Citations de Pierre Corneille (1037)
Je te répondrais bien que dans les belles âmes
Le seul mérite a droit de produire des flammes.
Mets ta main sur mon coeur,
Et vois comme il se trouble au nom de son vainqueur,
Comme il le reconnaît.
L'amour es un tyran qui n'épargne personne.
L'excès de ce bonheur me met en défiance,
Puis-je à de tels discours donner quelque croyance?
« Cette obscure clarté qui tombe des étoiles
Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ;
L’onde s’enfle dessous, et d’un commun effort
Les Mores avec la mer montent jusques au port. »
Sertorius
J'ose après cet aveu vous faire offre d'un homme digne d'être avoué de l'ancienne Rome. Il en a la naissance, il en a le grand coeur, il est couvert de gloire, il est plein de valeur ; de toute votre Espagne il a gagné l'estime, libéral,intrépide,affable,magnanime, enfin c'est Perpenna sur qui vous emportez...
Viriate
J'attendais votre nom après ces qualités (...) Vous donnez une reine à vôtre lieutenant ! Si vos Romains ainsi choisissent des maîtresses, à vos derniers tribuns il faudra des princesses.
Aristie
Laissons, Seigneur, laissons pour les petites âmes ce commerce rampant de soupirs et de flammes, et ne nous unissons que pour mieux soutenir la liberté que Rome est prête à voir finir.
Rodelinde
Le roi, qui connaissait ce qu'ils valaient tous deux, mourant entre leurs bras, fit ce partage entre eux :
il vit en Pertharite une âme trop royale pour ne pas lui laisser une fortune égale ; et vit en Gundebert un cœur assez abject pour ne mériter pas son frère pour sujet.
(Médée )
Je vous perds, mes enfants ; mais Jason vous perdra ;
Il ne vous verra plus...
[…] cours vers ma rivale
Lui porter de ma part cette robe fatale
Je t'aime encor, Jason, malgré ta lâcheté ;
Je ne m'offense plus de ta légèreté :
Je sens à tes regards décroître ma colère ;
De moment en moment ma fureur se modère […].
Ne fuyez pas Jason, de ces funestes lieux.
C’est à moi d’en partir : recevez mes adieux.
Accoutumée à fuir, l’exil m’est peu de chose ;
Sa rigueur n’a pour moi de nouveau que sa cause.
C’est pour vous que j’ai fui, c’est vous qui me chassez.
Où me renvoyez-vous, si vous me bannissez ?
[…] Jamais éclat pareil
Ne sema dans la nuit les clartés du soleil ;
Les perles avec l’or confusément mêlées,
Mille pierres de prix sur ses bords étalées,
D’un mélange divin éblouissent les yeux ;
Jamais rien d’approchant ne se fit en ces lieux.
Voyez comme elle s'enfle et d'orgueil et d'audace !
Ses yeux ne sont que feu ; ses regards, que menace.
Gardes, empêchez-la de s'approcher de moi.
Soleil, qui vois l'affront qu'on va faire à ta race,
Donne-moi tes chevaux à conduire en ta place ;
Accorde cette grâce à mon désir bouillant :
Je veux choir sur Corinthe avec ton char brûlant […].
Jason me répudie ! Et qui l’aurait pu croire ?
S’il a manqué d’amour, manque-t-il de mémoire ?
[…]
Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j’ose,
Croit-il que m’offenser ce soit si peu de chose ?
Sur quoi que vous fondiez un traitement si rude,
C’est montrer pour Médée un peu d’ingratitude :
Ce qu’elle a fait pour vous est mal récompensé.
Quoi ! Médée est donc morte, ami ?
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m’a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
Cependant j’ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n’avoir pas trop d’alarmes
De ces ravages du temps.
Vivez, vivez, heureux amants
Dans les douceurs que l’amour vous inspire
Vivez heureux, et vivez si longtemps,
Qu’au bout d’un siècle entier on puisse encore vous dire :
Vivez, heureux amants.