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Critiques de Pauline Delabroy-Allard (386)
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Ça raconte Sarah

Ça raconte la passion, une passion « con fuoco »



Elle mène une vie tranquille, « bien rangée ». Jeune professeure, jeune mère célibataire, abandonnée par le père de son enfant. Elle dirige sa vie, seule, calme et sereine, dans le XVe arrondissement de Paris.



Elle se sent pourtant en « latence », sans trop savoir pourquoi, ni même ce que cela signifie.



C'est Sarah, rencontrée lors d'un réveillon du nouvel an chez des amis, qui lui en donnera la première définition. La latence : « c'est le temps qu'il y a entre deux grands moments importants ».

De rendez-vous en rapprochements, un attachement naîtra entre ces deux femmes, puis la passion, avec fougue.



"Tu me fais tourner la tête"



Elle est « animée, exaltée, passionnée ». Tout les sépare.

Les concerts, d'abord. Sarah est violoniste dans un quatuor à cordes. La musique dirige sa vie. le premier trio de Brahms la transcende.

Ces interprétations les éloignent, avant qu'elles ne se retrouvent comme si leurs vies en dépendaient.



« Elle voudrait tout et son contraire » et se moque des convenances ou de la bienséance. « Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre ». C'est une tempête, un tremblement de terre, un raz-de- marée d'amour débordant qui ravage tout sur son passage.



"Oh oh, vertige de l'amour"



Elle gouverne, c'est une reine. Si le bonheur est à portée de main, c'est à corps perdu qu'il advient. Jusqu'à quand ? Jusqu'où ?

Dans un dictionnaire médical : « Latence : état de ce qui existe de manière non apparente mais peut, à tout moment, se manifester par l'apparition de symptômes. »



« Ça raconte ça : le souffle, le soufre, la tempête ». L'amour absolu, l'amour à mort.



D'une écriture envoûtante, faite de phrases récurrentes et hypnotiques, Pauline Delabroy-Allard, pour son premier roman, nous offre une dévorante « définition de la passion ».



Une lecture irrésistible qui se lit d'une traite, ardemment...



Lu en septembre 2018.



Retrouvez mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Ca-raco..
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Ça raconte Sarah

Ca raconte Sarah.



Ça raconte une histoire d'amour. Que l'on vit. Que l'on pleure. Que l'on prend en pleine gueule.



Jamais écriture ne t'avais trituré à l'intérieur de cette façon. Ça virevolte, ça farandole, ça t'écrabouille le coeur et ça te laisse pantelant. Émerveillé. Bluffé.



Ça prête à rire, peut être à souffrir mais ça va à toute allure et ça t'ébranle à l'intérieur. Ça parle d'amour fort, d'amour vrai. Ça fait parfois si mal, ça t'essouffle un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et ça t'envole haut, très haut. Ça fait de la musique, du rock' n' roll, une symphonie, ça fait valser les mots. Ça va vite, très vite, trop vite.



Ça te prend là comme ça, ça t'arrache à l'instant présent et ça te bouscule dans tous les sens. C'est fou, simple et terrible. C'est de l'amour. C'est de la vie. C'est de la folie.



Ça raconte ce qu'on ne sait pas dire. Ça te ramasse en mille morceaux. Ça t'envoie valser dans le décor. Sans crier gare et sans préavis. Ça t'empêche de t'endormir et ça t'insomnise.



Ça ne te laisse pas le choix. Ça te donne envie de ne jamais refermer le livre. Ça raconte de belles choses. Ça te fait battre le coeur de plus en plus vite.

Plume virtuose qui t'embarque à sa suite sans te laisser le choix.



Et puis.



Peut-être, un peu.



Ça raconte Sarah.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Qui sait

°°° Rentrée littéraire 2022 #1 °°°



Pauline, 30 ans, n'avait jamais prêté attention à la trilogie onomastique qui suit son premier prénom : Jeanne, Jérôme, Ysé, posés là dans son état civil sans aucune explication donnée par ses parents. Mais après une tragédie qui la fait basculer dans un « monde blanc » et perdre totalement pied, elle ressent le besoin de percer le mystère de ses trois mystérieux prénoms afin de creuser la couche épaisse de son identité :



