Qui est l'aîné des enfants Wingo?

Tom
Luke
Savannah
Ce sont des triplés

10 questions
65 lecteurs ont répondu
Thème : Le Prince des Marées de Pat ConroyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}