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Critiques de Pierre Cendors (88)
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Le voyageur sans voyage

D’abord on est frappé par la qualité du livre, et le format « au carré ». Le texte est court mais dense par les impressions distillées. Sans vouloir dévoiler l’argument, on touche au plus près le cœur de la merveille. C’est-à-dire que la lecture fait passer du côté du pur imaginaire, page à page. Deux pôles complémentaires : le rêve et l’enfance, et le narrateur qui tend à réconcilier l’un et l’autre. Les illusions restent à quai. Un wagon balai effacera les destins scellés. La clé du livre qui sonne comme une solution inouïe renverse la vapeur et précipite l’horizon d’attente dans une perspective plus réaliste et dramatique, qui rend plus lisible tous les symboles prémonitoires antérieurs. Le titre condense l’absurde fondamental.



Jacques Morin, Décharge, N° 138
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L'énigmaire

Alors là c’est du lourd si je peux me permettre !

Trois personnages, trois époques, trois mondes :

Celui d’en haut, de l’espace, Laszlo, cet archéologue en permission sur Terre.

Celui du milieu, Adna, compositrice qui a perdu son mari dans un accident de voiture.

Celui d’en bas, Sylvia, sui vivra dans les sous-sols suite à un cataclysme.

Une analogie entre ces 3 protagonistes : un territoire marqués par des stigmates écologiques et dévasté aussi par les actions humaines : le Boizéro anciennement le village d’Orze (anagramme de Zéro) rasé par un bombardement en 1916.

Sur ce lieu de mémoire se trouvent des stèles gravées, traces d’un ancien culte stonien ; ces stèles portent le nom d’énigmaire. Elles contiendraient des informations sur l’origine des êtres humains.

Ce roman d’anticipation inspiré de Tarkovski, à la fois métaphysique, philosophique, poétique, est un appel aux cheminements intérieurs, interroge le progrès comme sagesse et responsabilité.

C’est une écriture sur l’existence, sur le monde intérieur où tout est silence, sur la recherche de son identité fasse à la nature, qui interroge les actions destructrices de la nature et de l’homme.

A travers l’énergie de ce lieu, Pierre Cendors, crée après avoir décréer : il ne peut y avoir une génération sans extinction.

J’ai été subjuguée par le maniement des mots, par cette construction.

Un livre comme on n’a pas l’habitude d’en lire ! Quel talent !!

Quidam Editeur
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Silens Moon

Malgré plusieurs essais, je n'ai jamais réussi à apprécier Silens Moon, mais c'est probablement une question de goût. Le style m'a fait grincer des dents à peu près tout du long, alors qu'il conviendra très certainement à d'autres lecteurs. Ils aimeront, je leur souhaite, mais moi je me suis traînée de pages en pages jusqu'à atteindre la fin.

Tous les auteurs ne sont pas pour tous les lecteurs.
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Archives du vent

Quel est cet autre qui écrit ? Dans une charade métaphysique virevoltante, dans un vertige de dédoublements, de projections, de confusions, rêves et prémonitions, Pierre Cendors poursuit l'autre réel mise en ombre dans chacun de ses livres. Archives du vent, dans son vibrant hommage au cinéma, rend visible l'invisible, la solitude et ses solipsismes, la permanence des révoltes adolescentes, l'horreur de la réalité. Un très grand livre empli de revenants et d'images rémanentes.
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Archives du vent

Expliquer en quoi Archives du vent est selon moi un très bon livre est singulièrement difficile. J’ai l’impression que c’est un peu le genre de roman qui te piège dans son propre univers, ses propres références, sa propre logique… avant de te le laisser sortir un peu hébété, ravi mais pas forcément capable de lui rendre justice… Tu es alors sorti de son système de référence, des repères qu’il a savamment posés un à un, et si tu as le malheur de sortir certains de ses préceptes hors contextes, ils n’ont plus l’air de rien, alors que placés où ils étaient, dits de cette façon, ils décoiffaient. Je vais essayer tout de même, parce que bon, sinon, il n’y aurait pas de chronique, et ce serait dommage que je passe des heures à vous parler des livres qui ne m’ont pas totalement convaincue pour ne pas poster sur ceux qui m’ont vraiment emportée comme jamais… Mais sachez-le, c’est bien plus difficile !





