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Critiques de Pierre Cendors (88)
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Silens Moon

Malgré plusieurs essais, je n'ai jamais réussi à apprécier Silens Moon, mais c'est probablement une question de goût. Le style m'a fait grincer des dents à peu près tout du long, alors qu'il conviendra très certainement à d'autres lecteurs. Ils aimeront, je leur souhaite, mais moi je me suis traînée de pages en pages jusqu'à atteindre la fin.

Tous les auteurs ne sont pas pour tous les lecteurs.
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Archives du vent

Quel est cet autre qui écrit ? Dans une charade métaphysique virevoltante, dans un vertige de dédoublements, de projections, de confusions, rêves et prémonitions, Pierre Cendors poursuit l'autre réel mise en ombre dans chacun de ses livres. Archives du vent, dans son vibrant hommage au cinéma, rend visible l'invisible, la solitude et ses solipsismes, la permanence des révoltes adolescentes, l'horreur de la réalité. Un très grand livre empli de revenants et d'images rémanentes.
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Minuit en mon silence

Septembre 1914, Werner Heller, jeune lieutenant de l'armée prussienne, poète et peintre à ses heures, est en permission à Paris. Durant ce séjour, de manière un peu fortuite, il fait la connaissance d'Else, une jeune française. La présence mais aussi la beauté candide de cette femme sont une révélation pour Werner. Poussé par ses sentiments pour elle, il lui demande l'autorisation de peindre son portrait. Else accepte, non sans éprouver un certain trouble au coeur. Mais le tableau du portrait ne se fera pas. Werner est subitement appelé à rejoindre son corps d'armée, la guerre prend de l'ampleur. La veille de partir, le jeune homme écrit une longue lettre à Else, une lettre-confession qui sera remise à la jeune femme.



Publié en 2017 aux Editions le Tripode, Minuit en mon silence est après Archives du vent le second roman que je lis de Pierre Cendors. Dédié à la mémoire d'Alain Fournier, le jeune et célèbre auteur du Grand Meaulnes mort prématurément à la guerre en 1914, et inspiré pour partie par sa correspondance, ce court roman épistolaire est d'une écriture à la beauté toute saisissante



La rencontre, les quelques moments qu'ont partagé Werner Heller et Else, le trouble qu'ils ont tous deux éprouvé, ont ouvert chez le jeune homme un sentiment qui le retient tout entier. le portrait d'Else jamais commencé, c'est le regard du féminin, de cette âme-soeur, de l'altérité en lui (Orphée et Orphia, sont deux personnages-clé souvent cités dans la longue lettre) que recherche Werner. Else est cette autre lui-même, elle est cette convergence de l'intime en lui, que même la guerre, le pressentiment proche de sa propre mort ne suffisent pas à atténuer.



Minuit en mon silence est un livre remarquable, qui mérite une vraie estime. Teintée de romantisme et d'idéalisme, il y a dans l'écriture de Pierre Cendors une poésie, une maîtrise, une retenue, une gravité et une érudition qui touchent au sublime. Un très beau roman.

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Silens Moon

La nuit et ses avers de silence, la solitude en ses dévers de vide et d'éperdues amours, l'identité en ses dédoublements. Dans une prose, captivante tant son opacité révèle la transparence des apparences, Pierre Cendors nous embarque dans un voyage onirique, existentiel dans les commencements et recommencements. Si Silens Moon se présente comme une variation autour du Loup des Steppes de Herman Hesse, Pierre Cendors fait de son roman une quête de l'image, un vertige. Une écriture à découvrir.
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Archives du vent

Je ne suis pas sûre d'avoir compris ce que je lisais.
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Archives du vent

Voici une lecture hypnotique et étrange, nous ne savons pas où nous sommes, où va nous entraîner ce texte. D’une belle écriture fluide, nous partons dans l’esprit et le récit de ce narrateur qui nous manipule, nous bouscule, on avance, on recule, on découvre des références cinématographiques, quelques références philosophiques. Mais cela n’a rien de pompeux. Est-ce le récit d’un réalisateur, un scénario pour un film, un récit familial avec des faux frères ou vrais frères. Qui est ce narrateur, un marionnettiste, un réalisateur en train d’écrire un film, un homme vieillissant qui nous raconte l’histoire de sa famille.

