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Critiques de Philippe Setbon (35)
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Fou de coudre

Ce roman est juste excellentissime !!!

Je sais qu'il faut critiquer en minimum 300 caractère (ça fait presque 10 ans que je m'exerce sur Twitter à écrire en moins de 140 !), mais je ne suis pas là pour faire du chiffre ;-)

Ce roman est génial ! :-)
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Il et moi

Constantin Lepage, dit « Costa » : un putain d’acteur, selon ses proches. Mais voilà, ce putain d’acteur est maintenant réduit pour gagner sa vie à faire des doublages de télénovelas brésiliennes ou des pubs à la radio. Jean-Louis Rey, un de ses amis de longue date, écrivain et scénariste, se trouve lui aussi dans le creux de la vague.

De plus, son éditeur Willy Willemetz, contrairement à un engagement qu’il avait pris, vient de lui refuser la publication d’un roman. Dans la conversation animée qui s’ensuit avec Jean-Louis, Willy est amené à parler de sa femme Irène qui veut divorcer, prendre ses enfants à l’étranger et le dépouiller, euro après euro.

« Tu te rends compte ? Il paraît qu’elle est déjà en négociation pour une maison sur pilotis à Malibu. Cette salope est complètement malade ! Si je pouvais la tuer ! La tuer ! Tu n’imagines pas avec quel plaisir… Quel bonheur… Quel soulagement…

– C’est faisable, le coupa Jean-Louis d’une voix calme et posée. »

Cet échange va faire germer dans le cerveau de Jean-Louis l’idée d’une mystification aux dépens de Willy, et l’occasion de le délester de quelques milliers d’euros. Il s’en ouvre à son ami Costa, qui les met en rapport avec Henk Van der Weld, un soi-disant tueur à gages, pour supprimer Irène.

Irène meurt quelques jours après. Sa mort a toutes les apparences d’un suicide. La mystification à l’égard de Willemetz s’avère d’une vraisemblance que Jean-Louis et Costa n’avaient pas prévue. La situation leur échappe alors complètement, les laissant impuissants, observateurs plus qu’acteurs de la marche inéluctable du destin.

Après ce premier contrat, les événements se bousculent et Costa va être amené à faire encore appel à Henk Van der Weld, qui gagne en efficacité dans son rôle de tueur, prenant encore plus d’assurance et d’initiative, allant même jusqu’à s’affranchir de la tutelle de Costa.

Au long des chapitres, les cadavres s’accumulent, Et arrivé à ce point, le lecteur se demande qui, dans ce jeu macabre, tire les ficelles. Costa a-t’il toujours le contrôle de la situation ? Ou bien est-ce Van der Weld qui échappe à son commanditaire ?

Dans un style très dynamique, l’auteur déroule son intrigue, découpée en des chapitres courts qui contribuent au rythme de l’ensemble. Sa formation de graphiste et de scénariste n’est pas étrangère au fait que son récit soit très visuel, piqué par endroits de petites pointes d’humour, comme pour alléger la noirceur du propos.

Ses personnages sont bien marqués et psychologiquement bien dessinés. Ils ont des sentiments et des réactions qui les rendent proches de vous ou moi, très humains en somme, avec ce que cela suppose comme qualités, mais aussi comme défauts.

Ce roman très noir nous met aux prises avec la complexité de l’esprit humain, en proie à des pulsions de violence et de mort, à travers la trajectoire d’un homme qui bascule dans la folie meurtrière, allant crescendo vers l’inéluctable dénouement dramatique.

Cette dernière publication d’un auteur aux multiples facettes m’a donné l’occasion d’une très agréable lecture.

Éditions TohuBohu, Janvier 2018.


Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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L'apocalypse selon Fred

Ma lecture date d'il y a plus d'un an, et, toujours aujourd'hui, j'en garde un très fort souvenir, une très bonne lecture. J'ai été emportée par le récit, que j'ai trouvé extraordinaire. Attention je ne dis pas que c'est un chef-d'œuvre, mais ce roman est très bien élaboré. On nage dans le fantastique sans y être réellement.

