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Critiques de Pete Dexter (93)
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Paperboy

Alors là , si c'est pas coller à l'actu que d'avoir lu un bouquin dont le pendant pelliculaire vient à peine de sortir sur grand écran , je ne m'appelle plus Jean- Jésus-Marie-Judas De Roquefort la Bédoule De La Motte Beuvron !

Ok , on a qu'à dire qu'il s'agit d'un heureux concours de circonstance et on en parle plus . De toute façon , j'étais pas fan , fan de Jean...alors...



Dexter , troisième !

Auteur noir , cynique , maîtrisant parfaitement l'art de vous claquer une sale ambiance propre à rendre dépressif un Julien Lepers sous ecstasy , il signe ici un grand roman qui , à défaut d'être majeur , aura eu le mérite notoire de faire cogiter du bulbe l'apathique lecteur décérébré que je suis quant à l'acquisition d'une certaine notoriété journalistique et le travestissement personnel et historique qu'elle suscite .



Hillary Van Wetter , chasseur d'alligators shériffopathe reconnu coupable d'avoir dessoudé un représentant de la loi à la gâchette facile notoirement raciste et dont la seule boulette avérée fut de s'en prendre , une fois n'est pas coutume , à un blanc apparenté , qui plus est , à l'un des plus violents membres de la famille Van Wetter , attend sagement son exécution dans les couloirs de la mort . Charlotte , nymphomane également multirécidiviste , de par le fait , ne jure que par l'innocence de son Hillary de futur mari qu'elle ne côtoie qu'épistolairement . Intrigué par tant de fougue désintéressée , le Miami Times charge deux de ses plus talentueuses plumes de faire toute la lumière sur cette détonante affaire qui pourrait , au final , s'avérer tristement révélatrice d'un système judiciaire en pleine déroute !



Deux journalistes sur le déclin , l'un talentueux mais fortement dilettante , l'autre beaucoup plus besogneux mais intègre . Une affaire qui pourrait bien leur valoir le Paul - Loup , enfin le pulitzer ! Une famille Van Wetter qui ferait passer les joyeux autochtones de Délivrance pour de classieux aristocrates ! Une Floride intérieure à mille lieues des clichés soleil - bronzette – juvéniles retraités bodybuildés promenant leur caniche nain – véritables usines à déféquer sur pattes - le long de Miami Beach . Des personnalités affirmées et torturées au service d'une histoire beaucoup plus complexe et subtile qu'il n'y paraît et pourtant , le compte n'y est pas cette fois-ci . Le vilain fautif ? Un faux rythme poussif en diable , seul et unique responsable d'un avis beaucoup moins enthousiaste pour le coup !

Il n'en reste pas moins que ce roman noir d'investigation s'inscrit pleinement dans la droite ligne des précédents opus de l'auteur à savoir une histoire riche , prenante , reposant sur des personnages nuancés , sortes de fifty shades of grey journalistiques ou probité , intégrité et Maïté auraient fort à faire pour résister aux sirènes d'une renommée internationale bigrement tentatrice !

Un Dexter moindre mais un Dexter quand même ! Santé !

Paperboy : demandez l'programme !

3,5 / 5
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Train

Lionel Walk , dit Train , 18 ans , est un jeune noir travaillant comme caddie dans un golf chicos de Los Angeles . Habitué , dès son plus jeune âge , à essuyer les quolibets quotidiens de tous ses adhérents majoritairement blancs aussi huppés que notoirement racistes , Train est ce qu'on peut appeler , dans le jargon poissard , un aimant à emmerdes !

Après moultes péripéties , toutes aussi vachardes que subies , ce p'tit bonhomme plutôt sympathique viendra à croiser la route du névrotique inspecteur Packard , homme au regard néanmoins avisé ayant immédiatement perçu le potentiel de golfeur du gamin et l'oseille qui pourrait , dès lors , en découler dans le milieu des paris .



Dexter , égal à lui-même , décortique et dézingue les rapports sociétaux alors en vigueur en une Amérique des années 50 toujours peu disposée à la mixité ethnique .

D'un œil toujours aussi aiguisé , il décrit les affres et les turpitudes inhérents à une condition noire encore bien peu encline à susciter l'empathie et l'acceptation .

Un petit bémol concernant un récit qui , pour le coup , se perd parfois en des circonvolutions inutiles n'ayant d'autre impact qu'engendrer un léger décrochage de la part d'un lecteur ayant déjà , pourtant , pris fait et cause pour ce duo aussi atypique qu'attachant ainsi que leurs tribulations échevelées !

Noir , cruel , mordant et incisif , du grand Dexter dans le texte !



Train , un polar 1ère classe !

http://www.youtube.com/watch?v=omo-fwok15E
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Un amour fraternel

Peter Flood aura eu un point commun avec le Christ.

Mort à 33 ans. Ça vous pose une légende.



Tout comme lui, sa vie fut un long chemin de croix.

Une petite soeur envoyée ad patres par un voisin qui ne se verra, de fait, jamais confier la direction d'une auto-école.

Un père, aux désirs vengeurs périlleux, qui l'aura toujours ignoré.

Une mère internée, rendue folle de chagrin.

Non, peux pas dire que la vie de Peter fut enviable au plus haut point.

Et le meilleur du pire restait à endurer...



Tout jeune, le p'tit Peter fut confronté à l'acharnement et la rudesse d'un destin un brin irritant.

Sa bouée de sauvetage illusoire, un oncle qui le prendra sous son aile rudoyante et un cousin, Michael, qu'il ne quittera jamais plus.



"Un amour fraternel" dépeint la trajectoire météorique d'un homme partagé entre loyauté familiale et désir d'émancipation, le tout sous la pression d'Italiens qui font rien que les menacer de mort suite à une bête guéguerre de territoires.



Pete Dexter est un orateur hors pair.

Un artisan patenté d'une noirceur sordide aux débouchés rarement calqués sur ceux de Disney.

Il dissèque admirablement les affres d'une parenté contrariée et d'amitiés volatiles tout en distillant de trop rares lueurs d'espoir, de celles que l'on sait fugaces pour finalement disparaître inéluctablement au profit d'une nuit éternelle.



Peut-être pas le meilleur Dexter mais un Dexter quand même !
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Deadwood

Couverture très attirante. Et comme, jusqu’à maintenant, j’ai aimé tout ce que j’ai lu en western, je prends. 1876 : Arrivée de deux hommes et d’un gamin à Black Hills dans le Dakota du sud. On y trouve des chercheurs d’or, des hors-la-loi, des têtes coupées, des chinois, des indiens, des prostituées, un fou collectionneur de bouteilles, Calamity Jane et James Butler Hickok. Personnage singulier qu’est Charley, préoccupé par son hygiène corporelle et par sa flûte (pas celle qui émet du son). Mélange de véridique et fiction. Des dialogues drôles mais j’ai trouvé l’histoire un peu brouillonne et des longueurs. Western dont j’attendais plus.
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Cotton Point

Cotton Point où l'histoire d'un aveuglement primaire - avec de vrais morceaux de racisme dedans – poussé à l'extrême !