J’ai aimé me perdre dans les méandres de ce roman récit. Tout est entremêlé dans ce texte, des descriptions de scenarii de films avec des faux-vrais acteurs, des demi-frères, des petits fils, des énigmes, des valises mystérieuses, des carnets de moleskine qui pourraient nous éclairer. on a l’impression d’être devant un écran et de ne pas saisir le scénario et les liens entre les personnages. Paradoxalement, on pourrait être perdue et se lasser. Eh bien non, on continue à lire ce livre envoûtant et on veut voir jusqu’on ira l’auteur et si on va comprendre et ne pas se perdre dans ce labyrinthe cinématographique, philosophique.
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Minuit en mon silence

Un soir d'automne 1914, à la veille de retourner au front, le lieutenant Heller écrit une dernière lettre d'amour à Else, persuadé de ne jamais la revoir tant le pressentiment de sa mort prochaine s'impose à lui. Hantée par la figure de deux absents - la femme aimée, Else, et Orphée, jeune soldat mort au front aux côtés d'Heller, cette "lettera amorosa" se fait méditation sur le rôle salutaire de la poésie comme remède aux silences du monde et aux douleurs de la solitude et du deuil. Une fulgurance poétique au goût de cendre qui confirme - encore une fois, après le superbe Archives du vent également paru chez Le Tripode - la délicatesse de Pierre Cendors, dont le style éclatant autant que l'habileté narrative laissent admiratif.
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Minuit en mon silence

Minuit en mon silence de Pierre Cendors est conçu sous la forme d'une longue lettre d'amour rédigée par un officier allemand en septembre 1914 à l'attention d'une jeune femme rencontrée à Paris avant la guerre. On saura peu de choses de cette rencontre car on comprend très vite que cela serait hors de propos dans ce livre à la tonalité à la fois lyrique et sombre.



Un mot sur le nom de l'auteur, comme moi, vous avez peut-être noté la proximité sonore avec Cendrars et ceci d'autant plus que l'auteur suisse a été engagé volontaire pendant la Grande guerre, le payant d'ailleurs d'un lourd prix sur le plan physique. Si vous avez envie d'en apprendre davantage sur cette ressemblance des deux pseudonymes, quelques recherches sur Internet vous éclaireront mais l'auteur (je parle de Cendors) reste malgré tout entouré d'un halo de mystère et ses livres sont parfois décrits comme "indéfinissables" (ça ne m'étonne donc pas que je rame pour écrire ce billet).



La tonalité de ce livre est éminemment poétique, tendue vers cet amour idéalisé que le lieutenant Heller éprouve pour la belle Else, une inconnue ou presque. Leur conversation n'a duré que quelques heures. A un moment, cependant, la jeune femme s'est troublée, trahissant une émotion un peu plus forte. Heller emporte ce trouble avec lui comme un joyau et n'en demande pas davantage. Il n'espère rien d'autre, cette absence sublimée lui suffit. Ce chant d'amour est servi par une écriture magnifique et l'on comprend la référence à Rilke en quatrième de couverture.



Mais le livre comporte aussi une profonde intériorité. Heller ne pense pas que la guerre l'épargnera. Il se livre donc à une sorte d'introspection philosophique ou métaphysique tout en rendant hommage aux poètes. Les références au mythe orphique imprègnent l'ensemble du texte. Le personnage de l'Ordonnance du lieutenant, est particulièrement sublime, à la fois grave, pur, insaisissable et pourtant... Bien entendu, il le surnomme Orphée. D'autres références littéraires émaillent ce petit bijou poétique à l'érudition douce. Je vous invite fortement à les découvrir.
Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Archives du vent

J’avais repéré ce livre à sa sortie : j’apprécie le travail des éditions Le Tripode, qui dénichent souvent des auteurs rares et passionnants. Et une couverture avec le visage de Louise Brooks dans Loulou était une incitation très forte pour découvrir un auteur qui m’était inconnu : Pierre Cendors.



