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Critiques de Paul Greveillac (134)
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Maîtres et Esclaves

Sans le prix des lectrices ELLE, je n'aurais très certainement jamais lu ce livre. Et c'est d'ailleurs le charme de cette aventure, découvrir des romans malgré soi.

Je n'ai pas un très grand attrait pour la Chine et même si j'aime les romans historiques, je ne maîtrise pas assez l'histoire de ce pays pour vraiment apprécier ce texte dans sa globalité. Et c'est un ressenti qui m'a suivi durant toute ma lecture.

Le roman s'ouvre par la naissance dans les années 50 d'un garçon, Kewei, que l'on suivra tout au long de sa vie. Un fils de paysan moyen-riche qui par le biais de rencontres fortuites va se retrouver à l'école des Beaux-arts de Pékin, puis membre du Parti communiste. Kewei, va nous conduire dans l'histoire de la Chine au XXe siècle de la guerre de Libération, à la Révolution culturelle puis ensuite à la répression du mouvement étudiant place Tien an Men. C'est intéressant, et j'ai l'impression d'avoir eu un cours accéléré sur un sujet que je ne maîtrisais pas. Mais à aucun moment je n'ai eu d'empathie pour les personnages, même s'ils traversent des situations dramatiques. Kewei notamment paraît toujours résigné. Ce qui est un bon moyen de survie mais qui manque un peu de romanesque me semble-t-il.

J'ai un peu plus aimé la première partie, au village, même si elle est plus dure. La suite souffre de longueurs, notamment la dernière partie. Le manque d'empathie pour Kewei s'est étendu à la relation père-fils, qui m'a laissé un peu de marbre. Le personnage du fils m'agaçant autant que celui du père.

Je salue la qualité du récit et j'ai appris des choses sur la Chine maoïste. Mais c'est un roman historique que j'ai trouvé malgré tout un peu long.
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Maîtres et Esclaves

Kewei naît dans les années 50 dans un village du Sichuan. Fils de paysans « moyens riches », nous allons suivre le parcours dans la Chine du Grand Bond en Avant voulu par Mao Zedong, jusqu'à nos jours. Ou comment, en raison de ses dons pour le dessin, un adolescent va être récupéré par la dictature à des fins de propagande. Comment la porte de l'Ecole des Beaux Arts de Pékin va s'ouvrir miraculeusement à lui, alors que sa condition sociale ne lui permettait pas. Comment grâce à la réalisation d'une esquisse, La mariée parle, représentant Jiang Qing, l'épouse de Mao, il va être monté en épingle par ses professeurs membres du Parti et se retrouver du jour au lendemain à commander d'importants projets pour le pouvoir.



Maîtres et Esclaves est le roman d'apprentissage d'un apparatchik. L'histoire d'un jeune homme qui se rêvait maître en arts pictural et se retrouve esclave du pouvoir, par des rouages perfides qu'il ne maîtrise pas, dans lequel il se laisse piéger jusqu'à l'endoctrinement. « Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égos ? Maîtres de nos rêves, esclaves de ce qui les concrétise ? » Le personnage devient peu sympathique au fil des pages. Son parcours se jonche de traînées de sang. Il porte les cadavres de sa mère, sa femme, son fils sans même le savoir. Sa destinée est une tragédie. La Chine a changé mais lui est à présent tout seul.



Un roman à l'écriture dense, poétique et efficace, qui plonge le lecteur dans une page de l'histoire de la Chine qu'on pensait connaître, mais dont on ne connaît finalement que les noms des dignitaires au pouvoir. Mao Zedong, Zhou Enlai et Deng Xiaoping... Paul Greveillac donne à voir l'envers du décor, de manière à la fois instructive et agréable. On ne s'ennuie pas. Une très belle fresque qui hantera sans doute le lecteur longtemps. En lice pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2019
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Maîtres et Esclaves

Roman sur la révolution culturelle de Mao, l'occasion d'apprendre sur la chine : riche d'enseignements !
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Maîtres et Esclaves

L’histoire de Kewei, nait en 1950, se confond avec celle de la Chine, avec « la tragédie hystérique » du Grand Bond en Avant et de la Révolution culturelle.