On découvre au début du roman le personnage d’Egon Storm, réalisateur de génie qui a inventé le Movicône : un procédé révolutionnaire qui à partir des images dont on dispose d’acteurs et personnalités disparus permet de reconstituer toute une palette afin de leur faire jouer de nouveaux rôles. Il réalise trois films à l’aide de cette technique : Nebula, La Septième Solitude et Le Rapport Usher, qui sortent tous à cinq ans d’intervalle. Cinq ans plus tard après le dernier, il fait parvenir à son projectionniste un ensemble de confidences où il évoque l’existence d’un quatrième et dernier film, Erland Solness…



Archives du vent, c’est toute l’histoire qui court, sinueuse, autour de ce film mystérieux, que le spectateur du roman ne découvrira peut-être un jour que par le plus heureux des hasard. Entre deux chapitres-fondus au noir, on découvre de nouveaux personnages : Egon Storm, qui nous semblait si lointain au début, alors qu’on ne le percevait que par ses confidences de réalisateur, nous apparaît plus touchant, plus familier, alors qu’on le côtoie plus directement ensuite ; Erland Solness, compagnon d’infortune et ami d’adolescence, se révèle pour Storm une source d’inspiration, plus profonde et inépuisable qu’en apparence… enfin, ses descendants aux multiples visages, oscillant tour à tour entre le réel et le fictionnel, à la fois obstacles et adjuvants dans la création d’Erland Solness, l’oeuvre. C’est difficile de bien décrire, parce que le livre est compliqué. Rien n’y est moins clair que les frontières entre le monde réel et l’autre-monde, bastion de l’imagination, et parfois reflet déformé, agrandi, amélioré de ce qui a déjà eu lieu. Mais ce n’est pas grave, parce que ça ne m’a jamais semblé inutilement compliqué. Le flou artistique qui entoure certains passages, leur poésie diffuse, les décrochages de sens, les bonds de la logique et de la perception, tout semble avoir sa place dans ce roman.



(La suite sur le blog)
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Chant runique du vide

Trois séries de poèmes (chant runique du vide, l’errance du vide, l’intime du large) rythment ces minces pages au goût de vent filant à travers une nuit sans étoile.



L’écriture procède par éclats, orchestrant des silences et de brusques « passage[s] vers/ nos territoires profonds ». En surgissent, dans la « fonte des lumières », des élans convulsés, des figures déjà brouillées par la « vitesse noire » de l’écriture (qu’elles soient celle d’un enfant ou d’un « homme qui passe »), des paysages dépeuplés, parfois pages planes réduites à un trait par un train au « grand rythme élémentaire », parfois trouées obscures, « hauts-fonds », vertiges ravinés, à moins qu’on ne nous invite à passer à travers des forêts au silence-monastère déchiré de corbeaux. A chaque poème ses chemins-visages tracés à l’encre lumineuse.



Pierre Cendors, en prenant « pour langage / le tumulte blanc », s’improvise nouveau Taliesin – comment ne pas penser à cette figure essentielle du barde métamorphe en découvrant ces « noms frappés à même la forge qui/ dans la pierre millénaire / a scellé le galop du cerf / la force leste du saumon / l’éclair du faucon » ?-, scandant des runes (« maan unst iona ») pour faire surgir, du vide ouvert, l’immensité des provinces de l’âme.



Il s’enfouit dans l’obscure clarté du verbe pour mieux dire, « phénix souterrain », son « désir d’élémentaire », sa « solitude incisive » et le « lieu austère vital » où se forge, dans le « vide lucide », la poésie, cet « ensoleillement / des profondeurs » de l’être, ce baume fondateur, natif, s’arc-boutant au silence pour en faire jaillir la forme du chant.



Reléguant le « je » au rôle d’appendice poétique, Cendors chante l’invisible « paysage du vent », l’«éternité passagère », et le chemin sans fin, constellé de divers seuils, que le poète et son lecteur empruntent pour découvrir, sur les larges rivages de l’indicible, l’arborescente beauté de l’être-monde & du vif poème en devenir.
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Enfance Soir

Une nouvelle pierre au labyrinthe-Cendors, sous forme de livre-accordéon.



