Citations de Patrice Favaro (44)
"Il y a cependant une chose que Sigismond n'aimerait jamais avoir entendue : le bruit que fait en secret le chagrin."
- Je vous ai souvent prévenus : ne laissez jamais une mangue entamée tomber jusqu'à terre, et enterrez toujours noyaux et épluchures. Avez-vous oublié mon conseil ? Si nos voisins, les hommes, apprennent qu'il est possible de manger ces fruits, ils voudront s'emparer de toute la récolte.
- À quoi bon se soucier des hommes ? protesta Déva. Prenons les mangues qui sont les plus juteuses, les plus savoureuses, et laissons les autres. Si nos voisins se mettent à en cueillir, aucune importance, nous aurons eu les meilleures !
Déva, dans sa stupidité, ignorait que les hommes ont fort peu l'esprit de partage.
- S'ils commencent à y goûter, ils les voudront toutes, expliqua Mahakapi. Ils nous chasseront de la forêt pour nous empêcher de les cueillir. Cessez de vous montrer si insouciants : n'abandonnez plus ainsi les restes de votre repas !
Quand tu es dans la galère, le vide se fait autour de toi, et ceux qui voudraient te donner un coup de main sont précisément les gens chez qui tu ne vas pas t'imposer parce qu'ils sont dans des situations à peine meilleures que la tienne. (p. 42)
- Les hurlements, ce sera ton registre, mon cher père ! Tandis que ta voix si monstrueuse résonnera dans la nuit, la mienne paraîtra, par comparaison, beaucoup plus douce aux brebis. Fais-moi confiance, je saurai me tenir. Avec moi, il n'y aura pas de dérapage.
Le vieux loup éprouva une bouffée de fierté : quel talent sa fille montrait ! C'était bien son sang qui coulait dans ses veines.
"Les mères n'ont pas besoin de mots, leurs yeux suffisent."
Tu m'as dit que les gens ne voyagent finalement que pour deux raisons : soit parce qu'ils ont un tas de fric qu'ils ne savent pas comment dépenser, soit parce qu'ils n'en ont pas du tout.
(p. 30)
Dans la vie, on se fait tous des illusions, on se fabrique des rêves pour tenir le coup ; si jamais on voyait le monde tel qu'il est, si on se trouvait comme ça, tout à coup, le nez devant, alors... on s'enfuirait en courant comme des enfants et on irait se cacher sa tête dans le sable. C'est pour ça qu'on a un seuil. Avec d'un côté ce que l'on accepte de voir et de l'autre l'horreur sur laquelle on ferme les yeux. Seulement voilà, le seuil, il est pas au même endroit pour nous tous.
"Ainsi en a-t-il toujours été, ainsi en sera-t-il toujours :
après les heures noires de la nuit, c'est un clair matin qui se lève."
"La peur est un poison violent."
On s'est fait piquer notre GPS voilà une dizaine de jours devant un supermarché. C'est aussi bien comme ça. Même un petit trajet, quand tu le suis du doigt sur une carte, ça prend vite des airs d'expédition lointaine, tu te laisses aller à rêver.
(p. 77-78)
"Soleil couchant, soleil levant, le vie est un voyage."
Brise ta chaîne, Yiannis. Laisse derrière toi le café Karaghiosis, le monde est grand et il t'attend !
il n'y a ni eux ni nous, ni les uns ni les autres, ni les hommes ni les bêtes, un seul et même grand corps, un corps unique, infini, qui mange, qui dort, qui soupire, qui aime, qui souffre et qui tremble à l'idée de la souffrance, personne n'est différent, tous faits de la même chair, qui naît, qui vit, qui saigne, qui se reproduit, qui meurt, et ça recommence sans cesees, un corps immense, sans limites, c'est pour cela que mes yeux courent dans tous le sens, pour l'embrasser tout entier, par amour, voilà la vérité que je voudrais dire aux autres, par amour, mais ils ne peuvent pas entendre, ils ne réalisent pas... la vérité leur échappe...
[A propos de Patrice Favaro]
Les contes et les histoires ressemblent aux chemins : on commence par en suivre un et, bien vite, on tombe sur mille autres. L'envie vous prend alors de tous les explorer.
LE VENTRE DU SAGE
Comme tout brahmane hindou, Birbal était très respectueux des rites et des usages prescrits pas la religion. Jamais de sa vie, il ne mangea un seul morceau de viande.
Akbar l'interrogea un jour à ce propos.
-Pourquoi les hindous ne mangent-ils pas les vaches ?
- Lorsque nous sommes enfants, notre mère nous donne du lait, et nous ne mangeons pas notre mère. Devenus adultes, c'est la vache qui nous donne son lait, et nous ne la mangeons pas non plus.
- Mais il a d'autres viandes que celles des vaches ? Tu pourrais en consommer.
- Je préfère ne pas faire de mon ventre un cimetière d'animaux.
- C'est l'union qui fait notre force.
Unies, nous sommes invincibles ! lança une brebis qui avait le sens de la formule.
- Il nous faut quelqu'un qui soit capable de mettre un peu d'ordre dans tout ça !
Elle décida d'ouvrir la porte à la nouvelle venue. Puisqu'elle s'était proposée comme guide, avec elle le troupeau allait peut-être enfin filer droit.
"Le bonheur, plus on le partage, plus il grandit."
- (...) Ton père, peut-être qu'il attend [pour revenir].
- Quoi ?
- De pouvoir se tenir devant nous sans avoir à baisser la tête, d'avoir pu réparer tout ce qui a été fichu en l'air. Tu crois que c'est facile pour un père de ne pas éprouver de la honte face à son fils quand, à cause de lui, sa famille est à la rue ?
(p. 73)
"On croit que le silence règne sur la ville quand tout le monde dort, c'est faux : c'est le moment que choisissent les petites bêtes pour faire du tapage nocturne à Sigismond."