De 1950 à 1989, de l’Himalaya à la Place Tian’anmen, le destin de Kewei se joue.

Kewei naît pauvre et paysan mais doté d’un grand talent de dessinateur.

Enfant, la famine, les humiliations, la peur omniprésente forgent son caractère et sa détermination à rester en vie quelque en soit le prix.

Son talent finira par le sauver, il lui permettra de quitter les montagnes pour rejoindre Pékin avec femme et enfant et prendre part à sa manière à la propagande maoïste.

Ce livre, extrêmement bien écrit et documenté est passionnant car il raconte la vie d’un homme qui se soumet, qui n’a pas d’autre choix et qui finit par intégrer la doctrine de ceux qui l’ont tant fait souffrir enfant. Parce que résister c’est mourir, forcément.

Ce n’est pas seulement un livre sur la politique en Chine, c’est un livre qui explique avec pas mal de distance comment la folie d’un régime politique totalitaire, la peur et l’humiliation modèlent les individus, malgré eux.

Je ne sais pas dire s’il faut plaindre Kewei, le trouver malin, ou lâche (comme le fera son fis un jour). Il m’a attendri en tant qu’enfant et m’a effrayé une fois adulte, puis à nouveau ému en tant que père, incapable de comprendre son fils. Il est esclave, puis maître et finalement surtout incapable d’accéder au bonheur.

Ce livre est dense, riche, utile et effrayant. Il donne vraiment à réfléchir sur la Chine d’hier et d’aujourd’hui.

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Maîtres et Esclaves

Kewei né en 1950, dans une famille de paysan du Sichuan, n’a qu’une passion la peinture.

« Xi Yan quand elle surprenait son fils en train de dessiner ou, pire, de peindre, se disait quant à elle que la malédiction s’était abattue sur sa famille. »

Les dix premières années de sa vie ne furent pas faciles, il lui a fallu comprendre et se plier. Très vite il est devenu le meilleur de sa classe, il a des facilités mais il a dû comprendre que :

« … pour tenter de s’approprier un sujet, d’y insuffler le soi, il faut savoir en parler. Le transcender par le verbe. Et c’est pourquoi il faut maîtriser, dans la peinture traditionnelle chinoise, l’art d’écrire, avant celui de peindre. »

Il fut rossé par ses petits camarades de classe, il s’endurcit et leur devint supérieur.

Un objectif à atteindre « La triple perfection : alliage de la peinture, de la calligraphie et de la poésie. »

« Il avait su lire quelques mois avant les autres, sans efforts. Il avait depuis creusé l’écart. Son père était très fier. Sa mère terrorisée. »

Nous sommes en pleine révolution chinoise, les exactions sont en marche, tout est fait pour faire plier les récalcitrants à la collectivisation.

Qu’importe la famine, les maladies, les morts semés en chemin, pourvu que la concrétisation de la nouvelle Chine se fasse.

Ceux qui meurent en route sont ceux qui sont naturellement ennemi de la Chine nouvelle. Les autres trop occupés à survivre, à plier sous les coups et la famine n’ont plus de libre arbitre.

Alors Kewei ?

A vingt ans, marié il reçoit l’injonction d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Pékin. Deux mille kilomètres pour arriver dans une ville qui lui semble, à lui qui n’a jamais quitté ses montagnes Sichuanaises, être à la fois une « jungle et un désert ».

L’éducation dispensée consiste à ce que chacun intègre qu’« il n’existe pas, dans la réalité, d’art pour l’art, d’art au-dessus des classes, ni d’art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d’elle. La littérature et l’art prolétariens font partie de l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat. »

L’apprentissage est plus que rude, l’auto-critique encore plus féroce, ne pas flancher.

Tenir, se faire remarquer pour une vie quotidienne plus douce et faire venir sa femme et son enfant. C’est une lutte de tous les instants.

