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Citations de Philippe Meirieu (56)


Itard a le mieux compris que le handicap d’un sujet se définit moins par un écart constaté et insurmontable à la normalité, que par la limite intérieure que l’éducateur se fixe au principe d’éducabilité. Itard montre que le handicap, l’échec, sont d’abord dans le maître, que ce sont les frontières que le maître trace en lui et au-delà desquelles il renonce à agir.
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L'école, de toute évidence, n'est pas en mesure de relever seule le défi de la construction d'une société démocratique aujourd'hui. Mais elle ne peut pas, pour autant, se dérober à ses responsabilités. Il faut donc se réjouir que la question cruciale de la mixité sociale des établissements, posée de longue date, émerge enfin clairement dans le débat public. Des mesures de carte scolaire et une relance volontariste de la politique de la ville s'imposent plus que jamais pour lutter contre l'intolérable ségrégation que vit aujourd'hui notre jeunesse.
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La songerie techniciste a une caractéristique extraordinaire : au nom même de sa foi dans les progrès de la science censés résoudre tous les problèmes, elle attribue toujours ses ratés à son développement insuffisant. C'est pourquoi, comme la plupart des dogmes, le scientisme, en une fausse modestie qui cache une immense prétention, tire toujours de ses échecs la même conclusion : c'est parce qu'on ne l'a pas suffisamment écouté que l'on n'a pas encore complètement réussi ! Toutes les objections qu'on lui fait renforcent et nourrissent ainsi sa détermination et rien ne peut arrêter sa fuite en avant technologique. Au point qu'on se demande si le remplacement des professeurs par des processeurs ne représenterait pas pour lui, finalement, l'avenir de nos systèmes scolaires.
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Tout se passe ainsi comme si l'entreprise de scolarisation de notre jeunesse était construite sur une ambivalence fondamentale : les professeurs en sont, tout à la fois, la force et la faiblesse, les maîtres d'œuvre essentiels et les principales fragilités. D'où la volonté d'en renforcer le pouvoir à condition d'en contrôler strictement le comportement. D'où, aussi, la tentation d'en développer systématiquement la fonction en neutralisant au maximum la personne.
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Dans une école qui se veut authentiquement démocratique, la véritable évaluation n’est pas celle qui permet de savoir si l’on est meilleur ou moins bon que les autres, mais bien celle qui donne à chacun et à chacune les moyens de devenir meilleur que lui-même.
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Quand les populismes de toutes sortes ne cessent de désigner des boucs émissaires à la vindicte publique, quand les théories du complot véhiculent des visions fallacieuses du monde qui ne laissent d’autre issue que l’affrontement, quand la machinerie commerciale organise, à coups de slogans publicitaires relayés massivement par les industries du numérique, le caprice mondialisé, il apparaît plus fondamental que jamais de donner aux professeurs la mission d’instruire sans enfermer, de transmettre sans clôturer, d’engager chacun et chacune dans une démarche de recherche à laquelle aucun credo obscurantiste ne pourra jamais mettre fin. Il y va de la réussite de notre École. Et de la possibilité, pour nos enfants, de donner un avenir à leur futur.
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Les professeurs, en effet, ont vu leur niveau de vie baisser de manière continue depuis plus de trente ans : alors qu’en 1990, un professeur des écoles débutant percevait l’équivalent de plus de deux fois le salaire minimum, il n’était rémunéré en 2022-2023 qu’à hauteur de 1,2 SMIC.
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Et c’est ainsi que l’école, en se désengageant de sa verticalité bonapartiste et de ses velléités de normalisation militaire, pourra être une véritable institution de formation à la démocratie.
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Nos collègues d’Amérique du Nord, soumis depuis plus longtemps que nous à une politique d’évaluation quantitatives permanentes la dénoncent avec vigueur car, non seulement elle fait oublier des dimensions essentielles de l’éducation, mais elle marginalise aussi gravement toutes les disciplines qui ne sont pas considérées comme « fondamentales », telles l’éducation artistique et physique, l’histoire et les sciences sociales, la philosophie ou la biologie, quand ce n’est pas la littérature.
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Nos élèves sont considérés comme des exécutants plus ou moins dociles de consignes normalisées, appelés à ne maîtriser que des connaissances techniques facilement identifiables et reproductibles.
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Philippe Meirieu
« Tout dépend ce que l’on entend par "fondamentaux". S’il s’agit de savoirs purement procéduraux, d’habiletés comportements dans les seuls domaines de la lecture et du calcul, dont la maîtrise relève de l’obéissance aux normes scolaires, il est clair que leur acquisition est subordonnée à la découverte préalable du sens des savoirs… ce qui les réserve, de fait, à celles et ceux qui ont trouvé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau.