« J'écris pour ne pas faire autre chose. J'écris pour donner une contenance à l'existence. J'écris pour me dire que ça ira. J'écris pour me dire que ce n'est pas si moche. J'écris pour attendre que les jours passent, que la vie passe. J'écris pour occuper mes mains. Mes mains écrivent. Elles ne peuvent pas toucher la main sur la paroi de la grotte. Elles ne peuvent pas caresser le petit crane duveteux. Elles ne peuvent pas communier avec la femme d'avant, ni avec l'enfant d'après. Alors elles grattent, elles grattent le papier. Elles s'agitent. Au bout de moi, loin de moi. Elles grattent le parchemin de cette identité à moitié effacée pour écrire une autre vie. Elles creusent les idées qu'il y a sous mon crâne, elles les repèrent et puis elles déterrent. Mes mains creusent comme elles creusent sans fin le sable sur les plages, sans l'idée même d'une fin, dans ce geste répété à l'infini. »



Les mots sont forts pour dire l'impériosité de cette quête d'identité et de vérité sur fond de résilience atypique. Pauline se cherche, se perd, se retrouve en même temps qu'elle prospecte, fouille, explire pour débusquer la vérité de Jeanne, Jérôme et Ysé. Trois chapitres, un pour chaque prénom, un par quête, autant de déambulations modianesques qui éveillent des sensations et des sentiments comme dans la grotte du Pech Merle dans le Lot sur les traces de Jeanne l'arrière-grand-mère considérée comme folle qu'elle imagine être l'aïeule préhistorique, auteure de ses mains pariétales :



« Toucher permet qu'il se passe quelque chose, que quelque chose passe, que quelque chose vienne, que quelqu'un arrive. Nos deux paumes réunies ouvrent un passage secret, une partie de la paroi rocheuse se décale et laisse entrevoir un tunnel qui mène à un trésor. La communion de nos mains de femmes génère une force tellurique plus forte que toutes les autres forces, et, là, sous terre, ensemble, nous ouvrons une trouée. La paroi se lézarde, la vie aussi. »

Puis sur les traces de Jérôme, ami homosexuel de sa mère, emporté dans les années 1980 par le sida, qui la mène dans les rues de Sousse en Tunisie ou les allées du cimetière Montparnasse. Et enfin, un voyage imaginaire dans la peau d'Ysé, le personnage féminin du Partage de midi de Claudel.



Au-delà de l'écriture incroyablement fine et vivante de Pauline Delabroy-Allard, ce que je retiens de ce roman foisonnant, c'est la sincérité de l'auteure qui avance avec une détermination touchante pour se reconstruire et imposer un univers très singulier. Certaines pages sont d'une exceptionnelle beauté et font naître une émotion intense comme les passages sur les mains et la grotte, et surtout toute la deuxième partie consacrée à Jérôme, éblouissante de fantaisie, de drôlerie.



Pour autant, je n'ai pas adhéré à tout. La partie « Ysé » m'a semblé bien longue, j'ai peiné à la finir. Si le jeu- dialogue avec ce personnage fictif a quelque chose de virtuose, n'ayant pas lu l'oeuvre de Claudel, j'ai l'impression d'être passée complètement à côté de références importantes pour l'appréhension de l'évolution psychologique de Pauline. de même, les trois parties sont nommées selon les trois questions fondamentales de la pensée de Kant, inspirées de sa théorie de la connaissance : « que puis-je savoir ? », « que dois-je faire ? », « que m'est-il permis d'espérer ? » ... sans que je n'en saisisse la portée ou la pertinence.



C'est toute la singularité de ce récit, à la fois très intellectuel et très intuitive, sa limite aussi à mon sens car les clés de lecture peuvent manquer pour apprécier certains passages exigeants qui, du coup, bascule dans une opacité qui met à distance, là où d'autres passages, plus immédiatement accessibles, touchent et enthousiasment avec leur élégance à laisser le lecteur avoir sa place.



Ce qui est sûr, c'est que la réflexion sur le pouvoir de l'écriture et de l'imagination est puissante. L'auteure le dit bien dans le premier chapitre, si elle n'obtient pas les réponses voulues sur Jeanne, Jérôme et Ysé, elle inventera, suggérant que c'est dans la littérature qu'on trouve sa véritable identité et dans les ivres qu'on peut être soi-même, dans une sorte de transfiguration qui accueille et apaise comme un refuge.



Lu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée
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Ça raconte Sarah

Prisonnières, en Apesanteur, la Sonate de Sarah, elles sont Imbibées, ça tourne à l’Obsession, Noyées l’une dans l’autre.

P. A. S. S. I. O. N.

La passion.

Deux femmes qui s’aiment.