Paris Trout – cherchez pas la contrepètrie , y en a pas - sait gérer son commerce . Préteur blanc aussi rusé que persuasif en cas de retard dans les remboursements mensuels indexés sur le cours de la barbe à papa en milieu océanique , camoulox ! , il ne possède qu'un seul et unique véritable petit défaut en affaires , celui de placer ces dernières au-dessus des lois ! Une seule règle prévaut et ce n'est pas celle des longs palabres stériles . Tel Stallone dans Judge Dredd , «  I'm the law «  n'aurait pas détonné plus que cela dans la bouche fétide de ce presque débonnaire négociant . La première erreur d'Henry Ray , jeune noir néo travailleur paléo sans emmerdes de niveau stratosphérique , avoir voulu acheter une tire chez Paris Trout – toujours pas de contrepétrie...Deuxième boulette impardonnable, avoir voulu rouler ce dernier dans la farine de blé noir , la galette s'annonce salée !

Usé , l'usurier décide d'user de son bon droit en allant réclamer son dû chez la famille Ray . Le bruit immédiatement perceptible que l'on a pu déceler chez les Ray : bang ! Par deux fois la poudre a parlé  , le son du colt vibrionné , laissant deux corps sur le carreau ! Paris Trout – cherchez pas...bon , faites comme vous voulez – vient encore de prouver , si besoin était , qu'il fallait pas déconner avec l'oseille , surtout la sienne...



Midwest , années 50 . Le climat social est encore très loin d'être apaisé . Les tensions raciales , à défaut d'être ouvertement frontales , perdurent dans un quotidien électrique .

Pete Dexter , une fois de plus , focalise son histoire sur les petites gens et leur lot dévastateur d'immondes mesquineries souvent teintées d'une bêtise crasse abyssale, ale , ale , ale ! Si l'histoire en elle-même ne casse pas trois pattes à un homéo , elle prend une nouvelle fois sa source en l'humain que Dexter décrit froidement et sans complaisance ! Une galerie de portraits au cordeau ! Une ambiance sulfureuse dans un monde de privilèges raciaux assumés haut et fort ! Blanc , bien ; noir , pas de bol , same player shoot again . Une plume simple , intimiste et terriblement porteuse ! Le gars sait écrire et le prouve une nouvelle fois avec ce conte de la bêtise ordinaire !

En porte étendard d'une sauvagerie inique pleinement légitimée par la couleur de sa peau , Paris Trout ! Personnage haut en couleur , si je puis dire , qui jamais ne se départit de son prétendu bon droit au prétexte qu'une dette est une dette et que rien ni personne ne saurait y échapper , dut-il le payer de sa vie . Personnage froid , hypnotique , totalement ancré dans SA réalité , il écoeure autant qu'il fascine en persistant dans son déni ! Un polar dérangeant , immoral et cynique qui saura vous révolter au plus haut point , le coeur étreint par une salutaire et inextinguible soif d'équité mais , que là , pour la révolte , ben va falloir attendre , y a la roue de la fortune qui commence !

Récit prenant d'une époque misérable aux mœurs douteuses et ségrégationistes , ce bouquin vous en claque une sèchement et le pire , c'est que vous en redemandez !! Ça tombe plutôt pas mal , je compte sur Paperboy pour remettre le couvert . Vas-y Pete , fais-moi mal...



Cotton Point : jeu , set et match !
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Deadwood

Pete Dexter s'y entend pour vous scotcher niveau thriller . J'avoue avoir un peu moins adhéré à son western sur papier recyclé format A6 .



Deadwood , Black Hills , 1876 .

Là où tout commence et tout finit .

Trois visiteurs atypiques s'y rendent dans le but avoué d'y faire fortune , l'exploitation minière et la fièvre de l'or attirant alors tout besogneux prospecteur en mal d'argent .

Bill Hicock , Malcolm Nash et Charley Utter , le narrateur , furent de ceux-là pour le meilleur mais surtout pour le pire...



Ne nous y trompons pas , le véritable héros de ce bouquin n'est autre que le l'Ouest sauvage , magnifiquement dépeint du reste . Si de grands noms émaillèrent ce récit – Hicock , Calamity Jane...- , ils ne firent que renforcer le mythe de ces contrées hostiles où la loi du plus fort prévalait plus que tout .

Fort d'un contentement de lecture jamais démenti niveau polar , j'attaquais ce western par la face Nord et en ressortais mitigé , avec le sentiment d'avoir dévalé une piste blanche là où la noire me promettait ses inclinaisons à près de 120 % celsius , dixit le théorème de Thalès blaise , bien sûr...

Véritable bouquin d'ambiance à la Sergio Léone - sans image ni musique , auquel cas le terme de film eût été beaucoup plus judicieux - , je l'ai trouvé , par moments , véritablement longuet .

Me doutant bien que cela ne pouvait flinguer à tout va sur près de 600 pages , je m'attendais à beaucoup plus de rythme , d'où une légère amertume en bouche , au final...



Deadwood , lecture très plaisante , pas transcendante .

3,5/5
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Train

Il s'appelle Lionel Walker, mais peu de monde le sait. Noir américain dans les années cinquante, il vit avec sa mère et son beau-père, un type violent bien décidé à montrer à tout le monde que c'est lui qui commande. Train travaille comme caddie au club de golf Brookline, un green huppé pour les gens de la haute. Il connait son métier, et reste à sa place de caddie, son salaire étant limité aux pourboires qu'il reçoit pour trimballer le matériel de blancs qui ne savent souvent pas comment tenir leur club de golf. Les pourboires paient ses humiliations, au mieux sa transparence. Quant à lui, il arrive le matin à l'aurore, et s'entraine avec un club de golf abimé qu'il a trouvé. Et il est doué.

Les caddies sont gérés par un jeune noir, Sweetie, un individu pas très recommandable qui organise, avec quelques collègues du club de golf Brookline, le braquage d'un bateau. Le braquage tourne mal, l'homme est tué, la femme battue et violée sauvagement, et la police débarque avant que Sweetie et ses copains n'aient pu prendre la fuite. Le policier qui intervient sur le bateau est Miller Packard, l'un des joueurs du club, à peu près le seul qui n'ait jamais considéré Train comme un être humain. Il va prendre sous son aile, enfin, dans son lit, la femme blessée, tandis que Train est renvoyé, pour la bonne raison qu'il travaillait sous les ordres de Sweetie.



Archétype du roman noir, Train est un superbe roman aux personnages attachants et atypiques. Dans l'univers parfois trouble et souvent impitoyable de l'Amérique des années 50, Pete Dexter nous offre un récit où la fatalité côtoie l'espoir, sans que le lecteur sache sur quel pied danser.

Il est assez facile de s'attacher à Train, ce gamin qui n'a rien, même plus de chez lui, même plus de nom. On a parfois envie de le secouer, à le regarder subir humiliations, injustices, coups du sort. Balloté par les évènements, les gens, manipulé, on sent bien pourtant qu'il est de la bonne graine. Le problème est qu'il est de celles qui ne peuvent pas pousser dans le terreau acide de cette société.

Packard est l'un des personnages les plus troublants que j'ai pu rencontrer au cours de mes lectures. Enigmatique, il m'a été impossible de prévoir ses actions ou ses pensées. Capable du pire comme du meilleur, à la fois manipulateur et naïf, utopiste et réaliste, humain et impitoyable, il reste le point d'interrogation qui traverse l'ouvrage jusqu'au drame final.

