Citations de Pierre Dubois (163)
Quand j’étais enfant, évidemment je m’intéressais aux lutins. Bon, puis, comme tout le monde, je me suis intéressé aux fées… Par la suite, on en vient forcément aux elfes, ces ermites. Maintenant, le verdict approchant, il est normal d’en arriver aux fantômes, c’est inévitable. Bon, heureusement, j’ai toujours une porte de sortie, parce que je compte m’attaquer ensuite aux revenants !
(En promotion pour son recueil sur les fantômes, lors d’une conférence au 24e Festival des Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, 18 mai 2013)
C’est une histoire de trésor, c’est une histoire à deux sous, cela dépend de quel côté du cœur on se place. Il y avait une ferme là-bas, là-haut dans le nord du Nord. Une ferme avec le père fermier menant fermement la ferme, la mère fermière menant fermement jardins, basse-cour, et les affaires du ménage de la ferme… et la fille menée par les pensées et les songes que l’on tresse en rubans quand on a dix-sept ans. Au-dessous de la ferme, ainsi qu’il en est l’usage là-haut, là-bas dans le nord du Nord, vivait paisiblement dans leur nid souterrain et propret une famille de Nisses.
(Nisse est un nain domestique qui apporte la prospérité à la maison)
Les meilleurs contes fantastiques sont ceux qui évitent le Grand Guignol des effets faciles, les excès de carnages, les monstrueux trucages et les gros jets d'hémoglobine, mais mènent le lecteur, en confiance, jusqu'au malaise, pour le lâcher brusquement sur sa fin... Une faim dévorante, bien entendu.
Extrait du conte LA FEMME CHANGEE EN TROLL
(Vers le début de l’histoire) La richesse tient en peu de chose quand elle se contente de tenir dans un œuf. Un œuf du jour, un œuf chaque jour à a coque du bonheur.
(Vers la fin de l’histoire) Quand l’homme passait près d’elle, il lui caressait la tête en lui rappelant son nom. Il n’en demandait pas davantage, c’était une compagnie quand l’hiver est si long, si blanc, si vide de silence que les pensées n’ont même plus d’images pour raconter… et qu’il ne reste pour tout amour, qu’un amour que peut contenir un œuf. Un de ces œufs de plâtre, un œuf menteur que l’on laisse dans la paille pour des leurres de couvées.
La vraie peur s'insinue, approche toujours à pas feutré.
Parfois, il suffit d'un désir, d'un sacrifice aux vagues... pour que le souhait se réalise.
On dit que les bluebells poussent là où les fées viennent danser, qu'elles naissent des dentelles que les fées laissent choir de leurs voiles azur en virevoltant sur le gazon. Quoi de plus paisible... de plus paradisiaque ?
- Qui es-tu et que veux-tu, drôlesse ?...
- tu es Cabiljaw, le pirate !... J'ai besoin de toi !...
- CRÉDIÉ !... Dois-je comprendre que tu as soudainement quitté ta couette paisible et affronté nuit et houle pour nouzaille !? ...et que se sont les braises du désir qui ont bouté le feu à ta pétaudière ?... GODVERDOMME !... ne pose pas ton fondement sur mon bâtiment, tu enflammerais la Sainte-Barbe !...
- chassons-la, capitaine !... elle est fille du Nekker, c'est Lange Wapper, le démon des mers qui se dissimule sous ses apparences !!...
- la paix, avec vos superstitions de cousettes ! Vous voyez bien que cette Marie-clapette a le fion qui crépite comme une étoile filante : qui y enfonce son cabillaud le ressort en hareng fumé !... AH, AH, AH !...
[Saskia se présente en toute nudité, dans une chaloupe, devant le capitaine flibustier]
Extrait du conte LE NÄCK (troll, esprit des eaux, tantôt malfaisant, tantôt bienfaisant)
Elle avait fui la grande maison qui n’était plus amie, qui se faisait tombeau. Elle avait franchi pour toujours la grille, malgré le froid, le vent glacé, les rafales de neige, le profond de la nuit.
Et le traîneau glisse entre les grands sapins sombres dans un crissement poudreux. Dame Ulrika ne veut pas mourir ainsi, crispée à son fauteuil en attendant que le vieil âge l’étouffe. Immobile et solitaire. Elle se souvient que le vieil amant des beaux jours lui avait confié un soir sous le lierre… quand le rêve devient éternel il dépasse la mort et la laisse loin derrière. Si plus tard, plus tard tu y crois encore, avant qu’elle ne vienne, je viendrai te chercher.
Cependant, toutes les créatures des ondes ne sont point toujours naïades aux joues roses, queue d'argent et cœur tendre, nées des rêveries d'Andersen. La Mary Morgane, la Marie Grauette, Jenny Greenteeth, les Morganeds, Kelpies, Seelies, Willies, Shoopiltrees, Makrâles d'iaw, Nixes, Roussalki... cachent le plus souvent sous des apparences trompeuses griffes, dents aiguës et appétit d'ogre.
Pa' Jess m'a dit qu'à force de tuer des gens – même des mauvais qui méritaient de l'être -, hé ben on finissait par se tuer soi-même.
Empilez plus de bois ! Le vent est froid ;
Mais qu'il souffle à as guise,
Notre Noël n'en sera pas moins heureux.
C'est à Noël qu'on perce la bière la plus forte,
C'est à Noël qu'on partage les contes les plus joyeux...
Sir Walter Scott
Joyeux Noël et Bonnes Fêtes à tous petits et grands.
Ceux qui les cherchent ne les voient pas. Ils ont l'esprit tellement plein d'idées préconçues que leurs yeux ne perçoivent plus rien.
Janvier est un mois de repli, de veille et de veillées...
Autour du feu, quand rôde le vent, chacun est invité.
Octobre - La brume
Pour écarter la brume et se préserver de ses chimères, il faut présenter devant soi la pointe d'un couteau en disant : "De mon chemin, Brume, disparais ou tu seras coupée par la moitié avec un couteau d'acier." De là, "un brouillard à couper au couteau."
A la Toussaint, sous les vieux chênes, fantômes en peine traînent leurs chaînes.
L'aubépine
D'abord sacralisée au temps des fées qui dans son feuillage avaient élu domicile étaient vénérées, puis exécrées lorsque l'Eglise voua ces mêmes divinités au bûcher, ensuite christianisées par la Sainte Vierge et la Légende dorée, enfin bénie et massacrée par les inquisiteurs du remembrement : l'aubépine a connu à travers les siècles de nombreux revers.
Février
La pie
De la grande mythologie péplumienne gréco-romaine à celle plus modeste et rustique de nos vieilles campagnes, ce sont des princesses fées séduisantes mais trop délurées, trop coquettes et comploteuses, que la reine des fées va transformer en pies bavardes. Plus de beaux chateaux de marbre mais un méchant nid, plus d'atours chamarrés, de soieries, de brocards, mais une robe de nonne, du noir du blanc.
Octobre
Le navet
Dans nos croyances populaires, le navet vient du diable. Dieu a fait la carotte "vermeille, sucrée, vitaminée, fanes persillées" et le diable, retors imitateur, génétiquement sous-doué, a commis le navet "pâlichon, violacé, fade ou piquant, à mauvaise haleine". On chasse en Angleterre les sortilèges des sorciers par des chapelets de navets tressés sur la façade de la maison.
Rengainons pour l'heure querelles, vaines animosités et rapières. Je ne suis pas venu ici affronter le mythe, mais toucher le coeur du gentilhomme!