Dans l’obsession l’une de l’autre.

Les peaux se cherchent, se trouvent, se manquent.

Tango de l’amour.



La passion.

Folle, destructive, asphyxiante, bouleversante.

Elles s’aiment. Elles se veulent. Ne peuvent vivre l’une sans l’autre. Sans l’autre, elles n’existent plus.



C’était un printemps comme un autre, le printemps à rendre mélancolique n’importe qui.



Elle aime une enfant, une amie, une femme, libre et légère, puissante, volcanique. Vertige de l’amour.

C’est Sarah. La Sublime.



La passion. Toujours elle. Un carrefour à route unique : la passion. L’amour n’a pas de place. Tout doit être fort et brûlant. Elles s’aiment comme des folles.

Elles se mangent les yeux, les cœurs, les corps. Elles se dévorent comme des ogresses affamées.



La passion.

Sorry angel. Je t’ai suicidée mon amour.

Le compte avait commencé

A rebours

Etait-ce vertige déveine?

Qui sait?

Un voyage un aller seul

Au long court

D'où l'on ne revient jamais



Ça raconte Sarah, imprévisible, ondoyante, déroutante, versatile, terrifiante comme un papillon de nuit.



C’était un printemps comme un autre, le printemps à rendre mélancolique n’importe qui.

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Ça raconte Sarah

L'amour en fuite, voué à l'échec. Parce que c'est l'amour entre deux femmes, ou autres, parce que c'est l'amour fou, parce que finalement aimer comme ça, contrairement à ce que pense ceux qui ne l’ont pas vécu, c'est épuisant, étouffant et parfois ça finit par ne faire que mal. C'est, dit-on, que la passion n'est pas faite pour durer, que le plus souvent elle se mue en autre chose, de plus raisonnable, de plus vivable. Ou bien disparaît.



L'urgence de l'amour, le bien et le mal de l'amour, l'amour et la mort, voilà l'histoire de Sarah et d'elle. Celle dont on ignore le nom. Sarah et elle, le feu et l'eau. Leur histoire racontée avec une grande sensibilité par Pauline Delabroy Allard qui, prenant des exemples dans la littérature et le cinéma, n'occulte rien de la passion physique et du maelström mental de la passion amoureuse. L'amour fou dont l'aboutissement est comme ici, quelquefois, tragiquement la mort.

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Ça raconte Sarah

Cette histoire d’une passion dévorante vouée à une fin dramatique qui n’est pas sans rappeler Love story, ce film qui a marqué les années 70, à ceci près que les protagonistes sont deux femmes, et que le style en était moins cru, et malgré un à priori positif au vu des nombreux éloges de lecteurs, n’a pas su m’émouvoir.



Peut-être pas suffisamment ancrée dans le réel, réduit à un ex dont on ne parle pas et a un enfant que l’on ne nomme pas, cette passion qui confine à la pathologie sans pour autant d’auto-analyse est longuement évoquée , de façon répétitive et lancinante , et ainsi un peu lassante

Peut-être aurait-il fallu en savoir un peu plus sur le ressenti de Sarah, qui est finalement assez peu racontée.



Impossible d’éprouver de l’empathie pour cette femme qui pourtant exprime, toute la souffrance du monde. Par conséquent les passages descriptifs complètement hors sujet , destinés sans doute à faire retomber la pression, tombent à plat et renforcent l’impression d’une intrigue crée de toute pièce . De telle sorte qu’on a l’impression d’avoir affaire à un exercice de style.



Je ne rejoins donc pas l’enthousiasme général, pour ce roman qui m’a laissée au bord du chemin.


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Ça raconte Sarah

Ca raconte Sarah, ça raconte la passion qui dévaste tout sur son passage comme une mer déchaînée. La passion qui change la couleur des jours, l’urgence des retrouvailles, le goût de la peau de l’être aimé. La passion qui vous fait oublier votre travail, votre enfant, vous fait aimer tout ce que l’autre aime, vous empêche de dormir. La passion qui laisse un goût salé sur vos joues lorsque tout est terminé, que vous restez seul.





Une tranche de vie, dont le sujet n’est pas original, racontée en petits chapitres courts comme des cris ponctués d’éléments plus factuels. J’ai été complètement emportée par la première partie de ce livre, mon cœur a chaviré. Par contre le deuxième volet ‘fin de partie’ constitué de trop de redites m’a moins convaincue.

