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Critiques de Peter Heller (353)
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La constellation du chien

C'est vrai que le style est déroutant au début, tous ces blancs entre les paragraphes, les phrases contenant uniquement le mot "Mais."... Une bonne partie du livre est consacrée à la routine sécurisante mais mortelle du couple improbable que forment notre héros pilote, Hig, et son compagnon d'infortune, Bangley, le tireur d'élite. Mais Hig s'en va en repérage seul avec son chien et son avion. A partir de là, tout part à vau-l'eau, et c'est là que mon intérêt s'est émoussé.

Ses repères sont bousculés, mais Hig se sent revivre, et ça, ça vaut tous les dangers, toutes les pertes. Et puis il y a cette femme... Mention spéciale à la scène d'amour !

En fait, dans cette société post-apocalyptique, les rares personnages découvrent, malgré la violence quotidienne qu'exige leur survie dans ce monde décimé, malgré la résurgence de leurs souvenirs qui se changent en regrets, où réside l'essentiel : l'attention prêtée à chaque instant, la caresse d'un rayon de soleil, le bruissement des feuilles dans le vent et la contemplation des étoiles avec l'être aimé...

Faut-il en arriver là pour réapprendre à vivre ?
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La constellation du chien

Attention Chef d’œuvre absolu !!!

Bon , ok, je vous vois déjà froncer les sourcils. Je rectifie : j’ai adoré ce livre . En fait c’est ce que j’attends de la littérature : le pas de côté, le saisissement, l’éblouissement. Ressortir d’un livre avec quelque chose en plus, définitivement à l’intérieur de soi. « La Constellation du Chien » est en fait un p…. de chef d’œuvre. Oui voilà, n’ayons pas peur des mots. Car les mots de Peter Heller sont étincelants d’intelligence, d’intuition esthétique, de propositions ontologiques.

On a qualifié le livre de récit post-apocalyptique poétique mâtiné de Nature Writing. Pourquoi pas.

Je me retrouve complètement dans l’excellente critique de Chrystèle, à l’époque @HordeDuContrevent, qui dit magistralement l’essentiel .

Je ne reparlerai donc pas de l’histoire mais de ce qu’elle m’a fait vivre.

J’ai d’abord perdu mon exemplaire……dans le désert mauritanien, là où l’apocalypse a déjà commencé. J’en ai racheté un pour le lire dans mes montagnes, qui n’ont rien à envier aux Rocheuses du Colorado. Mais. Ici il n’est pas question de survie, c’est sûr. Quoique. Bientôt plus de neige, d’agriculture de montagne, d’élevage. Je n’ai pas besoin de Sig Sauer. Une vieille Tenkara est mon arme la plus redoutable.

Peter Heller parle donc à travers son émouvant personnage principal, Hig.

Le récit est fameux pour son alternance entre scènes Mad-Maxiennes et descriptions géniales de la Beauté surgie du désastre. Dans un monde ravagé par une épidémie et le réchauffement climatique !!!!

L’auteur nous parle de la dualité de toutes choses : vitesse /immobilité, danger/ sérénité, bonheur / perte etc…

Le récit est haletant, souvent d’une beauté à couper le souffle qui surgit de belles trouvailles syntaxiques ( le « Mais. » ) et d’un travail étonnant sur les oxymores .

Hig est le héros pathétique et valeureux d’une tragédie en trois actes :

-l’attelage Hig-Bangley règne sur un aéroport miraculeusement préservé en compagnie du chien Jasper et d’un antique Cessna « la Bête »

Ils tuent , chassent, pêchent et cultivent .

Hig part à la découverte de son destin, bien caché dans de somptueuses gorges qui s’assèchent inexorablement

Hig est de retour avec Cima et Papa.

Ce livre magistral sur l’amour et l’amitié tient tout entier dans un poème chinois du IXe siècle qui va le conclure «….. Et je te dirai quel souvenir j’ai eu de toi. »

C’est ce que je retiens : la beauté jaillit toujours de l’éphémère, du souvenir.

