Citations de Philippe Pratx (123)
Et bon, des scénars, c'est comme des manuscrits de romans... Y en a des tas, des montagnes. Des manuscrits, des tapuscrits, des clés USB, des orages créatifs larvés dans le cumulonimbus du cloud ... y en a foule. Et à l'arrivée très peu de coups de foudre, très peu de films réalisés...
Que de niaiseries pour songe-creux ! Que de clichés éculés suintés de l’esprit borné de quelque pisse-froid cacochyme improbablement rescapé d’un vieux monde définitivement caduc ! Que diable ! Ouvrons les yeux, les bras, le cœur… aux merveilles du jour d’aujourd’hui !
Si tu veux être heureux, ignore-toi toi-même, sois à toi le perpétuel « autre », l'alien et le fou de ta conscience ; ne connais non plus jamais
tout à fait « les autres » ni le monde ; d'eux, sache seulement la part qui t'en protège. Les règles et les masques de leur vie, eux par exemple, il te faut les apprendre si dans ton propre jeu tu veux survivre, ou bien longtemps les bourreaux feront de toi le bouffon de leur vie.
Les souvenirs ne se trient pas, mademoiselle. J’ai envie de lui dire qu’on ne trie pas des souvenirs. On ne trie pas les odeurs qui montent de la forêt. On ne répartit pas dans les alvéoles d’une ruche bien ordonnée les morceaux de songe ni les morceaux de vie.
Comme je t'aimais quand, dans notre fuite, tu courais sur la route en avant de moi pour me protéger. Tu étais bien jeune encore, bien jeune, et alors, oui alors, tu étais un homme. Maintenant tu dors dans les caves de mon rêve, et tu regardes comme avec une écœurante indifférence, par le soupirail, un coq sur une branche, le matin fatal derrière la vitre.
ils ont décidé que la lecture du scénar devait reprendre illico, afin de couper court à toute velléité de se lancer dans les ratiocinations simiesques dont nous avons déjà stigmatisé la prévisible et dissuasive stérilité.
… il y a sur terre de quoi nourrir tout le monde, de quoi apporter à tout le monde ce dont il a besoin, et de quoi vivre décemment… Il n’y a jamais eu autant de richesses sur terre. Mais on nous pousse encore et toujours à se serrer la ceinture, et on affame l’Afrique, on rit à la figure des sans-abri, des sans-dents, et on casse systématiquement tout, les biens collectifs, les services publics… au profit exclusif de l’intérêt particulier de quelques-uns… Toujours les mêmes… Ceux qui n’ont intérêt ni à voir les gens trop instruits, ni à les voir trop libres de leur temps et de leurs pensées… Alors il faut les abrutir en les divertissant, les divertir en les abrutissant ! leur donner de quoi fermer leur gueule… juste ça. Et s’il y en a quand même qui osent se rebiffer, il faut les matraquer, les gazer, les nier… Je rêve de responsables politiques dont la seule tâche et la seule envie seraient de répartir équitablement toutes ces richesses, matérielles et culturelles, que nous avons sur terre, et de se battre pour la dignité de chacun…
Lilith m'a appris sur ce que l'art n'est pas : une régurgitation de la vie. Combien j'en ai connu qui se faisaient forts de nourrir leur art à coups d'"expérience" et de "vécu"... "Comment parler de ce que l'on n'a pas vécu ?" Ils ont toujours dit ça avec toute la morgue qu'ils étaient si satisfaits de croire légitime, sans contestation possible... Pourtant, que l'art serait désespérant et méprisable s'il n'était que cela !... Lilith interprétait merveilleusement ses rôles, avec l'intensité de Vie que l'on ne connaît que pour ce que l'on n'a jamais vécu... Avait-elle jamais été une reine, un fantôme, une ogresse ? Et elle les était si bien !
Je parle du pouvoir poétique des mots sur les choses. Le pouvoir de changer le monde.
