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Critiques de Pierre Christin (664)
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Jason Muller : Récits des temps post-atomiques

Sur ce qui reste de la France, sur le sol vide et hostile du Mont-Verne, une petite troupe s'approche des quelques baraquements perdus de l'unique base de l' O.N.U.

A l'intérieur, l'inaction pèse sur lourd sur les hommes et lorsque ces quelques nomade de passage prétendent que dieu, revenu sur terre, accomplit dans leur village de grands prodiges, Jason Muller décide d'aller éclaircir tout ça en douceur.

Le lendemain, une longue quête commence pour lui sur les anciennes routes de France, Jason interroge les rares humains qui subsistent encore sur la terre ravagée.

Tout en remontant lentement vers le nord, les jours s'écoulent sans résultat. Et puis, un soir, au terme d'une nouvelle journée de marche forcée, dans un village lacustre où chacun tremble de fièvre....

Trois chapitres composent ces aventures post-apocalyptiques de Jason Muller

- "le dernier vaisseau" dont les textes sont de Gir et les dessins de Claude Auclair

- "le Dieu" dont les textes sont signés Linus et les dessins de Claude Auclair

- "chronique d'un temps futur" réalisé intégralement par Claude Auclair

Ils sont parus respectivement, en 1970 et 1972, dans les n° 537, 558 et 635 du journal "Pilote", le journal d'Astérix et Obélix.

Un quatrième chapitre apparaît dans l'album. Il m'est inconnu. Je ne l'ai pas dans mes anciens numéros du journal "Pilote".

Il s'agit là de science-fiction. Claude Auclair, sur une idée initiale de Giraud, fait un récit, très court, de la quête de Jason Muller, un homme perdu dans un monde post-apocalyptique.

Ces trois chapitres annoncent la mythique série "Simon du fleuve".

Jason, devenu très vieux et un peu cinglé, fait même une apparition, sous le sobriquet de "Jason tête fêlée" dans "Cité N.W. N°3", le troisième album de cette série.

Claude Auclair réalise avec "les aventures de Jason Muller" une première BD talentueuse qui est beaucoup plus qu'un galop d'essai sur lequel il va faire reposer toute la première partie de son œuvre.

Accompagné de deux autres grands noms de la bande-dessinée, il signe, avec cet album, une véritable réussite du genre.
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Valérian et Laureline, tome 16 : Otages de l'..

Dans cette nouvelle aventure de Valérian et Laureline, tout commence comme dans "La croisière s'amuse" sauf que Valérian ne s'amuse pas, un brin nostalgique le garçon : "C'est ça voyager ... se souvenir des choses qu'on a vu avant ...".

Entre alors en scène un horrible schniarfeur : "Un schniarfeur dégoupillé, même charmant, ne serait-ce pas, à proprement parler une arme vivante ?", Laureline est kidnappée alors qu'elle n'était pas visée avec un horrible bambin qui n'est pas sans rappeler le prince Abdallah dans Tintin, et tout ce petit monde se retrouve sur une planète asservie pour l'extraction de l'or noir local : l'ultralum.

Valérian se lance aussitôt à la poursuite de Laureline mais il n'est pas seul sur le coup car la récompense de 100 billiards de poutibloks en fait rêver plus d'un : le double détective Frankie/Harry, le quatuor Mortis, et par le plus grand des hasards les Shingouz sont aussi de la partie (eux, attirés par l'argent ?).

Mélangez le tout et vous obtenez une très bonne aventure de Valérian et Laureline.



L'histoire est à la hauteur du précédent opus, elle tient la route du début à la fin et les auteurs ne s'y perdent pas, elle est prenante même sans être très sophistiquée et contient des passages bien drôles, histoire de passer un bon moment avec cette lecture.

Du côté des créatures, le lecteur retrouve des têtes connues : les Shingouz, Jal et Kistna dans une très belle scène de retrouvailles et de pardon, les auteurs m'ont d'ailleurs agréablement surprise en remettant ces personnages dans l'histoire sans s'emmêler les pinceaux dans une explication tirée par les cheveux, le transmuteur grognon de Bluxte, que Laureline sait parfaitement maîtriser et calmer lorsqu'il est grognon : "Je comprends que tu sois grognon ! Mais tu sais quoi ? On va se prendre une bonne douche détergente tous nus ensemble, d'accord ?", un schniarfeur; quelques nouveautés avec l'énervant fils du calife mais finalement j'apprécie de retrouver des têtes connues au cours des aventures de Valérian et Laureline plutôt que d'engloutir à chaque fois de nouveaux êtres vivants.

Les dessins de Jean-Claude Mézières sont de toute beauté, il a réussi à allier des personnages contrastés avec des paysages élaborés; quant à Pierre Christin son scénario est malin dans le sens où il arrive à faire passer un message écologique mais également politique, car la situation avec l'ultralum n'est pas sans rappeler l'exploitation pétrolière et le vent de révolte qui souffle sur les travailleurs ressemble fort à la lutte des classes du communisme, l'utilisation du mot "camarade" n'y est d'ailleurs pas étrangère, mâtiné d'un soupçon de guerre d'indépendance coloniale.



"Otages de l'ultralum" est un excellent opus de Valérian et Laureline, doté d'une histoire à plusieurs niveaux de lecture et d'un graphisme particulièrement réussi.