Les véritables fondamentaux renvoient, en réalité, à la construction d’un rapport aux savoirs qui intègre l’accès au plaisir d’apprendre, l’intériorisation de l’exigence de justesse, de précision et de vérité, la capacité à formaliser et à transférer ce que l’on apprend. Et à cela toutes les disciplines peuvent et doivent contribuer ».

"Fenêtres sur cours", 2/9/ 2022, n°484, p. 34
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Philippe Meirieu
Nous vivons, pour la première fois, dans une société où l'immense majorité des enfants qui viennent au monde sont des enfants désirés. Cela entraîne un renversement radical : jadis, la famille "faisait des enfants", aujourd'hui, c'est l'enfant qui fait la famille. En venant combler notre désir, l'enfant a changé de statut et est devenu notre maître : nous ne pouvons rien lui refuser, au risque de devenir de "mauvais parents"...
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Le "métier d'élève" requiert des compétences que l'on n'apprend pas dans toutes les familles : savoir s'ennuyer poliment, poser les bonnes questions au bon moment, acquiescer silencieusement quand il le faut et prendre la parole pour se valoriser opportunément...
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En 1919, Korczak publie Comment aimer un enfant. Il y affirme que l'enfant n'est pas un adulte en miniature, mais « un être qui a un présent » et qu'il faut respecter. Quatre ans plus tard, en 1923, la Ligue des Nations (l'ancêtre de l'ONU) adopte la première « Déclaration sur les droits de l'enfant » qui invite les États signataires à donner aux enfants la protection nécessaire à leur développement.
(p. 43)
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Le paradoxe veut que ces arts libéraux seront enseignés… dans les écoles d’art, qui ne deviendront « Beaux-Arts » que tardivement, au XVIIIe siècle, incluant alors peinture, danse, sculpture, dessin, gravure, mais étrangement pas le théâtre, qui a plus à voir avec les « arts serviles » du potier, du charpentier, de l’ébéniste ou du céramiste.
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De tous côtés, pourtant, l’hégémonie de la parole magistrale est contestée. Les théoriciens des « méthodes actives », relayés par les psychologues cognitivistes, ont montré depuis longtemps et avec insistance le caractère particulièrement difficile et sélectif de l'écoute d'un cours. L'attention n'y est pas spontanée, elle est subordonnée à l'existence d'un questionnement préalable ou, au moins, d'une ouverture à la parole d'autrui que l'on ne suppose « naturels » que pour mieux sélectionner ceux qui y ont déjà été formés. L'appropriation elle-même requiert un retraitement de l'information qui passe par la construction d'images mentales dans laquelle la verbalisation joue, au moins pour une partir des sujets, une rôle moteur.
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On ne soumet pas les autres à l'universel, on le leur soumet. Et cela fait une différence considérable. Ce n'est pas moi qui, de l'extérieur, peut dicter aux autres – fussent ils « mineurs » – la norme de leur émancipation, je ne peux que leur proposer de se reconnaître à travers ce que je dis et accepter leur verdict.
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Dans cette perspective, la culture scolaire peut bien, me semble-t-il, être considérée comme l'ensemble des outils intellectuels susceptibles de donner au sujet l'intelligence de lui-même, la capacité de vivre un peu plus pleinement toutes les dimensions de son existence, ses tensions affectives et sa vie professionnelle, ses relations avec autrui et son rapport au monde.
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Il nous faut donc gérer à la fois l'exigence du meilleur et l’acceptation du pire ; il faut surtout que l'acceptation du pire ne nous fasse pas renoncer à l'exigence du meilleur. Proposer, avec tout la force de notre âme, ce que nous croyons être le mieux et consentir à ce que cela soit bafoué parce que l'autre se dérobe, nous agresse ou, plus simplement, plus tristement, nous ignore. Consentir que l'espace d'une liberté se dessine sous nos yeux, prenne des formes que nous n'avions ni souhaitées, ni prévues, en souffrir même pour ce que nous croyons plus encore que pour la blessure narcissique que cela nous inflige.
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