Apprendre aussi que les serpents les plus venimeux ne sont pas ceux qui rampent dans la nature…

Kewei issu de paysans moyen-riches, de conditionnements en reniements, apprend à faire le « dos rond » comme s’il avait une seconde peau.

En parallèle Liu le pinceau, orphelin élevé dans la rue, passe sa vie en marge, peint et créé un groupe d’artistes marginaux.

Le fils de Kewei va grandir entre ces deux vies, ces deux choix. Ce qui va le mettre en marche vers les évènements de Tian’anmen.

Quarante ans d’Histoire de la Chine, dans laquelle le lecteur est emporté comme par le torrent d’une rivière. L’écriture exigeante, complexe, lyrique et captivante de Paul Greveillac nous fait vivre le quotidien de ce peuple de l’intérieur, jusqu’au piège du crépuscule d’une vie.

Ce roman est exceptionnel tant par le savoir que par le réalisme des personnages, le lecteur vit cette histoire dans sa chair.

Le temps de cette lecture, j’ai épousé la mentalité chinoise, j’ai subi, je me suis rebellée, j’ai eu froid, faim, mal tout le temps, jamais un véritable instant de quiétude, j’ai subi ce régime dictatorial.

Une vie de création, de dilemmes, condamnés à errer sur cette interrogation « Sommes-nous maîtres de nos destins, esclaves de nos égos ? »

Aurez-vous une réponse après cette lecture bouleversante ?

« Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau ?

S'il fallait plus que des mots ?

…Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens

Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps

D'avoir à choisir un camp » JJ Goldman.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 11 février 2019.

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Maîtres et Esclaves

Quels sont les rouages de la manipulation de masse entre les murs d’une nation dictatoriale? C’est la question à laquelle répond Paul Gréveillac avec son roman. Avec force détails, l’auteur dépeint une fresque historique plus vraie que nature de la Chine des années 50 jusqu’à nos jours. Une propagande bien huilée est en place grâce au recrutement de peintres formatés et d’une culture de la retouche de tableau. Nous sommes témoins de la compétition féroce entre les grands dignitaires du régime, tous les coups sont permis pour évincer son concurrent. L’écrivain développe également les grands évènements de la République populaire de Chine comme la collectivisation forcée, la révolution culturelle, la mort de Mao Zedong en 1976 et les rébellions réprimées dans le sang place Tian’anmen.



Kewei est l’un des peintres dévoués tout entier aux ambitions du régime. Nous le suivons dès sa naissance dans un village du Sichuan. Son enfance est faite d’une relative liberté. Cependant, même les zones les plus reculées sont vite mises au pas du communisme et du Petit livre rouge (recueil dogmatique). Petit à petit, son regard change et sa pensée évolue pour se conformer aux attentes de l’administration chinoise qui n’hésite pas à user de la manipulation, la persuasion ou encore la force. Nous suivons son parcours à l’école des beaux-arts jusqu’à ses divers emplois au bureau de la propagande. Les personnages féminins sont également très marquants et édifiants. Seul bémol : quelques longueurs sont venues gênées ma lecture sur la fin. La chute est déchirante et a su me les faire oublier.



Paul Greveillac signe un roman passionnant. Le travail de recherche est impressionnant tout comme l’ampleur de ce récit. J’ai beaucoup appris à propos de la Chine contemporaine. Maîtres et esclaves est une fresque réaliste et édifiante où l’idéologie et la propagande engloutissent un pays entier. Il est aussi question de transmission. Les quelques longueurs sur la fin n’auront pas eu raison de mon enthousiasme.
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Maîtres et Esclaves

Une fresque sombre sur la Chine maoïste du XXème où nous découvrons, à travers l’ascension d’un artiste peintre, la misère et l’asservissement du peuple chinois, au nom de la « Grande révolution culturelle prolétarienne ».

Kewei, un jeune paysan issu de la classe des « moyens-riches » de la province du Sichuan, a hérité de son père le don du dessin et parce que la Chine a besoin d’artistes pour diffuser sa propagande révolutionnaire, il est repéré par un garde rouge galeriste, qui le fait entrer à l’école des Beaux Arts de Pékin.

