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Citations de Pierre Kalfon (44)


SIERRA MAESTRA : L'ODEUR DE LA POUDRE

Le dilemme résolu du docteur Guevara

" Ce matin-là nous le passâmes tous à dormir." Au réveil, Guevara est à sa petite pharmacie de campagne. Il s'occupe de soigner les pieds blessés qui ne peuvent plus entrer dans les chaussures. (...)
Survient alors l'un de ces moments-clés, chargés de symboles , qui marquent un destin : " Un compagnon laissa tomber une caisse de balles à mes pieds. (...)
C'est peut-être la première fois que le dilemme m'était posé en termes pratiques: j'avais devant moi un sac à dos plein de médicaments et une caisse de balles: leur poids m' interdisait de les porter tous les deux ; je pris la caisse de balles, abandonnant le sac. " C'est ainsi que le docteur Guevara choisit de devenir le Che . ( P. 196 )
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UNE SAISON EN ENFER

À gauche, on pleure

Le 11 octobre 1967, deux jours après la mort du Che, le Congrès bolivien vote des félicitations au président de la République pour avoir défendu la souveraineté nationale contre l'" agression castro-communiste " . (...)
À gauche, on pleure . D'un sanglot presque unanime. (...)
À la Havane, dès le 15 octobre, à la radio et à la télévision, Fidel Castro déclare déclare que " la nouvelle relative à la mort du commandant Ernesto Guevara est douloureusement exacte " Les drapeaux sont mis en berne pendant trente jours. ( P.665 )
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SIERRA MAESTRA : l'odeur de la poudre

Le jeune homme décidé et rieur, à l'allure d'adolescent, qui s'est embarqué sur la Gramma a acquis une épaisseur humaine nouvelle. Si l'oeil n'a rien perdu de son éclat, le caractère est devenu plus grave, plus solitaire aussi peut-être.
Il est arrivé à Guevara, dans la Maestra, le soir, de lire à sa troupe du Neruda. Le plus souvent, cependant, il s'isole dans des lectures silencieuses, cigare aux lèvres même dans des moments où la bataille à venir est propre à susciter de l'inquiétude.
( P. 268)
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Les jours précédents, il s'était contenté, avec ses bêtes, d'une eau boueuse qu'il avait trouvée en creusant le sol avec sa lame, comme il l'avait vu faire. Il n'eut pas besoin d'enfourcher son cheval pour attraper une viscache, justement, puis une belette à la course maladroite. Mais c'est au galop, sur la monture la moins fourbue, qu'il réussit à lancer ses bolas tournoyantes autour des pattes d'un venado, un petit daim dont il but le sang chaud et déchira la chair crue à pleines dents. Trois ans de vie indienne brutale et sauvage avaient eu raison de ses haut-le-cœur de "civilisé".
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Pierre Kalfon
C'est à partir de ce moment qu'Ernesto Guevara, ainsi adoubé, va vraiment devenir le Che tel que le rapportent les témoignages, qui vont construire la légende : un homme généreux, égalitaire, mais intraitable sur les principes , un ascète aussi sévère avec lui-même qu'avec les autres, capable d'endurer mille souffrances pour obtenir une victoire sur les forces de la dictature, un chef de guerre redoutable, entraînant de hommes à se comporter en héros spartiates, en toute circonstance.
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À noter que, avant de prendre la route, c'est au Costa Rica que Guevarra entend parler, pour la première fois , par les protagonistes eux-mêmes, de l'attaque de la caserne Moncada , à Santiago de Cuba.
Cette opération insensée, a été menée quatre mois auparavant, le 26 juillet
1953, par un jeune avocat cubain de vingt-sept ans, du nom de Fidel Castro.
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UN ASTHMATIQUE PRESSÉ