Une voix, qui glisse de « tu » en « je », épaisse de mystères (qui est ce tu, qui est ce je : des enfants enfermés dans quelque banal pensionnat, remué de quelconques bruits nocturnes, ou autre chose, comme le suggère la fin du texte ?), tressée de contradictions, d’oscillations, luttant contre l’ordinaire pour le métamorphoser, comme savent le faire les enfants avant que le sommeil les emporte, défigurant les ombres sous leurs paupières, regardant sans voir, lisant sans lire, « avant que cela ne commence » – le sommeil, les chimères.



Le texte organise peu à peu sa bascule, déformant les maigres bornes qu’il offre (à quand correspond ce « maintenant » ? A un présent onirique, à un temps détrempé d’encre ? Où se situe-t-on ? Dans un souvenir, une illusion, un lieu palpable, un entre-deux ?), transformant un ascenseur en véhicule de songes (« il te semble que quelque chose, tu ne sais quoi, va surgir d’une terre profonde, un torse, des épaules, un cou. L’haleine animale d’une joie sauvage »), montant et descendant dans l’imaginaire, le subconscient poétique du lecteur – à moins qu’il ne traverse réellement les douze étages menant de ce « je », qui cherche à traduire les ombres du texte, jusqu’au lecteur, qui hésite à s’embarquer dans cet attelage de mots au souffle trouble, et finit par s’y engager, confiant en la force interne du style-Cendors.



On se laisse emporter par cet étrange enchevêtrement textuel, en se demandant si l’on a assisté à une rêverie nocturne d’enfance perdue, ou à l’intuition fulgurante de ce qu’est le processus d’écriture fantastique, où les diverses trames du temps se confondent, étirées dans les ascensions du texte et ses déclivités étranges, et où les sens se troublent et n’offrent plus de repères stables.



Au texte répondent des collages tout aussi énigmatiques, au travers desquels chemine une bille-bulle-ballon, reflets incertains, guide fragile pour des enfants aux allures désuètes, se détachant sur des imaginaires riches de symboles (vague déchaînée, phare qui n’éclaire rien, pluie d’étoiles filantes, cheval de manège emballé, lune et branches démesurées, villes-poupées, statuaire carrollienne).



Etrange fil directeur visuel, que cette forme qui fuit au gré des vents, comme les certitudes du lecteur s’égarent au fil de cette poignée de pages qui réinventent l’errance éveillée.



Un fascinant micro-labyrinthe à la belle facture (papier luxueux, accordéon-dédale abrité par une belle couverture à rabats & impression de qualité), que j’imaginerais volontiers réalisé par David Lynch, tant il y a dans cette dense écriture visuelle quelque chose qui joue avec notre inconscient, dansant sur nos capacités de compréhension et d’intuition
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L'Horizon d'un instant

Immensité de l’instant, cheminement vers son dénuement, sa solitude, mais surtout son débord du dehors, des forces telluriques, tempétueuses, du vent et de sa vacuité. Pierre Cendors, admirablement, poursuit son errance, son superbe travail sur la langue pour ici incarner l’instant, ce moment à côté de Soi, de son identité sociale, de son langage, soudain on existe, on entend l’enfance et le silence du monde. Encadré des magnifiques toiles de Claire Chesnier (elles font si bien entendre les lisières où se situe la prose, la parole découpée, qui habilement survient de la page blanche, de l’auteur), L’horizon de l’instant est une ode à l’exténuement, à « l’outrepas immobile. »
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L'Homme-nuit

Épique et intime, un autre énigmaire, nimbé de fantasy, où le religieux et le métaphysique se dissolvent savamment dans le mythe et dans la puissance pure des récits qui bifurquent.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/11/note-de-lecture-lhomme-nuit-pierre-cendors/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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L'énigmaire

Extrait de ma chronique :



"On le voit, comme annoncé par l'épigraphe, L'Enigmaire est bien une relecture du Stalker d'Andreï Tarkovski (plus que celui des frères Strougatski) ; simplement, ici, s'il y a bien une figure de scientifique (Laszlo Ascensio) et une figure d'artiste (Adna Szor) il n'y a pas de stalker, et la Zone, loin d'être un endroit où les voeux se réalisent, nous redonnant de la foi, abrite, au contraire, comme le déclare page 36 l'usager numéro 2, Job Keeler, "une force qui m'a fait perdre toutes mes croyances religieuses".





