Citations de Pierre Corneille (1037)
Celui là fait le crime à qui le crime sert
À qui sait bien aimer il n’est rien d’impossible
LA NOURRICE.
Hélas ! elle se meurt ; son teint vermeil s’efface;
Sa chaleur se dissipe ; elle n’est plus que glace.
LISIS, à Cliton.
Va quérir un peu d’eau ; mais il faut te hâter.
(Mélite)
CLÉANDRE :
Va te jouer d’un autre avec tes railleries,
Je ne puis plus souffrir de ces badineries,
Ne m’aime point du tout, ou n’aime rien que moi.
PHILIS :
Je ne t’impose pas une si dure loi,
Avec moi, si tu veux, aime toute la terre,
Sans craindre que jamais je t’en fasse la guerre.
Je reconnais assez mes imperfections,
Et quelque part que j’aie en tes affections,
C’est encor trop pour moi, seulement ne rejette
La parfaite amitié d’une fille imparfaite.
CLÉANDRE :
Encor que votre ardeur à la mienne réponde,
Je ne veux plus d’un bien commun à tout le monde.
PHILIS :
Si vous nommez ma flamme un bien commun à tous,
Je n’aime pour le moins personne plus que vous,
Cela doit vous suffire.
CLÉANDRE :
Oui bien à des volages,
Qui peuvent en un jour adorer cent visages ;
Mais ceux dont un objet possède tous les soins
Se donnant tout entiers, n’en méritent pas moins.
PHILIS :
De vrai, si vous valiez beaucoup plus que les autres,
Je devrais rejeter leurs vœux auprès des vôtres,
Mais mille aussi bien faits ne sont pas mieux traités
Et ne murmurent point contre mes volontés.
Est-ce à moi s’il vous plaît de vivre à votre mode ?
Votre amour en ce cas serait fort incommode,
Loin de la recevoir, vous me feriez la loi :
Qui m’aime de la sorte, il s’aime et non pas moi.
PHILIS :
[...]
Fasse état qui voudra de ta fidélité,
Je ne me pique point de cette vanité,
On a peu de plaisirs quand un seul les fait naître,
Au lieu d’un serviteur c’est accepter un maître,
Dans les soins éternels de ne plaire qu’à lui
Cent plus honnêtes gens nous donnent de l’ennui,
Il nous faut de tout point vivre à sa fantaisie,
Souffrir de son humeur, craindre sa jalousie,
Et de peur que le temps ne lâche ses ferveurs,
Le combler chaque jour de nouvelles faveurs,
Notre âme s’il s’éloigne est de deuil abattue,
Sa mort nous désespère et, et son change nous tue,
Et de quelque douceur que nos feux soient suivis,
On dispose de nous sans prendre notre avis,
C’est rarement qu’un père à nos goûts s’accommode,
Et lors juge quels fruits on a de ta méthode.
« Moi, dis-je, et c’est assez. »
Le Ciel vous doit un roi, vous aimez un sujet.
Impitoyable sort, dont la rigueur sépare
Ma gloire d'avec mes désirs,
Est-il dit que le choix d'une vertu si rare
Coûte à ma passion de si grands déplaisirs?
ô Cieux! à combien de soupirs
Faut-il que mon coeur se prépare,
S'il ne peut obtenir dessus mon sentiment,
Ni d'éteindre l'amour, ni d'accepter l'amant?
- ô miracle d'amour!
- Mais comble de misères.
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié,
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
A mourir par ta main, qu'à vivre avec ta haine.
Vous perdez le respect, mais je pardonne à l'âge,
Et j'estime l'ardeur en un jeune courage.
On se rend criminel à prendre son parti.
Apprends comme l'amour flatte un coeur qu'il possède.
Si l'on guérit le mal ce n'est qu'en apparence,
La haine que les coeurs conservent au-dedans
Nourrit des feux cachés, mais d'autant plus ardents.
Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Quoi qu'on fasse d'illustre et de considérable
Jamais à son sujet un roi n'est redevable.
Espérez tout du Ciel, il a trop de justice
Pour souffrir la vertu si longtemps au supplice.
Si l'amour vit d'espoir il meurt avecque lui,
C'est un feu qui s'éteint faute de nourriture