Si donc la physionomie du logement d'un vilain au treizième siècle était telle , que nous serions tentés d'y retrouver l'image à peu près complète des chaumières actuelles dans les plus pauvres communes de France , nous devons en déduire naturellement que la vie privée des habitants ne laissait pas d'offrir avec celle qu'ils mènent encore aujourd'hui une véritable analogie; car, aussi bien dans les châteaux que dans les villes, nous avons vu la condition matérielle des habitations se modifier en raison de la condition morale des individus.
Le Livre des Métiers d'Etienne Boileau contient les statuts de cent corps d'état différents, et l'on remarquera que plusieurs des professions les plus importantes, telles que celles des bouchers, des tanneurs, des vitriers, etc., n'y figurent pas encore, soit qu'elles eussent négligé de se faire inscrire au Châtelet, où se faisait l'enquête dirigée par Etienne Boileau, soit qu'un intérêt quelconque les eût déterminées à se soustraire à cet enregistrement, qui leur imposait sans doute des redevances et des servitudes. Dans le siècle suivant le nombre des corporations de métiers s'accrut continuellement, et finit par se multiplier d'une manière tout à fait exagérée sous les règnes des derniers "'alois et du premier Bourbon.
Au nombre des usages qui contribuèrent le plus à propager l'urbanité et l'élégance dans les classes féodales , il faut citer celui qui consistait à envoyer, pour quelques années, les adolescents des deux sexes au service personnel du suzerain, sous les noms de varlets , pages, écuyers , damoiselles ou filles d'honneur. Nul seigneur, quelles que fussent ses richesses ou sa puissance, ne songeait à soustraire les siens à cet apprentissage de la vie des châteaux, complément obligé de toute éducation chevaleresque.