Citations de Penelope Ward (225)
- Greta, tu peux m'expliquer ce que ont tes culottes dans une boîte de Pringles ?
Putain de merde,
C’est elle.
Elle prend le même métro que moi ! C’est comme ça qu’elle a récupéré mon téléphone. Je ne parviens pas à lever les yeux. J’ai peur d’être déçu. Il vaut mieux que je continue à fantasmer sans affronter la réalité.
Mais je dois le faire. Je veux savoir à quoi elle ressemble.
Je compte lentement jusqu’à dix puis je laisse mon regard remonter le long de ses jambes croisées. Jupe en cuir noir, sac à main léopard, chemisier mauve dont le décolleté profond met en valeur ces seins sur lesquels je fantasme. Puis je lève les yeux vers son visage.
Merde.
Merde.
Merde.
Elle regarde droit devant elle. Ses cheveux bruns et soyeux aux pointes rouges sont relevés en queue-de-cheval, dévoilant une nuque délicate. Des lèvres parfaitement dessinées laquées de rouge. Un nez retroussé. De grands yeux marrons. Le démon a le visage d’un ange. En fait, Soraya Venedetta est une bombe. Je sens mon excitation monter. Je ne pourrais jamais l’oublier.
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– Lui demander pardon à genoux.
Delia ricane.
– C’est un homme. Si tu t’agenouilles, tu ne pourras pas lui demander pardon : tu auras la bouche pleine.
La musique est l'expression de tout ce pourquoi on vit, elle reflète la passion nichée au fond de notre âme. Je vis pour toi. Tu es ma passion.
Chance a l’air tendu et il enfourne les bonbons un après l’autre. Au bout d’une demi-heure, je décide de briser la glace.
– Comment vous faites pour avoir un tel corps en mangeant n’importe quoi ?
– Est-ce que ça veut dire que vous me trouvez bien foutu ? Je vous plais ?
– Je n’ai pas dit ça.
– Non, mais vous l’avez sous-entendu.
– Crétin.
– Je baise beaucoup, Aubrey. C’est comme ça que je reste en forme.
– Vraiment ? C’est tout ?
– Non. Je voulais juste voir se répandre sur votre visage cette jolie couleur rose qui apparaît quand vous êtes embarrassée, fait-il, moqueur. Pour répondre à votre question, je fais beaucoup de muscu et je ne mange pas ça tous les jours. Mais quand je voyage, j’oublie toutes les règles de diététique. Il faut manger ce qu’on veut pour ne pas devenir dingue.
– De mon point de vue, vous êtes dingue, alors ça ne marche pas vraiment.
Je me demande quel effet produirait la vibration entre mes jambes. Les rayons du soleil se réverbèrent sur le métal chromé d’une Harley Davidson garée à quelques pas de là et qui brille sous la chaleur étouffante de la mi-journée. J’attends que la chanson de Maroon Five qui passe à la radio se termine, et je fouille mon sac à main à la recherche de mon téléphone portable, sans quitter la bécane des yeux. Je ne sais pas pourquoi ce jouet de mec me fascine. C’est une moto banale, d’un noir profond avec des touches de gris métallisé et des sacoches en cuir usé sur lesquelles sont gravés un crâne et les initiales C. B. Quel plaisir me procurerait-elle si je l’enfourchais ? J’imagine le vent s’engouffrant dans mes longs cheveux, agrippée à la taille d’un homme qui porterait un surnom de dur à cuire, le moteur ronronnant entre mes cuisses moulées dans mon jean. Horse ? Drifter ? Guns ? Non. Prez. Mon biker imaginaire s’appellerait forcément « Prez », et il ressemblerait à Charlie Hunnam. Je baisse les yeux vers mon iPhone : une demi-douzaine de messages de Harrison m’attendent. Je souris pour moi-même. Je suis certaine qu’aucun Harrison au monde n’a jamais conduit une Harley.
Vu comme il me traitait, mon attirance ne cessait de m'étonner.
- Tu sais ce qu'on dit sur les suppositions ?
- Qu'elles nous font découvrir de nouvelles positions ?
Cette chanson s'appelle
« Elle aime regarder ».
Je me suis figée, absorbant lentement le titre.