Je ne suis pas d'accord avec les personnes trouvant que c'est gnan-gnan, ou du vampirisme de la vieille époque. Philippe Setbon a réalisé un gros travail, et tout se recoupe, ce qui est franchement bien. Il ne tombe pas dans les clichés de vampires que l'on voit aujourd'hui. Il a réussi à se détacher du phénomène de mode, et pourtant j'ai craint que ça soit du rabâchage sur le thème.

Mais j'ai été très agréablement surprise de ne pas m'ennuyer une seule seconde, et qu'au bout de bientôt 2 ans que je l'ai lu, j'ai de nouveau envie de le lire. 550 pages qui se lisent très vite, et avec beaucoup d''intérêt à comprendre et découvrir le dénouement.
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Il et moi

Ce polar est vraiment jouissif. Il débute comme une mauvaise blague qui dérape et les personnages vont se retrouver dans un engrenage de violences. L auteur ne s est pas embarrassé de détails et pourtant tout est parfaitement décrit, ainsi que la complexité des personnages. Le final est fabuleux et possède différentes interprétations. C est génial et addictif. Réussi
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Si je meurs avant mon réveil…

Dans une interview de 1974, le romancier américain Stanley Elkin (1930-1995) disait qu’ à son avis - ‘les romans sur la folie sont toujours voués à l’échec’. (It seems to me that novels about craziness are always unsuccessful)

C’est ce premier sentiment que me laisse le roman policier ‘Si je meurs..’ Le livre est un succès en tant que ‘polar’, mais on espère toujours un peu plus d’ambition. J’ai choisi ce titre dans le cadre de l’opération Masse Critique car il parle de la côte basque. Mais il y est aussi question des horreurs de la guerre et leurs séquelles chez les personnes impliquées et même chez leurs descendants. C’est très émouvant par moments et un peu, parfois, beaucoup rebutant par d’autres. Les personnages restent les ‘habitués’ d’un roman policier.

Le livre se laisse facilement lire et l’affection que porte l’auteur Philippe SETBON pour la côte basque est évidente dans le texte et dans les très belles photos, un vrai ‘bonus’ de l’oeuvre. L’intrigue est intéressante et tout le monde peut aimer les polars à suspense et même à surprises. Pour ma part, je préfère les ‘polars’ qui frôlent le romanesque. Ce qui empêche ce titre d’y parvenir, pour moi, est l’aspect ‘gore’. Nous en avons trop dans les médias pour préférer qu’il soit suggéré plutôt que détaillé en rayon de boucherie. L’homme est un loup pour l’homme, nous le savions. Maintenant, on sait que mêmes les bourreaux isolés peuvent être trop bien équipés et cruels.

Le sentiment de justice auto administré ne me convient pas. Ce pays et toute l’Europe cherchent à se maintenir en ‘espace de droit’. La justice est rendue au tribunal. On aimerait qu’on nous le rappelle plus souvent et notamment ici.
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Les gens comme monsieur Faux

Avec le sens du scénario hérité de sa longue carrière de réalisateur et scénariste, Philippe Setbon joue avec les codes du roman de serial killer pour nous offrir un récit ironique et bien construit. Une lecture rapide et aisée : les pages se tournent à toute allure, les surprises pleuvent, les personnages se font tous tromper tour à tour, tout autant que le lecteur !
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Il et moi

Une descente aux enfers parfaitement orchestrée par l'auteur. A chaque page, on se dit que le personnage va se reprendre, revenir à la réalité, mais non ! le rouleau compresseur avance et l'emporte toujours plus loin dans l'irréalité. Un page-turner court mais efficace.
Lien : https://la-clef-des-mots.e-m..
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Les trois visages de la vengeance, tome 2 :..

