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Citations de Patrick Declerck (63)


Il est une nécessité éthique fondamentale à ce que la société permette aux fous d'exister et de trouver protection et abri, sans contrepartie et sans espoir de devenir un jour autres que ce qu'ils sont. Il importe à la société d'accueillir décemment, humainement et respectueusement les fous qu'elle engendre (...) Il ne s'agit plus de donner pour faire changer l'autre mais uniquement de donner pour répondre à ses besoins propres.
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Non, décidément, je n'aime pas l'homme.
Dans ces conditions, me direz-vous, pourquoi le soigner ? Je répondrais que si l'humanité en général a tendance à m'insupporter, j'ai, en revanche, le plus souvent plaisir à la fréquentation de l'homme singulier, de l'individu, du sujet. Lui m'intéresse, car il est à la fois meilleur et pire qu'on ne peut le supposer.
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Plus je vieillis, plus la vie sous toutes ses formes me semble infiniment rare et précieuse. Je ne tue pas les insectes qui fréquentent mon logement. S'ils me dérangent, je les éconduis. J'ai honte de ne pas avoir (encore ?) le courage d'être végétarien.
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Contrairement à ce qu'on pourrait croire, en situation extrême, l'homme s'habitue très vite à l'atroce. Il est une heureuse facilité à supporter la vue du sang.
Le sang des autres, bien entendu...
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Clochard, exclus, nouveaux pauvres, marginaux, mendiants…Qui sont-ils ces êtres étranges aux visages ravagés ? Ces exilés qui nous côtoient, qui dérangent notre regard et suscitent nos fantasmes. Des fainéants ? Des réfractaires ? Ou des philosophes ? Révoltés, anarchistes, intellectuels parfois, faux mendiants souvent ? Les mythes ont la vie dure. On parle de choix, on cherche du côté de la volonté. On se construit une métaphysique du dynamisme et du découragement. Si bien qu’on en vient doucement – et c’était le but- à banaliser l’horreur, à annuler l’angoisse.
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L'amour. L'âââmoûûûr. Ils n'ont que ça en tête, en langue, aux yeux, au fion. L'amour est à la fois la question et la solution. L'alpha et l'oméga. La réponse universelle. La guérison de tous les maux... Comme si l'amour ne portait pas sa part d'ombre, son ambivalence, sa haine cachée, sa destructivité dévorante... Comme s'il était autre qu'un affect. Comme si tout affect, de par son essentiellement labilité, n'était pas essentiellement suspect. Comme si, enfin, comme si surtout, la pensée n'existait pas.
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C'est qu'au soleil noir de la mort, la science objectivante apparaît comme une chose bien petite et quelque peu dérisoire. « Un divertissement », disait Pascal. Dans ces cas-là, une façon surtout de se pencher, myope, au pieds des arbres pour ne pas percevoir la menace qui sourd de la forêt profonde. La rumeur des forces obscures et des monstres de la nuit. Et c'est en cela justement qu'ils se révèlent fascinants et précieux, ces clochards, zèbres inouïs, effarants professeurs du négatif. C'est en cela qu'ils ont, par-delà leurs silences, des choses à nous apprendre. C'est pour cela que je suis resté si longtemps à les regarder, à les humer, à les écouter. C'est pour cela qu'il est des soirs, maintenant que je les ai quittés, où ils me manquent un peu.
Ils ont, en effet, cette hautaine noblesse de ne plus faire de phrases. De ne plus croire – tout dans leurs comportements le montre – au progrès, aux lendemains chantants des efforts collectifs, à l'avenir de l'homme. De ne plus croire en rien d'autre, au fond, qu'au néant et à la mort. C'est là toute la religion qu'ils ont et ils n'en veulent pas d'autres. Sombre grandeur. Nous ne sommes pas si nombreux, nous les hommes, à pouvoir vivre sans espoir.
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Mais que faire si tout cela ne sert à rien ? Que faire si d'aucuns ne s'améliorent pas ? Que faire si certains soignés malgré tout, à travers tout, restent pareils à eux-même et lentement meurent sous nos yeux ? Et bien, au moins, aura-t-on réussi à alléger leurs souffrances en évitant de monnayer les soins que nous leur prodiguons, en les obligeant à se confronter à des obligations de normalisation qui les dépassent et qui les blessent (...) Et permettons au moins à ces fous partis trop loin de nous pour pouvoir revenir de trouver asile et paix, aux marges d'une société dont ils sont le pauvre négatif épuisé.
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Suffisamment intelligent et habile pour être épouvantablement dangereux, mais essentiellement dénué de maitrise pulsionnelle, l'homme me semble voué à un échec inéluctable.