Longtemps il s'est couché de bonne heure. Non par snobisme proustien , mais en raison d'une santé fragile dès son arrivée au monde: pneumonie à l'âge de deux mois et, à deux ans, premiers symptômes d'un asthme très fort qui ne le quittera jamais plus.
Handicap fondamental, cet asthme qu'il combattra sa vie durant, forgeant sa volonté " avec une délectation d'artiste " , constitue une clé essentielle pour comprendre aussi bien les fulgurances de l'existence d'un être exceptionnel que les tribulations qu'il entraînera pour l'ensemble de sa famille. ( P.15)
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Che Guevara, l'archétype du guérillero, l'avait admis, dédicaçant un jour son livre fétiche, « La Guerre de guérilla », à "Savador Allende, qui essaye d'obtenir le même chose par d'autres moyens". Cette fois, le bulletin de vote, « autre moyen », semblait l'avoir emporté sur le fusil. Marx n'avait pas prévu ce cas inédit.
Nixon : "Écraser ce fils de pute"
Par son pacifisme même, ce modèle paraissait dangereux aux États-Unis. Dans leur « chasse gardée » de l'Amérique latine, un président marxiste, vainqueur à la loyale d'élections honnêtes, était un exemple déplorable pouvant faire des émules. Á éviter à tout prix. Á Washington, le président Nixon avait convoqué Edward Korry, son ambassadeur à Santiago, pour lui expliquer, frappant du poing, qu'il fallait écraser à tout prix et au plus vite "this son of a bitch" (ce fils de pute). Á Chicago, Henry Kissinger, conseiller écouté, déclarait, alarmiste, qu'Allende allait provoquer "l'installation d'un régime communiste au Chili et que l'Argentine, le Pérou et la Bolivie pourraient suivre cet exemple."
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Introduction
UN DEVOIR DE MÉMOIRE
Ce livre est un document pour servir à la mémoire du Chili. Il répond à un devoir de mémoire. Car la répression qui a suivi le coup d'État du général Pinochet contre le président Allende a fait subir à la mémoire des chiliens un
traumatisme qui n'est pas encore guéri. (...)
Allende s'était, en effet , lancé dans une aventure inédite que Marx n'avait prévue. Celle de mener un pays vers le socialisme non seulement sans faire basculer le système en place, mais, mieux encore, en tirant parti jusqu'à l'extrême des dispositions légales du dit système. Cette "révolution dans la légalité " présentait le versant opposé de la révolution armée " à la cubaine ",
apportée onze ans plus tôt à la Havane par les barbudos de Fidel Castro.
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TOMBEAU DE GUEVARA

Que reste-t-il , un demi-siècle plus tard, de la vie brève mais intense du beau jeune homme de 1947 qui débarqua à Buenos Aires, à dix-neuf ans, pour faire sa médecine ? L'image d'un voyageur pressé . (...)

Cinq balises jalonnent ce voyage mené dans l'urgence : le Guatemala, et la révélation de la brutalité impériale; le Mexique, parce qu'il rencontre son Messie; Cuba qui lui paraît terre promise, insuffisante à son appétit ; le Congo, et la complexité insoupçonnée d'un tiers-monde ignoré des ouvrages marxistes ;la Bolivie enfin, terrible frustration d'un rêve libérateur de la terre natale.
( P. 681 )
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LA RÉVOLUTION COMME UNE PASTÈQUE.

Le ping-pong de David et goliath

En plaçant le Che à la tête des finances de l'état, Castro lui a donné la haute main sur l'économie de l'île, position essentielle puisque le combat politique va de plus en plus se livrer sur le terrain des intérêts financiers . Pour Guevara --et Castro acquiesce sans le programmer encore ---, l'avenir de Cuba se situe
quoiqu'il en coûte, dans une libération absolue de sa dépendance envers la puissance impériale des États-Unis.
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LA RÉVOLUTION COMME UNE PASTÈQUE

Légende d'un portrait légende ( suite )

Telle quelle, la force expressive de la photo est intense. Coiffé de son béret étoilé, vêtu d'un étrange blouson de cuir vert foncé, orné de laine bleu marine---offrande d'un ami mexicain---, le Che a un regard sombre , lointain. Le visage sévère, est encadré d'une chevelure longue, en broussaille. Paradoxe, cette image d'un homme en rage froide deviendra l'icône du révolutionnaire au
visage d'archange, doux, quasi mystique, que médias, affiches, tee-shirts et autres gadgets répandront à la surface du globe.
( P. 338 )
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L'HOMME AUX SEMELLES DE VENT

L'intérêt du journal de Guevara est dans l'accumulation de ces " petits faits vais " qui nous permettent , malgré les retouches ultérieures , de suivre l'évolution d'une prise de conscience, sociale et politique, de la douleur du monde qui le dispute encore au souci de ne s'attacher à rien, pour courir les
routes en toute liberté.
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L'HOMME AUX SEMELLES DE VENT
Ernesto et Alberto vont à moto

En janvier 1952, à San Martin de los Andes, aux confins de la Patagonie. il notera: " Je sais maintenant que mon destin est de voyager et je l'accepte avec une sorte de fatalisme. " Aucun bateau ivre ne l'attend. Pourtant, désormais, il ne cessera de courir le monde. Lui aussi, comme Rimbaud, peut annoncer :" Et j'irai loin, très loin, comme un bohémien ." Il ne sait pas encore, mais lui aussi voudra " changer la vie ". Il est déjà " l'homme aux semelles de vents " .
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VIVRE SA VIE