On le devine aussi, les trois derniers usagers du Dialogueur représentent trois destins différents de l'humanité, suivant le lieu où elle est contrainte de vivre :



– dans l'espace, à la manière disons d'Interstellar de Christopher Nolan (le slogan "l'homme est né sur Terre, rien ne l'oblige à y mourir" résumerait bien le credo de la Divna, pour qui "la vie terrestre" n'est pas "la mieux appropriée" aux "besoins psychologiques et spirituels" de l'espèce humaine, voir page 214) ;



– sur Terre, aussi polluée soit-elle ;



– sous Terre."
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Minuit en mon silence

Sur le front en septembre 1914, Werner Heller, lieutenant de l’armée prussienne, prend la plume pour adresser une longue lettre - la première et peut-être bien la dernière - à une femme croisée à Paris. Il la connaît à peine mais elle occupe ses pensées, cristallisant un idéal d’amour. Il en a connu des femmes pourtant mais peut-être celle-ci dans son éloignement revêt-elle une aura tout autre. Ou alors est-ce l’omniprésence de la mort qui l’incite à ouvrir son coeur ?

Dans la longue lettre qu’il adresse à Else, le soldat, par ailleurs peintre, évoque ses camarades du front, et ce qui les tient ensemble dans la même ardeur effrayée. Mais c’est surtout son âme d’esthète qu’il livre : une pensée traversée par la poésie, la peinture, l’art en général comme essence même de la vie.

Une lettre pour un aveu d’amour, une missive comme la trace d’une vie éclairée par la beauté du monde, celle de la nature mais aussi celle née de la poésie.

Minuit en mon silence marque ma première rencontre - et quelle rencontre ! - avec l’univers de Pierre Cendors dont la plume érudite conduit avec lyrisme sur des chemins de pure beauté. Il y a dans ce roman-poème l’amour du verbe, des mots qui revêtent la vie d’atours somptueux. Tout semble ici faire poésie : les élans comme les arrêts des coeurs.
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L'énigmaire

« -Sans frontières, parfois sans nom.

-Nous ne régnons pas, nous allons. »

À la mémoire d’Andreï Tarkovski (1932-1986).

Litanie, souffle rédempteur. Prenez soin de ce grand livre. C’est l’heure pleine dans un hors temps magnifié. Orze et ses champs de batailles, plaies assignées aux prières regain. Roman cosmopolite, pleine-lune et mage, le symbole des retournements. Orze bombardée, martyrisée, 1916 et maintenant, lande sauvage, dévoreuse. N’ayez pas de crainte. Pierre Cendors rassemble l’épars. Trois êtres et plus encore, transmutation.

« La hauteur chante ce qu’on parle dans la profondeur. » disait la légende.

Zone rouge, Bois Zéro, retenez ces noms : Laszlo Ascencio surnommé Little Nemo, Adna Szor, une musicienne en deuil, Sylvia Pan, une femme en quête de ses racines. Elle-même, la majestueuse, la sachante qui m’a mise au monde une nouvelle fois. Ce livre culte, incontournable est un parchemin sans âge et immortel. Orze territoire où les murmures n’osent s’élever, fragiles encore. Et pourtant les silences creusent les sillons. L’hostilité détournée par le théologal de ces trois êtres pèlerins des intériorités en quête d’une renaissance. Dans un labyrinthe, Paroles de Severnus, bibliothécaire du secret.

« J’avalais mon pain en pleurant sans bruit, tranquillement, comme un arbre entaillé larme sa résine. »

L’homme macrocosme, bien avant le bien et le mal. Orze la parabole : L’Énigmaire.

