Citations de Paul Geraldy (88)
XVII - EXPLICATIONS
Non, ne commençons pas ! Écoute :
tu veux que nous nous expliquions ?
Tu le veux, coûte que coûte ?
Faisons bien attention.
Qu'allons-nous dire encor de triste et de sauvage ?
Qu'allons-nous nous dire, mon Dieu ! ...
Tais-toi, tiens ! Laisse-moi dégrafer ton corsage :
cela vaudra beaucoup mieux.
Les choses que tu veux me dire, ma petite,
je les sais d'avance. Allons, viens.
Déshabille-toi. Viens vite.
Prenons-nous. Le meilleur moyen
de s'expliquer sans être dupe,
c'est de s'étreindre, corps à corps.
Ne boude pas. Défais ta jupe.
Nos corps, eux, seront d'accord.
Viens, et ne fais pas la tête !
La querelle déjà prête,
tu sais bien qu'on l'oubliera
dès que tu seras venue.
Vite, allons ! viens dans mes bras,
toute nue ...
p.76-77
"Le souvenir est un poète, n'en fais pas un historien."
Le souvenir est un poète, n'en fait pas un historien
Doute
Tu m'as dit : "Je pense à toi
tout le jour."
Mais tu penses moins à moi
qu'à l'amour.
Tu m'as dit : "Mes yeux mouillés
qui ne peuvent t'oublier
restent longtemps éveillés
lorsque je me couche."
Mais mon coeur est moins grisé
qu'amusé.
Tu penses plus au baiser
qu'à la bouche.
Tu ne te tourmentes point.
Tu sais, sans chercher plus loin,
que nos joies sont bien les nôtres ...
Mais l'amour est un besoin.
M'aimerais-tu beaucoup moins
si j'étais un autre ?
I
EXPANSIONS
Ah ! Je vous aime ! Je vous aime !
vous entendez ? Je suis fou de vous. Je suis fou…
Je dis des mots, toujours les mêmes…
Mais je vous aime ! Je vous aime !
Je vous aime, comprenez-vous ?
Vous riez ? J'ai l'air stupide ?
Mais comment faire alors pour que tu saches bien,
pour que tu sentes bien ? Ce qu'on dit c'est si vide !
Je cherche. Je cherche un moyen…
Ce n'est pas vrai que les baisers peuvent suffire.
Quelque chose m'étouffe, ici, comme un sanglot.
J'ai besoin d'exprimer, d'expliquer, de traduire.
On ne sent tout à fait que ce qu'on a su dire.
On vit plus ou moins à travers des mots.
J'ai besoin de mots, d'analyses.
Il faut, il faut que je te dise…
Il faut que tu saches… Mais quoi !
Si tu savais trouver des choses de poète,
en dirais-je plus – réponds moi –
que lorsque je te tiens ainsi, petite tête,
et que cent fois et mille fois
je te répète éperdument et te répète :
Toi ! Toi ! Toi ! Toi !...
p.9-10
Le souvenir est un poète
N'en fais pas un historien
On aime d'abord par hasard , par jeu , par curiosité , pour avoir , dans un regard , lu des possibilités
XXIX
SAGESSE
Ne soyons pas trop exigeants :
le Bonheur n'est pas accessible
à toutes les sortes de gens.
Il faudrait être moins sensible,
ou bien avoir beaucoup d'argent…
Ne demandons pas l'impossible.
Nous devons nous trouver contents
d'être les êtres que nous sommes :
des amoureux intermittents
qui sont fous l'un de l'autre en somme
de temps en temps.
C'est déjà beaucoup d'être deux,
deux côte à côte sur la Terre,
qui peuvent souffrir entre eux
et vivre sans trop se taire.
Et si l'on est plus exigeant,
si l'on se sent en y songeant
l'âme encor trop célibataire,
c'est qu'on a mauvais caractère…
ou qu'on est trop intelligent.
p.128-129
ELLE DISAIT : BAVARD
Elle disait : " Bavard, qui dis n'importe quoi !
Fais un effort ! Applique-toi !
C'est la moitié de tes caresses que ta voix.
N'en rétrécie pas l'importance !
Il peut tenir - ne le sais-tu ? -
tant d’absence dans la présence !
Ne gâchons pas trop de silence !
Tâche d'être celui que j'ai tant attendu ! "
Il y a beaucoup plus d'amour dans l'amitié, que dans l'amour.
Une étoile paraît... Encore un jour qui fuit...
CHANSON DE ROUTE
Vous que j'emmène en voyage
je veux que votre bagage
soit magnifique et léger.
magnifique à votre image
et léger comme à votre âge
le plaisir de voyager.
Tu demandes pourquoi je reste sans rien dire...
C'est que voici le grand moment,
l'heure des yeux et du sourire,
le soir... et que ce soir je t'aime...
infiniment !
C'est dans l'ombre que les coeurs causent,
et l'on voit beaucoup mieux les yeux
quand on voit un peu moins les choses.
Ce soir je t'aime trop pour te parler d'amour.
Serre-moi contre ta poitrine!
Je voudrais que ce soit mon tour
d'être celui quel'on câline...
Baisse encore un peu l'abat-jour.
Le Souvenir est un poète
N'en fais pas un historien.
Il faut se ressembler un peu pour se comprendre mais il faut être un peu différent pour s'aimer.
On aime les gens pour leurs défauts et on déteste les défauts des gens qu'on aime !
Absence
Ce n'est pas dans le moment
Où tu pars que tu me quittes.
Laisse -moi, va, ma petite
Il est tard,sauve-toi vite!
Plus encore que tes visites
j'aime leurs prolongements.
Tu es plus présente, absente.
Tu me parles . Je te vois.
Moins proche, plus attachante
Moins vivante, plus touchante,
Tu me hantes, tu m'enchantes !
Je n'ai plus besoin de toi.
Je n'ai que toi
Mais toi tu nous a tous les deux
C'est déjà beaucoup d'être deux