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Ça raconte Sarah

C'est l'histoire d'un amour fou, dévorant entre deux femmes , mais qui est donc cette mystérieuse Sarah? Femme fantasque,? Femme bizarre? Femme ténébreuse? Femme seule?

Une belle violoniste jouant dans un quatuor dont s'éprend passionnément la jeune narratrice ..

Rencontre, fusion, flamme, initiation., brûlure vive....



Outre la fulgurance du sentiment qu'elle porte à Sarah, son amante dévorante : "-----L'amour avec une femme, une tempête" ----la narratrice décrit magnifiquement ,comme si elle avait mal , à force d'aimer, combien cet attachement tumultueux l'aliène ....



Le Récit intense de l'adoration absolue qu'elle éprouve pour le talent de musicienne de Sarah , cette passion semblable au crescendo d'une valse, accompagnée du danger que la narratrice contemple avec fascination et abandon.



Femme tornade qui s'abat sur une autre, qui perd pied et raison, emportée par la rage d'aimer de Sarah, par son intransigeance, ses hurlements , sa violence, ses abandons, ses caprices, ses toquades....

Une Sarah imprévisible, ondoyante, déroutante, versatile , terrifiante!

Un amour fou , hors norme, devenu obsession où les mots flambent , tranchent et chantent à l'aide d'une écriture puissante , incandescente,tourbillonnante, débordante , énivrante , sublime qui enveloppe et décuple ces sensations , une joie et une douleur frénétiques prises dans les contradictions et les antagonismes d'un amour de l'extrême , un érotisme exacerbé jusqu'à la déprise, la chute, la dépossession, ensemble pour toujours par delà la fin...

Un roman d'amour impossible , une folie amoureuse interprétée par l'auteur avec une puissance telle que l'on vacille à la lecture de ces flashs éclatants de l'extrême , une fusion précipitée .....



Un premier roman étonnant , coup de poing !!
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Ça raconte Sarah

Je me suis plongée dans la lecture de Ca raconte Sarah avec la certitude d’être emportée, tant j’en avais lu des chroniques enflammées. Je n’ai pas été déçue... mais pas exactement pour les raisons qu’on m’avait annoncées.



Le sujet principal du livre serait une passion amoureuse dévorante et tragique ? Je ne suis pas d’accord.



C’est bien plutôt un roman initiatique où la sexualité est placée au centre de la quête de soi de l’héroïne, au lieu d’être reléguée en périphérie, carrément négligée ou au contraire l'unique obsession de l'auteur. L’éveil à la sexualité et l’éveil à soi ne sont que les facettes d’une seule et même chose, et ce, même si on a trente ans, même si on est mère de famille, même si on a déjà une première vie derrière soi. Que savait la narratrice d’elle-même avant de rencontrer Sarah ? Pas grand chose, sans doute… Or, ce parti-pris est vraiment intéressant car il n’est pas si fréquent de trouver une voie juste entre la romance érotique et le roman d’apprentissage traditionnel. Et je suis frappée de voir que la rentrée littéraire nous a réservé au moins deux œuvres qui lient étroitement quête de soi et découverte de la sexualité : Ca raconte Sarah, et Dans la chair des anges de Cathy Borie (cf. ma chronique sur ce roman, même si elle l'aborde sous un tout autre angle).



La première partie serait exceptionnelle, mais la deuxième un cran en-dessous, voire ennuyeuse ? Je ne suis pas d’accord.



Pour moi, au contraire, la première partie est certes intéressante (le mot me paraît plus juste qu'"exceptionnelle"), mais c'est la deuxième qui lui donne son prix, après-coup, et touche bien plus. Toutes les frontières y sont brouillées, à tel point que des confusions se font, pour la narratrice comme pour le lecteur, entre vie et mort, entre rupture et meurtre, entre santé et maladie, entre fantasme et réalité. On ne sait pas, elle ne sait pas non plus, et si elle ne sait pas, c’est à la fois la conséquence de la fin d’une passion et le symptôme de l’ébranlement psychique que cette fin provoque. On a la preuve du fait que la première partie allait bien au-delà de la description d’une histoire d’amour et était bien le récit d'une construction de soi, qui s’effondre si la passion s’éloigne. Une structure à la Belle du seigneur, si vous préférez...