A la lecture de ce tome, j'ai même des craintes quant à la suite tant je trouve que cet album pourrait presque conclure cette série.

Espérons que les volumes suivants garderont cette qualité qui fait le succès de ce space-opéra en bande dessinée.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Pigalle, 1950

Antoine, jeune auvergnat, décide de quitter sa région natale pour gagner sa vie à Paris chez un oncle tenant une taverne. Lui qui n'a connu que la campagne va tomber des nues en entrant dans la capitale dans les années 50, et se laisser entrainer dans le milieu de la nuit.



J'ai trouvé cette bande dessinée intéressante dans le fait que c'est une magnifique caret postage de Paris, et plus particulièrement de Pigalle, dans les années 50. Surtout servies par de beaux dessins sépias qui fait la part belle aux monuments de l'époque, à l'image de c'est belles gravures offertes en fin d'album.

Après il est dommage que l'histoire est un peu fade. Il y a de grand temps mort, ça ne monte jamais vraiment en tension et la fin est surprenante de platitude. Antoine aurait pu être un personnage plus développé, mieux utilisé. Il reste assez niais et effacé tout au long de l'album.

Un album un peu en demi teinte mais qui vaut quand même le détour pour cette belle reconstitution de Paris dans les années 50.
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Le Vaisseau de pierre

le petit village de Trehoet sur la cote bretonne : son port de pêche, sa charmante église et son vieux château la haut sur la lande aux menhirs. Tout ça va bientôt disparaitre, remplacé par un complexe hôtelier avec supermarché et autoroute... Oui mais les bretons du coin, et surtout le vieux fou dans son château, ils ne sont pas d'accord!



Cette bande dessinée c'est une espèce d'antiquité de la collection de mon père. Un exemple qu'il nous ressort souvent comme étant un monument de la bande dessinée de la fin des années 70. Une bande dessinée que je n'avais osée ouvrir, me contentant d'imaginer sur les paroles de Tri Yann, que mon père en bon Nantais nous faisait écouter petite.

J'avoue que ma principale appréhension c'était les dessins. Je les trouvais assez laid. Tout hachuré et vermoulu, à la colorisation qui me pique les yeux. Je n'ai pas révisé mon jugement la dessus mais je pense que c'est juste qu'ils font vieux et démodés, le style a bien évolué depuis 1976 surtout celui de son auteur : Enki Bilal.

Quand à l'histoire j'ai bien aimé le coté légende bretonne qui s'oppose à un développement économique sans aucune mesure. Bien sur, la situation est très caricaturale avec les vilains promoteurs et les politiques véreux face aux gentils paysans et au vieux sage du coin qui défendent leurs terres et leurs légendes. Mais c'est assumé.

Par contre la fin à un gout de trop bizarre et de trop peu expliqué. Très onirique finalement et bien loin du combat que je me faisais pour la lutte du territoire breton.
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Valérian et Laureline, tome 4 : Bienvenue sur..

POUR LA DÉFENSE DES MINORITÉS AUTOCHTONES.



Sur Technorog, tout est dédié à l'hyper-production, à l'industrie, au mercantilisme et tout ce que cette planète d'apparence inhabité compte de ressources, de gisements est systématiquement, consciencieusement exploité. La race de colons, d'explorateurs qui vivent sur une telle terre est à la hauteur d'un tel filon : ingénieurs, capitaines d'industrie, ouvriers hyper-qualifiés, ces hommes ne pensent qu'à une chose, n'ont qu'un seul et unique but : travailler et encore travailler pour rentabiliser toujours un peu plus la mise en coupe réglée de cette planète-filon.



Hélas, après un trajet spatial d'environ quatre millénaires, les habitants originaires de ce qu'ils nomment "Alflolol" ont décidé de rentrer au bercail. Hélas, car ils vont tout autant tomber sur cet os industrieux (et peu enclin à la commisération, à la tolérance, à l'humanité) que nos laborieux terriens vont se sentir d'abord débordés par ces indigènes momentanément absents puis comprendre ce retour parfaitement légitime comme un sérieux problème, une entrave aux courbes de croissance et de production.



Très vite, nos deux héros vont se trouver confronté à des choix terriblement cornéliens : d'une part, leur grande empathie pour ces "habitants premiers" les engage à en prendre la défense - d'autant qu'ils sont parfaitement débonnaires, pacifiques pour ne pas dire pacifistes, et désintéressés, pour peu qu'on les laisse regagner leurs logements délaissés depuis si longtemps et reprendre leurs habitudes respectueuses de leur environnement de chasseur-cueilleurs. D'autre part, si des lois oblige les colons à respecter les primo-habitants, la colonie est installée depuis déjà deux siècles et ne pouvait en aucun cas prévoir le retour de ces drôles de paroissiens. Les frictions sont inévitables, des perdants à prévoir. Dans un premier temps, Valérian et Laureline prennent inconditionnellement la défense de ces sympathiques géants, doués de pouvoirs souvent étranges mais dont il ne se servent jamais que dans de bonnes intentions ou, au pire, comme armes strictement subversives mais non-létales.