Inconditionnel soutien au régime communiste, l’artiste va devenir un des piliers de la propagande du régime totalitariste de Mao.



Tout m’a révoltée dans ce roman, les dénonciations, les séances collectives d’auto-critique, « l’injustice expéditive » et surtout, la bêtise des propos du manifeste fondateur, le petit livre rouge, dont Dostoïevski disait qu’il était « la bêtise dans son essence la plus pure ».

Je n’ai pas éprouvé de compassion pour le personnage de Kewei qui, mu par « la rancœur des déclassés » et se grisant à « l’opium des honneurs », reste prisonnier du carcan maoïste et qui, malgré la modernisation et l’ouverture de son pays, ne s’ouvrira jamais à l’Art, alors que les jeunes artistes, dont son propre fils, se battent pour que « la liberté de penser, soit aussi celle de créer ».

Heureusement il y a Liu le Pinceau, un artiste vagabond insoumis, qui fait de courtes apparitions dans l’histoire et nous laisse, comme un infime sursaut, un petit espoir quant à la grandeur créatrice de l’âme humaine.



C’est un livre sur les artistes sans l’art, sur la peinture sans la poésie, sur la création sans la liberté ; et bien que réaliste, hormis son intérêt historique, il lui manque la profondeur et l’émotion qui en aurait fait un grand roman.
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Maîtres et Esclaves

Je ne peux que rajouter ma voix au concert de louanges qui a salué ce roman depuis sa parution en librairie.

Richement documenté sur la vie quotidienne, Paul Greveillac nous offre une Histoire de la Chine à travers la peinture au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, art de propagande ou art de résistance.



Tian Kewei naît en 1950 dans un petit village du Sichuan.

Dès son plus jeune âge, le garçonnet n’a qu’une obsession, dessiner inlassablement du matin au soir, suivant en cela les traces de son père, propriétaire terrien, jugé gravement subversif par la République populaire. Soucieux de se libérer de l’emprise paternelle, Kwei s’emploie à rester dans le moule afin de ne pas déplaire aux autorités.

Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.



« Maîtres et esclaves » est roman dense, parfaitement documenté, servi par une écriture précise et agréable.

Kewei et les personnages secondaires sont complexes, souvent sombres, parfois tendres, mais tellement attachants que l’on a envie de les plaindre même si parfois on les déteste, ils ne laissent jamais indifférents. Ils sont décrits avec cynisme et un soupçon de cruauté, mais tellement de réalisme, qu’ils semblent être là, tout près, et nous font réagir en voyeur de leurs tourments ou de leurs turpitudes.



Paul Greveillac a le talent rare de mêler la grande histoire à la petite, sans jamais perdre le lecteur ni le lasser tant son propos est limpide.

En ce qui me concerne, arriver à me passionner avec un roman ayant pour toile de fond la Révolution culturelle chinoise n’était pas gagné.

C’est pourtant totalement réussi.











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Maîtres et Esclaves

Paul Greveillac nous livre avec ce roman « Maîtres et esclaves » une grande et magnifique fresque, au souffle puissant, de la Chine de Mao Zedong vue au travers des destins de nombreux personnages dont la plupart seront broyés par les dérives d’un régime autoritaire.

Le roman commence en 1950, un an après l’avènement de Mao Zedond, avec la naissance de Tian Kewei, dans la province du Sichuan, d’une famille de paysans « moyens-riches ». Nous allons le suivre pendant presque 50 ans ; sa vie personnelle sera intimement marquée par les soubresauts politiques de la Chine communiste. Tian Kewei deviendra un peintre reconnu du régime dont il traversera toutes les vicissitudes : le Grand Bond en Avant responsable d’une terrible famine, la délation, l’autocritique, la justice populaire expéditive, la répression, la disgrâce.