« Lui-même le disait : Il n’y a pas de création sans décréation, c’est-à-dire l’homme. – On se méfie toujours plus des athées que des crédules…. Qui était Gottfried Absalom ? disait la gazette locale. »

Retenez votre souffle à la page 145. Ici vous avez le summum, la quintessence, l’épiphanie, l’univers réalisé. Essentialiste, ce roman-VIE est la mappemonde dévoilée. « Je n’étais jamais venue à cet endroit de ma vie. »

J’ai pleuré bouleversée par ce livre parchemin. Je sais que L’Énigmaire est culte, rare et infini. Orze-Niveau O Premier monde…

Les lieux s’élèvent, l’espace métamorphosé, le pouvoir des mots, l’initiation à la langue nouvelle. Pierre Cendors dévoile le chant grave des marches salvatrices.

Ce livre est un allié, un sauveur, la trame source et l’esprit n’est plus le bruissement en devenir mais la connaissance suprême de soi-même, l’arbre de vie. Publié par les majeures Éditions Quidam éditeur.







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Silens Moon

C’était ma première fois. Une première fois que j’ai crainte parce que j’avais peur de ne pas savoir m’y prendre. J’avais bien écouté ceux qui ont tenté de me rassurer du haut de leur expérience, mais cela renforçait mon appréhension. C’est tellement personnel, une première fois.

C’était ma première fois et c’en fut une de la teneur de celles dont on se souvient toujours et qui changent notre rapport aux choses.

C’était ma première fois dans l’univers de Pierre Cendors.



Je m’étais fait la promesse de le démystifier un peu afin de toucher ceux qui, comme moi, sont impressionnés pour ne pas dire sceptiques devant la grandiloquence des chroniques à son égard.

Mais ça c’était avant de le vivre, avant de le lire, avant de noter des pages et des pages de citations et avant de leur donner raison à ces chroniques.

Parce que oui, moi aussi, parfaite figure d’un esprit terre-à-terre qui manque de poésie, j’ai succombé.



Guillaume Gallienne raconte volontiers qu’il doit le meilleur conseil qu’il a pu recevoir pour diriger son jeu d’acteur à Jalil Lespert qui lui a dit « Ne me montre pas, laisse-moi voir ». Je n’ai jamais oublié cette phrase qui fait la part belle à l’art de la suggestion, qui laisse le spectateur loin de l’abruti passif qui s’abreuve d’images et de pensées toutes faites mais, au contraire, le fait maître de son regard, de sa compréhension et de son interprétation.

Et c’est pour moi ce qui résume le mieux ce que j’ai ressenti à la lecture de Silens Moon. Pierre Cendors excelle dans l’art de la suggestion. Ne me montre pas, laisse-moi lire. Permets-moi de saisir ce qui me fait vibrer dans ce récit métaphorique. Les phrases ondulent, tournoient, m’encerclent. Je les trouve belles, toutes. Parfois je les relis deux fois, parfois plus et leur sens se révèle subitement. Ce sont finalement toutes celles que je relis que je préfère tant elles créent à chaque fois un écho qui me parle, m’enchante ou me broie.



Je suis tout simplement hypnotisée, comme étourdie par les vapeurs de l’encre.

Ce n’est pas tant l’intrigue qui importe quand on lit Silens Moon (bien qu’elle soit parfaitement envoûtante), mais l’expérience de lecture. Après quelques jours, les souvenirs sont assez diffus, brumeux, comme ceux d’un rêve qu’on ne voudrait pas oublier mais qui s’échappe. Cela semble nébuleux mais restent l’atmosphère et les questionnements induis, reste la consistance et, surtout, reste cette absolue élégance.
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Silens Moon

C’est une nuit dans ce qu’elle a de plus sombre. Une de celles qui abolit le soleil, règne de la lune noire éclairant le monde de toute son obscurité.

Une « nuit souveraine » flamboyante en chacun de nous, un feu dont la flamme discrète couve un incendie. L’adoubement d’un invisible, une rumeur intérieure à laquelle l’esprit s’éveille douloureusement.

Un « arrière-pays » intérieur éclairé par « une procession immobile de lumières ».