Le roman mêle le cinéma, le mystère, la recherche d’un monde différent … Le personnage principal, Egon Storm, est un cinéaste islandais, qui invente un nouveau procédé de cinéma, lui permettant « d’utiliser » les acteurs du passé pour tourner de nouveaux films. Il est censé avoir réalisé trois films selon ce procédé, qui ont révolutionné l’histoire du cinéma. Après avoir fini sa trilogie, il s’est réfugié dans la solitude du fin fond de l’Islande. Mais son ami Oska, qui a eu droit à la primeur des films de Storm dans son cinéma, commence à penser que ce dernier serait en train de tourner un nouveau film, en lien avec un certain Erland Solness, un personnage insaisissable, jusqu’à ce que son fil n’entre en contact avec Oska….



Révélations progressives mais qui gardent toujours quelque chose d’inexpliqué au final, récit dans le récit, qui pose la question où est la réalité et où le scénario en train de s’écrire, chamanisme, voyage dans d’autres univers, la façon dont se construit une identité, en particulier grâce à l’art, la solitude comme destin de tout homme, et encore plus de l’artiste… les lectures de ce roman peuvent être multiples. La poursuite de Solness, l’impossible rencontre avec Storm, le secret de leurs identités complémentaires, sont une sorte de trame. Les films de Storm, et au-delà un certain nombre de films, sont aussi un fil rouge.



L’écriture est belle, des citations diverses, en particulier de poèmes s’y mêlent, là encore, comme dans le cinéma de Storm, les mots des autres se mêlent à ceux de Pierre Cendors pour en constituer un élément essentiel, comme les visages d’acteurs apparus dans d’autres films forment les œuvres supposées du personnage du roman. C’est parfaitement maîtrisé, et ne semble à aucun moment artificiel, ni gratuit. Cela reflète indéniablement la création d’aujourd’hui, dans laquelle les références, les citations, l’utilisation d’éléments venus d’ici ou là semblent incontournables.



C’est incontestablement prenant, par moments fascinant. Toutefois j’avoue ne pas être très sensible à l’inexplicable, au chamanisme, au contact avec un autre monde qui existerait à côté du nôtre. Cet aspect du livre m’a un peu fait décroché par saccades. J’ai plus été sensible à la poésie douce amère des personnages, à l’amour fou du cinéma, de l’art en général, au besoin inexpliqué de créer, à l’ambiance crépusculaire, aux paysages désolés mais habités.



Un auteur qu’en tous les cas j’ai envie de découvrir un peu plus maintenant.
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Vie posthume d'Edward Markham

Comme beaucoup, c'est dans Temps X que j'ai vu pour la première fois les épisodes de la quatrième dimension - je n'étais pas né lors de la première diffusion en français de quelques-uns des épisodes. Dans mon souvenir Temps X*, c'était les frères Bogdanoff, Igor et Grichka Bogdanoff, dans des combinaisons futuristes, des reportages, des informations, de la science-fiction et des séries dont La Quatrième Dimension, Au-delà du réel, Le Prisonnier, Galactica, Cosmos 1999 et Astrolab 22 (pour cette dernière, je n'ai aucun souvenir et le nom ne m'évoque rien aujourd'hui).



Les épisodes de La quatrième dimension - 156 épisodes étalés sur 5 saisons - étaient introduits par une phrase d'accroche - en anglais, le créateur de la série, Rod Sterling, jouait le rôle du narrateur - dont :



« Apprêtez vous à entrer dans une nouvelle dimension, qui ne se conçoit pas seulement en terme d'espace, mais où les portes entrebâillées du temps peuvent se refermer sur vous à tout jamais… La Quatrième dimension ! »



« Au delà des classiques notions d'espaces, où l'homme projette ses pas, il est une dimension où peuvent se glisser par les innombrables portes du temps, ses désirs les plus fous. Une zone où l'imagination vagabonde entre la science et la superstition, le réel et le fantastique, la crudité des faits et la matérialisation des fantasmes. Pénétrez avec nous dans cette zone entre chien et loup, par le biais… de la Quatrième dimension ! »



« Nous sommes transportés dans une autre dimension. Une dimension inconnue de l'Homme. Une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais surtout d'esprit. Une dimension sans espace, ni temps, mais infinie. C'est un voyage dans une contrée dont la seule frontière est notre imagination. Un voyage dans les ténèbres. Un voyage au bout de la peur, aux tréfonds de nous-même. Un voyage dans la Quatrième dimension ! »



« Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais aussi d'esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination : un voyage au bout de ténèbres où il n'y a qu'une destination : la quatrième dimension. »



Dans son dernier roman - et le deuxième que je lis de lui après le puissant Minuit en mon silence -, Vie posthume d'Edward Markham, Pierre Cendors invente le dernier épisode de la quatrième dimension dont le générique est le suivant :



« Vie posthume d'Edward Markham - (Usher's Report)





Un film d'Egon Storm





Avec : 


Edward Markham/Usher : Montgomery Clift


Todd Traumer : Emil Cioran


Colonel Powell : Robert Mitchum


Natsuki : Misa Uehara


Rod Serling : Rod Serling


Le journaliste : Joseph Cotten


Kirstine : Ethel Barrymore


Soeur de Markham : Geraldine Fitzgerald


Maitreya : Maitreya





Narration : Orson Welles



Images : Anna Boulanger





Musique de Featherlight





Une production Movicône Vision  - « The best films never made »





Adaptation française : Pierre Cendors »



Comme le mentionne le quatrième de couverture, le pitch de cette Vie Posthume d'Edward Markham est simple : « Arrivé au crépuscule de sa vie, un scénariste (Todd Traumer) est sollicité pour écrire son chef-d'oeuvre : l'ultime épisode de la Quatrième Dimension, la mythique série télé. Vie posthume d'Edward Markham est l'histoire de ce film, et de cet homme. »



Egon Storm, c'est le cinéaste de Archives du vent, le premier livre de Pierre Cendors pour le Tripode ; Movicône Vision, c'est la maison de production de la trilogie d'Egon Storm ; Anna Boulanger, auteur et dessinateur et également publié par le Tripode, a fait les dessins du livre de Pierre Cendors; Edward Markham porte le même nom que le poète américain Edwin Markham ; le groupe français d'électro-pop-rock Featherlight a inspiré la musique de ce dernier épisode de la quatrième dimension avec le titre Lord Zero** qui colle parfaitement au thème du livre ; on note la présence d'Emil Cioran, l'auteur de L'inconvénient d'être né dans une Vie Posthume, Robert Mitchum ou Montgomery Clift au générique, … et bien d'autres choses à découvrir encore - et cela vaut pour moi également.



Proposant un double niveau de lecture - d'une part l'histoire de la version écrite de cet épisode et d'autre part celle d'Edward Markham/Usher - et une forte maîtrise de la mise en abyme, Cendors rend non seulement un bel hommage au cinéma et à la littérature tout en créant un monde digne d'un épisode de la quatrième dimension mais également traite le thème de l'arrêt, de la fin, avec celui d'une série - et du coup, j'en ai ajouté une deuxième en introduisant ici Temps X- , de la course de vie d'un scénariste qui meurt après avoir écrit le point final de son manuscrit - « le scénariste tenait encore le script dans sa main quand on l'a découvert étendu sur son lit d'hôpital. Traumer est mort seul, une nuit, en écrivant la fin du feuilleton qui clôt la dernière saison. Traumer n'a pas écrit le mot fin. Traumer a seulement laissé un blanc après la dernière phrase, après le dernier mot. C'est tout ce qui reste de lui » - et de l'acteur malade qui doit jouer le dernier épisode en question.



Avec cette Vie posthume d'Edward Markham, Pierre Cendors atteint les trois piliers de le Tripode - « Littérature, arts, ovnis » - et livre un livre brillant servi par une très belle écriture et des formules qui s'accrochent au lecteur comme une arapède à son rocher - « Nos pensées sont parfois des pensionnaires turbulents que le sommeil, en bonne maîtresse du logis, envoie excursionner pour une heure ou deux. » ; « le cinéma est une vieille demeure hantée et chaque nouveau locataire de l'écran hérite de ses esprits errants. ».  



Une merveille : à lire, à relire et à faire lire.



