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Citations de Patrick Carré (43)


— Quelles histoires aimes-tu ? demandai-je.
— Toutes les histoires où le héros s'en sort grâce à son intelligence.
— C'est quoi, l'intelligence ?
— C'est comprendre sans se faire expliquer.
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Abolir tous les étants.
Le scepticisme ouvre la voie du doute créateur et de la suspension de l'assentiment dans le but d'atteindre le bonheur. Expérience vécue de l'« epochè » et du pyrrhonisme pur.
Je ne suis pas philosophe mais la sagesse me fait rêver. Je rêve du renversement de tout ce qui fait souffrir et, d'abord, du renversement de ma petitesse. Cette sagesse du renversement, j'ai cru, comme beaucoup, la trouver dans la voie sceptique, la voie du doute créateur et de la « suspension de l'assentiment » (epochè) dans le but d'atteindre le bonheur. Mais, à la lecture du Pyrrhon et l'apparence de Marcel Conche et la pratique du bouddhisme aidant, l'epochè est devenue pour moi, plutôt qu'une parenthèse phénoménologique vite refermée pour ne pas y laisser trop de plumes, un véritable « arrêt du jugement ». L'extrême intelligence du scepticisme à la Sextus, par exemple, peut vous déposer sur le seuil de la « grande epochè », mais elle ne vous y plongera pas autant que le « pyrrhonisme pur » et radicalement non dualiste que le mystérieux Pyrrhon d'Elis incarne désormais pour moi.
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(Devant un jury de thèse "populaire").
- Nous ne sommes pas ici pour justifier du bon sens, camarade, mais pour vous y ramener ...
Liu Gao voulut crier "connerie", puis il se souvint que l'homme de bon sens était capable de tuer un enfant qui criait "liberté".

p. 46
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La description des plaisirs n'en est pas la moindre. Selon la meilleure tradition grecque, tout l'amour de Pyrrhon est allé à l'ami de jeunesse, Eudias le blond, avec qui il a tout partagé jusqu'à la volupté. Devenu adulte, les jeunes hommes l'attirent comme l'éphèbe Ménédème qui «n'était plus que cuisses aux muscles longs et fins... le fessier le plus rebondi...». Certaines femmes aussi comme Curiaca.
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L'adiaphorique Pyrrhon ne se laisse plus berner par les fausses sagesses; les tourbillons de la pensée discriminante le laissent "immobile" : son action, qui consiste à "dépouiller l'homme" et à "abolir tous les étants" en vue du bonheur le plus parfait, ne dévie plus, sauf distraction ou mime intentionnel, de cette dimension où il "montre (à Timon, par exemple) que les choses non différentes, non mesurables et non décidables"
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En contemplant la montagne parfaite
TOU FOU (712-770)

Quel est le visage de la montagne parfaite ?
— Bleu du nord et bleu du sud s'y confondent.
Fleur des métamorphoses
Où yin et yang partagent soir et matin.

Le cœur s'anime en exhalant les nuages ;
L'œil s'écarquille aux oiseaux de retour.
Comment gagner l'extrême cime ?
— Un seul regard, les autres monts s'évanouissent.
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Chien, mon frère, ta bonté est vaste comme la forêt, mais le vieux sorcier que tu héberges est guéri de tout : de la vie, et de toutes ces délicatesses qui sont l’ornement dangereux, l’ornement fascinant de la vie (...). L’ivresse m’a quitté, et ses vertiges. Je puis enfin m’asseoir au bord du gouffre des nuages.
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... Qu'es-tu devenu, Tchao Ki, prince chéri des poètes ?
Le vieux tigre pleurait. J'osai une protestation que je voualis consolante :
- Mais je n'ai jamais cessé de suivre la Voie (Dao) !
- La seule Voie que je sache passe par le solitude ; de même que la seule initiation digne de ce nom a lieu dans le secret. Que t'a donc appris Lin Ling-sou ?
- Que tout était divin.
- Qu'est-ce que cela veut dire ?
(...)
- Que nous sommes des dieux au paradis.
- Illusion, Tchao Ki ! Tu es un riche inconscient qui s'ennuie. Ta vie se nourrit de la misère de ton peuple et tu parles de paradis !
Mon coeur explosa de nouveau.
- Non, maître Kouo, je n'ai jamais fait souffrir personne !...
Il soupira :
- Que sais-tu, enfermé dans ta prison d'or, des conséquences que ta "divine" folie a pu semer de par le monde ? Que sais-tu de la souffrance ? .... Je m'en vais, Tchao Ki. J'ai bientôt parcouru mon siècle d'âge : je n'attends plus que le repos. Tu refuses de m'entendre, tant pis. Viendra un jour où mes paroles résonneront en toi, à l'heure inévitable du regret : le Ciel veuille que ce ne soit pas trop tard... Adieu !

