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Critiques de Pierre Lemaitre (7925)
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Couleurs de l'incendie

Mais quel pied !!!!

Veuillez excuser la trivialité de l'expression mais il est tellement rare de se régaler autant en lisant.

Comment offrir tant de plaisir au lecteur ? La recette de la générosité selon Lemaitre :



1- un art de la narration qui respire le brio !

Aucun temps mort, le récit est mené tambour battant à la Dumas. Et ce dès le premier chapitre qui s'ouvre sur l'enterrement du grand banquier Marcel Péricourt, 7 ans après la mort de son fils Edouard ( cf Au revoir là-haut ). Tout le monde est prêt et bim, grosse claque ( que je tairai ) . Un gag ? Non, une tragédie, d'emblée, et à partir de là ça rebondit, ça virevolte à tout va, sur un rythme haletant. de l'extérieur, on peut se dire que cette avalanche de drames qui s'abat sur Madeleine Péricourt est too much, mais non, le lecteur s'enivre de ces rebondissements à foison et en redemande.



2- des personnages formidablement campés

On les voit, on les sent, on les aime, on les déteste, Lemaitre soigne tous ses personnages, même les secondaires, chacun a droit à son coup de projecteur, à sa description. Et quels personnages féminins !!!! Madeleine, bien sûr, personnage effacée d'Au revoir là-haut, qui est au coeur de ce livre : un magnifique personnage qui a tout perdu puis retrouve sa dignité, sa liberté, s'émancipe jusqu'à la réalisation ultime d'un vengeance planifiée à la machiavel. Mais aussi la traîtresse Léonce et son irrésistible derrière, Vladi la nurse polonaise à la sexualité débridée et la loyauté infaillible.



3- des dialogues truculents

On se marre tout le temps, j'ai même laissé échapper des rires à voix haute tellement la plume est alerte, grinçante, ironique, cynique lorsque Lemaitre décrit ses personnages ou les travers de cette époque. Un festin pour les amoureux de la belle écriture.



4- un arrière-plan historique passionnant

Cette fresque romanesque est aussi la chronique de l'entre-deux-guerres, la crise des années 30, l'affirmation du capitalisme, la montée du fascisme, la vague nazie qui s'apprête à submerger l'Europe ( le titre vient de là ), toute la complexité de ce temps est formidablement rendue.



La suite, la suite, la suite !!!!!

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Au revoir là-haut

J'ai lu un Goncourt long et j'ai aimé ça.



Non, mieux, j'ai adoré !

Bon, faut dire que le gars Lemaitre, c'est pas vraiment un perdreau de l'année non plus. Robe de Marié, Alex, Cadres Noirs...autant de précédents laissant raisonnablement à penser que le moment à venir serait au pire agréable, doux euphémisme...



Excepté le très distinguêêê prix Sunic, je fuis habituellement les célébrations de tout poil. Il aura juste suffit d'un signe un maaatiiiin ♫ de maître Lemaitre pour passer outre ces vilains a priori et prendre le premier panard digne de ce nom en cette nouvelle année du Cheval. Certains argueront que la trame crin un brin, que n'hénnit, je n'en ai que fer Gastonde car perso, j'ai trouvé sabot...



14-18 . La guerre c'est moche, ça tue. Et quand vous avez la chance d'en réchapper, le prix à payer ne l'est jamais vraiment. Elle sera cependant le terreau d'une amitié durable entre une gueule cassée et un miraculé se sentant éternellement redevable envers son héroïque sauveur. Edouard et Albert, aussi dissemblables que le jour et la nuit. L'un bourgeois éduqué, l'autre issu de milieu modeste. L'un brillantissime au point de mettre au point une escroquerie d'envergure nationale, l'autre presque trop gentil au point de s'excuser lorsqu'on lui marche sur les pieds.

Pour le Bon et le Truand, le casting avance, faites entrer la Brute !

Claquement de talonnettes, doigt sur la couture ! Lieutenant d'Aulnay-Pradelle pour vous asservir, enfin servir. Surnommé gros enc' par ses plus fidèles admirateurs, cet arriviste forcené pourrait presque susciter l'admiration s'il ne filait pas la gerbe.

Ajoutez en toile de fond la douleur d'un père terrassé par la mort d'un fils qu'il n'a jamais su aimer et le destin cruel d'une femme mariée pour le pire voire plus si affinités, la distribution affiche complet, l'histoire peut dérouler.



Magistral du début à la fin, ce récit n'est pas qu'une énième resucée de récit guerrier et son cortège de misère, misèèè-re mais bel et bien l'instantané d'une époque meurtrie évoquant remarquablement le funeste destin des Péricourt et consorts sur fonds d'arnaque validée par Newman et Redford!

Les Péricourt furent grands, ils ne sont plus que gouffre de souffrance, ambition démesurée et bassesses en tout genre. En cela, ce type de récit n'est pas sans rappeler certains épisodes affairistes du grand Zola, les 1256 pages descriptives en moins, dommaaaage...

De destins brisés en survivants revanchards et cupides, des individualités exaltantes qu'il est impossible de lâcher une fois ce bouquin amorcé.

Un plaisir de lecture rare et intense.



J'ai lu un Goncourt long et j'ai aimé ça...



4.35 pour faire remonter la moyenne!
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Le Grand Monde

Pierre Lemaitre a le don d'écrire les romans que j'ai envie de lire lorsque je ressens l'appel de la littérature d'aventures et d'évasion à la Dumas. Ce roman, c’est la lecture plaisir par excellence, 100 % régalade tant la réjouissante générosité de l’auteur déborde de chaque page.



Et ça commence fort, dès la virevoltante scène d’ouverture, en mode caméra embarquée, qui permet de présenter la famille Pelletier lors de sa traditionnelle procession fêtant la création de leur savonnerie beyrouthine. Les parents, quatre enfants dont aucun ne veut reprendre l’entreprise familiale. D’emblée, on devine que le terrain de jeux va nous éclater, l’auteur a le génie des personnages. Le fils aîné, Jean, qui rate tout ce qu’il entreprend, à commencer par son mariage avec l’abominable Geneviève ( indispensable tête à claques, personnage exceptionnel d’humour noir ), fuit de honte à Paris après un échec aux côtés de son père. Il y retrouve François, son frère cadet, qui démarre une carrière journalistique dans un journal type France-Soir, rubrique fait divers. Pour Etienne, le dernier frère, ce sera Saïgon pour retrouver son amoureux, légionnaire embarqué dans la guerre d’Indochine qui disparaît. Et enfin, il y a Hélène qui ronge son frein de petite dernière et ne rêve qu’à quitter Beyrouth et ses parents.