Peu à peu cependant, nos deux aventuriers vont suivre deux stratégies proprement irréconciliables. Lauréline va prendre fait et cause - jusqu'à risquer un certain manichéisme - pour Argol et ses compatriotes tandis que la position plus intermédiaire de Valérian va lui faire, finalement, avaler pas mal de couleuvres émanant des responsables terriens de Technorog, lesquels vont littéralement parquer nos alfloliens - toute similitude avec le drame des indiens d'Amérique n'est évidemment pas fortuite - jusqu'à leur imposer un travail digne du pire taylorisme en contrepartie d'une indigeste contribution terrienne à la survie de ces malheureux gargantuas.



Considéré comme l'un des meilleurs album de la série des Valérian, Bienvenue sur Alflolol est très probablement l'un des plus politiques, l'un des plus contestataires et séditieux, remettant tout à la fois en cause le monde capitaliste, destructeur de monde, de nature, d'environnement et insupportablement dévoué à la seule "valeur" travail, ainsi qu'aux dividendes qui peuvent en découler, et remettant en perspective des drames humains, pour ne pas écrire des génocides, tels que le vécurent les indiens d'Amérique (les "Native american" comme on l'exprime là-bas), mais tels que le vécurent de nombreux peuples "premiers" à travers le monde, en partie sous la houlette et la pression constante de notre occident besogneux, industrieux et expansif à l'idéologie malheureusement reprise par toutes les grandes nations à travers le monde désormais. (C'est ainsi que nous perdons, par exemple, l'équivalent d'un pays comme la Nouvelle-Zélande en forêt, chaque année...)



Alors, bien entendu, on pourra trouver Laureline trop définitive, trop blanc ou noir, excessive, partiellement intolérante dans son discours et ses reproches à un Valérian qui, à force de vouloir comprendre les uns et les autres, à force de concessions, de supposée voie médiane et, malheureusement, s'accomplissant finalement au détriment des uns face aux autres, fini par ne plus se faire que des ennemis : pas assez conquérant, trop mou, pour les terriens et franchement traître à la cause de la justice pour les seconds. L'ouvrage date de 1972, tandis que nous sommes sur la fin de ces fameuses "Trente-Glorieuses", que le premier choc pétrolier n'a pas encore eu lieu, que l'écologie politique est presque parfaitement inaudible, qu'il faudra encore attendre deux ans pour qu'un "écologiste", René Dumont, se présente à la présidentielle dans notre pays, pour un résultat électoral d'ailleurs dérisoire.



Il n'a cependant pas pris beaucoup de ride face aux enjeux actuels où il semble qu'il s'agit rien moins que de sauver notre planète. Pierre Christin et Jean-Clude Mézières ont très tôt su sentir, pressentir les grands défis que notre humanité productiviste aurait à relever. Il ne semble pas encore acquis, quarante-cinq ans plus tard, que le message soit parfaitement entré dans les esprits. Du moins, et c'est d'ailleurs ce qu'ils présentent lorsque l'on regarde d'un peu plus près ce que pense les dirigeants de cette terre inventée, conjecturent-ils que nos élites auraient le plus grand mal à "changer de logiciel" ainsi qu'on l'exprime aujourd'hui.



Quant au dessin de Jean-Claude Mézière, il est, plus que jamais, et à condition de ne pas être trop désappointé les codes de l'époque, parfait, incroyable, d'une richesse et d'une imagination sidérante dans ce planet opéra grave et drôle tout à la fois.



A le relire plusieurs fois, on comprend aisément qu'il soit parmi les must de la BD de Science Fiction de cette époque de pionniers !
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Valérian, hors série : Les Mauvais rêves

1967. Première aventure de Valerian et Laureline. Heureux temps. «  Année 2720, Galaxity capitale de la Terre er de l'empire galactique terrien.Depuis que la télé transportation instantanée de la matière dans le temps et l'espace a été découverte en 2314, la notion de travail a pratiquement disparu de la planète…Le reste de l'humanité se livre aux plaisirs du rêve, sous le contrôle du service des rêves qui organise les programmes. »… 2720, temps étonnant, où chacun passe son temps à rêver en réalité virtuelle. Voyage, évasion…

Si le dessin de Jean-Claude Mézières ne m'a pas surprise ( le héros est tel qu'on l'estimait en 1967 : la gueule taillée à la serpe, une carrure, une gouaille à la Bebel, un tantinet rebelle , un tantinet simplet. L'héroïne est.. telle qu'on nous l'imposait).

L'imagination de Pierre Christin m'a quant à elle étonnée. A croire que l'auteur est lui même un agent spatio- temporel au même titre que ses deux héros. C'est la magie de la science fiction : la projection. Un art presque divinatoire.

J'avoue que je n'avais jusqu'à ce jour jamais lu une aventure de Valerian et Laureline. Après avoir vu cette année le film de Luc Besson  : «  Valerian et la cité des mille planètes », j'étais intriguée. Qu'avait-il retenu, rapporté de ses lectures d'enfance de si extraordinaire que le besoin de porter à l'écran les aventures de ses deux héros se soit imposé à lui  ?