Et c’est ce qui me met encore la banane à l’heure où j’écris, dans un crépuscule brumeux mais délicieusement orangé.

À lire d’urgence. À Chinguetti ou à Petaouchnok. Avant la fin du monde.
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La constellation du chien

La constellation du chien est une ode à la nature d'un futur dévasté. C'est rude, c'est beau, c'est à lire.
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La constellation du chien

Comme souvent dans les romans post-apocalyptiques, on ignore ce qui a conduit précisément à cette terre ravagée, dépeuplée, si ce n'est une épidémie de grippe ou une mystérieuse maladie du sang...

Il reste Hig, le narrateur, son chien Jasper, le bourru et armé jusqu'aux dents Bangley, et un avion... Si Bangley est prompt à chasser les indésirables, jouant de la gâchette pour défendre leur territoire (un aéroport désaffecté), Hig reste un nostalgique romantique : promenades en forêt, amitié fusionnelle avec son chien, souvenirs émus de sa femme décédée... et surtout l'envie, avec son petit avion, d'aller voir ailleurs, s'il y a quelqu'un...



Ce roman a la particularité de conjuguer récit de survie et de "nature writing" (descriptions de la faune et de la flore, proximité sentimentale avec la nature), et je dirais que c'est assez réussi !

Par contre j'émets un petit bémol sur le dernier tiers du roman, où l'on perd le côté brut et sauvage de la narration...
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La constellation du chien

Cela fait 9 neufs que Hig a perdu sa femme et tout le reste. Une grippe, un mal du sang, ont décimé une grosse partie de l'humanité et les survivants sont devenus rares et dangereux.

Sur un ancien aérodrome, à Erie, dans le Colorado, avec son fidèle ami Jasper - son chien, et son plus proche voisin Bangley, la vie ne s'écoule plus, elle se combat.

Hig, retrace alors son passé, sa vie d'avant, la vie qu'il aurait voulu, dans ce paysage désolant et à la fois de toute beauté, en se raccrochant à son chien, un espoir vain, un avenir qu'il ne peut imaginer.
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La constellation du chien

Pour certains ce livre est un des plus remarquables de ces dernières années et ce n'est pas faux (ni tout a fait juste) même le sujet m'a glacé parce que ce roman post-apocalyptique a des airs de possible. Peter Heller se confronte à un genre surexploité et pourtant il nous livre un récit d'une grande modernité à mi-chemin entre une histoire de résilience et une fable écologique.

Dans un "monde fini" voué à une violence terrible le héros Big Hig qui doit tuer pour survivre, voue un respect profond à toute forme de vie.



Découpé en 3 livres qui témoigne de trois grandes étapes du récit, l'histoire est narrée par Big Hig.

Livre Premier, Hig nous raconte ce monde fini ; la planète continue de tourner, le jour de se lever, les constellations de briller mais le tigre, l'éléphant, les grands singes, la mésange, la baleine grise, la tourterelle turque, la truite... ont irrémédiablement disparu.

On suppose, sans certitude, qu'il s'agit du réchauffement climatique. Celui-ci, associé à une baisse des défenses immunitaires et au développement des virus, a conduit l'humanité au bord de l'extinction. Les humains restant s'entretuent sans aucun état d'âme.

Avec son chien Jasper, Hig vit dans un aérodrome de campagne. Du haut de son petit avion de tourisme un Cessna, il surveille le territoire qu'il partage avec Bangley. Cet unique voisin, taciturne et mystérieux n'a qu'une règle pour survivre : tuer tout ce qui passe dans son périmètre.

