Citations de Philippe Dorin (38)
Aujourd'hui, nous sommes le 24 mars 2084. L'air nous vient d'Orcières-Merlette, dans les Alpes. Le volume respirable est fixé à 32 litres par personne. Nous vous demandons d'éviter les déplacements inutiles. Des dispenses sont accordées exclusivement au personnel chargé de la surveillance ainsi qu'à nos athlètes qui brillent actuellement dans nos stades.
C'est la pierre qui vous parle. Au procès, j'aurais eu tant de choses à dire. Mais voilà, nous, les armes du crime, nous n'avons pas droit à la parole.
LA VIEILLE DAME : Quand vient le petit matin, la nuit c'est plus qu'une tasse de café posée sur la table de la cuisine. On l'avale d'un coup sec en se brûlant la gorge, et on oublie tous les cauchemars qu'on a faits.
Mais pas les enfants ! Cest que des grands bols de lait froid qu'ils avalent, le matin.
Voilà ! Je crois que j'aurai tout vu, moi !
Éteins !
Lumière de lune. La petite fille et la vieille dame
allongées loin l’une de l’autre.
Extrait 1
LA PETITE FILLE : Un jour,
LA VIEILLE DAME : la nuit,
LA PETITE FILLE : au petit matin,
LA VIEILLE DAME : la lune
LA PETITE FILLE : a disparu
LA VIEILLE DAME : derrière la montagne
LA PETITE FILLE : et elle est tombée
LA VIEILLE DAME : dans la poche
LA PETITE FILLE : de mon berger
LA VIEILLE DAME : comme une petite pièce d’or.
LA PETITE FILLE : Aussitôt,
LA VIEILLE DAME : il a sauté dans ses souliers,
LA PETITE FILLE : et après avoir fermé ses mou-
tons à clé…
p.36
Dans le noir.
LA PETITE FILLE : T'as froid ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as faim ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as mal ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : T'as peur ?
LA VIEILLE DAME : Non !
LA PETITE FILLE : Qu'est-ce que t'as, alors ?
Un temps.
p.43
On n'a pas tous un stylo à se demander par quel mot du dictionnaire on va bien pouvoir commencer sa vie. On n'a que ses bras et que ses jambes. Et on se demande surtout comment on va pouvoir s'en sortir. (p.8)
Faut pas écouter tout ce qu'on te raconte petit, aujourd'hui le monde est devenu plat et rectangulaire.
Parce que, ici, y a pas à penser.
Soit t'es dans le poste et tu causes, soit t'es devant et tu écoutes.
Donc vous pouvez carrément acheter une deuxième boîte pour ranger la première. C'est prévu pour.
Sophie : Pourquoi la scène se passe en Russie?
Catherine : Parce qu'on ne vous pose pas de questions.
Sophie : Est-ce que ça veut dire que la jeune fille qui parle, elle ferait mieux de la boucler?
Catherine : Plutôt, oui!
LUMPE
Mais enfin qui es-tu ? J’ai besoin de savoir, tu comprends ? Amie ou ennemie ? Avec moi ou contre moi ? Soit tu fais la cliente, soit tu fais la marchande ! Faut que je sache ! Soit tu es dehors, soit tu es dedans ! Mais pas à coté !
ÉCHO
…
Long silence.
HP : Bienvenue, Numéro 43! Alors vous, vous serez l'enfant.
Numéro 43 : L'enfant?
HP : Oui, l'enfant!
Numéro 43 : J'aurais préféré lampadaire.
HP : Pourquoi lampadaire?
Numéro 43 : Pour tenir la chandelle à l'amour.
On est tous sur le même arbre. Et c'est chacun son tour. D'abord, y en a un qui le plante, puis un autre qui le fait fleurir, ensuite un autre qui ramasse les pommes, et moi, après ça, je peux faire mon petit fagot. C'est comme ça la vie. Et après, ça recommence. (p.59)
Je vais au bois. Les maris, ça reste pas beaucoup dans le salon. Ça va plutôt dans le garage. Ça répare la moto. Ça fait du feu dans les vieux pneus. Ça part avec le jour, ça revient avec la nuit, les maris. Faut pas trop les avoir sur les bras. Je suis déjà loin, moi. T'entends? Le bois, je le coupe déjà. C'est bon signe, ça, un mari qui coupe du bois.
LA FEMME : Tu t'appelles comment ?
L'HOMME : Chéri !
LA FEMME : C'est pas un nom, ça, chéri.
L'HOMME : Tous les maris s'appellent chéri.
LA FEMME : Mon mari, c'est pas tous les maris.
L'HOMME : Comme ça, y a pas de jaloux.
LA FEMME : Mais si un jour je suis pas contente ?
L'HOMME ; Tu me mettras les points sur les i. Tu me diras : "chériiiiii !" Et alors je viendrai tout de suite.
LA FEMME : Moi, j'aurais préféré t'appeler trésor.
L'HOMME : Ouais! Sauf qu'on n'est pas milliardaires.
(p.14)
Dans le noir.
-T'as froid ?
- Non !
- T'as faim ?
- Non !
- T'as mal ?
- Non !
- T'as peur ?
- Non !
- Qu'est-ce que t'as, alors ?
(p.43)
Une petite fille entre.
-Là c'est la porte. Là, c'est le couloir. Là, c'est la cuisine. Là, c'est la table. Là, c'est la chaise. Lui, c'est mon petit frère. Pousse-toi !
Là c'est la fenêtre. Derrière, c'est la mer. Non, c'est la montagne. Non, c'est le désert. Non ! Derrière, c'est juste un petit pré, avec des moutons, un berger et son chien.
Là, c'est le salon. Là, c'est le tapis. Ça, c'est mes chaussures. Là, c'est le fauteuil. Ça, c'est moi qui attends.
(p.11)
La femme observe l'homme dans son beau costume de scène.
La femme : Toi, t'as pris des couleurs.
L'homme : Chanteur, ça donne chaud.
La femme : Je pourrais pas en avoir aussi ?
L'homme : Bien sûr !
L'homme sort des pots de couleur de ses poches.
(p.56)