Pauline Delabroy Allard, la fille spirituelle de Cathy Borie et d’Albert Cohen ? Quelle découverte, quelle rentrée littéraire ! On ne peut que souhaiter aux deux auteures contemporaines le destin de leur illustre aîné...
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Qui sait

Pauline, 30 ans est enceinte et se questionne sur ses origines suite à la carte d'identité qu'elle doit faire pour la première fois. Ses autres prénoms : Jeanne, Jérôme, Ysé l'intriguent. Pourquoi le choix de ces prénoms ? Le prénom masculin est une surprise encore plus grande. Ses parents restent de marbre lorsque Pauline les interrogent, surtout sa mère qui change de conversation. Peu importe, elle décide de demander à sa famille élargie pour avoir des pistes. Les trois chapitres de ce roman sont consacrés à chacun de ses trois prénoms. Mais un drame au cours de l'histoire va être nommé "Le jour blanc". Je ne vous en dirait pas plus pour ne rien dévoiler.

C'est un roman très intimiste, qui m'a bien plu sauf peut-être la troisième partie où je me suis sentie perdu car elle mêlait l'oeuvre de Paul Claudel "Le partage de midi" que je n'ai pas lu.

L'écriture est dynamique, franche, dépaysante, mais aussi virtuose et brillante, pour un second roman. Un beau récit émouvant, drôle parfois, et atypique. Dommage pour la troisième partie qui m'a paru longue, ennuyeuse et un peu inaccessible.
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Qui sait

Dans l'indifférence et la routine du bureau de la mairie où Pauline fait faire sa carte d'identité, on apprend que celle-ci, déjà dotée de 2 noms de famille est aussi pourvue de 3 prénoms secondaires. 3 prénoms dont elle avait pris conscience sur la liste des admis au baccalauréat. 3 prénoms dont elle ne sait rien, ni de qui ils sont issus ni ce qu'ils représentent pour sa famille. Une famille qui ne parle pas, qui ne lui dit rien sur son passé, sur ses origines.

Pauline est enceinte et avant de donner un prénom à son futur bébé, elle décide qu'il est temps pour elle de découvrir qui sont Jeanne, Jérôme et Ysé.



Ses parents ne parlent jamais de Jeanne, Jérôme apparaît parfois dans leurs conversations, Ysé est l'héroïne d'une pièce de Paul Claudel "Partage de midi". Mais que représentent t-ils pour ses parents ?



Pauline est en vacances avec "elle", elle vit avec "elle", "elle" ne sera jamais nommée. Peut-être parce que ce n'est pas tellement de leur histoire que l'autrice va parler mais de la quête de ses origines à travers ses 3 prénoms.



Elles visitent la grotte du Pech Merle, une envie irrépressible de Pauline, pourtant claustrophobe, de plonger dans le passé, elle qui ne sait rien de sa famille.

Et puis, c'est la maison des grands-parents, les souvenirs d'enfance qui remontent, on évoque Jeanne mais Pauline n'obtient pas beaucoup de réponses. En remontant vers Paris, Pauline sait qu'elle n'oubliera pas le regard de Jeanne aperçu sur une photo.



Après Noël, alors que la neige recouvre Paris, arrive un événement traumatisant, un jour blanc qui va changer la vie de Pauline.

Jeanne, Jerôme, Ysé deviendront son point d'ancrage.



Avec l'alternance de phrases courtes et longues, Pauline Delabroy-Allard donne du rythme à son roman. Son écriture originale, à la fois simple et poétique fait de cette quête d'identité un roman fort en partie autobiographique. L'autrice effectue une enquête familiale, elle cherche la vérité qui entoure le mystère de ses prénoms surtout le prénom masculin de Jérôme. Elle ne trouvera pas toutes les réponses se heurtant aux secrets de famille, elle en inventera donc.



L'autrice aborde aussi la solitude parfois nécessaire pour panser ses plaies et accepter le destin, pour comprendre également comment le passé fait de nous ce que nous sommes.

Et avec Ysé, c'est la Litttérature qui est mise en avant.



Je trouve ce roman, très riche, émouvant et virtuose, très prometteur pour la rentrée littéraire prochaine.



Le premier roman de Pauline Delabroy-Allard "Ca raconte Sarah" a été couronné de plusieurs prix en 2018, il a même fait partie des premières sélections pour le prix Goncourt cette année là.

Je ne serais pas étonnée que ce roman soit aussi récompensé... qui sait ? ;-) En tout cas, je le souhaite, j'ai beaucoup aimé le lire avant sa sortie.