Pierre Lemaître s’autorise tout. L’intrigue est vite intenable, voyageant le lecteur de Beyrouth à Saïgon en passant par Paris, adjoignant aux six Pelletier une flopée de personnages truculents personnages secondaires. Avec un savoir-faire magistral, se crée sous nos yeux un tissu narratif donnant à chaque personnage son propre couloir de nage tout en anticipant le moment où ils vont se croiser. L’auteur a un œil sur tout, les aventures individuelles s’enchâssent en un feuilletonnage évident. Le sens du rebondissement est inégalé, le récit nous propulsant dans des péripéties inattendues, comme un arc narratif polar sur les traces d’un tueur en série qui s’en prend à des femmes … forcément les Pelletier sont dans le cinéma lorsque la tête d’une célèbre starlette est défoncé dans les toilettes ! Il n’y a pas une phrase qui ne soit vivante sans pour autant chercher à me mettre plein la vue, juste pleine de verve et de sève, porté par un humour en filigrane qui colle au récit. On se marre beaucoup et on s’amuse des nombreux clins d’oeil comme ceux à Simenon avec le chat Joseph et les noms des personnages secondaires.



Si la famille est le premier creuset narratif, celui dans lequel chacun se construit, le foyer de toutes les névroses, le destin familial des Pelletier va bien au-delà de leur cercle intime et s’insère dans un magnifique portrait d’une époque, à savoir le tout début des Trente Glorieuses. Au sortir de la Deuxième guerre mondiale, 1948 est une année grise, un de ses interstices méconnus de l’Histoire dans lequel Pierre Lemaitre aime se glisser. La prospérité économique n’a pas encore démarré, les tickets de rationnement sont toujours nécessaires et les pénuries de logement réelles. Avec des accents à la Zola, des manifestations d’ouvriers communistes sont violemment réprimées. Les passages centrés sur Saïgon et le touchant Etienne, devenue fonctionnaire à l’Agence des monnaies, sont ceux que j’ai préférés révélant le scandale du trafic des piastres dans une incroyable atmosphère de déliquescences, entre vapeurs d’opium, concussion, corruption et extension de la guerre d’Indochine.



Du souffle, de l’esprit, de la passion, du rythme, de la malice, en complicité totale avec le lecteur qui dispose d’une liberté totale pour se déplacer dans ce jubilatoire récit multi-facettes, jusqu’à une époustouflante surprise qui fait hurler de plaisir le lecteur connaisseur de l'oeuvre de l'auteur.



Merci Monsieur Lemaitre et vite, la suite !!!



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Miroir de nos peines



Quand tu te rends à une table étoilée pour la troisième fois, tu peux être tentée de chicaner, soupeser, couper les cheveux en quatre, bref comparer avec ce qu'on t'a servi la dernière fois. Ben là, même pas envie tellement la table est bonne chez Lemaitre ! Juste du plaisir à boulotter son histoire. C'est le genre de bouquin que t'emportes partout avec toi pour ne pas quitter les personnages, aux toilettes ( si si ), dans le métro ( même quand t'es grave collée contre la vitre dans un RER A bondé en pleine grève ) yes, tu dégaines, à chaque minute profitable.



Pierre Lemaitre aime tellement ses personnages, qu'à la Balzac, il va piocher dans Au revoir là-haut le personnage secondaire de Louise Belmont, la fillette de dix ans qui s'était entichée d'Edouard Péricourt, la gueule cassée qui logeait chez sa mère impasse Pers dans le 18ème. Dans l'épilogue de ce premier opus, il était dit qu'elle n'eut pas de destin remarquable jusqu'à ce qu'on la retrouve en 1940. Elle a désormais 30 ans, institutrice et serveuse dans un troquet, et se voit offrir sur un plateau une scène d'ouverture absolument spectaculaire, qui fixe dans l'imagination du lecteur une empreinte puissante.



Gabriel, le prof de mathématiques un peu falot devenu sergent-chef; son comparse caporal Raoul, l'attachant combinard sans scrupule ; la courageuse Louise qui court derrière ses secrets de famille ; Jules, le patron au coeur énorme de Louise, et surtout l'irrésistible Désiré, usurpateur génial au charisme fou qui revêt multiples identités au cours de l'épopée … tous formidablement campés, tous en mouvement dans cette France du printemps 1940 qui passe en quelques jours de la Drôle de guerre à la panique de la débâcle face à l'armée allemande.



Tout le talent de conteur de Lemaitre s'exprime dans son art de tresser plusieurs arcs narratifs avec une vivacité remarquable, dans un rythme bondissant qui nous transporte de la ligne Maginot aux routes de l'Exode. Il sait injecter de la densité émotionnelle au bon moment tout en créant du suspense qui pousse à lire. C'est vraiment un des rares auteurs français qui maitrise à ce point ce sens du romanesque échevelé avec ces morceaux de bravoure comme la sabotage du pont de Tréguière.



Sa façon de brosser un tableau de cette période historique est également réjouissante. Il s'empare d'événements réels complètement incongrus ou méconnus ( l'exode pénitentiaire de la prison parisienne du Cherche-Midi vers le camp de Gurs ou encore la destruction de billets d'une valeur de milliards de francs par la banque de France pour éviter que les Allemands ne s'en emparent ) et il s'amuse à en inventer des nouveaux complètement véridiques comme justement le sabotage du pont de Tréguière ou la vie dans le fort du Mayenberg. L'illusion est parfaite ! Sa description de l'Exode et ses Français qui fuient sur les routes l'avancée allemande est très réussie, on a l'impression, d'être avec eux.



Et puis, comme toujours, on rit ! Peut-être un peu plus que dans les précédents tomes, dès que le personnage de Désiré apparaît. Mais on rit intelligemment car derrière la farce, pointe une réflexion sur la désinformation mise en oeuvre par le ministère de l'Information dans cette période d'hystérie et de panique tout schuss. C'est lors d'un cataclysme que l'on sait ce qu'on est, ce qu'on vaut, que l'ont doit être le meilleur et montrer à la hauteur des qualités humaines qu'on prétend avoir. Et là, la façon dont réagissent les personnages principaux ne laissent aucun doute au final et on ne les aime qu'encore plus.



Je me suis régalée et sans doute, le plaisir aurait été total avec la présence d'un truculent « méchant » pour contrecarrer le destin de nos personnages. Ce destin, on devine assez vite ( un peu trop ) vers dans quelle direction il va aller, il y a peut-être moins de rebondissements sur le final comme dans ses autres romans.



