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Critiques de Paul Preston (27)
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Il y a 80 ans éclatait la guerre civile espagnole. La victoire de Franco en 1939 ne marqua pas la fin d'un sanglant conflit fratricide mais le début d'une guerre intérieure qui allait durer jusqu'à la mort du dictateur. Une guerre d'extermination. Espagne 1936-1945 est un ouvrage centré sur la violence qui secoua le pays dans les zones républicaines et rebelles, et sur la répression politique et sociale qui s'abattit sur l'Espagne après les centaines de milliers de morts et le nombre incalculable de citoyens qui prirent le chemin de l'exil.

"Le général Franco et son régime jouissent encore d'une presse relativement bonne à cause d'une série de mythes persistants qui mettent en avant les bienfaits de son règne. Outre la fabrication soignée du "miracle" économique espagnol des années 1960 et de l'héroïsme dont il aurait fait preuve pour maintenir son pays hors de la Seconde Guerre mondiale, il existe de nombreuses falsifications autour des origines de son régime, toutes issues du mensonge initial selon lequel la guerre civile espagnole aurait été nécessaire pour éviter la conquête du pays par les communistes. le succès de cette invention a influencé beaucoup d'ouvrages historiques qui présentent la guerre civile espagnole comme un conflit opposant deux camps plus ou moins égaux. La question des victimes civiles innocentes est intégrée à cette conception et ainsi « normalisée ». L'anticommunisme, la réticence à croire que des officiers et des hommes de la haute société aient pu être impliqués dans le massacre délibéré de civils, ainsi que le dégoût pour la violence anticléricale, expliquent en partie cette lacune majeure dans l'historiographie de cette guerre. »



Ce n'est sans doute pas un hasard que deux des plus grands spécialistes de l'Espagne contemporaine, Hugh Thomas et Paul Preston, soient des citoyens britanniques.

Je remercie les éditions Belin d'avoir publié cet ouvrage colossal d'utilité publique et de m'en avoir fait parvenir un exemplaire. Cette lecture exigeante et assez éprouvante sort de l'oubli ou du silence des faits épouvantables dont personne n'avait envie d'entendre parler, dans un pays qui soigne depuis des décennies son cancer avec de l'aspirine. Difficile d'admettre qu'il y ait eu à côté de chez nous, un état qui a mis en oeuvre des pratiques d'extermination de masse sans avoir à en rendre compte.

Pour ceux que la densité de l'ouvrage effraierait, je signale la parution d'un roman graphique de qualité adapté d'un ouvrage de Paul Preston (au grand étonnement de l'auteur), "La guerra civil española » de José Pablo García (entré dans la base Babelio).

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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

L'une des "conditions" du retour à la démocratie en Espagne,

après la mort de Franco, le 20 novembre1975, et l'une des

contreparties de l'amnistie accordée en 1977 pour tous les opposants

au régime de ce dernier, condamnés pour des faits survenus avant

le 15 décembre 1976, fut le silence imposé aux personnes qui auraient

légitimement été tentées de demander des comptes aux insurgés

militaires qui avaient anéanti la IIeme République entre 1936 et 1939.



Alors pourquoi avoir attendu 2012 aux États-Unis et 2016 en France pour

laisser la parole à Paul Preston pour le laisser faire avec d'autres le

réquisitoire plus qu'accablant des crimes commis par les ennemis de la

République, qu'ils fussent membres de l'armée, de la garde civile ou de

la caste des propriétaires terriens et des patrons du lobby industriel ?



Sans doute parce que l'on estime que ce procès historique et cet état

des lieux avec dénombrement du nombre de morts - provisoire forcément,

car rien ne peut être définitif dans ce genre de bilan - peuvent maintenant

être faits, sans le risque du réveil des vieilles fractures qui ont déchiré

la population espagnole. L'avenir dira si le risque de nouvelles divisions

sur ce thème ou sur d'autres existe ou pas.



On estime généralement que les victimes du Franquisme

et des autres meneurs de la révolte militaire

seraient au moins 130000 pour une période beaucoup

plus étendue que le seul conflit appelé Guerre

d'Espagne du 17 juillet 1936 au 1er avril 1939.

Paul Preston estime que ce nombre peut être grossi

de 20000 morts.

L'historien anglais, s'appuyant sur des documents

et des informations et témoignages plus que

fiables, a fait ses propres estimations, sans doute

plus proches de la réalité.

Mais au-delà des chiffres, qui montrent que la

lutte menée par les forces anti-républicaines fit bien plus

de victimes que le camp composite et

profondément divisé qui leur faisait face, il y a

les faits qui sont accablants et qui montrent le

degré de barbarie auquel sont parvenus les Primo

de Rivera, Sanjurjo, Queipo de Llano, Mola et Franco,

de 1923 à 1945. Ces gens ont poursuivi de leur haine

leurs opposants politiques, comparés à des sous-hommes

et dénoncés comme les complices voire les agents d'un

imaginaire complot judéo-bolchévico-maçonnique. Cela ressort

de la propagande déversée par les idéologues qui ont servi cette

cause et qui contenait de véritables appels aux meurtres.



Après cet ouvrage de Preston, chargé d'émotion mais aussi très

érudit, il restera aux historiens à faire la synthèse de tous les

ouvrages parus ces derniers temps sur la Guerre d'Espagne, mais aussi

sur son prélude et ses conséquences, et à le faire de façon

"dépassionnée", afin d'empêcher que toute forme de "révisionnisme"

puisse exister.

Il faut couper l'herbe sous le pied au mensonge. Paul Preston y a

aidé.

François Sarindar
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

La guerre civile espagnole ne fut pas qu’une guerre dont l’objectif premier n’était que la prise de pouvoir par un général d’extrême droite. L’Espagne connut en amont, une période de forte instabilité politique (succession de la dictature de Primo de Rivera et d’un front populaire contesté par les « latifundistas » ou propriétaires terriens, par le clergé, par les ouvriers eux-mêmes). Dès le début du siècle, la classe bourgeoise reçoit un message amené par les catholiques d’extrême droite au sujet d’une alliance secrète entre les juifs, la franc-maçonnerie et l’internationale communiste dont l’Espagne serait la cible, complot qui viserait à détruire la chrétienté. Cette propagande s’immisce insidieusement en Espagne et s’alimente en raison des mesures anticléricales prises par le gouvernement républicain de cette période : plus de direction d’établissements par des gens d’Eglise, obligation de mariage civil, mesures provoquant la colère des religieux influents qui se rangeront du côté des rebelles.



Ces tensions eurent pour conséquence une incitation à la haine par l’extrême droite forte de ses éléments nationalistes, carlistes (royalistes), phalangistes, catholiques et qui se livrera, comme le titre l’indique, à une extermination des dissidents. Notons que les dissidents dans le cas présents, ne sont pas que les membres du parti républicain, mais toute personne ne répondant pas au profil attendu par le pouvoir usurpé. (Voir citation).



Paul Preston présente dans cet ouvrage, une étude poussée des événements de la guerre civile espagnole visant à montrer que tout au long de cette guerre, on légitima le massacre de milliers de gens sous couvert de lois décrétées par des généraux (les africanistas, des militaires qui firent carrière dans l’armée coloniale au Maroc, réputés être des brutes sanguinaires). Le général Franco s’efforcera par la suite de fournir durant quarante ans, une version de cette guerre au peuple espagnol, niant la terreur d’un peuple, visant à donner une vision falsifiée et avantageuse de cette période à l’étranger.