Je remercie chaleureusement Babelio et les éditons Gallimard pour leur confiance lors de l'envoi d'une masse critique privilégiée.
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Maison-tanière

Il est bon, parfois, de faire une pause et de trouver refuge dans un lieu loin du monde. Durant deux étés, en 2017 puis en 2019, Pauline Delabroy-Allard fera cette expérience de repli sur soi. Des amis lui prêtent alors, pendant trois semaines, une maison dont elle sort à peine, toute occupée à panser ses plaies comme à penser les mots pour les dire. C'est la "Maison-tanière". Une maison attachante et lourde de passé, dont les vieux murs se lézardent et les plafonds s'effritent. Mais cette maison, au fond, est comme Pauline Delabroy-Allard et comme chacun de nous. Elle a vécu, souffert, vieilli. Naît alors la belle idée de ce recueil. Pauline Delabroy-Allard va photographier, jour après jour, les failles et les fissures de cette "Maison-tanière". De l'imperfection peut naître une fragile beauté. Le poète est celui qui la chante mais aussi celui qui la voit.

Pauline erre de pièces en pièces, écoute les vieux vinyles du propriétaire et se laisse surprendre, ouverte à toutes les sensations, Bach, James Brown, Michel Sardou... Ici, loin de l'agitation, tout l'inspire, les musiques comme le décor de cet endroit qui l'abrite. Elle peut enfin recommencer à écrire et nous dire l'amour, l'absence et la douleur. Le plaisir, aussi.



Les lecteurs de "Ca raconte Sarah" retrouveront dans ces pages toute la sensibilité et la délicatesse de l'auteur. L'écriture semble jaillir spontanément et pétille d'humour et de sensualité. Pauline Delabroy-Allard est une femme qui aime une autre femme et qui le dit, avec un naturel et une simplicité qui nous touchent. Cette bulle de légèreté fait du bien et nous refermons le recueil sourire aux lèvres, fredonnant, qui sait, une chanson de Montand ou un air de West Side story.
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Ça raconte Sarah

Chez Minuit, il y a les auteurs drôles, dont pour moi Echenoz est la tête de file, et les pas drôles : Beckett est celui que j'admire le plus.

Le premier roman de Pauline Delabroy-Allard la classe chez les pas drôles, tendance répétitive durassienne. Ça raconte Sarah, bien sûr, et surtout la passion amoureuse entre la narratrice et Sarah. Ça n'est pas toujours gai et ça risque de mal finir, on le sait dès le début.

Écriture au présent, qui n'hésite pas à commencer sept phrases successives par « Elle », ressassant la découverte et la description de son amour, vibrante, sensuelle, émerveillée, la plume caressant la peau devant les yeux des lecteurs et lectrices. Petits chapitres qui racontent, souvent dans le désordre, des moments de vie joyeux, éblouis, bouillonnants, drôles, inquiets, fatigués, terrifiés, fous. La vie, l'amour, la mort. Paris, Venise, Trieste, pas toujours comme on les attend.



J'ai lu des appréciations très différentes de ce roman, ce que je comprends bien. J'ai personnellement eu un peu de mal à croire à la narratrice au début : si jeune, avec une situation trop lourde. Et à la façon dont elle s'imprègne de musique classique. Mais sa vie hallucinée à Trieste m'a rempli d'une grande tristesse empathique, et bien sûr j'ai comme elle été tout de suite amoureux de Sarah, si vivante, si aimante, si artiste. Et je me suis laissé rouler dans le ressac des phrases, dans leur suite obstinée et douloureuse.



Et vous ? Prêts et prêtes pour un grand plongeon ?
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Ça raconte Sarah

Je referme ce livre fort perplexe par l’engouement général de la presse spécialisée en ces prémices de prix littéraires. Il fallait bien que je m’en fasse une idée, tout le petit monde littéraire en parle...



Mais qu’a donc ce roman pour se faire remarquer de cette manière?



Un sujet un poil scabreux par des amours saphiques portées au paroxysme de la douleur amoureuse.

Une narration brute, parfois crue, qui peut désarçonner autant dans la forme factuelle de cette passion amoureuse que par son étrangeté sur le plan pratique. (Pour ma part, j’ai eu bien du mal à y croire).

Une écriture d’une incontestable modernité, directe, urgente, foisonnante, qui livre tout en vrac pour empêcher toute respiration au lecteur. C’est particulièrement vrai dans la première partie qui se lit goulûment (car j’ai fini par être intriguée par l’inexplicable imbroglio vécu par la narratrice).



Voici l’exemple type du bon grain pour être en course de lauriers littéraires!