Une fresque réjouissante, savoureuse qui peut se lire indépendamment d'Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie mais ce serait vraiment dommage de ne lire que celui-là … Pierre Lemaitre est sans conteste un de nos plus grands écrivains !
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Au revoir là-haut

Ce livre est une véritable bombe. Autant vous prévenir tout de suite, pour s'attaquer à cette lecture, il faut avoir le moral au beau fixe et avoir les boyaux bien accrochés ! Mais, si vous êtes dans cette disposition d'esprit, surtout n'hésitez pas et laissez vous entraîner par l'écriture captivante de Pierre Lemaitre (on peut dire qu'il porte bien son nom...). En tout cas, en ce qui me concerne, même si ce livre n'est pas des plus réjouissants (loin de là), il a eu l'avantage de me réconcilier avec Les Prix Goncourt, moi qui avais été relativement déçue par celui de l'an passé "Le sermon sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari.



Mais bon concentrons-nous sur celui de cette année puisque, de toute manière, c'est de lui qu'il s'agit ici et par conséquent, c'est lui qui nous intéresse.

L'histoire débute en novembre 1918, à quelques jours à peine de l'armistice entre les Allemands et les Français. Albert Maillard, l'un de nos protagonistes, se retrouve pris au piège dans un trou d'obus et probablement condamné à mourir enterré vivant. En levant, les yeux, il aperçoit le lieutenant Henry d'Aulnay-Pradelle qui n'a pas la moindre intention apparente de lui porter secours, bien qu'appartenant au même Régiment d'Infanterie que lui. Albert ne peut que le contempler de toute sa hauteur et il sait qu'il haïra cet homme jusque dans la mort. A côté de lui se trouve une tête de cheval qui, elle aussi, appartiendra à ses souvenirs, s'il en a un jour. Et il en aura effectivement puisque près de lui se trouve également un compagnon d'armes, Edouard Péricourt, un homme de vingt-trois ans, comme lui et qui, en le ramenant à la vie, se retrouvera à jamais lié avec lui. C'est bien Edouard qui, au départ, sauva Albert mais ce n'était qu'un prêté pour un rendu car désormais, les deux hommes sont liés à la vie, à la mort. Une sorte de pacte que l'on ne peut pas comprendre aujourd'hui et que les Poilus ne sont plus là pour nous témoigner puisque tous sont dorénavant morts mais que nos grands-pères, nos pères...enfin tous ceux qui ont fait la Seconde Guerre mondiale, ont pu ressentir...bien que les deux guerres ne sont en rien comparables. Pourtant, j'ose croire que cette esprit de fraternité se ressent dans chaque conflit, à chaque fois que l'on lutte pour, non pas vivre, mais du moins survivre.



Une fois démobilisés, nos deux compatriotes, vont alors essayer tout doucement de reprendre goût à la vie...mais le peut-on réellement lorsque l'on a vu des horreurs pareilles, que l'on a vécu dans la crainte, le froid et la faim ? Pour Edouard, qui s'est vu défiguré et qui a perdu à tout jamais l'usage de la parole, ayant refusé les soins de chirurgie que l'on lui proposait, il est impossible de rentrer chez lui, non pas pour les raisons que je viens d'évoquer mais tout simplement parce qu'il déteste son père, bien que celui-ci soit très riche (ce qui aurait pu lui apporter un mode de vie confortable). Ce dernier est en effet un homme froid, distant, qui ne l'a jamais compris et, pour ainsi dire, jamais aimé. Edouard va devoir changé de nom et se faire porté disparu afin que sa famille (son père et sa sœur Madeleine) n’apprennent jamais qu'il est vivant ! S'engage alors pour Edouard, désormais Eugène (grâce à l'aide d'Albert qui a réussi à intervertir ses papiers militaires avec ceux d'un soldat mort sur le Front) une vie de clandestinité dans laquelle Albert ne le quittera jamais...Leur principal souci étant celui de l'argent, Edouard...euh je veux dire Eugène, va alors imaginer la pire des escroqueries jamais pensé et qui peut leur rapporter gros...voire même très gros !



Bon, je ne vous en dis pas plus sur l'intrigue car avec les cent deux critiques déjà postées sur le site, je suppose que vous devez commencer à vous familiariser avec l'histoire mais sachez que malgré les cinq-cent soixante-six pages que fait cet ouvrage, le lecteur (moi du moins) n'en n'a jamais assez. Un livre trop vie lu tant il est bien écrit, une histoire passionnante avec des faits réels (en plus de l'histoire des Poilus, j'entends), d'autres complètement inventés de toute pièce mais non pas moins crédibles pour autant. Durant cette lecture, je me suis sentie très proche du personnage d'Edouard car j'ai retrouvé chez ma grand-mère des lettres que mon arrière-grand oncle écrivait à ses parents durant cette période. En consultant son registre matricule, j'ai appris qu'il avait été blessé et était mort un mois plus tard des suites de ses blessures, tout cela parce qu'il avait refusé de se faire coupé le bras parce que vous comprenez, un agriculteur qui n'aurait eu plus qu'un bras en rentrant chez lui, c'était impensable...puisqu'il était persuadé qu'il allait rentre, comme tous d'ailleurs. Il avait vingt ans.



Désolée pour cet aparté mais encore une fois, je ne peux que vous recommander la lecture de cet ouvrage, très touchant, sincère, saisissant de vérité...une merveille (si je puis me permettre de m'exprimer ainsi vu la gravité qu sujet abordé).

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Au revoir là-haut

"Je m'amuse beaucoup". C'est Pierre Lemaitre qui le confie dans un papier du journal Le Monde

Et moi donc! ... Avec son dernier livre, quel plaisir macabre et jubilatoire!



Dans les derniers combats de la Grande Guerre, deux jeunes poilus, improbables frères d'armes, se sauvent la mise mutuellement. A la démobilisation et au difficile retour à la vie civile, ils ne sont que des rébus pour une société désirant tourner le dos aux années noires.

Le combat pour la survie continue, entre secrets, regrets, blessures du corps et de l'âme. Quelqu'en soit le prix, le désir de revanche sur les hommes et la vie est le plus fort et va être le terreau d'une magistrale et cynique escroquerie.



Dès les premières pages, la lecture se fait avec un creux à l'estomac, car combien effrayant est le destin de ces jeunes hommes dans l'affreuse tuerie de 14/18!

Vacarme des armes, odeurs pestilentielles, blessures atroces des gueules cassées, horreur de soi, incurie des gradés et misère du trouffion, toute la guerre est là, dans son carnage de machine infernale. Dans la réadaptation si difficile, c'est tout le désenchantement et la détresse d'une génération sacrifiée en "chair à canon", instrumentalisée par la raison d'état, ses affidés et leurs excès.



Réquisitoire envers l'administration, l'armée, les turpitudes opportunistes de la société d'après-guerre, le frénétique commerce de la mort et de la commémoration, face à l'indifférence de la nation pour les rescapés.

C'est aussi une réflexion sur le patriotisme, le courage, la couardise, la loyauté.