Ce roman est remarquablement documenté et nous fait découvrir l’histoire de la Chine de l’intérieur, à travers les yeux et les souffrances de simples citoyens. Pour autant, l’écriture est belle, poétique, capable de nous donner à voir un tableau, un paysage comme si nous y étions nous-mêmes en face.

Ce roman est également une profonde réflexion sur l’art et le pouvoir, sur le degré d’influence de l’un sur l’autre. Deux conceptions de l’art s’y affrontent : l’art au service du pouvoir, autrement appelé propagande et l’art comme expression d’une liberté revendiquée.

Très beau roman qui pêche cependant par des longueurs, des personnages qui n’apparaissent que pour être victimes de décisions absurdes du régime maoïste et disparaissent aussitôt, des réflexions politiques trop développées qui font parfois perdre le fil et nous éloignent de l’émotion liée au destin de Tian Kewei.

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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, tout est dit dans ce titre très évocateur à mon sens. C'est donc l'histoire d'un enfant, du nom de Kewei, qui naît dans une famille de paysan du Sichuan au pied de l'Himalaya en 1950. Son père Yongmin a une passion : la peinture, il va à l'encontre de sa femme, transmettre cette passion à son fils unique, qui lui même un jour viendra la transmettre à son propre fils. Seulement à chaque génération, la peinture va être vécue différemment. Le contexte historique et cultuelle vont influencer ces dernières. A l'origine, Yongmin, illettré, peint la nature qui l'environne, quant à son fils Kewei, lui, son art sera au service du parti et le dernier de cette génération, Xiashi, lui ira en opposition à son père, à l'aide d'une très belle rencontre pour lui de Liu le Pinceau, vers la nouvelle vague.



C'est donc une histoire de transmission de père en fils. De la relation père fils également.



Mais tout ceci dans un contexte géographique, politique et culturelle très particulier puisque l'auteur a choisi la Chine comme toile de fond de cette histoire d'abord familiale. Il nous invite donc à suivre l'évolution de ce grand pays, sous Mao et sa suite. Et nous apporte un bel éclairage sur le fait que finalement, maîtres et esclaves dans ce contexte, tous le sont à un moment donné. Mais qu'en est-il pour nous aujourd'hui dans le pays démocratique et libéral dans lequel nous vivons ? Inévitablement nous pouvons aussi nous poser de pertinentes questions, n'est ce pas ?



Une très belle découverte que celle de cet auteur ! Un roman passionnant, impressionnant et magnifiquement bien décrit sous une remarquable plume érudite.
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Maîtres et Esclaves

Laissez-vous embarquer dans un voyage au coeur de la Chine rurale et féodale de la fin des années 1940 dans la région du Sichuan aux années 1980 à Pékin.

Tian Kewei, fils unique d'un couple de paysans « moyen-riche » nait en octobre 1950, juste un an après la République Populaire. Tout comme son père, il a l'âme d'un artiste pourtant Tian Kewei, devra aller jusqu'à le renier et suivre son destin. Traversant le grand bond en avant puis les péripéties de la révolution culturelle, l'enfant va connaître la famine, la misère, la peur, la soumission, la séparation, la solitude puis la chance d'être distingué, il devient peintre pour la propagande.

Ce roman nous emmène dans la Chine de Mao, le dogme du Petit Livre Rouge et les aléas des luttes de pouvoir qui bousculent sans cesse la vie des hommes, roman foisonnant, très documenté, permet de vous une plonger dans cette Chine des années 50 à 80, au travers de la plume remarquable de Paul Greveillac.

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Maîtres et Esclaves

Maîtres et esclaves, un étonnant long roman qui nous plonge dans la Chine de Mao et nous fait suivre pas à pas les transformations politiques, les avancées, les reculs, les compromissions, les rivalités, la brutalité, l’arbitraire, la peur et la haine qui accompagnent tout régime totalitaire, de surcroît autocratique. Pour mettre en scène ces transformations, Greveillac nous introduit dans une famille de paysans moyen-riches du Sichuan. Le père, mais surtout le fils, Tian Kewei, sont l’un et l’autre doués pour la peinture. Le fils sera remarqué par un garde rouge, entreprendra des études aux Beaux-Arts à Pékin, et finira par intégrer le Parti. Il évoluera au gré de différentes rencontres, mais quand ses mentors successifs, au fil des brutaux changements d’orientation du Parti, seront inquiétés, le jeune peintre tremblera pour lui, pour sa femme et son fils. Il tentera de conserver ses avantages durement acquis.