Pourtant, que dire de la seconde partie en maladie d’amour qui perd définitivement toute crédibilité en s’essoufflant lourdement?

Et des digressions de remplissage sur divers sujets qui s’intercalent au hasard de la narration?



Pour ma part, pas grand-chose... je retiendrais juste l’écriture puissante d’un premier roman.

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Ça raconte Sarah

Il est peu de dire que j’ai aimé ce roman, j’y ai trouvé tout ce que j’attends d’une nouvelle plume : élégance et précision.

Pauline Delabroy-Allard nous donne à lire une histoire d’amour magnifique entre deux femmes.

La narratrice vivant en couple, mère d’un jeune enfant tombe sous le charme de Sarah rencontrée au hasard d’une soirée, sa vie en sera à jamais bouleversée.

Elle est littéralement envoutée par cette jeune femme un peu vulgaire, exaltée, qui parle trop, trop fort, qui est trop maquillée et qui un jour lui dit : « Je crois que je suis amoureuse de toi ».

Sarah fascine par sa singularité faite d’extravagance et de simplicité. Pour elle, la vie est tellement importante qu’il faut la vivre à cent à l’heure en faisant fi du regard des autres. La narratrice tente d’être l’élément modérateur dans ce couple improbable.



Dans une première partie nous suivons la naissance et l’épanouissement d’une passion.

L’amour est magnifié par une écriture à la sensualité extraordinaire, à chaque phrase les mots se font caresses.



La seconde partie est plus violente, elle nous parle de mort et de désillusion.

Pauline Delabroy-Allard réussit à merveille à nous faire ressentir le désarroi de la narratrice face à la perte d’un amour.



Il me semble très difficile d’exprimer tout ce que contient ce roman qui m’a profondément émue.



« Ca raconte Sarah », ça raconte le bonheur, ça raconte l’incompréhension, « ça raconte ça, la vie éclatante en toutes circonstances »



Pour moi, ça raconte aussi les débuts d’une primo romancière particulièrement brillante que je suis impatiente de lire à nouveau.



Un coup de cœur.

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Le dégât des eaux

J'avais envie de lire les écrits de l'autrice Pauline Delabroy-Allard car elle a sorti récemment un roman "Qui sait" et je voulais connaître son univers.

Pourquoi ne pas commencer par un album pour enfant ? N'ayant pas l'habitude d'en lire, je suis rentrée dedans avec des étoiles pleins les yeux. Tout d'abord les illustrations magnifiques de Camille Jourdy (que j'ai envie de découvrir également) m'ont éblouie. L'histoire également. Nino seul dans sa chambre, met ses chaussons, car le carrelage est froid, et sort voir ses parents.Il découvre son père à quatre pattes entrain d'éponger le sol car il y a eu un dégât des eaux. Son papa lui explique que ce n'est pas grave et le recouche aussitôt. Nino, dans ses rêves, fait un voyage onirique à Venise le premier dimanche de septembre, jour de la course de bateaux la "Regata Storica". C'est aussi le jour où Nino découvrira une merveilleuse nouvelle...

Bel album, coloré, onirique où les enfants découvriront un monde merveilleux.

Un album à offrir à un futur grand frère ou grande soeur.
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Qui sait

Deuxième roman de Pauline Delabroy-Allard, dont le premier ouvrage publié Ça raconte Sarah avait été un succès d’éditions, y compris au-delà de nos frontières, Qui sait donne la parole à une femme beaucoup plus modérée que ne l’était la narratrice du précédent ouvrage. Le point de départ de l’intrigue repose sur les prénoms que ses parents lui ont attribués à sa naissance, ceux qui n’apparaissent que sur les papiers officiels, que l’on découvre parfois tardivement chez nos proches. Ceux de Pauline, -Jérôme, Jeanne et Ysé- ont de quoi faire surgir de nombreuses questions. Pourquoi un prénom de garçon ? Qui est Jeanne et que représente Ysé dans l’imaginaire familial ?



Ce serait trop simple si la mère de Pauline pouvait simplement répondre à la question. Le sujet à à chaque fois esquivé, ignoré, chassé du discours comme on chasse une mouche taquine dans la chaleur de l’été.

C’est donc à Pauline de faire ce travail de recherche.



On découvrira peu à peu quel fragment de l’histoire familiale se cache derrière ces prénoms.





Cette enquête d’identité est une sorte de bilan personnel, à un moment des vie où la jeune femme vit des heures difficiles, dans son couple et dans on corps, des épreuves qui risquent de modifier le cours de son destin.