* Sur le site de l'INA, un extrait de la dernière émission : http://www.ina.fr/video/I05126509

** À écouter sur leur bandcamp : https://featherlight1.bandcamp.com/album/featherlight-2
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Minuit en mon silence

En me baladant dans la seule libraire de ma ville - hors une librairie spécialisée en bandes dessinées, comics et mangas et une autre en jeunesse -, je suis tombé sur deux livres de Pierre Cendors : Minuit en mon silence (2017) et son dernier roman, Vie posthume d'Edward Markham, édités par Le Tripode. À noter que chez cet éditeur, il a également publié Archives du vent (2015).



Interpellé par la couverture et le nom proche de celui de Blaise Cendrars, j'ai suspendu quelques instants le vol de mes yeux sur ces deux livres, lu leur quatrième de couverture, les ai ouvert pour être définitivement convaincu de repartir avec ces deux livres dans ma besace par la mention de Ernst Jünger dans l'un des deux - Minuit en mon silence en l'occurence. Ce choix a été confirmé par l'un des deux libraires même s'il ne les avaient pas encore lu.



Minuit en mon silence est la longue lettre - le roman est court et tourne autour d'une centaine de pages - que Werner Heller, Lieutenant du 5ème corps d'armée prussien écrit le lundi 28 septembre depuis Merlenwald à une femme, Else. Renvoyé au front et craignant de ne pas en revenir vivant, Werner Heller, camarade d'un certain Ernst (Jünger) et dont l'ordonnance s'appelle Orphée, écrit une lettre d'amour à cette femme qu'il a connu avant la guerre mais redoute de ne plus la voir.



Roman très poétique et empreint d'une grande mélancolie sur la passion, l'amour (impossible) et la guerre aussi, Pierre Cendors écrit un livre d'une très grande intensité, d'une grande inventivité - par exemple, l'auteur appelle l'ami du Lieutenant Heller par son seul prénom, Ernst, et lui met dans la bouche ensuite une citation de Ernst Jünger - et d'une grande maîtrise de la langue (sans tomber dans le superflu), le tout au service de réflexions philosophiques (sur la liberté : "Existe-il ici bas une liberté qui rend libre ?", la condition d'homme : "Naître homme, sans doute, vous naufrage à vie", la mort, la guerre et évidemment l'amour).



Lisant peu et moins de romans qu'à une certaine époque, je ne regrette pas du tout ce choix - je vais d'ailleurs m'empresser d'aller lire la Vie posthume d'Edward Markham - qui s'annonce tout aussi passionnant - puis le reste de sa production.



Un court et grand roman à la fois.
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L'invisible dehors : Carnet islandais d'un ..

Les promontoires de l'esprit.

Poète lucide, exigeant et courageux, « l'intelligence tremble à l'approche de l'être nu » comme l'écrit Kenneth White, Pierre Cendors s'avance seul vers la péninsule d'Hornstrandir située au nord de l'Islande, des terres basaltiques âpres désertées des hommes, hantées par les renards polaires, que la falaise aiguë du Hornbjarg plongeant dans l'Arctique pourrait condenser. La voyance, cette acuité du regard allant au-delà des apparences et des préjugés, des visées utilitaires, affouillant jusqu'à l'os du paysage, Pierre Cendors la met en pratique, décrivant sa marche physique et sa démarche mentale : « Puis j'entrai dans la montagne », son arrivée au seuil d'un no man's land blanc hors du temps. La voyance et la vision se rejoignent et se confondent, amenant à une extase et une plénitude chamaniques : « Une immensité froide, ample lumière d'aube où rien ne meurt, rien ne vit… ». Il y a du Rimbaud parfaitement assimilé dans les écrits fervents de Pierre Cendors mais aussi, en filigrane, toute une littérature liée au nomadisme intellectuel chère à Kenneth White mais l'auteur, dans son « Carnet islandais », fait oeuvre personnelle à part entière. Son écriture exigeante et pourtant lisible, compréhensible car ancrée dans une réalité tangible est porteuse d'un feu intérieur qui se réfracte dans l'esprit du lecteur, confortant fraternellement ses propres visions. Le carnet islandais dépasse la simple relation de voyage. Magnus Morland, pseudonyme et auteur fictif (hétéronyme), parcourt le livre, l’émaillant de commentaires. Le voyage résonne ainsi en écho dans les profondeurs de l’imaginaire et sonne avec justesse, sans pesanteur aucune. Le concept de « paysage-racine » esquissé est d’une justesse troublante comme si chacun portait déjà en soi un paysage « natal » qui révèlerait, à des « points de jonction géographique », « l’invisible dehors ». L’absence donnant corps à la vision, le livre est dédié à l’artiste islandais Georg Gudni (1961-2011) qui a su peindre des paysages archétypaux « ouverts sur l’infini ».
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Minuit en mon silence

Le grand Môme.