Fruit d’un travail de recherche conséquent, ce livre fait l’inventaire, parfois bien difficile à soutenir pour le lecteur, des exactions commises durant l’occupation de l’Espagne par les militaires organisés en colonnes de la mort progressant vers chacune des régions et répandant terreur et deuil parmi les populations : on exécute les républicains, les familles des républicains, les ouvriers, les femmes, les enfants…on humilie les hommes, les femmes (fréquemment tondue et obligées à ingérer de l’huile de ricin), à se demander comment des hommes ont pu se livrer à une telle barbarie.

Je n’ai pu m’empêcher d’établir un lien entre la seconde guerre mondiale et la guerre civile espagnole, d’autant plus que Franco a travaillé en collaboration avec le régime nazi : des militaires qui se livrent à des exactions, une chasse aux rouges, décrétés sous-hommes par les rebelles qui se sont emparés du pouvoir. Un certain Antonio Vallejo Nágera prouvera par des recherches dites scientifiques, qu’il existe un « gène rouge » et établira un lien entre marxisme et déficience mentale, et fort de ces découvertes, affirmera qu’il existe une race espagnole pure. A l’instar d’Hitler développant sa politique d’extermination des juifs, Les phalangistes et autres nationalistes se livreront à l’extermination du « rouge ».



La guerre civile espagnole est peu connue du publique, et il est parfois difficile d’entrer dans un roman se déroulant dans le contexte de cette guerre, mais après lecture pas toujours aisée de cet ouvrage, je vais me sentir très à l’aise avec les connaissances de base à posséder sur la guerre civile. Lire des romans sur la question après ce livre m’apparaît presque nécessaire pour se faire une idée de la guerre, non plus d’un point de vue des forces en présence, mais pour étudier le ressenti des populations terrorisées lors de la progression de ces colonnes de la mort, lors de la prise des villes qui tombèrent aux mains des nationalistes les unes après les autres.



Cet ouvrage restera certainement longtemps un ouvrage de base pour toute étude poussée sur la question de la guerre d’Espagne, bible de l’historien ou de l’étudiant ou des personnes qui désirent parfaire leurs connaissances de cette terrible période.



Je recommande cet ouvrage en avisant les âmes sensibles de s’abstenir.



Je remercie masse critique et les éditions Belin pour ce partenariat.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Un tout grand merci à l'opération Masse critique de Babelio et aux éditions Belin qui m'ont occasionné des maux de tête et des interrogations diverses sur la victoire et la défaite, très à la mode en cette rentrée littéraire de septembre 2016. Le poids du livre et le choc du contenu de cette « Guerre d'extermination. Espagne 1936-1945 » m'ont violemment scotchée à cet épisode sanglant et si mal connu.



« L‘oligarchie agraire, dans un rapport inégal avec la bourgeoisie industrielle et financière, est traditionnellement la force dominante du capitalisme espagnol » et depuis la révolution russe, les ouvriers, ruraux et citadins, se rebellent contre les déplorables conditions de vie qu'ils supportent tant bien que mal depuis des décennies. De plus, l'Espagne conservatrice est à la traîne des pays industrialisés et la Seconde République (1931) vise sa modernisation à travers des réformes socio-économiques qui entraînent des tensions et des grèves tous azimuts.



Les élections de 1936 ne règlent pas les luttes coloniales et régionalistes, ni le soulèvement ouvrier, ni la montée de l'anticléricalisme. le général Mola tente un coup d'Etat qui échoue mais qui entraîne la chute du gouvernement. Francisco Franco, à la tête de la puissante armée d'Afrique veut renverser la République. Les généraux font obstruction aux réformes, ils veulent garantir aux classes dominantes (propriétaires terriens, industriels et banquiers, haut clergé et, bien entendu l'armée) leurs privilèges remis en question par la Seconde République. Ils échafaudent des théories religieuses et raciales pour justifier l'intervention militaire et la destruction de la gauche, ce ramassis de Juifs, de francs-maçons et de syndicalistes bolchéviques. « Eliminons ceux qui ne pensent pas comme nous » était la devise du sympathique général Mola qui ne se priva d'aucune exaction ni contre les hommes, ni contre les femmes, ni contre les enfants. Ces notions fallacieuses mettent une énorme population en marge, depuis les démocrates libéraux jusqu'aux anarchistes et aux communistes et la confusion ajoute aux troubles.



Les Républicains, sur la défensive face aux troupes franquistes, font appel à la solidarité internationale mais les Européens, frileux, signent un pacte de non-intervention et seul, Staline, face à la montée du fascisme et du nationalisme, intervient officiellement et envoie de l'aide militaire (contre l'or des banques espagnoles, il faut le dire !) à la Seconde République. Là encore, dissensions entre pro- et antistaliniens. Plus tard, Hitler et Mussolini viendront appuyer les effectifs de Franco.



Pour la plupart, les Républicains sont désorganisés et non militarisés et, comme toute société confrontée à une menace existentielle, ils utilisent les mêmes armes que leurs frères ennemis : exécutions arbitraires, suspension des libertés civiles, emprisonnements sans procès, torture, enrôlement obligatoire et terreur à tous les étages. La guerre civile est irrépressible, les massacres sévissent dans les deux camps et jettent sur les routes des dizaines de milliers de civils apeurés, affamés et misérables.



La supériorité numérique franquiste soutenue par les forces de l'Axe eut finalement raison des Républicains, brisés en 1939 par celui qui allait imposer une dictature de plusieurs décennies à son peuple, el Caudillo, jusqu'à sa mort en 1975.



Paul Preston est un historien britannique spécialiste de la guerre d'Espagne. Il doit aussi être entomologiste tant son travail sur cette guerre d'extermination est fouillé, suivi pas à pas et pratiquement au jour le jour dans les villes et villages victimes de la folie fasciste. Malgré la destruction délibérée des archives sous le régime de Franco et les multiples mensonges colportés sur les bienfaits de sa prise de pouvoir pour contrer la prétendue menace bolchévique, les documents, les photos et les témoignages ne manquent pas. Ce fut l'une des guerres les plus suivies par la presse mondiale et la participation de personnalités étrangères dans les Brigades internationales (André Malraux, George Orwell, Ernest Hemingway, Sygmunt Stein) en renforça l'impact.



Il s'agit bien entendu d'un livre d'histoire qui ne se lit pas comme un roman, qui demande une concentration importante et, pour ma part, des prises de notes nombreuses pour établir qui est qui, qui a fait quoi, quand, comment et pourquoi. Je suis certaine de ne pas avoir tout compris et je remercie Pecosa qui renvoie à une BD basée sur le livre de Paul Preston. Elle me sera d'une grande utilité.



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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Paul Preston, reconnu dans le monde entier comme le plus grand historien de la guerre d'Espagne, relate ici cette guerre d'extermination : croisade de purification nationale ou exemple de ce que fait de mieux l'homme en matière de barbarie et de terreur.



Un livre d'histoire qui ne sera peut-être pas facile à aborder pour le néophyte, mais qui donne à ceux qui sont passionnés un éclairage exceptionnel sur cette partie de l'histoire ibérique.



Des photos de réfugiés qui fuient la terreur en essayant de se faire une petite place ailleurs, nous rappellent étrangement l'actualité. Comme si l'histoire n'était qu'une boucle.



