Citations de Pat Grant (15)
Regardez-les. Assis là dans la rue, en train d’aspirer des nouilles. Puis, quand ils ont fini, ils partent sans ramasser leurs ordures. Ils rachètent tous les biens immobiliers. Ils sont pratiquement propriétaires de toute la ville, maintenant. Ça ne veut pas dire qu’ils savent comment s’en occuper. Regardez autour de vous. Les arbres sont crevés. Les parterres de fleurs sont pleins de mauvaises herbes et de bouteilles brisées. Cet endroit est une décharge. Vous savez que j’ai grandi ici, hein ?
Je me demande si on a bien fait. Parce que je ne suis pas sûr que ce qu'on aurait pu voir là-bas, après le premier tunnel aurait été aussi affreux que ce qu'on n'a pas vu. (p.78)
A 13 ans, on ne choisit pas ses amis. Si j’avais rencontré Verne et Muck quelques années plus tard, j’aurais gardé mes distances. Verne avait une gueule bizarre. Et Muck était un petit salopard. Ils n’étaient pas vraiment cool. Mais j’ai passé ma jeunesse à glander avec ces deux-là. C’était les seuls jeunes qui séchaient les cours autant que moi. C’était les seuls à avoir des parents assez nazes pour les laisser faire sans rien dire.
Quand vous commencez à raconter des histoires sur votre vie, les choses semblent plus claires et nettes qu'elles l'étaient quand vous les avez vécues. (p.80)
A l’époque, la ville était bien tenue. Vos voisins appelaient le conseil municipal si votre haie devenait trop luxuriante. Mais la voie, c’était autre chose. Elle grouillait de mauvaises herbes, de rats et de pythons tapis.
Si vous viviez à Bolton durant ces premières années, vous travailliez dur et vous entreteniez votre maison. A l’époque, vous en étiez fier. De nos jours, vous ne le croiriez jamais. De nos jours, on ne trouve même plus un feuilleté à la saucisse à Bolton.
Tout ce qui est dans ma bande dessinée Blue, c’est des conneries. Par exemple, il n’y a pas de ville du nom de Bolton. Du moins pas sur la côte est. Et ce n’est pas là qu’il y a eu des visites d’étrangers bizarres à la peau bleue. […] Mais en même temps, tout est vrai. J’ai bien volé des cigarettes à mon père. J’ai bien séché les cours pour aller faire du surf avec mes amis. Et il y avait bien un chemin broussailleux qui passait au-dessus du ruisseau, sous la voie ferrée et descendait jusqu’à la plage ».
-Postface de Pat Grant : Généalogie du crétin : Images, souvenirs et comics de surf australiens-
Tout ce qui est dans ma bande dessinée « Blue », c'est des conneries. Par exemple, il n'y a pas de ville du nom de Bolton. Du moins pas sur la côte est. Et ce n'est pas là qu'il y a eu des visites d'étrangers bizarres à la peau bleue. Et je ne suis pas un râleur de droite qui travaille en tant que peintre. Mais en même temps tout est vrai . J'ai bien volé des cigarettes à mon père. J'ai bien séché les cours pour aller faire du surf avec mes amis. Et il y avait bien un chemin broussailleux qui passait au-dessus du ruisseau, sous la voie ferrée et descendait jusqu'à la plage. (p.87)
Dans une certaine mesure, il se peut que toute narration traite de la mémoire, mais la bande dessinée semble reliée avec plus de force aux vocabulaires juvéniles de l’être et de la connaissance que n’importe quelle autre forme d’écriture. Plonger dans l’espace narratif que l’art de la bande dessinée met à notre disposition –en tant que dessinateurs, mais aussi en tant que lecteurs –nous permet de retourner à un état d’adolescence ou de préadolescence en contournant les filtres analytiques et historiques avec lesquels nous, en tant qu’adultes, traitons les données sensorielles.
-Généalogie du crétin : Images, souvenirs et comics de surf australiens-
Tout le monde arrivait avec le sentiment d’aller de l’avant, d’être unis. Tout le monde puisait son courage dans le spectacle d’une autre camionnette orange se garant devant la porte d’à côté. Une famille exactement comme la nôtre déchargeant des pieds de lampe, des berceaux et des tables en formica comme les nôtres.
Ayant reçu le vide auquel nous aspirions, nous avions devant nous la tâche de mettre du sens dans le néant.
-Exergue de David Beers, Blue Sky Dream-
La boue des marais s'immisce aussi dans la mécanique.
"Aucun d'entre eux n'a idée de ce qu'il y a là-bas. Mais toutes les infos dont on a besoin sont charriées par cette petite brise. C'est l'odeur des gens malades."
Que pouvait-il y avoir de plus attractif pour deux abrutis laborieux que toute une ville qui sentait la peinture blanche fraîche ?
Les pelouses étaient tondues, les haies étaient taillées et la graisse de saucisses était toujours récupérée dans des canettes de jus d’ananas sous les barbecues. Mais peut-être… peut-être que c’est ce jour que les gens du coin ont commencé à se demander si Bolton en valait la peine…
- Comment on est censé les appeler ?
- Je sais pas. Juste « les gens bleus ».
- C’est pas un peu raciste. Ou quoi ?
- Peut-être. Mais ils sont bleus. Comment ça peut être raciste si c’est vrai ?
- Ils sont comme les négros ?
- Nan. Les négros sont différents. Les gens bleus sont plus comme les rebeus. Ou les bouffeurs de curry.
- Connerie ! Ce gamin avait rien à voir avec un bouffeur de curry. Il ressemblait plus à un nabot-rigène.