p. 492
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— Mo-la Mei pense à la guerre sainte, reprit Ho-san. Notre Livre, pris à la lettre, j'insiste, promet le paradis au croyant qui tuera l'infidèle... C'est l'infidèle au fond de nous qu'il faut tuer, non l'homme. Dieu n'incite pas au meurtre, Dieu n'est pas criminel.
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- Liu Zhan m'en a parlé : il tenait particulièrement à ce que son fils voyageât en votre compagnie, monsieur Moragine.
- Mais comment me connaissait-il ?
- ça, je ne le lui ai pas demandé.
- Je ne l'ai jamais rencontré, ce Liu Zhan, et lui n'a aucune raison de connaître mon existence. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
- Le Complot, cher ami, le Complot : tout le monde surveille tout le monde et personne ne voit jamais rien... Tenez, moi qui vous parle, eh bien, je ne vous ai jamais vu.

p. 161
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Quelle indifférence ? L'adiaphorie, qui est avant tout "non-différence" et donc pas uniquement psychologique. Le secret le plus profond de la grande epochè, c'est l'adiaphorie, la réponse à la question de l'ultime "comment" des choses, leur totale non indifférence. En quoi les choses sont-elles non duelles ou égales ? Leur différences ne sont que relativement vraies : à bien chercher leurs traits distinctifs ultimes, on n'en trouve aucun qui tienne, et ce, dans aucune des logiques disponibles à ce jour. On ne trouve que des hypothèses, des axiomes, des probabilités : rien de réel, de consistant, de subsistant. Et l'on peut dire que, dans leur vérité absolue, les choses ont une seule et même essence insaisissable, laquelle fonde leur non-différence.
Cette adiaphorie universelle n'est pas sans évoquer la "grande pureté-égalité" des choses que la philosophie bouddhiste s'attache à décrire. La remarque est importante car, depuis que la philosophie occidentale se mord la queue en admirant et en protégeant ses limites (l'être et son contraire), il semble avéré que l'adiaphorie pyrrhonienne décrive une expérience métaphysique inutile : pour aider les êtres, il faut croire une bonne fois pour toutes que ce quelque chose existe réellement. A cela le bouddhisme répond que le relativement vrai offre des vérités provisoires fort utiles mais soumises au temps, etc., alors que l'absolument vrai, c'est la vacuité essentielle de toute et de chaque chose physique, psychique ou autre, sa claire insubstantialité.
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Le mal qui m’affecte aujourd’hui n’est autre que le produit de mes émotions négatives, et celles-ci résultent des notions erronées et distorsions que j’ai accumulées au cours de toutes mes vies antérieures: rien de réel par conséquent. Alors qui est malade?
En effet, cette combinaison des quatre éléments porte par convention le nom de « corps », mais les quatre éléments n’ont pas de propriétaire et le corps est dépourvu de moi.
Par ailleurs, cette maladie étant un effet de la croyance au moi, je ne devrais plus nourrir cette croyance. Connaître le fondement de cette maladie, c’est éliminer tant la notion de moi que la notion d’autres êtres animés.
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Ainsi, seigneur Bouddha,
Parfait Bouddha jailli de A,
A, la meilleure de toutes les lettres,
Sainte syllabe au grand sens,