***

L’auteur est visiblement extrêmement bien documenté et c’est passionnant d’apprendre autant de choses sur la peinture chinoise, sur le rejet des traditions, sur la vogue de la peinture réaliste avec ses immenses banderoles, sur le peu de cas fait à l’attribution réelle du tableau (un des aspects du travail de Kewei est de retoucher les tableaux des autres !), sur la réception de l’art occidental en Chine, sur les différences du statut de l’artiste, etc. Cependant, j’ai souvent eu l’impression que le roman servait de toile de fond 😉 à la partie documentaire et non l’inverse. En exceptant la première partie qui se déroule à la campagne et où l’auteur prend le temps de présenter les personnages, le reste du roman se focalise plus sur les aspects politiques et artistiques. Tellement que je n’éprouvais que peu d’empathie envers les personnages, peu d’émotions devant leurs difficultés, voire devant la mort de certains d’entre eux. Je comprends bien que l’auteur veut nous les montrer « bouffés » par l’Histoire en marche, mais cela a provoqué chez moi un vrai passage à vide pendant presque toute la deuxième partie et le début de la troisième. Les trois personnages féminins (la mère, l’épouse et la maîtresse) disparaissent tragiquement pour les deux premières, mystérieusement pour la troisième (on aura l’explication) sans vraiment changer la vie de Kewei ni modifier sa vision du monde…

***

J’ai trouvé ce gros roman très intéressant, mais ce n’est vraiment pas un coup de cœur. L’écriture, poétique, parfois lyrique, en est travaillée jusqu’à la préciosité, ce qui j’avoue, m’a agacée. C’est criant surtout dans la première partie, ou alors, c’est que je me suis habituée… 😉 « Yongmin aimait les oiseaux, parce qu’il aimait le silence. L’époché que leur observation imposait […] » ou « C’était la saison où d’ordinaire coassent les anoures. La saison des amours. » Admettons, mais quand il parle du tic de Kewei pendant qu’il peint : « La langue de Kewei, amoureuse troglodyte, caressa de plus belle la voute qui l’abritait. », ça me porte à en rire !

***

Merci au Grand Prix de Lectrices de Elle et aux éditions Gallimard pour cette découverte.



Challenge multi-défis 2019 #77
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Maîtres et Esclaves

Roman assez inégale, d'abord pour le style que j'ai trouvé pauvre, qui peu rebuter la lecture en elle même, par contre, là ou se joue l'inégalité, c'est le pouvoir de l'histoire qui y est raconté.

Très bon récit, d'un bébé qui né en pleine naissance du Maoïsme et de la Chine Communiste. J'ai pris un plaisir à découvrir plus en détails, cette période de l'histoire.

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Maîtres et Esclaves

Une grande fresque historique sur fond de révolution chinoise; un texte grandiose, émouvant et édifiant. Pour les amateurs de pavés! un livre au long cours...
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Maîtres et Esclaves

J'ai entendu parler de Maîtres et esclaves de Paul Greveillac à l'occasion des listes pour le Goncourt.

De plus le sujet traité, la Chine des années 50 à 80, m'intéressait diablement.

Je ne suis pas déçu de m'être lancer dans la lecture de ce roman.

Il s'agit d'une fresque de la Chine qui correspond bien au sujet du roman

Ce roman embrasse la vie politique chinoise par la propagande et la peinture officielle du régime.

Ces peintures sont souvent immenses, très réalistes et littéraires pour représenter le pouvoir.

Le livre de Paul Greveillac est à l'image de ces peintures : réaliste , historique, photographique, un peu convenu.

