Citations de Paul Lacroix (51)
Le Livre des Métiers d'Etienne Boileau contient les statuts de cent corps d'état différents, et l'on remarquera que plusieurs des professions les plus importantes, telles que celles des bouchers, des tanneurs, des vitriers, etc., n'y figurent pas encore, soit qu'elles eussent négligé de se faire inscrire au Châtelet, où se faisait l'enquête dirigée par Etienne Boileau, soit qu'un intérêt quelconque les eût déterminées à se soustraire à cet enregistrement, qui leur imposait sans doute des redevances et des servitudes. Dans le siècle suivant le nombre des corporations de métiers s'accrut continuellement, et finit par se multiplier d'une manière tout à fait exagérée sous les règnes des derniers "'alois et du premier Bourbon.
Si donc la physionomie du logement d'un vilain au treizième siècle était telle , que nous serions tentés d'y retrouver l'image à peu près complète des chaumières actuelles dans les plus pauvres communes de France , nous devons en déduire naturellement que la vie privée des habitants ne laissait pas d'offrir avec celle qu'ils mènent encore aujourd'hui une véritable analogie; car, aussi bien dans les châteaux que dans les villes, nous avons vu la condition matérielle des habitations se modifier en raison de la condition morale des individus.
Au nombre des usages qui contribuèrent le plus à propager l'urbanité et l'élégance dans les classes féodales , il faut citer celui qui consistait à envoyer, pour quelques années, les adolescents des deux sexes au service personnel du suzerain, sous les noms de varlets , pages, écuyers , damoiselles ou filles d'honneur. Nul seigneur, quelles que fussent ses richesses ou sa puissance, ne songeait à soustraire les siens à cet apprentissage de la vie des châteaux, complément obligé de toute éducation chevaleresque.
Plus de quinze villes ont revendiqué l'honneur d'avoir vu naître l'imprimerie, et les écrivains qui se sont appliqués à rechercher l'origine de cette invention admirable, loin de se met Ire, d'accord sur un seul point delà question, n'ont fait que l'embrouiller en s'efforçant de l'éclaircir.
Aujourd'hui cependant, après plusieurs siècles de controverses savantes et passionnées, il ne reste, de tant de systèmes contradictoires, que trois systèmes en présence, avec trois noms de villes, quatre noms d'inventeurs, et trois dates différentes : les trois villes sont Harlem, Strasbourg et Mayence; les quatre inventeurs, Laurent Coster, Gutemberg, Faust et Schoiffer; les trois dates, 1420, 1440, 1450.
Les premiers livres produits par l'imprimerie furent d'abord une contrefaçon des manuscrits : ils en affectaient la forme, les caractères, les ornements et la matière. Les Bibles que Jean Fust apporta en 1462 à Paris étaient imprimées sur vélin, avec initiales peintes en bleu, pourpre et or : l'illustre faussaire les vendait comme manuscrit, à raison de soixante écus d'or (cinq cent cinquante francs environ) l'exemplaire, jusqu'à ce qu'on se fût aperçu de la fraude du vendeur.
La peinture, non seulement représente toutes les choses de la nature, passées, présentes et futures, mais par ses fictions et compositions elle nous fait apercevoir des idées des choses nuisibles mêmes ; elle ne s'arrête pas à l'extérieur des corps, mais pénètre jusques au mouvement des esprits et exprime les passions de l'âme, elle enflamme le courage, incite à la piété et à la pitié ; quelques fois en dessillant les yeux, elle excite les appétits des personnes les plus raisonnables.
Il est facile de reconnaitre que les arts de peinture et de sculpture sont de cet ordre, puisque tous les changements des états et des mœurs, depuis qu'ils sont en usage au monde , n'ont point empêché leur progrès, mais au contraire la succession des temps leur a toujours été avantageuse; ce vieillard qui dissipe toutes les choses du monde n'a fait sur ces arts que détourner d'autant les brouillards qui se sont formés à l'entour d'eux, et en a découvert la beauté en telle sorte qu'ils paraissent aujourd'hui avec plus d'éclat que jamais.
Orfèvre signifie artisan en or. Ce mot est formé du vieux mot français fèvre ou faire (en latin faber) et du mot or. Chez les Romains, l'orfèvre s'appelait aurifex, ce qui équivaut a l'étymologie du mot français.
On peut dire avec certitude qu'on a commencé partout à travailler l'or avant de travailler le fer; car l'or avait sans doute, par son éclat natif, attiré les yeux de l'homme , lorsque le fer était encore ignoré ou négligé à cause de sa couleur sombre. L'or, d'ailleurs, se présentait dans toute sa splendeur à la surface du sol, soit que l'eau des fleuves l'eût éparpillé en paillettes, soit que le feu des volcans l'eût fait couler en filons ou condensé en masses brillantes. Les autres métaux dormaient dans le fond des mines, que déjà l'or avait fourni aux premiers habitants du globe, non-seulement des ustensiles et. des armes, mais aussi des objets de parure et des insignes religieux. Il est donc permis de regarder les orfèvres, les ouvriers qui travaillaient l'or, comme les initiateurs de tous les arts manuels.