Un livre que j'ai abordé timidement tellement il est dense. Il m'a demandé un réel effort de concentration. Il raconte l'Histoire de façon très factuelle et très précise. Ce n'est pas un roman.



Je remercie la masse critique de Babelio et les Éditions Belin pour ce roman magistral, qu'il faut lire pour comprendre et ne pas oublier.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Un livre MAGISTRAL.

Je reprends, sans complaisance aucune, les termes employés sur le bandeau qui accompagne le livre : "Magistral" (Le New York Times) , " Ecrit de main de maître" (Sunday Times).

Un ouvrage particulièrement complet (890 pages), détaillé, didactique car tout est exposé clairement, sans artifice académique.

Le prologue aide à mieux comprendre les étapes de cette guerre civile, il donne le ton de ce qui va être exposé, dévoilé, c’est un éclairage indispensable pour bien entreprendre la lecture.

Aucune ambiguïté dans le titre « UNE GUERRE D'EXTERMINATION », où les protagonistes cherchent l’anéantissement, l’éradication de l’ennemi. Mais, on s’aperçoit très vite, que cette visée concernait, surtout, le camp des Rebelles putschistes.

Les dates indiquées « 1936-1945 », sont aussi explicites, car cette guerre, effectivement, ne prit pas fin en 1939 et, comme l’indique Preston, « Une guerre inutile dont les conséquences sont encore amèrement ressenties dans l’Espagne d’aujourd’hui ».

Preston s’est efforcé de rechercher, compulser, méthodiquement, de façon détaillée toutes les informations, tous les incidents à l’origine de cette guerre. Certes, certaines réformes républicaines furent malvenues (politique de laïcisation exacerbée, expropriation …) mais la droite, le clergé, les nantis exploitèrent de façon radicale ces amendements et s’en servirent comme outils de propagande paroxystique, d’affrontement pour alimenter les polémiques raciales, la haine et déchaîner les violences, les meurtres …



Des photographies illustrent le texte. Certaines difficilement soutenables (cadavres dans les rues du quartier de Triana à Séville après le passage de Castejon, charniers…) d’autres caustiques et vénéneuses (Franco radieux recevant Himmler…) mettent mal à l’aise.

L’auteur déclare d’ailleurs « Il m’a fallu bien des années pour écrire ce livre. Les actes de cruauté gratuite qu’il relate en ont rendu la rédaction pénible. »



De nombreuses cartes permettent de suivre l’évolution du conflit, des histogrammes servent à mieux comparer les répressions féroces dans l’un et l’autre camp, par Province, par ville, ils en disent longs par rapport aux barbaries, et autres atrocités commises qui se soldèrent par des tueries , dont la palme est remportée, au final, sans contestation possible par le camp des Rebelles.



Une chronologie sommaire permet de s’y retrouver, si besoin, à tous moments de la lecture, et un glossaire donne la traduction des différents sigles et termes spécifiques .





C’est un livre qui restera, pour longtemps, une REFERENCE, pour tous les historiens, les chercheurs, les étudiants, les hispanistes et simplement, ceux qui s’intéressent à ces épisodes tragiques et plus particulièrement les descendants, les familiers, les amis, de ceux qui furent , à la fois, témoins et victimes de cette guerre fratricide, un livre qui donne à réfléchir sur la nature humaine…

Après une première lecture, un livre qui demande à être disséqué encore et encore.



Après cette lecture, je pense, avec effroi, à la catastrophe évitée après le coup d’état avorté du 23 février 1981 quand un groupe de généraux nostalgiques du franquisme pris d’assaut le Congrès des députés. Un brasier mal éteint qui aurait vite repris vigueur : les haines toujours virulentes auraient, à nouveau, embrasé la péninsule.

Je remercie bien sincèrement Babelio et les éditions Belin qui m’ont permis de mieux comprendre cette page tragique de l’histoire contemporaine et j’adresse à Monsieur Paul PRESTON, mes très sincères félicitations pour ce travail de longue haleine , méthodique, précieux admirable et réussi.

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La guerre civile espagnole

Où apparaissent les limites de l’essai graphique. À trop vouloir résumer, on n’en dit pas assez. Ou à trop vouloir en dire en peu de mots, on ne comprend plus rien...

Difficile de suivre en effet la pensée de l’auteur malgré le sujet qui m’intéresse particulièrement. Au delà des polémiques qu’on put susciter les thèses de l’auteur, j’ai lâché l’affaire. Dommage. Peut-être n’est-ce pas le bon support...



Abandonné en novembre 2017.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

La Guerre Espagnole relatée sans parti pris, sans édulcoration... des faits et rien que des faits.





Paul Preston nous propose ici l'un des livres que je considère comme le plus précis, le plus abouti concernant la Guerre d'Espagne. le conflit est décortiqué point par point avec ses conséquences sur le peuple espagnol. Sans contexte LE LIVRE DE RÉFÉRENCE. Aucun parti pris, aucune opinion personnelle... juste le récit des faits... et croyez-moi, il se suffit à lui seul.





En lisant cet ouvrage, nous prenons conscience qu'une guerre peut être enclenchée pour des raisons idiotes voire pour le profit. D'un côté, les républicains qui veulent instaurer un gouvernement féodal comme au Moyen-Age avec les nantis dirigeants et le peuple suivant... de l'autre, les communistes, qui eux désirent une égalité, mais... qui très vite succombe aux sirènes du pouvoir.





Ce livre nous démontre clairement que la plupart des exactions n'ont pas été commises au nom d'une cause, mais uniquement par appât du gain, dépravation sexuelle, désir de pouvoir. Aucun des deux camps ne peut prétendre avoir fait mieux que l'autre.

Une Guerre d'extermination est un livre incroyable retraçant quasi au jour pour jour l'évolution du conflit et la montée dans l'horreur.





Personnellement, je connaissais un peu cette guerre d'Espagne, mais à la lecture de ce livre, je me suis aperçue que c'est un million de fois en dessous de la réalité.





Un ÉNORME merci aux Éditions Belin pour cette découverte et cette plongée dans le passé ainsi qu'à Babelio de m'avoir proposé cette lecture.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Cet ouvrage de Paul Preston le plus grand historien spécialiste de cette guerre nous livre un récit captivant d'un des conflits les plus cruels du siècle : la Guerre d'Espagne.



Une guerre peu connue en France si ce n’est pas le côté romanesque de certains grands livres ou même d'un des meilleurs films de Loach, Land and freedom.



ici l'approche est évidemment autre, très historique et factuelle. De façon particulièrement documenté et détaillé, on y apprend tout de ce conflit politique et militaire d'une rare complexité, celle de l'Espagne de 1936 à 1945.

On y apprend à quel point cette Guerre d'Espagne est symptomatique des égarements des nations européennes dans ce qui va précipiter la Seconde Guerre Mondiale.

Ce conflit illustre aussi parfaitement l'aveuglement et de la cruauté humaine.

Parfois un peu roboratif, pas toujours très évident pour le néophyte, cet ouvrage d'une densité exceptionnelle reste une référence indéniable pour tous les amateurs d'histoire et les fans de la culture ibérique.

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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

De la guerre civile en Espagne , je ne connaissais vraiment pas grand chose. Mes seules connaissances éraient pour ainsi dire limitées aux apports de deux romans : Pour qui sonne le glas d'Hemingway et Tanguy de Michel del Castillo.