La mort est omni-présente, celle des hommes mais aussi celle des bêtes qu'il faut chasser pour se nourrir. Des bêtes magnifiques devenues rares. Au milieu de tout ces cadavres Hig continue à voir la poésie et la beauté de la nature. J'ai été un peu troublé par ce personnage qui manie si bien le fusil et la découpe des chairs mais qui reste un amoureux des mots et des étoiles.

Au fil des pages on découvre ce qui s'est passé. L'écriture est hachée car Hig, depuis 9 ans, se parle essentiellement à lui-même.



Livre deuxième - Poussé par le sentiment qu'il y peut-être une vie organisée ailleurs, Hig décide de prendre son avion pour explorer plus loin. Tout en sachant qu'il risque de manquer de carburant, il décolle. Son exploration le conduit dans une vallée inaccessible à pied. Une sorte de miracle ou de mirage vert. Cima et son père qui vivent là ne doivent leur survie qu'à cette difficulté d'accès.

Livre troisième. C'est dans le dénouement spectaculaire du récit que se niche l'espoir que la vie de chacun mérite d'être vécu pour ce qu'elle est. Vivre sans attendre, sans chercher un futur, sans s'engluer dans le passé car comme le dit Cima "c'est drôle de penser qu'on peut passer sa vie à attendre sans même le savoir".
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La constellation du chien

Dystopie.

Le pitch est assez « classique ». Au moins au départ.

Un virus a décimé la quasi totalité des hommes sur terre et bouleversé tout l’équilibre écologique. Les survivants sont rares, et s’entretuent.

Deux hommes ont malgré tout réussi à s’allier pour mieux se défendre. Hig et Bangley occupent un aéroport désaffecté et cohabitent depuis 9 ans. Il faut la mort du chien de Hig pour que cet équilibre très précaire vole en éclats.

J’ai été happé par ce récit, très sombre et violent au moins au début, mais d’une grande sensibilité également.

L’écriture est tout à la fois hachée, oppressante pour décrire l’ultra violence des rapports humains en perte complète de repères puis plus douce, presque lyrique pour raconter la nature, sa résilience, celle des hommes aussi.

Les personnages sont de plus en plus complexes et attachants au fil du roman.

Un roman vraiment captivant.

J’avais delà beaucoup aimé « La rivière » du même auteur, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin avec lui.



Traduction Celine Leroy
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La constellation du chien

J'avais ajouté à ma PAL "la constellation du chien" il y a déjà un moment et je ne me souvenais plus qu'il s'agissait d'une dystopie avant de lire les premières pages.

J'apprécie particulièrement les dystopies, les romans se déroulant dans un futur post-apocalyptique. C'est un style particulier, une atmosphère "à part" dans laquelle j'aime me plonger, parfois.



"La constellation du chien" n'est pas un mauvais roman, il réunit tous les ingrédients typiques de ce genre de livre (la maladie, la violence entre survivants, la mort, la peur de l'autre, la survie, les villes dévastées et j'en passe). Mais j'ai préféré "Station Eleven", j'ai préféré "L'aveuglement" ou encore "Le retour de Janvier" et bien entendu, "La route" que j'avais lu il y a très peu de temps et qui m'a semblé plus percutant, direct et concis.



J'attendais peut être cette pointe d'originalité qui permettrait à "la constellation du chien" de se démarquer des autres romans du genre, mais je ne l'ai pas trouvée.



Cela reste une lecture plutôt facile et agréable, mais qui ne joue pas dans la même catégorie que ses voisins susmentionnés.

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La constellation du chien

Dans un premier temps il faut admettre que l'écriture de Peter Heller peut surprendre. Propos décousus, phrases inachevées. Le livre retransmet la vie Hig de son point de vue, lucide sur la situation mais bien conscient qu'il n'a plus toujours toute sa tête. L'écriture de Peter Heller est telle que son personnage principal.