Le vélin et le parchemin de l’antiquité ne différaient guère sans doute de ceux du moyen âge, quoique les procédés de fabrication des anciens ne nous soient pas connus. Le parchemin ordinaire est une peau de mouton, de brebis ou d’agneau, passée à la chaux, éclairée, ratourée, adoucie à la pierre-ponce; ses principales qualités sont la blancheur, la finesse et la roideur ; mais le travail du corroyeur ou du fabricant devait être quelquefois très-imparfait, puisque le calligraphe était obligé de dégraisser encore et de polir lui-même le parchemin grossier qu’il destinait à recevoir l’écriture.
Le théâtre du Marais se ruinait à monter des pièces à spectacle et à machines, sans pouvoir couvrir ces frais dispendieux par les recettes d'un petit nombre de représentations peu suivies ; le théâtre de l'hôtel de Bourgogne ne s'était soutenu que par quelques comédies spirituelles ou plaisantes de Quinault, de Montfleury et de Raymond Poisson. L'aristocratie avait encore une fois abandonné les théâtres populaires, pour ne s'intéresser qu'aux ballets qui se dansaient au Louvre et à Saint-Germain, et dans lesquels Louis XIV ne dédaignait pas de figurer comme danseur au milieu des plus grandes dames et des plus grands seigneurs de la cour.
Les sciences mathématiques n'avaient aucun rapport direct avec les sciences naturelles , et cependant les véritables savants se laissaient captiver par tous les aspects de la science en général, tant ils redoutaient d'avoir quelque chose à ignorer.
À la fin du seizième siècle, les sciences étaient cultivées avec succès en Italie, en Angleterre, en Allemagne et aux Pays-Bas, où les savants trouvaient des sympathies et des encouragements; niais le mouvement scientifique avait été suspendu eu France depuis les troubles politiques, et les guerres civiles semblaient absorber toutes les forces intelligentes de la nation.
Le monde du moyen âge, cette époque qui pourrait être figurément qualifiée celle où un vieillard décrépit et blasé, après une froide torpeur, se réveillerait enfant naïf et fort, le monde du moyen âge hérita beaucoup des temps, en quelque sorte interrompus, qui l'avaient précédé; il transforma peut-être plus qu'il n’inventa, mais avec un génie si particulier, si caractéristique, qu’on s’accorde généralement à lui reconnaître le mérite d’une véritable création.
La Renaissance, c'est-à-dire cette révolution intellectuelle qui, au quinzième et au seizième siècle, rendit le sceptre à la littérature et aux arts de l’antiquité, chez les peuples modernes. Alors, avec la Renaissance, les arts changent de direction, surtout les arts principaux, ceux par lesquels le génie de l'homme exprime plus fortement ses idées et ses sentiments.
Pendant le Moyen Age, l'art suit généralement les inspirations de l'esprit chrétien qui préside à la formation de ce monde nouveau. Il parvient à reproduire admirablement l’idéal religieux.
Les Français sont plus lents que tous les autres peuples à changer d'opinion, une fois qu'ils en ont adopté une, lentement acquise; aussi, le cartésianisme, qui avait eu tant de peine à s'établir en France, ne cessa d'y être enseigné que vers la fin de la régence, en 1720 ou 1725, alors que, depuis plus de trente-huit ans, Isaac Newton avait opposé le système de la gravitation à celui des tourbillons.
Ce fut dans le sein de l'Académie des sciences que se trouva concentré le mouvement scientifique de la France, durant les dernières années du règne de Louis XIV; c'est dans le vaste recueil des Mémoires de cette Académie qu'il faut chercher, à cette époque, les plus importants travaux de mathématiques et d'astronomie, de physique et de chimie, d'histoire naturelle et d'anatomie.
Les libraires ne se bornaient point a vendre leurs livres dans Rome; comme ceux d'aujourd'hui, ils en expédiaient les exemplaire dans les provinces les plus reculées de l'empire, même jusqu'en Afrique. Mais il paraît que ce dernier pays ne recevais guère que les livres de rebut, et était, par conséquent, assez mal noté près des auteurs. Le sort le plus dur qu'Horace puisse prédire aux exemplaire du premier livre de ses Épitres, c'est de s'en aller a Utique liés el garrottés en ballots. Martial es moins difficile; il ne fait point fi de l'admiration des Gêtes et des Bretons, chez qui se ses épigrammes sont parvenues. Il est vrai qu'il est plus fier d'apprendre qu'on les lit dans l 'Espagne tarragonaise à Biblis, sa ville natale, et surtout dans les Gaules, à Vienne et à Toulouse.
Les oracles de l'antiquité étaient des réponses obtenues des dieux par l'intermédiaire des prêtres ou des sibylles, Quelques-unes de ces réponses ont été conservées.
A l'imitation des oracles anciens on a imaginé plusieurs jeux de hasard où l'on a préparé d'avance des réponses à des questions indiquées et que le sort désigne.