Pierre Corneille

On décrit mal sa joie au milieu des malheurs ; et sa plus douce idée est un sujet de pleurs.

On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tout.

L'amour dont la vertu n'est point le fondement, se détruit de soi-même, et passe en un moment.

Que l'amour aisément penche à la jalousie ! Qu'on croit tôt ce qu'on craint en ces perplexités, où les moindres soupçons passent pour vérités.

C'est le propre de jeune homme d'être amoureux et non pas d'un vieillard.

On peut changer d'amant, mais non changer d'époux.

Un cœur digne d'aimer court à l'objet aimable sans penser au succès dont sa flamme est capable.

Qui peut supporter une offense, peut mieux prendre à son point le temps de sa vengeance.

Les bienfaits ne font pas toujours ce que tu penses ; d'une main odieuse ils tiennent lieu d'offenses.

Deux amants que sépare une légère offense rentrent d'un seul coup d'oeil en pleine intelligence.

Bien qu'une beauté mérite qu'on l'adore, pour en perdre le goût, on n'a qu'à l'épouser.

S'attacher pour jamais aux côtés d'une femme ! Perdre pour des enfants le repos de son âme ! Voir leur nombre importun remplir une maison ! Ah ! qu'on aime ce joug avec peu de raison !

Quand la perte est vengée, on n'a plus rien perdu.

Heureux est celui qui de cœur et d'esprit sait goûter ce que c'est que d'aimer.

Les bienfaits d'une main odieuse tiennent lieu d'offenses.

On s'expose aisément quand on n'a rien à craindre.

Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.

Un bienfait perd sa grâce à le trop publier.

L'amour est un tyran qui n'épargne personne.

Une femme hargneuse est un mauvais voisin.