Roman intimiste, explorant la force des non-dits, ainsi que la frontière ténue entre les souffrances du corps et de l’esprit.


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Qui sait

« Qui sait » est un roman intimiste, tout en sensibilité où l’auteure nous narre sa propre histoire de façon originale et émouvante car il est des événements sur lesquels il doit être particulièrement difficile d’écrire mais surtout de trouver les mots adéquats.



A la suite d’un terrible drame personnel, Pauline, 30 ans, découvre les trois prénoms attenant au sien. Jusqu’alors, elle n’y avait jamais prêté attention et ne sait au final quasi rien de ceux-ci. Afin de pouvoir se reconstruire, Pauline ressent le besoin de s’interroger sur leur présence mais surtout sur leur signification.



Dans sa quête personnelle d’identité, Pauline Delabroy-Allard emmène avec elle ses lecteurs, dans l’intimité familiale où un mot de trop n’est jamais prononcé et où les secrets anciens se perpétuent. Ses recherches se parcourent comme une véritable enquête où pour les témoins familiaux, l’omerta est parfois dure à briser.



Le livre est divisé en trois parties, intitulées chacune par l’une des trois questions kantiennes : que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? Chacune est alors consacrée aux recherches de l’écrivaine sur l’origine de chacun des trois prénoms.



Autant, j’ai adoré les deux premières qui m’ont littéralement séduite à la fois par la plume que par le contenu et transportée, autant la dernière consacrée essentiellement à l’imaginaire, m’a un peu perdue. Je l’ai trouvée un peu longue et parfois trop abstraite au regard des deux premières. Alors que les parties consacrées à Jeanne et Jérôme sont assez rythmées, celle d’Ysé m’a semblé trop contemplative et assez lente.



Malgré cet écueil, j’ai malgré tout apprécié cette lecture de la rentrée littéraire 2022 décrivant parfaitement les émotions de la narratrice au fil des rencontres par une belle plume réaliste et sensible.
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Qui sait

J'avais vu défiler de nombreuses critiques ( souvent élogieuses) de son premier roman " Ça raconte Sarah", mais n'avais pas franchi le pas pour le lire. Merci à Babelio et aux éditions Gallimard de m'avoir donné l'occasion de la découvrir à travers son deuxième livre.



Un titre énigmatique car contrairement à la première de couverture présentée sur le site, aucun point d'interrogation n'est mis après " Qui sait".



Les trois parties qui composent ce roman sont liées à ce titre car elles reprennent les trois interrogations kantiennes: Que puis-je savoir? Que dois-je faire? Que m'est-il permis d'espérer?



Le lecteur est tout de suite captif de l'écriture introspective dense, presque hypnotique. L'utilisation fréquente de l'anaphore mime l'obsession de la narratrice , Pauline ( tiens donc...) , une jeune femme de trente ans, quant à son identité, ou plutôt quant aux trois prénoms curieux, car elle n'en connait pas l'origine, qui suivent le sien: Jeanne, Jérôme, Ysé.



C'est comme une sorte d'enquête, difficile, étant donné que dans sa famille, on n'évoque pas le passé. On comprend assez vite que cette recherche désespérée est une façon pour elle de conjurer cette béance dans son corps, qu'elle n'arrive pas à exprimer. Je n'en dirai pas plus...



La fin est ouverte mais un peu frustrante. Néanmoins, elle ressemble bien aux errances intimes du personnage. Une plume vraiment attractive, qui m'a quand même lassée dans la dernière partie, et un sujet qui ne peut laisser le lecteur indifférent. Une auteure à suivre.
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Ça raconte Sarah

Ça raconte ça : la passion dévorante, comme dans un souffle, un cri, un râle... avec des mots coupés au couteau, des mots qui vous disent d'aller vous faire foutre, tout le reste est littérature.



"Ça raconte ça, la vie éclatante en toute circonstance".



Ça raconte bien, combien ça fait mal. on ne sait plus trop qui n'aime plus, qui aime moins, qui aime trop...



"Ça raconte ça, qu'on ne peut pas aimer, boire et chanter en paix, que pour vivre heureuses, il faut vivre cachées".



Et puis ça s'emballe, Ça en dit tant, ça en dit long, jusqu'à la chute : l'amour et sa faim.



"La vie sans elle, c'est la vie quand même."
Lien : http://page39.eklablog.com/c..
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