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Critiques de Paul Gadenne (46)
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Les Hauts-Quartiers

Roman magnifique, paru seize ans après la mort de Paul Gadenne (1907-1956), Les Hauts-Quartiers parle d'effacement et de dépouillement. La réédition en poche de ce texte presque introuvable est une belle occasion de le tirer d'un purgatoire injuste.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Poèmes

Poésie de l'inquiétude



Les “Poèmes” de Paul Gadenne charrient des images d'une grande force alliées à des doutes métaphysiques extrêmement profonds.

Qu'on se le dise : un poète, s'il veut faire oeuvre, n'est pas là pour rassurer son lecteur.

En ce sens, la poésie de Paul Gadenne est tout autant source de beauté que d'effroi.



Ses romans sont comme un écho de ses poèmes : il y proclame la même angoisse métaphysique et ce sentiment d'étrangeté face à un monde et des êtres qui lui échappent par tous les bouts.



Gadenne était croyant, mais n'allez pas croire que cela le tranquillisait pour autant. Il est tant de personnes qui pensent, à tort, qu'un croyant est un être qui n'est plus taraudé par aucun doute. Que l'on se détrompe sur ce point.



Paul Gadenne a vu la mort de près suffisamment jeune, pour ne pas oublier qu'en ce monde rien n'est acquis ni à quel point la destruction rôde en nous comme un infatigable gardien.

Ce prélude de mort est sorti de son souffle comme un cachet de cire rouge apposé à son être le plus intime : en langage plus commun, cela se nomme la tuberculose.



On ne peut s'aventurer dans l'oeuvre poétique de l'auteur de “La plage de Scheveningen” en sifflotant, les mains dans les poches et la conscience béate.



Certains vers semblent s'accrocher à nous comme de la résine et l'on ne peut plus s'en défaire : ça colle aux yeux et à l'esprit ; ça vous encercle l'âme et reste fiché dans votre mémoire comme un couteau.



La beauté, ce n'est pas commun. Ce n'est pas comme le langage de tous les jours. On n'y est pas habitué.



Il est une phrase de Charles Péguy que j'admire, issue de “Victor-Marie, comte Hugo”, et qui me semble parfaitement faire corps avec l'art poétique de Gadenne :



« Un mot n'est pas le même dans un écrivain et dans un autre. L'un se l'arrache du ventre. L'autre le tire de la poche de son pardessus. »



Nul besoin de préciser que Paul Gadenne fait partie de la première sorte d'écrivain dont parle Péguy.



Je pense également à une autre phrase d'un écrivain incandescent, François Augiéras, qui a ces mots de feu dans “Le Voyage des morts” :



« Est grand poète celui-là seul qui, s'éveillant en pleine nuit, peut s'écrier : – Je ne rêve pas, ma vie est en accord avec mon âme. Sur quoi, il peut fermer les yeux ; il est vainqueur. »



Pour se faire une idée de la poésie “intranquille” de Paul Gadenne, quoi de mieux que d'offrir à la lecture l'un de ses poèmes, intitulé “Entre mes deux épaules” :



« Entre mes deux épaules elle a planté sa voix

Puis s'est enfuie dans la nuit.

Tous les méchants font ainsi.

Où est-elle ?

Un train appelle

Un autre qui le suit.

Elle n'a plus de visage

Ses yeux se sont éteints pour moi.

Le train court il appelle

Où est-elle où est-elle

Dans le battement de mon sang

Dans le milieu de mes yeux

Entre mes vastes mains

Je cherche c'est en vain

Entre mes deux épaules elle a planté sa voix

Un jour sa voix reprendra vie

Et je tomberai transpercé. »



Après ces mots, le silence seul serait de mise.

Je ne puis cependant m'empêcher d'ajouter en écho ceci : la voix de Paul Gadenne s'est plantée en moi pour n'en plus jamais ressortir.

Lorsqu'elle ne résonnera plus en moi, c'est que je serais mort.



Thibault Marconnet

14/12/2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Siloé

Livre majestueux de Gadenne



http://www.denecessitevertu.fr/
Lien : http://www.denecessitevertu...
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Siloé

On y sent une belle facilité de plume, une grande subtilité psychologique, une forte inquiétude métaphysique, mais les personnages restent abstraits.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Siloé

Jusqu'à maintenant, le moins bon Gadenne que j'ai lu. Certes il y a toujours cette phrase unique, reconnaissable, et d'une intelligence fulgurante. Cependant, je trouve dans cette ouvrage une certaine dose de romantisme qui est complètement absente des autres que j'ai pu lire et que je ne trouve pas très heureuse. Cela vient sans doute du personnage principal, qui est un cérébral, mais c'est vrai que certains des dialogues qu'il tient avec son amoureuse m'ont presque porté à rire tant ils étaient abstraits. Ce qui me déplaît, aussi, c'est ce constant retour sur les descriptions de montagne, qui certes sont faits avec maestria, mais donnent beaucoup de lourdeur au propos. Par bien des points, et je ne suis pas le premier à le souligner, ce livre fait penser à la Montagne Magique de Thomas Mann. Attention, cela reste de très haut niveau, mais moindre par exemple que le Vent Noir ou la Plage de Scheveningen. Les thématiques chères à Paul Gadenne sont bien là. J'ai beaucoup aimé quelques éléments secondaires du livre, comme la transfiguration de Pondorge en orateur génial et incompris ainsi que la satyre du milieu universitaire, en entrée. Avec Gadenne, on est bien souvent dans la perte de l'être aimé, et cet ouvrage ne fait pas exception.
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Siloé

Voilà une première oeuvre de jeunesse de celui qui deviendra un immense écrivain , témoin douloureux de son temps .

