Citations de Paul Guimard (193)
"Contrairement au sculpteur qui part d'une glaise informe et pétrit un monstre qu'il affine longuement jusqu'à en faire un dieu, le temps s'empare de ce chef-d'oeuvre qui s'appelle la jeunesse et, par touches successives, en compose une caricature."
"Certaines joies s'évaporent lorsqu'elles sont dites. Peut-être en va-t-il de même pour les chagrins."
"Eprouver des théories par la contrainte de la contingence exerce l'esprit critique."
"[..] dans la vie des souvenirs, l'immobilité est le commencement de la fin."
Les amours adultes sont plus intenses mais moins joyeuses, elles en savent trop long et comportent des cabinets noirs qu'on n'entrouvre pas sans danger
Les amours adultes sont plus intenses mais moins joyeuses, elles en savent trop long et comportent des cabinets noirs qu'on n'entrouvre pas sans danger
je sais que dans la vie des souvenirs, l'immobilité est le commencement de la fin
Il est vrai que j'adore être seul dans une ville étrangère, Rennes ou Calcutta, qu'importe, pour l'unique plaisir -et plus qu'un plaisir- de savoir que nulle nécessité ne me conduit, que le hasard me prend en charge, que l'imprévu est au détour de chaque instant, pas l'aventure mais l'imprévu, le non prévu, l'admirable disponibilité que la vie quotidienne réduit à la portion congrue.
édition folio page 31-32
"il est vrai que j'adore etre seul dans une ville étrangère ,Rennes ou Calcutta ,qu'importe,pour l'unique plaisir -et plus qu'un plaisir- de savoir nulle nécessité ,que le hasard me prend en charge ,que l'imprévu est au détour de chaque instant pas l'aventure mais l'imprévu,le non prévu,l'admirable disponibilité que la vie réduit à la portion congrue"
édition folio page 47
"Je vais exactement un peu trop vite ,la camionnette est exactement un peu trop prés,la route est exactement un peu trop étroite"
Page 30 édition folio poche
"c'est trés facile d'arreter de fumer ,je l'ai fait au moins vingt fois"
L'ironie du sort, c'est la face cachée de notre destin.
Qu'ils s'endorment enfin, tous ceux ont le réveil dépend des réflexes d'un brave imbécile, ils ont toute la vie pour subir sans le savoir les conséquences de cette nuit-là. Qu'ils s'endorment et qu'ils rêvent. Il est tard. L'avenir est long pour certains, révolu pour d'autres, c'est une question de secondes. Quelque part, au delà des amas de nébuleuses, un méticuleux aligne des chiffres : cinq, quatre, va commencer.trois, deux, un...
Une histoire
De la discussion jaillit la lumière lorsque - et seulement dans ce cas - les interlocuteurs sont d'accord et jouent alternativement le rôle de M. Loyal. Se faire persuader de ce dont on est par avance convaincu est un des charmes de l'existence et la recette conjugale la plus sûre.
Elle avait moins de quinze ans à la veille de la guerre. Elle s'apprêtait à devenir une jeune fille entourée de garçons à répartir en catégories : camarade, flirt, fiancé, amant... elle s’apprêtait à être insouciante, irresponsables, sotte et légère mais ces vertus virginales furent, comme il est d'usage, brûlées par le vent violent de la tragédie et la jeunesse avec elles.
Beaucoup d'hommes reviennent des guerres plus jeunes qu'avant, les filles n'ont pas cette chance.
Dans le noir, le bruit ne se propage pas en ligne droite, il décrit des méandres inutiles et retors, l'oreille qui le guette n'en reçoit qu'un fantôme, une apparence défigurée par tous les échos éveillés au passage. Comme les boules d'un billard, les bruits nocturnes procèdent par effets, sans qu'on puisse en localiser la source et la peur contribue à brouiller la piste.
En très peu de temps, Violette avait vécu un grand amour, éprouvé un grand chagrin, possédé un grand secret.
Elle avait cessé d’être une petite fille.
Entre Saint-Stanislas et la porte cochère, la distance est moins grande dans l'espace que dans le temps, huit cents mètres à vol d'oiseau, mais hors de portée du souvenir. De ce côté-ci un adolescent très vieux, comme savent en fabriquer les guerres. De l'autre, un garçon doué qui « pouvait mieux faire », plein d'élans et de velléités, mal assuré dans ses projets, faiseur de phrases, cœur de héros, tête incertaine, craignant le péché moins que le châtiment. Entre les deux, il a coulé de l'eau sous les ponts de cette Erdre qui sépare le collège Saint-Stanislas de la porte cochère devant laquelle un homme va mourir. Huit cents mètres et trois ans de guerre, telles sont les dimensions du fossé creusé entre l'élève moyen qui « pouvait mieux faire » et le tueur de vingt ans qui assure dans sa main moite la crosse de bois du Webley.
Les parents, qui supportent mal de ne pas participer aux secrets d'alcôve de leurs enfants, trouvent sans doute une revanche à évoquer les premiers âges, qui leur appartiennent en propre. Ils n'adorent rien tant que de parler fièvre, vomissure, incontinences diverses. C'est comme s'ils disaient : "Vous la connaissez au lit mais nous l'avons vue sur le pot."