Peu d'émotion émane de ces fresques comme du roman Maîtres et Esclaves. C'est un constat.

A partir du personnage de Kewei, fils de paysan du Sichuan au pied de l'Himalaya, Paul Greveillac va nous raconter la transformation politique de la Chine depuis les gardes rouges, Mao, la révolution culturelle mais aussi la collectivisation des terres ,la délation ,l'enfermement ou encore la répression et la rééducation.

Kewei à des dons pour le dessin, la peinture.

C'est à partir de ce don que Paul Greveillac va construire l'histoire de Kewei et son ascension sociale et politique.

Du Sichuan aux Beaux arts à Pékin, Kewei va développer son art et côtoyer le pouvoir chinois.

Devenu membre du parti communiste, il deviendra peintre du régime.

Cette ascension sera longue,douloureuse et sera rattraper par l'histoire.

Cette fresque sur 30 ans nous permets de vivre les grands soubresauts de l'empire du Milieu.



Maîtres et esclaves est plus qu' un bon roman historique .

Sa description du peuple du Sichuan, de Pékin est remarquable. Tout comme la description des arcanes du pouvoir et des maîtres de la Chine.

Son parti pris de resserrer le roman autour de Kewei et de ces 3 femmes (mère femme et amante ) permet de mieux comprendre la condition feminine.

Mais au final il manque d'une flamme qui vous emporte.
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Maîtres et Esclaves

Paul Greveillac était l'un des quatre auteurs finalistes du Goncourt 2018 et a même bénéficié de quatre voix pour six voix à un autre écrivain jeune et talentueux Nicolas Mathieu le lauréat... Cependant, ce roman méritait amplement sa nomination.

Ma première remarque tient à la qualité narratrice du récit.

En effet, à l'image des écrivains chinois contemporains évoquant la période maoïste et post-maoïste de la Chine du 20ème siècle jusqu'à nos jours : Maîtres et esclaves a l'ampleur d'une fresque historique très réaliste et d'une saga familiale très romanesque.

La deuxième remarque porte sur l'intérêt du roman : le portrait d'un peintre propagandiste dans sa vie quotidienne et dans sa vie professionnelle marquée par le contraste entre une hérédité familiale en peinture -celle du père du personnage -et les contraintes assumées pour un art au service d'une politique , puis par la révolte du fils et l'évolution d'un art chinois à nouveau libre.

Enfin, le roman attache, aussi, par trois très beaux portraits de femmes : mère, femme, amante à la fois symboles de la condition féminine en Chine mais aussi apports de douceur , humanité et lyrisme au cours d'un récit parfois âpre et cruel.

Maîtres et esclaves est mon coup de cœur littéraire de cette fin d'année 2018 !
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Maîtres et Esclaves

"Maitres et esclaves", c'est l'histoire d'un paysan qui nait en 1950 dans un village perdu du Sichuan chinois au pied de l'Himalaya qui va devenir peintre. C'est son père qui lui transmet cette passion et lui-même la transmettra plus tard à son propre fils. On explore donc dans ce roman cette idée de la transmission d'une passion mais aussi celle de son appropriation par celui qui la reçoit. Car d'une génération à l'autre, chacun peint à sa manière. Peinture classique chez le grand-père, peinture de propagande chez le père et peinture moderne et/ou contestataire chez le fils. On découvre aussi une Chine très romanesque à partir de sa prise de contrôle par les communistes en 1949 avec des personnages plus vrais que nature. On y voit enfin amèrement comment les idéologies rendent si difficile la création artistique. Tout au long de ce roman, on suit de nombreux personnages qui, dans cette Chine mouvante et mouvementée, peuvent devenir du jour au lendemain maitres ou esclaves. Malgré une entrée difficile et un peu de lassitude vers la fin de ce roman volumineux, j'ai suivi avec passion les aventures des personnages de ce livre très bien écrit et magnifiquement documenté. Il m'a mis en tête les images d'une Chine vivante, complexe, mystérieuse et fascinante. J'ai beaucoup aimé la description des habitants de cette région rurale du Sichuan, leur mode vie, leurs coutumes, leurs traditions et leurs superstitions. Confrontés aux changements politiques et aux rivalités communistes (collectivisation des terres, révolution culturelle), on les voit plus survivre que vivre. J'ai eu l'impression de toucher du doigt, si ce n'est de comprendre, 40 ans de vie politique, économique, culturelle ou sociale de la Chine communiste.
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Maîtres et Esclaves