Dans une longue lettre datée du 28 septembre 1914 adressée à Else, une femme croisée naguère et idéalisée depuis, le lieutenant prussien Werner Heller, à la veille d’un assaut qu’il pressent fatal, se confie en transcrivant son amour indicible pour une femme entrevue à Paris. Pour atteindre sa vérité et la rendre audible, avec une délicatesse extrême, Werner Heller va fouiller au plus intime de lui-même, fouissant les mots, approchant la zone flottante et féconde du silence intérieur qu’une nuit blanche peut révéler.

A travers une lettre testamentaire fictive faisant l’aveu de l’amour à une quasi inconnue, passante baudelairienne par essence, Pierre Cendors réveille la poésie, lui redonne souffle, l’alimentant aux sources anciennes et toujours vives de poètes portés en soi, qu’elles émanent de Rimbaud, de Rilke ou d’Alain-Fournier conservant le souvenir aigu d’Yvonne de Quiévrecourt croisée à Paris et se métamorphosant en Yvonne de Galais dans Le Grand Meaulnes. Au chapitre X, quand Pierre Cendors narre l’agonie d’un lieutenant français, la main cachant une blessure mortelle, bien que les mots fassent comme une ouate, le lecteur est frappé par la tragédie de la guerre qui gicle aux interstices des phrases. Le poète sera jeté en fosse commune mais Heller, en récupérant les papiers du mort peut y lire : « L’amour est comme une première ligne de feu ».
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Hauts Bois

Le passage des lumières.

Souffle de l’indicible, reflet brouillé, rive dérobée, l’infini est à portée d’une conscience posée dans la lenteur, attentive à l’invisibilité incarnée par effraction : « Un monde invisible/qui s’évade en vie ». Les mots choisis et agencés en phrases denses par Pierre Cendors ouvrent avec évidence et simplicité sur le vertige métaphysique. Ils sont une transcription incertaine mais possible du passage des lumières.

Découvert sur les rayonnages irradiants de la bien-nommée librairie « Le silence de la mer » sise à Vannes, le court recueil poétique « Les hauts bois » se lit d’une traite et les vers résonnent en écho avec des pérégrinations intimes : « Ce sont de longues avenues de cimes/comme j’aimerais que vivre fut ». L’auteur est peut-être borné par la forêt de Chantilly d’où il écrit, il n’en évoque pas moins des marches sur les crêtes drômoises souvent si proches de l’azur. A noter, une petite erreur, p. 25 : « Nervure archaïque/du boulot [sic] primordial ». Le lecteur voit mal comment un terme aussi besogneux et trivial pourrait supplanter le superbe arbre blanc des terres boréales.
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Minuit en mon silence

« Chère Else,

Je dois bientôt m’en aller, partir. Vous quitter. C’est la dernière nuit que je passe en tête à tête avec votre absence. C’est là, je le sais, toute la compagnie que je recevrai jamais de vous. Demain, je serai de retour au front. Je n’ai jamais pu mentir devant vous. Je m’avance sur un chemin où, dans quelques heures, à l’instant peut-être où vous lirez ces mots, je me serai déjà franchi. »

Ce premier paragraphe à peine terminé, je suis conquise.

Un lieutenant allemand, peintre, ayant vécu à Paris jusqu’à la mobilisation écrit une lettre à Else, une femme plus fantasmée que réelle rencontrée une seule fois.

« Vos pensées comme vos nuits me sont inconnues. Je ne vous connais que de loi et, pourtant, depuis notre rencontre à Paris, vous m’êtes devenues plus intiment liée que mon propre souffle. Vous êtes apparue sur mon chemin en l’ouvrant à sa plus secrète sente. »



Cette lettre, la recevra t'elle, la lira t'elle alors que le lieutenant Heller se prépare à partir à l’assaut au lever du jour. Il sait qu’il n’en sortira pas vivant. Cette assurance le pousse à parler d’amour d’intériorité, de dévoiler ses pensées à Else qu’il sublime en Orphia.