L'ambiance globale du livre m'a fait penser pour ceux qui l'on vu au film "Into the Wild" sauf que Hig vit avec un personnage atypique, qu'on pourrait qualifié comme le bourrin de base sans peur et sans reproche, j'ai nommé : Bangley. Qui finalement se révèle plus qu'il n'y parait, un fin stratège qui est déterminé à survivre et où pour lequel plus aucun compromis n'est possible avec des personnes venues de l'extérieur. Les survivants, pour ce qu'il en reste, ne viennent pas pour conter fleurette, non s'ils viennent là c'est forcement qu'ils veulent ce que tu as !



La suite sur le blog
Lien : http://laprophetiedesanes.bl..
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La constellation du chien

Je suis loin de partager l'engouement de nombreux lecteurs pour cette Constellation du chien.

Dans le genre roman post-apocalyptique, Robert Merle avec " Malevil" ou Cormac Mac Carthy avec sa " Route" ont fait beaucoup mieux que Peter Heller, dont le style mécanique et plat devient vite horripilant,à force d'utiliser, comme des tics, ces phases courtes, répétitives, ne contenant, parfois, qu'un seul mot...

C'est bien peu pour procurer de l'émotion à son récit, d'autant que les moments hilarants, promis par le résumé de la quatrième de couverture, se révèlent , comment dire... assez laborieux, eux aussi.

Les réflexions métaphysiques du narrateur m'ont ennuyé, surtout que pour un écrivain, que la critique a présenté comme un " écrivain de la nature",ses descriptions du milieu naturel, au milieu duquel évoluent ses personnages, sont trop systématiques pour faire naître l'envoutement contemplatif souhaité chez le lecteur.

Un roman finalement décevant et peu émouvant...
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La constellation du chien

J'ai dévoré en deux jours à peine ce superbe roman sur les conseils de @Hordeducontrevent. Et voilà que je me sens imprégnée de sa belle critique lue il y a trop peu de temps pour que je réussisse à m'en détacher, et à laquelle je vous renvoie donc… Quelques mots, quand même. L'écriture de Peter Heller est magnifique. Il écrit tantôt avec de longs paragraphes lyriques, célébrant les beautés de la nature, la nostalgie d'un monde révolu, l'amour enfui, tantôt très courts, avec des phrases nominales, lapidaires, incomplètes, parfois d'un seul mot. On ne sait pas toujours quand le dialogue est prononcé à haute voix ou quand il passe par les yeux, sans que les protagonistes ne l'entendent distinctement. Pas vraiment la peine puisqu'ils se comprennent. Enfin, presque toujours. Peter Heller donne la parole à Hig, quarante ans. Pas d'autre nom. Big Hig, à la rigueur, si voulez. Il confrontera Hig, le bavard, celui qui parle tout seul, qui parle à son chien Jasper, qui parle à haute voix ou dans sa tête, il le confrontera, disais-je, à un taiseux, Bangley, plus vieux que lui, mauvais caractère, susceptible, revanchard, introverti, deux personnages finalement complémentaires. Bangley devient, jusque dans la confrontation, une sorte de figure paternelle, une image de virilité sublimée. de cette lecture tout en émotions, j'en retiens ici deux seulement. Melissa, la femme de Hig, est morte au tout début de cette épidémie de grippe qui a décimé les populations. « J'arrive à écouter du blues. Elle n'a jamais aimé le blues » nous apprend Hig page 44. La difficulté de la relation à la musique qui surgit après la mort de l'autre m'a bouleversée, sans doute accentuée par la totale absence de pathos dans ces deux brèves phrases. Emotion intense aussi induite par la magnifique relation de Hig et de Jasper qui ont développé une entente, une complicité, basée sur l'amour et la confiance, du côté du maître comme du chien. Et beaucoup d'autres moments intenses et magnifiques. Un très beau roman à lire et à relire.
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La constellation du chien

Il m'attendait depuis longtemps sur l'étagère. Et j'ai senti que c'était le bon moment : je me suis lancée avec confiance.