Ce roman est le deuxième de la "trilogie de la vengeance". Le style de Philippe Setbon est inhabituel, déjanté, plein d'humour ;l'histoire contient un message social intéressant. Le ton est léger mais le fond est grave, selon comment on lit l'histoire. Intéressant, un auteur à découvrir.
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Cécile et le monsieur d'à côté

"Cécile et le monsieur d'à côté" est une histoire assez courte, originale, qui se lit sans ennui et avec un sourire aux lèvres. C'est peut-être un peu caricatural, pas vraiment plausible mais agréable à lire. C'est le premier volume d'une trilogie que j'ai bien envie de découvrir jusqu'au bout.
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L'apocalypse selon Fred

C'est un livre "gigogne" complètement dingue dans sa construction et dans ses personnages. Fred Justin est un écrivain cinquantenaire en mal d'inspiration, divorcé et dépressif. Il reprend contact avec un pote de ses années lycée: commence alors des aventures plus rocambolesques qu'improbables. Cela donne l'impression d'ouvrir des poupées russes, les unes après les autres, sans répit. L'écriture n'a pas réellement d'intérêt au sens littéraire du terme, mais c'est nerveux, écrit comme un scénario de thriller. Lecture très distrayante, rapide, vraiment sympathique pour les vacances ou pour oublier le métro (et de descendre à Daumesnil, je l'ai encore fait...).

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L'apocalypse selon Fred

Philippe Setbon nous gratifie ici de trois livres différents qui mettent en scène le même personnage Fred Justin, écrivain raté ayant eu une certaine renommée dans une vie passée. Dans les trois livres, il est question de réalité et d'hyper réalité, de rêves et de cauchemars, de tout et n’importe quoi. Le fait qu’à chaque fois l'auteur nous plonge dans un univers pour nous en sortir précipitamment d'une façon niaiseuse ne joue pas à la faveur du roman.

C'est dommage car en tant que lecteur, on n'a l'impression que l'auteur se joue de nous, pire qu'il se fout de nous !

Alors parlons un peu du contenu, le premier livre est tartiné d'une sauce fantastique où il est question de vampire. Chouette me direz-vous ? Pas seulement, car si l'écriture de Philippe Setbon est simple et sans accrocs, ses intrigues le sont tout d'autant. Des rebondissements certes, mais rien de faramineux. Déjà vu et en beaucoup mieux !

Il en est de même pour le second livre où l'on rentre dans une intrigue digne d'un thriller glauque. Mais là aussi Philippe n'exploite pas le filon jusqu'au bout, il ne le touche que du bout des doigts et sommairement.

Et que dire du dernier livre qui commence avec une idée géniale à exploiter de bout en bout ? Là aussi, l'auteur ne joue pas son jeu à fond, il s'empêtre dans les délires de Fred, retombe dans ses délires et balaie chaque histoire à coup d'amnésie.

En fin de compte, si le personnage principal se prend un coup sur la tête, le lecteur aussi.

Alors je ne dirais pas que ce livre est mauvais, non, mais il ne mérite pas non plus que l'on lui alloue la note maximale. Bon d’accord même si Philippe Setbon ne va pas jusqu'au bout des choses, son style d'écriture se lit facilement et est même bien plaisant.

Je regrette juste une chose, que l'auteur n'ait pas été au bout de ses rêves et ne se soit enliser que dans ses cauchemars...
Lien : http://jldragon.over-blog.co..
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L'apocalypse selon Fred

Fred est écrivain. Il a eu un certain succès à une époque, mais il est en panne d’inspiration depuis quelques années déjà. Les fins de mois sont difficiles, sa femme Nora l’a quitté pour un autre homme, bref, l’avenir est aussi noir que l’encre qu’il ne parvient pas à faire couler.