L'écriture de P. Dexter est immersive, les sujets sont traités sans concession, souvent crûment (la scène du braquage est particulièrement réussie et éprouvante) et la narration prend aux tripes dès les premières lignes. Les personnages sont souvent ambivalents, et l'on s'attache et se prend de pitié pour la majorité d'entre eux. Une vraie réussite que ce roman, je le recommande vivement !

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God's Pocket

Avant ma vie était terne et ennuyeuse...Lorsque l'on évoquait Dexter , je répondais , vexé comme un pou , que je n'avais jamais loupé un épisode sur Canal...Maintenant que j'ai decouvert les yaourts au bifidus actif aux enzymes pro-revitalisant à haute teneur nicotinique , j'évoque , tout de go , l'excellent God's Pocket du non moins talentueux Pete Dexter ! Dexter et Dexter , d'ou la terrible confusion , gnnnnn...Le bifidus actif , non content de vous donner des cheveux soup' et soilleux , vous fait à l'exterieur de vous-meme ce qui se voit à l'interieur de l'enveloppe externe . C'est fou hein ? En meme temps , jamais rien compris à cette pub , alors...





Le Bronx , Hell's Kitchen , le Queen's..ces sympathiques petits quartiers pittoresques de la ville de N.Y ou l'espérance de vie excede rarement le quart d'heure pour peu que vous soyez en veine ( bon , j'exagere car on peut désormais tabler sur une bonne demi-heure ;) , tout le monde connait...Direction Philadelphie et son God's Pocket . Y habiter , c'est intégrer une petite famille ou il fait bon vivre . Alcoolisme , chomage , racisme , baston et autres délicieux hobby , le choix est vaste , faites le votre...Y naitre , c'est souvent y mourir . Tout le monde se connait , s'apprécie à des degrés divers mais développe ce sentiment prégnant d'appartenir à une seule et meme communauté : celle des laissés-pour-compte ! Et gare à l'étranger osant proferer le moindre ressentiment à son encontre !



Interessons-nous désormais à Léon Hubbard , 24 ans , fort en gueule , p'tit branleur exemplaire toujours partant...pour ne rien faire si ce n'est menacer le quidam de sa lame qu'il sort inlassablement . Pistonné sur un chantier par son beau-pere , il menacera alors la mauvaise personne et le paiera de sa vie . D'un commun accord , les témoins de ce drame fortuit décideront d'invoquer l'accident bete...Mauvaise personne au mauvais endroit. Il est vrai que lorsque une p'tite tete rencontre une grosse poulie de grue , le match semble plié d'avance . Ballot . Mais si la disparition de cette petite frappe de Léon laisse majoritairement indifférent , il en est une qui doute fortement de la version officielle , penchant plutot pour le meurtre en bon et du forme : sa mere Jeanie Scarpato . De là s'ensuivront une incroyable galerie de portraits empetrés dans des situations rocambolesques à souhait .



Comme le précise tres justement la jaquette , ici , pas d'enquete fastidieuse mais l'évocation jubilatoire du triste quotidien des habitants de God's Pocket . De Mickey , le beau-pere livreur de viande froide , qui va tenter d'etre à la hauteur de l'évenement en tentant laborieusement de gerer les préparatifs de l'enterrement en adulte et retrouver , ainsi , grace aux yeux de sa superbe femme Jeanie qu'il sent s'éloigner peu à peu à Richard Shellburn , journaliste reconnu et alcoolo notoire chargé d'écrire un papier sur l'affaire et trouvant le moyen de s'enticher de la mere éplorée , les situations cocasses pullulent et s'enchainent à un rythme éffréné sous la plume acide d'un Dexter tristement lucide . Chaque épisode dérape lamentablement . Rien ne se passe comme prévu...Mickey , pas un radis en poche pour payer Jack l'embaumeur , ne trouvera d'autre solution que de conserver le corps de ce beau-fils prodigue dans son camion réfrigéré . Tout est foireux à God's Pocket . La vie comme la mort ...Quartier semblant cristalliser les foudres d'un Dieu facétieux qui aurait décider d'en faire son laboratoire à emmerdes . La mafia regne ,les jeux et l'alcool y sont aussi dévastateurs que le chomage , les reglements de compte sont légion...Tout ce petit monde cohabite tant bien que mal , porté par la plume acerbe d'un Dexter cyniquement réaliste et évocateur . Les paumés de ce drame sont héréditairement résignés et voient en la fatalité , qu'ils ne semblent pouvoir dépasser , une compagne fidele et dévouée .

Outre son indéniable talent de conteur , Dexter maitrise parfaitement l'immersion géographique ! Il decrit magistralement cette ville du Nord-Est des Etats-Unis , ville que l'on sent chere à son coeur tout comme cette affligeante bande de bras cassés qu'il dépeint tendrement .

Une galerie de portraits éclectique , des situations parfois Monthy Pythonnesques , de la tristesse , beaucoup de tristesse et de désespoir , voilà le cocktail détonnant de ce God's Pocket décoiffant !



God's Pocket , je doute que meme Dieu y mette ses sandales , 100 % cuir de vachette tressé , un jour...

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Spooner

Spooner (ou plus précisément, Warren Whitlove Spooner) est le personnage éponyme du roman (quasi pavé) de Pete Dexter.

Les premières pages s’ouvrent sur sa naissance, fin des années 50, à Milledgeville, en Géorgie. Accouchement d’ailleurs difficile durant lequel il a failli tuer sa mère (son frère jumeau n’y a pas survécu). D’emblée, on sait à quoi s’en tenir…

On découvre rapidement que Spooner est un gamin beaucoup plus chenapan et un rien rebelle qu’il n’est très malin (son grand-père étant mort d’une ‘’attaque’’, il pensait que c’étaient les indiens qui l’avaient tué).

On le voit grandir, on sourit (et rit) à ses découvertes de toutes les bêtises à faire, on le suit dans ses rencontres et ses étonnantes compréhensions des autres et de la nature humaine. On l’accompagne aussi de ville en ville, comme autant de tranches de vie, de sauts dans le temps, de boulots en tout genre, d’innombrables péripéties…

Dans la famille de Spooner, il y a la mère Lily, prof de sociologie à ses heures, asthmatique plus fréquemment, que dis-je, allergique même au monde entier et surtout aux poils du chien Feez. Peu présente, peu aimante... Même si les choses sont plus complexes que je ne le résume, elle garde notamment un vilain arrière-goût de l’accouchement de cet enfant, de l’absence de l’autre, et peut-être a-t-elle vite fait de baisser les bras face aux bêtises et, même, à la bêtise de ce fils…

Si sa sœur et ses deux demi-frères sont des enfants intelligents, au QI même très élevé, Spooner, non. C’est même l’inverse. Alors, Spooner, c’est un peu la tare de la famille, le p’tit gars en qui on ne peut faire confiance… Le vilain petit canard dont on ne sait que faire.

Si d’autres personnages sillonnent la vie de Spooner (la grand-mère à cheval sur les principes ou encore son coach sportif, comme vulgaire cliché prof de sport, on ne fait pas mieux), son beau-père Calmer, ancien officier de marine, devenu prof, lui, n’est jamais très loin. Il représente la force tranquille. Homme courageux, travailleur, toujours à réparer quelque chose dans la maison, au propre comme au figuré, calme, pas très bavard, mais juste. Le « sage » de cette histoire. Et sûrement aussi un de ces êtres indispensables à la construction d’un enfant.