L'histoire d'un rêve mon capitaine ! L'histoire d'un rêve ; Jeu de passe-passe à travers les couloirs du temps, jeu de miroir, où le présent se jouent à tous les temps, passé à venir, futur grimoire, présent miroir, humanité- mémoire, l'espace de tous les possibles instants. L'histoire d'une longue filiation. Filiation littéraire, cinématographique, ..humaine. de Valérian à Descender, du cinquième élément à Avatar, de Camille Flammarion à Frank Herbert, de Kubrick à Besson, de Laureline à... Divergente.

1967 : « Les mauvais rêves » fut donc la première aventure de ces deux héros, parue dans le magazine Pilote.

2013 : le 22e tome était né.



Astrid Shriqui Garain
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Les phalanges de l'ordre noir

Une histoire crépusculaire, d'hommes et de femmes qui arrivent au bout de leurs combats.

Un récit qui prend un relief inquiétant, dans une fin de vingtième siècle ou tous les comptes ne sont pas soldés.

Une bande dessinée au goût de sang et de mort.

Le sentiment lourd et pesant, entre nostalgie et désespoir, que rien ne finit jamais et que la bête ne dort jamais.
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Partie de chasse



Si les dessins sont superbes, l'intrigue est noire, très noire.



Le lecteur est lancé dans une partie de chasse avec différents acteurs politiques soviétiques, quelque part dans la neige et le froid. Ils se connaissent tous, ont des bribes de passé en commun, parfois plus. Le pion étranger dans cette partie, c'est un interprète français, qui ne sait pas qu'il aura un rôle important à jouer, à son insu jusqu'au bout.



Nous sommes avant la chute du mur de Berlin, avant l'éclatement du bloc communiste puisque le bouquin est sorti dix ans avant ce tournant de l'histoire. Et l'intrigue s'immisce dans les failles déjà apparentes de cette construction érigée dans la violence et le sang.



Les dessins sont très beaux, les visages très précisément dessinés et les couleurs sont exploitées au service du récit. Beaucoup de noir bien sûr, du rouge, à chaque page, pour symboliser la mort et du jaune aussi, dans les souvenirs essentiellement.

Je n'ai pas été embarquée mais j'ai apprécié le travail de l'artiste.
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La croisière des oubliés

1975. Une collaboration BD signée Enki Bilal (dessins) et Pierre Christin (Scénario). « La croisière des oubliés » est le premier album d’un triptyque* chez Dargaud issu de la collection « Histoires Fantastiques - Légendes d’aujourd’hui ». Chaque tome, en one-shot, brasse une thématique d’actualité (d’époque) dans un contexte Fantastique classique (horreur exclus). Le tout est paru en feuilleton dans l’hebdomadaire « Pilote, le journal qui s’amuse à réfléchir ». Nostalgie et re-lecture (si longtemps après que tout c’était effacé).



Une clairière étriquée au cœur de la forêt des Landes. Un minuscule village à l’écart de tout. L’océan à deux pas, si loin si proche qu’on pourrait y tremper les pieds mais qu’on n’a jamais oser. La ville là-bas, tout pareil. Deux trois fermes pierres de taille et toitures à moussures verdâtres ; un clocher ding dong encore les cloches, étables et basse-cours à meugler et caqueter, quelques agriculteurs typés France profonde ; des bérets de traviole, des cigarettes roulées clouées aux becs, des boutanches de gros rouge, des verres aux gosiers en trajectoires conviviales. Une France effacée, gommée, rayée par la modernité en approche rapide. Un camp militaire pas loin, des essais en cours (va savoir ce qui s’y trame ? Pas du bon c’est sûr). Un couple de jeunes, cheveux longs et façons hippies, en visiteurs d’un soir, venus d’un ailleurs autre que le village ; des qu’on sait même pas qui ils sont, qu’on accueille du bout des doigts à pas savoir ce qu’ils veulent.



… et, au petit matin, le village s’arrache de la terre, lévite et, poussé par le vent ; migre lentement, aérien et obstiné, vers l’océan. Pendant qu’au camp militaire, tanks et blockhaus s’enfoncent dans le sable. La France des infos s’agite, celle gouvernementale s’efforce à étouffer, la communauté du village s’offre des vacances et part voir la mer …



... La suite et les explications (s’il y en a) appartiennent au récit et aux magnifiques vignettes de Bilal.



Tout çà est d’humeur :



_post soixante-huitarde prégnante, tissée d’anti militarisme beuglard, rigolard et moqueur (l’état-major peu à peu transformé en créatures lovecraftiennes bon teint) ;



_d’écologie balbutiante (le camp militaire du Larzac n’est géographiquement pas loin, l’emprise du béton sur la côte, l’exode rural),



_d’anticonformisme (il y a décalage certain avec les idées béates et éternelles de la France tranquille et sereine des 30 glorieuses d’alors). On n’est pas loin de la contre-culture hippie encore vivace de la fin des 60’s., de mai 68 aux pavés, comme les maisons du village, déracinés.



_utopique : une communauté autarcique, autosuffisante le temps d’un voyage, heureuse du changement, prodigue dans les libations alimentaires qu’elle s’accorde.