Et tout d’un coup le son claque haut et clair. Pas bien grandes, mais
top, les baffles de l’Aubisque. C’est avec ça qu’il fait écouter des
enregistrements de langues exotiques – ou moins exotiques – à ses
étudiants. Mais là, c’est Nick Mulvey qui sévit… « Wake up now !
Wake up nooooooow ! » Et ça, avec la rythmique que ça a, ça a le don
de titiller les caryotypes et de chatouiller les hanches, d’asticoter les
tours de taille, même… Et voilà la grappe humaine qui mimétise la
choré du clip… Omar en tête de gondole, balancé par les vagues de la
musique.
– C’est quoi ça ? Du waacking ? Du free style ?
– Tais-toi et danse…
Les espoirs trahis, c’est ça qui donne les pires déceptions. Quand on y a vraiment cru. Et puis il faut rebondir, comme on dit.
Les soi-disant
Les soi disant, les faux amis,
Les vrais faux culs, les gros pourris,
Les trahisons, l'hypocrisie,
Pour ces gens là, tout est permis.
Hier je t'adore, demain j't'oublie ;
Des faux semblants quand j'te souris ;
Je t'utilise tant qu'j'ai envie,
Puis je te jette, barre toi d'ici !
Y en a des tas comme ça, qui te la jouent par-devant,
Et par-derrière tu t'aperçois que c'était juste du vent.
L'ingratitude, la jalousie,
La prétention ... ça fait partie
De leur petite panoplie,
Leur tass'de thé, c'est le mépris.
Sans oublier l'opportunisme,
L'indifférence, l'égoïsme,
L'arrogance et puis l'arrivisme,
La vanité et le cynisme ...
T'as peut êtr' fait beaucoup pour moi,
Mais maintenant, j'te connais pas,
Je suis trop beau, trop bien pour toi,
'Sers plus à rien, tire toi de là !
Y en a des tas comme ça, qui te la jouent par-devant,
Et par-derrière tu t'aperçois que c'était juste du vent.
Les soi-disant, les faux-amis,
Tchou tchou bidou wa ...
Les vrais faux-culs, les gros pourris,
Tchou tchou bidou wa ...
Les trahisons, l'hypocrisie,
Tchou tchou bidou wa ...
Pour ces gens là, tout est permis.
Hier je t'adore, demain j't'oublie,
Tchou tchou bidou wa ...
Des faux-semblants quand j'te souris,
Tchou tchou bidou wa ...
Je t'utilise tant qu'j'ai envie,
Tchou tchou bidou wa ...
Puis je te jette, barre toi d'ici !
Pas eu de chance ! Quelle est la chance de celui qu'on a soumis, humilié, face à son bourreau qui dispose du pouvoir, des certitudes du pouvoir et des armes du pouvoir ?
Ce qui est mort vit avec nous, mais la mort, elle, nous n'en savons pas même le premier mot. Certains - initiés à quel savoir impossible ? - la disent belle et, comme la demoiselle de Shang-Haï, y attirent vieux et jeunes avec des paroles simples qui rassurent.
[p23]
...
ce monde meurt
sans apocalypse
cela peut prendre encore des siècles
la sagesse
l’humilité
aurait pu le faire vivre
plus longtemps avec plus de bonheur.
(En regardant autour de soi - p.55)
Qu'est-ce qu'une maison sinon un ordre de briques, de tuiles et d'heures prises à la terre, et aux vies de ceux qui prétendent l'habiter ?
Et que si on ne trahissait pas la réalité, on ne pourrait pas faire une œuvre d’art, un livre, un film?
Ce qui éloigne le plus l’œuvre de la réalité, c’est, dans celle-là contrairement à celle-ci, la multiplication évidente de ce qui fait sens ; là où le réel est vide et absurde, tout s’emplit et tout signifie.
Il se déplaçait. Sa voix tantôt s’approchait de nous, tantôt s’éloignait. Ses insultes ricochaient sur des surfaces planes, de droite et de gauche, puis l’instant d’après semblaient s’étouffer mollement dans des épaisseurs d’étoffes.
Nous jouions sagement et le petit lac à la lisière des bois était le cœur tranquille de nos rêves de petites filles sans histoires.