Très vite je retrouve cette prose poétique fougueuse , qui m'avait emportée dans son sillage avec Les hauts-quartiers , Baleine , La plage de Scheveningen!



Crayon en mains , je m'engouffre dans cette veine littéraire avec une avidité difficilement contenue . Le livre est gros , chouette alors , j'ai de la réserve donc .



Et c'est sur les pas de Simon que je vais remonter un long chemin initiatique qui , ô délice pour la montagnarde en sommeil que je suis , me conduira dans les Alpes .

Un sanatorium en pleine montagne où Simon restera un cycle , un an , le UN dans sa grande unité .

Parce que la grande Sorbonne et ses perspectives semblent anéanties suite à la tuberculose qu'on vient de lui diagnostiquer ,

Parce que c'est un être en quête de sens et qu'il sent une part manquante dans son chemin tracé jusqu'ici dans la voie intellectuelle : Une centaine de pages d'ailleurs en guise de prologue peuvent décourager les lecteurs les moins motivés ...Paul Gadenne nous dresse une satire décapante du milieu universitaire de l'époque ....Cette description minutieuse et sans fin est à la mesure de l'ennui poussiéreux et oppressant de cette intelligentsia en dehors des réalités .

Simon trouvera enfin La voie , Le sentier caché , Le chemin , L'unité au contact de mère Nature dans sa forme la plus puissante en écho à sa soif d'absolu . Mais parce que l'être humain a besoin de passer par l'affect et la relation avec l'Autre , c'est par Ariane ( On ne s'étonnera pas du prénom ) , Minnie ,Jérôme et les autres que sa transformation intérieure se fera ....

Ariane , figure presque irrélle et évanescente au départ et qui prendra corps au fil du temps , peut-être trop ....Car celle ci ne peut que rester une transcendance aux yeux de Simon qui préfère son absence à sa présence à ses côtés .(si si je vous assure . )

Minnie , l'incarnation du mal et de la tentation , du grand péché qui , par sa présence , saura renforcer sa détermination sur le chemin opposé , vers le plus haut de cieux ....(là encore je vous assure )



Citation :

«C’est qu’il existe parmi les fautes des fautes qui occupent une place à part; qui, au lieu d’obscurcir la conscience, l’éclairent et jettent sur le cœur une clarté d’évidence dont peut profiter la conduite. Simon ne pouvait plus en douter : Minnie appelait Ariane, comme la maladie appelle la santé, comme le doute appelle la certitude, comme la nuit appelle le jour.»



Mais aussi Jérome , le grand témoin silencieux , son pinceau à la main . Peut-être le plus bavard pourtant dans la profondeur de son silence , il suffit de savoir entendre Le silence ...semble nous dire Paul Gadenne .

Entendre , voir , sentir , c'est par les sens que Simon poursuit son long chemin initiatique . Dialoguant désormais avec les forces vives de cette nature , tout au long de ses promenades en compagnie d'Ariane , presque irréelle et se fondant avec la blancheur de ce décor pur et cristallin , une sorte d'entité en dehors de la vie qui guidera Simon jusqu'à la guérison ...De l'âme .



Bon , il est bien évident que nous pensons tous à La montagne magique ( tiens il faudrait que je le reprenne . En voilà un qui m'est tombé des mains au bout de 100 pages ) .

Mais je n'ai pas été du tout surprise d'apprendre qu'il était un grand admirateur de Giono ! Son écriture d'emblée m'a permise d'établir cet étrange parallèle à priori. Dans cette idéalisation de la nature , ce souffle mystique lyrique impressionnant , cette imagination tentaculaire ouvrant les portes à une vision quasi onirique .





A part que .....

Crayon en mains ....j'ai fini par m'essouffler ! Et chouette alors il ne reste plus que 100 pages .

A vouloir trop embrasser , mal étreint . Les thèmes sont ceux qui appartiennent à l'essentiel , nous sommes dans un incessant questionnement philosophique , sans relâche . Chaque phrase remet en cause la précédente . Le grande doute et la remise en question de chaque acte ou pensée .Et tout cela dans une ferveur mystique qui donne envie . Ou qui éloigne .

Péché de jeunesse ? Probablement ..... Mais je crois que ça restera malgré tout une de ses grandes caractéristiques : il s'emballe , s'enflamme ....Euh ....s'étale ? Oui ! Certes avec un indéniable talent , son écriture le range parmi les plus grands , ceux qui appartiennent aux "Classiques " .

Mais est-il sévère de percevoir une certaine forme de complaisance dans ce long roman en prose poétique qui , à vouloir trop exalter , finit par nous lasser .

Bon . A part ça ?

Lisez Paul Gadenne . Parce que quand même je l'adore .
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