Dès son arrivée dans la famille, Calmer remplace les carences de la mère et essaye de (re)mettre son beau-fils dans le droit chemin. (Le passage où le lecteur découvre Calmer est tellement cocasse que rien que ça mérite votre détour.)

Mais Spooner reste Spooner. Et chaque page est presque une anecdote de ses conneries (et de ses conséquences), ses méprises sur les choses de la vie et ses « vices et coutumes ».

Courts florilèges de ses premières années :

-Viré de la maternelle parce qu’amoureux de sa maîtresse (plus exactement, montrant un désir très éloquent… Qui a dit que Spooner était attardé ?)

- Entrant par effraction la nuit dans la maison des voisins pour aller uriner dans les chaussures (fétichiste Spooner ?), etc., etc.

Je vous en laisse bien d’autres pour goûter, vous aussi, à ces plaisirs d’esclaffements à en agacer vos voisins… (J’ai un peu hésité à vous citer la page 292 et les suivantes mais, finalement, par décence et pour garder mon image de lectrice ‘’sérieuse’’, je m’abstiens, frustrée néanmoins…).

Lecteurs à l’humeur maussade et au teint terne, ouvrez donc 'Spooner'. Ça donne tout de suite un je-ne-sais-quoi de légèreté et de sourire à la soirée… Euphorisant presque meilleur qu’un petit verre de vin.

Malheureusement, je ne dois pas vous mentir sur l'autre part du roman…car parfois on a le vin triste…

Et la vie de Spooner n’est pas qu’une suite de gaffes à la Gaston L.

Tout comme la lecture de Spooner n’est pas qu’une succession de franches rigolades. Parce que le prix à payer des bévues et méprises en tout genre est de plus en plus lourd au fil des années, montant en crescendo, comme autant d’à-coups et de coups du sort presque incessants... Faut-il qu’on se rappelle qu’avec l’âge, les choses de la vie se révèlent de moins en moins innocentes, mais, au contraire, plus sombres et douloureuses ?

Alors, après avoir ri à ses bêtises, on se laisse avoir, naïvement, en tournant les pages : on veut les croire encore légères mais on se laisse prendre à la gorge par d'autres émotions : sous haute tension face aux conséquences de ses actes, submergés par l’empathie, émus par la relation avec son beau-père (et le vieux voisin), étonnés de rire encore alors que les évènements ne s’y prêtent guère et enfin, surpris par les clés (de lecture) que nous offre l’auteur lors des dernières pages…



Je me suis vite attachée à ce gamin puis à cet adulte pas toujours très futé mais sensible et décalé. On aimerait -de temps à autre- le voir plus heureux, qu’il se range des voitures ou encore pouvoir appuyer sur ‘’pause’’ (et que cela lui permette d’être plus proche et aimé de son entourage ; ça, c’est pour mon côté fille fleur bleue). Mais, que voulez-vous ? N’est pas saint qui veut... (Et d’ailleurs, faudrait-il déjà le vouloir). Pourtant, j’avoue que je l’aurais bien pris sous mon aile, ce vilain petit canard (du moment qu’il épargne mes chaussures…).



J’avais découvert l’auteur Pete Dexter avec un autre roman « Paperboy » (très bon polar « noir », que je vous recommande au passage. Pour la petite info, Pete Dexter a été journaliste d’investigation.).

Mais, ce roman-là est d’un tout autre genre : plus intimiste, à la fois jubilatoire et poignant. La 4ème de couv’ parle du livre comme « le plus personnel » de Dexter et de Spooner comme son « double de fiction ». Ses remerciements à la fin du roman en sont la preuve (et confirment son humour -parfois, un brin noir-).

On connaissait un premier et fameux Dexter et ses hobbies sanguinolents, on en découvre un autre, moins saignant certes (quoi que ?) mais ne manquant pas de qualités aussi. Un Dexter qui, faute de savoir manier le scalpel ou le tranchant du couteau, sait manier le verbe (je n’ose écrire ‘’avec dextérité’’), jouer avec les mots -qui font mouches-, les images et les situations, comme il joue avec nos sentiments.

En plus de si bien nous croquer ces personnages (d’autres lecteurs pourraient contre-attaquer en disant qu’ils sont un peu des « clichés faciles »… mais à mes yeux, non, parce que c’est surprenant, drôle, déjanté et touchant. Je l’ai déjà dit, ça ?), c’est aussi pour lui l’occasion de nous dépeindre cette Amérique des années 60 et plus, son ambiance rétro, ses classes pauvres ou moyennes et les valeurs de l’époque (sur fond un peu raciste et conservateur.)…

Vous ne serez donc pas étonnés que je ne m’arrête pas à ces deux romans et que je salive d’avance à mon prochain Dexter…



P.S. : chers lecteurs dont je me délecte fréquemment des conseils et critiques, j’implore votre grande indulgence quant à ma première « critique ». Je ne m’y serais certainement pas risquée sans la forte pression d’un des Maîtres de la Critique Babelio. Je le remercie néanmoins pour sa patience et ses encouragements et lui dédie cette 1ère (et peut-être ultime) critique. Il saura pourquoi…

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God's Pocket

God’s Pocket, c’est un quartier ouvrier de Philadelphie, Pennsylvanie où gravite toute une population hétéroclite : des petites crapules sans envergure mais néanmoins à la solde de mafieux plus sinistres, des paumés, des travailleurs sans espoirs, des combinards plus ou moins chanceux, les prolos, les accros aux courses, des pieds nickelés fatalistes et malheureux.



Ce quartier, c’est comme une petite ville dans la grande. Il y a le café « du coin », le « Hollywood » qui fait tout sauf rêver. La brave marchande de fleurs « du coin » qu’il ne fait pas bon pousser trop dans les orties et même Jack le croque-mort pervers « du coin ». Toute une communauté bigarrée où tous se connaissent mais ne s’aiment pas forcément.



Ce quartier existe vraiment à Philadelphie avec un nom un peu différent : « Devil ’s Pocket » – juste le contraire donc du titre du bouquin, quel clin d’œil à la réalité ! Le nom viendrait d’une expression qui dit que « les enfants du quartier – des petites frappes - seraient capables de voler une chaine dans la poche du diable en arrivant en enfer », traduction approximative de « they'd steal a chain from the devil's pocket when they reached hell ». Seraient-ils capables de voler dans la poche de Dieu aussi ?



On parle de quartier pauvre et déshérité, quartier où se côtoient toute sorte de misère sociale, d’un camionneur qui ne fait visiblement pas parti du fameux « syndicat », d’une femme qui rêve d’évasion et d’avenir meilleur, du truand local surnommé « Bird » qui perd les pédales (ça aussi c’est drôle !) quand le haut du panier de la pègre décide de lui faire un sort. Exit le caïd.