Aussi quand Babelio m'a proposé ce livre, j'avoue que j'étais ravie, car j'allais pouvoir approfondir mes connaissances bien trop superficielles...Encore merci à eux et aux éditions Belin pour l'envoi de ce livre . Ce dernier est d'ailleurs plus que conséquent avec ses plus de huit cent pages et son poids de 1 kilo 200...

Paul Preston a effectué un travail absolument titanesque pour nous livrer un portrait sans concessions ( et sans parti pris ) de la situation en Espagne de 1936 à 1945.

En 1936, on découvre un pays avec un régime républicain, mais le pouvoir en place peine à imposer ses réformes et fait souvent des choix politiques malheureux . le climat social à cette époque est détestable comme par exemple dans les zones rurales ou les riches propriétaires affament les ouvriers et refusent d'embaucher les personnes syndiquées .

Quand l'armée, ( ils vont se nommer les rebelles) entame

la guerre civile, le pays va être à mis à sang et à feu.

Les exactions et les actes de cruautés commis lors de cette guerre ont été monnaies courantes . Oui, Paul Preston a bien choisi le titre de son livre, car il s'agit bien d'une guerre d'extermination. On tuait, massacrait à tour de bras....

J'avoue avoir été remuée par moments lors de l'évocation de certaines situations...La guerre a été terrible pour tellement de monde et encore plus pour les femmes, surtout si elles avaient le malheur d'être étiquetées républicaines....

Je salue encore une fois tout le talent de restitution et de recherche de l'auteur. Je pense que le fait qu'il ne soit pas espagnol a permis cette qualité de reconstitution.

Cette guerre a eu lieu il y a 80 ans, la dictature de Franco a durée jusqu'en 1975, bref, du point de vue historique, c'était hier....



Challenge Pavés 2016/2017

Challenge ABC 2016/2017

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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Si vous cherchez un roman, passez votre chemin, ce livre n'est pas un roman, mais un livre d'histoire. Un grand livre d'histoire. Un énorme travail de recherche et de vulgarisation.

Et avant de plonger dans cet ouvrage, prenez le temps de le feuilleter, d'en comprendre les différentes parties, de vous l'approprier.

Et allez immédiatement vers les dernières pages.

Sur les (presque) 890 pages du livre, plus de 160 sont consacrées à des annexes, notes, cartes, graphiques ou glossaires, importants pour ne pas se perdre au sein des sigles, des noms, des héros ou des tueurs

Un travail minutieux de recherche documentaire, de vulgarisation, et de classement des informations sur cette tragédie qui s'est déroulée à nos portes. Une tragédie commencée au début des années 30 avec la création de la deuxième république, avec les brimades subies par les ouvriers agricoles de la part de propriétaires des grands domaines, se poursuivant avec le coup d'État de Franco et de ses hommes en 1936, et s'achevant avec sa mort en 1975. Une tragédie dont furent victimes, plusieurs années après, les familles des républicains exécutés, familles condamnées à payer des dommages et intérêts. Une tragédie qui hanta bien après 1945 aussi bien les familles des victimes que les tueurs.

Une guerre civile dans laquelle nombreux furent exécutés des hommes et femmes n'ayant jamais eu du sang sur les mains :"Il arrive que tout un groupe d'individus soit exécuté pour des crimes qu'un seul d'entre eux aurait pu commettre et que des personnes soient fusillées pour des crimes qu'elles n'auraient jamais pu commettre".

Paul Preston nous retrace toutes ces batailles, toutes ces divisions politiques, toutes ces exécutions sommaires, toute cette haine entre républicains et phalangistes, dont ni les femmes ni les enfants ne furent épargnées. Pages parfois donnant la nausée du fait de leur violence répétitive. Comment des hommes peuvent-ils en arriver à ces extrémités, à ces meurtres, à ces tortures au nom d'une couleur politique ?

Guerre d'extermination, dans laquelle les mots"race", "Juif" furent également employés au nom du tristement célèbre "Protocole des Sages de Sion" qui fut un motif à des tueries. Une guerre également menée par des militaires qui venaient quelques années plus tôt dans des combats coloniaux de tuer et de mutiler des "Maures", des arables au Maroc, "Maures" qui devinrent leurs bras armés pour combattre les "Rouges", piller, violer et tuer en toute liberté...Une guerre d'extermination raciale, à des degrés moindres toutefois qu'en Allemagne.

Franco accueillant et serrant la main d'Himmler qui le conseilla et l'aida!

Et face à ces phalangistes, des "Rouges" divisés, incapables de s'entendre entre eux, communistes opposés aux Trotskistes et s'éliminant mutuellement, divisions violentes entre socialistes, communistes et anarchistes...Une guerre civile opposant des civils à des militaires, des civils à une supposée "cinquième colonne", une guerre s'appuyant sur des soupçons,

Une guerre d'extermination d'un peuple, une guerre internationale dans laquelle Nazis et Russes s'affrontèrent, aviation nazie transportant des troupes et bombardant des villes, Guernica, l'une de celles-ci reste tristement célèbre, russes et NKVD, bras armé et politique des Brigades internationales.. brigades dans lesquelles combattaient aussi des allemands hostiles à Hitler. Une préfiguration de la haine et de la violence de la Deuxième Guerre Mondiale. La préparation de cette guerre mondiale.

Une guerre qui ne s'achève pas avec la victoire d'un camp et la défaite de l'autre. Non ! Une guerre suivie d'une épuration féroce :"Des hommes et des femmes sont condamnés à mort pour participation à des crimes, non sur la base de preuves directes mais parce que, à partir de leurs convictions républicaines, socialistes, communistes ou anarchistes, le procureur suppose qu'ils «ont dû y prendre part»"

Tout ce travail de vulgarisation fait de cet ouvrage une référence qui passionnera les lecteurs qui comme moi cherchent à mieux connaître et comprendre l'histoire contemporaine, une référence utile aussi pour les historiens. Il y a tant de choses à dire sur ce livre, tant de détails qui nous interpellent.

Un seul regret : j'aurais aimé que les souris qui assistèrent aux préparatifs du coup d'État de Franco ou que les officiers amis de Franco écrivent leurs mémoires. Paul Preston aurait pu nous faire partager ces moment de préparation, cette trahison. Mais les trahisons sont toujours secrètes.

Nous connaissons tous des voisins, d'origine espagnole, nous avons peut-être des amis ou dans notre famille un gendre, une belle-fille, un cousin par alliance au nom à consonance espagnole, né de parents ou de grands parents réfugiés en France à la suite des persécutions subies en Espagne. Mais ils n'y trouvèrent pas toujours la calme qu'ils espéraient. C'était sans compter sur d'autres crimes, les crimes commis par le régime de Pétain, par les services nazis occupant la France.

Comment ne pas être révolté quand on sait que beaucoup de ces assassins espagnols; que beaucoup de ces généraux, moururent dans leur lit, avec la bénédiction de l'Eglise et de la religion au nom de laquelle ils avaient tué. Ont-il eu des remords ? Nous n'en sommes pas certain. Ils avaient accompli leur mission terrestre.

Pour Paul Preston, ce conflit hante encore la société espagnole :"Aujourd'hui encore, ses puissants effets résiduels empêchent la majorité de la société de porter un regard ouvert et honnête sur un passé violent et récent, qui faciliterait le travail nécessaire pour refermer les plaies sociales et politiques."