Un soir de déprime, aidé par une certaine confusion de son cerveau alcoolisé, Fred tape sur internet le nom de son vieux copain de lycée, Ange Zucchini, qu’il n’a pas revu depuis plus de trente ans, et qui a monté sa petite boîte de systèmes de sécurité et d’alarmes. Ledit Zucchini se souvient parfaitement de Fred. Leur rencontre va entraîner l’auteur bien plus loin que tout ce que son cerveau aurait pu imaginer… Quoique…



Ce roman foisonnant est plutôt difficile à résumer. Je me suis contentée d’en raconter le début, mais il s’agit en réalité d’un “roman matriochkas” : des récits successifs s’emboîtent pour former un tout hétéroclite, intrigant, passionnant, au suspense à la fois littéraire et policier.



Fred est un personnage complexe, torturé par sa peur de la fin du monde, qu’il sait être proche, et par son envie de (re)devenir un écrivain célèbre (et pourquoi pas riche, tant qu’à faire). C’est un gars paumé qui vit dans son monde mais qui a besoin des autres pour exister. C’est aussi un suiveur – souvent lâche – qui retrouve cependant son courage et un certain esprit d’initiative lorsque la situation l’exige.



Le style de Philippe Setbon m’a plu dès les premières pages : énergique, presque nerveux – le sieur écrit aussi des scénarios – et précis, imagé – il est aussi réalisateur ! Son récit original m’a immédiatement happée dans un tourbillon de plus de cinq cents pages qui fourmillent de personnages récurrents mais différents qui apparaissent et disparaissent au gré de l’imagination de l’auteur… Bien sûr, chat échaudé craint l’eau froide, et l’on se méfie après s’être fait avoir une fois. Pourtant, l’envie de se laisser aller l’emporte et, si l’on ne s’en étonne plus, on attend tout de même les rebondissements avec impatience et curiosité !



Pour l’anecdote, j’ai rencontré Philippe Setbon lors d’un apéro littéraire, et il est ma foi fort sympathique (nous avons eu une période commune “Stephen King” !). Je regrette de n’avoir pas eu le temps de lire son livre avant de le rencontrer, je lui aurais dit tout le bien que j’en pense. Cela fait un moment que je ne m’étais pas autant amusée lors d’une lecture… Alors, n’hésitez plus et laissez-vous entraîner dans des aventures de cape (gare aux vampires et aux anges de la mort !) et de plume (un écrivain peut en cacher un autre !)…



NB : la couverture est une parfaite illustration du contenu du roman !
Lien : http://www.tamaculture.com/i..
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Skaer

Skaer. Un mot sec, court, fort, qui marque les esprits et y laisse son empreinte. Tout de suite, nous nous demandons ce qu’il représente: ville, sport, prénom, matériel technique…? Imaginez un repas familial où votre beau-frère honni, après avoir lu « Tarzan, le roi de la jungle« , veut, de toutes ses forces vous montrer qu’il est devenu spécialiste de la jungle. C’est à ce moment que vous placez ce super mot dans une phrase intelligente. Le beau-frère est mouché et ne dira plus un mot pour le plus grand soulagement de la tablée. En fait, ce mot a t-il une signification? Est-ce un nom ou un pseudonyme? Au vu de la personne qui le porte, autant ne pas s’attarder dessus. Il s’agit d’un homme fracassé par sa vie, quasi mutique, vivant en ermite et ne se s’occupant que de ses propres affaires. Enfin, presque. Qui est-il vraiment?



De nouveaux voisins s’installent près de chez lui. Un peu trop près. Et son monde est bouleversé. Qui sont-ils? Que cherchent-ils? Sa routine vole en éclat. Ses voisins semblent fuir quelque chose ou quelqu’un. Tous les sens de Skaer l’ermite sont en alerte et ce n’est pas bon signe pour ses voisins. Skaer ne ressemble à personne. C’est une machine humaine sans charme, ni sentiment. Ces nouveaux venus attisent sa curiosité. Le récit est prenant. Le suspens va crescendo et le lecteur est emporté dans un monde maudit où la vie et la mort ne font qu’un. Juste un claquement de doigts. Juste une seconde d’inattention. Et Skaer nous emporte dans un monde de folie douloureuse, gratuite.