On retrouve dans la BD le thème de l’étranger, de celui venu dont ne sait où, pour on ne sait quelle raison et reparti sans explications aucune. Cet élément, garant de suspense, est un point d’interrogation récurrent au cœur du récit. S’ils lui donnent corps humain et comportement ami de ceux du village, Christin et Bilal se gardent bien d’en affiner le portrait, le laissent dans l’énigme et la nuit obscure peuplée de monstres. On ne saura rien ou si peu, mais c’est le propre du Fantastique de ne rien expliquer. La fin de l’histoire s’en trouve ouverte et rajoute au Fantastique ambiant.



Au rang des influences à venir : peut-être « La soupe aux choux » (1981) de René Fallet dans lequel la paillardise rabelaisienne des autochtones d’un lieu-dit oublié et menacé par le béton, déraciné de son passé, est téléportée vers des confins E.T. paradisiaques.



Christin croque en mots une idée fantastique poétique, intrigante et attachante. Ses dialogues en bulles sont efficaces, concrets, ciblés, sans décalage aucun avec les beaux crobars dans les vignettes. Textes et dessins s’agglomèrent en un tout dense et concret. Bilal aux crayons, encres, gommes et pinceaux, apporte ses hachures féériques, ses traits précieux et ses couleurs typiques. Déjà du grand art au bout de doigts magiques.

Le graphisme inspiré, onirique et omniprésent du village aérien restera dans les mémoires visuelles de celles et ceux qui s’y laisseront prendre. S’y vous y êtes tentés je vous aurais prévenus.



* "La croisière des oubliés", "Le vaisseau de pierre" & " "La ville qui n'existait pas".


Lien : https://laconvergenceparalle..
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La croisière des oubliés

Un petit village des Landes situé en bordure d'un site militaire prend de la hauteur et se balade dans les airs jusqu'à l'océan, au plus grand étonnement de ses propres habitants.



Un homme et une femme, mystérieux, dont la visite coïncide avec l'élévation ne sont certainement pas étrangers au phénomène.



Tome qui met en place une intrigue fantasico-politique.



Dessins de Bilal, pas besoin d'en rajouter.



Je suis curieuse de lire les 2 tomes suivants de la trilogie pour voir où tout cela nous même.
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Partie de chasse

Dans un relais de chasse perdu au milieu des bois, 10 hommes se retrouvent pour traquer le gibier.

Ces hommes ont en commun leurs convictions politiques.

Un jeune interprète français excepté, ces hommes entretiennent entre-eux des relations subtiles faites de rivalité, de colère, d'amitié, de regrets et de souvenirs. Si ils ne sont pas tous amis, la plupart ont été camarades lors de la construction des révolutions et de la construction des états communistes.

Je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler des indices...

Les personnages sont mis en place par leur relation avec Vassili Alexandrovitch, instigateur de cette fameuse partie de chasse et j'ai trouvé ce moyen de narration très original et bien pensé.

L'histoire se lit agréablement même si je dois avouer avoir eu un peu de mal à cerner les exactes positions de chacun. Mais je tiens à ne pas trop développer mon appréciation qui risquerait de dévoiler quelques éléments de l'histoire.

Par contre je peux parler du dessin : c'est de l'excellent travail, de l'excellent Bilal. On retrouve ici son trait caractéristique : des visages froids et souvent fermés mais avec un dessin d'une grande finesse.

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Valérian et Laureline, tome 11 : Les Spectres..

Un diptyque de Valérian et Laureline, qui commence sous les auspices gris et pluvieux de l' Écosse.

Et, quoi de plus civil que de se retrouver entre gens de bonne compagnie tels ce couple de châtelains anglais et l' excellent Monsieur Albert?

...Ces anglais qui ne perdent jamais leur flegme aussi exquis que parfois irritant, même quand on saccage leur sacro-saint gazon.

L' occasion, pour Mrs Christin et Mézières, de faire un retour dans ce vingtième siècle pré-apocalyptique en déroulant cette mission spatio-temporelle sur deux tomes.

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Valérian et Laureline, tome 7 : Sur les terre..

Autant j'ai adoré tous les livres de Valerian, autant j'ai détesté cette aventure.



Il m'a fallu un certain temps pour comprendre pourquoi il ressuscitait après avoir été tué. Même après avoir enfin compris qu'il s'agissait de clones, je ne saisissait toujours pas pourquoi ces clones allaient toujours quand même vers la mort.



Quand enfin j'ai appris le pourquoi de toutes ces morts, j'ai senti que j'avais perdu mon temps.
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Grands reporters : 20 histoires vraies

20 histoires, 20 voyages : à travers les récits de quelques-uns des plus illustres dessinateurs de BD reportage comme Joe Sacco, Emmanuel Guibert, ou Hyppolyte (pour les auteurs que je connais), c'est à un incroyable tour du monde que nous convie cette anthologie concoctée par l'équipe de la Revue XXI en partenariat avec les éditions Les Arènes. Gibraltar, Cuba, Inde, Chine, France, Sénégal, Chili, Congo, Iran, Maroc, Equateur, Yemen, Laos, les reporters/dessinateurs ont ramené des témoignages troublants, captivants ou insoupçonnables de leur voyage. Comme autant de récits sortis de l'anonymat le temps d'une narration illustrée, "Tous parlent de gens vrais et de situations vraies. Portés par des regards d'auteurs souvent présents dans la narration, ces récits racontent et témoignent. Les dessins disent la chaleur, la boue, l'espoir, la confusion, la joie. Les textes écrivent l'histoire. Les cases - carrées ou brisées - ouvrent place dans leur interstices à l'imaginaire. Les bulles foisonnent de mots prononcés, entendus, restitués." (extrait de l'avant-propos de Patrick de Saint-Exupéry, rédacteur en chef de XXI, p. 5).



