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Critiques de Pierre Cendors (88)
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Engeland

Engeland : le titre porte en lui la promesse d’une terre d’anges dépossédés, non de leurs sexes, mais de leurs noms. Sur la couverture, un regard, tourné vers l’au-delà, semé de neige comme des trouées d’absence, évite la silhouette sombre d’un homme sans visage, juché sur un building privé de ses hauteurs. L’absence, comme serment de lecture.



La photographe Fausta K. a construit sa vie et son œuvre autour du vide – celui dans lequel son ami d’enfance, Houdini, est un jour tombé, celui de la disparition progressive de ce jumeau psychique, celui qui hante ses photos taciturnes. Hantée par le manque de celui qui, après son accident, lui a été caché et avec qui elle correspond par fragments jusqu’à ce qu’on lui annonce sa mort, elle cherche, à travers l’art photographique, à exprimer les « raccourcis vers le rien », les « empreintes du silence » qui façonnent sa vie. La photographie est moins, pour elle, l’écriture de la lumière que le révélateur des ombres, des vides solitaires, « paradoxalement saturés de lumière », que tressent nos manques de présence au réel.



On suivra son parcours, entrecoupé de descriptions de photographies inexistantes, qui cisaillent le récit de leurs remuements invisibles, à travers un vingtième siècle où se dépouillent les identités, et à travers le doute : qu’est-il réellement arrivé à Houdini ? Que lui veut ce Valère, cet ancien professeur, qui se prétend Engel, peintre, dramaturge, photographe ? Quel homme se cache derrière les toiles d’Engel ? Qu’est-il véritablement advenu de celui avec qui Fausta aimait tant à imaginer les pays rayés du monde, disparus des cartes ?



Et comment le lecteur peut-il se fier à ces personnages...



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Goodnight Houdini

Sur la couverture magenta s’étale une image tenant autant de l’affiche de cirque que du cabinet de curiosités ; sous ce portrait aux allures de fantasmagories (fantômes, éléphants roses, carnavals de citrouilles, canevas à déverrouiller, lettres & chiffres à oublier), un micro-texte, qui se déplie comme un masque, une nouvelle clef – à moins qu’il ne s’agisse d’un autre labyrinthe ?- à l’univers de Cendors.



Goodnight Houdini conte la naissance d’une illusion, d’une « lettre magique dans l’alphabet cosmique ». On y suit un enfant, résistant à la pression d’un nom – qu’est-ce qu’un nom, après tout, si ce n’est le fantasme projeté, par des parents, d’une existence à venir ? Pourquoi porter nom de page blanche, Ehrich Weiss, plutôt que la métamorphose du nom d’un autre ?-, refusant d’encercler d’une vérité absolue une identité fluctuante, qui fuit et se retrouve au Kansas, en pays d’Oz, terre de mages « compensant l’amère réalité ».



Peu importe que cet enfant soit amené à devenir magicien, spécialiste ès disparition : ce qui compte, c’est cette histoire fondatrice (« du grec histos « tissu trame » et du latin historia « suite d’évènements mémorables », c’est-à-dire que votre nom, chaque nom, serait une cellule vivante dans la texture de la mémoire collective »), cette fugue originelle, loin de l’obligation d’habiter une identité, nécessité que contournera l’enfant taciturne, se drapant dans l’identité fictionnelle d’un grand disparu, devenu, comme lui, magicien par le hasard d’un livre.



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Le voyageur sans voyage

Il y a d’abord le livre, format presque enfantin, carré qui déborde la paume, et, sur la couverture, titre rouge mordu, des lignes de vitesse, esquissant fuite, faille, et rayant un visage d’homme dévoré par le silence.



Puis les mots s’infiltrent, à petits pas de conte, pour dire le passage d’un train fantomatique, sans arrêt ni direction, filant, bleuté d’un gel esquissant l’idée d’une fenêtre, « griffé de brume sèche, brûlé de la poussière des champs, des orages d’une terre sans chemins ». Le texte dit l’attente, la répétition du mystère, la certitude de son existence, de son mouvement perpétuel vers l’ailleurs.