Pierre Lemaitre, en conteur magistral, nous fait changer d'époque, avec une écriture vivante et des portraits hauts en couleur, au plus près du réel. Ca secoue, fait vibrer, fait trembler et compatir. Ca se lit comme un carnet de soldat avec le langage coloré et gouailleur de ce début de siècle. L'auteur a le sens de la formule et joue joliment avec les mots.

C'est à la fois d'une tristesse infinie et d'une cruauté glaçante mais aussi une chronique ironique aux personnages et situations croqués avec humour.



Après ce livre, je ne verrai plus monuments aux morts et cimetières militaires de la même manière...
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Robe de marié

Robe de marié. Avec juste un é.

Normal.

Pour autant, ami lecteur qui n'aurait pas encore lu cette pépite, n'envisage pas ici la moindre allusion au mariage pour tous, ça n'est pas le sujet, mais alors pas du tout. Causons plutôt délire paranoïaque, folie meurtrière, manipulation mentale et autres perversions subséquentes. Que du frais, du léger, du primesautier.



Imagine un peu Bridget Jones en tueuse, mariée, psychopathe (peut-être) et super futée (assurément)… Ça nous donne Sophie. Et super futée, il vaut mieux qu'elle le soit, la Sophie, car ses malheurs n'ont aucun rapport avec les déboires sentimentaux de Bridget ou les sottises anodines de la jeune comtesse Rostopchine. Trop pas. En fait, on l'aime bien aussi cette Sophie là, mais la suivre dans sa cavale infernale s'apparente, sache-le, à une expédition pour Mephistoland avec excursion gratos dans les abysses d'un esprit humain des plus machiavéliques.



On frissonne, on compatit, on s'exclame, on vibre et on ne lâche pas ce thriller psychologique diaboliquement bien construit avant la toute dernière ligne. Jubilation proche de l'extase en ce qui me concerne car voilà des mois que j'espérais tomber sur un thriller aussi efficace.



Avertissement toutefois quant à d'éventuels effets secondaires : des manifestations de paranoïa aigüe chez certains sujets fragiles ne sont pas à exclure. Si les symptômes persistent, changer de Sophie et remplacer par une dose de comtesse de Ségur, ça devrait passer.

Enfin… ça devrait.






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Le Grand Monde

Retour magistral de Pierre Lemaitre sur la scène littéraire! Quel grand roman d’aventures! Il ouvre avec ce volume le début d’une tétralogie très prometteuse (même s’il peut se lire de manière autonome car il y a un récit abouti mais laissant des portes ouvertes à une suite). J’ai terminé cette palpitante saga familiale en me disant que ça allait être long, très long cette attente de la suite je suis tellement impatiente de retrouver la famille Pelletier! On est emporté dès les premières lignes par un incroyable souffle romanesque dans un récit épique tourbillonnant, à l’écriture vive, au rythme rapide, sans temps morts ni ennui, à l’humour féroce, aux actions rocambolesques et au suspense bien dosé. Couvrant la période des Trente Glorieuses (pas si glorieuses que ça d’ailleurs) l’auteur ajuste ici la focale sur l’année 1948 et le récit se déroule dans trois villes Beyrouth, Paris et Saigon. On suit une fratrie de quatre enfants Jean, François, Hélène et Étienne et leurs parents des bourgeois propriétaires d’une savonnerie prospère à Beyrouth.

Le récit, si foisonnant qu’il est difficile à résumer, se construit autour de deux enquêtes parallèles qui tiennent en haleine; une criminelle au long cours à Paris après un meurtre sauvage et inexpliqué (une série de meurtres en fait) et une enquête à Saigon auprès du corps expéditionnaire français en pleine guerre d’Indochine. Cette dernière enquête mènera Étienne Pelletier, travaillant à l’agence indochinoise des monnaies et recherchant son compagnon militaire disparu au Vietnam, à un trafic de piastres. Avec Lemaitre il est souvent question d’arnaque, de pots-de vin et de malversations venus de personnes peu scrupuleuses « chacun volerait l’autre, c’était une proposition très commerçante » qui deviennent jubilatoires sous sa plume experte tout en dénonçant la perversité d’un système. Après les odeurs de savon à Beyrouth on passe rapidement à l’odeur de l’opium dans les rues poisseuses de Saigon avec ses cyclo-pousses, ses échoppes et fumeries où Étienne déambule accompagné d’un asiatique assez insaisissable et faussement soumis à la recherche d’indices sur la disparition de son amant. Dans le même temps François son frère, journaliste spécialiste des faits divers à Paris au « Journal du Soir » investigue sur l’affaire criminelle aux multiples rebondissements dont seul le lecteur connait l’identité de l’assassin. Et puis il y a Hélène, la benjamine, qui s’échappe aussi sur Paris délaissant ses parents. Enfin il y a Jean alias Bouboule le plus médiocre de la fratrie qui subit sa vie et n’est pas à la hauteur des espoirs de son père et encore moins des exigences de sa femme une peste infâme de petite vertu qui l’humilie en permanence, personnage inoubliable du livre cela dit. Ce grand roman populaire parvient à maintenir une tension et un intérêt pour tous les personnages réunis par un secret de famille révélé vers la fin. Roman choral sur le monde de l’après-guerre ne passez pas à côté de cet intense plaisir de lecture. Vivement la suite!
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Trois jours et une vie

Décembre 1999, Beauval, au coeur d'une région couverte de forêts. Un village plutôt paisible, dirigé par monsieur Weiser, maire et propriétaire de l'usine de jouets en bois, aujourd'hui menacée. Antoine, 12 ans, vit avec sa maman, un peu rigide, ses parents ayant divorcé il y a quelques années. Son père installé en Allemagne, le jeune garçon ne le voit presque plus. Il se sent un peu isolé des autres enfants de son âge. Un sentiment qui s'accroît le jour où ceux-ci ne portent guère plus d'intérêt à la cabane qu'ils construisaient ensemble dans le bois de Saint Eustache mais plutôt à la PlayStation de Kévin. Ulysse, le chien de monsieur Desmedt, le voisin, occupe dorénavant une place centrale. C'est avec lui dans les pattes qu'Antoine s'attelle à la construction d'une nouvelle cabane, cette fois haut perchée. Mais, Ulysse se fait renverser par une voiture, monsieur le refroidit d'un coup de fusil et fourre le corps du chien dans un sac plastique. Antoine, qui a tout vu, est sous le choc et se réfugie dans les bois où il détruit sa cabane. Lorsque Rémi, le fils Desmedt, 6 ans, s'approche de lui, le jeune garçon, fou de rage et déprimé, fait passer sa colère sur lui. Un mauvais coup sur la tête et Antoine ne peut se rendre qu'à cette évidence: il vient de le tuer. À coups d'efforts, il cache le corps dans une grande fente noire, sous le tronc massif d'un hêtre. De retour chez lui, il attend, tremblant de peur, qu'on vienne le chercher...