Grands reporters, 20 histoires vraies, autant de récits et d'empreintes graphiques remarquables



Au premier coup d’œil, cette anthologie ne parait pas motivée par un fil directeur tant les récits relatés sont déconnectés les uns des autres. Mais à y regarder de plus près, les histoires et les styles graphiques qu'elle déploie, relèvent tous d'un choix éditorial basé sur la qualité graphique et la singularité des reportages. En effet, authenticité des récits et empreintes graphiques originales semblent témoigner d'un véritable critère d'excellence pour cette sélection de BD reportages. Évidemment, comme dans toute anthologie, il y a des choses que l'on aime plus que d'autres. A la différence que les préférences souffrent d'un double conditionnement : celui du fond (textes et contenus) et celui de la forme (dessins et illustrations). J'ai ainsi beaucoup apprécié certains styles graphiques sans accrocher du tout au récit (ex : Un amour de Chine de Denis Deprez ou Un thé en Iran d'Olivier Kugler). D'autres reportages m'ont plu pour leur récit et non leurs dessins (ex : Père et fils de Jacques et Pierre Ferrandez ou Sous le ciel d'Atacama de Olivier Balez et Pierre Christin). D'autres encore m'ont tout simplement laissée indifférente (ex : Saison dans les Landes de Jean Harrambat, Les cueilleurs d'abricots d'Erwann et Gwenaël Manac'h, Au bout de la Flandre de Jeroen Janssen). Viennent ensuite les reportages aussi captivants pour leurs illustrations que leurs histoires (ex : les 2 reportages de Jean-Philippe Stassen, les 2 reportages de Maximillien Le Roy, Des nouvelles d'Alan d'Emmanuel Guibert, La cordée du Mont Rose d'Oliver Balez, Les fermiers aux pieds nus de Joe Sacco -> voir aussi Reportages du même auteur, La route du Kiff de Renaud de Heydn). Restent enfin mes coups de cœur, des reportages dont le sujet m'a autant touchée que les coups de crayon : les deux reportages de Hippolyte (voir aussi cette chronique des Ombres du même auteur) dont le traitement graphique et l'approche narrative me touchent particulièrement, Les vertiges de Quito de Didier Tronchet dont je découvrais le travail et Les reines de Saba d'Agnès Montanari et Ugo Bertotti, qui m'ont rappelée à mes propres souvenirs du Yémen... Même si je dois avouer que le format de cette anthologie n'est pas à mon sens idéale (notamment en raison de son prix), elle permet de découvrir le travail de quelques-uns des plus grands artistes de la BD reportage du moment...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Le rhum du punch

Fleetmoon - 1775 - La guerre d'indépendance des colonies américaines contre l'Angleterre fait rage et la flotte entière est au large.

Mais ceux qui restent à terre ne sont pas épargnés.

Le blocus anglais a interrompu le trafic du rhum avec les Antilles.

Les hommes ont soif...très soif !

Dans les bars la sobriété avive les passions !

Cependant les notables agissent : le fier vaisseau "Punch" appareillera dès le lendemain pour sa plus noble mission.

Le vaillant capitaine Hoops, assoiffé d'indépendance, ramènera du rhum des Antilles....

Mais tout le monde n'est pas satisfait !

Le comité féminin pour la défense de la morale publique et de l'eau de source a juré que, plus jamais, le rhum ne ruissellerait dans les gosiers assoiffés de Fleetmoon.

Son meilleur agent, Cathy Minnie, est à bord du "Punch"....

Les textes sont signés par un certain Linus qui n'est autre que Pierre Christin.

Les dessins sont réalisés par Jean-Claude Mézières.

On serait tenté de penser, à la lecture de ces six planches, que la longue collaboration entre Mézières et Christin, cocktail de talent pur, ait vu le jour durant une soirée bien arrosée !

Car il semblerait que "le rhum du punch" soit la première réalisation commune des pères de Valérian et de Laureline, les deux fameux agents spatio-temporels.

Quoiqu'il en soit, dans cette aventure, le rhum et la fantaisie la plus débridée coulent à flot...

C'est court, assez drôle, sans grande conséquence.

C'est un bon moment passé entre copains !

On pourrait presque dire : "Mâtin, c'est une exclusivité "Pilote" !

Et si vous rencontrez, au hasard d'une caisse de brocanteur ou d'une étagère de bouquiniste, ce 335ème numéro du journal d'Astérix et Obélix, ne manquez pas pas cette petite histoire maritime où Sean Connery, Blueberry et Quanah "n'a qu'un oeil" font une courte apparition très remarquée....
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La croisière des oubliés

Quel doux parfum ! celui des années 70. Déjà de l'écologie dans l'air, un frais parfum de terroir, pimenté d'une pincée d'esprit anarchique et, bien sûr, antimilitariste (le souvenir des CRS de 68 n'est pas loin).