Née du dedans, sans naissance,
Abandon de l’énoncé des mots,
Matière suprême de tout énoncé
Qui illumine tous les mots,

Grande fête du grand désir
Qui réjouit tous les êtres vivants,
Grande fête de la grande haine,
Grande ennemie de toutes les passions…
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Le printemps tarde au nord du monde ; O-kou-nai n'est pas encore rentré. Mes mains sont propres. J'ai dû rêver. Dans la cuvette, l'eau ne fume plus. Du coin de l'oeil, je surveille mes pinceaux secs, mon peu de papier, toujours immaculé. Un étrange aphorisme traverse ma conscience : "Ecriture est souillure à l'état pur."

p. 641
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Cette connaissance en mouvement des Égyptiens s’oppose radicalement à tout enfermement dans des définitions coupant les ailes de l’imaginaire, car elle n’a pas de limite dès qu’elle relie entre eux le cerveau et le cœur, les deux pôles de la conscience humaine, dès que l’être qui pense aime par-dessus tout, et pense tout en aimant, attirant à lui tel un aimant la connaissance.
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(Avec son frère aîné, Pi, malade).
Pour ce qui était de Pi, mon aigreur à son encontre avait fondu depuis qu'il lui avait fallu faire l'aveu de sa vulnérabilité. Nous avions grandi et nos prises de bec n'étaient plus de saison. Il affichait à présent une santé inquiète que j'avais envie de protéger. Mais peu de choses au fond, sinon des souvenirs communs, nous liaient. Nous partagions le goût des beaux objets mais nos critères d'appréciation étaient secrètement en guerre. A dix-huit ans à peine, il accusait déjà une dégaine de vieux lapin confucéen, tandis que je m'employais à cultiver en tout une poétique extravagance.
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Vu l'étroitesse du sentier qui escaladait l'autre versant, nous mîmes pied à terre, tirant nos chevaux par la bride. Nous longeâmes d'abord les rizières phosphorescentes ; effrayés, les canards détalaient entre les jeunes épis. Puis nous entrâmes dans le sourire vert de la forêt. Les criquets s'étaient tus ; la pénombre soudain émit d'autres cris, plus furtifs. La lumière ricocha sur une cloque de sève au genou d'un pin, puis sur une bulle de bave dans la mousse, puis sur tous les miroirs aux dix mille facettes de ce qui grouille et vit dans les sous-bois.

p. 206
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(Maître Kouo à son élève devenu empereur plein d'ardeur idéaliste).
Je devine ce que vous pensez : on est toujours ramené à la médiocrité par la pesanteur du monde et de l'humanité. En fait, un dieu impérial sait que sa divinité se fonde sur cette pesanteur, sur toutes les imperfections qui nous tourmentent : il n'y aurait pas de dieux si les hommes ne se faisaient pas tant horreur !

p. 304
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(Lettre de Maître Sou exilé à son princier disciple).
Du fond du coeur, je me moque d'être ici ou ailleurs ; et de vous que j'aime, très vénérable Altesse, - permettez-moi le paradoxe ! - je me moque aussi, éperdument, et de moi-même, évidemment, comme j'ai tenté de vous le montrer. L'important n'est pas là. Il varie ... Mais ne rêvez pas d'un Ailleurs qui serait un bonheur sans souffrance, ne rêvez pas, puisque même hors du rêve tout reste comme un rêve, et buvez ! Brisez la petitesse, empoignez l'azur et embellissez le monde !

p. 90
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Nuit d’été

Parfums frais des bambous dans la chambre.

Au jardin s’ensauvage le clair de lune.

Goutte à goutte, la rosée cristallise ;

L’une après l’autre les étoiles s’éclairent.

Étincelles dans le noir, une à une ;

D’une rive à l’autre les foulques s’interpellent ;

Là-bas, le monde entier est en guerre –

Seul sur mon lit, j’écoute et je médite.
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