Un monde, « plus univers que terre , « moins céleste que cosmique » au « goût froid étoilé de vérité »

Du ciel glacé de l’hiver tombe des flocons de neige, « glaciation lente et menaçante », poudre légère écrasant de toute sa densité les rives d’un univers intime, comme une « augure de funérailles ».

« Mourir sans cesser de vivre », une hibernation métaphorique symbole d’une renaissance intérieure quand tout se meure au-dehors.

Un feu sacré, incandescence de l’âme pour illuminer, pour faire fondre la glace, prison transparente de verre.

Quitter le monde pour pénétrer dans son monde.

S’enfermer dans la solitude pour se libérer.

S’entourer de silence pour mieux entendre.



« Silens Moon » est un roman de l’invisible, une lumineuse mise en mot de ce qui est parce qu’il ne se voit pas, ce qui existe parce qu’on ne le sait pas. La quête d’une éclairante obscure intimité, voyage initiatique aux confins de soi-même, remontant la « Vollmond Allee » sous les lueurs scintillantes d’une lune révélatrice, dont les reflets sont le miroir d’une âme cachée.

Un roman de l’indicible exprimé par une écriture qui s’approche du divin, expression d’une langage intime. Une esthétique du silence pour mettre en mot ce qui ne se dit pas, un vacarme insonore, une mise en lumière flamboyante d’un monde intérieur secret.
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Archives du vent

Captivant, envoûtant, hypnotisant



Quelle découverte, quelle écriture ! J’ai été embarquée dans un univers que j’aime. L’auteur nous emmène au frontière du réel, à la découverte d’un « autre réel ». Chaque phrase est poétique, lourde de sens. J’ai été complètement baladée à un moment me demandant même si je ne n’avais pas loupé quelque chose. Mais non, Pierre Cendors se joue de nous.

Il faut rester attentif durant cette lecture tant l’univers est singulier et empreint de mysticisme. Ajoutez à cela de nombreuses références cinématographiques et littéraires et vous obtenez « un texte aux pouvoirs étranges ».





Egon Storm, réalisateur islandais de génie, a créé une machine révolutionnaire, le « Movicône » lui permettant de faire rejouer dans de nouveaux films des personnes disparues après extraction à partir d’images d’archives, de toutes leurs expressions, gestes, intonations. C’est ce que l’on appelle le « Ciné Art-chive »( si tu as vu Forest Gump toi-même tu sais 😆). Un casting atypique et hors-norme où vous croiserez par exemple Hitler en poète maudit qui donne la réplique à Marlon Brando ... Oui il fallait oser !

Storm se retire du monde avant la diffusion de sa mythique trilogie laissant des instructions précises concernant son exploitation. Dans son dernier message il mentionne un certain Erland Solness, laissant entrevoir un quatrième film ....





Ce pitch n’est que la partie émergée, les strates sont nombreuses et je vous laisserai le soin de les découvrir ! Un mot : Foncez!
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Cinq nouvelles fantastiques du XXIème siècle

Si souvent fantastique rime avec horreur ou épouvante dans l’esprit des gens, en littérature européenne ce n’est pas toujours le cas. Que ce soit Le Horla de Guy de Maupassant, La Peau de Chagrin d’Honoré de Balzac, Le K de Dino Buzzati ou Le Vicomte pourfendu d’Italo Calvino, le fantastique est souvent l’intrusion d’un élément étrange dans un univers pourtant bien réel. Étrange et féérique, étrange et épouvantable ou simplement étrange et portant matière à réflexion. Et qu’en est-il du genre dans ce début de 21e siècle ? Cinq écrivains et deux illustrateurs français ont chacun, à leur façon, apporté un début de réponse dans les textes du recueil Cinq nouvelles fantastiques du XXIème siècle.