Être réfugié, avant d'être intégré dans les rangs d'un pays n'était déjà pas facile entre 1936 et 1940...un passé qui nous interpelle au quotidien. Personne ne fait plus attention de nos jours, en France à ces familles aux noms à consonance espagnole. Quelques photos du livre, cohorte de familles et de gamins aux yeux pleins de peur et d'espoir, fuyant la mort et tentant de passer nos frontières, n'ont pris aucune ride malgré leurs 80 ans. L'histoire bégaie dit-on.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Belin qui m'ont permis ces nombreuses heures de lecture et de découverte.


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Je laisse la parole à mon mari car c'est lui qui l'a lu.



C'est le titre tout d'abord qui m'a interpellé, « guerre d'extermination ». Je pensais cette expression réservée au système nazi. Mais cet ouvrage volumineux (730 pages), fruit d'un remarquable travail de documentation, démontre de façon magistrale le bien fondé de son titre. D'ailleurs les dates, de 1936 à 1945, vont au-delà de la guerre civile proprement dite puisque celle ci s'est achevée par la victoire des rebelles franquistes en Février 1939.



Les enjeux sont clairement exposés : conflit entre les riches propriétaires terriens et les « journaliers » agricoles pour la possession et l'exploitation de la terre.



Conflit également entre l'Eglise et une partie de l'Armée et la République à propos de l'éducation et de la religion et enfin conflit classique entre la droite et la gauche.



Les militaires insurgés qui se sont rangés sous l'autorité de Franco vont appliquer une politique délibérée d'extermination telle qu'ils l'ont pratiquée au Maroc, d'où leur surnom « d'africanistes ».

Il s'agit pour eux non seulement de défendre la chrétienté mais également de rendre leurs terres aux « latifundistes »et surtout d'exterminer les artisans de ce qu'ils considèrent comme un vaste complot dirigé depuis l'URSS : les juifs, les francs-maçons et les bolcheviks. Ce complot ayant pour but de détruire la civilisation espagnole..



Preston, à la suite d'autres auteurs britanniques, nous livre donc une fresque particulièrement bien documentée et jette une lumière crue sur ce déchaînement de violences et insiste avec juste raison sur le déséquilibre des forces en présence.



.Du coté des putschistes, des troupes disciplinées, bien équipées et soutenues par les forces de l ‘Axe et de l'autre un peuple courageux et déterminé mais abandonné par les démocraties occidentales.



Un bémol tout de même : j'ai pour ma part regretté l'aspect un peu répétitif et fastidieux des scènes de répression.



Merci à Babelio et aux éditions Belin pour ce livre;



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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Contribution faite dans le cadre de masse critique, je remercie les éditions Breval et babelio.



Ce livre de Preston a pour sujet la « Guerre d’Espagne ». Sur ce conflit qui ensanglanta entre 1936 et 1939 l’Espagne, il existe un formidable (au sens étymologique, formidare : craindre, qui fait peur) paradoxe.

En effet, ces événements ont fait l’objet d’une masse considérable d’études historiques, quelques-uns des plus grands esprits contemporains ont écrit sur cette tragédie, étant témoins directs, voire acteurs (Simone Weil, Malraux, Hemingway, Bernanos, Semprun…)

En dépit de l’importance, de la gravité de ce conflit il demeure tabou, non traité dans l’histoire officielle. C’est tout simplement un manque de respect, une offense envers toutes les victimes et les martyrs de la barbarie. Cette guerre ne serait qu’une simple « répétition » de la seconde guerre mondiale. « Répétition » qu’est-ce à dire, ce n’est pas la « vraie » pièce, le « vrai » drame, il ne s’agit que d’une sorte de guerre locale, « tribale » où les acteurs ne feraient que « répéter » ??

A l’occasion d’autres critiques sur le sujet où des éventements contemporains, j’ai déjà eu occasion d’exprimer l’avis que la guerre d’Espagne était indissociable du conflit « commencé » en 1939, lequel conflit n’était qu’une seule guerre mondiale de 30 ans commencée en ...1914.

Car comment peut-on soutenir par exemple qu’il n’y aucun lien entre l’invasion de la Chine par le Japon en deux étapes, en 1931 et en 1937, et Pearl Harbour ? Que les bombardements de terreur de la légion nazie Condor à Guernica et ailleurs en Espagne n’ont aucun lien avec ceux commis en 1939 en Pologne, en 1940 à Rotterdam, à Londres etc.. ? La même stratégie fasciste impérialiste de conquête de l’espace vital, de terroriser, d’anéantir les « sous hommes » et le complot mondial « judéo-bolchévique-maçonnique ».



Ce livre expose dans le détail cette descente aux enfers du génocide de ceux, sans distinction d’âge de sexe, de religion qui étaient considérés par Franco et ses partisans, dont l’Église catholique comme des sous hommes par nature, qu’ils aient été ou non des défenseurs actifs de la République, membres ou non d’un syndicat ou d’un parti hostile au fascisme.



Ce livre ne traite « que » cet aspect de la Guerre d’Espagne. Autrement dit, le lecteur ne trouvera pas l’exposé des opérations militaires et des enjeux internationaux, en dépit du fait qu’ils sont omni présents. Les brigades internationales sont par exemple à peine mentionnées.

C’est fort regrettable car cette guerre est « illisible » sans points de repère autour de la révolution russe, l’extermination des anarchistes par les communistes (Makhno, Cronstadt..), du stalinisme, des intentions belliqueuses de l’Allemagne nazie, etc.



En revanche, ce qui remarquablement développé dans cet ouvrage est la période antérieure au coup d’État de Franco, développement permettant de bien comprendre que, nonobstant le contexte de guerre mondiale, l’Espagne était gangrenée par des affrontements idéologiques d’une violence inouïe. Dans un pays à l’industrie encore embryonnaire, l’économie était encore très majoritairement agricole avec des relations sociales médiévales, une pauvreté qui acculait la masse de pauvres à un statut proche du servage. Ces pauvres gens demandaient juste un peu de dignité, du travail, ne pas être réduits à cueillir des glands et des olives pour survivre.

Dans ce contexte misérable, en 1934 la droite avait gagné les élections et une période de quasi guerre civile avait ensanglanté le pays, en particulier dans les Asturies où la répression par l’armée africaine dirigée avec barbarie par Franco anticipait de deux ans le calvaire de ceux qui ne prêtaient pas allégeance à la droite ultra.

Ces affrontements féroces entre 1934 et 1936 exacerbèrent à l’extrême les passions, les haines les désirs de revanche.



Par conséquent, à l’issue de la victoire électorale du Front Populaire en février 1936, il y avait un climat mortifère, les cavaliers de l’apocalypse déjà en selle… chaque camp s’apprêtait à en découdre ; les militaires préparaient leur coup d’état ouvertement et le gouvernement ne prit aucune mesure de précaution.



Il y a eu bien sur des massacres des deux côtés, en particulier dans le camp républicain, l’exécution en nombre de prisonniers « stratégiques » détenus à Madrid, évacués dans un transport sans retour alors que les forces franquistes se rapprochaient de la capitale, mais l’auteur argumente sans que cela puisse être vraiment contesté en l’état des connaissances et études faites à ce jour, que dans le camp républicain ce n'était pas un but de guerre mais plus le résultat de la désagrégation de l'Etat du fait précisément du coup d'Etat. Par ailleurs le bilan macabre est sans commune mesure entre les deux camps.