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Ils vivent mal, ô combien. Ils traversent la vie en titubant, en claudiquant, à cloche-pied, à genoux, en rampant. Mais ils la traversent tout de même. Se suicidant très rarement, ils préfèrent rester là, pour rien, jour après jour, année après année, à contempler, hébétés et hilares, la postérité des asticots ; Vaisseaux fantômes et mystérieux. Personne à la barre. Grands voyageurs du vide, ils errent loin des pesantes réalités du monde. Funambules pitoyables. Mais glorieux, parce que sans retour.

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Cette dimension du regard renvoie elle-même à un thème classique du discours de la société vis-à-vis de la population de la rue : c'est celui du propre et du sale. Les SDF, déchets du corps social, en sont la souillure et en maculent l'espace. Face à ce fléau hybride véhiculant un composé d'angoisse sécuritaire et d'inconvenance esthétique, il importe de « nettoyer » l'espace, en déplaçant les SDF vers un ailleurs socialement, sinon géographiquement, lointain. Leur seule vue est importune. Il faut les soustraire au regard qui, dans un espace assaini, ne doit, in fine, ne plus rien rencontrer d'autre que lui-même dans une perspective sans tâches, c'est-à-dire vide, c'est-à-dire morte. On se rapproche dangereusement là de l'imaginaire sinistre de Nacht und Nebel. Cette nuit et ce brouillard, cet indifférencié dans lequel devaient définitivement se perdre les ennemis raciaux du Reich. Cette problématique constitue le pendant contre-transférentiel et scopique de la dimension anale de la grande désocialisation dont on explorait au précédent chapitre les dimensions. Les clochards souffrent de troubles liés à la forclusion anale et font naître en nous, qui les côtoyons, des angoisses correspondantes. A la souillure qu'ils mettent en scène, aux malaises olfactifs et visuels qu'ils induisent en nous, répond notre désir rédempteur de propreté.
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'Je suis mort le 5 août 2005, à 8h47 exactement. Je le sais parce que j'ai regardé ma montre. J'étais dans mon lit. Mon chien, de toute sa longueur, était allongé contre mon côté droit. Les chiens aiment dormir dans la chaleur tendre de ceux qui les aiment. Ça les rassure. C'est toujours un peu inquiet, un vivant.'
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Et puis enfin, le ventre évidemment. Le pire. Cylindrique. Outrancier. Crevant lentement. Coulant dans son lard. Natch se contemple comme il se contemple d’habitude, avec un froid et nauséeux dégoût. Lui vient l’image d’un mammouth se noyant dans le marécage d’une tourbière gavée d’eau.
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Les questions du sens, de l’interprétation, de la conscience de soi sont au cœur du livre de Patrick Declerck, qui nous rappelle que la psychanalyse n’est rien d’autre qu’une recherche "confrontante", une difficile épreuve du miroir, nécessaire à la libération de Soi.
Je est un autre...dans cette autofiction.
"Ruse ultime de la raison déraisonnable : le sujet orgueilleux, bienheureux autocrate régnant sur la citadelle de lui-même et farouche gardien de son impressionnable autonomie, se révèle pitoyablement, par nature et essence, toujours étranger à lui-même. Esclave malgré tout, et qui ne connaît même pas les noms de ses maitres. Ni ne reconnaît leurs visages grimaçants...
Ah, çà ! Homo sapiens, prétentieuse charogne, verbeux vieux clown, présomptueuse baudruche, est bien crevé. Enfin !"
A travers le titre du roman emprunté à une œuvre de James Ensor,l'auteur invite l’infinie variété des démons qui virevoltent autour de nous,continuellement.Parfois grotesques, navrants (comme dans le tableau en question) ou, au contraire, ignobles et insupportables, Il nous appartient de les affronter ou de les fuir.
Aussi explique-t-il en quoi l’homme, tout à son affaire de pénétrer les épisodes de sa vie, d'y faire sens en vue de pouvoir affirmer ses besoins et pulsions, n’en est pas moins confronté à une conscience glissante, une volonté plus capricieuse qu'on le croit.
"Le possible identificatoire reste,et même jusqu'à la fin,toujours peu ou prou multiple.Hamlet le savait bien lui qui ne vécut jamais qu'in extemis.
" The readiness is all… Être prêt, voilà l’affaire. Prompt à choisir. A saisir. Prêt toujours à se vouloir. Prêt même jusqu’à en mourir… Mais encore faut-il en être capable… Là est le hic, le distinguo. Là se niche la muette frontière entre le normal et le pathologique." Le savoir de soi est toujours déplaisant.
Le récit tout entier repose sur le principe de la cure analytique: " Laissez vagabonder votre esprit où il veut. Dites ce qui vient, sans gêne, sans autocensure. Sans vous préoccuper de savoir si le contenu est désagréable, embarrassant ou blessant, grossier ou malséant. Ce qui vous vient. Tout ce qui vous vient.
L’analyste vous fera remarquer que tel ou tel sens affleure, que quelque chose peut-être échappe à votre conscience..."