À la lecture, on peut en conclure que le fantastique se porte toujours aussi bien. Que la trame du récit soit finalement assez classique comme dans Personne d’Alain Sevestre ou Poupée à sorts de Xavier Mauméjean, plus tortueuses comme Froid de Gaëlle Obiégly ou Vie posthume d’Edward Markham, ou hélas un peu trop ancrée dans le réel à mon goût pour À l’horizon des événements d’Éric Pessan, les récits de ce court livre ne se lisent pas d’une traite. Chaque texte, et les illustrations qui vont avec, se déguste lentement et se savoure. Pour tout vous dire, moi qui d’habitude dévore les livres que j’aime très vite – trop vite parfois- là j’ai pris mon temps : au mieux une nouvelle par jour. Certes la reprise du travail est là, mais il s’agissait surtout de digérer les textes, de les laisser reposer pour mieux les apprécier. D’ailleurs, je pense que je reviendrais à ce recueil d’ici quelques mois. En y lisant une nouvelle par-ci, une autre par-là.
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Minuit en mon silence

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Archives du vent

Labyrinthique, onirique et méditative, chamanique et médiumnique, évanescente et granitique : telle est l'oeuvre de Pierre Cendors que l'on découvre à travers ces Archives du vent, jeu de solitaire mouvant et émouvant, étrange et fascinant, de casse-tête et de patience, sorti au Tripode le 17 septembre. La suite ici : http://ericdarsan.blogspot.fr/2015/10/archives-du-vent-linvisible-dehors.html
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Engeland

Engeland : le titre porte en lui la promesse d’une terre d’anges dépossédés, non de leurs sexes, mais de leurs noms. Sur la couverture, un regard, tourné vers l’au-delà, semé de neige comme des trouées d’absence, évite la silhouette sombre d’un homme sans visage, juché sur un building privé de ses hauteurs. L’absence, comme serment de lecture.



La photographe Fausta K. a construit sa vie et son œuvre autour du vide – celui dans lequel son ami d’enfance, Houdini, est un jour tombé, celui de la disparition progressive de ce jumeau psychique, celui qui hante ses photos taciturnes. Hantée par le manque de celui qui, après son accident, lui a été caché et avec qui elle correspond par fragments jusqu’à ce qu’on lui annonce sa mort, elle cherche, à travers l’art photographique, à exprimer les « raccourcis vers le rien », les « empreintes du silence » qui façonnent sa vie. La photographie est moins, pour elle, l’écriture de la lumière que le révélateur des ombres, des vides solitaires, « paradoxalement saturés de lumière », que tressent nos manques de présence au réel.



On suivra son parcours, entrecoupé de descriptions de photographies inexistantes, qui cisaillent le récit de leurs remuements invisibles, à travers un vingtième siècle où se dépouillent les identités, et à travers le doute : qu’est-il réellement arrivé à Houdini ? Que lui veut ce Valère, cet ancien professeur, qui se prétend Engel, peintre, dramaturge, photographe ? Quel homme se cache derrière les toiles d’Engel ? Qu’est-il véritablement advenu de celui avec qui Fausta aimait tant à imaginer les pays rayés du monde, disparus des cartes ?



Et comment le lecteur peut-il se fier à ces personnages...



La suite par ici : http://www.delitteris.com/au-fil-des-pages/engeland/
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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Le voyageur sans voyage

Recueil de poèmes de la Collection Poés'histoires, la collection de poésie jeunesse des Éditions Bruno Doucey, "quand la poésie prend les enfants au sérieux".



Celui-ci évoque un mystérieux train bleu qui ne s'arrête jamais.

Pourtant, il passe tous les jours à la même heure à la même gare.

Un homme et un enfant sont sur le quai et voient se train passer.

D'où vient-il ? Où va-t-il ? Pourquoi est-il recouvert de glace ?

Représente-t-il un rêve... ou un cauchemar ?



La couverture m'avait intriguée, car les éditions Bruno Doucey éditent d'habitude des couvertures unies et colorées, avec motif à rayures.

Ici, les recueils mêlent poèmes et poésie visuelle : les dessins de Sophie Lécuyer sur doubles pages représentent en blanc et bleu le décor, mais aussi les deux personnages et d'autres silhouettes.



Ce recueil peut aussi bien être découvert par les enfants mais aussi par les adultes. Même si le dénouement final sera compliqué à comprendre pour les enfants sans une explication par un adulte.
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