Comment vivre avec un tel poids ? Celui d'avoir tué, par accès de colère, un petit garçon, alors qu'on est soi même à l'orée de l'adolescence. Comment regarder en face la terrible réalité ? Pierre Lemaître nous plonge en plein coeur de ce drame et l'on suit Antoine à 3 époques de sa vie: en 1999, 2011 et 2015. L'on ressent ses émotions, l'on devine son désarroi et ses peurs. L'auteur traite de sujets très intéressants à savoir la culpabilité, la notion de justice ou encore la conséquence de nos actes. Ce roman haletant de bout en bout, qui plus est dans une ambiance de village plutôt pesante et tendue, dépeint avec subtilité ce drame humain, drame d'autant plus tragique que la mort était involontaire. Des personnages fouillés, parfois complexes ou cyniques, une fin inattendue, une écriture enlevée et précise... Un roman noir abouti et passionnant...
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Au revoir là-haut

Alors là Docteur ça ne va pas du tout.

Voilà… (rictus piteux) je sens que je prends goût aux Goncourt…



Déjà un sacré bolide le Goncourt Ferrari, alors un Goncourt Lemaitre forcément ça m'a fait envie.



Parce que quand le Monsieur monte en puissance, s'échappe de la case polar et balance une intrigue savoureuse et insolite sur fond d'après-guerre de 14-18, comment résister ? Ça nous fait du tortueux façon Lemaitre, du dégueu façon Lemaitre, du super-caustique façon Lemaitre, pour une action sans temps mort et une galerie de portraits diaboliquement réjouissante.



Bonheur, délice et jubilation. J'ai pas résisté.



Quand même, j'ai fait ma chagrine rapport à l'épilogue. Après une délectation sans réserve au long des tribulations d'Albert, Edouard, ce bon Henri et tutti quanti, j'attendais un développement du dénouement plus approfondi.

Angoisse et frustration.

Pour la peine j'ai enlevé une demi-étoile tiens (avec sursis).



N'empêche, il m'a enchantée ce Goncourt.



Pffiou… faut que j'aille prendre mes gouttes moi.




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Le Silence et la Colère

Revoilà la famille Pelletier ! C’est avec plaisir que j’ai retrouvé cette fresque familiale truculente. Après son roman d’aventure « le Grand Monde », Pierre Lemaitre nous revient avec ce second opus plus axé sur un aspect social se déroulant pour l’essentiel en France au cours de l’année 1952. On se situe donc toujours au début des trente glorieuses et comme dans le précédent tome plusieurs intrigues s’entremêlent au gré des tribulations de chacun des membres de la famille. On suit notamment Hélène Pelletier envoyée en tant que journaliste reporter sur une actualité brûlante dans une vallée où des habitants s’opposent à un projet hydroélectrique condamnant leur village de Chevrigny a être imminemment englouti par les eaux du nouveau barrage. Ils luttent fermement contre l’ennoiement de leur agglomération et refusent de migrer vers Chevrigny-le-Haut, expressément sorti de terre, malgré les interventions musclés de personnes peu scrupuleuses sacrifiant le village sur l’autel de l’énergie et du progrès.

Dans ce roman rythmé est relancée l’enquête sur le meurtre d’une actrice suite à la tentative d’assassinat d’une autre femme et c’est François Pelletier, journaliste, qui couvre l’affaire et réclame dans un article la réouverture du dossier ignorant la responsabilité de son frère Jean dans ce crime impuni.

On y croise aussi un drôle d’inspecteur qui mène une chasse souterraine à l’avortement clandestin et persécute avorteurs et avortés ouvrant la réflexion sur la liberté des femmes à une époque où la répression contre les IVG était très sévère.

On retrouve bien sûr Jean, l’aîné, et son insupportable femme Genevieve qui se lancent dans la folle aventure de l’ouverture d’un grand magasin très coûteux en investissement avec une gestion plutôt douteuse, révolutionnant le commerce du textile (clin d’oeil à Emile Zola « au bonheur des dames »).

Jean a comme seul réconfort sa fillette de 3 ans Colette car Geneviève enceinte de son second enfant est plus hystérique encore, et toujours aussi manipulatrice, médisante et humiliante. Entre ses exagérations, ses falsifications et ses plaintes elle ne s’occupe guère de Colette au point qu’elle en devient dangereuse…Et puis juste avant l’ouverture du commerce un conflit social éclate suivi d’un scandale.

Pierre Lemaitre entrelace destins personnels et grande Histoire, souffle romanesque et faits historiques avec un art certain de la narration et surtout celui de nous tenir en haleine à chaque chapitre. Un vent de révolte souffle sur ce deuxième épisode de la saga porté par des conflits sociaux et des mouvements contestataires où le syndicalisme est très prégnant et les personnages hauts en couleur.

Impatiente de poursuivre les péripéties de la famille Pelletier qui semblent loin d’être terminées « Car nos secrets, nos turpitudes, nos silences, nos violences, nos mensonges sont comme les ruines de Chevrigny. Recouverts, ils n’en continuent pas moins d’exister ».

Toujours aussi savoureux, foisonnant et addictif.
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Le Grand Monde

En quelques mois de l’année 1948, Pierre Lemaitre m’a à nouveau embarqué dans une histoire folle s’appuyant sur des faits réels et une impressionnante documentation.

Comme j’avais adoré la trilogie Les Enfants du désastre (Au revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines), j’ai été captivé par tous les événements vécus par cette famille Pelletier que l’auteur relie habilement aux livres cités plus haut mais je ne peux pas en dire davantage…

En trois grandes parties, plus un épilogue, Le Grand Monde me plonge d’emblée à Beyrouth où Louis Pelletier a brillamment réussi dans la savonnerie. Il est d’ailleurs en tête d’une procession très familiale qui marque, chaque premier dimanche de mars, l’anniversaire de la création de son entreprise. C’est l’occasion de faire connaissance avec toute sa petite famille : Angèle, son épouse dévouée, et leurs trois enfants, Jean dit Bouboule, accompagné de Geneviève avec qui il est marié, Étienne, François et Hélène.

La Maison Pelletier et Fils a des succursales et son développement est remarquable. Louis Pelletier rêve de voir son fils aîné, Jean, lui succéder mais lorsqu’il le nomme Directeur Général, son incapacité est manifeste. Le père est obligé de reprendre les rênes avant la catastrophe alors qu’Angèle continue à diriger le personnel.

François, après avoir combattu, à 18 ans, dans la Première division de la légion de la France Libre, est parti à Paris pour intégrer, paraît-il, l’École Normale Supérieure.

