La fange

La première chose qui attire lorsque l'on découvre la couverture intrigante de ce livre, c'est le coté Toonesques que l'on voit rarement dans ce genre de comics.
Pat Grant, nous offre deux cent pages en couleur de "La Fange" une histoire bien étrange, mené par cet auteur alternatif, un récit dans la tradition des romans classiques, avec une vision critique et acerbes de notre société.
Lippy son frère Penn et leur mère entrepreneuse, partent tous les trois à la conquête d'un nouveau monde.
Le ton est donné dès les premières pages, une histoire de ruée vers la boue dans un monde, post apocalyptique, fait de chariots bizarre, un peu à la Mad Max, circulant, les uns vers le nord et un soit disant Eldorado. Les autres fuyant la Fange, ou les pauvres, seront toujours plus pauvres, n'ayant que l'argent comme guide et repère. La Fange donne, elle prend, c'est un monde sans pitié ou seul les plus organisés s'en sortiront.
Grâce à un dessin très caricatural d'aspect cartoon, et l'humour décapant à outrance, Pat Grant détend l'atmosphère bien pesant par le rire. Mc Cabe a l'aquarelle appui, les couleurs équilibrées et nuancée qui collent parfaitement au propos.

Une épopée, une ruée comme celle des chercheurs d'or dans le Yukon. Des tas de gens (4 millions de prospecteurs) se précipitent en tacots des marais vers Falter City ces iles des marais pour espérer y faire fortune. Un Ovni dans la BD, un master 2 sur les arnaques.

Une plongée underground railleuse, entre Mad Max, Deadwood, Derf Backderf, Tristan Egolf, Lucky Luke et Les Simpsons. Dans un décor de fin du monde d'hôtels miteux, arrières-salles interlopes, égouts à ciel ouverts, deux frères et leur daronne complètement mytho voient la grande cité des marais comme une ville d'Oz où il suffit de se baisser pour ramasser la richesse sur le sol spongieux. L'un, grand naïf boutonneux, rêve d'installer là-bas son commerce de yaourt. L'autre, cynique dandy désabusé, préfère claquer les économies familiales dans les combats de coq. Mais au pays de l'arnaque, on patauge dans l'entourloupe jusqu'au cou. Et jusqu'au coup de grâce.