Au scénario, Pierre Christin raconte une histoire fantastique, d'un village landais soulevé dans les airs par un beau matin ensoleillé. Les dialogues sont truculents, mâtinés de considérations hédonistes de pov' paysans nourris au confit. Bon vivants, ils s'adapteront à leur nouvelle situation ...aérienne, qui leur permet de larguer les amarres pour survoler un littoral si près de chez eux et totalement inconnu. Mais, pourquoi le village s'arrache-t-il à son humus ?

Ceci est expliqué dès les premières pages.

A Paris, dans un hôtel particulier (qui a été, au cours des siècles passés, le repaire des pires exaltés) se réunissent de grands pontes de la Sécurité. Leur objectif : mettre en commun les sources d'information de leurs différents services concernant un militant très actif de l'opposition. Et c'est dans ce village des Landes que ce dangereux personnage a commencé à se faire une légende.

Ce coin de France est bien choisi puisqu'à la fois s'y trouve un énorme camp militaire, une industrie du papier polluante et des projets d'installation de marina menaçant la beauté du littoral. Les autochtones sont rejetés, ignorés et voient leur cadre de vie se détériorer. C'est donc une truculente et malicieuse attaque contre cette sociéte de profits qui se met en place sur notre beau territoire.



Au dessin, le jeune Bilal (une vingtaine d'années), dont le talent explose tant dans les trognes que dans les paysages et la technicité maitrisé du cadrage. Un style totalement différent de celui que l'on connait aujourd'hui. Et pas encore de couleurs froides, mais des beiges dorés, des rouges de feuilles brulées par le soleil ; la lumière dorée du sud-ouest est tout à fait restituée.



Dérision du propos et du dessin qui monstrifie les vilains militaires tout en gardant une tendresse pour décrire la poignée de ruraux vivant sur leur airial, en vase clos.

La BD comme outil de propagation pour la defense de l'écologie à son début.

Et un clin d'oeil des deux auteurs, se citant,quand, parmi les preuves de l'action du dangereux contestataire promu au statut d'héros, se trouve une BD ...avec les "petits dessins" d'Enki Bilal et les "sombres intrigues" de Pierre Christin.

Et de conclure "Pff ! Quand je pense que notre jeunesse s'abreuve de choses pareilles !".
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Valérian et Laureline, hors série : Par les che..

Une fois de plus, Valérian et Laureline reprennent les chemins aventureux de l'espace et du temps. La collection "16/22" des éditions "Dargaud" réunit dans ce volume, au format atypique, cinq histoires courtes et inédites en albums.

Comme à l'accoutumée, les deux auteurs de cette série, font merveille avec pourtant un petit regret de ma part. Laureline ne fait qu'une courte apparition dans le deuxième récit intitulé "Tsirillitis l'astéroïde".

C'est, pourtant, avec beaucoup de plaisir que l'on débarque avec Valérian sur la quatrième planète de la constellation Malvis afdin de sauver son ami Slane, que l'on plonge dans l'antre de Tsirillitis, planète qui s'alimente des organismes vivants de l'espace, que l'on croise les armées fantômes d'Uxgloa, que l'on se retrouve prisonnier de Flammil, la triste planète que le goût de la guerre a perdu, et que l'on assiste en riant au dérisoire triomphe de la technique sur la planète Lanning.

Ces récits, issus du début de la série, sont, je pense, des histoires courtes extraites du journal "Pilote" dans lesquelles elles ont paru initialement.

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Pigalle, 1950

Avenue Jugnot ou Frochot sont des noms qui vous font rêver ? Alors n'hésitez pas : dessinées par l'ami Arroyo dans cet album où la seule planche colorée vous fera pleurer, ces adresses de Montmartre vont vous faire décoller ! Christin ouvre ses souvenirs de Pigalle comme on feuillette un polar de Boris Vian alias Vernon Sullivan. Et Arroyo les met en scène comme un polar des années 60's digne de la dernière séance. Superbe et envoûtant.
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Le Vaisseau de pierre

La récente lecture, pour le moins enthousiasmante (et c’est un euphémisme), de la monographie « Pierre Christin, le grand rénovateur du récit en bande dessinée » m’a donné un goût de « reviens y » vers une de ces « Légendes d’aujourd’hui » (comme les avait intitulé Dargaud ed.). Ce sera, aujourd’hui le one-shot de « Le vaisseau de pierre » (1976). C’est la 2ème collaboration BD entre Pierre Christin (au scénario) et Enki Bilal (aux dessins), après la « La croisière des oubliés » (1975) et « La ville qui n’existait pas » (1977).



Au cœur des 70’s : la Bretagne rocheuse des bords d’océan, un petit village côtier niché à l’étroit d’une anse protectrice. Son minuscule port de pêche typique ; ses maisons de pierre grise, solides, immuables et éternelles ; son château en ruines planté sur une hauteur proche ; ses marins en ciré à tirer le filet par-dessus les bastingages ; ses aïeules en hautes coiffes bigoudènes ; ses vieux en béret courbés sur la canne à tâtons sur le pavage irrégulier des jetées ; ses jeunes à l’usine navale d’à côté ; son étroit bistrot où s’agitent les joueurs de cartes devant les verres-ballons de gros rouge.