Par la mer, Jean dit Bouboule fuit Beyrouth aussi pour Paris, avec Geneviève qui est une fervente experte en fellation et fait profiter de ses talents de nombreux membres de l’équipage du bateau…

De son côté, Étienne est un idéaliste sans idéal. Il a une passion amoureuse folle pour Raymond, parti hélas combattre le Viêt-Minh en Indochine. Comme il n’a plus de nouvelles de son amant, il rallie pour Saigon intégrer l’Agence indochinoise des monnaies.

Quant à Hélène (19 ans), elle veut aussi vivre à Paris, ce qui inquiète beaucoup ses parents. Elle hésite entre les études de lettres et les Beaux-Arts.

Le décor de ce roman est bien planté. Pierre Lemaitre va me balader de Beyrouth à Paris puis à Saigon où le Viêt-Minh combat par tous les moyens la colonisation française. Que ce soit perpétré par l’un ou l’autre camp, les méthodes de torture et les traitements infligés aux prisonniers sont des plus horribles.

Toujours à la recherche de son ami Raymond, Étienne prend son travail tellement à cœur qu’il va, peu à peu, révéler un incroyable trafic permettant d’enrichir les deux camps qui se combattent, avec des complicités remontant jusqu’à ces personnes que l’on dit haut-placées.

Les détails livrés par l’auteur sur la vie à Saigon sont à la fois passionnants et révélateurs. Je découvre même le succès de la secte Siên Linh qui, pour exister et se développer, mange à tous les râteliers.

Enfin, il y a Paris et François qui va se révéler un excellent journaliste, un enquêteur passionné, même si sa sœur, Hélène, le contraint à l’héberger dans son petit appartement alors qu’il y vit avec Mathilde.

Le plus mystérieux des trois frères est quand même Jean dit Bouboule, un homme complètement sous la coupe de Geneviève, son épouse. Si je ne peux pas en dire plus à son sujet, je peux quand même signaler quelques meurtres qui ne manquent pas de m’horrifier et de m’intriguer.

Si les enfants Pelletier, à Paris, réussissent à vivre, c’est bien grâce à la générosité de leur père mais rien ne va se passer normalement et c’est bien ce qui fait tout l’intérêt de ce roman plein de rebondissements et de surprises.

J’ajoute que Pierre Lemaitre réussit habilement à remettre en mémoire les grèves des mineurs du Nord, la violente répression exercée par les forces de l’ordre et l’armée. Tout cela débouche sur la manifestation du 11 Novembre 1948 qui voit les Gardes républicains et la Police charger mineurs et Anciens combattants avec une violence extrême. François est là, tentant de faire son travail de journaliste alors qu’il venait à un rendez-vous fixé par Nine, une jolie jeune femme dont on devrait encore entendre parler.

Beyrouth, Saigon, Paris, 1948, Le Grand Monde, nom d’un établissement parisien et d’une salle de jeux de Saigon où Étienne a pris ses habitudes alors qu’il s’est mis aussi à fumer de l’opium, Pierre Lemaitre, d’une écriture vivante, rythmée, maîtrisant parfaitement l’art du suspense et ménageant quantité de surprises, s’est lancé dans une nouvelle trilogie dont le premier opus rencontre un succès amplement mérité.

Je me suis régalé. Quantité d’événements sont revenus dans ma mémoire et j’ai aussi appris beaucoup sur cette histoire pas si lointaine des colonisations menées par notre pays et qui ne sont pas terminées de manière glorieuse. Au passage, beaucoup de protagonistes en ont profité tout à fait impunément alors que le peuple de France manquait de tout après les années terribles de la Seconde guerre mondiale.

Le Grand Monde devrait être suivi par deux autres romans et je suis sûr que Pierre Lemaitre travaille déjà sur le suivant et que son talent d’écrivain se manifestera à nouveau pour notre plus grand régal !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Trois jours et une vie

Comment parler de ce livre sans en dire trop ?...



C'est l'histoire d'un jeune garçon, d'un drame, d'une tragédie... de...

Trois jours et une vie...



Je suis heureuse de l'avoir découvert dès sa sortie. Car je pense, qu'obligatoirement trop de choses seront dites au fil des critiques qui en seront faites.



Pierre Lemaitre sur la couverture !

Au panier ! les yeux fermés !

Depuis 2013 que je l'attendais... Impatiente... Je m'en suis posée des questions pendant tout ce temps...

Avec quoi va t-il nous revenir ? Quand ??? Comment ? Thriller ? Policier ? Roman ?

Mais une certitude ! Je ne serais pas déçue... Oh non, pas déçue ! Vraiment pas !



Cet auteur m'émerveille. Il nous revient avec un magnifique roman...dramatique (?!). Quelque chose encore de différents. Il nous démontre une fois de plus qu'il excelle dans tous les genres de littérature.

Je suis admirative ! Tellement...



Chaque mot, chaque phrase, chaque événement, m'a touchée au plus profond.

J'ai lu ce roman d'une traite, la boule au ventre.

Pas celle de la peur, de l'angoisse ou du suspens oppressant, non, celle de la compassion, présente, inéluctable, signe d'impuissance face à une situation qui s'enfonce petit à petit...



L'écriture de Lemaitre me transporte, tout simplement.



La fin de ce roman est exceptionnelle. Elle nous fait remonter tout du long du récit achevé. Des détails insignifiants sur le coup, nous reviennent, nous frappent et prennent tout leurs sens.



Je sais que je relirais ce livre pour l'aborder d'une autre façon. Et en plus, ça me fera patienter jusqu'au prochain...



Fan !
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Au revoir là-haut

"Tout a déjà été dit, mais comme personne n'écoute...©"Oui tout a été dit sur cette guerre et pourtant ce livre est rafraîchissant. Il choque mais il fait rire aussi et il nous apprend des choses sur l'après guerre 14-18 et le talent de Pierre Lemaitre fait que les 567 pages se dévorent facilement comme une lettre à la poste du 52 rue du Louvre...



" A tous mes amis, à toutes les gueules cassées, aux plaies, aux bosses, aux visages émaciés...©"Même si cette histoire sent le souffre avec une arnaque de haut vol et totalement amorale -en apparence- elle a pourtant le goût de l'hommage rendu à ceux qui sont revenus des tranchées. Il suffit de remarquer le sort que l'auteur a réservé à nos deux amis.



Aux deux amis, qui font connaissance sur le front à quelques jours de l'armistice,dans des conditions dramatiques mais extraordinaires. Il suffit de lire les 100 premières pour s'étourdir dans le chaos de la cote 113, lors d'une ultime attaque inutile - et le vrai scandale est là- pour ne plus lâcher cette histoire d'amis d'infortune.



Le travail de Pierre Lemaitre ne s'arrête pas à ces deux héros paumés lors de la démobilisation . Il gravite autour d'eux des personnages dont le fumet dégage parfois autant de puanteur qu'une tête de cheval enfouie depuis plusieurs jours sur un champ de bataille. Et il s'installe une sorte d'addiction à suivre aussi leur amoralité qui surpasse largement celles de nos deux héros.