Et dans le camp républicain, il y eu aussi, la guerre dans la guerre, les exécutions, la torture par les communistes espagnols et du Komintern stalinien des anarcho-syndicalistes, de la gauche non communiste mais là aussi, pour effroyable que fut cet aspect il n’atteignit pas la dimension industrielle de la terreur franquiste.



On regrettera enfin que l’auteur qui a eu manifestement accès aux études les plus récentes n’ait pas consacré un chapitre à l’état du débat sur le sujet dans l’Espagne d’aujourd’hui, par exemple sur le travail de recherche d’identification des victimes.



Un livre remarquable à lire mais à mon avis pour les lecteurs ayant une grosse appétence pour les « pavés » historiques et ayant déjà de solides points de repère sur ces années noires.

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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Une guerre d'extermination - Espagne 1936-1945 - Paul Preston



Je n'avais que quelques notions de la guerre civile espagnole, j'avais vu quelques documentaires à la télé, lu aussi quelques articles dans des revues d'histoire et bien sûr lu : «Pour qui sonne le glas » d'Hemingway.



Ce livre de l'historien anglais Paul Preston nous plonge vraiment dans l'horreur de cette guerre.

Cette guerre n'était pas une guerre de conquête, mais un coup d'état militaire contre une jeune République qui cherchait à instaurer plus de justice sociale et d'égalité dans un pays qui en était totalement dépourvu.

On découvre les exactions des rebelles contre les républicains mais aussi contre les civils, les pauvres, ouvriers ou paysans qui sont considérés comme des sous-hommes mais aussi contre tous ceux qui déplaisent aux rebelles. Les Républicains n'étaient pas des anges eux aussi ont assassiné.



Ce livre très dense puisqu'il comporte plus de 800 pages nous décrit une guerre un peu oubliée et dont on ne parle pas beaucoup. Il raconte la barbarie dont peut faire preuve l'être humain quand il se laisse dominé par la haine, la bêtise et la violence.



Ce livre n'est pas facile à lire, parce qu'il fait référence à des événements peu connus et dramatiques et très durs. Des photos illustrant l'ouvrage montrent, des pillages des colonnes de la mort, des cadavres de républicains, des réfugiés épuisés. En toute fin d'ouvrage les notes, les cartes, des graphiques, une chronologie sommaire et un glossaire permettent de se retrouver dans cette somme d'informations.



Même si ce livre n'a pas toujours été facile à lire pour moi, je ne regrette pas de m'y être plongée et je remercie Babelio et masse critique ainsi que les Éditions Belin de me l'avoir fait découvrir.
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La guerre civile espagnole

Qui n'a pas entendu parler de la guerre civile espagnole. Et pourtant je pense que nous sommes bien ignorant de tout ce qui a pu la provoquer et la rendre possible. A travers cette bande-dessinée adaptée du livre de Paul Preston (Une guerre d'extermination, Espagne 1936/1945) par le dessinateur José Pablo Garcia, on découvre la chronologie et les intervenants des deux bords : républicains et phalangistes.

C'est un conflit qui opposa de 1936 à 1939 le gouvernement républicain espagnol de Front Populaire à une insurrection militaire et nationaliste dirigée par le général Franco.

On y découvre toutes les exactions commises par les deux bords et elles sont nombreuses.

Il est vrai que cette guerre précède de peu la seconde guerre mondiale qui l'a plus ou moins occultée,tout en étant aussi affreuse car civile, elle en fut les prémices. La peur du communisme, les conflits de classe, la pauvreté qui règnait de manière quasi permanente chez les ouvriers et les paysans, l'incompétence des politiques à régler les problèmes, le laxisme de certains ont été le terreau de cette période cauchemardesque pour les espagnols.

Surtout que cette guerre d'Espagne eu comme principales victimes, la population civile et jeta sur les routes des milliers de gens qui durent s'exiler loin de leur pays et leur famille. Elle fit plus d'un million de victimes, des morts, des fusillés, des massacres de population, des représailles abominables des deux bords, des morts de maladie. Plusieurs centaines de milliers d'espagnols s'exilèrent, et le régime franquiste s'installa dans un pays ruiné.

L'évocation de certains épisodes de la guerre civile provoque encore, au début du xxie siècle, des tensions publiques dans la société espagnole.

Cette bd aura eu le mérite d'éveiller ma curiosité sur un moment de l'histoire que je ne connais pratiquement pas, surtout que l'Espagne en ce moment traverse une crise qui ramène à ses vieux démons.

De plus le format BD, permet de mieux s'imprégner et de revenir en arrière lorsque les énumérations de noms et d'événements se succèdent, car je dois dire que l'histoire est vraiment très complexe ainsi que les hommes qui la font.



Merci à Babelio et aux Éditions Belin pour cette BD très instructive que j'ai beaucoup apprécié, sortie le 3 octobre 2017.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

En prologue, l'auteur explicite le titre et la thèse centrale de l'ouvrage : les militaires à l'origine du coup d'Etat du 18 juillet 1936 contre la Seconde République ont mis en oeuvre une stratégie d'extermination de leurs ennemis et supposés tels. Selon Preston, les meurtres commis par ce camp ont souvent été planifiés et institutionnalisés.



Le début du livre m'a beaucoup intéressé : il montre bien le contexte socio-politique qui a précédé le coup d'Etat et la guerre civile. Dans les années 1930, la société espagnole était très divisée, et les tensions étaient exacerbées par la grande pauvreté et par une nécessaire modernisation de la société et des mentalités. Avant le déclenchement de la guerre civile, l'antisémitisme était l'un des fondements idéologiques d'une grande partie de la droite espagnole, qui prônait des valeurs dites traditionnelles, notamment catholiques. Des échecs militaires dans des territoires coloniaux ont frustré des officiers qui sont revenus en Espagne avec l'expérience de la répression et des fantasmes de grandeur nationale.

Cet exposé sur le contexte d'avant guerre civile explique celle-ci d'une manière que je n'avais pas perçue lors des cours d'histoire et de langue espagnole suivis au lycée.



La suite de l'ouvrage décrit le conflit, listant des lieux d'affrontements et d'exactions, de manière très documentée (à ce qu'il m'a semblé) mais sans éléments d'explication nouveaux pour moi. Les historiens et spécialistes y trouveront certainement plus d'intérêt que moi qui ai parfois dû survoler des passages.



Mon avis sur ce livre est donc contrasté : malgré les qualités explicatives de ses premières pages, il me semble plutôt destiné à un public de spécialistes ou souhaitant le devenir.



Je remercie Babelio et les éditions Belin pour ce partenariat.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Livre reçu grâce à Babelio.



En apparence, c'est un pavé dont la lecture semblerait bien indigeste. Plus de 800 pages traitant d'un sujet particulièrement lourd : la guerre d'Espagne et, surtout, un examen des violences que la guerre a permises, non seulement dans le temps de la guerre mais dans celui de la paix retrouvée, et très chèrement acquise, au prix de trois années de guerres sanglantes et fratricides.



