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Citations de Pierre Autin-Grenier (49)


Pierre Autin-Grenier
Être libre, c'est ne pas avoir peur.
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Tant de médiocrité et si peu de suicides
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Réflexions, maximes, sentences et aphorismes c'est par kyrielles que je les aligne; d'une page l'autre j'en fais d'étourdissants chapelets de saucisses fumées. Rien ne m'échappe en somme, mais de toutes ces notes je ne fais rien non plus. Elles restent figées dans mon carnet comme des litrons renversés sur un hérisson à bouteilles. Inutiles.
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Elle n’a peur maintenant que du passé, c’est lui qui la brutalise le jour, la harcèle la nuit.
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Les anges son souvent assez indulgents
Hier j'ai failli craquer. J'avais mal et il pleuvait. J'étais comme un escargot livide peinant sur son vélo dans la grimpée du Ventoux. J'avais beau penser à une assiette de tripes avec, autour, des petites patates toutes simples mouchetées de persil, rien n'y faisait. Ainsi l'existence, la plupart du temps, c'est un chapelet de balivernes aux doigts des innocents. Mais pendant la nuit j'ai entendu une petite voix qui me suppliait d'aller jusqu'au bout. Oui. Alors, au matin, j'ai appuyé très fort sur les pédales et la vie, clac ! d'un coup s'est remise sur le grand braquet. C'était miracle et s'était tant mieux!
C'est un ange, que je ne connais pas vraiment, mais qui vient comme ça, quand s'est trop escarpé (ou que je réclame pour mon âme sensible une crème adoucissante qui calme les démangeaisons), pousser la bicyclette par la selle et alors, malgré les pluies froides d'automne, le vent qui s'obstine, les douleurs et les blessures, machinalement ça avance à nouveau, à cinq à l'heure, pas plus, vers cet horizon indécis, là-bas derrière les rideaux de verdure où tout s'évanouit et tout recommence aussi ; enfin c'est ce que l'on dit. Je n'y suis jamais allé.
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Tant de choses nous échappent ! Il parait qu'on a trouvé des pingouins dans l'art paléolithique ! Planqués sous la falaise du cap Mourgiou, près de Cassis. Ils étaient là, peinards, depuis trente mille ans a dit un spécialiste, avant qu'Henri Cosquer n'aille les dénicher, mine de rien en faisant de la plongée sous-marine. Et moi qui depuis ce matin ne suis pas fichu de mettre la main sur mes lunettes sans doute égarées dans le désordre de mon gourbi !
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Avec toutes les allumettes que j'ai grattées pour embraser des bouts de mégots ou inaugurer une cigarette fraîche roulée, je crois que des bergers cévenols ou bien de jeunes vachers lozériens un peu habiles de leur dix doigts pourraient sans peine, l'hiver à la veillée, confectionner des centaines de tour Eiffel modèles réduits qui feraient ensuite la fortune des magasins de curiosités de Saint Flour. Je crois même, s'ils voulaient bien unir leurs efforts, qu'ils pourraient réaliser une maquette grandeur nature de la tour Eiffel et l'installer alors à la Bourboule où des curistes bronchitiques et déplumés en auraient aussitôt le souffle coupé pour de vrai.
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Vraiment, le petit poète blanc aurait préféré être un grand nègre et cabrioler aux trois quarts nu de traboules en savanes dans l'intimité des zébus et la frayeur des éléphants, plutôt que d'être né de cet Occident moqueur et roturier qui compte et recompte ses privilèges dans l'arrière-salle d'une boutique depuis longtemps naufragée. Alors parfois, je lui dis comme ça : "Est-ce que tu aurais épousé un nègre ?... ---Oui, elle répond sans hésiter, si c'était toi."
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Je passe mon temps à prendre des notes sur le petit carnet quadrillé gainé de cuir noir qui partout m'accompagne. Ca commence à faire une paye que je trimballe ce carnet avec moi, je ne saurais même plus compter les années; peut-être ne vaudrait-il mieux pas d'ailleurs. Toute la sainte journée je note des trucs bizarres là-dessus ou alors des pensées qui viennent zigzaguer à travers ma cervelle cabossée et que, dans l'instant, je trouve prodigieuses. Si je croise dans la rue un éléphant triste, je le note, si j'aperçois un touriste japonais trafiquant dans une pharmacie de Knokhe-le- Zoute, je le note aussi.
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Vendredi 22 avril.
Saint Alexandre
Infinie patience des fenêtres, jamais fatiguées d’ouvrir à nos regards absents des matins sans cesse renouvelés, des soirs chargés de parfums, des journées entières avec vue sur la mer et souvenirs d’enfance. Heureux celui qui sait, par une fenêtre large ouverte sur rien du tout, découvrir la vie, sentir soudain frissonner la peau du monde ; il peut sans frayeur aucune s’élancer dans l’air :déjà il vole, oiseau léger ! Car les fenêtres conduisent très loin au-delà des désert quotidiens, pour peu que l’on veuille emprunter leurs chemins tranquilles, embrasser l’immense horizon de leur œil inattendu. Fenêtres : perpétuelle apothéose du printemps.
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"Aujourd’hui, alors que je pédale dans le noir vers mon potage au vermicelle et aussi un avenir incertain, comment ne pas flageoler un peu du mollet à l’idée que, malgré le grand nombre de neurones qui m’habitent et un cerveau complexe, je ne représente pas le but suprême de l’évolution mais plus prosaïquement un accident cosmique monté sur un vélo et dont l’anatomie n’a pas changé depuis Lascaux !" ("Le cri inutile de la crevette")
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Mais ma besace toujours est restée désespérément vide de toute certitude et seul le doute nourrit mon quotidien. Au coin du feu, le soir et quand la neige efface tous les chemins, j'en viens parfois à envier ceux qui sont si sûrs et certains de savoir où ils vont, ignorant toutefois qu'arrivés, ils n'en reviendront pas.
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Samedi 30 juillet (Sainte Juliette)