Il dévoile des voix qui interrogent ce passage imprécis : celle du narrateur, adulte en quête d’épiphanie, celle de l’enfant, curieux prophète à la voix d’italique, deux voix palpant la lisière de cette fable sans souvenir.



Elles s’entrelaceront jusqu’à la révélation, mots mordus à « l’encre lourde d’un regard », paroles réactivées sur les sillons pâles de la page, où tournoient ensemble les brumes floues de la légende-rêve et les ombres-sang de la réalité.

Pierre Cendors façonne un conte moderne interrogeant le pouvoir suggestif du verbe et les tréfonds de l’imaginaire contemporain : son écriture dense laisse le lecteur muet, débordé d’images où le mot s’interstice, étrange inquiétude, inquiétante étrangeté. Le voyage qu’il propose est donc tant celui qui mène à travers un style s’avivant comme une peinture, que celui traversant une forêt de symboles oscillant au fil des pages et des fluctuations d’une mémoire voilée.



Un court texte qu’on lit comme une intuition (c’est-à-dire, étymologiquement, un regard tourné vers l’intérieur) fulgurante, de celles qui, perçant les brumes des non-dits, font jaillir le saisissement du souvenir… texte doublé d’un très bel objet – saluons, une nouvelle fois, le beau travail de Cadex (papier feutrant sensuellement la lecture, format transformant le livre en petit trésor, introduction frôlée d’une plume amicale d’écrivain) et les illustrations, justes échos, de Vincent Fortemps !
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L'homme caché

Le jeu de cache-cache commence dès la couverture : un labyrinthe vacillant autour d’un portique-serrure, dont la clé est une silhouette obscure qui pourrait tout autant nous toiser que nous rejeter. Dominant l’image, le sous-titre romans, clin d’œil à La vie mode d’emploi de Perec, invite à une lecture en tiroirs et au jeu fictionnel.



Ce profil est celui d’Endsen, poète à la biographie nomade, impossible, personnage brumeux égaré dans le labyrinthe de Prague et dissout dans la Vltava. Endsen, ce créateur visionnaire à la Rimbaud, dont la disparition et la vie, enfouies sous le silence, sont devenues de véritables légendes autour desquelles graviteront les narrateurs des quatre romans-nouvelles composant L’Homme Caché. Endsen, dans le nom duquel on voudrait entendre la fin de quelque chose – du soi ? du sens ?-, personnage mais aussi auteur de L’Homme Caché… Endsen renvoie curieusement à son créateur-créature, Pierre Cendors, affirmé comme auteur sur la couverture, mais présenté comme personnage dans la quatrième section et dans la postface de Dominique Bordes…



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Adieu à ce qui vient

Le mythe de Psyché et d’Eros revue et corrigée par Pierre Cendors. Celui çi est transposé à Venise, à une époque indeterminée.

Ce roman n’est guère évident à aborder à celui et/où celle qui ne connais pas la mythologie grecque, et, notamment le récit légendaire de l’amour unissant Psyché à Eros.



Même si j’ai été, parfois, quelque peu désorientée, voire avoir un peu de mal à suivre la trame principale de l’histoire, j’avoue que ce roman ne m’a pas déplut, et, m’a agréablement surprise.

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Le voyageur sans voyage

J’aime sou­vent les petits livres. Un petit livre c’est comme une petite boîte. Enfant, je me sou­viens que j’aimais les petites boîtes. Je sais bien ne pas être le seul dans ce cas, mais je me sou­viens que je les ado­rais avec une fas­ci­na­tion inver­se­ment pro­por­tion­nelle à la taille de la boîte. Je leur prê­tais le pou­voir quasi magique d’y recé­ler les mille tré­sors amas­sés au cours de notre très longue exis­tence d’enfant. Et puis elle est petite la boîte ! Elle passe inaper­çue. En cela, elle cor­res­pond avec exac­ti­tude à l’idée que l’on se fait d’un cache-trésor, d’un confi­dent des objets trou­vés et pré­cieux : ici l’ombrelle en papier et au par­fum de vanille d’une glace man­gée à la ter­rasse d’un café, là une petite voi­ture ban­cale extraite de cet œuf jaune plas­tique tant convoité, ici le petit caillou tout blanc qu’on n’a pas jeté dans la rivière, le caillou res­capé… Tous ces objets, pris indé­pen­dam­ment, paraissent d’une immense vacuité aux yeux des adultes mais ils tissent pour­tant ensemble un réseau de rela­tions et de réso­nances qui forment la base des sou­ve­nirs mytho­lo­giques qui res­sur­gi­ront plus tard. Beau­coup plus tard. Car…