Quel souffle ! Peu de personnages, situation apocalyptique, de l'aventure à foison et des histoires d'amitié ou d'amour passés ou à venir.

Avec les canicules et incendies gigantesques qui nous frappent cet été, on se dit que ce roman de survie nous concerne bien plus qu'on ne pourrait le penser.

Il est question d'un aérodrome où vit "la Bête", un petit avion qui est un "personnage" central du livre. Les armes en tous genres sont aussi très présentes, car abondamment utilisées contre les indésirables. On s'abrite, on pêche, on chasse, on cultive... pour survivre à la pandémie (ben oui !) et au grand incendie. Les descriptions des paysages vus d'avion sont terriblement suggestives.

Un bémol pour les dialogues : on ne sait pas toujours qui parle ou même s'il s'agit de propos formulés ou pensés. En effet, le narrateur est le personnage principal, Hig.

Si tous les détails techniques sur les moteurs d'avion, les carburants et les armes ne m'ont pas forcément accrochée, la relation entre Hig et son chien Jaspers m'a comblée. Quelle touchante histoire d'amitié, psychologiquement très bien sentie, entre un homme et un chien !

De l'humour parfois, de la poésie, de l'espoir dans le désespoir... J'arrête ma dithyrambe !
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La constellation du chien

Un livre sur la fin du monde tel qu'on le connait où la plupart sont morts et les autres malades. Un homme cherche une raison de survivre. Un livre poignant, un beau récit. Je regrette seulement la construction du récit où alternent souvenirs, histoire en cours et délires du personnage principale, je n'apprécie pas le rythme que cela donne.
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La constellation du chien

Un livre tout simplement ... waouhhh. C'est un peu court comme argumentation, je l'avoue.



C'est un livre d'anticipation dans le sens où un super virus a effacé une bonne partie de la population. Un énorme incendie semble avoir ravagé les villes. Mais il y a finalement très peu de science fiction. Et des super virus qui s'échappent, finalement post Covid, cela ne parait pas si incroyable.



On suit Hig, monsieur tout le monde, qui nous décrit son quotidien dans ce monde de fin du monde. Avec son vieux chien Jasper et son partenaire Bangley, il (sur)vit dans la campagne américaine. Il s'échappe régulièrement par la chasse, la pêche et surtout l'aviation car il est pilote.



Le style est très particulier. Des phrases à la fois courte et percutante. Des pages avec quelques mots.



De très belles descriptions de paysages, des pensées de Hig...



Alors que le roman "La route" qui traite d'un sujet similaire de fin du monde est d'un pessimisme très lourd. Ce roman est moins noir. Sans être optimiste, ce n'est pas le cas, il y a quelque chose de spécial dans le roman qui laisse un minimum d'espoir.



C'est vraiment un roman qui sort de l'ordinaire et que je relirai avec plaisir.









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La constellation du chien

C'est la fin du monde, et la Nature n'a jamais été aussi vive, lumineuse, éternelle, impavide.

Ce n'est donc pas la fin du monde mais seulement celle des hommes, décimés par la grande fièvre, et dont les quelques reliquats continuent de s'entre-tuer pour leur survie.



Parmi eux, le doux et contemplatif Hig, errant depuis depuis neuf ans dans ce cauchemar éveillé, échappe dès qu'il le peut entre deux parties de pêche à l'absurdité de sa condition à bord de son vieux Cesna 1957, traversant comme dans une photographie cet univers magnifique et désert sur lequel il déverse la sourde lamentation de son désespoir muet.