Ce roman policier nous fait découvrir un monde où la violence est loi. Un monde où Skaer est roi. Son règne est marquant. La sueur, le sang, la douleur, la justice y règnent en maîtres. Dans ce monde froid, un ilot de chaleur humaine viendra atténuer la violence qui y règne. Pourtant, Skaer s’était juré de rester invisible. A quel moment a t-il oublié cette promesse qu’il s’était faite? Qu’est-ce qui l’a poussé à sortir de l’anonymat? Qui a osé réveiller la bête en lui? Le lecteur devient rapidement accro et ne lâche plus sa lecture. Il découvre Skaer et éprouve une très belle tendresse pour lui, Skaer, l’homme invisible. La machine à tuer.
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Il et moi

Sur QUATRE SANS QUATRE



Son destin s'éclaire sous le fard !



Costa est un putain d’acteur, il en est intimement convaincu, le roi du maquillage, des accents au ton si naturel qu’ils en deviennent plus vrai que vrai, il peut tout incarner, même les pires contre-emplois. Lui, le type ouvert et sympa peut parfaitement jouer un tueur à gages impitoyable, parano, au professionnalisme parfait comme personne, il l’assure à son ami Jean-Louis au cours d’un déjeuner bien arrosé. Un postiche, du fard, un faux nez et le voilà dans la peau d'un exécuteur. Il gâche son temps à courir les petits cachets pour un pub insipide ou un doublage voix, noie ses espoirs de gloire dans l’alcool et la forfanterie. Jean-Louis fera les dialogues, Costa jouera.



Mais tout ça, c’est une blague un peu sinistre, une mascarade poussée pour se payer la tête d’un quidam qui n’a pas très bien traité son copain. Il lui a refusé un manuscrit sur lequel il travaillait depuis des mois sous des prétextes que Jean-Louis estime fallacieux. Costa n'est pas débordé par les contrats, acteur loser, il passe plus de temps à attendre les apparitions furtives à l'écran et les auditions stériles qu’à faire son métier d’acteur. La cinquantaine plus qu’entamée, son heure est passée, elle ne reviendra pas. Il se sent lésé par un système qui ne lui a pas donné sa chance, un rôle à sa mesure où il aurait pu laisser libre cours à son talent et éblouir les foules.



Il s’y accroche, Costa, à ce personnage de Hank van der Weld, assassin professionnel batave, il le peaufine, le bosse sans relâche, seul chez lui, alors que son épouse travaille. Il ajoute un détail, améliore l’accent, l’orne de mots hollandais et fait disparaître le visage de Constantin Lepage sous les artifices en latex et les crèmes. Peu à peu, il devient Hank van der Weld, un homme qui a réussi dans sa branche, pas un raté, un mec qu’on respecte et qui en impose, pas un saltimbanque dont tout le monde rit avec commisération lorsqu’il a le dos tourné.



Hank van der Weld est une telle réussite que Costa lui-même peine à distinguer les limites de son personnage de celles de sa propre personnalité. Qui a mangé qui ? Costa a-t-il digéré Hank ou l’inverse ? Peu importe, finalement le résultat est le même : le maître est phagocyté par son chef d’oeuvre. Très vite, il ne sait plus lui-même s’il est l’un ou l’autre. Il alterne entre les deux personnalités, pris dans un engrenage infernal dont il ne contrôle plus la marche. Quelle part de lui a souhaité tout ce qui va suivre ? Quelle part le refuse ?