Quand on n'entendra plus un seul chant d'oiseau, peut-être sera-t-il bien tard pour s'apercevoir qu'il n'y a plus d'arbres.
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P 17 On se demande parfois si ça vaut le coup de vivre dans une région dont tous les dépliants touristiques célèbrent l’ensoleillement exceptionnel, alors qu’il pleut sans cesse depuis deux mois sur le chapeau des champignons, l’âme des gueux et tous les potagers des environs. Ce n’est pas tout à fait l’endroit pour cela certe, mais je suis bien sûr que s’il y avait des pingouins dans le coin, ils périraient noyés juste en allant faire leur marché. Pour finir cette pluie, qui sans discontinuer s’acharne à vous transpercer le plumage, me colle l’humeur chagrine et me ramollit le cerveau comme une gaufrette, c’est le genre de situation encore plus féroce que si j’étais resté quinze jours sans retirer mes bottes ( peut-être même qu’à l’intérieur j’ai déjà les pieds palmés, il faudrait que j’aille y regarder de plus près)
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Parfois vivre requiert ainsi un violent désir de désordre et c'est alors se montrer bien inspiré que d'y vite céder si l'on ne veut se retrouver à plat ventre; suffoquant sous l'âne mort de l'ennui.
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Jadis, j'étais comme un garçon de café égaré dans la philosophie. Je courais d'une idée l'autre, un plateau chargé de boissons de toutes les couleurs à bout de bras. J'aurai voulu trouver une clé à l'absurde et au dérisoire de tout l'univers. Savoir comment il fait noir la nuit, pourquoi la balafre de l'enfance souvent cicatrise mal, connaître aussi ce que cachaient les chemisiers des femmes. Mille interrogations en permanence m'assaillaient et je ne me souciais point de gagner ma vie, j'avais quinze ans en somme et du temps à perdre; depuis je l'ai bien perdu et ma vie aussi.
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Et maintenant, comme je l’ai dit au début, nous pressions le pas sous la Grande Ourse. Dissipée notre frayeur nous avancions, résolus, comme aspirés par l’horrible trou borgne de la nuit, en direction de cette interminable agonie. En somme on marchait à la recherche d’un cri. L’essentiel n’était-il pas de trouver d’où cela venait ? Après, nous verrions bien...
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Dimanche 21 août.
Saint Christophe
Nous avancions à ventre ouvert, comme dans un rêve, et puis une vie soudain s’est brisée dans la rue et nous voici découvrant d’un coup l’atroce précarité des choses. Nous nous doutions bien que ces fruits oubliés lentement nous mèneraient vers l’automne, que nous les retrouverions en décembre, secs ; quand même nous restions tout imprégnés du sentiment de longévité des jours, nous n’accordions nul crédit aux cris des chouettes la nuit, chaque heure nous voyait changer de montre et jamais dimanche ne nous fit plier le genou. Aux terrasses complices des cafés nous buvions du vin de paille dans de longs verres à pied, le soir venu nous vendions du vent à la sauvette pour presque rien et, en dessous du pont resserré, pour nous toutes les rivières étaient en feu. Mais déjà certains de nos gestes prenaient des rides, des nuages dans le ciel passaient trop vite ; enfin un beau matin il nous fallut faire ressemeler nos ambitions.

Aujourd’hui pour éviter que tout chavire, jusqu’à l’aube nous serrons très fort la nuit dans nos bras — ô ! les beaux yeux !—, il n’empêche que chaque jour nouveau nous livre à d’incroyables intempéries, nous bouscule et tente de nous jeter par-dessus bord. De la cale à charbon où ils s’étaient jusqu’à présent cantonnés, les rats gris voraces et prolifiques se sont enhardis à pointer le museau et se conduisent maintenant partout comme en pays conquis. Nous soupçonnons d’autres bestioles, bien plus infectes et hypocrites encore, d’attendre dans la pénombre, lovées sous les cordages où à l’affût dans les soutes, prêtes à surgir et s’en donner à cœur joie au moindre faux pas. Il serait vain de vouloir recenser les tentatives d’intimidation de cette gent sournoise et cupide ou ses pressantes invites à céder la place.

Oui, voilà précisément l’état des lieux et l’âpre combat de mercenaires que nous menons, au milieu des désordres et des embûches de toutes sortes, depuis qu’une vie soudain s’est brisée dans la rue.
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Ce matin j'entrouvre la porte et je vois qu'il en tombe comme qui la jette .
déjà que dans l'ultime rêve d'avant le réveil j'avais eu des visions d'épouvante, alors là je me dis mon petit c'est foutu pour la journée, tout est ruiné d'avance. Notez que, parfois, ce genre de temps à crapaud, plus il est noir plus il me donne le muscle frappeur et l'humeur combative mais ce matin j'ai compris illico que :non .
alors j'ai décidé de me laisser flotter, comme ça, jusqu'au soir, pour voir.
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Demain, comme l'éternité, n'est qu'un leurre. Seul existe l'instant. Dans tout son minuscule et son détail. N'en rien perdre.
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