L’histoire ? Léon, un gars un peu trop rapide avec sa lame, un poil trop nerveux et parano se retrouve refroidi par un ouvrier du chantier de construction sur lequel il bosse (avec une nouvelle qualification de « maçon » acquise dans une pochette surprise… allez savoir) pourtant difficile à énerver. Sa mère à qui on ne la raconte pas, ne croit pas une seconde à la version officielle de l’accident malheureux. Son mari, Mickey, brave mec très maladroit et toujours ahuri qu’une si belle femme puisse l’avoir choisi pour mari et qui tremble chaque minute de la perdre, va être chargé (parce que c’est lui qui raque tout bêtement) d’orchestrer un enterrement parfait. Tout le quartier sera là, pas question de faire un loupé.



Ce chauffeur de poids lourds arrondi ses fins de mois difficiles en prélevant quelques beaux quartiers de viandes froides qu’il revend à des acheteurs de barbaque pas très regardant sur la provenance. Évidemment, Mickey n’est pas le « cerveau », il n’est qu’un des maillons de la chaine qui alimente les petits et les grands mafieux. C’est surtout le roi des combines foireuses.



Puis il y a un journaliste sur le retour, un peu paumé, très alcoolo se retrouve à devoir chroniquer ce fait divers. Shelburn (c’est son nom) se rend sur place, en quête d’éléments un tant soit peu intéressants pour son article. Il met le doigt sur un os… Paré malgré tout de toutes les qualités puisqu’ étranger au quartier. L’étranger est forcément fascinant, vaguement exotique, il cristallise tous les fantasmes. Mais c’est aussi celui qui dérange. Celui qui divise, qu’on envie, qu’on admire éventuellement mais aussi celui qui rassemble finalement le quartier de façon inattendue en stimulant leur communautarisme. D’aucun se découvrent solidaires sur un malentendu.



Le roman est parsemé de situations burlesques et cocasses, glauques et invraisemblables (j’aimerai d’ailleurs voir ce que donne la version cinématographique) qui m’ont fait… mourir de rire ! Juste pour exemple, je citerai l’épisode sordide mais désopilant : celui où Léon « la lame » se retrouve entreposé dans le camion de Mickey au milieu d’une cargaison de barbaque toutes aussi froide que lui. Une situation digne des frères Coen !



Ici les emmerdes volent en escadrille pour reprendre une expression célèbre chez nous, c’est le cas Léon en premier lieu, pour Mickey, pauvre bougre sur lequel tombent tous les malheurs du monde, pour Joannie qui est prête à n’importe quoi pour trouver un salut illusoire, pour « Bird » le truand guignard, pour smilin’ Jack qui attend sa prochaine arrestation avec résignation, pour McKenna le chef de chantier qui a couvert son ouvrier, pour Shelburn n’en fini pas de courir après son passé, pour tous ces laissés pour compte de la vie.



Il n’y a pas vraiment d’enquête, puisqu’on connait dès le début le coupable. C’est le prétexte à satire sociale d’une banlieue déshéritée des States. Juste un type malchanceux, chroniqueur célèbre sur le déclin qui s’amourache de la plus belle femme du quartier et qu’il décide de magnifier faute de coupable dans un dernier article flamboyant de lucidité le fameux quartier de God’s Pocket.



C’est beau comme la « mort du Cygne » du fameux ballet d’Anna Pavlova. C’est le chant des sirènes des pauvres bougres piégés dans leur propre histoire. C’est beau mais c’est écrit avec beaucoup d’humour. Du coup, ça donne un peu de légèreté à ce qui aurait pu n’être qu’une longue liste de naufrages. Ça aurait pu sombrer dans le mélo et le pathos le plus total. Au lieu de ça, c’est un étonnant roman noir, drôlement cynique digne des Ellroy, Lehane, Chandler, Goodis et bien d’autres…



En bref: j'ai a-do-ré!

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Deadwood

Bienvenue à Deadwood, Dakota du Sud en pleine conquête de l’Ouest et ruée vers l’or. La ville est située aux pieds des Black Hills, territoire des indiens.



Dès les premières pages, on rencontre Will Bill Hickok et son acolyte Charley Utter qui arrivent en ville pour prospecter afin de s’installer durablement sur ces terres en pleine expansion. A leur arrivée, effectivement comme cela est précisé en quatrième de couverture « un mexicain se promène avec une tête d’indien et un certain Boon Mai se promène avec une tête de fugitif ». Le ton est donné, la lecture ne sera pas catégorisée dans les romans jeunesses !



On découvre les véritables vies de Wild Bill, Charley, Calamity Jane Cannary, le pasteur Smith, Al Swearengen, Seth Bullock, Jack McCall… une palette de personnages uniques, atypiques et hauts en couleur. Ils ont participé à la construction de cette ville qui compte aujourd’hui 1300 âmes et dont le cimetière est rempli des noms susmentionnés.

C’est donc plus qu’un roman, c’est un moment d’histoire avec des personnalités fortes de l’époque. L’auteur est respectueux des dates, des moments historiques et des biographies des protagonistes.



Le livre est truffé de rebondissements, pas de temps morts ou de mots de trop.

Les personnages principaux ou annexes sont véritablement improbables et le cadre est typique : des saloons, des bordels, des hors la loi, des chercheurs d’or ou des mineurs, des shérifs, son quartier chinois… c’est très rude et très fleuri mais j’ai passé un extraordinaire moment de lecture.

Je recommande aux amateurs des genres western, roman noir et biographie.
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Cotton Point

Scène de racisme ordinaire dans une petite bourgade du sud des Etats-Unis au début des années 50 : Paris Trout, notable, épicier - banquier- usurier de son état , va abattre froidement une adolescente noire en représailles de créances impayées par un membre de sa famille.Contre toute attente, ce sinistre personnage va échapper au pénitencier en raison de l' indulgence d' autorités corrompues ( juges, avocats , policiers...) . L ' auteur dresse là un tableau aussi impitoyable qu' édifiant de cette époque peu glorieuse de l' histoire de son pays.Je retiendrai de ce récit la personnalité très dérangeante de Paris Trout - lequel apparaît au fil du récit , froid, brutal, borné, raciste, pervers, impulsif, retors et en fin de compte paranoïaque - ainsi que le descriptif psychologique minutieux de chacun des protagonistes du récit. Même si on ne peut pas vraiment qualifier ce roman de policier , en l' absence de mystère quant au meurtre initial, le dénouement réserve au lecteur un final inattendu que je ne dévoilerai pas.
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Deadwood

Deadwood

Traduction : Martine Leroy-Battistelli



ISBN : 9782070337248



"Deadwood", littéralement "Bois Mort", est probablement le livre que, compte tenu de certaines circonstances extérieures, j'aurais mis le plus de temps à lire dans toute mon existence. Et pourtant, c'est un bon roman même s'il n'a pas l'ampleur épique habituelle à un hymne nostalgique à la gloire du Far-West, ce Far West désormais si éloigné dans le temps que les descendants des pionniers, englués dans une violence de plus en plus puissante en raison des intérêts financiers, des gangs, de la drogue et de la situation internationale actuelle (qui n'a rien de stable, nous le savons bien, nous aussi, en Europe) se retournent souvent pour contempler avec mélancolie ces ombres figées dans le passé.