Tout a déjà été écrit, aussi, mais le talent de conteur de Pierre Lemaitre , justement récompensé par le Goncourt, méritait bien cette reconnaissance.



©: paroles du chanteur C. Miossec.
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Au revoir là-haut

Au départ, ce livre n'était absolument pas fait pour moi. Tout d'abord il a obtenu le Goncourt, et que je passe toujours a coté des livres primés (je ne suis pas prete d'oublier mon dernier Modiano). Ensuite parce que ce bouquin parle de la première guerre mondiale, et que les deux grandes guerres (pas si loin de nous... mes grands parents y étaient !!! ) sont des sujets que je n'aime pas.



Alors, vous allez, sans doute, croire que je suis complètement maso pour m'attaquer à un tel livre. Pourquoi s'essayer à un roman qui peut nous faire souffrir ? Et bien tout simplement parce que parfois il y a des exceptions (et que je ne veux pas mourir idiote). Je n'ai pas souffert une seconde en lisant ce livre, je me suis fait un plaisir immense.



Un roman qui traite des affres de la guerre et de l'après guerre.C'est aussi une immense histoire d'amitié, l'histoire d'un arriviste capable de tout pour s'enrichir.

Un livre qui te montre qu'il faut toujours dire aux tiens que tu les aimes avant qu'il soit trop tard.

En bref, une immense leçon de vie qui arrive à te faire réfléchir sur de nombreux points.



Alors oui pour moi ce livre est une EXCEPTION, un incontournable, un très grand roman
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Trois jours et une vie

Génial Pierre Lemaître ! Cette fois encore, j'ai été prise, emportée, secouée par l'histoire racontée.



Je me suis retrouvée, haletante, le coeur serré, tout au long de ce" triptyque" dramatique.En effet trois époques se succèdent: 1999, 2011, 2015...Le point commun ( ternaire aussi ! ) : d'abord, une petite ville provinciale, Beauval, comme il en existe partout en France, ensuite la disparition d'un enfant de six ans, Rémi Desmedt, et surtout le personnage d' Antoine Courtin, au centre du drame qui s'est joué.



Et c'est là le trait de génie de l'auteur: on s'attache immédiatement et durablement à cet adolescent de 12 ans, un peu solitaire et secret, qui vit avec sa mère ,son père vivant loin d'eux,et que l'on découvre dès le début du livre, en 1999. Pour ne plus le quitter...



Pierre Lemaître nous fait entrer dans les pensées, l'intériorité d'Antoine avec une habileté et une finesse confondantes.Il rend avec beaucoup de justesse son désarroi, sa paranoïa, ses contradictions, sa complexité.Quelle empathie j'ai éprouvée pour lui ! Quelle tristesse !



Et on assiste aussi aux ravages de la rumeur, au déchaînement de la délation et de la méchanceté, au sein d'une petite ville, où chacun s'épie et se soupçonne.



Evidemment, on ne peut en dire plus, pour ne pas donner d'indications trop explicites, mais je conseille vraiment ce livre original, déroutant, où l'auteur confirme encore son talent. Après l'univers policier puis celui du roman populaire de qualité, le revoilà avec un roman psychologique intense, noir, qui réserve des surprises jusqu'à la fin.Une fin qui donne un éclairage différent sur l'histoire.



Merci, Pierre Lemaître, pour ce moment fort en émotions et en plaisir.
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Trois jours et une vie

Bravo !

Très cher Mr. Pierre Lemaitre,

Je m’présente, je ne m’appelle pas Henri (ça, c’était Balavoine), mais je suis Paola93130, fière Babeliote adepte de certaines théories de la conspiration.

Par exemple, pour moi, La Belle au Bois Dormant a dormi 100 ans, parce que le Prince Charmant était occupé à avoir une aventure avec Blanche Neige ! Ah, oui, le coquin!

Et Pinoquio, vous saviez qu’il était en plastique et non pas en bois ? C’est pour ça que la baleine ne l’a pas gardé dans son estomac : c’est indigeste, ça, le plastique ! Ça vous épate, ça, n'c'pas?

La dernière de mes théories vous concerne justement, Mr. Lemaitre : je suis profondément convaincue que vous êtes, vous aussi, un Babéliote assidu qui se cache sous un pseudo très sérieux et qui lit avidement les critiques babéliennes qui concernent vos livres ! J’ai raison, hein ?

Voilà pourquoi je me permets de m’adresser à vous par ce biais. Et qu’ai-je à vous dire qui n’a déjà été dit sur votre « Trois jours et une vie » ? Vous avez déjà dû vous apercevoir que votre court roman fait pratiquement l’unanimité : on l’adore ! Et moi, humble petite portugaise née á Vila Nova de Famalicão (....petite française née en Provence, c’était Michèle Torr !), moi, disais-je, je suis complètement d’accord. J’ai été prise au tripes, sans envie de le lâcher, assoiffée de savoir le fin mot de l’histoire. J’ai retrouvé un mélange d’ambiances de plusieurs romans que j'ai adorés (« Thérèse Raquin », « La petite Roque », « Les excès de la passion », entre autres) et que vous avez su touillez pour en faire un roman complétement différent, bien à vous, dans lequel je me suis attachée au personnage principal, en le trouvant victime des circonstances, bien plus que coupable. Vous m’avez menée par le bout du nez jusqu’à un dénouement final que je n’ai jamais anticipé (…mais, bon, je ne suis pas très intelligente, vous savez…).

Bref, je vous le répète : bravo ! Bravo pour l'intrigue, pour le suspens, mais surtout, bravo pour ce petit boût de France, cette France que je garde toujours dans mon coeur.

Je vais vous laisser, Mr. Lemaitre en vous félicitant bien et je vous promets de lire votre « Au revoir lá haut », parce qu’il parait que, lui aussi, il vaut le détour !

P.S. : aux babéliotes qui ont lu cette « critique » jusqu’au bout…je demande pardon pour mes divagations…mais le soleil tape fort au Portugal, en ces derniers jours du mois d’août…

@ClaireG: "Je ne vous oublie pas...non, jamais"... Et ça, c'est Céline Dion!

P.

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Le Grand Monde

Allez, voix nasillarde à l’ancienne pour la réclame :

Maison Pelletier, passeurs d’histoire de père en fils, de Beyrouth en passant par Saigon et Paris.

La saga familiale de Pierre Lemaître démarre en 1948 dans une savonnerie libanaise qui fait la fierté de son patriarche et un peu moins celle de sa famille. Petits soucis deviendront grands quand la progéniture a des envies d’ailleurs et savonne la planche de l’héritage.