Entre Freud,Nietzsche et Desproges, le cynisme du narrateur, à l'égard de lui-même et de son entourage, donne leur relief aux plus belles pages du livre, qui évolue dans un long grincement entre rire et larmes.Et, les névroses de chaque génération, passées au prisme psychanalytique, se révèlent souvent drôles, extravagantes et singulières...
Patrick Declerck est né belge et "moche à décoller le papier peint"...
Sa mémé,était batarde," elle avait le sens du gothique,dit-il. (...) des crises de foie,qui n'existent nulle part ailleurs,que dans l'imaginaire nosologique de nos vieux pays où l'alcoolisme fait figure,d'apostolat laïque." J'aime bien ce degré!
"Foutons le camp!" qu'il disait à la manière de Céline.
Patrick Declerck, non content de saisir toute la difficulté de l’exercice de l’analyse, en précise les limites, inhérentes à "l'analysant",le sujet qui s’y adonne en tant qu’être humain.
"Il savait bien que ne se cachait pas dans les étoiles...papa,,ça le bouleversait infiniment, la majesté de l'Univers"...
Et à l'auteur de suggérer Le mépris et L’humour pour transcender l'ambivalence et l'absurde.
"Un roman oui, si l'on veut... Mais un roman dont seule la psychanalyse serait alors l'héroïne et la profonde trame."
Souriez,vous étes analyste et analysant!

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Jamais je ne l'ai vu se départir de son attitude pendant trois ans (...) Il s'assayait dans le fauteuil qui me faisait face et dans une tentative de renversement des rôles,à laquelle il ne renonça jamais,pas plus qu'il ne sembla jamais prendre conscience de sa patente incongruité,s'apprêtait avec un léger haussement de sourcils et un air attentif sous-tendu d'un soupçon de condescendance,à m'écouter...
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Le christianisme, lèpre de l'Occident, corrompt de son souffle fétide, de ses doigts pourris, tout ce qu'il touche. La maladie, toute maladie, est sienne. C'est là, sa condition de possibilité, sa catégorie, sa jouissance. Son sexe, en somme. Le christianisme... Cette désolée gâteuse, cette vieille toute de deuil infini, cette navrante sorcière, qui ne mouille plus de lécher, et à quatre pattes, les ulcères de Job. Et ces ulcères justement lui sont sacrés. Ils ne doivent pas... Ils ne peuvent pas guérir. On a besoin d'eux... Ils sont la démonstration ultime de la vérité christique. La preuve par pus ! Pauvre Job, idiot de la famille. Mais idiot utile...
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Ce sont les contradictions, les à-peu-près, les faiblesses, les malgré-tout, les néanmoins, les je-sais-que-je-ne-devrais-pas-mais, qui font toute l'humanité de la vie, sa médiocrité et sa grandeur.
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Pour les soignants, le paradigme de la fonction asilaire met en cause la légitimité et la pertinence même de leur vocation et de leur volonté thérapeutique. Il leur faut surmonter leur désir de guérison, comme leur besoin de se défendre de l'angoisse de non-sens par la fuite dans l'agir. Bref, il leur faut s'engager dans les voies difficiles d'une ascèse nécessaire : celle de la contemplation tranquille de leurs patients. Pour ce faire, il leur faut se réconcilier à leur impuissance et renoncer à leurs sources habituelles de gratification (habilité et efficacité techniques, narcissisme du savoir et du savoir-faire, prestige social, etc.). Il leur faut un moi suffisamment fort pour leur permettre un renoncement tranquille à eux-mêmes. Il leur faut s'élever au niveau d'une satisfaction supérieure à celle de l'exercice du geste professionnel. Il leur faut atteindre celui de la contemplation tranquille et apaisé du patient. Il leur faut intégrer qu'au-delà de celui du « faire », il est un autre plaisir, celui du regard esthétique posé sur l'humain dans ses baroques variétés.
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Même pour le Christ, le soulagement de la souffrance de l'autre n'a de valeur que dans la mesure où il est soulagement de la sienne. Confusion identificatoire, qui trouve sa racine dans la perversion foncière du christianisme : l'amour pour les créatures ne trouve sa légitimité théologique que dans la mesure où celles-ci sont les images de Dieu, même si elles ne sont que ses reflets dégradés et néoplatoniciens ...
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La rue est un crime ignoble commis à chaque heure du jour et de la nuit contre les faibles et les innocents. Innocents de tout, sauf de leur malheur. Un crime commis dans l'indifférence générale. Un crime sacrificiel et barbare répété pour l'édification de tous. Honte à nous ! Honte à la France ! Honte à cette grande nation qui sut, jadis, pour une certaine idée de l'homme, soulever le monde. Il faut que cela cesse. Il faut appeler le crime par son nom. Il faut, par la loi, rendre illégale la mise à la rue.
Asile ! Asile, au nom des hommes !
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