Une vision à l’ancienne, une carte postale d’antan, menacée par un projet immobilier de grande envergure, un complexe moderne tout béton tout acier tout goudron et verre. Un contraste appuyé entre la beauté de ce qui est et la laideur du promis, du décidé c’est déjà acté et même financé, de l’inéluctable pour le bien de tous, comprenez-le bien. Le tout clefs en mains, belle maquette à l’appui, « regardez comme c’est beau, vous y serez si bien » ; tout compris, de l’essentiel au superflu, du tourisme tiroir-caisse à la grande surface incluse en passant par le centre de loisirs.



Deux camps s’opposent (j’ai déjà choisi mon camp) :



_Des agents immobiliers en costard-cravate, pompes cirées et mains si propres, bien beaux bien propres sur eux, menteurs et obséquieux ; des prometteurs de l’argent en promesse facile plein les yeux ; des élus sous influence aux aguets des appâts dollars du béton remplaçant les rochers de toujours.



_Les anciens du village accrochés férocement à leurs traditions, à ce qui a fait leurs vies de toujours, à ce que ne coule pas le béton nouveau et que s’en aillent ailleurs ces semblants d’hommes venus des villes. La haine déjà, la violence bientôt s’il le faut, pour que demain soit comme jadis.



Une lutte perdue d’avance ? Résignation ? Comme ailleurs, pas si loin sur la côte. Pot de terre, pot de fer. Pourquoi se battre quand l’argent parle et gagne toujours : pour la gloire, pour la survie, pour la Bretagne ?



« La soupe aux choux », plus tard au cinéma (1981), d’après un roman de René Fallet (1980), viendra dans les salles avec un scénario bien cousin, l’humour paillard en leitmotiv, La Denrée bibendum E.T. yodlant aux étoiles et les pets sous la Lune en plus, la promise revenue des morts si frétillante de vie retrouvée et si peu semblable au fils zombie dans « Simetière » de Stephen King. La Denrée promet un bout de terre-paradis transplanté sur OXO là, où, Bilal et Christin envisageront allégoriquement « Le vaisseau de pierre » comme solution d’exode et quête d’une terre qu’il nous montre. Chapeau Mister.



Ici, « Le vaisseau de pierre » n’use pas des friandises rigolardes de « La soupe aux choux », le sérieux est de mise, tout est larmes et combat; les villageois sont en lutte, pas acteurs de comédie burlesque. La SF n’est pas convoquée pour que meure l’idée du béton en bord de mer. Le Fantastique s’installe et prend corps progressivement, celui cher à Lovecraft, à grands coups d’anciens invoqués, pas ceux avec un grand A et maléfiques d’Innsmouth ou de Providence, mais ceux de la vieille Bretagne d’avant et de bien avant encore, en compagnie d’êtres dont les noms sont gravés sur les marbres du cimetière, dont les âmes hibernent sous les dolmens et les menhirs. La sarabande descendue du château restera dans la mémoire de qui lira , toutes proportions gardées comme celle montant au ciel des poilus morts dans « Les croix de bois », on y verra défiler les vies éteintes des âges d’avant. Visions inspirées et dantesques au cœur de vignettes silencieuses et si parlantes. Superbe.



L’histoire du « Vaisseau de pierre » est typique des préoccupations politiques des 70’s, de la manière de les présenter et de ne pas les résoudre, sinon en rêves éveillés. Nous étions au final si naïfs. Là où, au fil des décennies suivantes, l’utopie fera choux blanc, elle dénoncera à défaut de solutionner. Ce n’est déjà pas si mal. L’emprise immobilière sur le littoral ne mordait pas alors encore à si belles dents affamées que çà, mais les prémisses béton montraient déjà quelques belles quenottes bien acérées qui maintenant broient. Œuvre d’anticipation donc, et leçon écologique et humaine à méditer.



Le trait de Bilal n’est pas encore à son apogée, on y perçoit des imperfections, des facilités, des rapidités surtout ; parfois mais pas toujours quand plongeant progressivement dans le Fantastique en attente la plupart des vignettes se font œuvres d’art. La perfection graphique à chaque page sera pour plus tard sur le fil d’albums à venir ; les couleurs sont déjà là, celles typiques et parfaites des albums mâtures suivants. Le presque tout en hachures, en marque de fabrique, prédomine et s’impose.






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Valérian et Laureline, tome 9 : Métro Châtelet, d..

Rien que le titre invite au rêve et l'image de la BD à l'évasion vers d'autres galaxies...

D'un univers familier (le métro), il nous emporte vers des chimères...



Des monstres issus des 4 éléments: l'eau, le feu, l'air, et la terre... apparaissent en ville. Or Valérian est sur le coup.



Il est en mission et rencontre un savant fort au courant à propos des 4 éléments (évoquant Bachelard) par le biais d'un homme débonnaire, qui aime les plaisirs de la vie (son nom m'échappe).



A propos de plaisir, Valérian n'est pas en reste d'ailleurs..

La belle Laureline reste en lien télépathique avec lui... A l'image de leur belle complicité d'ailleurs.

Mais elle n'est pas ravie des incartades amoureuses du beau brun. Celui-ci prétexte des migraines épouvantables (piètre excuse masculine...) :-D

Mais peut-être cet adorable bel homme s'est-il fait piéger...
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