Les 4 enfants de la famille n’ont pas grand-chose en commun à part leur pédigrée. Nous n’avons pas affaire aux Dalton ou à des fratries cloniques qui semblent sorties de photocopieuses 3D. Jean, l’ainé, est un génie d’incompétences, un raté intégral et un concentré de frustrations, qui fuit à Paris avec Geneviève, son épouse, une garce qui fera date dans le bestiaire de l’auteur. Ils retrouvent sur place Louis, le cadet, qui s’est lancé en secret dans le journalisme et va se spécialiser dans le fait-divers tapageur. Le troisième fils, Etienne, part lui à Saigon avec son chat. Il n’a rien d’un aventurier et se rend vite compte que l’Indochine, ce n’est pas Canary Bay. Au programme, Kao-Bang et trafic de piastres digne de l’arnaque aux monuments aux morts d’Au revoir là-haut. Salut d’ici-bas. Il reste la fille, Hélène qui couche avec son prof pour passer le temps et qui rêve de rejoindre ses frères.

J’ai effeuillé ce feuilleton avec un plaisir immense. Pierre Lemaître redonne ses lettres de noblesse au roman populaire. Un comble mais pas de particule pour ce grand monde. L’auteur revendique le genre mais il en magnifie les archétypes. Les personnages s’identifient simplement mais il ne s’agit pas de coquilles vides au tempérament binaire. Même les figurants ont du caractère. La description de l’époque n’est pas un décor en carton-pâte placé au second plan pour meubler le récit. L’histoire dialogue avec la fiction et elles se mettent en valeur mutuellement. Les intrigues sont multiples et se rejoignent façon puzzle grâce à l’album de famille Pelletier.

Pierre Lemaître ne se refait pas et même s’il se cache derrière son histoire comme un Viet-Cong dans la jungle, l’hommage aux lanceurs d’alerte qui se battent contre des hommes politiques corrompus est bien marqué et on renifle une nouvelle fois son aversion pour l’affairisme et les cyniques qui salissent les belles causes.

Je ne peux aussi, comme tant d’autres ici avant moi, que relever ce souci du détail qui rend sa fiction si immersive et les épisodes rocambolesques plus crédibles.

Je n’ai qu’une hâte, c’est la sortie du second tome de la saga. Allez, je parie quelques piastres que l’histoire suivra davantage le personnage d’Hélène, en construction ici et dont on sent le potentiel romanesque.

Que du beau monde en ces pages.

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Couleurs de l'incendie

Une belle revanche.

Après le suicide d'Edouard Péricourt qui clôt Au revoir là-haut, Couleurs de l'incendie s'ouvre sur un double drame. le hasard, la destinée, la fatalité, la contingence font que la famille Péricourt le même jour perd son patriarche, Marcel, banquier riche et respecté, et voit Paul, son unique héritier mâle grièvement blessé.



Madeleine, la mère de Paul et la fille de Marcel, héritière légitime de l'empire Péricourt va connaître une période sombre où au désespoir de voir son fils handicapé va s'ajouter la banqueroute et le déclassement. Mais Madeleine n'a pas dit son dernier mot. En femme intelligente, elle va remonter la pente et prendre sa revanche sur les hommes qui ont précipité sa chute. Et quelle revanche !



Scandales boursiers, politiques, sanitaires, judiciaires, trafic d'influence, avec un rare talent, Pierre Lemaitre nous plonge dans l'époque trouble des années trente, celles qui préludent à l'incendie qui va enflammer une partie du monde. Par des personnages attachants et inoubliables comme Madeleine et Paul, ou détestables comme ceux qui provoquent leur ruine pour mieux s'enrichir, sur un rythme endiablé, Pierre Lemaitre nous transmet sa passion de l'Histoire parce qu'il joue avec elle (il dit être inspiré par Dumas), et c'est jubilatoire.





Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Miroir de nos peines

Quelle saga ! Pierre Lemaitre, avec Au revoir là-haut (Prix Goncourt 2013), Couleurs de l’incendie et, cette année, Miroir de nos peines, a brossé un extraordinaire panorama de l’entre-deux guerres mondiales. Cette période est finalement assez peu explorée et c’est avec plaisir et passion que je me suis plongé dans ce troisième volume.

Pierre Lemaitre mène habilement les destinées, les entrecroise, maintient un suspense qui me pousse à tourner les pages pour savoir, pour retrouver Louise, Gabriel, Raoul, Fernand, Alice, M. Jules et ce fameux Désiré, un mystificateur hors pair.

Si le roman débute le 6 juin 1940, il faut de temps à autre replonger dans le passé pour expliquer, pour révéler des secrets trop lourds à porter et trop longtemps cachés.

Alors que les bruits de bottes menacent l’Europe, Louise, une institutrice âgée de trente ans, qui donne un coup de main à M. Jules pour le service, dans son restaurant-café, reçoit une proposition surprenante de la part d’un client, le vieux docteur Thirion. Il lui demande de bien vouloir se mettre nue devant lui, dans une chambre d’hôtel, et promet de payer cher pour cela, tout en s’en tenant là. Louise hésite longtemps puis accepte.

Et c’est le premier coup de théâtre du roman qui démarre donc sur les chapeaux de roues. Au passage, je retrouve les noms des fameux auteurs des faux monuments aux morts, héros de Au revoir là-haut : Édouard Péricourt et Albert Maillard. Le film, inspiré de ce roman, était superbe.

Au même moment, alors que la guerre menace, Raoul Landrade et Gabriel sont soldats affectés dans un fort de la fameuse ligne Maginot qui devait bloquer l’accès de notre pays à l’ennemi. Ce ne sont pas les meilleurs amis, c’est le moins que je puisse dire…

Entre alors en scène le fameux Désiré. Il est instituteur, aviateur, avocat puis on le retrouve au ministère de l’information et enfin curé, toujours avec un aplomb et un culot formidables.

Entre les histoires d’amour, les secrets de famille, les mystères, les cachotteries, les révélations, le principal intérêt de Miroir de nos peines, c’est de plonger son lecteur dans le terrible exode des populations devant l’avancée inexorable de l’armée nazie : « Un immense cortège funèbre, pensa Louise, devenu l’accablant miroir de nos peines et de nos défaites. » Pierre Lemaitre a beaucoup de talent pour inclure toute une réalité un peu trop vite oubliée dans sa fiction toujours bien racontée.

Dans cette fuite devant l’ennemi, se trouve aussi l’exode pénitentiaire. Près de deux mille personnes détenues sont parties de Paris le 12 juin 1940 et Pierre Lemaitre conte tout cela, démontrant toute l’absurdité d’une situation devenue incontrôlable. La mort venue du ciel par les avions allemands bombardant et mitraillant les civils sur les routes, s’abattait aussi sur les prisonniers malades ou blessés, exécutés froidement par leurs compatriotes.

Miroir de nos peines est une formidable fresque historique au travers de destinées familiales
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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