Un passé qui était si simple, un passé que célèbre encore la country music. Il y avait - en tout cas au cinéma jusqu'à l'arrivée de Sergio Leone dans le paysage - le bon (toujours habillé de blanc et rasé de près) et le ou les méchants (habillés de noir et mal rasés), les entraîneuses du saloon, garces ou filles au grand cœur, et les femmes honnêtes, celles qui appartenaient à la petite bourgeoisie des commerçants et les simples épouses de fermiers. Il y avait aussi les Indiens (forcément féroces jusqu'à ce que l'on commençât à se poser des questions honnêtes sur ce qu'ils avaient pu ressentir devant l'invasion des Blancs) et les Mexicains (endormis au soleil ou alors tirant dans tous les sens en poussant des clameurs de joie). Un chien ou deux qui passaient dans des rues écrasées de soleil et de silence. De temps à autre, il y avait des guerres, celle du Mexique ("Remember the Alamo !" avec l'admirable version de Johnny Cash ) mais aussi la terrible Guerre de Sécession (que les Américains, toujours pragmatiques, appellent "the Civil War"), le prototype d'une guerre qui, au siècle suivant, allait envoyer tout le monde dans les tranchées de l'Horreur, la guerre 14-18, et établir définitivement (en tout cas pour un temps) la puissance financière et sociétale des Etats-Unis d'Amérique.



Et puis, bien sûr, il y avait les hors-la-loi. Au pays de la statue de la Liberté, ils eurent souvent d'étranges destins. Certains d'entre eux, comme Jesse James et sa bande, directement issus de la Guerre de Sécession, finirent par être tenus par des héros. Billy the Kid n'était pas, dans sa jeunesse, un si méchant garçon. Combien encore pourrait-on citer ? Tous en tout cas, qu'ils fussent de véritables délinquants ou de simples tueurs à gages embauchés par une ville exaspérée d'être rackettée par des bandes de brigands authentiques afin de la débarrasser une fois pour toutes de cette plaie, ont leurs noms, inscrits en plus ou moins gros caractères dans l'Histoire du Far West - bien que, pour la plupart, on ne se rappelle plus là où ils furent enterrés.



"Deadwood", ville qui s'établit illégalement sur le territoire indien dans les Black Hills, lors de la Ruée vers l'Or provoquée par le général Custer, fut détruite dans un incendie en 1879. Reconstruite, elle est classée aujourd'hui au Patrimoine national américain. (Elle a au passage inspiré l'excellente série éponyme HBO, qui se base en partie sur le roman de Pete Dexter.) Une ville de légende, donc, où repose la dépouille de Wild Bill Hickok (de son vrai nom James Butler Hickok), qui y fut assassiné le 2 août 1876, d'une balle dans la tête, alors que, fait exceptionnel chez lui, il avait accepté de s'asseoir dos à l'entrée du saloon. Il était alors en pleine partie de poker et tous les amateurs de western connaissent la main qu'il avait lorsque la Mort le surprit : huit de trèfles, as de piques, as de trèfles et huit de piques, la cinquième carte, restée couverte, étant sans doute le neuf de carreaux. Cette combinaison prit par la suite, dans le milieu des joueurs, le nom de "Dead man's hand", soit "la main du Mort" - et c'est le nom qu'elle porte encore.



Repose aussi à Deadwood la dépouille mortelle de la célèbre Martha Jane Cannary, qui se surnomma elle-même "Calamity Jane." Autre figure légendaire de l'Ouest américain, elle eut une fille, peut-être de Hickok, et revint mourir, de ses nombreux abus alcooliques et aussi de sa lassitude face à une existence qui ne lui avait donné pour avantage qu'un redoutable talent de tireur, là où gisait Wild Bill Hickok depuis vingt-sept ans, à Deadwood. Le fantasme de Calamity Jane reste d'avoir été l'épouse légitime de Hickok. Il semble que celui-ci n'ai jamais eu qu'une seule épouse de ce type, la funambule Agnes Lake. Quoi qu'il en soit, comme Wild Bill partit pour Deadwood en compagnie de Calamity, pour l'or mais aussi parce qu'il avait besoin de "changer d'air" - le frère de Custer lui-même rêvait de lui faire la peau - il est possible que, dans un moment de beuverie ou peut-être attirés l'un par l'autre par leur "célébrité" respective - tous deux étaient entrés, vivants, dans la légende de l'Ouest - ils aient eu une brève liaison.



Cette hypothèse est violemment rejetée par Pete Dexter en la personne de son héros principal, celui qui raconte l'histoire à la troisième personne et qui n'est autre que Charley H. Utter, dit "Colorado Charley", autre figure, moins connue il est vrai, du Far-West, qui s'était lié avec Wild Bill et s'était donné pour mission de veiller sur lui. Hickok buvait en effet beaucoup, sans perdre pour autant sa redoutable habileté au pistolet. Comme, en ce temps-là, beaucoup de jeunes gens rêvaient de se faire un nom en abattant un tireur aussi réputé, Hickok, même quand il ne les recherchait pas, s'attirait beaucoup d'histoires. Et il agissait parfois en état de légitime défense. Dans le roman, Hickok sent qu'il arrive au bout du rouleau - il est presque certain qu'il est atteint de la syphilis et, sur les conseils des médecins de l'époque, se badigeonne tous les jours de mercure, ce qui, de surcroît, l'empoisonne lentement - et que sa fin l'attend à Deadwood. Comme il devient peu à peu aveugle, Charley a une seconde raison de veiller sur lui - tout en s'assurant que Wild Bill ne s'en aperçoive pas.



Pete Dexter a retenu beaucoup de détails sur Charley Utter : sa taille peu élevée (1,65 m), son élégance et une manie qui surprenait beaucoup à l'époque, y compris ses amis les plus proches : sa volonté affirmée de se baigner tous les jours. Ce qui permet d'ailleurs à l'auteur d'introduire ce personnage si attachant qu'est l'Homme au Bouteilles, surnom du préposé aux bains de Deadwood, un "fou" qui, très souvent, exprime la voix de la sagesse dans cet univers de violence où, à leur arrivée, Wild Bill et Charley voient deux hommes trimballer, chacun à sa façon, deux têtes coupées. Le premier est un Mexicain qui la tient à la main, debout sur son cheval. Le second est Boone May (probablement, mais en beaucoup plus laid que l'original, Daniel Boone May), qui se promène avec, dans une sacoche, la tête d'un hors-la-loi qu'il vient d'abattre contre récompense.



La plupart des personnages qui apparaissent dans le roman ont d'ailleurs existé - cherchez par exemple le nom de Lurline Monte Verdi et vous trouverez tout ce que vous voulez sur le Net ; idem pour Seth Bullock et Solomon Star -, tout comme le Deadwood dépeint par l'auteur et qui a évidemment beaucoup changé lors de sa reconstruction. C'est pourquoi l'on est en droit de déplorer que le texte ne soit pas empreint de ce souffle qu'on attend en général dans ce genre de cas. Hickok est présenté comme obsédé par "la célébrité" et il est si silencieux que le lecteur, malgré tous ses efforts, ne parvient pas vraiment à savoir ce qu'il pense, ni ce qu'il est ou a été vraiment. Le personnage de Calamity Jane, malgré le refus de toute idylle entre Hickok et elle, est tout de même plus fouillé et sonne plus juste. Mais Dexter n'aurait pu, il est vrai, effacer les efforts remarquables qu'elle accomplit lors de l'épidémie de variole qui sévit à Deadwood, puis à Cheyenne. Il omet par contre de préciser que les obsèques de Martha Jane Cannary furent vraiment imposantes et que tout Deadwood vint rendre un hommage appuyé à celle qui avait sauvé tant de malades de la variole, à tel point que l'homme qui ferma son cercueil n'était autre que l'un des bébés qu'elle parvint à ramener à la vie.