En chaque homme, madame, est une intensité errante qui recompose, femme après femme, le visage d’une seule. Inaccessible. Cruellement proche. Chacune d’entre elle la lui rappelle. Toute lui sont un exil.





Ce livre écrit « A la mémoire d’Alain-Fournier » qui fut l’idole de mon adolescence, est poésie et beauté. Tout comme l’auteur du Grand Meaulnes, il sublime une femme juste rencontrée et en fait LA femme, L’AMOUR. Lorsqu’il parle d’Orphée, l’ordonnance du lieutenant, qu’il prénomme Orphée, Pierre Cendors rend hommage à tous les poètes et artistes morts aux combats, qui ont donné des textes magnifiques.

Si les mots savent habiller nos sentiments et nos pensées, ils échouent à nous mettre à nu. La nudité de l’être use leur étoffe jusqu’à atteindre une transparence peu dicible.

La poésie, madame, c’est désimaginer le monde tel qu’on nous le vend. C’est découvrir qu’il n’est rien et que s’en éveiller est tout.

Un livre que j’ai pris plaisir à déguster, émerveillée par la richesse, la poésie du texte, retournant en arrière, juste pour le plaisir d’une phrase. Pierre Cendors, à travers le narrateur, interpelle sur la liberté, l’absurdité de la guerre.

Je n’avais pu entrer dans son précédent livre, « Archives du vent », le cinéma n’est pas mon domaine de prédilection, mais l’écriture de Pierre Cendors m’avait interpellée. Ravie d’avoir réitéré avec « Minuit en mon silence »


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Archives du vent

Magnifique roman tiroir où l'auteur se plaît à nous perdre pour mieux nous retrouver... Ecriture portée par une plume travaillée et profonde, Pierre Cendors nous livre une pépite en hommage au cinéma et à l'Islande.

Auteur à découvrir !
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Minuit en mon silence

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Archives du vent

Avec Archives du vent, le lecteur s’écarte sensiblement de l’introspection à l’honneur dans L’invisible dehors. Les personnages ici sont multiples et tous étroitement liés les uns aux autres par le projet fou et cinématographique d’Egon Storm : réaliser trois films et peut-être quatre à l’aide de la technologie du Movicône qu’il a inventée et les faire diffuser après sa mort par son complice, les uns après les autres, un film tous les cinq ans. Outre ce scénario génial et déstabilisant, l’auteur n’hésite pas à voyager dans le temps et l’espace, égarant le lecteur sur toute la longueur du XXIème siècle de la Suède à l’Ecosse en passant par l’Islande, pour former un ensemble complexe et cohérent largement influencé par la théorie des voyages astraux.



Archives du vent est aussi et surtout une perle de littérature à vous faire corner votre livre à chaque page – aussi bibliophile que vous soyez – tant les aphorismes et citations à vous éveiller un mort sont nombreux et incitent à la méditation ou à la réflexion. De petites vérités assénées discrètement et tout juste bonnes à vous remémorer le but de toute littérature digne de ce nom – ou plus simplement digne de ce que j’aime.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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L'invisible dehors : Carnet islandais d'un ..

Donner un avis sur L'invisible dehors, c'est presque immanquablement parler de soi. Ce carnet de voyage d'écrivain est l'infusoir d'un autre roman de Pierre Cendors, Archives du vent. Frisant avec la forme du recueil poétique, Pierre Cendors y exprime son rapport aux paysages d'Islande, au vide, à la marche, au processus créatif, à l'art, son rapport à lui-même indirectement. Il invite ainsi le lecteur au même retranchement intérieur, pour mieux finalement extérioriser ce qui doit l'être - en l'occurrence ces carnets de voyage et le roman Archives du vent.

En bref, un retour sur soi déclencheur d'ouverture au monde... Rien de moins !

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Les fragments solander

L'idée est magnifique et le bouquin l'est presque. Mais l'épisode des procès de Budapest et Prague, la volonté de se raccrocher à tout prix au réel, n'introduit que longueurs et confusion. Bien en dessous des Archives du vent.
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