Philippe Setbon aime les tueurs, il se glisse dans leurs peaux avec délice. Après l’impeccable Monsieur Faux qui investissait la vie de Wilfried Bodard dans son précédent roman (Les gens comme Monsieur Faux - Éditions du Caïman - septembre 2017), c’est à l’intérieur même de son personnage principal que cette “invasion” se produit. Il décrit avec minutie cette bascule, ce moment presque magique où l’acteur n'interprète plus mais incarne entièrement son rôle, se fond dans l’être qu’il doit jouer. L’instant de grâce auquel on reconnaît les grands artistes. Ceux-là enchaînent les personnages, passent de l’un à l’autre, planning surchargé et engagements à répétition, Costa, lui, sait qu’il n’y aura pas d’autre rôle à sa mesure, que ce Henk est celui de sa vie, impossible de l'abandonner, il n'y en aura plus jamais qui lui iront si bien. C'est en tueur hollandais qu'il va laisser à jamais l’empreinte de son immense talent, les dommages collatéraux, les victimes de Henk ne font pas le poids pour l'arrêter.



Poussé toujours plus loin par une suite de circonstances imprévisibles, Costa s’enfonce, perd pied jusqu’à l’absurde. Les événements le dépassent, sa lutte contre Henk le déboussole, le “public” en redemande, il ne peut se dérober mais contrôle de moins en moins la situation. Sa morale et son intégrité luttent désespérément contre l’intransigeance du criminel qu’il abrite. C’est Dr Jekyll et Mr Hyde personnifié, nul besoin de drogue magique, seul le défi à son talent et son ego l'animent.



Avec son écriture toujours aussi savoureuse et son superbe style, Philippe Setbon nous fait partager presque minute par minute, la métamorphose de Costa, le narrateur. Ses peurs, ses hésitations, ses résolutions qu’il ne peut tenir et, a fortiori, la détermination et l’assurance de Henk, ses meurtres, son sang froid à toute éprueve. Le lecteur assiste aux premières loges à ce combat d’anthologie entre l’acteur et son personnage, son angoisse va crescendo comme celle de Costa dans un suspense qui ne cédera qu’à la toute dernière ligne. Tragique, sous son ton badin, ce roman est passionnant de bout en bout.



À quel moment Constantin Lepage va-t-il enlever le masque et saluer son public ?
Lien : http://quatresansquatre.com/..
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Les gens comme monsieur Faux

Que faire quand votre femme est partie avec votre meilleur ami, qui de surcroît a réussi a vous évincer de la boite que vous avez créée? Pour Wilfried Bodard, raté patenté, la solution est simple: il choisit le suicide. Ce sera du haut d’un pont, dans les eaux de la Seine. Comme il ne sait pas nager, ce sera du rapide. Sauf que son plan ne se déroule pas comme prévu, parce que cette nuit là, monsieur Faux, un vieillard un peu guindé l’allure parfaitement inoffensive, lui demande son aide. Il s’agit de balancer un objet encombrant à la flotte. Cet objet, c’est un corps, faisant de Wilfried du coup un complice. Et le jeune homme va très rapidement comprendre qu’il n’en a pas fini avec cet énigmatique vieillard, en fait un effroyable tueur en série dont les motivations et la certaine bienveillance envers Wilfried restent mystérieuses.

Avec Des gens comme Monsieur Faux, paru aux Editions du Caïman , Philippe Setbon réussit un extraordinaire polar, à mi chemin entre angoisse et humour noir, très noir. Des personnages attachants, comme Naomie, cette petite fliquette célibataire un peu gauche, qui se perd dans son enquête et en pince pour le jeune homme, Wilfried, anti-héros absolu et lourdingue magnifique qui va être obligé de murir s’il veut s’en sortir, Ses parents, sa mère surtout, archétype même de la mère-poule au degré de contrariété proche du néant. La copine flic Lynda,un peu fofolle aussi, admettons-le Et surtout, cet extraordinaire monsieur Faux, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, qu’on aiderait à traverser la chaussée, plein de commisération, sans avoir que le seul remerciement qu’on risquerait d’obtenir serait un joli sourire kabyle. Jusqu’à un final imprévisible, qui révèle bien des personnalités chez ces personnages tout ce qu’il y a plus de banal.

Les gens comme monsieur Faux est un excellent polar, à dévorer dans l’urgence, au risque de passer à côté d’un petit bijou.
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