En ce qui concerne Charley Utter, Dexter adopte la version qui veut qu'il soit mort au Panama, en 1912, emportant avec lui les souvenirs d'une vie riche en excès, en bizarreries et en amitiés étranges.



Tel qu'il est, ce roman colle au maximum, à mon avis, à la réalité mais le style demeure plat (peut-être à dessein d'ailleurs, pour combattre l'emphase avec laquelle Wild Bill Hickok, Calamity Jane, Jack McCall - l'assassin de Bill - l'infâme proxénète Al Swearingen, et tant d'autres comme William Cody, dont le nom est cité çà et là - car Wild Bill comme Calamity travaillèrent pour lui - s'acharnèrent à raconter, voire à s'inventer des exploits). Si l'on peut comprendre le désir de l'auteur de s'en tenir aux faits et rien qu'aux faits (en introduisant cependant quelques personnages fictifs comme l'Homme aux Bouteilles ou la touchante Poupée Chinoise), on serait tenté d'affirmer qu'il a trop bien réussi. Un peu plus de flamme eût été nécessaire. On sort donc de là un peu déçu mais avec le désir de se renseigner un peu plus sur tous ces personnages atypiques qui défilèrent à Deadwood. Et de trouver un livre, roman ou pas, qui rende un peu plus justice à ce qu'ils portaient en eux - sans s'en rendre pleinement compte - de flamboyant et d'exceptionnel. Et puis, bien sûr, les habitués de la qualité HBO courront se procurer l'intégrale de la série (3 saisons en tout). ;o)
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Train

Au coeur de l'Amérique raciste, Train est caddie de golf et se révèle rapidement être un golfeur talentueux.



Un seul problème, sa peau est noire.



Dans ce roman noir, Pete Dexter est sans concession pour la société qu'il décrit et pour les nerfs de son lecteur.



Accrochez-vous.



Axel Roques






Lien : http://axel-roques.iggybook...
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Deadwood

Bienvenue à Deadwood, ville du Dakota du Sud en plein essor au moment du récit des faits par Pete Dexter, ville représentative de l’Ouest américain des années 1870-1880, bien loin du monde bisounours de John Wayne et consorts. Ici, tout est crade, voire malsain, de la principale avenue boueuse qui n’a pas encore été aménagée, aux bordels essaimant déjà la ville, en passant par la majorité des hommes et femmes qui y vivent ou n’y font que passer.



A partir de célébrités de ce Far West et d’évènements historiques les concernant – je connais bien trop peu ces personnages pour savoir à quel moment nous sommes face à la réalité ou la fiction -, l’auteur nous dépeint cet univers avec beaucoup de dérision malgré des situations souvent limites, notamment par l’intermédiaire de dialogues parfois truculents qui m’ont fait songer aux meilleures scènes de tous les Sergio Leone que j’ai pu voir. A travers cinq chapitres centrés sur un personnage – Wild Bill Hickock ; « La poupée chinoise » ; Agnès Lake, la femme de Bill ; Calamity Jane ; Charley Utter, le compagnon de route de Bill qui sera d’ailleurs au cœur de tous les chapitres, nous est décrit le quotidien de cette ville au plus près de la crasse qui l’entoure, sans fioritures ni prise de gant : en somme, c’est efficace et prenant, ça se lit tout seul, sans être pour autant remarquablement écrit. Et ça m’a remis en mémoire la géniale série inspirée de ce roman produite par HBO il y a de cela déjà pas mal d’années, mais qui n’a malheureusement jamais été terminée.
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Paperboy

C’est dans le comté de Moat, quelque part dans le fin fond de la Floride qu’Hillary Van Wetter a été arrêté pour le meurtre du shérif puis jugé et condamné à mort. Dans le Sud Profond, à la fin des années 1960, c’est le genre d’histoire qui a tôt fait de finir aux oubliettes, surtout quand, comme ici, le crime a trait à une apparente vendetta familiale. Elle finit pourtant par attirer l’attention de deux étoiles montantes du Miami Times interpelées par la fiancée de l’accusé et qui voient là l’occasion de faire dans le nouveau journalisme et de gagner encore en reconnaissance. L’un, Yardley Acheman, se prend pour un écrivain tandis que l’autre, Ward James, dévoué jusqu’à l’obsession à la quête de la vérité, est de plus originaire du comté. Accompagnés par le jeune frère de Ward qui leur sert de chauffeur et qui est le narrateur de cette histoire, les deux jeunes hommes s’engagent dans une enquête qui va les hanter bien après qu’ils aient achevé leur article.



En choisissant le jeune Jack comme narrateur, Pete Dexter donne à l’histoire le recul nécessaire et une certaine innocence à cette description d’un monde en mutation mais encore bien enraciné dans ses mœurs anciennes faites de ségrégation, de repli, de violence et de petits arrangements entre notables. Ainsi nous immerge-t-il dans une Floride étouffante, suffocante parfois, dans une vie provinciale qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un panier de crabes que n’aurait pas renié Jim Thompson où se mêlent violence des sentiments et tensions sexuelles.



« Chaque soir, après le travail, je rentrais en voiture à Thorne jusqu’à la maison de mon père, en pensant sans arrêt à Charlotte Bless. Peut-être avez-vous vu des chiens se rouler dans l’herbe sur une charogne pour imprégner leur poil de son odeur. Moi, je la désirais de cette manière ».



Si le décor est primordial, tout comme la description d’Hillary Van Wetter et de son clan de dégénérés consanguins qui vivent au milieu des marécages, là n’est pas tant le sujet principal du roman de Dexter. Derrière lui, et en suivant le fil conducteur que représente cette contre-enquête en faveur d’un accusé détestable et dont on finit par se soucier assez peu de savoir s’il est vraiment innocent tant cela paraît improbable, Pete Dexter revient à ses thèmes de prédilection : l’amour fraternel et filial et ses limites, les différentes faces de la vérité, ou comment les faux-semblants peuvent à leur manière refléter cette vérité, la description d’une folie et d’une violence socialement acceptées et, bien entendu, en résonnance avec sa propre expérience, jusqu’où le journaliste peut payer de sa personne.



Partie sur un rythme indolent et aussi pesant que la moiteur de ce coin de Floride, l’intrigue s’accélère peu à peu pour nous révéler toujours un peu plus l’âme des personnages et en particulier de ce duo dissemblable et complémentaire de journalistes qui suivent des quêtes bien différentes – la vérité pour l’un, la gloire pour l’autre – avec la même opiniâtreté.



Comme de coutume, Pete Dexter nous offre donc un roman singulier doté en particulier d’une narration faussement naïve mais admirable qui ferait de Jack une sorte de gonzo-journaliste infiltré chez les tenants provinciaux du nouveau journalisme.

Avec ce petit truc en plus, cette description toujours forte chez Dexter, de la difficulté de personnages faussement monolithiques à exprimer l’amour et à s’extraire de la noirceur, et quelques explosions d’une violence terrible même si elle n’est pas toujours physique. Sans un mot en trop, sans artifices. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire Pete Dexter, dites vous qu’il serait dommage de passer à côté.




Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Deadwood

Avec Deadwood, Pete Dexter, produit tout à la fois un roman noir et un western. Il ne s’agit pas d’un un policier, contrairement à ce qu’avance l’éditeur mais d’un roman atypique qui a été adapté au cinéma et en série télévisée.



Le western retranscrit ici la vie de tous les jours à Deadwood, une ville qui s’est construite grâce aux prospecteurs d’or, aux immigrants et à toute une société interlope que le lecteur va progressivement découvrir. Le ton est ici dur, brutal, scatologique (non cette flûte-là n'est pas un instrument de musique). Ce n'est certes pas de la grande littérature mais de quelque chose de profondément viril, misogyne et violent. Les sentiments suscités par cette lecture sont nombreux et ambivalents, aussi vaudra-t-il mieux les réserver à un public averti.



L’âme humaine est ici dépeinte dans ce qu’elle offre de moins bon (le pire est toujours possible) : meurtres impunis, folie progressive, viols, violence physique, psychologique et verbale, alcoolisation permanente. Tout cela est très sombre. A une écrasante majorité, les personnages sont directement issus de ce terreau et croissent en conséquence.



Il n’y pas vraiment d’intrigue ici. L’histoire se décompose en cinq parties dont une est une rapide conclusion. Les quatre autres ensembles sont liés entre eux, forment un tout, mais n’offrent pas de fil rouge, sinon celui de Deadwood. Le narrateur omniscient s’intéresse à plusieurs personnages, mais c’est essentiellement Charley Utter qui bénéficie de son attention et devient de fait le protagoniste. Celui-ci fera exception à la règle en étant plus sympathique que les autres personnages.



Plusieurs célébrités sont également mises en scène : Wild Bill Hickok et Calamity Jane. Leur présence est bien répartie de manière à toujours avoir une guest-star sous la main. La galerie des personnages secondaires est également fournie et intéressante : la Poupée chinoise, Agnès, Malcolm, Solomon Star, le shérif et surtout un bien curieux sbire : l’homme aux bouteilles.



Le destin de chacun d’entre eux est un petit temps fort. Il est difficile d’anticiper la direction prise par l’auteur, qui nous offre plusieurs belles surprises. La succession de nombreuses péripéties fait ici office l’histoire et complète cet effet de croisée des chemins. Cette absence d’intrigue unique au profit d’une multitude d’histoires est surprenante bien qu’un peu lassante, puisque le roman dépasse de peu les six cents pages. Le dénouement imprévu se fait également attendre.



Il s’agit donc ici d’un roman particulier qui suit ses propres règles. Il devrait tout naturellement plaire aux adeptes de western et de romans noir.
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Paperboy

Dans une Floride endormie, un sud des Etats-Unis poisseux et sensuel, une folle hypersexuée demande à un journaliste d'enquêter sur le meurtre qui a envoyé son promis derrière les barreaux: elle est persuadée que cette brute notoirement violente est innocente.



Paperboy, journaleux. Sous les yeux impuissants de son frère, jeune athlète à l'équilibre psychique fragile, le journaliste s'enfonce dans l'enquête, cherchant désespérément la vérité d'un scoop pour assumer les vérités de sa vie. Plus il avance, plus la vérité se dérobe...



Mais l'élucidation de ce meurtre n'est pas la pièce capitale du roman, - même si je vous rassure, la fin de son livre délivre son lot d'explications, histoire de ne pas flouer complètement le lecteur. Car pour Pete Dexter, la vérité vraie n'est au final pas très importante, peut-être tout simplement parce qu'elle est impossible à agripper.



Alors ce qu'il nous raconte avec force et âpreté, ce sont des marécages cernant ces deux frères, leur famille disloquée, une nymphomane de quarante cinq ans qui fantasme sur un sadique, des cajuns hostiles qui vivent dans les "swamps" comme si le temps n'existait plus, le rapport des journalistes à leurs histoires... Ce que les gens sont et vivent.



Le livre flirte avec un imaginaire border et évite les clichés, malgré une surenchère de situations trash. La structure du roman est classique, le monde que donne à voir Pete Dexter ne l'est pas, ni non plus les réponses qu'il donne aux questions qu'il pose. Lisez le, c'est vraiment super bien.



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Deadwood

Comme souvent (toujours ?) chez Pete Dexter, le fumet des plats donne davantage l'appétit que le passage à table proprement dit. Deadwood assemble une somme d'idées intéressantes et leur exploitation fait véritablement sensation. Croiser les destins de Wild Bill ou Calamity Jane au milieu de la foule créée par l'auteur fonctionne plutôt bien. Faire naviguer ces personnages uniquement dans les Black Hills et particulièrement à Deadwood est également une réussite. Cela donne à la ville un statut emblématique, la fin du livre le révélant complétement. De même, la rélation qui relie Colorado Charley au maniaque des bouteilles, lui servant de conscience au milieu de tout ce déchainement de violence, lui permettant par sa folie de retourner sa propre image au travers du miroir d'eau figuré par le bain est une très bonne idée. Ces temps calmes sont la réussite indéniable du bouquin.

Malgré tout la sauce ne prend pas tout à fait, Pete Dexter s'empare de trop de clichés (les putains, l'alcool, la violence) et échoue à en tirer un tout enrichissant. Il n'y a pas de roman, on suit vaguement les errances de Colorado Charley, ami de Wild Bill, mais guère plus. Le livre méritait une fresque plus large, moins confinée parce qu'à le lire, on ne distingue que quelques personnages et seconds rôles au milieu d'une foule dont les contours flous nous échappe pour beaucoup.

Le western rend des compte à un genre bien précis. Cependant, qui en voudrait à Jeffrey Lent et James Carlos Blake ou Cormac McCarthy de les avoir balayé d'un revers ? Pete Dexter donne l'impression de ne s'être emparé que du côté sulfureux de Deadwood, ses putes, sa violence et qu'il a échoué à rendre compte plus largement du destin de la ville.
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Spooner

Suite à mon inscription au défi Babélio : « Challenge USA : un livre, un état», voici un pavé, roman de plus de 500 pages sur la vie d’une famille de la classe moyenne américaine durant la deuxième moitié du vingtième siècle. L’histoire débute en Géorgie et se déplace au gré des déménagements en Illinois, Pennsylvanie, Dakota du Sud et enfin en pleine nature, sur l’ile de Whidley dans l’état de Washington.

Nous suivons, plus particulièrement, Spooner, né en Géorgie dans les années 50 qui, dès sa naissance, pose problème. Toute sa vie, il éprouve un « désagréable sentiment d’impuissance et d’inutilité ».

J’ai eu parfois l’impression de ne pas comprendre les réactions de Spooner mais je pense que justement, l’auteur laisse une part importante d’interprétation au lecteur.

Cependant, c’est un livre très agréable à lire. Les scènes sont précises, bourrées de détails cocasses et non dénuées d’humour. Les nombreux détails apportent du réalisme, nous vivons au côté de Spooner et cherchons avec lui, un sens à sa vie.

C’est un coup de cœur, un livre que l’on a du mal à quitter et dont le souvenir m’accompagnera encore lontemps.

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