Il se dégage de ce récit post-apocalyptique une troublante vibration, violente mais étrangement bienfaisante, dans laquelle je retrouve avec plaisir la poésie des couleurs propre à Peter Heller, sa relation viscérale à la nature et sa distance de bête méfiante face à la race humaine. Il n'y a que lui pour se demander ce que les poissons savent de l'eau, ou pour peindre la lumière d'un soleil matinal sur la cime d'un pin. Comme dans "Peindre, pêcher et laisser mourir", les humains deviennent presque accessoires sous sa plume, et c'est ce qui fait toute la singularité de ce roman salutaire.
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La constellation du chien

Un chef d'oeuvre qui rejoint les livres à emporter sur mon île déserte. Un 5 étoiles qui en vaut bien plus. Une nuée d'étoiles qui scintille encore en moi, illuminant mon coeur, réchauffant mon âme, constellant le panthéon de mes lectures. J'ai été, je suis émerveillée par ce livre. Un certain Bison ici présent parle de livre post-apocalyptique poétique. C'est exactement ça, avec l'ingrédient du Nature Writing en supplément. Et quel supplément !



Une pandémie a éteint quasiment toute l'espèce humaine et de nombreuses espèces animales. Presque la fin du monde. Depuis près de dix ans, Hig et son chien Jasper survivent dans le Colorado auprès d'un ancien aéroport, avec pour unique voisin Bangley, un taré de la gâchette. La règle de base, édictée tel un mantra, est simple et conditionne toute leur façon de vivre : tuer ou être tué. de son ancienne vie, il reste à Hig ses souvenirs, ceux surtout de sa femme Melissa, il lui reste son chien et son vieil avion avec lequel il survole le territoire afin de surveiller d'éventuels rôdeurs, survivants dangereux pour les deux hommes qui disposent en effet de réserves d'essence, d'électricité, disponibles et gratuits. Jusqu'à ce que... Qui disposent d'armes, d'un potager, de réserves de bois, de viandes et de poissons, autarcie d'un relatif confort, fruit d'une rigoureuse organisation, ainsi que de chasse et de pêche dans la nature environnante. Hig, au grand désespoir de Bangley, aide aussi des familles qui ont contracté la maladie du sang. Hig aussi rêveur, empathique, humain que Bangley est taciturne, sauvage, violent, tel un poisson dans l'eau en mode survival avec son rire plein de graviers. Hig le sensoriel, Bangley l'efficace pragmatique. L'esprit et le corps. Les deux conditions par la survie. Cette survie qui se résume par manger, dormir, protéger son périmètre et le défendre, prendre des nouvelles des arbres et des rivières, prendre le pouls du vent. Rien d'autre. Ou presque...



La voix du récit est celle de Hig, qui se sent le besoin de raconter, « Comme pour animer la plus profonde beauté qui serait figée dans une immobilité mortelle. Insuffler de la vie par le récit ».



Je vous vois déjà murmurer que ce scénario n'a rien, mais rien de bien original, que cette situation post-apo a été maintes et maintes fois explorée. C'est vrai. Mais le génie de Peter Heller se niche ailleurs. Dans les interstices. Dans le contenant. Il enrobe cette histoire d'une poésie sublime et colmate les silences de beautés inoubliables. Poésie et beauté. Jusqu'aux larmes. Larmes jaspérienne pour celles et ceux qui ont lu le livre.



Pour vous en convaincre, voyez le paysage qui se déroule sous nos yeux lors d'une expédition en avion de Hig : « ce que j'aime le plus et ce depuis mon premier vol de préparation, c'est l'ordre, le sentiment que tout est à sa place. Les fermes sur leurs parcelles carrées, les croisements à angles droits des routes de campagne indiquant les points cardinaux, les brise-vent projetant des ombres allongées vers l'ouest au matin, les balles de foin rondes et le bétail éparpillé et les chevaux aussi parfaits dans leur disposition qu'une pluie d'étoiles, leur robe qui accroche ce même soleil rougeoyant, les pick-up dans les cours, les rangées de mobile homes garés en épi, les lotissements dont les pavillons répètent les motifs anguleux des toitures éclairées de biais, le diamant des terrains de baseball et l'ovale des pistes de kart, et les casses, aussi, les lignes irrégulières de voitures rouillées et les tas de ferrailles aussi incontournables et charmants que les peupliers de Virginie suivant le tracé des rivières et lançant leurs propres ombres distendues. le panache blanc par la cheminée d'une centrale électrique poussé vers l'est par le vent matinal, aussi pur que du coton lavé. C'était au temps passé. de là-haut, il n'y avait plus misère ni souffrance ni conflits, simplement des motifs et la perfection. le calme éternel d'un paysage peint ».