– Je dédie cette chanson à tous les petits voyeurs. Vous vous reconnaîtrez.
Mélangez les lettres de romance, vous obtiendrez Cameron. C'est Greta qui y a pensé.
Je t'aime, Cameron.
- Elles n'y sont pas toutes.
- J'en ai gardé une ou deux.
- En fait, il y a une différence énorme, Greta. Tu es la seule fille au monde qui m'est interdite, et ça me donne encore plus envie de toi.
- On fait la paix ? a demandé Elec.
J'ai tourné la tête vers lui et là, j'ai cru que j'allais tourner de l’œil. Il était debout, au milieu de ma chambre, une bite à la main. Mais pas n'importe quelle bite. C'était ma bite. Ma bite violette en caoutchouc.
Il jouait avec.
- Quel meilleur moyen de faire la paix qu'avec un vibro et un sourire ? a-t-il dit en riant.
Je me suis cachée sous la couette.
- Allez... Tu pleures vraiment ?
Il n'y avait plus aucun bruit. Je me suis dit que si je ne bougeais pas, il finirait par partir, mais j'avais tort. J'ai entendu un « clic » puis des vibrations. J'ai senti qu'il s'asseyait sur mon lit.
- Si tu ne veux pas sourire, je vais devoir te chatouiller avec ton petit chéri, a-t-il dit en frottant mon gode contre ma hanche.
Je suis sortie de sous la couette pour essayer de récupérer le vibro, sans succès. Il a continué à me chatouiller sur la jambe, sous le pied, et j'avais beaucoup de difficulté à ne pas rire.
- Arrête !
- Certainement pas.
Je n'ai plus pu me retenir et j'ai éclaté de rire.
Comment en étais-je arrivée à me rouler dans mon lit avec Elec, un gode à la main, au beau milieu de la nuit ?
Je suis restée debout à ma fenêtre, il m'a regardée une dernière fois avant d'entrer dans le taxi, emportant avec lui le morceau de mon coeur que je lui avais donné. Quand à celui que je gardais, il était en mille morceaux.
Je n’ai jamais rencontré mon demi-frère, je n’ai vu qu’une photo de lui, prise peu de temps avant le mariage de nos parents. Il a les yeux clairs et les traits fins de son père, ses cheveux bruns et sa peau mate lui viennent de sa mère. Randy m’a expliqué que, depuis que la photo a été prise, son fils était entré dans l’âge rebelle – il s’est fait tatouer et il a eu des ennuis car il buvait de l’alcool et qu’il fumait des joints. Randy en voulait à Pilar d’être trop concentrée sur sa carrière d’artiste pour se soucier de son fils. Apparemment, Randy a encouragé son ex-femme à accepter un poste dans une galerie d’art londonienne afin qu’Elec, qui a désormais dix-sept ans, puisse venir vivre chez nous. Il s’en veut de ne voir son fils que deux fois par an et de ne pas être là au quotidien pour l’élever, et il veut profiter de cette année pour se rattraper.
C’est la qualité qui définit une vie accomplie, pas la quantité.
— Tu ne peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre, Damien. Tu ne peux pas me regarder comme tu le fais. Tu ne peux pas m’appeler au milieu de la soirée pour que je vienne dormir dans ton lit avec ton chien. Tu ne peux pas partager autant de choses avec moi, me traiter comme si j’étais essentielle à ta vie et t’attendre à ce que je ne m’attache pas à toi. Ce n’est pas naturel, c’est même malsain, et que ce soit intentionnel ou pas, tu me fais du mal.
— Tu as confiance en tes talents culinaires, à ce que je vois ?
— La pizza, c’est comme le sexe. C’est difficile de se planter.
- Non, c'est toi qui choisis le lieu du rendez-vous. Tu ne sais pas quel est son objectif en t'amenant dans un hôtel. Il pourrait prévoir de mettre quelque chose dans ton verre et te faire monter dans une chambre ou autre. Choisis toujours le lieu.
- Non. Jamais. Et je ne lui ai jamais rien promis non plus. Je ne fais pas de promesses que je ne peux pas tenir. C'est la différence entre lui et moi. Le truc, c'est que tu assumes ses erreurs. Tu n'as rien fait de mal, si ce n'est être une petite amie aimante. Il ne te méritait pas.