La guerre d'Espagne est sans conteste un événement majeur du 20ème siècle. Elle est un prélude à la Seconde guerre mondiale où viennent parfaire leurs gammes les stratèges nazis et soviétiques et elle est une guerre idéologique où s'affrontent deux visions du monde : d'un côté les Républicains que viennent épauler les communistes de l'Europe entière ; de l'autre les nationalistes qui, sous la houlette de Franco, revenu du Rif marocain, prendront finalement le dessus dans le conflit. Mais la guerre d'Espagne a aussi laissé des traces dans les mémoires espagnoles. Par sa violence, par les exactions qui y sont commises, par les tortures et les haines auxquelles on laisse libre cours durant la guerre, et encore après, pour punir ceux que leurs idées excluaient d'une Espagne nationaliste, catholique et autoritaire. La guerre a laissé ses traces dans les vides : les vides laissés par les morts, les vides laissés par ceux qui ont fui. La France a notamment accueilli - même si ce mot est un peu fort, puisque nombre des rescapés de cette guerre ont été parqués, ainsi qu'on le fera quelques années plus tard et à d'autres visées - dans des camps de fortune, dont celui de Rivesaltes.



La guerre d'Espagne est aussi une lutte des classes. C'est pour contrer les idées progressistes de la deuxième République espagnole, soucieuse de moderniser un pays qui a depuis longtemps perdu son leadership sur l'Europe, que Franco et ses troupes font le coup de force. L'Espagne est encore, dans les années 1930, une terre où les grands propriétaires terriens concentrent l'essentiel des biens fonciers, avec la bénédiction de l'Eglise (laquelle aura à souffrir particulièrement dans les territoires républicains). On voit aussi que cette guerre oppose deux Espagnes géographiques : l'une du sud et du sud-est, acquise aux nationalistes (il n'y a qu'à voir le peu de cas que l'on fait alors de la mort de Federico Garcia Lorca, dont le meurtrier se vente sitôt son forfait commis), l'autre au nord et au nord-ouest (notamment en Catalogne et en Galice), volontiers républicains, largement pénétrés depuis le 19ème siècle par les idées libérales.



Le mot "extermination" qui figure dans le titre n'est pas innocent. Le titre original du livre, lui, fait référence à l'holocauste. Autrement dit, Preston place sur un plan d'égalité, dans ce qui devient une rationalisation de la mise à mort, la guerre d'Espagne et la Shoah. Evidemment, on objectera que, dans un cas, il y a deux camps armés qui s'affrontent alors que, dans l'autre, le groupe exterminé est sans défense. On dira aussi que la violence est inhérente à l'état de guerre. Certes. Mais un tel degré de virulence dans les actions, de haine dégagée, de souci d'éradication a rarement été atteint dans l'Histoire. Car, ce qu'a permis la guerre, c'est le déchaînement d'une violence enfin légitimée : contre les bourgeois, les propriétaires terriens et les clercs dans l'Espagne républicaine, contre les communistes et les marginaux (dont les minorités sexuelles, comme le montre l'exemple de Garcia Lorca) dans l'Espagne nationaliste.



La mort, nous confirme Preston, peut se donner de plusieurs manières. Il y a les bombardements de positions ennemies ou de villes entières (on se souvient de Guernica), il y a la mort que l'on donne au combat à un ennemi, il y a celle que l'on donne à ceux qui ne peuvent pas ou plus se défendre : prisonniers de guerre ("esclaves de guerre", dira le gendre et ministre de Mussolini, Galeazzo Ciano, à l'occasion d'une visite en Espagne) et civils, dans lesquels on trouve beaucoup d'enseignants, de fonctionnaires et d'artistes. La mort est simple à donner : d'une balle dans la tête dans un cimetière ou bien dans une voiture. Mais elle peut être aussi longue à venir, particulièrement sous la torture. La mort n'est pas, évidemment, la seule violence. Torture physique, viol aussi, utilisé contre les femmes : l'horreur possède un champ d'application presque illimité.



Si les centaines de milliers de morts sont une statistique, Paul Preston s'attache à redonner une dignité, une humanité finalement, aux morts de cette guerre. L'horreur grandit, au fil des pages, sans cesse nourrie, et galvanisée par l'idée qu'encore aujourd'hui, en de nombreuses contrées du monde, elle s'épanouit encore. Loin d'être une somme abrutissante, le livre de Paul Preston est, au contraire, un formidable outil de pédagogie et de précision historique. De nombreuses cartes et photographies illustrent et, par là-même, aident à comprendre ce que fut la guerre : au plus près du terrain et au plus près des hommes.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Ecrit par le grand spécialiste de la guerre d'Espagne, cet ouvrage est vraiment la référence de cette période sanguinaire.



Ne connaissant pas du tout les tenants et aboutissants de cette guerre, je me suis plongée dans cette lecture d'abord avec intérêt purement intellectuel, puis ma frayeur a grandi au fur et à mesure que je tournais les pages et plongeais au cœur de cette tourmente découvrant toutes les atrocités commises de part et d'autre.



Cet ouvrage s'adresse pour ainsi dire à tout lecteur passionné d'histoire mais aussi à un public habituellement peu intéressé par les ouvrages historiques, car l'on ne peut pas rester indifférent ni insensible à la lecture de ces lignes, sorte de journal télévisé diffusant des nouvelles qui se doivent d'être apprises, méditées, comprises.



Bref, un ouvrage magistral.
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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

Il faut une certaine détermination pour parcourir les 850 pages de cet ouvrage avec quelque attention; le sujet est en effet d'une indéniable âpreté et la longue énumération des actes de cette terrifiante barbarie à l'oeuvre est un peu dure à digérer. J'ai donc pris mon temps pour cette lecture, l'entrecoupant d'autres lectures plus agréables et plus facilement digestibles par la grâce desquelles j'ai pu parvenir à sa fin.

L'honorable Paul Preston, docteur en histoire à l'université d'Oxford, s'est fixé la tâche méritoire de présenter le panorama le plus complet possible des innombrables exactions consécutives au coup d'état militaire perpétré par les phalangistes en 1936 qui aboutit à la dictature franquiste laquelle, rappelons-le, se maintiendra jusqu'en 1975.

Le titre présente en lui-même une certaine ambiguïté. Peut-on parler de « guerre d'extermination » quand il apparait, dans ce livre même, que l'extermination est la visée préalable d'un seul des camps concernés. L'extermination est le fait des logiques totalitaires. Ici le camp fasciste soutenu par la grande majorité du clergé catholique, les grands propriétaires terriens, la grande bourgeoisie ainsi que par l'armée qui est pour l'essentiel une armée coloniale qui s'est déjà illustrée par de nombreux massacres de masse au Maroc. Dès les débuts de la République en 1931, il apparait clairement que tous ces gens-là ne comptent nullement renoncer à aucun de leurs privilèges et sont prêts à tout pour saboter les processus démocratiques. Pour eux le peuple est fait pour servir, obéir, et ne doit disposer d'aucun droit. C'est sur cette base idéologique prétendant s'appuyer sur le catholicisme et se considérant donc comme sacré, et sur le fantasme récurrent d'une « pureté » nationale, que cette oligarchie va développer sa logique d'extermination de tout ce qui s'oppose à elle et à ses prétentions. Pour justifier cette politique d'annihilation, la junte va s'inventer une théorie du complot : complot « judéo-maçonnique-bolchevique » (contubernio) comme il se doit. La presse d'extrême droite lui en fournissant la matière en diffusant massivement des traductions espagnoles de l'absurde « Protocoles des Sages de Sion » dont tout le monde sait qu'il s'agit d'un faux qui fut fabriqué par l'Okhrana (la police secrète de l'Empire russe) en 1901. L'ouvrage inspira également le Mein Kampf de Hitler, la paranoïa se préoccupant peu de vérité.