Dans la campagne du Sichuan en Chine, Kewei voit le jour 1950. Enfant unique d’un couple de paysans, il est attiré très jeune par le dessin comme son père. Mais pour sa mère dans cette Chine rurale, il n’est pas question que son fils s’adonne à sa passion. Et pourtant, Kewei va intégrer les Beaux-Arts à Pékin car son talent a été remarqué par un garde rouge.



A travers ce roman, on suit le destin de Kewei, de sa famille mais surtout on est immergé dans la Chine sous Mao Zedong. D’abord peintre pour le régime, il devient lui-même un de ceux qui valide ou censure les œuvres d'arts au service de la propagande du parti. Au gré des luttes intestines du pouvoir, sa côte de popularité fluctue et pour s'assurer un avenir, il rejoint le parti. Kewei veut inculquer à son fils les valeurs et les principes dictés qu'il a lui-même embrassés par force. Un fils qui s'élèvera contre le Parti communiste chinois et contre son père.



Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.



Il s'agit d'un roman dense et touffu mais passionnant ! Alors oui il y a quelques petites longueurs (liées aux événement politiques) et une histoire d’amour naissante dont je me serais bien passée mais j'ai vraiment aimé ce livre foisonnant. Paul Greveillac rend à merveille la vie de cet homme soumis à l’Histoire de son pays et il nous interpelle sur l’utilisation détournée de l’Art à des fins politiques.

L'auteur sait jouer de touches poétiques comme de formulations plus cinglantes pour nous captiver et c’est réussi.
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Maîtres et Esclaves

Je l’ai lu jusqu’au bout. Et arrivée à la fin, je me suis dit que j’aurai du l’abandonner. Quel ennui ! Que j’ai trouvé le temps long ! Un mélange de météo, de politique chinoise de 1950 et après, un peu de peinture avec la passion des hommes sur trois générations, entrecoupé, quand même, par de jolies phrases. Un style vieux avec tout bien enrobé. Quel ne fut pas mon étonnement d’apprendre que cet auteur est jeune ! Je préfère nettement l’entendre parler que le lire. RV manqué. D’habitude, je suis assez en harmonie avec mes amis de Babelio, mais cette fois, hélas...
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Maîtres et Esclaves

Ce roman raconte de façon passionnante la vie de Tian Kewei, paysan chinois devenu artiste peintre.

Embarquement immédiat pour un voyage riche en émotions au cœur de la Chine.

Tian Kewei naît en 1950 dans une famille de paysans au pied de l’Himalaya, en pleine campagne chinoise.

A cette époque, la république populaire vient d’être proclamée par Mao Zedong.

Lutte des pouvoirs, dénonciations, famine, censure et propagande deviennent alors le lot quotidien du peuple chinois.

Le fil conducteur de cette histoire, c’est l’âme d’artiste de Tian Kewei, qu’il a héritée de son père et qui va très vite guider son destin.

Cette fresque historique est extraordinaire à plus d’un titre. Elle mêle la vie intime du personnage principal au contexte global de la politique en Chine.

Dès les premières lignes, les descriptions subjuguantes permettent au lecteur de voir apparaître les paysages, les personnages, les ambiances.

La plume remarquable de l’auteur offre au roman des allures poétiques.

J’ai également beaucoup apprécié la quantité impressionnante de révélations historiques subtilement délivrées à travers le récit de la vie de Tian Kewei.

Seul bémol : quelques longueurs à partir des deux-tiers du roman.

Quoi qu’il en soit, je conseille ce livre aux amoureux de l’art et de l’histoire de la Chine.
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