Il n'a pas dix ans qu'il est déjà considéré par les gosses comme un chef de bande. À l'école San Martin, quand il y va enfin, Elba Rossi, son ancienne institutrice , est catégorique : " Dans la cour de récréation , c'était un leader: il se faisait aimer de tous "
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Les Indiens, lui avait-il appris, ignoraient l'existence du cheval avant qu'au XVIe siècle les Espagnols n'introduisent les premiers exemplaires de l'espèce dans le Nouveau Monde. L'atout majeur des conquistadors avait été, avec l'arquebuse, cet animal terrifiant et hennissant, galopant et s'arrêtant sur ordre. Au début, les habitants premiers du Rio de la Plata avaient réagi comme leurs congénères péruviens et mexicains. Ils s'étaient enfuis, affolés, devant ces monstres à quatre pattes que montaient des hommes casqués, cuirassés et barbus.
Jusque-là, aussi bien dans les pampas que dans les steppes de Patagonie, les aborigènes erraient à pied, le long des cours d'eau, autour des lagunes, chassant, pêchant, cueillant. Mais, avait encore expliqué Don Evaristo, lorsque, après des années d'hésitation, l'Indien se décida à son tour à enfourcher la bête épouvantable, il accomplit le geste qui allait prolonger de trois siècles son destin d'homme libre.
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TOMBEAU DE GUEVARA

...Cette espérance permanente gît , immuable, au fond de la boîte noire où est enfermée la vie d'Ernesto Guevara de la Serna. Qu'y trouve -t-on, en effet, au-delà de l'habituel " petits tas de secrets " ? On y trouve l'asthme , bien sûr, qui a empoisonné cette existence mais qui a conduit l'asthmatique à se forger une volonté en acier trempé. On y trouve le contrepoison puissant d'une complicité maternelle superbe qui a proposé les valeurs libertaires fondatrices de la personnalité du jeune homme. On trouve enfin l'éblouissement de l'aventure unique offerte par Castro, autre fou génial.
Mais on n'y trouve pas l'essentiel, à savoir l'alchimie particulière qui, à partir de la somme des malentendus, a permis de réconcilier Marx et Rimbaud--un Guevara sauvé par le Che, enfin en paix avec lui-même, irradié par le sourire léger esquissé sur la table mortuaire de Vallegrande, envolé dans sa légende...
( P.684, dernières lignes du texte )
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SE VENGER DE L'ASTHME.

Cette intrépidité , ce côté trompe-la-mort, cette rage de vaincre au mépris de toutes les crises d'asthme sont déjà caractéristiques chez l'enfant d'un véritable goût du danger qui ne fera que se confirmer chez l'adulte.
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PROLOGUE

" Yo soy Che Guevara..."

Le capitaine de Rangers Prado n'en croit pas ses oreilles. Au fond de ce ravin perdu au sud de la Bolivie, sur ce tas de caillasses envahi par les ronces, il a devant lui le guérillo le plus recherché du continent, le plus redouté, celui qui a fait mettre le pays entier en état de siège. Deux soldats le tiennent en joue.
L'homme est visiblement harassé. Son treillis kaki est sale, fangeux , déchiré; un mauvais blouson bleu à capuche s'ouvre sur une chemises en loques qui n'a plus qu'un bouton. Une vraie allure de brigand. À son cou pend un altimètre . Il exhale une odeur forte, un mélange âcre de tabac et de sueur. Barbe, moustache, tignasse poussiéreuse et emmêlée lui mangent une partie du visage. Mais sous sa casquette vert bronze, les yeux restent lumineux. " Son
regard était impressionnant ", note Guy Prado qui , sur l'instant, feint de ne pas accorder trop d'importance à la révélation spectaculaire. (...)
Dans la mitraillade, trois balles ont frappé Guevara sans vraiment le mettre le mettre à mal. L'une n'a fait que perforer sa casquette , l'autre a rendu inutilisable le canon du fusil M-1 sur lequel il s'appuie. La troisième l'atteint au bas du mollet droit. Il n'a plus de chaussures. Ses pieds sont enveloppés dans
des chiffons de peau grossièrement cousus à la main. Un filet de sang suinte le long de sa cheville.
" Je suis Che Guevara ", répète-t-il d'une voix ferme. (...)
Prado vérifie avec attention. Les protubérances caractéristiques des arcades sourcilières laissent peu de doute. Pour confirmation, il demande à son prisonnier de montrer le dos de sa main gauche. La cicatrice y est. C'est bien le "Che ".
Il vient de capturer une légende.
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Il ne fait qu’appliquer le principe érigé en règle de vie : un révolutionnaire doit consacrer son existence entière à la révolution.
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