L'extermination ne peut naître que d'un projet concerté qui cherche à se justifier idéologiquement dans son intention génocidaire : l'ennemi est conçu comme un bloc nuisible à l'intérieur duquel toute réalité individuelle est niée. On ne combat plus, on extermine des êtres à qui l'on refuse toute humanité et que l'on veut faire disparaître. Cela est le fait totalitaire et ne peut en aucun cas être mis sur le même plan que les exactions de petits groupes inorganisés cherchant le pillage ou la vengeance du coté républicain.

La seule autre volonté d'extermination dans cette guerre d'Espagne, en dehors de celle du camp fasciste, est celle que manifesta le parti dit communiste, sous contrôle stalinien, contre le mouvement révolutionnaire représenté principalement par les anarchistes et par le P.O.U.M (auquel appartiendra George Orwell), à partir de 1937. On ne sera pas surpris de rencontrer là une autre visée totalitaire mais l'on s'étonnera, par contre, du peu d'importance qui lui est donnée dans ce livre. Je conseille en passant, outre l'incontournable « Hommage à la Catalogne » du même Orwell, la référence historique indispensable que constitue «La Guerre d'Espagne, révolution et contre-révolution » de Burnett Bolloten.

On sera aussi un peu interloqué à la lecture de ce livre par le total désintérêt de l'honorable Paul Preston pour le fait révolutionnaire, pourtant si important pour la compréhension de cette guerre d'Espagne. Il est vrai que l'esprit révolutionnaire se pose toujours, lui, dans un Commun, une vision d'une société où chacun aurait sa place et sa chance ; c'est pourquoi toute idée d'extermination systématique lui est étrangère.

Pourtant, on sent bien que notre brillant universitaire éprouve peu de sympathie pour cette cause et ses partisans. Ainsi, on trouve au sujet de Barcelone cette formulation : « Les quartiers ouvriers et les banlieues industrielles sont aux mains des masses anarchistes » (p.561). Pourquoi ne pas dire plutôt que la grande majorité des ouvriers, du prolétariat, était anarchiste, tout simplement. Ces mêmes anarchistes qui fourniront, avec le P.O.U.M, une grande part de l'effort de guerre et se feront tuer par dizaine de milliers pour défendre une république qui leur en fut très peu reconnaissante durant toute son existence.



Ce que révèle ce livre et qui reste à ce jour encore peu connu, c'est que la destruction de toute forme d'opposition se prolongea bien après la fin de la guerre contre des civils désarmés. Exécutions sommaires, tortures, viols et pillages se prolongèrent avec une grande intensité jusqu'en 1945, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale « Dans de nombreux cas, les arrestations et assassinats sont recommandés par le curé de la paroisse. » (p.625)

La dictature franquiste ayant perdu ses alliances étrangères avec la défaite des nazis, la fin de la dictature mussolinienne en Italie et celle du régime de Vichy en France (régime qui livra de nombreux opposants à l'Espagne tout en sachant qu'il les condamnait ainsi à une mort certaine), dut adopter un profil plus discret ; même si « La persécution systématique continuera dans presque tous les aspects du quotidien jusque dans les années 1950. » (p.702)



Si certains s'étonnent de l'extraordinaire tolérance dont bénéficia le boucher Franco et son régime d'assassins par les puissances dites démocratique dans cet après guerre, l'explication est à trouver probablement ici : « La rhétorique de Franco sur la nécessité pour les vaincus d'une rédemption par le sacrifice, offre un lien clair entre la répression et l'accumulation de capital qui rendra possible le boom économique des années 1960. La destruction des syndicats et la répression de la classe ouvrière entraînent des salaires de misère. Cela permet aux banques, à l'industrie et aux propriétaires terriens d'enregistrer de spectaculaires hausses de leurs profits. » (p.703)



L'auteur aborde pour finir le problème du déni historique qui fut inculqué à l'Espagne pendant plusieurs décennies par la dictature franquiste. Pendant toutes ces années, l'enseignement devint pure propagande mensongère, falsification systématique des faits. le régime fabriqua de toute pièce un récit historique attribuant aux vaincus ses propres crimes et sa barbarie extrême. C'est pourquoi il reste si difficile d'aborder le souvenir de cette guerre en Espagne où le refoulé et le sentiment de culpabilité concernant toute cette période reste extrêmement fort. La tentative de l'oubli est pourtant grandement illusoire puisqu'elle ne peut se réaliser que par l'amputation d'une part notable de sa propre réalité, condamnée alors à rester bancale et inaccomplie.



Un ouvrage d'un indéniable intérêt documentaire qu'il faudra toutefois compléter par d'autres lectures pour se saisir pleinement de ce moment d'histoire essentiel.



(Un détail encore, on trouve dès la page 18 une phrase d'un parfait non-sens, fruit probablement d'une traduction et d'une relecture hâtive, qu'il serait préférable de corriger en cas de réédition : « Il est peu probable qu'ils soient responsables d'au moins 150000 morts, et ils pourraient en avoir causé davantage. »)

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Une guerre d'extermination, Espagne, 1936-1..

N'étant pas un spécialiste de la guerre d'Espagne, mes remarques principales porteront sur la forme de ce « pavé » historique. Car voilà d'abord une brique, dense, écrite sans aération, sans saut de ligne, et sans détail de plan. Du coup, les seuls treize chapitres s'étalent sur plus de sept cent pages. Avec tout juste un changement de page à chaque chapitre ou début de partie. Ouille, difficile de faire moins accessible et plus rebutant pour le lecteur non universitaire. Car c'est bien d'une étude méthodique, précise, avec notes à l'appui qu'il s'agit. Pas franchement un ouvrage grand public.

Et cela se ressent dans le choix des mots et leur répétitivité. Chaque massacre, chaque liquidation physique, région par région, province par province, ville par ville, est étudié, quitte à redire à moult reprises les mêmes éléments ou à réexpliquer les ordres reçus par les auteurs des tueries.

Le lecteur peine à se raccrocher à un déroulé de plan inexistant. Toute interruption de la lecture se fait sans logique, entre deux liquidations expéditives. Si la présentation est essentiellement chronologique, pourquoi commencer par telle province plutôt que par telle autre, pourquoi redire un peu plus loin ce qui a déjà été expliqué au titre d'une autre région ou du fait des liens entre tels ou tels intervenants ?

La forme est lourde et bien peu amène.

Dommage, car derrière les moindres détails des fusillades, des enlèvements, des séjours en prisons surpeuplées, de la torture et des meurtres accomplis sans la moindre tournure juridique, il y a une documentation sans faille. Des années de préjugés, de combats classe contre classe, propriétaires contre ouvriers agricoles, religieux contre laïcs, explosent dés les premières heures de la rébellion militaire de 1936. Ce qui avait été en germe dés la proclamation de la République en 1931, mûri par des années d'instabilité, conduit à l'extermination par les nationalistes de toute opposition, réelle ou imaginée. Une politique de terreur assumée, voulue par Franco, et mené par des séides sous les ordres des Queipo de Llano et des Mola. Le camp républicain, profondément divisé, a lui aussi connu, là où il conservait initialement le pouvoir, c'est dire surtout à Madrid et en Catalogne, la folie des checas et des sacas.

Cette guerre fut en de très nombreux points un prologue sanguinaire de la seconde guerre mondiale. On a le cœur qui chavire au terme de ces sept cent pages. Combien sont morts pour ce qu'ils étaient ou étaient sensé représenter, et non pour ce qu'ils avaient fait ? Et ne parlons pas de ceux qui étaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment.
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