Une petite boîte, c'est discret.

Ça s'oublie.



Dans une poche ou sous un lit.



Une petite boîte ça réapparaît.



Ça ne s'efface jamais vraiment de la réalité.



Le voyageur sans voyage de Pierre Cendors est un petit livre. Carré comme peuvent l'être les petites boîtes de notre enfance. Il commence sur le quai d'une gare et finit nulle part. C'est un voyage sans retour et à jamais répété du train bleu qui surgit la nuit et traverse la gare. Jamais ne s'arrête, jamais ne descendent ni ne montent des voyageurs... Mais quel est donc ce mystérieux train bleu qui revient tous les soirs et qui n'est jamais tout à fait présent, ni tout à fait fantomatique ?



Un narrateur, un enfant, une énigme mystérieuse... Quelque chose qui pourrait être de l'ordre du souvenir, ou du rêve. Mais on ne saurait dire avec discernement. Ce petit livre, il n'y a rien à redire, est une petite boîte de l'enfance, trouvée sur le quai d'une gare...



« C'est un livre d'images prégnantes qui se traverse comme un rêve. A la fin - au réveil - on sait ce qu'on a vu sans pouvoir le décrire. Reste la sensation d'avoir approcher quelque chose que la réalité n'aurait pas pu révéler ou qu'on n'aurait pas su reconnaître. »

Cécile Wajsbrot, préface du Voyageur sans voyage.



Voilà qui résume parfaitement l'impression rémanente qui perdure en nous lorsque nous quittons, à notre tour, le quai du livre. Pierre Cendors taille ce livre avec douceur, avec exactitude, simplicité et concentration, tant et si bien qu'en ouvrant la main je désirais ardemment y trouver mon petit caillou blanc, le rescapé.


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Engeland

Un roman sur le regard d'une photographe, un sujet peu commun!



D'autant plus qu'il est traité ici avec beaucoup de sensibilité, de douceur.



Fausta Kinsel, née à Berlin, traverse les événements du XXe siècle, affûtant sa lecture du monde et sa démarche artistique, à la recherche d'un ami d'enfance, mystérieusement surnommé Houdini.

Pensant l'avoir perdu à jamais dans un accident, la jeune femme tombe un jour sur un portrait peint du garçon, dans une vitrine.



La peinture, la photographie, le théâtre : les différentes disciplines artistiques disent l'errance de ces personnages qui s'accrochent et s'effritent aux tumultes de l'Histoire.



Une construction savante, une écriture ténue et caressante pour décrire ce que l'on ne peut pas voir. Challenge réussie!



Belle découverte, dans la librairie Préférences de Tulle.





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Le voyageur sans voyage

D’abord on est frappé par la qualité du livre, et le format « au carré ». Le texte est court mais dense par les impressions distillées. Sans vouloir dévoiler l’argument, on touche au plus près le cœur de la merveille. C’est-à-dire que la lecture fait passer du côté du pur imaginaire, page à page. Deux pôles complémentaires : le rêve et l’enfance, et le narrateur qui tend à réconcilier l’un et l’autre. Les illusions restent à quai. Un wagon balai effacera les destins scellés. La clé du livre qui sonne comme une solution inouïe renverse la vapeur et précipite l’horizon d’attente dans une perspective plus réaliste et dramatique, qui rend plus lisible tous les symboles prémonitoires antérieurs. Le titre condense l’absurde fondamental.



Jacques Morin, Décharge, N° 138
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