Peter Heller dépeint à merveille la nostalgie ressentie pour la vie d'avant, cette vie où on ne se rendait pas compte, malgré les alarmes récurrentes, de l'impact de nos choix, de l'importance de nos vies, si fragiles, de cette course à la compétitivité remettant sans cesse au lendemain les actions à mener pour faire changer les choses. Il nous fait ressentir de façon poignante la solitude, l'incommensurable solitude de ces deux hommes dans une nature elle aussi impactée mais qui reste grandiose et magnifique sous sa plume. Il nous raconte les rapports entre Hig et son chien, Jasper. Je n'ai pas souvenir de lectures où le rapport entre l'homme et son animal soit aussi beau et poignant. Et la pêche, la pêche, plus qu'un passe-temps, une passion voire un refuge, est expliquée avec un tel amour que j'ai eu des envies de longues cuissardes en plastique, d'odeur légèrement saumâtre d'eau courante et cristalline dans lesquelles les pierres froides prennent des teintes bleu-vert, de résineux et d'épicéas, pour moi aussi lancer ma ligne et titiller truites et carpes.



« Une truite pouvait voir la plus petite mouche à la surface même dans la nuit la plus noire. le ciel était toujours lumineux, lumineux pour une truite qui voyait l'insecte ressortir dessus. J'adorais attraper des poissons dans le noir. Ce n'était souvent qu'un son sur un étang calme, un blip, suivi d'une légère éclaboussure et la ligne tendue. J'adorais ça ».



Ce livre est une ode fantastique à la nature, à la vie, à l'humanité, à la résilience où même dans cette situation extrême la possibilité du bonheur est là, présente, balbutiante sous forme de petits bonheurs quotidiens comme mettre les pieds dans l'eau glacée, voire d'un bonheur profond qui nous transcende malgré la situation, la possibilité d'un bonheur cosmique qui nous dépasse.



« J'écoutais la rivière, puis le vent et je l'observais qui faisait se mouvoir les grosses branches sombres. La surface noire d'un petit trou d'eau en contrebas, poudrée de pollen vert. Les racines d'un arbre à nu au-delà de la berge serpentaient sur l'eau et entre elles, de vieilles toiles d'araignée flottaient dans le vent et leurs fils scintillaient au rythme des souffles d'air ».



« Je me suis éloigné du potager tout neuf pour regarder le soleil toucher les montagnes, rougir la terre bêchée et les filets d'eau, et je peux affirmer qu'il y avait dans ce tableau quelque chose d'émouvant qui ressemblait à de la joie ».



Ce roman nous fait réfléchir sur notre façon d'appréhender le monde actuel, sur nos valeurs, sur le sens de nos vies. Il éveille notre conscience en nous proposant un avenir possible si jamais nous ne changeons pas nos habitudes aujourd'hui, le tout sans aucune leçon de morale. Il nous montre l'importance d'une vie harmonieuse en société, la place et le rôle de chacun d'entre nous au sein du collectif.



Quant à l'écriture, vous le pressentez dans les extraits choisis, elle est non seulement sublime mais également subtile. le rythme est rapide, percutant, parfois sans verbe, phrases tronquées pour coller à la situation lors de situations de danger, lors de sentiments de désespoir ; comme il se fait lent et profond, précis, lors de descriptions poétiques, belles à couper le souffle ou de sentiments profonds et méditatifs. Peter Heller a toujours le ton juste, ni grandiloquent, ni ennuyeux.



« Plus jeune que. Ou pas. Plus mince. Cheveux blancs. Tanné comme du cuir de chaussure. Des rides. Des lignes profondes qui lui strient les joues. Des rides d'expression. Des pattes-d'oie aux coins des yeux, aux coins extérieurs. Les yeux gris qui étincellent. Habitués à renvoyer ses étincelles au soleil. Ça déconne pas. le moindre mouvement preste et assuré ».



Ce livre m'a à la fois réchauffé tant les messages humanistes sont puissants, percutants et beaux et en même temps m'a bouleversée, m'a fendu l'âme tant la vision proposée est glaçante tout en étant hélas terriblement réaliste. Oui, peut-être nous poserons nous un jour nous aussi, quelques-uns de nous ou de nos enfants, ces questions :



« Qu'est-ce qui manque le plus ? La foule babillante et sans visage, la célébrité, les fêtes, l'explosion des flashs ? Les amants, la gaieté, le champagne ? La solitude taillée dans la célébrité, l'étude des cartes à la lumière d'une unique lampe sur un vaste bureau dans un hôtel vénérable ? le room service, le café avant l'aube ? La compagnie d'un ami, de deux ? le choix : Tout ou rien ? Un peu ou rien ? Maintenant, pas maintenant, peut-être plus tard ? ».





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La constellation du chien

J’ai commencé par être déçue, en lisant la première partie. Quelle noirceur ! Rien de positif ne me semblait pouvoir surgir de ce roman.

J’ai bien fait de persévérer. Comme quoi l’ombre est faite pour être traversée, et c’est quand on croit être arrivé au bout de tout espoir que quelque chose peut naitre.

Après avoir lu les dernières lignes, je mets cinq étoiles sans hésiter à ce roman étrangement prémonitoire, à fois effrayant et rassurant.

J’ai vérifié plusieurs fois : l’édition originale est parue en 2012, bien avant la crise sanitaire de 2020. Je suis heureuse de n’avoir pas lu ce texte plus tôt, je crois que si j’avais vécu la pandémie de Covid avec cette histoire en tête, j’aurais imaginé le pire ! Mais le pire n’est sans doute pas derrière nous, et puis qu’importe, ce que je retiens, c’est la force de la Vie.

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La constellation du chien

Oh là là, ce livre est un coup de coeur. J ai eu des larmes à la fin. On passe d'une relation fusionnelle avec un chien, après une épidémie, on est plongé dans le monde de l'aviation (le héros pilote un petit avion - on est passager tant c est bien raconté) on revient dans le passé des personnages, puis on voyage dans la nature qui a changé. Nature détruite et renaissante. Sans parler des relations entre les personnages. La deuxième partie du roman est époustouflante. Une renaissance. Ce roman a vraiment une fin. C est fantastique et en plus positif.

Attention, Il faut une certaine habitude de lecture pour apprécier toute la richesse de ce livre.
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La constellation du chien

Ce premier roman de Peter Heller est inclassable, tant par sa forme que par son sujet ... Post apocalyptique ? Aventure ? Psychologie humaine ?



Neuf ans après "la fin de toute chose", la planète est peuplée de survivants. Dont Hig. Hig qui est perdu. Tantôt cynique, tantôt sardonique. Tantôt mélancolique, tantôt volontaire. A la découverte de lui-même et des gens qui l'entourent, Hig veut plus. Plus que survivre, sur place, immobile, dans l'attente. Sans trop savoir pourquoi, il veut aller plus loin...



Très poétique, ce roman nous fait voyager dans une Amérique sauvage et déserte, inconnue. Des oiseaux, des rivières, des grands arbres. Le silence, parfois.



Une lecture contemplative. Méditative.

Reposante.



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La constellation du chien

Excellent roman post virus... dans l’air du temps.

Mais au delà de ça, c’est vraiment un livre qui se lit d’un seul trait !
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